Histoire : Pourquoi ? ...


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Écrite par Kaede le 11 juillet 2007 (49040 mots)

Dernière édition le 04 février 2008

Il pleuvait, l'orage qui menaçait depuis deux jours avait enfin éclaté, des pluies diluviennes se déversaient maintenant sur les routes et les trottoirs de Paris. L'eau coulait abondamment sur le sol, se déversant jusqu'aux conduits des égouts, les gouttières saturaient déjà, laissant échapper l'eau qu'elles retenaient prisonnière. L'averse trempait les inconscients passants qui avaient osé s'aventurer dehors peu avant que la menace n'éclate. Ils couraient tous, espérant échapper aux gouttes épaisses, se protégeant comme il le pouvait, les collégiens et lycéens dévalaient les rues, cartable sur la tête pour ne pas finir tremper, tous sauf un. Ou plutôt une !
Elle se tenait bien droite au milieu du trottoir, indifférente aux passants qui la frôlaient ou parfois la bousculaient. Elle fixait un point invisible au loin, là où il avait disparu. Ses lèvres pâles tremblaient légèrement, ses yeux s'étaient éteints, elle avait les jambes flageolantes, un sanglot était resté coincé dans sa gorge pourtant, aussi fière qu'elle avait toujours été, elle n'avait pu retenir ses larmes. Ses larmes qui coulaient maintenant sur son visage en se mélangeant à l'eau de pluie. Ses cheveux collaient à son visage qui se durcit soudain. Non, il ne pouvait pas. Et pourtant... Pourtant il l'avait fait. Mais pourquoi? Comment ?
- Yumi ? Yumi ...
Plusieurs fois il prononça son prénom, il lui pressa l'épaule mais elle ne réagissait pas. Au bout de quelques minutes, elle baissa les yeux et le dévisagea d'un air absent.
- Hi...Hiroki ?
- Viens Yumi, tu ne peux pas rester là, tu vas tomber malade. Rentrons.
La japonaise se laissa entraîner par son petit frère sans réagir, sans même penser à s'étonner de la gentillesse inhabituelle de son frère à son égard.

Chapitre I/ comment en sommes nous arrivés là ?

- Alors Einstein, t'as quelque chose ? demanda Odd en rentrant dans la chambre.
- Rien du tout, Xana est tranquille et nous aussi, du moins pour le moment...
- Où est Ulrich ? interrogea Aelita.
- sous la douche, il est rentré complètement trempé.
Odd se laissa tomber sur le lit de Jérémie avec un soupir de satisfaction. Aelita le regarda faire, amusée tandis que Jérémie avait reporté toute son attention à son écran. Il avait passé une bonne journée aujourd'hui, songea-t-elle avec joie. Pas d'attaque du virus et ils avaient même fini les cours plus tôt.

Un peu plus loin, dans une autre pièce, de la vapeur s'échappait d'une cabine de douche. L'eau bouillante brûlait la peau d'Ulrich mais il n'y prêtait pas attention. Une main posée sur le mur proche, il était debout, immobile, les yeux fermés, sous le jet brûlant. Dans sa tête une seule et unique question. Pourquoi ?Mais il avait beau chercher encore et encore, il ne trouvait aucune réponse. Les souvenirs cuisants étaient encore présents dans son esprit, encore plus brûlant que l'eau qui s'écoulait du tuyau. Ils étaient comme imprimés au fer rouge et il n'espérait pas les voir disparaître un jour. Pourquoi mais pourquoi ? il ne comprenait pas. Pourquoi avoir fait ça ? pourquoi avait-il fallu que ça se déroule comme ça ? pourquoi avait-il fallu qu'il voit ça ? pourquoi avait-il fallu qu'il réagisse comme ça ? pourquoi n'avait-elle rien dit ? Pourquoi mais pourquoi ?
Sous le coup de la colère il frappa le mur du poing et serra les dents pour se retenir de hurler. Après un temps infiniment long, il ferma l'arrivée d'eau et laissa les dernières gouttes glisser sur son corps. Il saisit une serviette et se sécha. Après l'avoir glissé autour de sa taille, il sortit et passa son pyjama. Il rencontra Jim dans le couloir qui lui intima l'ordre d'aller se coucher, ce qu'il fit sans réagir plus que ça.
La chambre était vide, hormis Kiwi. Odd devait être avec Jérémie et Aelita mais il ne ressentait pas l'envie d'aller les rejoindre. Il n'avait pas la force de faire semblant, de sourire et de parler ni même de raconter ce qui s'était passé aujourd'hui. Il se glissa dans les bras en songeant qu'il lui fallait la revoir le lendemain...

Elle passa le portail du collège/Lycée Kadic et traversa la cour en se dirigeant vers le banc. Ils étaient tous là, comme à leur habitude, même lui. Elle qui avait pensé, et espéré, qu'il n'aurait pas le courage de l'affronter aujourd'hui. Elle se redressa et se planta devant eux, la tête haute et fière.
- Salut Yumi.
Et là elle fit ce que l'on attendait d'elle, elle se tourna vers Odd, elle sourit et le salua à son tour. Elle prit des nouvelles, discuta avec chacun d'eux mais lorsque son regard tomba sur lui, elle ne put retenir le frisson qui la parcourut. Pendant un instant elle pensa bien le défier mais elle y renonça lorsqu'il plongea son regard dans le sien. Et en son fort intérieur, une voix cria venant du plus profond d'elle-même, la voix de la douleur... Pourquoi ?...
La sonnerie retentit et il se leva en décrochant son regard du sien. Il s'éloigna à petit pas, les mains dans les poches, les yeux fermés, tête basse, sans un mot, sans un signe, sans un regard...
- Yumi ? ça ne va pas ?
La voix d'Aelita la sorti de sa transe et elle parvint à sourire comme il le fallait. Oui ça allait mais il fallait qu'elle rejoigne sa salle de classe ou elle serait en retard à son premier cours. Et sous les regards ahuris de ses trois amis, elle s'éloigna, son visage arborant une expression d'indifférence et de froideur profonde.

Les cours passèrent et la pause de midi arriva. Les quatre amis attendirent Yumi devant les portes du réfectoire, celle-ci arriva, seule. Elle leur fit un sourire et sans un regard pour le samouraï, pénétra dans le réfectoire. Elle saisit un plateau, prit une assiette et des couverts puis, sans passer par les entrées ou les desserts, parti à la recherche d'une table libre.
Aelita jeta un regard interrogateur à Jérémie qui haussa les épaules puis elle glissa un regard en coin à Ulrich. Ce dernier regardait Odd qui lui racontait sans aucun doute une blague, pourtant il avait un regard absent et ne semblait pas entendre ce que lui disait le blondinet.
Yumi regarda la jeune fille s'installer en face d'elle puis jeta un regard à Ulrich qui s'était arrangé pour se placer le plus loin d'elle possible. Odd lui donna un léger coup de coude dans les côtes en demandant si elle allait vraiment tout manger d'un ton ironique. Sans répondre, elle baissa les yeux sur son assiette et dissimula son envie de vomir à la vue de la nourriture.
- Alors la bande des cinq, toujours aussi minable ?
La voix criarde fit cesser les conversations autour de la table de la bande et ils levèrent les yeux vers la fille du proviseur. Odd eut un immense sourire et Jérémie repensa avec amusement à ce qu'il lui avait dit le matin même, il avait une nouvelle vanne pour la peste...
- Salut Sisi, je suis content de te voir, s'écria Odd avec une joie non feinte.
La brune le regarda avec étonnement et fit un geste de la main désinvolte.
- La ferme, je ne parle pas au minus dans ton genre... Je suis venue voir Ulrich.
- Je ne veux pas te voir ! Dégage !
Toutes les têtes se tournèrent vers le brun qui venait de prononcer ses paroles d'un ton sec et cassant. Une expression peinée apparut sur le visage de la pimbêche à qui Ulrich n'avait jamais parlé de la sorte.
-Mais Ulrich..., commença-t-elle.
- T'as pas compris ? coupa-t-il d'un ton plus dur encore, s'attirant les regards surpris. J'ai dit dégage, fous moi la paix !
La jeune fille recula de trois pas, le visage crispé, les yeux humides puis devant le regard sans pitié d'Ulrich, elle s'en alla en courant.
- Ulrich ? murmura Aelita.
- Pas d'humeur, lâcha celui-ci avant de se remettre à jouer avec le contenu de son assiette du bout de sa fourchette.
- Mais..., commença Odd
- Oh toi ! c'est pas le moment d'insister !
L'ambiance autour de la table devint glaciale. Odd baissa les yeux sur son assiette, tout à coup, il n'avait plus très faim...
Jérémie chercha les yeux d'Aelita qui confirma sa pensée d'un regard...
Ulrich et sa sécheresse, était en colère, très en colère...
Yumi et sa froideur, son masque sans expression, souffrait...
Impossible de ne pas avoir remarqué...
Mais que s'était-il passé ? comment en étaient-ils arrivé là ?







Chapitre II/ M'aimais-tu seulement ?

Aelita regarda Yumi franchir le portail de Kadic et s'éloigner dans la rue à pas lents, les yeux rivés sur ses pieds. Elle fixa William qui criait son nom puis qui l'attrapa par le bras et frissonna devant la réaction de la japonaise. Un regard absent, froid et elle repartit après s'être dégagée. Derrière elle, les trois garçons observaient le plus profond et le plus lourd des silences. Ulrich, assis entre Odd et Jérémie sur le banc, les mains au fond de ses poches, gardait le regard obstinément accroché à ses baskets. Les yeux d'Aelita rencontrèrent ceux de Jérémie qui fit un signe de dénégation de la tête. Odd posa la main sur l'épaule d'Ulrich et soupira lorsque ce dernier leva les yeux vers lui.
-Ulrich, si tu veux parler...
Le jeune homme secoua lentement la tête de gauche à droite et s'extirpa du banc, le visage impénétrable. Il s'éloigna à pas lents, laissant ses amis seuls et inquiets.
Il avait encore sur ses lèvres le goût du baiser amer qu'ils avaient échangés la veille. Baiser à la fois désiré et redouté... le premier et le dernier qu'ils échangeraient... le seul et unique... Il sentait encore la saveur sucrée de la première larme qui avait coulé le long de sa joue lorsqu'il s'était détaché d'elle... La seule qu'elle lui avait permis de voir... Il entendait encore l'orage gronder au-dessus d'eux alors que d'un geste il se détournait d'elle... Il ressentait encore ce vide en lui, ce besoin qu'il avait qu'elle l'appelle... qu'elle prononce son nom... qu'elle lui dise qu'il avait tort... Il sentait encore les gouttes d'eau s'infiltrer dans son tee-shirt tandis qu'il marchait à pas lent, inexorablement, la laissant derrière lui en ayant pleinement conscience que tout n'était que de sa faute...

-que croyez-vous qu'il se soit passé ?
- Si je le savais Aelita, souffla Odd d'un ton las. Je n'aime pas les voir ainsi.
- Aucun de nous n'aime, renchérit Jérémie, malheureusement s'ils ne veulent pas qu'on les aide, nous ne pourrons rien faire...
- que faire ? soupira Aelita avec angoisse en levant les yeux vers la chambre d'Ulrich où elle le devinait debout devant la fenêtre.
- Tu es celle à qui Yumi se confie le plus facilement...après Ulrich sans doute, ajouta Jérémie à voix basse.
- Va lui parler, reprit Odd, nous tenterons du côté d'Ulrich... mais je le connais...
Aelita prit aussitôt la direction du portail d'un pas vif mais elle fut interceptée par Jim qui la renvoya d'où elle venait, les internes n'avaient pas le droit de sortir à cette heure là, de plus c'était bientôt l'heure du repas... Une expression anxieuse et lasse sur son visage, Aelita se laissa tomber sur le banc et ses yeux se levèrent machinalement vers la fenêtre d'Ulrich... A quoi pensait-il, seul, là-haut ?

- Yumi, tu ne mange pas ?
- Je n'ai plus faim maman, soupira Yumi en reposant les baguettes d'un geste fatigué.
- Tu aurais attrapé froid en rentrant sous la pluie hier, remarqua sa mère.
- Probablement, mentit Yumi par facilité. Je monte. Bonne nuit.
- Bonne nuit ma chérie.
L'escalier lui paraissait interminable, ses jambes étaient si lourdes à porter, elle avait l'impression de ne plus avoir la moindre force et chaque geste l'épuisaient plus qu'il n'était possible, aussi lorsqu'elle atteint la porte de sa chambre, elle soupira et resta debout devant elle, à la fixer d'un air perdue. Elle était seule, elle pouvait tout dévoiler... Pour un moment, si court soit-il dans une journée, les émotions envahissaient son visage aux beaux yeux bridés... Et elles n'étaient que tourments, désespoir et enfer... Sa main se posa sur la poignée en entendant des pas dans les escaliers et elle se laissa tomber dans son lit après avoir refermé la porte et traversé la chambre d'une démarche incertaine. Etendue sur le dos, les bras au-dessus de sa tête, les mains l'une contre l'autre, les pieds dépassant quelque peu du lit, elle fixait son plafond sans vraiment le voir...
Il l'avait fait, il l'avait dit, il l'avait vu... Pourquoi ? ... pourquoi lui ? pourquoi maintenant ? ... Ses doigts passèrent sur ses lèvres d'un geste distrait en se remémorant la scène alors que les premières gouttes tombaient du ciel sans un bruit... Il ne lui laissait plus aucun espoir... sa première larme avait suivi la première goutte de pluie... elle n'avait pu la retenir lorsqu'il avait détaché ses lèvres des siennes... elle l'avait fixé d'un air perdu et pourtant, rien n'était venu percer dans ses yeux froids... Le visage implorant, elle l'avait pourtant mentalement supplié mais rien n'avait changé... Il avait mis les mains au fond de ses poches et s'était éloigné tête basse sans autre regard... lorsque le coup de tonnerre avait retenti, elle l'avait trouvé bien faible comparé à la souffrance qui s'insinuait dans chaque parcelle de son corps... L'émoi et le bonheur qui avait pris naissance lorsque leurs lèvres s'étaient rencontré étaient contredit par la peine et la douleur de son regard et de ses mots... Et sous cette pluie diluvienne, elle avait rendu les armes... En le regardant s'éloignait à pas lent mais sûr, elle avait songé qu'il emportait avec lui une partie d'elle, son espoir, son âme... Il s'éloignait pour ne plus revenir... Il lui disait au revoir d'une manière définitive en lui accordant un baiser d'adieu... c'est ainsi qu'elle l'avait interprété... Un baiser d'adieu alors qu'il s'enfuyait avec son espoir, sa joie, son amour, sa vie...
La porte grinça en s'entrouvrant sans qu'elle ne l'entende pour laisser voir le visage d'une petit garçon aux traits asiatique. Il murmura le prénom de sa sœur qui ne l'entendit pas et il referma la porte en entendant sa mère l'appeler. Le visage grave, il lâcha la poignée et fixa le panneau de bois d'un air désespéré...

Une nouvelle journée débuta et le soleil se leva à Kadic comme sur le reste du monde. Ulrich, debout devant la fenêtre, les mains croisés dans le dos regarda l'aube se profiler à l'horizon. Une journée de plus en moins... Il se retourna lorsque le soleil envahit entièrement la chambre et s'assit sur son lit, appuyant ses coudes sur ses genoux et fixant son compagnon endormi d'un air anéanti. Comment le monde pouvait-il continuer de vivre alors que cela lui était interdit ? comment tant de cœur pouvaient-ils continuer de battre en ressentant bonheur et joie alors que cela était défendu au sien ? Comment se pouvait-il que des miracles et des choses miraculeuses se produisaient sans qu'il ne lui soit possible, à lui, de faire quelque chose de réalisable et totalement normal ?
Il regarda Odd se tourner et le fixer d'un air inquiet et il haussa les épaules en montrant d'un signe de tête le réveil qui indiquait désormais 7h07. Le temps de déjeuner, de se doucher et Odd et Ulrich finirent par se retrouver avec Jérémie et Aelita autour du banc habituel aux alentours de huit heures moins le quart. Ce matin là, Sisi ne s'aventura pas vers leur groupe, se contentant de leur jetait un coup d'œil discret et de partir dans la direction inverse en voyant l'air enfermé d'Ulrich.
Le silence était sur le groupe, pesant, oppressant, inquiétant. Silence qui finit par être brisé par un son familier... Aelita soupira en songeant qu'elle aurait préféré supportait encore quelque minutes ce silence plutôt que de l'entendre...
Jérémie sortit son ordinateur portable et l'ouvrit alors que Yumi franchissait le portail... A peine le bonjour était-il prononcé que Jérémie ordonnait à toute la bande d'allait à l'usine. Xana attaquait pour la première fois depuis deux mois, Jérémie le pensait à bout de force, ces derniers mois de lutte avait presque eu raison de lui... Pourtant cette attaque semblait vigoureuse... Ils coururent, empruntèrent les égouts et arrivèrent finalement sur le pont rencontrant la première difficulté... debout devant l'entrée se tenait une silhouette imposante et masculine. Dans ses yeux brillait le symbole de Xana et intérieurement, Jérémie souffla... La possession ! Xana n'avait plus que ce pouvoir, trop faible pour se servir des autres.
Immobiles sur le pont, Aelita et Jérémie échangèrent un regard inquiet puis Ulrich prit une position de combat, son visage imprimant une expression déterminé. Les deux intellectuels comprirent le message et au moment Ulrich se jeta sur le possédé, ils le contournèrent de tous les côtés, suivit d'Odd mais pas de Yumi... Elle contemplait le combat d'un air absent... Aelita lui prit le bras et la tira vers elle, l'arrachant au spectacle du brun qui atterrissait durement au sol. Une fois dans le scanner, elle prit soudain conscience de l'endroit où elle était... Tout avant été flou ... les portes se refermèrent sur elle et l'apesanteur n'eut soudain plus d'effet sur son corps... Elle s'éleva dans les airs et ferma les yeux en bénissant cette seconde de répit pendant laquelle elle n'avait plus aucun besoin de se faire violence pour rester debout...
Elle atterrit en souplesse sur le territoire blanc et vide. Aelita et Odd arrivèrent peu après et ils s'élancèrent dans la direction indiquée par Jérémie qui venaient de matérialiser leur véhicules. Le blond les prévint de l'accueil et ajouta que pour le moment Ulrich tenait bon. La tour fut bientôt en vue et ils y trouvèrent les monstres annoncés par Jérémie, une escadrille de frelion et trois blocs. Après quelques paroles, la tactique fut élaborée et Odd se précipita vers les blocs tandis que Yumi lançait son éventail...
Une mission de routine, pensa Jérémie. Même avec Yumi dans un état secondaire, Aelita atteindrait la tour sans aucun problème et c'est ce qui se passa.
L'elfe rose pénétra dans la tour sous le regard satisfait d'Odd et distrait de Yumi. Elle la désactiva et fut surprise en voyant le retour vers le passé s'effectuer. Elle se retrouva sur le banc, comme quelques heures plus tôt et vit Yumi franchir le portail quelques minutes après.
- Pourquoi le retour, Einstein ? s'étonna Odd.
- ça j'aimerais bien le savoir, lâcha le blond, les sourcils froncés et le visage crispé en sortant son ordinateur, il s'est enclenché tout seul...
Tout à leur surprise, ils ne jetèrent pas un regard à la japonaise qui n'ouvrit même pas la bouche elle s'immobilisa devant le banc et n'osa pas lever les yeux tout de suite. N'y tenant plus, son regard remonta finalement le long de ses jambes, puis de son torse, de ses épaules, il caressa son coup, s'arrêta à peine une seconde sur ses lèvres et se plongea finalement dans ses yeux qui la fixaient. Elle eut l'impression qu'un poignard se plantait dans son cœur... un poignard ? des milliers plutôt... Jamais, oh non jamais il n'avait eu ce regard froid, cet air distant, cette attitude indifférente...pas envers elle... Il ne l'avait pas envers les autres... mais elle... Ses yeux dans les siens, elle dut concentrer toute sa volonté pour ne pas craquer, pour ne pas pleurer, pour ne pas s'effondrer, pour ne pas hurler... Ses yeux dans les siens firent jaillir une question et au plus profond de son être, elle la barricada pour ne pas qu'elle franchisse ses lèvres contre sa volonté... Mais elle ne put empêcher son regard de la retranscrire pour elle... et devant son infime mouvement de recul, elle baissa les yeux, vaincu... elle avait sa réponse... M'aimais tu seulement ? m'as-tu jamais aimé comme je t'aime ?







Chapitre III/ Comment ?

Jérémie était installé devant l'ordinateur du labo, ses jambes se balançant dans le vide tandis que ses doigts effleuraient les touches du clavier à une vitesse phénoménale. Les fenêtres s'ouvraient les unes après les autres sur ses écrans et se fermaient tout aussi vite. Soudain Jérémie s'immobilisa et posa son doigt sur l'écran principal.
- Aelita regarde là ! c'est étrange on dirait...
Il s'interrompit et fit pivoter son fauteuil d'un quart et trouva une Aelita endormie à même le sol, une expression tendre et innocente sur le visage. Un fin sourire attendri étira les lèvres de Jérémie en voyant la jeune fille et il refit pivoter son fauteuil pour se remettre à travailler en silence.
Il était minuit et demi lorsque Jérémie revint sur terre après plusieurs passée plongé dans les données informatiques. Il sauta à bas de son fauteuil et contempla Aelita d'un air amoureux mais son expression vira soudainement à la tristesse en se rappelant ses paroles lorsqu'ils étaient venus à l'usine. Elle était inquiète et il savait parfaitement pourquoi...
L'attaque de Xana n'était pas arrivée au meilleur des moments et Jérémie soupira en pensant qu'il n'était de toute façon jamais intervenu lorsqu'ils auraient pu aller sur Lyoko avec facilité. Au bout d'un long moment, il posa sa main sur l'épaule d'Aelita et prononça son prénom en pressant doucement ses doigts. Il sentit une longue chaleur se répandre en lui, comme si tout son corps tout entier était réchauffé par ce simple contact. Il s'était habitué à cette sensation de bien-être qui survenait au moindre de ses contacts avec la jeune fille mais cela n'en atténuait pas moins les effets. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, la chaleur réconfortante fit naître un frisson en bas de son dos, frisson qui lui parcourut l'échine et remonta jusqu'à sa nuque. Il prononça à nouveau son prénom et Aelita ouvrit enfin les yeux. Elle se redressa en frottant ses paupières et jeta des regards curieux dans la salle puis ses yeux se posèrent sur Jérémie et elle rougit légèrement.
- Excuse moi Jérémie, bredouilla-t-elle. Je ... je me suis endormie...je...
- Ce n'est rien Aelita, ne t'en fais pas, coupa Jérémie en douceur en lui tendant la main pour l'aider à se relever. Rentrons à l'internat, il est tard.
Ils firent le chemin du retour main dans la main mais en silence, profitant du simple plaisir d'être seuls dans la nuit fraîche de ce mois de d'avril. Jérémie raccompagna la jeune fille jusqu'à sa chambre. Aelita lui dit au revoir d'un signe de main, entrouvrit la porte puis voyant Jérémie immobile, les mains dans les poches et les yeux fixés sur elle, elle ne résista pas davantage à son impulsion. Lâchant la poignée, elle s'approcha suffisamment rapidement de lui pour qu'il n'est pas le temps de réagir, se mit sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur les siennes. Le contact fut bref car elle fit aussitôt demi-tour, les joues roses et la voix tremblante, elle murmura un bonne nuit à peine audible et disparut dans la chambre. Elle ferma la porte et s'y appuya en songeant à la tête de Jérémie. Ses doigts effleurèrent ses lèvres et son sourire s'agrandit tandis que de sa gorge s'échappait un sourire de satisfaction. Malgré tous les problèmes qui survenaient, Aelita s'endormit sereine ce soir là ...
Jérémie demeurait immobile devant la porte close puis des pas le sortirent de sa transe et il alla sans plus tarder s'enfermer dans sa chambre, totalement désorienté. Il s'allongea sur son lit sans prendre la peine de se déshabiller et cinq minutes plus tard, un sourire illumina jusqu'à ses prunelles. Aelita l'avait embrassé... Jérémie réalisait enfin... Elle l'avait embrassé... Et sur cette pensée bienheureuse, il sombra dans un profond sommeil sans même songer un instant à sa découverte qui n'aurait dû avoir de cesse de le ronger...


- Ulrich, parle-moi s'il te plaît.
- Je ne peux pas Odd... Je suis désolé...
Les premiers mots qu'il sortait depuis plusieurs jours ne firent que désespérer davantage le blondinet. Il secoua doucement la tête de gauche à droite et s'appuya dos au mur en soupirant. Kiwi vint s'installer sur le lit, juste près de son maître et se laissa caresser avec plaisir.
- Pourquoi ? reprit Odd.
Pourquoi ? ce mot devenait lassant à force d'être répéter. Ulrich soupira et haussa les épaules.
- Pourquoi, c'est la question que je me pose...
Il savait que son meilleur ami ne comprendrait absolument pas le sens de ses paroles et il s'en fichait totalement. Pour l'instant, seule elle comptait ! Comment avait-il pu ? comment avait-il osé ? comment avait-il pu croire, ne serait-ce qu'un instant, qu'il y arriverait ? comment avait-il pu penser qu'il en était capable ? comment avait-il pu songer toutes ces années qu'elle...
- Ulrich, t'enfermer ainsi n'arrangera rien. Je peux t'aider...
- Tu ne peux rien faire Odd, coupa Ulrich en secouant la tête. Rien du tout.
- Comment tu peux le savoir ?
- Personne ne peut rien, continua Ulrich qui se sentait faiblir. Il avait cru ça plus facile, plus simple mais garder cette expression distante, cette attitude froide surtout avec elle l'épuisait plus qu'il ne l'aurait imaginé. Et en sentant ses yeux s'humidifier, il comprit qu'il allait craquer, il n'était pas de taille...
- Ulrich, insista Odd. Ulrich, raconte moi.
- Odd... Odd c'est ma faute, lâcha le brun plaquant les paumes de ses mains sur son visage anéanti. Le blond se leva et vint s'asseoir sur le lit voisin, jumeau du sien, en posant la main sur l'épaule de son ami.
- Dis-moi tout, tu sais que tu peux me faire confiance. Il faut que tu parle au moins à une personne.
Un instant il crut que son ami allait céder et tout lui raconter mais cet instant ne dura qu'une petite seconde car Ulrich se redressa soudain, le visage plus froid et plus renfermé qu'à son habitude. Il se leva brusquement, laissant Odd totalement surpris, et se dirigea vers la porte. La main sur la poignée, il s'immobilisa et sans un regard pour le blond, il lâcha d'une voix dure qu'Odd ne lui connaissait pas :
- Tu ne comprendrais pas à quoi bon t'expliquer !
Sur ces mots plus que cruels, il sortit en claquant la porte derrière lui laissant Odd ébahi, stupéfait et blessé par le ton insultant. Ses yeux se posèrent sur Kiwi un instant tandis qu'en lui déferlaient rage, peine, colère et douleur mais il finit par soupirer en revenant à la raison. Ulrich souffrait et lorsqu'il en était ainsi, il disait toujours des choses qu'il ne pensait pas et, la plupart du temps, qu'il regrettait. Odd décida donc de ne pas lui en tenir rigueur et se changea pour la nuit. Il était déjà minuit et demi et ils avaient cours le lendemain. Plus que deux jours avant le week-end et deux mois avant le bac... Il se glissa dans ses draps et éteignit la lumière avec un nouveau soupir. Pourvu que tout s'arrange où la situation deviendrait vite insupportable... D'ailleurs, ne l'était-elle pas déjà ?

Elle franchit les grilles de Kadic et s'immobilisa en plein milieu de la cour. Il était là-bas, avec les autres, comme à son habitude, à leur habitude. Et en le voyant, avec cet air sombre, elle sentit toutes ses résolutions partirent en fumée... Jamais elle ne pourrait paraître bien, en pleine forme, jamais elle ne pourrait sourire ou parler comme si rien ne s'était passé devant lui... Elle ferma les yeux et reprit sa marche d'un pas lent en soupirant. Elle atteint le banc les yeux à demi-ouvert et fixé au sol, incapable d'articuler un mot tant sa gorge était serrée. Aelita lui attrapa le bras en murmurant un salut inquiet et elle plongea alors ses yeux dans les siens. Sans savoir comment elle y parvint, elle lui sourit d'un air presque naturel. Elle répondit à son salut et fit un geste de la main à tout le groupe pour dire bonjour, comme elle l'avait déjà fait de nombreuse fois. Mais à aucun moment elle ne put poser les yeux sur lui... C'était au-delà de ses forces, voir cet air glacial... elle frissonna et tenta de concentrer son attention sur Odd qui lui parlait de choses et d'autres. La sonnerie se fit finalement entendre et elle les regarda se lever les uns après les autres pour se diriger vers leurs salles de classe presque toutes différentes. C'est alors que ses yeux se posèrent sur lui et elle prit conscience que c'était inéluctable, inévitable... debouts, totalement immobiles, ses yeux dans les siens, ils se contemplèrent gravement, tristement, profondément et la japonaise frissonna. Du plus profond d'elle-même monta une voix, un gémissement, de la douleur. Il ne pouvait pas, il n'avait pas le droit, après ce qu'il avait dit, ce qu'il avait fait... Pourquoi la regarder ainsi... Ses yeux sombres avaient pris une chaleur, une teinte inhabituelle et son expression avaient perdue sa froideur, son air distant paraissait n'avoir jamais existé et il semblait l'appeler... Il ne pouvait pas... Il ne devait pas... Elle ne pouvait pas... Imagination... Et pourtant...
- Yumi, murmura-t-il soudain d'une voix grave, rauque, chaude et implorante...
Non, elle ne rêvait pas ! Allait-il lui dire qu'il regrettait? Qu'il fallait lui pardonner ? tout oublier ? qu'ils pouvaient recommencer ? ou plutôt commencer... Car si tel était le cas, alors Yumi savait qu'elle lui pardonnerait tout dans l'instant... Elle l'aimait ! Oh Dieu, qu'elle pouvait l'aimer... Toutes ces années auprès de lui n'avaient fait qu'accentuer ce sentiment et maintenant il l'envahissait toute entière... Et elle eut envie de lui dire ! Mais jamais elle n'en eut l'occasion ce matin là... car ce qui suivit la plongea dans la plus profonde des désolations...
Il ne pouvait pas, il ne tiendrait pas... Malgré tout ce qu'il s'était promis ! Lorsqu'il prononça son prénom d'une voix inhabituelle, il était au bord du gouffre... Comment pouvait-on lui infliger ça ? comment pouvait-il lui infliger ça à elle ? Il ne pouvait détacher son regard du sien et la question résonna une nouvelle fois en lui, pourquoi ? ... La vie avait-elle été faite pour être si injuste ? Dans ses prunelles il vit renaître l'étincelle, la flamme de cet espoir qu'il lui avait volé lors d'un baiser échangé sous la pluie et il se maudit. Il n'avait pas le droit, s'il lui permettait aujourd'hui, elle souffrirait toute sa vie ! non, elle devait oublier, comprendre que demain n'avait de signification, pas pour eux... Elle devait savoir, être certaine que tout était perdue car sinon, il le savait elle souffrirait ... Et pour rien au monde il ne l'aurait permis... Sa raison était évidente même s'il savait que pour elle, la raison n'existait pas... il ne lui avait pas dit, cela il lui avait caché car il savait que sinon, cette flamme ne s'éteindrait jamais... Il se devait de la protéger et si pour cela, la faire souffrir un peu était inévitable, il n'hésiterait pas un instant. Elle serait heureuse plus tard ... Il n'avait pas le droit, pour son bien à elle...
Le visage du jeune homme se durcit soudain et il recula d'un pas, comme pour mettre davantage de distance entre eux et devant le regard blessé de la japonaise, ses yeux se détournèrent vers l'horizon tandis qu'il enfonçait ses mains dans ses poches.
- Tu devrais aller en cours, tu vas être en retard.
Sa voix froide et distante blessa Yumi encore plus. Comment avait-elle osé y croire ? Elle hocha la tête d'une manière sèche malgré la douleur qui lui enserrait le cœur. Elle s'éloigna dans une direction tandis qu'Ulrich prenait l'autre d'un pas nonchalant. Il rejoignit Odd qui l'attendait sous les arcades et le regarda passer sans le lâcher une seconde des yeux. Le blond porta alors son regard vers Yumi qui disparaissait dans le bâtiment des sciences et soupira en emboîta le pas à Ulrich. Qu'avaient-ils donc ? que leur étaient-ils arrivé ? pourquoi après tant d'année passées ensemble s'ignoraient-ils soudain ? Il fixa une dernière fois les double porte que Yumi avait franchi et passa celle de sa classe avec un nouveau soupir... Comment les aider ?







Chapitre IV/ la vie continue pourtant...


- Et coefficient 5 pour l'anglais, acheva le professeur tandis que Yumi soupirait en posant son stylo.
Toutes ces explications, elle les avait déjà entendu l'année précédente, A quoi bon tout renoter encore une fois ? Elle posa son menton dans sa paume de main et son regard s'orienta vers la fenêtre. Il faisait beau aujourd'hui, seuls quelques nuages blancs ici et là habillaient un peu le ciel bleu. L'orage qui datait d'à peine quelques jours semblait avoir tout nettoyé. Elle tressaillit en repensant à la scène qui avait eu lieu au moment même où il avait éclaté... Les mots d'Ulrich lui revenaient en mémoire, agrémenté des éclairs derrière son visage froid...
-Yumi, vous êtes parmi nous ?
La jeune fille posa son regard sur le professeur quelques secondes, le temps de lui faire savoir qu'elle suivait, puis reprit la même position. Suivre ? A quoi bon ? pour avoir le bac qu'elle n'avait pu passer l'année précédente ? A quoi lui servirait-il ? Mieux vivre ? Sans lui, c'était impossible... Le bac... elle aurait du le passer il y a un an de cela mais elle n'avait pu passer toutes les épreuves... Sa grand-mère était tombée malade et elle s'était rendu avec sa famille au Japon pendant trois mois... Trois mois où elle était restée avec des moyens de communications restreints avec la France et donc avec ses amis... Son père avait préféré qu'elle refasse une année pour avoir le bac, il lui avait affirmé qu'ainsi elle pourrait avoir de meilleurs résultats et elle ne l'avait pas contredit à sa grande satisfaction... Rester une année de plus avec eux...avec lui... c'était toujours ça en plus... Aujourd'hui finalement, elle pensait qu'elle aurait mieux fait de partir... partir pour éviter ça... Non, ça n'aurait rien changer, il ne fallait pas se voiler la face... La sonnerie la tira de ses pensées et elle rangea toutes ses affaires dans son sac avant de sortir de la salle.
Elle se dirigea vers le banc où ils étaient déjà tous. Lorsqu'elle arriva, ils se levèrent pour aller au réfectoire, Odd se plaignant déjà du menu de ce midi...
- Odd, quand auras-tu fini de te plaindre ? gémit Jérémie
- Quand ils arrêteront de nous servir ces infâmes choux de Bruxelles, répliqua aussitôt Odd.
- C'est pas pour tout de suite alors..., soupira Aelita.
Ulrich marchait derrière le petit groupe, tête basse, mains dans les poches, un air sombre sur le visage mais le regard triste. La japonaise marchait aux côtés d'Odd, silencieuse. Il pénétrèrent dans le réfectoire, se servirent un plateau et s'installèrent à une table vide. La discussion toucha tous les sujets, tous les thèmes.
- Au fait Jérémie, demanda Odd au bout d'un moment, ça a donné quoi hier soir ?
En entendant ces mots, Jérémie rougit au grand étonnement de toute la bande et il leva les yeux vers Aelita qui rougit encore plus que lui. Odd haussa un sourcil inquisiteur et s'apprêta à faire une remarque mais un coup de coude d'Ulrich le fit taire.
- Il parlait de tes recherches Jérémie, lâcha Ulrich d'une voix grave.
Cette fois-ci, toutes couleurs déserta les joues de Jérémie qui arbora alors un teint cireux.
-Je... Je ... Je l'avais oublié, souffla soudain Jérémie.
Sans que personne ne comprenne ce qu'il se passait, il se leva brusquement, faisant tomber sa chaise et courut vers la sortie du réfectoire.
-Jérémie, s'écria Aelita en se lançant à sa poursuite bientôt suivis des autres.
Ils grimpèrent les escaliers à une vitesse folle, les marches défilaient plus vite que jamais et lorsque Aelita atteint enfin la porte de Jérémie dans un dérapage contrôlé sur le carrelage, celle-ci était grande ouverte et le petit génie pianotait à toute vitesse sur son clavier.
-Jérémie, qu'est ce qui se passe ?
-Xana..., souffla le blond avec un air paniqué tandis que les autres pénétraient dans sa chambre. Xana a reprit de la puissance...
- Mais tu nous disais qu'il n'avait presque plus d'énergie, rappela Aelita.
-Il a trouvé un moyen, il s'est branché sur une centrale un peu à l'écart de Paris. Il faut tout débrancher...
- Quoi mais..., commença Odd.
-Et mon père ? demanda Aelita d'une voix dure.
Les doigts de Jérémie s'immobilisèrent soudain au-dessus du clavier et il se tourna brusquement vers Aelita, le visage ravagé par l'angoisse.
-Je l'ai trouvé. Lâcha Jérémie. Hier.
-Où? Pourquoi ne l'as-tu pas dit ?
-Parce qu'il est inaccessible, il faudrait une armée pour l'atteindre, Xana l'a isolé et protégé parce que sa vie dépend de lui.
-Comment ça ?
-Si Franz Hopper disparaît de Lyoko, ce sera la fin de Xana, il est lié à lui d'une façon irrémédiable, expliqua Jérémie.
-Alors il faut le libérer, lâcha Yumi d'une voix sourde.
Sa remarque amena un silence pesant dans la pièce et Jérémie la fixa comme si elle venait de proférer une énormité. Mais devant son visage froid et sérieux, il comprit qu'elle en avait l'intention et dans les yeux d'Aelita, il aperçut la flamme de l'espoir.
-T'es complètement malade, hurla Jérémie en frappant sur son bureau du poing avec rage. Yumi eut un infime geste de recul puis elle se redressa, droite comme un i, décidée à lui tenir tête. T'as pas entendu ce que je viens de dire ?? il est hors d'atteinte, complètement isolé et entouré de plus haute protection. Nous aurions peut-être une chance, et je dis bien peut-être, si toi et monsieur Ulrich vous décidiez à agir avec responsabilité au lieu de vous faire la tronche tous les quatre matins...Mais vu votre "entente" en ce moment, essayer serait un désastre, du suicide pur et simple !
Yumi et Ulrich encaissèrent le coup sans broncher tandis que Jérémie reprenait son souffle.
- Dans deux mois Jérémie, c'est le bac. Dans deux mois, nous quitterons tous Kadic. Et dans deux mois, nous n'aurons plus la possibilité d'aller sur lyoko..., murmura Ulrich. Nous ne pourrons plus combattre Xana, si nous avons une chance de le vaincre, il faut le faire maintenant !
- Ulrich a raison, reprit Odd. Il faut tenter.
- Vous n'avez pas compris, chuchota Jérémie, prenant une expression de terreur. Vous ne comprenez rien.
-Alors explique nous !
- Ton père... Aelita ton père est prisonnier dans un endroit isolé, complètement indépendant de Lyoko. Un lieu qu'il a nommé L'Olympe... Il y est le seul maître...là-bas Xana à tous les pouvoirs.
- Et tu saurais nous y envoyer ? interrogea Aelita.
- Vous y envoyer ? tu ne compte pas sérieusement...
-répond, ordonna Aelita d'une voix basse.
-Oui, lâcha Jérémie après un court silence. Oui, je saurais le faire.
-Alors ce soir nous irons.
-C'est hors de question, hurla Jérémie. Tout d'abord parce qu'il est trop bien gardé... vous ne feriez pas cent mètres... et... et s'il vous arrivait quelque chose... si vos points de vie arrivent à zéro...pas de retour....
Un grand silence s'installa bientôt brisé par la sonnerie qui annonçait la reprise des cours. Ils sortirent de la chambre et rejoignirent leurs salles de cours respectives, songeurs et perplexes.

Ulrich était allongé dans l'herbe du parc, les mains croisées derrière la nuque, il contemplait le ciel bleu et les oiseaux qui y volaient en toute liberté. Il soupira en pensant combien il donnerait pour pouvoir jouir d'un tel luxe, la liberté... Pourquoi n'y avait-il pas le droit ? Il pourrait alors faire ce qu'il voulait. Aller où bon lui semble lorsque l'envie lui en prenait, faire de sa vie ce qu'il souhaitait, aimer la fille qu'il désirait... Il secoua la tête en soupirant de nouveau. Il ne fallait pas se laisser aller à penser de telles choses... Il n'en avait pas le droit ... pourtant le rêve était la seule chose qui lui restait... la seule qu'on ne pourrait jamais lui enlever. Il se redressa en entendant la dernière sonnerie de la journée et se dirigea à pas lents vers la cour. Il s'immobilisa à la sortie du parc et son regard se posa sur la silhouette de Yumi qui progressait lentement vers le portail de Kadic. Elle marchait tête basse, une main tenant son sac sur son épaule, l'autre dans la poche de son pantalon noir. Ses cheveux cachaient son visage mais il n'avait nul besoin de le voir pour en deviner l'expression perdue qu'elle arborait depuis plusieurs jours... depuis ce fameux soir où il l'avait rattrapé après les cours peu avant que l'orage n'éclate... Il revoyait encore son sourire confiant lorsqu'elle s'était aperçu que c'était lui, qui lui avait attrapé le bras ... Ses yeux pétillaient encore ce soir là... Et lui, il lui avait ôté cette flamme... Comment avait-il pu croire un instant que ces mots ne la toucheraient pas ? comment avait-il osé penser que sa décision ne changerait pas trop les choses? Comment avait-il pu se voiler la face ? Elle l'aimait ! Il l'avait lu sur son visage, dans ses yeux, à travers ses larmes... Mais il était trop tard lorsqu'il s'en était rendu compte...Mais maintenant ? il n'aurait pas la force de continuer ... Deux mois, temps infiniment long et tellement court en même temps... Deux mois passés avec eux, avec elle... Deux mois à ses côtés sans avoir le droit de rire, de plaisanter ou de parler avec elle... S'il en faisait ainsi... Il ne devait pas... Pourtant... Que se passerait-il s'il la rattrapait maintenant, alors qu'elle franchissait le portail, et qu'il lui avouait tout ? que ferait-elle ? pourraient-ils ... Il secoua la tête, ne pas douter, c'était la meilleure chose à faire ... Ne pas douter... Il n'avait pas le choix...







Chapitre V/ ... je ne pourrais pas continuer...


Ulrich était dans le gymnase où il enchaînait les coups de pentchak-silat. Il déversait sa haine, sa rage et sa colère dans son art qu'il maîtrisait parfaitement. Un mois...cela faisait un mois depuis cette conversation sous la pluie et il ne tenait plus... Il était à bout. La voir tout les matins et s'empêcher de lui sourire, de lui parler, de la regarder ... Il n'avait plus qu'un mois à tenir mais il ne savait comment il ferait... cela lui paraissait insurmontable. Son portable le tira de ses pensées sombres et il lut le message de Jérémie qu'il lui rappelait la mission qui devait avoir lieu une heure plus tard. Il balança le portable dans son sac et se dirigea vers les vestiaires pour se changer. La mission... Jérémie s'était enfin décidé à accepter qu'elle ait lieu... Il avait tout programmé, et tout se déroulerait ce soir... Il avait fait promettre à Ulrich d'être au mieux de sa forme, peu importe l'état de sa relation avec Yumi... Ulrich eut un sourire désabusé et amer en repensant à ses paroles... sa "relation" avec Yumi... Quel mot pour définir leur situation... Il récupéra son sac et sortit du gymnase. Après être passé par sa chambre, il sortit du lycée et se retrouva bientôt devant la bouche d'égout. Au moment où il la souleva, des bruits de pas attirèrent son attention et il leva les yeux, rencontrant le regard de Yumi. Pendant quelques secondes il se figea, il la regarda arriver près de lui puis s'arrêter à quelques centimètres à peine. Elle avait maigri, ses joues étaient cernées, elle avait le teint pâle et ses yeux étaient comme éteints. Il se reprit et détourna le regard, reportant toute son attention sur la plaque métallique qu'il décala avant de s'écarter pour laisser passer la japonaise.
Elle pénétra dans le passage sans lui accorder un regard, elle ne voulait pas qu'il voit sa souffrance. Elle n'arrivait pas à s'habituer à cet air distant, à cette expression indifférente, à ce regard froid... Non un mois ne suffisait pas, un an non plus, en vérité elle doutait même qu'une vie suffise à accepter le fait que le garçon dont vous êtes profondément éprise vous regarde à peine... Un à un elle descendit les barreaux de l'échelle et elle entendit Ulrich refermer le passage, empêchant la clarté d'entrer. Arrivé au fond, elle s'empara de son skate et après une hésitation, prit celui d'Ulrich qui achevait de descendre les escaliers et le lui tendit. Il la fixa quelques secondes puis prit la planche. Ses doigts effleurèrent sa main et tout son corps se tendit à ce contact. Yumi le dévisagea gravement puis son visage se durcit, refusant de lui laisser voir la souffrance qu'il lui causait à chaque instant. Elle se détourna et lança sa planche. Peu après, ils dévalaient les tunnels à vive allure, Ulrich talonnant la japonaise, une expression perdue sur le visage.
Il ne pourrait jamais... Jamais il n'y arriverait... Mais il fallait penser à après... au futur...
Il se stoppèrent et sans l'attendre, Yumi monta un à un les barreaux. Elle ouvrit la sortie et courut sans plus attendre vers l'usine. Ulrich la rattrapa et ils glissèrent ensemble le long des cordes puis foncèrent vers le monte-charge qui semblait les attendre. Ulrich pressa le bouton et ils entamèrent la descente dans un silence lourd.
-Yumi, murmura soudain Ulrich.
Que lui dire ? comment tout rattraper ? comment avouer ? comment tout résoudre ? comment faire ? Il ne pouvait pas ...
Elle plongea son regard dans le sien et s'y perdit un instant puis elle se rappela cette scène sous l'orage, ses mots et ses éclairs, ce baiser et cette pluie... Je suis désolé Yumi... en réentendant ses paroles, en se souvenant de cet éclair qui avait illuminé le ciel alors qu'il s'excusait platement, elle sentit une rage sourde déferler en elle. Il sembla s'apercevoir de sa colère et sa main fit mine de se poser sur son épaule avant de suspendre son geste dans les airs et de retomber le long de son corps. Il la passa ensuite dans ses cheveux d'un geste las... Et s'il était trop tard, pensa-t-il en baissant les yeux.
- Pourquoi ?
Parce que je t'aime... La réponse à la question de Yumi résonna dans l'esprit d'Ulrich mais ne franchis ses lèvres à aucun moment. Pourrait-elle comprendre ? Il leva les yeux et plongea dans les siens, remarquant alors que son expression était aussi dure et aussi froide que l'avait été la sienne ce dernier mois. Elle le faisait douter... Pourtant il ne le devait pas, il se l'était promis. Mais elle le faisait douter, trop même pour qu'il retienne ses mots. Avait-il eu raison ? avait-il pris la bonne décision ? ou avait-il eu tort contrairement à tout ce qu'il pensait ? Il secoua la tête au moment où les portes du monte-charge s'ouvraient sur la salle des scanners, laissant voir Odd et Aelita qui les regardèrent avec inquiétude. Yumi jeta un dernier regard à Ulrich et sortit sans plus attendre. Le brun enfonça les mains au fond de ses poches et la suivit en jurant intérieurement. Elle le faisait douter, et il n'aimait pas ça du tout...
- Les filles, dans les scanners, je vous virtualise en première, annonça la voix déformée de Jérémie.
Yumi pénétra dans le scan, les bras croisé sur sa poitrine, le visage indifférent et les yeux fermés. Aelita soupira et pénétra dans un autre scanner. Les portes se refermèrent sur elle et peu après, leur corps se pixelisaient sur le cinquième territoire. Les garçons arrivèrent peu de temps après elles et ils s'enfoncèrent dans le noyau de Lyoko en silence, silence que même Odd n'osa pas briser... Ils atteignirent, grâce aux directives de Jérémie, le centre de la sphère du cinquième territoire et Jérémie les avertit qu'il allait ouvrir l'accès à l'Olympe.
- si l'un de vous veut faire demi-tour, déclara Jérémie, c'est maintenant ou jamais...
-Eh Einstein, tu nous prends pour qui ? rétorqua Odd.
-très bien, c'est parti alors. Et je vous rappelle... pas de dévirtualisation sinon c'est fini...
-On a compris Jérémie, rassura Aelita, ne t'en fais pas.
Dans le labo Jérémie entra les codes qu'il avait craqué durant ce dernier moi puis sa main s'immobilisa au-dessus de la touche entrée alors qu'il fixait les quatre points représentant ses amis sur son écran. Avec un soupir il pressa soudain la touche et indiqua la marche à suivre à ses amis.
- Plongez dans le l'ouverture.
Sur lyoko, les quatre lyokoguerriers regardait avec curiosité le trou carré qui s'était formé entre eux. Aelita s'avança au bord du gouffre puis entendit la voix de Jérémie et elle plongea sans plus d'hésitation, aussitôt suivit de Yumi, Ulrich et Odd. La chute lui sembla longue alors que les parois bleues défilaient de plus en plus vite de tous les côtés puis soudain le bleu se transforma en couleur sable. Elle sentit son corps ralentir et atterrit sans mal sur un sol sablonneux. Elle entendit les autres atterrirent derrière elle et fronça les sourcils en promenant son regard sur les lieux alentours.
- Jérémie, tu es sûr de toi ? on dirait qu'on est dans le désert...
A peine sa phrase achevée, elle se rendit compte qu'elle avait tort ce que Jérémie lui confirma.
- Non, c'est l'Olympe Aelita, le désert n'en est qu'une partie. Avancez jusqu'à l'arbre mort et là tournez à gauche, vous allez être surpris.
Ce qu'ils firent sans poser de question et une fois sur les lieux, ils s'immobilisèrent de stupéfaction. Plus de plateau désertique mais une étendue de ciel d'un bleu pur envahit de nuage cotonneux et doux.
-Jérémie, commença Ulrich aussitôt coupé par la voix de son ami.
-vous allez devoir marcher sur les nuages, ce sont eux les plateaux, mais certains sont piégés.
-En dessous, c'est la mer numérique ? interrogea Yumi en s'approchant du bord du plateau.
- Pas du tout, en dessous c'est la mort. Si vous tombez des nuages, vous disparaissez aussitôt. Un programme de matérialisation ne suffira pas à vous ramener, aucun programme ne le pourra.
-Je vois, grommela Odd.
- Alors c'est parti, annonça Aelita.
-Comment sait-on quels nuages sont piégés ? demanda Yumi.
- on ne sait pas Yumi...
La réponse du génie amena un silence oppressant sur le groupe qui se jeta des regard angoissé. Yumi finit par reculer de quelques foulées puis prit son élan, bascula sur les mains et se projeta sur le premier des nuages.
- Yumi ! cria Aelita alors que la Japonaise atterrissait en souplesse.
-Celui là est ok, remarqua la japonaise alors qu'ils la rejoignaient un à un.
- Non mais ça va pas, comment aurais-tu fais s'il avait été piégé ? tu te rends compte du risque que tu as pris, s'énerva Odd.
La japonaise le dévisagea quelques secondes avant de planter son regard dans celui d'Ulrich et de hausser les épaules en détournant les yeux.
- Je n'ai plus rien à perdre... murmura-t-elle avant de se jeter sur le nuage suivant avec un salto parfaitement exécuté.
Odd en resta bouche bée et il jeta un regard éloquent à Ulrich avant de la suivre.
plus rien à perdre... bon Dieu pourquoi avait-il fait ça ? il avait eu tort, il en était persuadé maintenant... il aurait du lui parler, tout avouer... Ensemble ils auraient trouvé une solution... Mais comment lui dire ?
-Yumi attend ! hurla Aelita, il y'a un autre moyen pour vérifier si les nuages sont piégés.
La japonaise se stoppa dans son élan, dévisageant son amie avec un regard curieux.
- Jérémie, sais-tu quel genre de piège c'est ?
- Oh eh bien, par déduction, je pense que ce doit être des illusions, ou peut-être le nuage explose-t-il quand on le touche...
- Alors il y a un autre moyen, affirma Aelita en plongeant son regard vert dans celui de la japonaise. La télékinésie... Porte l'un de nous jusqu'au prochain nuage et si celui-ci disparaît, nous ne tomberons pas car tu nous porteras...
- Très bien, lâcha Yumi au bout d'un long moment. Et qui est le volontaire ?
- Moi !
Yumi dévisagea Ulrich longuement tandis qu'Odd et Aelita le traitaient mentalement de suicidaire. Son expression lorsqu'elle avait pénétré dans le scanner était des plus claire, elle lui en voulait, elle était en colère. Et lui, il pensait... A quoi pensait-il ?
- Si tu espère..., commença Yumi.
- Je n'espère rien du tout, interrompit Ulrich. tu dois porter quelqu'un et je me propose... parce que je te fais confiance.
Yumi resta de marbre pourtant tout en elle n'était que contradiction, stupeur et incompréhension. Qu'espérait-il ? que voulait-il ? pourquoi après s'être acharné à mettre tant de distance entre eux la regardait-il ainsi ? A quoi jouait-il ?
-très bien, comme tu voudras, fit finalement Yumi.
Ulrich soupira de soulagement et la regarda porter les mains à ses tempes tandis qu'un halo blanc l'entourait. Il sentit son corps s'arracher à la pesanteur de ce monde virtuel et il regarda le nuage suivant s'approcher. Yumi le fit descendre avec douceur et il foula le sol avec prudence. Voyant qu'il ne se passait rien, Yumi desserra son emprise et il atterrit sans encombre sur le nuage avant de le rejoindre avec les deux autres. Ils firent ainsi trois autre nuages avant Qu'Ulrich ne voit l'un d'entre eux disparaître sous pieds. Pendant une demi-seconde, il crut qu'il allait tomber dans le vide mais toujours sous l'emprise mentale de Yumi il rejoignit le nuage suivant, qui se trouvait bien plus loin que les autres.
- Il est loin, remarqua Aelita d'une voix lointaine.
-Je ne suis pas sûr de l'atteindre, ajouta Odd.
Ils sentirent soudain leurs corps se soulever dans les airs et ils comprirent ce qui leur arrivait en voyant le corps de Yumi entouré de blanc. Ils atterrirent sans dommage et se tournèrent aussitôt vers Yumi qui se trouvait maintenant à l'extrémité la plus éloignée du nuage, une expression déterminée sur son visage. Elle se mit à courir, prenant son élan, leva les bras, enchaîna les figures et décolla dans les airs alors qu'elle atteignait le bord du nuage. Ils la regardèrent traverser le ciel et atterrirent à quelques centimètres à peine du bord du nuage où ils se trouvaient. Elle se releva et reporta aussitôt les mains à ses tempes, soulevant Ulrich de nuage en nuage jusqu'à ce qu'ils parviennent enfin à leur but selon Jérémie. Une grande porte d'un blanc pur, de cinq mètres de haut. Les adolescents la fixèrent, se demandant comment surmonter cette nouvelle épreuve.
Ulrich soupira et posa son regard sur la japonaise qui souffrait en silence des effets de sa télékinésie. Jérémie annonça qu'il craquait les codes pour ouvrir la porte et ils ne purent lui répondre qu'ils attendaient, ne se doutant pas que la prochaine épreuve serait plus difficile que ce qu'il imaginait...







Chapitre VII/ 5 et 7...


Jérémie appuya sur entrée et observa sur l'écran principal les quatre points passer la porte. Il n'avait aucune idée de ce qu'ils allaient trouver derrière.
-Le signal est brouillé, prévint-il, on risque d'avoir des problèmes de communication.
-très bien Jérémie, on entre, répondit Aelita.
A partir de ce moment là, la voix de Jérémie ne vint plus les rassurer. Elle ne se fit plus entendre et ils comprirent que la suite, ils devaient la faire seuls...
-mais...qu'est ce que..., murmura Aelita, ébahie devant le paysage qui s'offrait à leurs yeux.
Elle fit quelque pas et sentit soudain une sensation familière lui parcourir le corps mais elle ne la reconnut pas tout de suite. Les autres la suivirent et sur leur visage fermé, on pouvait deviner leur angoisse, leur incompréhension. Aelita fit quelques pas sur l'herbe verte et admira le paysage alentour. C'était comme un immense jardin, une vraie fantaisie, terriblement belle et attirante. On y ressentait une sensation de plénitude, de paix et de joie. On s'y sentait bien et en sécurité. Du moins était-ce ce que ressenti Aelita et elle se tourna vers les autres avec un immense sourire.
Derrière elle, un peu plus loin, on apercevait un splendide pommier, de tous les côtés, des fleurs de milles couleurs et de toutes senteurs égayaient ce magnifique lieu, arbustes et grands arbres poussaient ici et là en toute liberté, juste derrière le pommier se trouvait une rivière à l'eau si claire et si pure qu'elle en paraissait magique et irréelle. Ils avancèrent, Aelita tournait sur elle-même comme une gamine trop heureuse, Odd avait le sourire jusqu'aux oreilles et fermait les yeux en respirant l'air pur. Ulrich la main sur la poignée de son sabre luttait contre la sensation de plénitude qui l'envahissait ; tout comme Yumi, il gardait en tête les mots de Jérémie...Xana a tous les pouvoirs...
-Cet endroit est magnifique, s'exclama Aelita avec enthousiasme, on dirait le paradis...
A ces mots, Yumi fronça les sourcils et fixa soudainement le pommier comme si elle avait vu le diable lui-même. Odd s'en approcha, sa méfiance s'éteignant en lui comme s'il avait oublié où il était...
-Odd n'y touche pas, lança Yumi alors qu'il s'approchait pour cueillir un fruit.
-Joue pas la trouble-fête Yumi, claironna celui-ci en riant. On sent d'ici la saveur de...
- Justement Odd, on sent..., coupa Yumi d'un ton dur.
Ces mots firent tourner les têtes vers elle et réapparaîtrent les regards perplexes.
- On sent, reprit-elle, l'odorat, le toucher et je suis sûr que nous avons également retrouvé le goût...
- Nos cinq sens..., réalisa Aelita en revenant à la réalité. La sensation de tout à l'heure...
- Sensation connue, compléta Ulrich, la même qu'à chacune de nos matérialisations...
- Mais que cherche à faire Xana en créant un tel lieu, je ne comprends pas..., demanda Odd.
-Si je ne me trompe pas, Xana a un but. Ce n'est pas n'importe quel lieu qu'il a créé là..., lâcha Yumi le visage fermé.
-Que veux-tu dire ?
-Tu ne dois pas connaître Aelita, je ne pense pas que Jérémie t'en ai déjà parlé mais il y a sur terre de nombreuses religions. Et ce que Xana a créé là, est une "légende" qui fait partie de l'une d'elle... Il vient de recréer le jardin d'Eden...
-le jardin d'Eden ?
- là où Dieu aurait déposé Adam et Eve... Les premiers humains... là où a été commis le premier péché...
- Quel était-il ? interrogea Aelita, son regard ne lâchant plus Yumi.
-Eve a cueillit un fruit de l'arbre de vie... souvent représenté par un pommier ...
Leurs regards se posèrent longuement sur l'arbre qui semblait illuminer les lieux alentours de son aura exceptionnelle.
-Avançons ! déclara soudain Aelita en détachant son regard de l'arbre magique et longeant la rivière.
-Yumi, comment se fait-il que tu connaisses si bien les croyances du christianisme ?
-Quand je suis arrivé en France, mon père a voulu que j'apprenne le maximum de choses sur la culture et les religions... Finalement je ne regrette pas d'avoir lu la bible, soupira-t-elle en posant un regard presque malicieux sur Odd qui marchait à ses côtés.
-Je ne regrette pas non plus que tu l'ais fait, sourit Odd avec malice.
La japonaise sourit et porta son regard vers Aelita et Ulrich qui marchaient un peu devant ; son visage perdit alors son air presque joyeux pour reprendre une expression perdue et désespéré. Il marchait devant elle, droit, fier, à l'affût, aux aguets, prêt si jamais il se passait quoi que ce soit, paré à les défendre au péril de sa vie... Yumi soupira et s'arrêta soudain de marcher tandis qu'Ulrich et Aelita se tournaient vers eux...
-Vous avez senti ? demanda Aelita d'un air inquiet.
-qu'est ce que c'était encore ? s'agaça Odd.
Ulrich promena son regard aux alentours, rien ne semblait avoir changé pourtant. La rivière coulait toujours au même rythme à quelques pas d'eux, le jardin était toujours aussi calme et serein. Ses compagnons en revanche le semblaient moins. Il dévisagea Yumi un instant mais il n'osa s'attarder à la fixer, de peur qu'elle ne le repousse, qu'elle ne lui lance ce regard qui lui glaçait le sang...
-allez en marche, rien ne sert de s'attarder davantage, déclara soudain Odd en réprimant un frisson.
D'un pas rapide, ils contournèrent arbres et arbustes, fleurs tropicales et indigènes, ne sachant vraiment où aller quand soudain Aelita s'immobilisa et montra quelque chose du doigt.
-regardez un peu ça !
Ils avaient débouché sur une immense clairière où régnait une éclatante lumière, si belle et si pure qu'elle les aveuglait presque. Et sa provenance n'était autre que l'immense pommier d'or qui trônait au milieu du grand espace. Ils le fixèrent, ne sachant que faire et sous leurs yeux stupéfaits, une pomme d'or se décrocha et tomba au sol sans le moindre bruit...

Elle était par terre, aussi lumineuse qu'un rayon de soleil et aussi belle que la première fleur d'un printemps naissant. Elle semblait l'appeler ... Immobile près de ses amis, il la fixait d'un air émerveillé, ne souhaitant qu'une chose, la ramasser et la mettre à l'abri, la protéger...
- Partons, cette endroit ne m'inspire pas confiance.
La voix d'Aelita, sage et douce, lui fit tourner la tête pendant une demi-seconde mais cela ne suffit pas à le tirer de l'attirance qu'avait la pomme d'or sur lui. Il se devait de la ramasser, il ne pouvait pas la laisser là où personne ne pourrait la voir, profiter de sa beauté et puis... Il ne pouvait se le cacher plus longtemps... Il la voulait ! Il voulait qu'elle soit en sa possession. Sans vraiment avoir conscience de ses actes, il se détacha de ses amis et fit quelques pas dans la clairière avant d'entendre une voix familière qui ne le ralenti même pas...
-Odd, cria Yumi.
Mais le blond ne ralentit pas, bien au contraire. Il arriva juste sous le pommier d'or et les autres commencèrent à courir vers lui alors qu'il le contemplait avec un air émerveillé et... fier. Cet arbre pourrait être à lui... Et pour commencer, cette pomme... Il baissa les yeux et un sourire étira ses lèvres tandis qu'il fixait le fruit à ses pieds. Il se pencha, bras tendu, avec la ferme intention de la ramasser.
-Odd, non ! hurla Yumi.
-Arrête, supplia Aelita.
-Odd, ajouta Ulrich d'une voix menaçante.
Ils n'étaient qu'à quelques centimètres de lui lorsqu'il se releva, la pomme au creux de sa main, un air satisfait sur son visage virtuel. Ils se stoppèrent dans leurs courses et Odd promena son regard dans les alentours, réalisant qu'il avait probablement fait une énorme erreur... L'air s'était fait lourd, chargé, oppressant et surtout angoissant et tout à coup la pomme n'avait sur lui plus le moindre attrait. Il la laissa tomber à terre et jeta un regard paniqué à ses amis qui scrutaient les alentours avec inquiétude.
-Il ne va rien se passer, n'est ce pas ? s'enquit-il d'un ton inhabituel.
-Regardez ! s'exclama Aelita en pointant la rivière du doigt.
L'eau qui coulait encore peu auparavant, si claire et pure avait pris une teinte sombre. Ulrich dégaina l'un de ses sabre et le plongea dans le liquide qui n'eut aucune réaction inhabituelle. La rivière continuait de couler comme si rien n'avait changé et lorsque Ulrich caressa la lame du bout du doigt, son visage méfiant prit une expression de surprise puis se ferma complètement. Il s'accroupit et essuya le tranchant de son arme sur l'herbe puis la rangea, sentant les regards interrogateurs des autres sur lui.
-Allons-nous en ! déclara-t-il en se détournant de la rivière et des autres.
-Ulrich, qu'est ce que..., commença Aelita.
-Partons, insista celui-ci d'un ton qui n'admettait aucune réplique.
Yumi se porta à sa hauteur tandis qu'il partait d'un pas vif et rapide. Il comprit qu'elle ne le laisserait pas se taire et il soupira en jetant un bref regard par-dessus son épaule, il apercevait encore la rivière rouge...
-c'est du sang...
-Tu es sûr ? insista Yumi.
-Certain.
Le visage de Yumi se durcit, ses sourcils se froncèrent et elle dévisagea Ulrich longuement avant de hausser les épaules.
-Tu as une idée ? interrogea le samouraï.
-Non, répondit celle-ci sans conviction.
Mentait-elle? Il n'en était pas certain, mais n'insista pas. Si elle n'était pas décidée à le dire c'est qu'elle avait une bonne raison... Si Idée il y avait...
Il s'immobilisa soudain et son regard rencontra celui de la Japonaise, puis celui d'Odd et enfin celui d'Aelita qui grimaça avant de se retourner.
-La rivière est hors de vue.
-Mais quel était..., commença Ulrich.
-La même chose que tout à l'heure, affirma Odd sans la moindre hésitation.
- Qu'est ce que tout cela veut dire ? Je ne comprends pas le but de Xana..., soupira Aelita en jetant des regards de bête traquée sur les lieux alentours.
-Continuons, ordonna Ulrich.
Ils repartirent en silence, observant tout, ne laissant passer aucun détail, près à se battre à la moindre alerte. Mais il ne se passa rien de ce genre... Ils finirent par déboucher sur une nouvelle clairière inondé d'une lumière douce et apaisante, réconfortante et chaleureuse. En la traversant, ils eurent tous le loisir d'admirer les coussins de soie et les canapés de satin qui étaient disposés ici et là, et qui pourtant, semblaient parfaitement à leurs places. Il y avait également, posé sur une grande table de bois gravée de milles motifs gracieux et aériens, nombreuses coupelles de fruits, de légumes et toutes sortes de mets appétissants et attirants.

Elle fixa le coussin de soie violet qui l'avait attiré dés la première seconde. Ses membres étaient las, lourds, fatigués. Cette aventure l'épuisait et comme il semblait confortable et douillet. Elle ferma les yeux en s'imaginant s'allonger dessus et un sourire de bien-être total illumina son visage. Et lorsqu'elle rouvrit les yeux, une question s'imposa à elle. Pourquoi ne pas rendre ce désir réel ? ne serait-ce que quelques minutes ? A qui cela ferait-il du tort ? personne, elle en était persuadée... Elle ralentit le pas, laissant ses compagnons la précéder puis dévia de sa trajectoire et avant qu'ils ne rendent compte de son manège elle se laissait tomber dans le douillet coussin et poussa un soupir de bien-être.
-Aelita !
La voix d'Odd la fit se redresser brusquement et elle fixa les trois visages effarés de ses amis qui la contemplaient d'un air surpris. Avec un demi-sourire, elle se rallongea et ferma les yeux.
-Vous devriez m'imiter. Ça fait un bien fou, murmura-t-elle d'une voix douce, ne rien faire...profiter...
Elle finissait à peine sa phrase qu'Ulrich était près d'elle et la relevait avec brusquerie.
-Qu'est ce qui te prends? Je te signale que c'est pour sauver ton père que nous sommes là !
-Et alors? Nous pouvons toujours le faire plus tard...
Ulrich en fut tellement stupéfait qu'il n'entendit pas le bruit derrière lui mais il lâcha Aelita et se tourna vivement lorsqu'il sentit la chair de son épaule le brûler. Aelita leva les yeux au ciel en se relevant et gémit.
-Mon dieu, qu'ai je fais...
Des cancrelats, des dizaines de cancrelats tombaient du ciel et atterrissaient sans aucun dommage dans ce paradis de calme et de verdure. Ils commencèrent à tirer, faisant des ravages... Ulrich serra les dents en portant la main à son épaules blessé et fixa sa paume. Il saignait... Et la douleur... Ici ils avaient leur corps virtuels et leurs faiblesses humaines...

Les cancrelats se dispersèrent, Odd abattit le dernier qui osait encore les affronter et dévisagea Ulrich qui rengainait son sabre.
-Partons avant qu'ils ne reviennent, décréta Yumi alors qu'ils se rassemblaient.
Elle s'était égratigné les paumes des mains, Ulrich n'avait rien hormis son épaule, Aelita évité un coup de justesse sur le flanc droit mais son habit rose était déchiré et sa peau avait bleuie et Odd, lui, avait pris un coup dans la cuisse, il marchait douloureusement, supportant la douleur en silence pour ne pas ralentir ses amis. Ils s'éloignèrent de la clairière et quelques pas plus tard, Aelita ne put se retenir davantage.
-Je suis vraiment...
-Ne t'excuse pas Aelita, ça ne sert à rien, interrompit Ulrich sans même se retourner vers elle.
Bien qu'elle sache parfaitement qu'ils étaient sur Lyoko, elle sentit les larmes lui monter aux yeux et elle porta son petit poing serré contre ses lèvres, comme pour retenir ses sanglots.
-Ne la blâme pas Ulrich, elle n'a rien pu contre cette...
La sensation devenue familière interrompit Odd et la conversation également, du moins c'est ce qu'ils pensaient au début...
-Et pourquoi je ne le ferais pas ? Les cancrelats ne sont pas venus là tout seul que je sache... Elle a du tout provoqué. Si je n'avais pas était là pour me battre, vous seriez sans doute déjà tous morts...
De tels mots dans la bouche du samouraï étaient inhabituels, et son expression était bien étrange.
-Je peux savoir ce que ça veut dire ? interrogea Odd d'une voix entrecoupée, ne prêtant pas attention aux détails qui avaient sauté aux yeux de Yumi.
Le première larme coula sur la joue d'Aelita sans qu'elle ne puisse la retenir lorsque les mots d'Ulrich résonnèrent dans ce qui lui avait semblé être un paradis. Comme elle s'était trompée...
-Depuis que l'on est ici, vous accumulez les fautes ! Toi qui n'est bon qu'à faire des erreurs, provoqué des massacres et des catastrophes... Et elle, ajouta-t-il méchamment en désignant Aelita. Elle qui n'est bonne qu'à pleurer... Et puis la troisième, qui se tait, qui n'apporte aucune solution... Non de nous quatre, je suis le seul capable. Sans moi, c'en serait déjà fini de vous...
-Alors apporte nous une solution Ulrich, murmura Yumi avec calme alors qu'Odd tentait de refouler sa rage. Toi qui es si fort, dis nous donc ce qu'il faut faire.
-Bien sûr, répondit celui-ci fier et orgueilleux. Par-là.
Mais ils n'eurent pas l'occasion d'avancer car un énième bruit familier les stoppa. Yumi observait les frelion qui arrivaient de partout et son visage se crispa en voyant l'air ahuri du samouraï. Plus de doute à avoir maintenant...
-Je crois que j'ai compris..., souffla Yumi s'attirant tous les regards. Xana se sert des croyances, de la religion... J'ai compris pourquoi il nous a rendu nos cinq sens ou plutôt notre nature humaine...
-profiter de nos faiblesses, lâcha Ulrich, à nouveau lui-même.
- Pas seulement, ajouta Yumi. Les scènes précédentes ne vous rappellent rien ? les sept péchés capitaux... Odd et l'avarice, Aelita la paresse et Ulrich... l'orgueil ! Et chaque fois que l'on y cède, nous sommes puni et pas n'importe comment..., continua-t-elle en posant un regard déterminé sur les frelions qui s'approchaient dangereusement. La rivière de sang, les cancrelats et les frelions... Tout ça peut être associé aux dix châtiments... les Fléaux que Dieu à déchaîné en Egypte... les cancrelats pourraient être comparé aux grenouilles et les frelions aux mouches... Mais si tel est le cas, alors il a sauté l'un des châtiments et je suppose qu'il en passera d'autres, pour n'en avoir gardé que sept... sept péchés, sept punitions de plus en plus dures... si on continue ainsi...
Elle fut coupée dans sa phrase par un tir de frelion qu'elle évita de justesse et tous s'engagèrent dans le combat le cœur enserré dans un étau...







Chapitre VIII/ et s'ils ne revenaient pas...

Aelita s'écroula durement au sol et regardant le tir de frelion arriver jusqu'à elle puis soudain coupé dans sa course par une lame affûtée qui prit une teinte bleue. Elle soupira et regarda Ulrich courir vers le frelion avant de l'abattre d'un coup de maître.
- Debout Aelita, ordonna Odd en se plaçant près d'elle pour la protéger.
- J'ai... j'ai mal ..., souffla celle-ci en prenant appui sur ses paumes de mains.
- Il faut aller se mettre à l'abri, annonça Odd, et pour ça, tu dois te lever !
Aelita fit un effort désespéré pour se relever mais la douleur remonta soudain le long de son dos, sa tête tourna et elle s'écroula sans connaissance. Odd grommela en visant un frelion proche et grimaça en sentant la brûlure dans le bas de son dos. Il se tourna et vit juste à temps l'éventail trancher en deux son agresseur puis revenir dans la main de sa propriétaire.
-Odd, couvre-moi !
Le corps de Yumi s'entoura d'un halo blanc et celui d'Aelita commença à léviter dans les airs.
-Ulrich, repli, hurla Odd en éliminant son sixième frelion.
Le samouraï était aux prises avec trois d'entre eux et en entendant le cri d'Odd, son visage prit un pli septique. Le repli lui semblait impossible. Il commença à courir, encaissa un nouveau choc et sauta dans les airs pour éliminer l'un de ses adversaires.
-Ulrich, j'ai besoin de toi ! appela soudain Odd.
Le brun tourna la tête et vit alors Odd entouré de cinq frelions et derrière lui, Aelita couchée au sol, Yumi adossée à un arbre, pâle comme la mort. Sans réfléchir davantage, il utilisa son sprint et exécuta un magnifique salto qui lui permit d'en éliminer deux. Il atterrit sans laisser transparaître la moindre émotion et avec une rage sans nom, il se mit à abattre ses ennemis les uns après les autres. Lorsqu'il n'en resta plus un, il s'immobilisa, dos à ses amis, le souffle court, sentant le sang couler le long de son mollet blessé, de son épaule abîmée et de sa hanche écorchée. Il retrouva peu à peu un rythme cardiaque régulier et son sabre reprit sa place dans son fourreau. Il sentit une main se poser sur son épaule et leva les yeux vers Odd qui le fixait. Il se tourna alors vers les filles et après une hésitation, s'approcha de la japonaise. Assise à même le sol, adossée à un arbre, les paupières closes, elle respirait par saccade. Il allait mettre la main sur son épaule et stoppa son geste en remarquant soudain le trou dans son habit de geisha et le sang qui s'en échappait.
-Yumi, tu es blessée, s'affola Ulrich.
-Comme nous tous, soupira celle-ci en rouvrant les yeux et en se relevant avec précautions. Mais nous n'avons pas le choix, il nous faut continuer maintenant.
Odd avait pris Aelita dans ses bras, dans l'intention d'épargner à Yumi les forces qu'ils lui restaient. Ils marchaient beaucoup plus lentement maintenant, souffrant un peu plus à chaque pas mais ne cessant à aucun moment de jeter des coup d'œil méfiants aux alentours redoutant une autre attaque. Aelita battit soudain des paupières et ouvrit les yeux en réalisant qu'elle était dans les bras du félin.
-Odd?
-du calme princesse, évite de t'agiter.
-Mais, protesta Aelita.
-Je te pensais plus légère quand même, plaisanta Odd.
Aelita ne réussit pas à sourire. Ce trait d'humour ne parvenait qu'à lui rappeler qu'elle été dans les bras de son ami blessé, augmentant davantage sa souffrance. Elle s'immobilisa complètement et son regard se posa sur Ulrich et Yumi qui marchaient un peu au devant d'Odd et elle. Ils se tenaient plus éloignés qu'à leur habitude, comme s'ils voulaient marquer une séparation nette et inaltérable. Elle soupira et Odd en comprit parfaitement la raison.
-Tu crois que..., commença Aelita.
-J'espère Aelita. J'espère, souffla simplement Odd.
Le regard vert de la jeune fille se posa sur le visage de son porteur et elle y vit nettement la souffrance et la douleur. Elle se maudit intérieurement et fronça les sourcils.
-Pose moi par terre, je vais marcher.
-Tu n'es pas en état princesse.
-et toi tu n'es pas en état de me porter, s'énerva Aelita.
Ulrich et Yumi s'étaient retourné vers eux et les observaient d'un air intrigué. Odd soupira et finit par céder. Il posa Aelita au sol avec douceur et la jeune fille chancela sur ses jambes flageolantes. Elle s'accrocha à l'épaule de son ami qui la soutint jusqu'à ce qu'elle retrouve un équilibre un peu plus assuré et ils repartirent. Le paysage ne changeait pas vraiment au fur et à mesure qu'ils avançaient, les arbres étaient toujours les même, les fleurs défilaient identiques les une aux autres, l'herbe douce sous leur pied était semblable à celle de l'entrée. A un moment, la sensation se fit à nouveau sentir mais le silence resta sur le groupe qui continua d'avancer.
- Nous ne savons même pas où nous allons, soupira finalement Ulrich.
-Mais il faut tout de même que nous avancions, nous n'avons pas d'autre choix, remarqua Odd.
-Avancer je veux bien mais si c'est pour nous jeter dans la gueule du loup, traversez les sept péchés les uns après les autres et devoir combattre sept des châtiments, c'est du suicide...
-Eh bien, trouve une solution Ulrich, toi qui es si fort.
La voix de Yumi, sèche et dure, claqua dans l'air comme un coup de fouet. Elle le tournait le dos et ils s'immobilisèrent de stupeur.
-Yumi je n'ai pas dit..., commença Ulrich tentant de se justifier.
-Oh c'est vrai que tu dit beaucoup de choses et d'autres que tu devrais dire mais ce qu'il faudrait dire..., lâcha la jeune fille avec hargne en lui faisant soudainement face, non ce qu'il faut dire, tu te tais. C'est plus simple non ?
-Que..., hésita Aelita, plus que surprise.
-Alors pour une fois Ulrich, tu pourrais faire un effort. Vas-y ! dis nous tout. Que faut-il faire ?
-Yumi, je n'ai pas de solution..., souffla Ulrich en baissant la tête.
-Bah ça tu vois...ça ne m'étonne pas ! de toute façon avec toi, il n'y a jamais de solution... Il n'y a que des problèmes.
-Yumi, s'écria Odd qui comprit soudain.
-Quoi ?
-Yumi, tu devrais...
-Non, coupa Yumi. Non je ne dois rien ! J'en ai marre ! marre de faire ce que l'on attend de moi, marre de devoir faire bonne figure, marre de devoir trouver des solutions, marre d'être déçue, marre de devoir retenir mes larmes, marre de faire semblant, marre d'être envahi par cette sensation de vide glacial et douloureux. J'en ai marre ! Vous comprenez ? hurla Yumi, les yeux empli d'une rage démesurée.
-La colère! Cria Aelita en la coupant.
-C'est un péché ! ajouta Odd.
Yumi eut un mouvement de recul et Ulrich s'approcha d'elle en saisissant ses épaules pour l'obliger à lui faire face.
-Je sais que tu m'en veux, et c'est ton droit le plus strict mais il ne faut pas que tu cède Yumi. Ta colère est justifiée mais il ne faut pas que tu t'y laisse aller.
Le bras de Yumi se dégagea et sa paume ouverte fendit l'air. Le bruit d'une gifle amena le plus oppressant des silence et Ulrich recula d'un pas, la main gauche sur sa joue et plongea son regard dans celui de la japonaise.
-Ne me dis plus jamais ce que je dois faire, murmura-t-elle d'un ton chargé de rancune.
Tu dois m'oublier, je ne peux rien t'offrir. Oublie moi Yumi, c'est mieux pour toi...
L'orage, la pluie, ses mots, son regard tout était encore intact dans son esprit et ne faisait qu'amplifier sa colère... La douleur au creux de son ventre la ramena à la réalité et elle se laissa tomber à genou en baissant la tête, le visage crispé par la souffrance.
Ulrich la regarda tomber sans parvenir à bouger. Yumi venait de le gifler... Sa hargne, sa colère n'avait pas d'égal et il ne pensait pas que... non jamais il n'aurait pu penser ... qu'avait-il fait ? A eux deux, ils auraient pu...
Yumi releva soudain la tête et Ulrich eut un infime mouvement de recul en croisant son regard. Regard que toute colère avait déserté, il n'y restait qu'une détresse infinie, une tristesse sans nom. Une larme perla à ses yeux alors que ses bras étaient enroulés autour de son ventre.
-Ulrich...
Sans même réfléchir, il se précipita vers elle et passant son bras autour de ses épaules, il l'aida à se relever. La jeune fille semblait au bord d'un précipice aussi la laissa-t-il faire lorsqu'elle posa simplement sa tête sur son épaule, sachant pertinemment qu'il risquait de le regretter...
-regardez...
Autour d'eux, la faune et la flore se mouraient. Les arbres prenaient des couleurs jaunes puis marron et perdaient leurs feuilles rapidement. Les fleurs se fanaient les une après les autres avant de disparaître, l'herbe verte prit une teinte ocre, comme si elle avait souffert d'un soleil trop agressif ...
-Je suppose que Xana aura remplacé la mort des troupeaux par celle de la faune et la flore, lâcha Yumi en se redressant, le visage à nouveau fermé mais le regard plus perdu que jamais...
-Avançons, répondit Odd sans autre remarque.

Jérémie regarda les quatre points se mettre en mouvement avant de se remettre à pianoter. Il était parvenu à récupérer leur signal au prix de terribles efforts et tentait maintenant le maximum pour rétablir la communication. Il devait le faire où jamais il ne les reverrait en vie. Au rythme où descendaient leurs points de vie, ils ne tiendraient plus très longtemps. Ils allaient droit vers un mur. Il lança la connexion qui s'établit, faible, instable mais bel et bien là. Il tenta de la stabiliser et plus le temps passait, plus il espérait y arriver. Priant intérieurement, il rapprocha le micro de sa bouche et d'une voix hésitante et angoissée, prononça leurs quatre noms qui résonnèrent dans la salle vide et angoissante où il se trouvait.
-Aelita, Odd, Yumi, Ulrich....
Les secondes qui suivirent lui parurent durer une éternité lorsqu'il vit alors les quatre points s'immobiliser avant d'entendre dans son micro quatre voix à l'unisson.
-Jérémie !
Il soupira de soulagement et un sourire étira ses lèvres.
-Content de vous entendre. Je vais vous guider...







chapitre IX/ quand tout se sait... quand l'espoir renaît...

-Ulrich, quarante points de vie, Odd cinquante, Aelita, trente et Yumi trente, annonça Jérémie.
-Attends, tu es en train de nous dire que nous avons toujours des points de vie ?
-tout à fait, Ulrich.
-Mais et les blessures ?
-Ton épaule équivaut à vingt-cinq points de vie...
-Je vois, marmonna Ulrich d'un ton maussade.
-Et maintenant Einstein, où allons-nous ?
-là où on peut éviter les péchés, lâcha l'intellectuel en pianotant sur son clavier.
-C'est possible ? s'étonna Aelita.
-ça risque de ne pas être facile mais ce doit être faisable.
-t'es le meilleur Einstein ! s'écria Odd tout sourire retrouvé.
-Alors vous attendez quoi ? rit celui-ci, en route!
Et avec un air plus joyeux, ils reprirent leur marche. Les lieux alentours, devenus désolé, étaient néanmoins plus calmes malgré la sérénité disparue. Jérémie, plongé dans la carte du territoire, leur indiqua le chemin à prendre avant de se lancer dans une programmation complexe.
Ulrich marchait tête basse, n'écoutant guère la conversation d'Aelita et Odd, tout ravis d'avoir retrouvé leur guide et ami. Il sentit soudain une main se refermer sur son bras et il releva la tête, rencontrant le regard de Yumi. Il s'immobilisa quelques secondes puis ils marchèrent côte à côte.
-Ulrich, je suis désolé, je n'aurais pas du te ...
-Je le méritais, coupa Ulrich, les yeux au sol. Je sais que tu es...enfin que tu m'en veux et je te comprends. Peut-être même plus que tu ne le crois...
-Ce n'est pas une raison. Je n'aurais pas du et puis c'est tout.
Un fin sourire chargé d'ironie étira les lèvres pâles du samouraï.
-Yumi, murmura Ulrich dans un ton où perçait la tendresse.
-Ulrich je ne comprends plus. Je ne te comprends plus, soupira la japonaise. Ce dernier mois tu as tout fait pour t'éloigner... Et pourtant maintenant...
-écoute, je ... ses épaules s'affaissèrent. Je suis désolé.
-Je ne veux plus de tes excuses, lâcha la japonaise d'un ton froid puis d'une voix plus douce. Pourquoi ? explique moi...
Ulrich plongea ses yeux au fond des siens et tout se chamboula en lui. L'occasion... inespéré mais tant souhaitée... il allait tout lui dire, ici et maintenant. Elle comprendrait, elle pourrait même lui pardonner... non il ne fallait pas rêver, il l'avait trop fait souffrir. Elle lui en voudrait certainement plus après que maintenant... Mais il fallait tenter... Oui sa décision était prise, il allait tout tenter, pour elle... elle le méritait ...
-Je...
-Arrêtez-vous, il y a un souci.
Ulrich jura en entendant la voix de Jérémie mais il rejoignit Odd et Aelita avec Yumi qui arborait à présent un air indifférent.
-qu'est ce qui se passe Jérémie? Questionna Aelita.
-Droit devant vous, il y a une zone pas claire. Le signal sur mon écran est brouillé et je n'arrive pas à savoir ce qu'il y a dedans.
-Nous n'avons plus qu'à la contourner, claironna Odd.
-Impossible, décréta le blond
-Je ne sais pas pourquoi mais je sentais que t'allais dire ça..., marmonna Yumi.
-Désolé. La zone parcoure le territoire d'un bout à l'autre à vrai dire.
-alors il va falloir entrer dedans ?
-vous ne pourrez pas faire autrement, soupira Jérémie. Elle n'est pas très étendue, ce devrait être rapide. Et c'est toujours tout droit.
-Et tu es sûr que ce n'est pas une autre zone de "péché?" Interrogea Ulrich.
-Certain, trancha l'intellectuel, elles n'émettent pas ce genre de signal.
-Alors allons-y, décida Aelita. Pour la communication Jérémie?
-Elle risque de se couper une nouvelle fois mais se rétablira d'elle-même dés que vous serez hors de la zone. Surtout ne dérivez pas de la route, tout droit, ok ?
-A vos ordres, claironna Odd.
Et ils s'élancèrent au pas de course dans la zone redoutée. De leur point de vue à eux, ce n'était qu'une forêt un peu plus dense et aux arbres aux feuilles encore vertes. Elle était sombre et pas très rassurante, mais ils y pénétrèrent sans ralentir. Dans le silence le plus complet, ils commencèrent à traverser les bois à toute allure. Les arbres aux cimes sombres et effrayantes défilaient de tous les côtés. Milles petits bruits angoissants leur faisaient tourner la tête, lever les yeux, réprimer un frisson. C'est alors qu'un bruit couvrit tous les autres. Un bruit sourd, étouffé, angoissant, effrayant qui les stoppa. Ils jetèrent des regards autour d'eux pour en trouver l'origine jusqu'à ce qu'il résonne une deuxième fois, puis une troisième, de plus en plus proche.
-C'est derrière nous! Hurla Aelita.
-Il faut sortir d'ici, cria Yumi en les entraînant dans une course folle.
Allant plus vite que jamais, ils slalomaient entre les arbres, tentant d'échapper à un ennemi inconnu qui se rapprochait davantage de seconde en seconde.
-La lumière, s'écria Odd.
La fin de la forêt ! de la zone... Arriveraient-ils à l'atteindre avant que l'origine du bruit ne les rattrape ? continuerait-elle à les poursuivre en dehors de la "zone" ... Ils en étaient de plus en plus proche, Ulrich la voyait clairement maintenant, devançant ses amis de plusieurs mètres. Il jeta un coup d'œil par -dessus son épaule et les vit peiner à se maintenir à sa hauteur. Il ralentit légèrement, regarda Aelita le dépasser, suivit d'Odd et Yumi mais cette dernière soufflait bruyamment, la main crispée sur son ventre. Il lui prit l'autre main et l'entraîna encore plus vite.
-Ulrich...souffla celle-ci avec peine. Pars...devant... je...
-tais-toi et cours.
Elle leva un regard étonné vers lui et malgré sa peur et sa douleur, sourit légèrement. Sa manière à lui de dire : Je ne t'abandonnerais pas alors ne songe pas à me faire changer d'avis. Le bruit était juste derrière elle, à ses talons, mais elle n'avait plus la moindre force. Le laser qui l'avait envoyé cogner dans un arbre, la coupant dans sa télékinésie peu auparavant, lui avait transpercé le ventre. Un peu devant elle, elle vit Aelita ralentir. L'elfe n'en pouvait plus non plus et Odd n'était pas dans un bien meilleur état. Pourtant il imita la technique d'Ulrich, il saisit la main de la jeune fille aux cheveux roses et l'obligea à accélérer. Aelita trébucha et avec l'aide d'Odd, reprit un rythme plus trépidant encore. La japonaise sentit la pression de main d'Ulrich se raffermir tandis qu'il accélérait encore, l'entraînant avec elle. Le bruit résonna encore une fois et la peur envahit leur visage. Il était sous eux, sous leurs pieds. Les vibrations dans le sol les inquiétèrent au plus haut point... Ulrich tira Yumi vers lui et accéléra encore une fois. La Japonaise trébucha, se rétablit tant bien que mal et ils rattrapèrent Odd et Aelita. La sortie n'était qu'à quelques mètres, la lumière s'était faite plus intense... le contact avec Jérémie se rétablirait, il saurait quoi faire lui !
-Jérémie, essaya Odd le souffle court.
-la connexion ...mauvaise...sortez... je... monstre...
A ce moment là, Ulrich ne sentit plus le sol sous ses pieds, et, la main de Yumi dans la sienne, il se sentit chuter dans un gouffre sans fin, Odd et Aelita avec eux.

Jérémie regarda les quatre points qui n'avançaient non plus horizontalement mais verticalement. Avec un air paniqué, il stabilisa tant bien que mal la communication et les appela encore et encore. Ils étaient immobile maintenant mais aucun d'eux ne répondait... Avec un air apeuré, Jérémie jeta un coup d'œil à leurs points de vie qui n'avaient pas bougé et un éclair d'angoisse passa dans ses yeux. Quel piège Xana avait-il encore inventé ?

Ulrich battit des paupières et finit par ouvrir complètement les yeux, il tenta de se relever, y parvenant douloureusement. Sa main rencontra une paroi de terre humide et il s'y appuya avec soulagement. Ses yeux s'habituèrent peu à peu à l'obscurité ambiante mais le noir était encore trop intense pour qu'il puisse voir quoi que ce soit...
-Yumi ? Odd? Aelita? Répondez-moi !
Mais seul l'écho lui renvoya ses paroles. La samouraï leva les yeux vers les hauteurs mais ne percevait rien, il tenta une autre solution doutant pourtant de son efficacité.
-Jérémie? Jérémie c'est Ulrich tu m'entends ?
Mais constatant l'absence de réponse, il soupira. Dos à la paroi, il se laissa glisser jusqu'à se retrouver assis par terre. Il enroula ses bras autour de ses jambes repliées et son menton vint prendre appui sur ses genoux tandis qu'il sentait un frisson remonter le long de son dos. Il était épuisé, seul, il ne pourrait pas lutter mais comment retrouver les autres dans cette obscurité ? Il se sentait tout à coup envahi par un désespoir sans fond...
-Ulrich ?
La voix le tira de sa léthargie et il se releva rapidement en scrutant les ténèbres.
-Ulrich !
Il aperçut soudain une lueur et s'en approcha prudemment alors que la voix inconnue l'appelait encore et encore. Et soudain elle fut devant elle. C'était comme un passage, comme un autre monde et oubliant toute méfiance il y pénétra...

Ce fut le froid qui la réveilla, le froid et la douleur... Ses paupières frémirent puis s'ouvrirent et elle se redressa en constatant qu'elle connaissait parfaitement les lieux alentours. Elle se leva et posa une main parfaitement humaine sur son ventre où elle n'apercevait nulle blessure. Le tonnerre gronda et elle posa un regard apeuré sur le ciel chargé de lourds nuages gris. Elle pivota sur elle-même et contempla le collège/lycée Kadic qu'elle apercevait derrière les hautes grilles de fer. Comment était-ce possible ? Elle se retrouvait dans la réalité, vêtue de ses vêtement humains, son sac de cours sur son dos...
-Yumi.
Pour revivre une scène déjà vécue...
Elle se tourna vers Ulrich qui venait de lui saisir le bras et eut un mouvement de recul. Elle savait ce qu'il allait dire, ce qu'il allait faire, comment il allait le faire... Elle ne voulait pas réentendre ça, elle ne voulait pas le revoir, elle ne pouvait pas revivre ça une deuxième fois. Comment cela se pouvait-il ? Toutes les possibilités traversèrent son esprit du retour vers le passé jusqu'à une bulle virtuelle mais elle n'en retint aucune car tout contrôle lui échappait. Elle ne pensait plus à rien, elle ne contrôlait plus rien, elle ne pouvait que revivre cette scène atroce, bouleversante...
-Ulrich, s'entendit-elle dire sans parvenir à retenir ses mots. Qu'est ce qui se passe ?
-J'ai...J'aimerais te parler...
Elle sentit ses lèvres s'étirer en un sourire tendre, affectueux devant son ton hésitant et ses yeux baissés. Son corps ne lui appartenait plus. Elle ne pouvait rien changer...Juste revivre un souvenir...
Comment était-ce possible ? La panique s'emparait d'elle sans qu'elle ne puisse rien faire ... Elle perçut les battements accéléré de son cœur tandis que le brun levait un regard froid et distant sur elle...
-C'est à propos de nous, Yumi.
-de nous ?
Le tonnerre gronda comme s'il annonçait un malheur et ses yeux se levèrent une fraction de seconde vers le ciel sombre qui menaçait un peu plus à chaque instant de laisser déferler sa rage. La japonaise posa son regard sur le brun qui lui faisait face, attendant la suite avec un mélange d'appréhension et de peur.
-de nous deux. Je peux te paraître prétentieux mais j'ai pensé à une certaine époque que l'on aurait pu...
-Où veux-tu en venir? murmura Yumi d'un ton perdu, hésitant.
-Je souhaite être honnête avec toi, Yumi. Il n'y aura jamais rien. D'ici deux mois, je ne veux plus avoir le moindre contact avec toi.
Les mots tombaient pour la deuxième fois, toujours aussi cruels, avec ce même regard glacial, cette attitude distante... Ses yeux plongé dans les siens, il attendait sa réaction.
-Mais...Mais pourquoi ? on...on est amis, non? Murmura Yumi d'un ton affolé et totalement désespéré. Elle ne parvint pas à dissimuler sa détresse, elle ne pensait même plus à paraître fière comme on le lui avait appris. Non pour l'instant seul lui comptait, lui qui lui disait que c'était la fin ...
-Je ne serais plus ton ami Yumi. Je suis désolé.
Un éclair illumina le ciel à ce moment là, le tonnerre gronda plus sauvagement encore et la jeune fille se figea en le contemplant d'un air lointain, comme absent. Comme si tout, n'existait plus !
-pourquoi fais-tu ça ?
-Tu dois m'oublier, je ne peux rien t'offrir. Oublie moi Yumi, c'est mieux pour toi..., répondit seulement Ulrich.
-Mais je...
-Je suis désolé, répéta Ulrich alors qu'un nouvel éclairait illuminer le ciel.
Il sembla hésiter puis se pencha soudain vers elle et posa ses lèvres sur les siennes avec une douceur extrême. Yumi ne put retenir la larme qui s'échappa et roula sur sa joue. Il détacha ses lèvres des siennes et sans un regard pour elle, enfonça les mains dans ses poches et s'éloigna tête basse. Elle tendit un bras vers lui comme pour le retenir et le laissa retomber. Ils disparut bientôt de sa vue alors que la pluie prenait en intensité, se mêlant à ses larmes.
Pourquoi se souvenir ? pourquoi revivre cette scène ? ne l'avait-elle pas assez vu ? assez rêvé ? Elle sentit un main se saisir de la sienne mais ne réagit pas tout de suite. Elle sentit alors une chaleur l'envahir et elle leva les yeux vers celui qui la tenait.
-Ul...Ulrich.
Son regard était différent, coupable, chaleureux, triste et tendre... D'où était-il venu ? que se passait-il? Ce n'était qu'un souvenir ...
-C'est fini, murmura le brun avec un maigre sourire en la prenant dans ses bras. C'est fini. Répéta-t-il puis l'écartant de lui, il plongea ses yeux dans les siens, une expression de regret envahissant son beau visage. J'aimerais que tu me pardonne. Yumi, j'aimerais que tu me crois car je regrette vraiment cette scène, mes mots, mon attitude. J'aimerais pouvoir revenir dans le passé et agir autrement. J'aimerais pouvoir rire, parler et te regarder comme avant. Yumi j'aimerais tant de choses mais pour le moment rien de tout cela n'est possible... Alors pour l'instant, je vais me contenter de te supplier de me pardonner et de me faire confiance. Je t'expliquerais tout plus tard mais il faut retrouver Aelita au plus vite, nous n'avons pas beaucoup de temps.
Yumi tourna la tête et vit Odd un peu plus loin. Totalement déboussolée, elle suivit Ulrich qui l'entraîna, sa main dans la sienne. Elle se retrouva brutalement dans les ténèbres, de plus en plus perdue, totalement incapable de s'expliquer les événements qui s'enchaînaient avec incohérence.
-Là-bas, remarqua Odd.
Ils foncèrent dans la direction indiquée et Yumi aperçut une faible lueur avant de se retrouver encore une fois plongée dans la réalité.
-L'Hermitage, remarqua Ulrich
-Evidemment, approuva Odd, ce qui doit tarauder le plus Aelita en ce moment c'est son père...
Aelita était immobile dans le salon propre, les larmes roulants sur ses joues. Elle s'écroula soudain au sol en criant.
-Arrêtez ! Arrêtez ! laissez moi tranquille ! Allez-vous en !
Elle s'agitait dans tous les sens, affolée, paniquée, et ses pleurs redoublaient.
-J'y vais, déclara Odd.
Il pénétra dans la pièce, prit Aelita dans ses bras et revint aussitôt vers Ulrich et Yumi qui l'attendait. Ils coururent et retrouvèrent peu après l'obscurité. Odd déposa Aelita et il lui parla d'une voix douce et rassurante qui finit par calmer la jeune fille.
-J'ai ... J'ai vu mon père..., sanglota-t-elle. Je l'ai vu... Il est mort... Il l'ont tué... Il a eu le temps de me dire... il a dit... que tout était perdu... et toute ses voix...ses échos dans ma tête...
-Aelita calme toi, rassura Odd, rien n'était réel. Xana s'est juste servi de nos peurs.
-Nos peurs ?
-Il a survolé vos esprits, déclara soudain la voix de Jérémie. Et il s'est servie de votre plus grande préoccupation actuelle pour la matérialiser devant vos yeux et vous déstabiliser.
-Jérémie, s'étonna Aelita.
-J'ai réussi à rétablir la communication un peu avant qu'Ulrich ne sorte de son monde à lui. Je n'ai plus eu qu'à lui expliquer la situation et voilà le travail.
-Mais...mais..., balbutia Aelita plus perdue encore que Yumi.
-Ne t'en fais pas c'est fini, vous êtes presque arrivé, annonça Jérémie d'une voix rassurante et apaisante.
-C'est la dernière ligne droite, claironna Odd.
-Après ce sera fini. Tu auras ton père et nous serons libéré de Xana, ajouta Ulrich.
-Pour toujours, compléta Jérémie. Alors, d'attaque ?
-Quand tu veux, répondirent en cœur les lyokoguerriers.
Mettant alors chacun de leurs côté les soucis personnels, ils s'élancèrent dans la direction indiquée par Jérémie pour les dernières difficultés.







Chapitre X/ Décisions...

- Ça y'est Jérémie, on voit le ciel, lança Aelita en ralentissant l'allure, trop essoufflée pour garder le rythme.
-Parfait, répondit la voix déformée de leur ami. Dans quelques mètres, il vous sera possible de vous orienter différemment, prenez à gauche.
Et c'est ce qu'ils firent. Ils avaient quittés la forêt, devant eux s'étalait une grande plaine de verdure, aussi fleuri qu'un champ de campagne lorsque le printemps arrive... Sous les indications de Jérémie, ils le traversèrent aussi vite que possible malgré leurs blessures et atteignirent ce que Jérémie appelait le "dernier obstacle".
-Je t'envoie un visuel Jérémie, déclara Aelita en s'immobilisant devant "l'obstacle"
-ça alors, s'exclama Jérémie en voyant les images. Mmmm ça risque de ne pas être évident.
Le silence s'installa, chacun attendant la solution que Jérémie allait proposer à un moment ou un autre.
-D'après les données, on pourrait traduire son nom par "voleur d'âme"
-Voleur d'âme? Répéta Odd incrédule.
-Mais je pense qu'en fait il n'ôte que les points de vie, ôtant ainsi toutes chances à celui qui aurait réussi à surmonter les autres épreuves.
-Et tu vas pouvoir faire quelque chose? Interrogea Yumi.
-J'y réfléchis déjà.
Laissant Jérémie se concentrer, leurs attention se fixèrent sur le "voleur". Ce n'était qu'une sorte de porte, de trois mètre de haut et deux de large. Une porte sans en être une... C'était plus comme une grande arcane sur laquelle étaient gravés nombres de symboles aux motifs gracieux, sinueux, aériens... et à l'intérieur même de l'arcane, une substance à l'aspect aqueux et translucide. Elle émettait une faible lueur, constante, régulière et presque réconfortante...
-c'est une langue... une langue morte, marmonna Jérémie comme pour lui-même. Et c'est...
Il murmura pour lui-même un temps indéfinissable, informant ses amis sans même s'en rendre compte de l'avancement de ses recherches. Ces derniers s'étaient assis à quelques distances de la porte, récupérant de leur effort. Aelita et Odd discutaient calmement, Le blond faisait rire son amie dans l'intention qu'elle se remette de sa frayeur causée par le piège à Xana. Yumi était allongée un peu plus loin, mains croisées sous la nuque, contemplant le ciel virtuel sans vraiment le voir et sans remarquer que c'est elle qu'Ulrich fixait.
Son regard admiratif se balada le long de son corps avant de revenir sur son visage pensif. Il appuya l'un de ses coudes sur sa jambe repliée, étendant l'autre dans le but de minimiser la sensation de brûlure provoquée par sa blessure à la hanche. Prenant appui sur son autre bras, il soupira en songeant à sa peur et à la sienne, à elle. Deux scène bien différentes et pourtant reliées au même problème. Lui... Il savait comment résoudre celui à Yumi, ç'aurait pu être dans ses capacités et il était maintenant certain qu'elle aurait pu lui pardonner mais après avoir vu ce qu'il avait vu, Il n'en doutait plus... Il allait lui parler, lui dire, lui expliquer, lui avouer, lui raconter... Elle saurait et il la laisserait choisir... Il aurait du lui accorder ce droit dès le début, mais il avait été stupide...stupide et égoïste... De quel droit se disait-il être seul capable de décider où était son bonheur ? C'était à elle de voir, de décider... Il la laisserait choisir, elle en était libre... Mais si elle le rejetait...
-J'ai trouvé la faille, s'écria soudain Jérémie les faisant tous sursauter.
En deux temps trois mouvements, ils étaient tous debouts, immobiles devant la porte.
-J'ai changé les paramètres de ce que l'on pourrait appeler un passage, expliqua Jérémie. C'est impossible de le détourner de sa fonction première. Pour passer il faut une signature virtuelle précise, sûrement celle de Xana, impossible à imiter. Ils effacent tous les autres. Alors j'ai changé tous les paramètres... Il ne vous ôtera pas tout vos points de vie, juste quelques-uns uns.
-Jérémie, je ne veux pas te paraître sceptique, mais il me semble qu'il n'en reste pas plus de trente aux filles..., lâcha Odd.
-C'est pour ça que tu vas passer le premier, répliqua Jérémie. Tu en as encore la moitié...
-Ouais je vais servir de cobaye quoi..., grimaça Odd.
Ulrich qui se trouvait à côté de la porte eut un sourire moqueur et fit le révérence et en indiquant la direction de ses bras.
-Si monsieur veut bien se donner la peine...
Pour toute réponse, Odd tira la langue au brun et leva les yeux vers le ciel.
-Eh Einstein, ça ne fait pas mal au moins.
-A toi de nous le dire...
-Bah tiens... Je vous le dis moi, on est jamais mieux servi que par soi-même, faudrait pas avoir de...
Et tout en maugréant, Odd se jeta dans le passage. Le silence suivit sa disparition, attendant les réaction de Jérémie. Finalement, Aelita n'y tint plus.
-Alors ?
-Il est passé, soupira finalement Jérémie, et il est fier écoutez le.
La voix d'Odd résonna dans la prairie, aussi joyeuse et vantarde qu'à son habitude.
-Et Odd le magnifique a réussi. Alors ça vous épate hein ?
-et niveau points de vie ?
-dix en moins, annonça Jérémie avec regret, mais je ne peux pas faire moins.
-On fera avec, fit Aelita en haussant les épaules.
Et à son tour, elle pénétra dans le passage. Elle sentit un froid intense l'envahir au plus profond d'elle-même. Elle frissonna en comprenant que sa vie s'échappait de son corps alors qu'elle n'avait fait que quelques pas. La couleur changea, Odd apparut devant elle, le visage soudain grave.
-Qu'est ce qui se passe Odd? Taquina Aelita. Tu ne fais plus le fier ?
Mais devant l'air ébahi et totalement déboussolé de son ami, elle perdit son sourire taquin pour fixer les lieux alentours, comprenant à son tour que tout était loin d'être terminé...
Ulrich et Yumi arrivèrent sur les lieux à leur tour, pour trouver leurs amis arborant deux mines catastrophées. Observant le paysage qui les entourés, ils en comprirent aussitôt la réponse...
-Jérémie, appela Yumi, son visage se durcissant.
-Je cherche une explication, une solution, marmonna aussitôt celui-ci d'un ton énervé.
-Tout ça pour ça..., lâcha soudain Odd dépité.
-non, tout ça pour rien..., rectifia Aelita d'une voix amère.
-Regardez ! s'écria Ulrich.
-Jérémie, il faut nous sortir de là et vite, hurla Yumi.
-Je ne peux pas, gémit le blond aux commandes mais qui se stoppa pour repartir plus rapidement à pianoter lorsque les paroles d'Odd résonnèrent.
-Trouve vite Einstein, sinon c'est notre arrêt de mort que tu signe...







Chapitre XI/ fin de mission ou fin tout court...

Ils avaient atterrit dans une salle close...une salle du cinquième territoire... mesurant trois mètre de largeur et quatre de longueur, elle était spacieuse et...totalement vide !
Mais en plus d'être vide, la salle ne comptait aucune sortie, aucune porte, aucun trou... rien qui n'aurait permis aux lyokoguerriers de s'échapper. Non de ce côté-ci, le passage n'existait pas, il était à sens unique semblait-il... Tout aurait pu s'arrêter là, Jérémie aurait tôt ou tard trouvé le moyen de les ramener, de leur faire faire demi-tour, bref une solution seulement Xana ne paraissait pas vouloir laisser les intrus s'en sortir si facilement. A peine Yumi et Ulrich dans la pièce, deux des murs avaient commencé à bouger, se refermant inexorablement sur eux...
-Jérémie, insista Ulrich, dos aux trois autres, en fixant les murs qui se rapprochaient lentement mais dangereusement d'eux.
-Il me faut du temps, s'agaça le blond.
-Beaucoup? Questionna Yumi.
-Pas la moindre idée, marmonna L'Einstein.
-Je vais essayer de t'en donner...
La japonaise porta ses mains à ses tempes et son corps s'entoura une nouvelle fois d'un halo blanc. Ses sourcils se froncèrent, ses doigts se crispèrent, son expression trahit son mal et sa concentration mais après quelques secondes, les murs stoppèrent leur progression.
-Yumi ne tiendra pas longtemps, fit remarquer Aelita. Tu ne peux pas juste nous matérialiser ?
-Cette salle a exactement les même propriétés que le reste de l'Olympe. C'est elle l'inaccessible...
-Quoi ? mais elle est dans le 5° territoire ! s'écria Odd.
-Oui je sais, je viens de la repérer grâce à vos signaux virtuels. Elle n'était même pas indiquée sur ma carte... Elle ne devrait pas exister... Xana l'a entourée des plus hautes protections...
-Bah je ne vois pas pourquoi... une salle piège, c'est le rêve... Pourquoi l'aurait-il caché ? s'étonna Ulrich
-Parce que ce n'est pas juste une salle. Elle renferme autre chose de bien plus important, de bien plus caché... souffla Jérémie révélant les informations au fur et à mesure qu'il les trouvait.
-Mon père ? hésita Aelita.
-Probablement, mais en forçant le passage de la porte, j'ai du enclencher une sécurité ...qui ne doit pas être la seule.
-Jérémie, appela soudain faiblement Yumi alors que les murs grattaient millimètre par millimètre.
La Japonaise se laissa tomber à genou, ne perdant à aucun moment sa concentration mais la poussée était plus forte que sa télékinésie semblait-il, ce qui n'était guère étonnant vu son état actuel.
-Je cherche, je cherche, rassura Jérémie d'une voix pourtant hésitante.
Dans un silence des plus pesants, ils attendirent. Odd et Aelita ne quittant pas les deux murs opposés qui se rapprochaient doucement, millimètre après millimètre... Ulrich s'agenouilla près de Yumi et posa la main sur son épaule.
-Allez courage, murmura-t-il.
Les sourcils de la Japonaise se froncèrent davantage, le halo blanc eut une baisse d'intensité avant d'augmenter et les murs s'arrêtèrent complètement.
-Parlez lui, ça a l'air de l'aider, murmura Aelita.
Ulrich hocha la tête et sa main se serra sur l'épaule de la japonaise qui se concentrait, les yeux fermés, totalement immobile.
-Allez Yumi, tiens encore une peu, tu vas y arriver...
-notre Einstein est rapide, il va bientôt trouver, ne t'en fais pas. Ajouta Odd
Les murs bougèrent et Yumi gémit en se pliant en deux.
-Yumi, murmura Ulrich tandis que les parois s'immobilisaient de nouveau. Allez, tiens bon.
-Jérémie, appela Aelita.
-Je suis dessus, j'ai presque fini !
-alors dépêche toi, cria Ulrich, Yumi ne va pas tenir indéfiniment.
-j'y suis, s'exclama Jérémie. Lâche tout Yumi.
La japonaise ne se fit pas prier et relâcha aussitôt son emprise mental, s'écroulant sur le sol, vidée de ses forces. Ulrich la redressa, passant le bras de la jeune fille autour de sa nuque et le sien autour de sa taille, il la releva complètement. Le mur qui peu auparavant s'approchait d'eux, s'éloignait à présent. Dans un grincement sourd, il s'arrêta soudain et Odd interrogea Jérémie.
-Dans le coin à gauche, indiqua celui-ci, plongez !
Ils s'approchèrent et trouvèrent une ouverture, identique en tous points à celle qu'ils avaient empruntée pour se rendre dans l'Olympe.
-Où cela mène-t-il ? interrogea Ulrich, méfiant.
-dans une autre salle, plus grande, juste en dessous. Là où j'ai repéré une présence virtuelle...
-Celle de mon père ?
-sans aucun doute.
Aelita se rapprocha au maximum et contempla l'ouverture à ses pieds d'un air désorienté. Elle sentit une main sur son épaule et rencontre le regard rassurant d'Odd.
-Allez Princesse. A toi l'honneur.
Elle hocha la tête d'un air grave puis ses paupières s'abaissèrent. Elle écarta les bras et se laissa tomber dans le vide, bientôt suivis de ses trois amis. Elle atterrit lourdement au sol, fit un roulé-boulé et ouvrit les yeux en gémissant.
-La chute vous a coûté cinq points de vie, signala Jérémie. Ce qui fait 25 pour Ulrich, 35 pour Odd et les filles...15
-Et t'aurais pu prévenir Einstein, je me suis déboîté l'épaule, se récria Odd en jouant avec son articulation douloureuse.
-Désolé Odd mais je n'en savais rien.
-Eh Jérémie, murmura Aelita. Je connais cet endroit...
-Envoie moi un visuel... le silence suivit et Jérémie appela Aelita qui semblait déconnectée de la réalité. Aelita ! Le visuel...
L'ange aux cheveux roses secoua la tête et reconcentra ses pensées sur leur mission.
-C'est un chalet qui se trouve en France, dans les Pyrénées. Il est au nom de ... Franz Hopper...
-tu crois qu'il est là ? interrogea Ulrich.
-qu'une façon de le savoir, commença Odd.
-allez voir, termina Yumi d'une voix plus faible que la normale.
Le chalet et ses environs étaient recouverts d'une épaisse couche de neige, fine et poudreuse. Ils avancèrent lentement, laissant les traces de leurs pas imprimés sur la poudreuse. Aelita posa le pied sur la première marche de l'habitation en bois et s'immobilisa. Ce lieu... elle le connaissait... c'était comme une impression de déjà-vu...de déjà vécu... elle savait parfaitement qu'il n'y avait que sept marches pour atteindre la porte et que la cinquième grinçait... Elle était persuadée que la poignée de la porte serait en cuivre alors qu'elle ne l'avait encore jamais vu... Elle savait qu'un anneau de houx serait accroché sur le panneau de bois... Elle savait également que si elle ouvrait cette porte, elle trouverait un salon chaleureux et accueillant aux prédominance de, réchauffé par les flammes d'un feu de cheminée vif et agréable... Elle savait tant de choses mais elle ignorait comment elle en avait eu connaissance... Son père était-il vraiment dans ce chalet? Allaient-ils avoir droit à un autre piège de Xana ? Qu'allait-elle y trouver vraiment ?
La voyant perturbée, incapable de bouger, Odd vint se positionner à ses côtés et prit sa main dans la sienne. Avec elle il grimpa les premières marches.
-Allez princesse, c'est bientôt fini, encouragea Odd.
La cinquième marche grinça sous les pieds du félin et les yeux d'Aelita s'agrandirent d'horreur sous le regard incompréhensif d'Odd.
-Elle grince ... lâcha-t-elle.
-Et ?
Aelita ferma les yeux en soupirant et sa main serra fortement celle du blond.
-sur la porte, il y a un anneau de houx avec deux petites boules rouges. La poignée est en cuir, la porte est en bois de pin. En l'ouvrant elle va émettre un léger grincement..., énuméra Aelita d'une voix sourde. Nous allons arriver dans un salon, plein de bleu et de blanc, sur le mur de gauche, il y aura une grande cheminée en pierre... juste en face des fauteuils... canapé, piano, table, fenêtre je connais l'emplacement de chaque meubles...
-Comment est-ce possible ? murmura Yumi.
Aelita se tourna vers elle en rouvrant les yeux. La Japonaise tenait debout seule même si on voyait bien qu'Ulrich se tenait tout près, prêt à se précipiter vers elle au moindre signe de défaillance...
-Je connais cette endroit..., répéta Aelita.
- C'était ta maison, chuchota Jérémie. Il n'y a que ça... Elle est au nom de ton père, ce devait être votre maison...
-Alors il faut y rentrer, affirma Ulrich d'une voix ferme.
Odd hocha la tête et franchit les dernières marches en entraînant Aelita avec lui, la porte s'ouvrit, grinça légèrement, et la chaleur de la pièce leur fouetta le visage. Après le froid extérieur, l'ambiance chaleureuse leur réchauffa le cœur. Ils pénétrèrent dans la pièce vide et Ulrich referma la porte derrière eux, faisant cesser le courant d'air froid.
Aelita fit le tour de la pièce du regard et s'arrêta sur les escaliers que l'on apercevait au fond de la pièce. Sans un mot, elle s'y dirigea, suivit de ses compagnons, et grimpa lentement les marches, une à une, avec l'impression que l'escalier était infini... Impression qui dura lorsque le couloir fut devant elle, les murs troués par des portes de bois, toutes closes. Elle se dirigea sans hésitation sur la troisième à droite et posa sa main sur la poignée avant de se rendre compte qu'elle était totalement incapable de se résoudre à l'ouvrir... Elle resta là, à fixer sa main sur la poignée, en se remémorant la pièce qu'elle dissimulait. Une chambre... La chambre de ses parents... Une main se posa soudain sur la sienne et fit tourner la poignée pour elle, ne lui laissant alors que la tache de pousser le panneau de bois... Paume à plat, elle poussa la porte qui céda sous sa poussée et s'entrouvrit sans bruit...
Face à la fenêtre, dos à l'entrée se tenait un homme vêtu d'un pull marron et d'un pantalon gris tout simple. Les mains dans le dos, il contemplait le paysage à la fenêtre sans un mot. Ses cheveux gris paraissaient mal entretenu, emmêlés. Aelita fit un pas dans la pièce et ouvrit la bouche mais aucun mot ne voulut franchir ses lèvres... Il fallait pourtant qu'elle parle, cet homme était sans doute son père... Après tant d'années, elle aurait du lui sauter au coup, rire, pleurer de joie... Pourtant elle restait sur le seuil, la gorge serrée, les entrailles nouées, un nœud dans le ventre, un poids dans l'estomac, incapable d'articuler le moindre son... Soudain l'homme se tourna, comme mû par une impulsion subite, son regard gris, terni par les lunettes qu'il portait, se posa sur Aelita et ne sembla même pas voir les trois autres. Ses yeux dans les siens, une larme coula sur sa joue, émouvant Aelita qui comprit qu'ils avaient réussi... Cet homme était son père... Cet homme qui venait de franchir les quelques pas qui les séparé en quelques secondes ne pouvait être que son père... celui qui la serrait dans ses bras après tant d'années était forcément celui qu'elle avait jadis appelé papa...
-Aelita...
Sa voix rauque fit jaillir les larmes des yeux de la jeune fille qui laissa éclater sa joie de le retrouver. Son père... Ses bras entourèrent sa poitrine et elle rit. C'était la fin, la fin de Xana, la fin d'une vie, le commencement d'une autre... Elle avait retrouvé son père et Xana allait disparaître...Son père l'éloigna de lui, ses mains sur les épaules de sa fille et ses sourcils se froncèrent.
-Mon Dieu qu'as-tu fait ? questionna-t-il soudain d'une voix assourdie.
Ses yeux se posèrent tour à tour sur Ulrich, Yumi et Odd.
-Aelita qu'as-tu fait ? pourquoi toi ? ...







chapitre XII/ piège sans solution ?...

-Qu'as-tu fait ? répéta Franz Hopper en fixant tour à tour Aelita puis ses trois amis d'un air horrifié.
-Je... Je ne comprends pas..., murmura Aelita d'une voix pleine d'émotion.
-Nous sommes venus vous chercher monsieur Hopper, expliqua Odd en s'avançant.
-Me chercher..., répéta Franz comme s'il n'arrivait pas à croire à une telle chose...
-C'est long à expliquer, intervint Ulrich, et nous ne sommes pas en sécurité ici, il vaudrait mieux partir.
-Partir ? mais...
-Je vais vous guider Mr Hopper, coupa la voix de Jérémie. Je vais vous sortir de là et ....
-Ce n'est pas possible, interrompit l'homme d'une voix anéantie. On ne peut pas s'échapper...
-Je... Je vous demande pardon ? bredouilla Jérémie.
-Cela fait des années que je suis enfermé ici, il n'y a aucune sortie...
-c'est un programme Mr Hopper, Je trouverais la solution.
-Il n'y en a pas... C'est moi qui ai créé ce programme...
Un lourd silence s'installa dans la pièce suite à la révélation de l'homme.
-Vous ? répéta Jérémie.
-Oui... L'inaccessible, le territoire Olympe, les passages...
-Même les pêchés ? le voleur d'âme ? interrogea Jérémie
-Non, cela a été rajouté par Xana, j'ai juste construit les bases mais je peux vous dire qu'il n'y a aucune faille. Xana est un programme informatique programmé pour ne jamais faire la moindre erreur...
-Pourtant il en a fait, remarqua Yumi.
-Dans le monde réel, vous voulez dire, ce qui est tout a fait normal... Il est aussi programmé pour apprendre... Il étudie et quand il en saura suffisamment, nul doute qu'il achèvera le but qu'il s'est fixé avec un plan parfait et sans commettre la moindre erreur.
-Rien n'est parfait, murmura Jérémie après un court silence. Je trouverais la faille...
-Vous perdez votre temps jeune homme, c'est impossible soupira Franz
-Je viens d'envoyer mes quatre amis sur l'Olympe, ils ont traversés toutes les épreuves, hurla Jérémie, ils sont encore en vie et ils ont atteint l'inaccessible !... Alors ne me dites pas que c'est impossible, rien ne l'est... acheva le blond dans un souffle.
Franz Hopper soupira et passa sa main sur son visage dans un geste las.
-très bien, lâcha-t-il dans un souffle. Jérémie, c'est ton nom, n'est ce pas ?
-oui.
-Je vais t'aider du mieux que je peux...


Jérémie pénétra dans le labo et se réinstalla rapidement sur le fauteuil qui pivota pour le mettre face à l'écran. Il cala son micro sur son oreille et commença aussitôt à pianoter sur le clavier.
-Je suis de retour, désolé pour l'absence.
- Ne t'excuse pas Jérémie, il fallait que tu mange un peu, tu n'aurais pas tenu beaucoup plus longtemps ainsi, répondit la voix d'Aelita.
-Eh faudra que tu pense aussi à dormir Einstein, reprit la voix d'Odd, amenant un sourire amer sur les lèvres de Jérémie.
- rêve Odd, répliqua le blond.
-Non, c'est plutôt à toi de rejoindre le pays des rêves Jérem', lâcha la voix de Yumi.
-Quelle heure est-il sur terre? Interrogea la voix d'Ulrich.
-Il est cinq heures et demie du matin..., murmura Jérémie en jetant un bref coup d'œil à sa montre.
-Alors va dormir, on reprendra demain, fit Aelita.
-Pas question, j'ai déjà perdu trois quart d'heure à aller me chercher à manger alors on s'y remet, il faut qu'on trouve le moyen de vous ramener ! s'énerva l'intellectuel.
-Jérémie, appela Franz Hopper, cela fait plus de trente six-heure maintenant que l'on est là-dessus, va te reposer un peu, je vais continuer à chercher avec Aelita.
-J'irais me reposer quand on aura la solution et que tout le monde sera sur terre, s'écria Jérémie.
-Eh Einstein, on n'est pas pressé, prends ton temps, s'exclama Odd d'un ton joyeux, espérant détendre l'atmosphère.
-Si on l'est, lâcha Jérémie dans un souffle. Pour le moment j'ai réussi à rassurer les parents de Yumi mais lundi, si vous n'êtes pas à l'internat, Je n'aurais aucune explication à fournir... Et Xana n'est plus immobile... Vous risquez d'avoir des problèmes....
Un silence pesant régna dans tout le labo, vide de toute présence hormis celle de Jérémie qui pâlissait davantage d'heure en heure. Ses gestes sur le clavier étaient sûr et rapides, pourtant ses jambes tremblaient, une sueur froide coulait sur son front et le long de son dos. D'un geste nerveux, il remonta ses lunettes sur le bout de son nez et soupira en constatant une fois de plus qu'ils étaient dans une sale posture.
-Il envoi quelque chose dans l'Olympe, il m'est impossible de 'l'identifier mais ça se déplace très vite...
-Alors dis moi Jérémie, commença Odd.
-qu'est ce que tu attends pour nous sortir de là ? acheva Ulrich d'un ton tendu.
-Je fais ce que je peux Ulrich, mais j'ai peur que ça ne suffise pas..., murmura Jérémie amenant un silence oppressant, angoissant, interminable...







Chapitre XIII/ attaque finale...la fin ou la mort ? ...


-C'est trop tard, ils arrivent, sortez de là et vite ! s'écria Jérémie d'une voix totalement paniqué.
Franz Hopper saisit la main de sa fille et la tira loin de la porte d'entrée.
-Suivez-moi, il y a une autre sortie !
-Jérémie, appela Ulrich, tu ne sais toujours pas ce que c'est ?
-Pas du tout, avoua le blond mais quoi que ce soit, mieux vaut que vous ne les rencontriez pas, dois-je te rappeler que vos points de vies ne sont pas nombreux et qu'il n'y a pas de matérialisation possible ?
-Non ça ira, je m'en souviens assez bien tout seul... maugréa Ulrich.
-Aidez moi !
Ulrich fit face à Franz Hopper et saisit l'autre côté de la lourde trappe en bois encore dissimulée sous le tapis peu auparavant. Dans un grincement lugubre, ils parvinrent à la soulever et la laissèrent retomber sur le sol dans un bruit assourdissant. Il y avait désormais dans le parquet un trou béant, dans lequel on pouvait apercevoir un escalier de pierre qui s'enfonçait dans les ténèbres.
-ça débouche dans les bois, n'est ce pas ? lâcha Aelita d'une voix incertaine.
-Tu... tu te souviens ?
-Oui...
Pour toute réponse, son père saisit sa main et l'entraîna à sa suite dans les marches. Les trois autres suivirent en se jetant un dernier regard inquiet, la lumière s'éloigna progressivement puis ils finirent plongé totalement dans le noir, rendant leur marche plus lente et plus difficile.
Les mains posées sur le mur pour se guider, Yumi chercha à tâtons la marche suivante puis, étant sûre de l'avoir trouvée, descendit d'un cran pour recommencer à la marche d'après. Descendant ainsi, lentement, marche après marche, ne pensant qu'à la suivante, elle s'éloignait du danger avec ses amis. Derrière elle, elle percevait la respiration régulière d'Ulrich et, sans qu'elle ne sache pourquoi, cela la rassurait. Devant elle, elle entendait Odd qui faisait les même gestes qu'elle et un peu plus loin, elle pouvait entendre le souffle saccadée de Franz Hopper. L'escalier prit fin, laissant place à un couloir où régnaient les ténèbres et l'humidité. Le bruit répétitif et régulier d'une goutte d'eau qui tombe brisait le silence oppressant qui planait sur le groupe effrayé.
-Il va y avoir un nouvel escalier, prévint Franz Hopper.
Ulrich soupira en sentant son pied buter sur la première marche et grimaça en l'entendant grincer. Un escalier de bois, beaucoup moins rassurant que le précédent. Ils montèrent lentement, prudemment, longtemps et finalement Franz Hopper les fit s'arrêter. Ils l'entendirent gémir et la lumière jaillit soudain en même temps qu'un courant d'air glacial qui les fit frissonner jusqu'à la moelle. Un à un ils sortirent du passage et émergèrent dans une forêt de pin. Ulrich mit la main sur son front en gravissant les dernière marches, en tentant de se protéger des flocons qui tombaient rapidement du ciel gris. Une fois les pieds dehors, Franz les entraîna en direction du nord sans une explication.
-Jérémie c'est la tempête ici, t'en es où de ton côté ? interrogea Aelita en marchant.
-Je stagne, gémit le blond, je pensais avoir trouvé une faille mais... Il s'interrompit et jura de manière incompréhensible avant de reprendre d'une voix affolée. Courez, ils vous ont repérés...
Des hurlements se firent entendre et les adolescents s'immobilisèrent en jetant des regards affolé dans toutes les directions.
-C'est... des loups ? lâcha Odd.
De nouveaux hurlements lui répondirent, répondant à sa question, beaucoup plus proche d'eux.
-Ne restons pas ici, s'écria Yumi en suivant Franz qui partait déjà en courant. Il faut nous mettre à l'abri.
-Je..., bégaya Franz en courant, Je sais où mais...c'est loin...
-Nous n'avons pas le choix, fit remarquer Ulrich
-Prenez au Nord, intervint soudain Jérémie sans aucune explication.
-Au nord ? non, il n'y a rien au nord, répliqua Franz en fronçant les sourcils.
-Allez au nord, répéta Jérémie, le souffle court.
-Mais..., commença Aelita.
-Ne discutez pas hurla Jérémie, Le nord et vite...
Sans un mot ils traversèrent la forêt en direction du nord à toute allure, percevant de plus en plus nettement la martèlement des pattes de leurs poursuivants qui s'enfonçaient dans la neige.
La forêt laissa place soudain à une grande étendue de neige au-dessus de laquelle les flocons tourbillonnaient avec force et vitesse.
-Traversez, indiqua Jérémie sans cesser une seconde pianoter.
-Jérémie, appela Franz en courant avec les autres. Il n'y a rien après cette plaine, on atteint les limites de l'espace.
-Je sais, répondit le blond.
-Alors que ..., mais l'homme fut interrompu par un hurlement qui n'était qu'à quelques mètres de lui.
Ulrich jeta un coup d'œil par-dessus son épaule sans ralentir et au travers de la neige, il entrevit une masse sombre et inquiétante qui le fixait de ses deux yeux jaunes... Un bruit attira son attention au devant et il regarda Odd qui tentait de s'arrêter dans une glissade et finit à genoux dans la neige. Devant eux se tenaient trois immenses loups aux pelages gris.
-Jérémie..., murmura Aelita.
-Je sais, répéta le blond d'un ton tendu, concentré à l'extrême.
Ils levèrent les yeux au ciel, espérant une aide de la part de Jérémie, des réponses ou plutôt une solution et celui-ci reprit d'une voix oppressée.
-Tant que vous n'aurez pas atteint l'extrémité de la plaine, je ne pourrais rien pour vous.
Les visages se crispèrent et Ulrich tira ses sabres hors de ses fourreau en faisant face à l'un des animaux.
-Aelita, Yumi, restez en arrière, vous n'avez plus assez de point de vie, lâcha Ulrich tandis qu'Odd se placer à ses côté avec une expression indéchiffrable.
Yumi entra soudain dans son champs de vision, éventail en main, le visage déterminé, dans une position de combat. Elle planta son regard dans le sien et un léger sourire étira ses lèvres.
-Je ne vais pas vous laisser seuls. Tant qu'il me restera des points de vies, je compte bien me battre à vos côtés.
Le brun ouvrit la bouche pour répliquer, il aurait tellement voulu la convaincre de rester en arrière, de se mettre en sûreté, de lui assurer qu'ils les protégeraient mais il ferma la bouche et sourit simplement. Quoi qu'il dise, quoi qu'il pense, Yumi se battrait parce qu'elle était comme ça, c'était son caractère, sa façon de voir les choses... Et c'est ainsi qu'il l'aimait...
-Ils nous ont encerclés, fit remarquer Aelita le souffle court.
-Nous ne pouvons les vaincre tous, il faut passer en force. Il reste beaucoup de distance Jérémie? Questionna Yumi en réfléchissant à toute vitesse.
-Quelques centaines de mètres, répondit celui-ci en accélérant sa cadence pour être prêt quand ils atteindraient l'extrémité de la plaine, sachant que leurs vies dépendraient de lui...
-Alors on abat les 3 qui nous barrent la route et on fonce c'est ça ? interrogea Odd d'un ton espiègle.
-Je ne sais pas si ça marchera mais il faut tenter, approuva Yumi le visage grave.
-Je prends celui du milieu...
La manière à Ulrich de dire qu'il était d'accord.
-Jérémie, on compte sur toi... lâcha Yumi en lançant sa première attaque.

Dans la labo, Jérémie vit avec horreur le combat s'engager et il donna la touche finale à son programme en priant de tout son cœur pour ne pas avoir commis la moindre erreur. Prêt à l'enclencher, il suivit le combat et contempla avec frayeur que loin de rester immobiles les autres loups qui les entouraient aller se jeter sur eux.
-Yumi s'écria-t-il soudain.

Sur Lyoko, la japonaise se retourna en entendant son nom, juste à temps pour voir le loup qui venait de bondir pour se jeter sur elle. Rassemblant ses forces, elle plia les jambes, se jeta sur le côté et se retrouva étendue de tout son long dans la neige qui rougissait autour d'elle.
-Yumi ! s'affola Ulrich.
-Ulrich attention ! le stoppa aussitôt celui-ci puis voyant l'incompréhension du brun, elle saisit l'un de ses éventail et le lança de toutes ses forces dans sa direction.
L'arme décrivit un arc de cercle du côté droit d'Ulrich et entailla le flanc du loup qui s'apprêtait à bondir, le couchant à terre avec des gémissement plaintifs. La samouraï se précipita vers son amie qui se redressa avec une grimace tandis qu'Odd luttait vaillamment contre trois animaux.
-Tu es blessé ? interrogea Ulrich d'un ton paniqué.
-Il ma eu juste au dessus de la hanche avoua Yumi en grimaçant.
-Yumi, déclara Jérémie d'un ton désespéré, cinq points de vies.
-Tu ne dois plus te battre, trancha Ulrich et Yumi leva vers lui un regard attendri.
-Tu sais que je ne t’écouterais pas, n'est ce pas ?
Ulrich soupira et, se sentant impuissant plus que jamais, il l'aida à se relever en repoussant les loups qui profitaient de sa faiblesse.
-Il faut avancer en même temps, murmura Aelita qu'Odd protégeait.
-Elle a raison, ajouta Jérémie, sinon vous n'y arriverez jamais.
Odd cria à ce moment là et fut projeté quelques mètres plus loin, laissant Aelita et Franz sans défense. Ulrich se précipita pour prendre sa place tandis qu'il se relevait la main sur sa poitrine couverte de sang chaud. Il grimaça et une colère sans nom l'envahit.
-Odd, 20 points de vies, énonça Jérémie.
-C'est bien suffisant, lâcha Odd d'un ton où perçait la rage.
Il se relança aussitôt dans le combat, triomphant de ses adversaires mais non sans prendre de risques.
-15 ! annonça Jérémie, arrête tout de suite et avancez.
-Mais pour avancer, il faut se débarrasser d'eux, résonna Odd un peu plus calme.
-Vous y êtes presque.
-Aelita derrière toi, hurla soudain Yumi en se précipitant.
L'ange aux cheveux roses se retourna et un air horrifié se peignit sur son visage lorsqu'elle aperçut le monstre qui lui faisait face.
-meurs, hurla la créature tandis que retentissait un bruit de fer pénétrant dans la chair.
Quelques secondes plus tard, le temps sembla s'arrêter et quelques gouttes de sang tombèrent sur la neige, la faisant rougir instantanément. La tempête se leva soudainement laissant l'étendue enneigée calme et sereine. Une goutte de sang apparut à la commissure des lèvres de la jeune fille et coula sur son menton, elle gardait les yeux fixé sur la poudreuse, le visage invisible, le ventre transpercé par l'épée que tenait la créature qui avait jaillit de nulle part, sans avertissement aucun...







Chapitre XIV/ la mort des héros...

Les yeux agrandit par l'horreur, il contemplait la scène qu'il avait sous les yeux sans pouvoir dire un mot. Un vent léger souffla sur la plaine faisant voleter la neige et amenant un sourire sur le visage de l'homme qui retira l'épée du corps sanguinolent qui vacilla devant lui.
-Pourquoi je ne suis pas surpris ?ricana-t-il. Mais ton sacrifice ne servira à rien geisha, Elle mourra tout de même...
Odd détourna le regard de la créature une seconde, le temps d'apercevoir le visage horrifié d'Aelita qui se tenait derrière Yumi, les mains sur sa bouche, les larmes aux yeux. Franz à ses côtés qui semblait n'avoir pas tout compris. Ulrich qui fixait Yumi d'un air perdu...

Elle avait tenté de la protéger, elle avait vu l'attaque venir, elle avait perçut le tintement du métal de son épée, elle avait entendu la neige craquer sous ses pas, elle l'avait regardé foncer sur Aelita avec la ferme intention de la tuer et elle s'était précipité pour l'aider, pour la sauver, pour la secourir, prenant le coup à sa place... Sa main s'écarta de son ventre, là où l'épée l'avait transpercé et elle regarda le liquide chaud et rouge qui recouvrait sa main. Elle serra soudainement le poing et leva un visage haineux vers l'agresseur qui souriait tranquillement.
-Pourquoi ?
-Aelita morte, vous n'avez plus de but et je gagne...
-Elle ne mourra pas, déclara Yumi d'un ton sans appel.
-Et qui m'en empêchera? Toi ? Tu es déjà morte...
Yumi grimaça et sut qu'il avait raison...Elle toussa et du sang vint colorer la neige sous elle... Elle n'avait pas besoin d'attendre que Jérémie lui dise qu'elle n'avait plus aucun point de vie, ni d'entendre le cri de douleur d'Ulrich lorsqu'elle tomba à genou dans la neige...
Elle posa la main sur sa blessure en entendant le rire de la créature résonner dans la plaine. Qui était-elle? Elle l'avait deviné dès la première seconde... Xana... De la taille de Franz Hopper, d'une silhouette musclée et athlétique il avait le visage d'un être maléfique, ses yeux étant réduit à deux fentes, aux prunelles de la forme du symbole de Lyoko et d'une couleur rouge sang. Son visage plus blanc encore que la neige avait des traits effrayants et sa bouche n'était qu'une longue ligne mince qui traversait son visage de part en part. Aucun cheveu n'habillait son crâne lisse et ses vêtements noirs tombant autour de lui avaient un aspect miteux. Pourtant, en paraissant ainsi devant eux, il leur donnait l'impression d'une toute puissance, d'une force invincible, d'un ange de la mort et de la destruction.
-Yumi..., sanglota Aelita en s'agenouillant près de son amie et saisissant ses épaules.
Mais la Japonaise s'écroula au sol sans un mot, sans un souffle...
-Je vais t'accorder une faveur, murmura Xana triomphalement en levant son épée au-dessus de sa tête. Je vais t'envoyer la rejoindre...
Elle leva un regard abandonné vers lui et ferma les paupières, attendant son sort, n'ayant plus le courage de se battre.
-Aelita, s'écria Ulrich.
Il parvint à stopper le coup à l'aide de son sabre et cria à Aelita de s'éloigner. La jeune fille secoua la tête en signe de dénégation, les larmes coulant sur ses joues blêmes.
-Aelita va-t-en, hurla Ulrich furieux. Elle s'est sacrifié pour te sauver nom de dieu !
A son ton, Aelita sursauta violemment et se releva en le fixant d'un air implorant. En face du samouraï, Xana souriait, heureux de sa victoire prochaine. Soudain un hurlement se fit entendre, Ulrich rejeta Xana au loin et tourna la tête juste à temps pour voir un Loup se jeter sur Odd pour l'égorger... avec succès.

Il était étendu au sol, son sang recouvrant la neige tout prêt de celui de Yumi. Le loup triomphant s'était redressé, le sang de sa victime encore chaud dégoulinant de ses crocs normalement blancs. Ulrich le fixa un instant, la rage envahit son être, effaçant toute la peine, la tristesse et le chagrin qu'il ressentait... En hurlant, il se jeta sur l'animal et le tua en quelques minutes seulement puis sans attendre, il se retourna vers Xana qui tentait de s'approcher d'Aelita sans se faire voir.
-Toi !
La rage dans sa voix, la fureur dans ses yeux, la colère sur son visage... Tout en Ulrich n'était que haine... Guidé par le désespoir, ses gestes s'enchaînaient, souples, fluides, rapides... Xana paraît chacun de ses coups mais ne parvenait pas à le toucher, le brun ne lui laissant pas un instant de répit, aucune ouverture... Les lames s'entrechoquaient, faisant naître des étincelles, le bruit du choc résonnant dans la plaine enneigée.
Se servant de tout ce qu'il savait, de tout ce qui lui venait à l'esprit, de tout ce qu'il avait vu, appris, mémorisé, étudié, Ulrich faisait reculer Xana toujours plus. Il parvint à le blesser à l'épaule...à la hanche... au bras... Mais pas de sang... Rien ne coulait de ses plaies... il ne semblait pas ressentir la moindre douleur... Et il souriait ! Il paraissait fier de lui... et cela ne fit qu'énerver davantage Ulrich qui redoubla d'effort, qui augmenta sa vitesse, qui tripla la force de ses coups...

Aelita contempla Ulrich totalement perdue. Derrière elle, Franz Hopper se tenait totalement abasourdi, ne comprenant pas comment la situation pouvait avoir ainsi virer au drame. Il fixa un instant Ulrich qui combattait Xana de toutes ses forces, les loups qui les contempler sans esquisser le moindre geste, puis un peu plus loin, son regard se posa sur la silhouette inerte de Yumi, gisant au sol, les yeux fermés, le visage détendu, tourné vers le ciel gris et chargé de nuage. Une main posé sur son ventre, l'autre tout près de son visage, elle semblait assoupie mais les traces de sang sur son menton et autour d'elle dans la neige démentait cette fausse impression. Juste à ses côtés, le corps d'un loup au pelage gris étalé de tout son long sur le flanc, il gémissait encore, mais ne parvenait pas à bouger. Il agonisait, sans doute aucun... Ulrich ne lui avait pas laissé la moindre chance... Et là, à quelques mètres à peine, une autre silhouette, vêtue de violet, étendue sur le côté, complètement recouvert de sang et entouré de neige pourpre, un jeune garçon blond... Pas le moindre souffle ne s'échappait de sa gorge... La vie l'avait quitté...
-Ce n'est pas un âge pour mourir..., murmura Franz pour lui-même.
Tout à coup, le poids de leur jeunesse tomba sur lui. Quel âge avaient-ils donc ? dix-huit; dix neuf ans au plus... Ce n'était pas un âge pour lutter contre Xana, c'était l'âge de l'insouciance, l'âge des premiers amours, l'âge des rigolades... Des adolescents qui luttaient contre un virus informatique alors qu'ils n'étaient sans doute pas encore passé à l'âge adulte... non, ce n'était pas l'âge de lutter et certainement pas de mourir...
Son regard descendit vers sa fille qui contemplait les lieux d'un visage sans expression. Quelle vie lui avait-il offerte ? il était un monstre... pas digne d'être père...
-Mr Hopper, souffla soudain Jérémie, dirigez vous à l'extrémité de la plaine s'il vous plait. En vous ramenant, Xana aura perdu...
-Je..., hésita Franz.
Mais il haussa les épaules, saisit la main d'Aelita et courut dans la direction opposée au combat.

Entre deux chocs, Xana les vit s'éloigner et hurla. Ulrich ne lui laissa pas le temps et le frappa encore et encore et encore.
-Samouraï, je n'ai plus le temps de jouer..., lâcha-t-il.
Dans sa main apparut alors une boule bleue qui grésillait et Ulrich n'eut pas le temps de l'éviter... Il se retrouva projeté à plusieurs mètres et ne put que regarder Xana s'enfuir, impuissant...
-Ulrich, suis Franz, je te ramènerais en même temps.
-Jérémie, je...
-Maintenant, ordonna Jérémie d'un ton dur, n'admettant aucune réplique.
Le brun se releva, les membres lourds et l'esprit embrumé. Il se mit à courir s'éloignant des corps sans vie de ses amis. La neige se remit soudain à tomber et le vent souffla plus fort que jamais mais il parvint tant bien que mal à rattraper Xana qui s'était immobilisé, épée en avant, face à Aelita et son père qui étaient coincés.
-Sautez dans le vide, murmura Jérémie.
Alors en toute confiance, Aelita et Franz sautèrent du plateau sur lequel ils se trouvaient et Ulrich les suivit en entendant résonner le cri de rage de Xana... Un fourmillement lui engourdit le corps tout entier, il se sentit soudain très fatigué et au fur et à mesure de la chute, il se sentait sombrer dans l'inconscience. Ses pensées voguèrent vers la plaine où son meilleur ami avait rendu la vie et songea amèrement que finalement, il n'aurait aucune révélation à faire... tout du moins il avait maintenant une réponse... Il était incapable de vivre sans elle... Rien que de songer que plus jamais il ne la reverrait... Ses paupières se fermèrent soudain et il sombra dans les ténèbres alors que les portes du scanner s'ouvraient sur lui, laissant entrevoir Jérémie qui l'attendait impatiemment...







Chapitre XV/ Jérémie, un faiseur de miracle ? ...

Un bruit irrégulier...incessant...léger... et en même temps, si agaçant... Il aurait voulu resombrer dans l'obscurité et sa bienfaisante ignorance... Mais le bruit le ramenait toujours plus prés de la réalité... Il tenta de bouger la tête pour le chasser et la douleur l'envahit soudain... remontant du bas de son dos jusqu'à sa nuque et résonnant jusque dans son esprit embrouillé... il demeura alors totalement immobile, attendant que ses souffrances s'apaisent puis il ressentit à nouveau... le sol dur sous son corps, l'humidité dans l'air, l'odeur de l'acier, la lourdeur de ses membres, la fatigue de ses muscles et toujours ce même bruit... un son familier ... rassurant... apaisant... ses paupières frémirent et pour la première fois depuis de nombreuses heures, ses yeux s'ouvrirent enfin tandis qu'un gémissement s'échappait de sa gorge faisant cesser le bruit...
-Ulrich !
Un visage apparut au-dessus de lui... Ulrich ? qui était-ce ? et ce garçon au visage flou... lui, qui était-il ? Et que faisait-il là ? et d'abord, où était-ce ce "là" ? Pourquoi avait-il si mal ? pourquoi cette sensation de vide ? et cette fatigue, quelle en était l'origine ?
Le brun battit des paupière pour chasser le flou qui lui voilait les sens et l'image devant lui se fit plus nette, plus sûre, plus ...familière... Un visage rond d'adolescent, aux cheveux blonds et aux lunettes rondes. Un visage chaleureux, amical, inquiet...
-Ulrich ça va ? mais dis quelque chose !
Ulrich... encore cet Ulrich ! mais... ah tout lui revenait...enfin presque... Ulrich, Jérémie... Un sourire étira ses lèvres et d'une voix rauque, il murmura :
-quelque chose...
Jérémie se laissa tomber à terre, la main sur son front et il secouait la tête de gauche à droite avec un sourire rassuré.
-Tu peux te vanter de m'avoir fait sacrément peur..., lâcha le blond dans un souffle.
Tant bien que mal, Ulrich se redressa et sourit faiblement.
-Désolé Einstein, les autres sont dans le même état que moi ?
- Les autres ? interrogea Jérémie en levant un regard perplexe sur son ami.
- Bah oui, les autres ! tu te souviens ? Odd, Yumi et Aelita... Je...J'ai la mémoire toute... c'est comme s'il y avait du brouillard dans ma tête, tenta d'expliquer Ulrich.
-De quoi te souviens-tu ?
-De la virtualisation, l'aller jusqu'au 5° territoire, énuméra Ulrich en réfléchissant et puis... ah oui je me rappelle de nuages... On a vu des nuages ?
Jérémie hocha gravement la tête mais n'eut pas le temps d'ajouter un mot car les portes du monte-charge s'ouvrirent à ce moment, dévoilant une Aelita au visage fatigué mais souriant lorsque qu'elle vit Ulrich enfin éveillé...
-Ulrich, tu es enfin réveillé, s'écria-t-elle avec joie en lui sautant dans les bras.
-Oui enfin pas pour longtemps si tu continue à m'étouffer de la sorte...
-Oh pardon, se reprit Aelita en s'écartant, le visage rouge.
-Ce n'est rien... Mais... tu as dit "enfin" ? ça fait longtemps que je suis évanoui ?
- ça fait bien quatre heures Ulrich, soupira Jérémie puis, se tournant vers Aelita. Il ne se souvient pas au-delà du territoire nuage.
Aelita blêmit et se releva brusquement en se mettant à tourner en rond.
-De toute façon, tu as déjà trouvé une solution Jérémie, éclata brusquement la jeune fille en s'immobilisant face à lui.
-Aelita je t'ai déjà expliqué...
-Tu y arriveras, j'ai confiance à toi !
-rien n'est moins sûr, s'énerva Jérémie, je ne veux pas que tu te fasses de faux espoirs !
-excusez moi, bredouilla Ulrich totalement déboussolé.
-Mais tu peux le faire, tu l'as dit non ? continua Aelita sans tenir compte de l'interruption.
-C'est de la théorie ! En principe, c'est faisable mais la pratique...
Jérémie passa une main dans ses cheveux d'un geste las, en soupirant et ses yeux se posèrent sur Ulrich qui ne savait plus que dire...
-Ecoute Ulrich, il faut que tu sache...
Mais il fut interrompu pour la seconde fois par les portes du monte-charge qui s'ouvrirent, s'attirant les regards... Elles dévoilèrent un homme assez âgé, familier, reconnaissable entre tous... les yeux d'Ulrich croisèrent les siens et dans un murmure horrifié il murmura son nom tandis que la mémoire lui revenait ...
Jérémie contempla Ulrich qui semblait tout réaliser et soupira de nouveau. Il le vit lever un regard désespéré vers lui, une question muette dans les yeux, planant dans les airs, l'alourdissant, le faisant oppressant et pesant...
-Tout était réel..., murmura Jérémie en guise de réponse.
-Non...
Un seul mot sortit de la bouche d'Ulrich, mais sa voix était suppliante, impuissante, son visage arborait l'expression d'un homme au bord du gouffre, sans plus rien... Un homme qui a tout perdu...
-Mais Jérémie va les ramener !
La déclaration d'Aelita amena un blanc, un peu d'espoir, et beaucoup d'angoisse. Jérémie se tourna vers elle et voyant son expression, il n'osa rien dire.
-C'est impossible...
Les paroles de Franz Hopper lui attirèrent les regards désespéré, et surtout celui furieux de Jérémie.
-Oh vous !!!
-Tu le sais aussi bien que moi Jérémie! Ce territoire était un morceau du monde réel ! Ils y sont morts, leurs corps ne peuvent être ramené, ils étaient dans ce monde et ils y ont perdu la vie, c'est la fin. Ne donne plus de faux espoirs à tes amis...
-La ferme, Hurla Jérémie totalement hors de lui. Qui êtes-vous donc pour oser dire de telles choses ? Sa voix n'était plus qu'un souffle rauque, rapide, saccadé. Vous avez déjà prétendu que c'était impossible, dois-je vous le rappeler ? Impossible de sortir, de vivre ... Et pourtant... Pourtant vous êtes là ! et grâce à qui? Hurla-t-il. A ceux auxquels vous ne laissez aucune chance !! Vous avez inventé cette...chose qui a prit leur vie et vous ne bougez pas le petit doigt pour les aider alors qu'eux, qui ne vous devaient rien, se sont battus corps et âme pour sauver la votre. Et après ça...après ça vous osez me dire que c'est... impossible ?... quel genre d'homme êtes-vous donc ? Jérémie se détourna de lui et soupira en se rasseyant dans son siège, se remettant immédiatement à pianoter. Impossible n'existe pas dans mon vocabulaire. Je ferais tout ce que je peux pour eux... Ils le méritent ! Et si, comme vous l'affirmez, ce n'est pas réalisable, je trouverais quand même le moyen de le réaliser... Même si je dois y passer ma vie... Ils le méritent... Je le leur dois !

Trois heures plus tard...

-Une étoile filante, remarque Aelita. Fais un vœu Ulrich...
Un vœu qu'elle connaissait déjà...
Ils étaient allongé tous les deux dans l'herbe, non loin de l'usine et ils observaient le ciel parsemé d'étoile et illuminé par le croissant de lune argenté.
-Aelita, que s'est-il passé ? interrogea Ulrich d'une voix sourde.
-Je... Je croyais que tu te souvenais ...
- En partie... quelques détails sont encore flous...
-C'était Xana! Il s'est rendu compte que nous allions réussir malgré tout les obstacles qu'il avait minutieusement préparé et mit en place. Et comme tu le sais le départ de mon père de Lyoko signifiait sa mort... Il est donc intervenu. Il m'a attaqué en se disant que moi morte, vous n'auriez plus aucun intérêt à vous battre mais... mais c'est...
- Yumi qui a prit le coup n'est ce pas ?
-Elle m'a sauvé ... Quand à Odd... Xana a profité de notre inattention ... Odd ne l'a pas vu venir... Yumi venait de mourir... c'était si facile pour lui... Nous avons eu de la chance... Nous sommes vivants et Jérémie a pu nous ramener...
-Comment ?
-eh bien... Ce bout de territoire n'en était pas vraiment un... C'était plus une partie du monde réel avec les propriété de notre Terre... Mais ce n'en était qu'un morceau... En chutant dans le vide, nous avons rejoint le virtuel et Jérémie nous a matérialisé...
-Un morceau de réel, hein ?
Un sourire désabusé et amer se peignit sur les lèvres du brun qui contemplait toujours le ciel en écoutant la voix douce d'Aelita. Mais rien de tout cela ne parvenait à l'apaiser. Elle était morte... morte dans un "petit bout de monde réel"... quelle ironie...
-Mais Jérémie va les ramener !
La voix ferme d'Aelita le tira de sa rêverie mais ne le rassura pas du tout, pourquoi y croire ? il allait encore être déçu...
-Je ne vois pas comment c'est possible, c'était réel et non virtuel, tu l'as dit toi-même...
-Fais lui confiance, tu l'as entendu comme moi non ?
je trouverais le moyen de le réaliser... Même si je dois y passer ma vie... Ils le méritent... Je le leur dois !
-Mais Jérémie n'est pas Dieu, il ne peut donner la vie...
-Jérémie n'est pas Dieu de ce monde, en revanche, il pourrait postuler pour le poste de Dieu de Lyoko...
-Comment peux-tu plaisanter à un moment pareil ?
-Contente toi de lui faire confiance Ulrich. Il y arrivera, je le sais...
-J'aimerais en être aussi sûr que toi Aelita mais..., soupira Ulrich. Mais si jamais j'y crois et qu'elle...qu'elle ne...
-C'est douloureux ?
-Plus que ce n'est imaginable...
-Dis moi Ulrich..., hésita Aelita. Que...que s'est-il passé, entre vous ?
Un nouveau sourire désabusé étira les lèvres du brun et une larme silencieuse roula sur sa joue, discrète, invisible... Il n'y aura jamais rien... D'ici deux mois, je ne veux plus avoir le moindre contact avec toi...Je ne serais plus ton ami Yumi...Tu dois m'oublier, je ne peux rien t'offrir. Oublie moi Yumi, c'est mieux pour toi... Comment avait-il pu lui dire de telles choses ? des choses si horribles... qu'il n'avait jamais pensé, pas même une seule seconde...
-C'était ma faute...se contenta-t-il de répondre. Mais si, comme tu l'affirme, elle revient, alors ça va changer...
-Elle reviendra, assura Aelita avec un sourire confiante. Jérémie est un ... un faiseur de miracle ! tu verras...
Un portable brisa la nuit calme et sur l'écran, le prénom de Jérémie s'affichait...







Chapitre XVI/ retour possible ?


Les portes du monte-charge s'ouvrirent enfin sur le labo et Ulrich pénétra dans la pièce comme une furie, fonçant vers le fauteuil de son ami auprès duquel se tenait déjà Franz Hopper.
-Alors ? demanda-t-il tout à trac.
-regarde, répondit simplement Jérémie en pointant l'une des fenêtre de l'écran principal.
Il fouilla la fenêtre des yeux mais pour lui ce n'était qu'un amas de données informatiques, sans aucun sens. Pourtant, penchée juste au-dessus de son épaule, il entendit le murmure d'Aelita au creux de son oreille.
-ça alors ...
Ulrich secoua la tête de gauche à droite en fermant les yeux, il ne comprenait rien...
-Explique moi Jérémie, c'est...ça pour moi tu sais bien que c'est du chinois...
-eh bien ça... c'est Odd...
-Odd ?
-J'ai enfin tout récupéré...
-récupéré ? répéta Ulrich tout abasourdi.
-Oui. Plus vous alliez vers l'extrémité du territoire, plus vous étiez proche du virtuel et donc réduit à ... ça ! des données informatiques et... enfin pour faire simple, se reprit Jérémie, j'ai lancé un programme qui récupérait toutes les données mais lorsque Yumi a perdu son dernier point de vie, toutes ces informations se sont éparpillées et il est arrivé la même chose à Odd. Seulement mon programme les as... traqué si tu veux...
-Alors ils sont en vie ? demanda Ulrich d'une voix pleine d'espoir.
-Non, ils sont morts, lâcha Franz Hopper d'un ton froid. Ce territoire était un bout du monde réel, leurs corps sont morts, ils n'existent plus...
-Jérémie..., tenta Aelita
-Il dit vrai, confirma le blond. A ces paroles, Ulrich baissa la tête et serra les poings, ainsi c'était sûr..., Cependant, reprit Jérémie en faisant relever brusquement les visages de ses amis qui le fixait d'un air plein d'espoir, nous avons ça ! leur esprit, leur âme si vous voulez pour faire simple...
-Et ?
-Et alors grâce à ça, on peut les ramener... cela fera la même chose que lorsque j'ai ramené Aelita.
-Pas vraiment, intervint Franz, son corps était encore en mémoire donc il était simple de...
-Je sais. Mais vous me l'avez dit vous-même que c'était possible.
-qu'est ce qui est possible ? interrogea Aelita.
-Les scanners vont recréer des enveloppes corporelles, ils en ont la capacités. Cela aurait été possible même sans l'esprit mais dans ce cas là, ce n'aurait été qu'une enveloppe vide tandis que là... Ils seront eux...
-Alors ils seront bientôt là ?
-Bientôt ? non... Tout ça reste purement théorique. Je ne peux ... c'est plus compliqué. Ces données, même si j'ai tout récupéré, ne sont que des données éclatées, il faut que je leur rende leur forme originel sinon ce... ce ne sera pas leur esprit... Il n'aurait pas de mémoire, d'intelligence, de capacité...enfin ce ne serait pas un esprit... seulement la ...comment te dire pour faire simple ? je vais former un tout avec ces quelques données mais il faut que je le fasse de façon à ce que ça ressemble au "tout" d'avant...Tu comprends ce que je veux dire ?
-Je comprends Jérémie mais... tu penses y arriver ?
-Ne vous en faites pas jeune homme, je vais l'aider. Nous y arriverons même si nous devons y passer toutes nos journées...
-Merci papa, murmura Aelita les larmes aux yeux.
-Ils vont revenir..., chuchota Ulrich, totalement abasourdi
Aelita rit d'un rire léger, cristallin et enroula ses bras autour du cou du brun qui n'en revenait toujours pas sous le regard attendri de Jérémie et celui bienfaiteur de son père.


Ulrich était de nouveau allongé dans l'herbe d'un parc désert, à l'horizon l'aube pointait déjà. Quel jour était-ce ? lundi ? mardi ? peut-être mercredi ? peu lui importait, il avait perdu pied à la réalité depuis longtemps et il n'y reviendrait sans doute qu'en voyant son sourire... Il songea aux trois intellectuels qu'il avait laissé travailler dans le labo, ne comprenant rien aux échanges "codés" mais il était plus que reconnaissant envers Jérémie de lui avoir expliqué les choses simplement pour une fois... Il comprenait au moins à peu près ce qu'il se passait pour une fois même s'il était toujours impuissant... Son portable sonna, le tirant de sa rêverie et il fronça les sourcils en décrochant.
-Oui ?
-Ulrich j'ai besoin de toi, déclara la voix de Jérémie, tu peux venir au labo ?
-J'arrive immédiatement, répondit le brun en se levant soucieux.
-Très bien, lâcha Jérémie avant de raccrocher.
Il commença à courir, accélérant de plus en plus. Et s'il y avait un problème ? si ça ne marchait pas ? si Jérémie allait lui dire que finalement c'était impossible ? S'ils étaient vraiment morts...
Il se laissa glisser sur la corde, le souffle court et enclencha le monte-charge peu après. Le labo se présenta enfin à ses yeux et le visage cerné de Jérémie se tourna vers lui. Le blond remonta ses lunettes sur le bout de son nez avec son index et lui expliqua sans plus attendre ce qu'il voulait de lui :
-Je t'envoie sur Lyoko, je t'expliquerais tout là-bas.
Et quelques minutes plus tard, Ulrich pénétrait dans un scanner, le cœur serré et une boule dans la gorge.
-Transfert Ulrich, scanner Ulrich, virtualisation...
La sensation familière l'envahit, il se sentit décoller du sol et son corps se dématérialisa dans un fourmillement agréable pour apparaître virtuellement dans un ciel bleu au-dessus du désert.
-J'y suis Jérémie, annonça Ulrich.
-Très bien, alors je vais avoir besoin de ton aide. Ah et petite précision avant de commencer, Franz avec nous, Xana a disparu, il a été détruit, tu ne crains donc rien, ni monstres, ni tour activé...
-Ok.
- Alors voilà ce que j'attends de toi : nous avons tenté de plusieurs manières de rassembler les données dont je t'ai parlé seulement il est difficile d'en faire une copie de ce qu'elle était avant de plus Odd et Yumi sont mélangés ce qui ne facilite pas la tâche... Puis Franz a eu l'idée de Lyoko et c'est là que tu rentre en jeu. Je vais faire une manip' et tu me dis si tu vois quelque chose...
Quelques minutes plus tard, tandis qu'Ulrich fouillait toujours l'espace autour de lui, son regard se stoppa sur quelque chose de différent et... pas à sa place.
-Jérémie, appela-t-il, il y a un point euh... transparent, enfin clair devant moi.
-Parfait ! décréta celui-ci, c'est un morceau d'Odd, je vais recréer leur esprit et cela provoquera une sorte d'image virtuel, il faut que tu me dise si quelque chose ne va pas. A la fin il faudra que tu ais sous les yeux Odd et Yumi tels qu'ils étaient, OK?
Ulrich approuva même s'il n'avait pas tout bien compris et sous ses yeux, petit à petit, les corps d'Odd et Yumi se reconstruisirent. Ils ressemblaient à deux fantômes, se contentant de flotter là, dans le vide, les yeux fermés, le visage éteints...
-Jérémie il y a quelque chose de bizarre sur Yumi..., remarqua-t-il soudain.
-C'est parce qu'il a fait une erreur, expliqua Aelita en posant le doigt sur l'écran, regarde Jérémie.
-Exact, attends je modifie...
Bientôt Ulrich eut une reconstruction parfaite du Odd et de la Yumi qu'ils connaissaient tous. Totalement immobile, les deux spectres semblaient attendre quelque chose.
-Ulrich je te ramène, décréta Jérémie.
Les portes du scanner s'ouvrirent et Ulrich en sortit pour faire face à Aelita qui lui fit un sourire crispé.
-Il va tenté, lâcha-t-elle.
-Prêt? Interrogea la voix déformée de Jérémie.
-Vas-y, murmura Ulrich en regardant tour à tour les deux scanners dont les portes venaient de se fermer.
Ils s'illuminèrent soudain puis firent un bruit d'enfer, de la fumée blanche s'échappa et envahit la salle. Une alarme retentit et Jérémie jura grossièrement, inquiétant Aelita et Ulrich plus qu'il n'était possible. La ventilation s'enclencha, aspirant la fumée et l'alarme cessa de retentir, stoppée par Jérémie. Mais le bruit continuait, le scanner semblait ronronner et la lumière était toujours aussi intense. Quelques minutes tard, Jérémie sortait du monte-charge avec Franz Hopper et rejoignait ses amis en promenant son regard sur les deux scanners.
-ça va prendre un petit peu de temps, expliqua-t-il mais ça ne devrait pas tarder à s'ou...
Sa phrase fut interrompue par l'un des scanner qui s'ouvrait laissant échapper une colonne de fumée blanche et un bruit mat retentit. Un corps qui tombe... inconscient... Ils se précipitèrent ... Là... au pied du scanner... leur ami... l'autre scanner s'ouvrit de la même façon... Jérémie s'agenouilla près du blond et fouilla son cou à la recherche d'un pouls... Aelita courut dans la direction opposée... Il fallait un pouls... Un cœur qui bats... Un nouveau corps pour un esprit déjà existant... mais il fallait un pouls... un cœur...des poumons...Ses doigts se posèrent sur la veine et il attendit quelques secondes, inquiets, angoissé, effrayé....si tout était vain ? si rien ne marchait ? soudain ses yeux s'agrandirent et il posa son regard sur Ulrich qui se tenait immobile, priant intérieurement, juste à côté de lui, une question muette dans les yeux... Mais à peine avait-il ouvert la bouche qu'Aelita répondait pour lui...
-Elle respire !







chapitre XVII/ réel succès ou sublime échec ?


-Ce n'est pas normal, répéta Jérémie pour la cinquième fois depuis une heure.
Assis sur son fauteuil, il se triturait les mains nerveusement, son regard se promenant sans cesse sur les occupants de la pièce dont deux étaient encore étendu au sol, inconscients.
-Jérémie, comment tu pourrais expliquer ça ? demanda Aelita d'une voix douce en caressant la joue de Yumi auprès de qui elle était agenouillée.
-Je ne l'explique pas, c'est là qu'est le problème... ils devraient être déjà réveillé et en pleine possession de leurs moyens...
-Pourtant ils sont toujours inconscients ! s'écria Ulrich avec amertume.
Pour la énième fois, Jérémie sauta à bas de son fauteuil et s'installa près de Yumi, il mesura son pouls, prit sa température, écouta sa respiration et déclara la même chose que les fois précédentes.
-pourtant tout va bien...
-si tout allait bien, ils seraient déjà debouts..., murmura Ulrich.
Les portes du monte-charge s'ouvrirent bruyamment et un homme d'âge mûr pénétra dans la pièce sans plus attendre, un journal à la main.
-Nous sommes le mercredi 24 avril aujourd'hui, annonça-t-il. Et nous allons à l'hôpital.
-Quoi ? s'étonna Jérémie. Mais pourquoi ?
-Parce que tu les as passé au scan trois fois de suite sans rien trouvé et qu'ils sont toujours inconscients, alors on va les emmener...
-Mais comment on va expliquer notre disparition des derniers jours ? intervint Aelita.
-Ne vous en faîtes pas je m'en charge! L'un de vous va m'aider à porter vos amis, je...
-Je prends Yumi.
-Euh... très bien, approuva Franz en fixant d'un air peiné Ulrich qui se penchait déjà vers la japonaise. L'hôpital n'est pas très loin de toute façon.
Ulrich passa un bras sous la nuque de Yumi et le deuxième sous ses genoux, puis tendant ses muscles, il la souleva du sol, le visage complètement fermé. Il y avait cru... Il y avait cru dur comme fer...il en avait été persuadé et maintenant...
Les portes du monte-charge se refermèrent sur le petit groupe et la machine entama sa lente ascension dans le conduit avant de s'arrêter à hauteur de la salle cathédrale. Quelques minutes plus tard, six personnes sortaient de l'usine désaffectée dont deux inconscientes.

Les portes vitrées s'ouvrirent automatiquement alors qu'ils s'approchaient d'elle et ils pénétrèrent dans le bâtiment où régnait une forte odeur de désinfectant. La salle d'attente était pleine pourtant Franz et Ulrich ne s'y arrêtèrent pas, ils se dirigèrent directement vers le comptoir d'accueil en jetant un coup d'œil rapide à Jérémie qui comprit et les devança. Une infirmière aux jolis cheveux blonds comme les blés l'accueillit avec un sourire et sans lui laisser le temps de parler, le pria d'aller s'asseoir dans la salle d'attente. Jérémie attendit qu'elle se taise puis d'un signe de tête désigna le groupe qui se tenait derrière lui.
-Ils sont inconscients...
L'infirmière saisit aussitôt un téléphone et peu après, six autres infirmiers, deux lits et un docteur arrivaient en trombe dans le hall d'entrée. Yumi et Odd furent posés sur les lits et on commença à diagnostiquer leur symptômes en les poussant vers l'ascenseur tandis qu'un infirmier posait les questions d'usages aux compagnons des victimes.
-On les as trouvé comme ça ! assura Franz Hopper.
-Je vois... Attendez dans la salle d'attente, on viendra vous donner des nouvelles.
-merci monsieur, répondit aussitôt Franz en voyant qu'Ulrich s'apprêtait à protester.
Il le poussa vers la gauche et l'obligea à s'asseoir sur un siège vide, bientôt imité par Jérémie et Aelita.
-je vais chercher quelque chose à boire et à manger, quelque chose me dit qu'ils ne reviendront pas tout de suite...
Franz disparut aussitôt et Jérémie soupira en fixant les doubles portes derrière lesquels ses amis avaient disparus. Ulrich se prit la tête entre les mains, fixant le sol d'un air furieux, maudissant son impuissance. Aelita renversa la tête en arrière, s'appuyant sur le dossier et ferma les yeux en inspirant profondément. Des adolescents perdus et blessés, telle était la vision extérieure que l'on avait d'eux.
Durant l'heure qui suivis, un infirmier revint les voir pour les questionner plus amplement et ils durent donner nom, prénom et adresse ainsi que multiples autres informations personnelles mais l'homme en blouse blanche ne voulut jamais leur révéler quoi que ce soit sur l'état de leur amis...
Franz réapparut finalement avec swandich et canette ...que personne ne toucha.
Une autre heure passa... puis deux... une troisième... Aelita s'endormit durant la quatrième sur l'épaule de Jérémie... durant toute la cinquième Ulrich tourna en rond sous le regard absent de Jérémie... Une sixième heure passa sans qu'aucune nouvelle leur parvienne... le brun semblait à mi-chemin entre la fureur et la folie, Franz avait rejoint sa fille au pays des rêves et Jérémie contemplait le vide en marmonnant à voix très basse de fait que il soit le seul à comprendre ce qu'il murmurait... Dehors la nuit tombait déjà... Ulrich tournait toujours en rond... mais il s'immobilisa en constatant que Jérémie venait soudainement de se taire... Il le fixa et le blond plongea son regard dans le sien puis le détourna vers la double-porte. Les yeux d'Ulrich firent le même chemin et se posèrent sur un homme, visiblement médecin, qui fouillait la salle du regard. Après une hésitation, il se dirigea vers eux et finit par s'immobiliser face à Ulrich et Jérémie.
-Vous êtes ceux qui ont amené les deux adolescents ? la japonaise et un petit blond ?
-Nous sommes leurs amis..., confirma Jérémie.

Le monde était douloureux et inconfortable... l'épaule de Jérémie sous sa tête bougeait sans cesse et le plastique dur sous sa hanche la meurtrissait de manière rapide et efficace... Ses paupières frémirent et au travers des brumes qui envahissaient son esprit ensommeillé une voix inconnue lui parvint... froide et professionnelle... elle entrouvrit les yeux et distingua une silhouette floue en blouse blanche... Les mains dans les poches elle prononçait des mots rapidement mais sans aucun sens...ou... peut-être était-ce elle qui ne les comprenait pas ... Il prononça soudain des mots connus, familiers qui achevèrent de la réveiller... deux mots? Non, deux noms... C'était le médecin qui s'occupait d'Odd et Yumi... Elle se redressa vivement, faisant sursauter Jérémie qui ne lui adressa pourtant qu'un bref coup d'œil.
-Je suis désolé, termina le médecin avant de s'éloigner, alarmant Aelita au plus haut point.
Il disparut sans autre mot et la jeune fille tenta de trouver réconfort auprès des garçons ; Ulrich, debout devant elle, avait la tête basse, une expression éteinte sur le visage et les mains au fond des poches et Jérémie, la tête enfouie dans ses mains dans une attitude désespérée... les voir ainsi ne la rassura en rien... qu'était-il arrivé? Pourquoi s'était-elle donc endormie ?...
-qu'est... elle avait peur de poser la question, sa voix tremblante acheva pourtant tant bien que mal la phrase redoutée... qu'est ce qui s'est passé ?
-Rien, lâcha Jérémie. Il ne se passe rien...
-Ils ne savent rien, reprit Ulrich d'une voix éteinte. Ils sont dans le coma et rien ne l'explique, ils peuvent tout aussi bien se réveiller comme ils peuvent rester comme ça... ou même juste arrêter de respirer...
-On ... on peut les voir ?
-Il a dit que oui, répondit Jérémie. Mais que l'on devrait éviter... ça risque de nous faire un choc qu'il a dit....
-Je les vois tous les jours, je ne vois pas pourquoi je serais choquée, s'énerva Aelita, en entraînant les garçons par la main dans le dédale de couloir.
Chambre 303...
Une chambre double...
Occupée...
Deux lits blancs...

Choquée? Non elle n'était pas choquée... Elle était pire que cela... Face aux lits, totalement immobile, elle ne parvenait pas à sortir de sa morbide contemplation... Odd était à droit, Yumi à gauche, près de la fenêtre... Ils étaient étendue sous un drap d'une blancheur immaculée, les bras le long du corps, perforée par une intraveineuse les reliant à un petit sac qui diffusait un liquide translucide dans leurs veines...une petit tuyau passait sous leurs narines, amenant l'oxygène directement dans les voix respiratoires, les aidant du mieux possible... Des fils semblaient relier leur poitrine à un moniteur qui émettait un son régulier et continu... Leurs visages étaient sereins, ils semblaient juste endormis, constata silencieusement Aelita...
-Jérémie..., murmura-t-elle en laissant les larmes lui échapper. Dans son dos, le jeune homme s'approcha et posa les mains sur ses épaules. Regarde Jérémie... leur cœur bat... Ils battent...alors pourquoi ? pourquoi ils sont là ? qu'est ce qui ne va pas ?... Je ... je n'ai pas compris...Jérémie, dis moi ce qui n'a pas marché ... s'il te plaît... dis moi qu'ils...qu'ils vont se réveiller... Jérémie...
Derrière elle, le blond soupira en fermant les yeux. Il la serra dans ses bras et sentit les larmes chaudes couler dans son cou.
-qu'est ce qui n'a pas marché..., murmura Ulrich pour lui-même...
-Oh, Jérémie pourquoi ? hurla Aelita en s'écroulant au sol, toute tremblante. Pourquoi....








Chapitre XVIII/ cadeau d'adieu...


Le moniteur émettait un bip régulier, constant... Ulrich soupira une énième fois en se levant de la chaise dure et il s'immobilisa devant la fenêtre, contempla le paysage extérieur sans vraiment le voir...cela faisait deux jours maintenant...deux interminables journées qui se terminaient dans le soulagement de les voir finir la journée vivant et la crainte qu'ils ne passent pas la nuit... Franz avait parlé aux autorités ldurant les jours précédents... deux agents étaient venus les interroger, le collège et la famille Ishiyama ayant signaler leur disparition... D'après ce qu'il avait compris, le père d'Aelita avait témoigné les avoir retrouvé dans son ancienne maison, l'Hermitage et Jérémie avait ajouté qu'ils y avait pénétré le samedi sans aucune mauvaise intention car ils y avaient trouvé la porte ouverte. Seulement celle-ci, sur un coup de vent s'était refermée et n'avait jamais voulu se rouvrir... devant l'air convaincant des jeunes, les policiers avaient laissés tomber l'affaire de l'effraction mais ils leur avaient fallu plus de temps pour ce qui était du coma d'Odd et Yumi... Jérémie avait alors avoué qu'ils avaient trouvé un passage dans la maison et espérant qu'il conduisait à une sortie, ils l'avaient emprunté et avaient été séparés... Franz les avait retrouvé plus tard et leurs amis étaient inconscients... Les policiers n'avaient certainement pas crus à l'histoire des adolescents mais sous l'insistance de la famille Ishiyama, ils avaient du cesser leurs visite à Ulrich, Aelita et Jérémie qui ne quittaient plus la chambre d'Odd et Yumi...
La porte s'ouvrit mais Ulrich ne broncha pas, sachant déjà qui venait de pénétrer dans la pièce. Un raclement de chaise se fit entendre puis un bruit de plastique et une voix qui l'appelait...
- Ulrich, viens avaler quelque chose.
-Désolé Aelita, mais je n'ai vraiment pas faim...
-Ça fait deux jours que tu dis cela mais il faut que tu te nourrisses ! que dirais Yumi si elle se réveillait pour te trouver inconscient à cause d'un manque de nourriture ?
Ulrich hocha la tête de gauche à droite, la gorge nouée puis soupira en venant s'asseoir face à Aelita. Il mordit dans le swandich jambon/beurre qu'elle lui tendait et il lui trouva un goût amer... Il aurait mangé des cendres que ce n'eut pas été différent... Pourtant, devant l'air implorant d'Aelita, il prit une deuxième bouchée et finit même le swandich...
-Où est Jérémie ?
-Je ne sais pas, il est parti ce matin avec mon père sans rien me dire...
Ulrich haussa les épaules puis tourna sa chaise, l'orienta vers le lit de Yumi... Elle était toujours dans la même position, les yeux clos, le visage pâle, sa poitrine se soulevant régulièrement au rythme de sa respiration, ses bras étendus le long de son corps, à nu avec dans la veine sur le bras droit, une aiguille de plantée et ses mains... Ulrich fronça les sourcils et murmura le prénom d'Aelita qui se précipita à ses côtés.
-Aelita regarde ses mains...
L'ange aux cheveux roses s'exécuta immédiatement et elle agrandit les yeux sous le coup de la surprise. Sous les mains de Yumi, le drap était pleins de petit plis dont l'origine était simple... Yumi serrait le drap au creux de son poing, les doigts crispé sur le tissu, les jointures blanches tellement elle serrait fort... Aelita tourna alors le regard vers Odd et descendit le long de son bras droit. Sa main serrait le drap pareillement que Yumi...
-qu'est ce ...qu'est ce que ça veut dire ? murmura Aelita.
-Appelle un médecin...
Elle courut aussitôt dans le couloir et interpella le premier médecin qu'elle croisa qui la suivit jusque dans la chambre d'un pas ferme et rapide. Il ausculta les deux patients en prenant son temps puis déclara aux adolescents qu'il n'y avait rien d'anormal et qu'ils devaient juste rêver avant de sortir de la pièce. Ce qu'ils ignoraient, c'est qu'à quelques kilomètres de là, deux hommes venaient de trouver que tout chez les deux inconscients, était anormal, et qu'ils savaient désormais pourquoi ...

Dehors, le ciel était orange, le soleil se couchait et le crépuscule était majestueux. Mais Aelita en détourna le regard pour le poser sur Ulrich qui s'était endormi pour la première fois depuis longtemps. Il était parvenu à retirer le drap du poing de Yumi et c'était maintenant la main du samouraï que Yumi serrait avec force... Leurs mains unis reposaient sur le drap blanc, la tête d'Ulrich posée juste à côté... Son visage, même endormi, trahissait sa lassitude, sa tristesse et sa fatigue... Elle soupira et s'approcha d'Odd. Passant une main tendre sur son front, elle s'assit près de lui et lui parla comme elle avait pris le réflexe de le faire... Elle leur parlait pendant des heures et des heures, leur disant tout ce qui lui passait par la tête même les choses futiles et inutiles, sans intérêt ni aucune importance.... Elle avait encouragé Ulrich à faire de même mais il se contentait la plupart du temps de l'écouter... Elle ignorait si quand elle s'absentait il prenait la relève mais elle ne lui en voulait pas...c'était difficile pour lui... pour eux tous...
Elle décrispa la main d'Odd et serra sa main dans la sienne. Son visage était toujours le même, ses yeux toujours fermés, son air rieur lui manquait...
-Tu sais Odd, tu nous manque... Vous nous manquez tous les deux... Je... Je ne sais pas ce que je ferais si vous ne revenez pas... J'ai... On a besoin de vous... On a Tous besoin de vous... un soupir lui échappa tandis que les larmes lui montaient aux yeux... Il faut que vous reveniez... Et puis... on a une victoire à fêter tous ensemble, n'est ce pas ? et une fête sans toi... ce n'est pas vraiment une fête...
Elle continua ainsi des heures durant jusqu'à ce qu'elle sentit ses paupières se faire lourdes, sa tête se posa sur le lit comme si c'était la chose la plus naturelle au monde et elle sombra dans l'oubli du sommeil, dans un pays de rêves où ils étaient tous ensemble sans avoir conscience que tout près d'elle, d'autres parcouraient la pays des cauchemars...

Elle dormait près d'Odd lorsqu'il arriva quant à Ulrich il était auprès de Yumi... En les voyant ainsi, il n'eut pas le cœur à les réveiller... Il s'adossa au mur qui faisait face aux deux lits et fixa la scène le visage fermé, distant, lointain... Il aurait presque préféré ne pas trouver... ne pas savoir... pour ne pas avoir à leur annoncer... Ils y croyaient tous... malgré tout, ils espéraient tous... L'espoir fait vivre dit-on...mais que se passe-t-il quand on apprends qu'il n'y avait plus le moindre espoir ? ... sans espoir... non ce n'était pas sans espoir ! Il y avait une chance peut-être...infime, minuscule... mais elle était là... seulement avait-il le droit de les laisser continuer à espérer... espérer alors qu'il savait tout ! comment, quand et surtout pourquoi ? il savait tout... ou presque ! son cœur accéléra soudainement et sa gorge se serra alors que dans la chambre l'un des moniteur perdait son rythme régulier pour accélérer et finir par ne plus s'arrêter ...La porte s'ouvrit soudain avec fracas, réveillant Ulrich et Aelita en sursaut.
-Arrêt cardiaque !
Cinq personnes pénétrèrent dans la pièce avec du matériel et les yeux ensommeillé d'Aelita se posèrent sur la main d'Odd qui ne serrait plus la sienne... Elle fut écartée par un infirmier et rejoignit Ulrich qui passa un bras autour de ses épaules... Le drap fut soulevé, le pyjama d'Odd écarté, mettant sa poitrine à découvert, on lui appliqua deux petits objet et un médecin cria. Le choc partit, soulevant Odd de son lit mais sur le moniteur, rien ne changea. Le bip continu ne cessait de résonner dans la pièce...
De l'endroit où il était Jérémie contemplait toute la scène, les yeux éteints et une expression lointaine sur le visage, comme si rien ne le touchait plus... Etait-ce trop tard ? un deuxième choc partit plus violent que le premier et Odd fit un bond dans son lit mais aucun changement ne s'affichait sur le moniteur... Le cœur d'Odd ne battait plus... Il s'était arrêté... Etait-ce pour de bon ? n'avait-il pas le droit à cette chance ? ... Un troisième partit et Odd se souleva encore plus fort dans le lit et lorsqu'il reprit sa position initial, le bip s'interrompit pour repartir régulièrement... Le médecin essuya son front de soulagement et l'équipe sortit peu après... Jérémie secoua la tête de gauche à droite en soupirant d'un air las... Son cœur battait mais pour combien de temps encore ? et celui de Yumi ? l'un comme l'autre, ils n'allaient pas tarder à lâcher ... A moins... A moins qu'ils n'aient la force de se battre mais pour ça...
-Jérémie, appela soudain Aelita d'une voix faible.
Le blond se redressa et se dirigea vers ses deux amis d'un air absent.
-On a trouvé, déclara-t-il d'un ton morne.
-Pardon ? demanda Ulrich d'une voix rauque.
-Avec Franz, on est retourné à l'usine, on a cherché et ...on a trouvé...
-Alors tu vas les guérir...conclut Aelita avec espoir.
-Non, lâcha simplement Jérémie. C'est impossible...
-Comment ça ?
- C'est à eux de se battre, à eux de s'en sortir, nous ne pouvons que les encourager...
-Mais...mais qu'est ce qu'ils ont ? interrogea Aelita d'une voix suppliante.
-c'est Xana... L'ultime attaque de Xana, la dernière, un cadeau d'Adieu...







Chapitre XIX/ cauchemar mortel...

Un monde de formes vagues... sans aucune couleur... un monde gris et triste... un monde de solitude... Un monde qu'elle ne reconnaissait pas...mais...où était-elle donc ?

Chambre 303, entre les deux lits blancs, trois adolescents avaient mis leur chaise face à face et l'un d'eux, un jeune blond à lunettes parlait d'une voix monotone, les coudes appuyés sur ses genoux, les mains pendantes dans le vide et une expression absente sur son jeune visage... En face de lui, la jeune fille aux cheveux roses l'écoutait attentivement les yeux hagards, son teint blêmissant davantage de minutes en minutes... non loin d'elle, un jeune homme brun qui ne lâchait pas on interlocuteur des yeux une seule seconde, le regard éteint et le visage las...
-Ils ne s'en sortiront pas, c'est ça que tu veux nous dire, Jérémie? Fit la jeune fille d'une voix implorante.
-ce que je dis, c'est que tout dépend d'eux Aelita. Nous ne pouvons rien faire, nous sommes totalement impuissant, je ne suis même pas sûr qu'ils nous entendent...

Des voix... Des voix lui parvenaient...lointaines, familières, apaisantes... mais ... A qui appartenaient-elles déjà ?

-On ne peut vraiment rien ?
-Absolument rien Ulrich. Ils sont...ailleurs... très loin d'ici...très loin de nous...
-pourtant ... pourtant leurs corps...
-le corps n'a pas besoin de la présence constante de l'esprit, coupa Jérémie.
-Alors pourquoi le cœur d'Odd a-t-il lâché tout à l'heure ? interrogea Ulrich.
-Parce qu'Odd rêve... ou plutôt cauchemarde... Xana les a ...comment dire ça simplement ? envoyés dans un autre monde... un monde pour l'esprit ! là-bas, ils ne doivent même pas avoir conscience de qui ils sont, de ce qu'ils font là, de pourquoi ils sont là... Ils n'ont plus conscience de rien et c'est là que Xana a été habile... Ce qu'ils voient n'est pas réel mais pour leur esprit ça l'est... tu connais le film de Matrix ?
-Euh... oui, répondit Ulrich étonné par la question qui n'avait pas sa place dans leur discussion.
-C'est un peu le même principe. L'esprit croit que c'est réel alors si l'esprit meurt, le corps meure également....
-Je ne comprends pas..., murmura Aelita paniquée, perdue, angoissée...
-Ils rêvent mais pour eux tout est réel ! mais en croyant que ce cauchemar est la réalité, ils s'en sont fait une prison mortelle... mourir dans le cauchemar, c'est mourir en vrai vu que le cauchemar est vrai, que c'est le réel...
-Mais...mais qu'est ce qu'ils voient ?
-des images que Xana aura implanté dans leur tête je suppose...
-Mais ils peuvent s'en sortir ...
-Aelita écoute moi bien. Il faut que tu es conscience qu'ils n'ont que très peu de chance de se réveiller un jour...
-Mais ils ont une chance ! cria Aelita tu l'as dit toi-même.
-effectivement, mais pour s'en sortir, il faudrait qu'ils se rendent compte qu'ils ne sont pas dans la réalité et ça...
-c'est impossible, n'est ce pas ? lâcha Ulrich.
-disons que c'est difficile, rectifia Jérémie, toi-même ne t'arrive-t-il jamais d'ignorer où est la limite entre tes rêves et la réalité ? ne t'es-tu jamais levé le matin en te demandant si la journée dont tu avais rêvé était vraiment un rêve ou une réalité ?
-Si, avoua Ulrich.
-C'est pareil pour eux sauf que Xana ne leur laisse pas le temps de réfléchir...
Les regards se posèrent sur les deux adolescents dans le coma et un silence lourd et oppressant s'installa dans la pièce...

non...il n'y a plus de bruit... ou plutôt si... il y a CE bruit... inquiétant... effrayant...il se rapproche... il est tout près désormais... depuis combien de temps tente-t-elle de lui échapper ? elle n'en a pas la moindre idée ... elle n'a plus aucune idée du temps qu'elle a passé ici... dans cet endroit ...dans cet autre monde... Il se rapproche encore...toujours plus... il va la trouver... plus près... davantage encore...toujours plus.... IL EST LA

Aelita serra plus fort la main d'Ulrich et celle de Jérémie tandis que les larmes coulaient sans retenue sur ses joues. Presque aucune chance...elle ne pouvait que contempler ...le corps de Yumi se souleva dans le lit... Son cœur s'était arrêté... Le même médecin que pour Odd avait pénétré dans la chambre pour lui appliquer le même traitement... les mêmes chocs... Le corps de Yumi se souleva une nouvelle fois tandis qu'un seul bruit dans la pièce se faisait entendre, ne faisant qu'accentuer la peur des occupants... ce bruit continu, aigu, perçant, oppressant... ce son qui fait savoir clairement que le cœur ne bat plus, qu'il s'est arrêté... que le patient auquel il est relié est en train de mourir... Le médecin s'essuya le front en jetant un regard anxieux vers ses assistants.
-montez à 300 !
-Mais ...
-faites le ! ordonna-t-il puis murmurant pour lui-même: cette petit mérite de vivre, elle n'a pas le droit de mourir.
Et c'est ainsi que le choc souleva le corps de la japonaise pour la quatrième fois consécutive... Tous les regards se tournèrent vers l'écran et le bruit cessa soudain, le moniteur laissant échapper à nouveau des bips réguliers et constants. L'équipe sortit avec soulagement : ils avaient sauvé une nouvelle vie !

tout recommence...identiquement... c'est impossible... incohérent...quelque chose cloche... quelque chose ne tourne pas rond...il y a un problème... Elle se relève et elle court... que faire d'autre...

La porte de la chambre s'ouvrit et les regards se dirigèrent machinalement vers le nouvel arrivant mais dans leurs prunelles, aucun intérêt, aucune lueur, pas la moindre étincelle...
-Elle n'est toujours pas réveillée ?
Cette petite voix, implorante et suppliante, ce visage fatigué et inquiet, cette silhouette masculine et enfantine, ces traits japonais...
-Désolé Hiroki, murmura Aelita d'une voix éteinte
le petit frère de Yumi... Il venait tous les jours, avant et après l'école, à pied... ses parents passaient souvent dans la journée et ne s'étonnaient plus de voir les trois jeunes encore dans la chambre.
Les épaules d'Hiroki s'affaissèrent, comme s'il portait une douleur trop grande pour ces frêles épaules, et il se dirigea vers le lit du fond d'un pas traînant, les yeux humides... Il saisit la main de sa sœur et sous les regards éteints, il raconta sa journée d'une voix qui se voulait enthousiaste... Il lui parla de tout et de rien comme un frère l'aurait fait avec une sœur, comme il avait du le faire de nombreuses fois avec sa sœur mais aujourd'hui, Yumi ne répondait plus... Elle ne riait plus à ses anecdotes, elle ne le taquinait plus à propos de ses amourettes, elle ne le rassurait plus sur son avenir, elle ne l'aidait plus à ses devoirs, elle ne souriait plus gentiment devant son innocence... Non, elle ne faisait plus rien de tout cela... Elle demeurait immobile, quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse... Allongée sur ce lit trop blanc et trop propre, les yeux clos et la respiration rythmée par une machine, elle était hors d'atteinte... Au bout d'un moment, les larmes coulèrent sur les joues du jeune garçons et il se tut, la gorge trop nouée pour parler. Il embrassa alors le front de sa sœur et sortit de la pièce à toute allure en laissant échapper un sanglot bruyant...
Peu après, Jérémie se leva et enfonça les mains dans ses poches, il sortit de la chambre en traînant des pieds et marmonna une vague raison à son départ... Aelita le regarda partir avant de quitter son poste d'observation à la fenêtre pour prendre sa place auprès d'Odd. Elle releva soudain la tête en entendant une voix rauque et pleine d'émotion...
-Yumi... Yumi tu dois revenir... Tu... Tu ne peux pas nous laisser, nous avons besoin de toi ! tu as ta famille, ton petit frère ... Tu n'as pas le droit ! tu m'entends Yumi ? tu n'as pas le droit de les abandonner ! Nous avons besoin de toi ! Si tu n'es plus là... Yumi je ne veux pas que tu partes... Je...Je suis incapable de vivre sans toi ... J'ai besoin de toi... Je... Yumi je... je suis désolé... mais... Yumi s'il te plaît bats toi ...bat toi pour nous tous... bat toi et reviens...je t'en prie...
Aelita écouta Ulrich des heures durant sans l'interrompre une seule fois et elle serra la main d'Odd en laissant sans honte les larmes rouler une fois de plus sur ses joues trop pâles et amaigries...

quelque chose cloche encore... il n'est pas à sa place... ce n'est pas logique... rien n'est à sa place...une nouvelle ombre vient s'ajouter soudainement aux autres et il se retourne, moins effrayé qu'avant... et il les voit, moins apeuré qu'avant... non, ce n'est pas normal, quelque chose ne va pas...

Ulrich et Aelita sont dans le couloir, adossé au mur, un sandwich à la main chacun mais aucun d'eux ne songe même à le manger... Ils ont laissé la chambre quelques minutes aux parents d'Odd qui viennent d'arriver et à sa nouvelle petite sœur qui n'a que deux mois... Lisa... Aurait-elle la chance de connaître un jour son grand frère ? Ils ont préféré laisser l'intimité aux deux adultes qui débarque à peine en France, ayant appris que leur fils était à l'hôpital... cela fait cinq jours leur a-t-on dit, cinq jours qu'ils sont ici et à la fin de cette cinquième journée, rien n'a changé, leur état est stationnaire...
En entendant le médecin parler, Ulrich et Aelita avaient eu un sourire amer... leur état était loin d'être stationnaire... leur état ne dépendait que d'un cauchemar... Un cauchemar qui pouvait leur être mortel ...








Chapitre XX/ se battre ou abandonner...

quelque chose cloche...il en est sûr maintenant... mais... qu'est ce que c'est ? ...

-Ulrich? appelle Aelita en pénétrant silencieusement dans la chambre.
-Je suis là Aelita...
Appuyé au mur juste à côté de la porte, les bras croisé sur la poitrine, le brun contemplait la chambre le visage fermé et sans expression. La jeune fille s'installa sur la chaise toute proche et soupira doucement.
-ça fait une semaine qu'ils sont là..., déclara Aelita.
-Et toujours aucune changement, poursuivit Ulrich d'un ton lourd de reproche.
-J'ai vu le proviseur, annonça soudain Aelita après un court silence, lui et la famille Ishiyama souhaitent que l'on reprenne les cours à partir de lundi...
-je ne reprendrais pas les cours sans Odd et Yumi, lâcha Ulrich d'un ton qui n'admettait aucune réplique.
Aelita eut un petit sourire crispé, ayant deviné la réponse bien avant d'avoir posé la question... Elle-même le pensait même si elle savait qu'elle n'oserait pas s'opposer aux ordres d'un adulte...
-Le proviseur a dit que malgré tout la vie continuait...
-Nous verrons s'il dira cela le jour où ce sera sa fille qui sera étendue sur ce lit d'hôpital...
Aelita se tut, sachant qu'elle ne pourrait convaincre Ulrich et n'ayant, de toute manière, aucune envie de le faire, le comprenant parfaitement...
-Où est Jérémie ? continua Ulrich d'un ton un peu plus aimable.
-Au labo, il cherche encore...
-Il a pourtant dit qu'il ne pouvait rien faire...
-Tu le connais, lâcha Aelita avec un faible sourire, impossible ne fait pas partie de son vocabulaire...
-je n'ai pas oublié... Il les a tout de même ramené...
-si seulement maintenant il pouvait...
Elle se tut au milieu de sa phrase, Ulrich s'étant redressé pour s'éloigner d'elle... Il s'immobilisa devant la fenêtre et il contempla le paysage en silence avant d'ajouter :
-ne lui demandons pas plus qu'il ne peut en faire... Il serait capable de se tuer à la tâche pour y parvenir, juste pour nous...
Aelita soupira faiblement et son regard se posa sur Odd qui reposait sur le lit tout près d'elle, sa poitrine se soulevait doucement, à un rythme calme et régulier... un rythme lent et apaisant...

qu'est ce...qu'est ce que... impossible... Il...Il est à nouveau là... comment a-t-il su? Comment a-t-il fait ? ... Elle... Elle va... Impossible... C'est la fin...

Le silence régnait dans la pièce, brisé seulement par les bip réguliers et répétitifs des moniteurs. Soudain les sourcils d'Ulrich se froncèrent, il se tourna vivement vers l'un des moniteurs tandis qu'Aelita se levait avec brusquerie, faisant tomber la chaise au sol... Un bruit mat couvrit le son quelques secondes mais pourtant la réalité était là...
-Aelita !
La jeune fille sortit en trombe et cria dans le couloir, elle appela un médecin, un homme accourut aussitôt et pénétra dans la pièce sans plus attendre...
Un son... irrégulier...rapide...angoissant... une respiration saccadée... les mains crispées...une expression de souffrance sur le visage... Un corps qui se tord sous le drap... Un cri qui monte...qui résonne dans la pièce... Une voix où seule perce la douleur... un son qui s'emballe, qui accélère encore et encore puis qui finit par ne plus cesser...
-Elle fait un arrêt ! cria le médecin en se précipitant vers la japonaise.
Il écarta le drap, ouvrit le haut de son pyjama et commença le massage cardiaque en attendant l'équipe de soin qui ne tarda pas à arriver...

des cris...encore et toujours des cris... mais d'où viennent-ils ? ... il ne comprend pas ... il devrait voir... c'est tout proche...et à la fois si loin... quel est ce bruit...familier...connu... redouté... une ombre lui fait tourner la tête, détournant ses pensées... il fronce les sourcils... commence à courir...et si ... ?

-montez à 320 !
Le défibrillateur chargea, le choc partit, le corps se souleva mais rien....
-Ulrich... murmura Aelita en serrant la main du brun.
-Il va repartir, ne t'en fais pas...
Mais Ulrich n'était guère convaincu de ce qu'il disait pour rassurer son amie... Cela faisait quatre fois déjà que le médecin tentait de ramener Yumi à la vie, en vain...
-Montez encore, hurla le médecin.
Et le choc fut plus fort encore, le corps de Yumi encaissa, se soulevant encore davantage dans le lit et atterrit dans un silence total. Puis le bip se fit entendre... le cœur repartait enfin...La japonaise avait reprit son immobilité, son sommeil artificiel et cauchemardesque ...
-Mon Dieu Yumi, gémit Aelita en se précipitant vers le lit tandis que les médecins sortaient pour aller réanimer d'autres personnes.
Jérémie entra dans la pièce, croisant le groupe d'infirmiers et il jeta un regard interrogateur à Ulrich qui désigna le lit de Yumi pour toute réponse.
-C'est la deuxième fois, remarqua simplement Jérémie. Je ne pense pas qu'elle ait une troisième chance...
-Ne dis pas ça Jérémie, reprocha Aelita, elle va s'en sortir, et Odd aussi !
Jérémie haussa les épaules et ôta son sac à dos qu'il posa sur une chaise.
-J'ai quelque chose à vous montrer...
Sortant son ordinateur portable, il s'installa au bout du lit d'Odd et l'ouvrit. Il commença à pianoter tandis qu'Ulrich et Aelita se mettaient de chaque côté et observaient l'écran avec attention. Il atteignit enfin son but et une fenêtre s'ouvrit, il enclencha la lecture et une image s'afficha.
-Qu'est ce que c'est ? interrogea Aelita
-ce qu'ils voient... A peu près...
Des teintes grises et noirs, un arbre mort sur le côté, une étendue désertique, chaotique, des rochers, masses sombres et effrayantes, des ombres noires et aux formes inconnues...
-Je n'en ai qu'un court extrait comme vous le constatez mais il me semble que ça suffit...
-Comment peuvent-ils croire que c'est la réalité ? demanda Ulrich.
-Xana ne leur a pas laissé le choix Ulrich... A ce stade là, ils n'y croient pas, ils en sont persuadés parce qu'ils n'en ont pas le choix...comme lorsque tu as appris qu'une chaise s'appelait "chaise", là c'est pareil, ça c'est la "réalité"...
-Alors c'est sûr, ils ne peuvent rien faire..., lâcha Aelita d'une voix sourde, contenant toute sa souffrance.
-si..., contredit Jérémie.
-vraiment ? s'étonna Aelita avec espoir.
-Que peuvent-ils faire ? Enchaîna Ulrich.
-retrouver la mémoire..., lâcha Jérémie d'une façon qui faisait comprendre que ce ne serait pas évident.
-Et on...
-Parlez-leur, coupa Jérémie, ils vous entendent, j'en suis sûr désormais... parlez leur, de tout, du passé, du présent, du futur... de tout ...

non... c'est ...incohérent...impossible... intenable... encore ce cri... et ces voix ? elles sont de nouveaux là....qui sont-elles ? que font-elles là ? ...elle ne comprend pas...

Ulrich était enfin parti au collège sous l'insistance du proviseur, c'était la première fois qu'il quittait l'hôpital depuis qu'Odd et Yumi y étaient entrés... Ils avaient tous du s'y mettre pour le convaincre...Elle, Jérémie, Franz, la famille Ishiyama... et c'est Hiroki qui avait finalement eu raison de lui et de sa volonté inébranlable...
Et elle, elle était restée dans la chambre, seule... elle s'installa près d'Odd comme elle le faisait depuis de nombreux jours, une main dans la sienne, elle posa l'autre sur son front et caressa le visage du blond dans un geste doux et attentionné. Lui parler...encore et encore... elle soupira... elle voulait qu'ils reviennent... vite...
-Odd..., commença-t-elle d'une voix faible.

un nom qui résonne... il lui fait lever la tête... il s'arrête et s'adosse à un arbre mort... il se laisse glisser au sol, essoufflé par sa course infernal et lève les yeux au ciel... un mot...non, un prénom résonne sans cesse...encore et encore... quelqu'un appelle quelqu'un...mais qui appelle qui ? ... a qui donc peut appartenir cette voix douce et angélique... cette voix qui fait naître en lui frisson et ... qu'est ce que cette sensation ? étrange...indéfinissable...complexe...mais si...apaisante...

-Et la fois où je t'ai traîné en ville tu t'en souviens ? il neigeait, tu avais passé une journée exécrable, tu avais travaillé tard dans la nuit pour une fois et tu avais encore des tas de devoirs... tu ne cessais de répéter que tu ne souhaitais qu'une seule chose, dormir pendant un demi-siècle au moins... Et je t'ai traîné en ville, tu m'as suivi et tu m'as trouvé le cadeau idéal pour Jérémie, le cadeau que je cherchais depuis des jours et des jours... un cadeau qui lui a plu en plus... et la fois où nous sommes parti tous ensemble pour deux semaines...tu t'en souviens de ça ? deux semaines rien que tout les cinq à la plage... je crois qu'un des moments qui m'a le plus plu, c'est lorsque à la piscine, tu as jeté Yumi à l'eau... je revois encore sa tête... et la tienne lorsque Ulrich s'est vengé ... puis nous avons mangé dans un... ah je mange toujours le nom... un fast...fast-food je crois... nous avons vécu tellement de chose tous les cinq... que serions-nous sans vous aujourd'hui ? Je n'ose même pas l'imaginer ça me fait bien trop peur...

la voix... lointaine... elle l'entend... elle court... elle n'a plus le droit à l'erreur... elle le sait... la fin sera définitive si cela venait à se reproduire... comment le sait-elle, elle ne s'est même pas posé la question... une parole dans sa tête...des mots dans son esprit... elle sait et cela suffit...







Chapitre XXI/ réveil et révélation

Il marchait, tête basse, les yeux fixés sur le béton gris, les mains au fond des poches, le pas traînant mais rapide. Une seule pensée envahissait son esprit, l'hôpital ! Il se pressait pour en finir au plus vite avec le proviseur et retourner aussitôt auprès de Yumi et Odd. Il pénétra enfin dans l'enceinte de Kadic et se dirigea sans plus attendre vers le bâtiment administratif qui abritait le bureau du proviseur Delmas. Des murmures naquirent à son passage mais il n'y prêta aucune attention, les yeux rivés sur son objectif. Seulement il fut bientôt obligé de s'arrêter car une jeune fille brune se mit soudainement en travers de son chemin.
-Oh Ulrich, j'étais si inquiète ! Tu as disparu depuis si longtemps ...
Elle le prit dans ses bras mais le brun n'eut aucune réaction. Au bout de quelques secondes, il se dégagea et hocha impatiemment la tête.
-Sisi, je n'ai pas le temps alors s'il te plait, laisse moi passer...
-Oh mais je voulais...
-laisse moi passer ! s'énerva Ulrich.
La jeune fille s'écarta, le visage crispé, et le regarda s'éloigner en refoulant ses larmes. Il atteignit enfin les doubles portes grises, les ouvrit et monta les escaliers d'un pas rapide et souple. Il trouva la secrétaire qui lui fit signe d'attendre un peu. Elle décrocha le téléphone pour l'annoncer puis hocha la tête en direction d'Ulrich qui passa la porte du bureau.

Il avait encore la main sur la poignée, la porte était totalement ouverte mais le samouraï demeurait figé sur le seuil, immobile, le regard fixe, les poings serrés, une expression de rage sur le visage...
-qu'est ce que tu fais là ? lâcha-t-il.
L'homme assis devant le bureau du proviseur se leva, lissant d'un geste machinal le revers de sa veste beige. Son allure d'homme d'affaire, ses cheveux bruns impeccablement bien coiffés, ses chaussures noires trop propres, sa cravate parfaitement nouée... il n'avait pas changé ...
-Eh bien Ulrich, c'est ainsi que tu salue ton père ? interrogea l'homme en fronçant les sourcils d'un air de reproche.
-Qu'est ce que tu fais là? Répéta Ulrich sans tenir compte de la remarque.
-Ulrich, commença le proviseur, votre père...
Mais Mr Stern lui fit signe de la main de se stopper et Mr Delmas se tut, observant le duel silencieux du père et du fils.
-Je suis juste venu parler, expliqua Mr Stern.
De là où il était, le proviseur eut l'impression que c'était l'engagement, le début d'un combat sans merci...
-Eh bien ce n'est pas le moment, répliqua Ulrich d'un ton hargneux.
-Si et tu le sais. Je suis au courant de tout, le proviseur m'a tout expliqué et je vais te dire une bonne chose Ulrich, ami ou pas, la semaine prochaine tu reprends les cours, je te rappelle que tu as le bac dans moins d'un mois.
-Mais je m'en balance, s'écria Ulrich avec colère.
-Non ça ne marche pas comme ça, fit Mr Stern en élevant légèrement la voix.
-Alors tu es encore venu régenter ma vie, c'est ça n'est ce pas ? sans nouvelle pendant des mois et des mois et un beau jour, Monsieur réapparaît en ordonnant... Il est temps que tu apprennes que la vie ne marche pas comme ça...
-Qui crois-tu être pour me donner des leçons de vie ? tu n'es qu'un gamin Ulrich et je fais ce qui est le mieux pour toi....
-Ben voyons, retombons donc dans le cliché type du sale gosse qui ne sait rien de la vie et qui pourra remercier son gentil papa de s'être occupé de lui...quelle générosité, ironisa Ulrich avec un sourire mauvais.
-Ne te fous pas de moi Ulrich, s'énerva son père en avançant d'un pas vers son fils. Mais il n'était plus le gamin d'autrefois avec qui il suffisait d'élever la voix pour gagner, non il avait grandi, changé, mûri...
-Alors arrête de le faire avec moi... ne fais plus irruption dans ma vie quand ça t'arrange pour me délaisser encore plus après... Je ne t'intéresse pas, je m'en suis fait une raison depuis longtemps et aujourd'hui, cela m'indiffère... alors n'essaie plus de me faire croire le contraire en faisant une apparition tous les 36 du mois...
-Je viens juste te prévenir...
-Préviens et va-t-en, lâcha Ulrich.
-Reviens en cours, travail et obtient ton bac, sinon tu sais ce qui t'attend...
-Je ferais comme je l'entends, ce que tu diras ou feras ne me touchera pas...
-Oh que si, corrigea son père avec un sourire au coin des lèvres. Tu ne crois quand même pas que je vais t'entretenir toute ta vie ?
-J'en ai bien conscience, affirma Ulrich, et je vais en profiter pour te dire que je refuse ta proposition de la dernière fois.
Le visage de Mr Stern se ferma et une flamme de colère apparut dans ses prunelles sombres.
-Ce n'était pas une proposition Ulrich et tu le sais...
-Je refuse tout de même !
-Oh ! Voyez-vous cela ... Et je suppose que tu as une bonne raison?
-Une que tu ne comprendrais pas..., osa Ulrich d'un ton franc et direct déclenchant le sourire de son père.
-Laisse moi deviner, elle ne s'appellerait pas Yumi Ishiyama cette raison ?
-qu'est ce que ça peut te faire comment elle s'appelle, ça ne te regarde pas, tu ne fais déjà plus partie de ma vie ...
-Oh que si et pour un petit bout de temps encore... Ishiyama ou pas, tu iras en Espagne l'année prochaine comme il a été prévu... Tu passeras tes quatre ans là-bas comme il se doit et laisse moi te préciser que, tu n'as évidemment pas le choix...
-on a toujours le choix, contredit Ulrich d'une voix où commencer à percer l'incertitude.
-Bien sûr, si tu préfère rester à la rue parce que je t'aurais coupé les vivres.... Libre à toi... Sur ce..., Mr Stern se tourna vers le proviseur, lui serra la main et se dirigea vers la porte sachant qu'il avait gagné... Il fit face à Ulrich au seuil de la porte et sourit d'un air mauvais... Je vous souhaite une bonne journée...
-Tu es un monstre, marmonna Ulrich entre ses dents.
-Je suis ton père, rectifia Mr Stern.
-Peut-être aux yeux de la loi mais pour moi, tu es le contraire de ce que le mot père veut dire...
Il s'écarta et regarda l'homme s'éloigner d'un pas élégant et aérien. Il tourna la tête en entendant le proviseur prononcer son prénom et il le coupa dans sa phrase sans aucune manière.
-Je retourne à l'hôpital.
Il s'élança aussitôt, dévala les escaliers, poussa violemment les portes qui frappèrent les murs dans un bruit sourd. Il traversa la cour en courant et s'engagea dans la rue à toute vitesse. Les larmes de rage perlaient à ses yeux et il les essuya d'un geste de colère. Tout était revenu en lui...doute, incertitude, frustration, colère, peine...Il s'immobilisa soudain, devant les portes de l'hôpital et il leva les yeux vers le bâtiment qui se dressait de toute sa hauteur, se distinguant des autres bâtisses proches par sa blancheur irréprochable.
Elle était là-haut, enfermée dans un monde de cauchemar, inaccessible... Il pénétra dans le bâtiment et appela l'ascenseur puis il enfonça les mains au fond de ses poches. Elle était l'inaccessible...maintenant qu'il la voulait, il ne pouvait plus l'avoir... Tout ça pourquoi ? pour la satisfaction d'un homme ... son père... Il voulait l'envoyer en formation, une formation de quatre ans, loin de tout ... Une formation pour apprendre à gérer un empire...son empire... mais il avait posé l'interdit ! Ulrich n'en avait pas été étonné, il le connaissait désormais... mais il ne pouvait le tolérer, l'accepter, le comprendre... Mais il n'avait pas eu le choix... ça ou la rue... Il savait que son père était capable de mettre sa menace à exécution, le priver de tout jusqu'à ce qu'il change d'avis... Il allait devoir accepter les règles, partir loin et ... couper tout les ponts, ne plus avoir aucun contact ... S'il n'acceptait pas ne serait-ce que cette règle, sa vie serait un enfer et il le savait. Mais sa vie sans elle pouvait-elle ressembler à autre chose qu'à l'enfer ?
Un son léger se fit entendre, l'ascenseur s'immobilisa et Ulrich parcourut les couloirs en direction de la chambre 303 dont il connaissait l'emplacement par cœur. La porte s'ouvrit et la voix qui lui parvenait depuis le couloir se tut soudainement. Il pénétra dans la pièce et aperçut le visage anxieux d'Aelita tourné vers lui.
-Comment vont-ils? Interrogea-t-il d'une voix basse.
-toujours pareil, aucun changement, répondit simplement Aelita en se tournant à nouveau vers Odd. Qu'as dit le proviseur ?
Ulrich soupira, traversa la chambre en silence et s'installa tout près de Yumi. Il lui prit la main et la serra dans la sienne. Elle était froide mais crispée... Ses épaules s'affaissèrent et il se tourna à demi vers Aelita sans lâcher la main de la japonaise.
-Il y avait mon père...
-Ton père ? répéta Aelita.
-Oui. Il est venu m'ordonner de reprendre les cours... Tu sais Aelita... Ulrich inspira profondément, finit par froncer les sourcils et il fit un geste agacé de la main. Autant tout te dire maintenant... je suppose que tu auras remarqué que Yumi et moi ces derniers temps...on ne se parlait plus trop...
-C'est un euphémisme Ulrich. Elle était au bord du gouffre et toi aussi par la même occasion, rectifia Aelita en fronçant les sourcils. Ulrich soupira et s'appuya au dossier de sa chaise, les yeux fixés au sol et le visage las et découragé.
-Tu as raison, murmura-t-il. Et pour tout te dire c'est entièrement de ma faute...
-Ta faute ? répéta Aelita.
-Tu te souviens le soir où j'ai rattrapé Yumi sous l'orage... C'est là que tout s'est passé...
-Que lui as-tu dis ?
-Que tout était fini...
-Quoi ?? Aelita se leva d'un bond de sa chaise, trop surprise pour réaliser ce qu'elle faisait.
-J'ai même rajouté que après le bac, je ne voulais plus avoir aucun contact avec elle, qu'on n'était plus ami...
-Mais... Aelita en avait le souffle coupé, elle ne parvenait même plus à trouver ses mots... l'ébahissement se lisait sur son visage et en elle, une guerre se jouait... la colère, la surprise, la tristesse... le pourquoi... Mais ...Ulrich... Bon Dieu mais je peux savoir ce qui t'as pris ? hurla-t-elle soudain.

Une voix... Là... comment aurait-il pu ne pas l'entendre... Il fit demi-tour... vers lui... lui qui lui faisait si peur... Mais la voix... elle était là-bas...

-Tu as toutes les bonnes raisons de te mettre en colère mais s'il te plait, je te demande seulement de m'écouter ...
Les yeux suppliants qu'il leva vers elle la surprirent encore davantage, elle se laissa tomber sur la chaise et hocha doucement la tête sans décrocher son regard du brun qui arborait un air déprimé. Sans s'en rendre compte, sa main se serra davantage sur celle de Odd...
-Il y a quelques mois, mon père est venu me voir..., commença Ulrich. Je ne sais pas si tu le sais mais il dirige une grande entreprise... je ne saurais pas te dire ce qu'il y fait et à vrai dire, ça ne m'intéresse pas.... Pour être franc, je m'en fous totalement. Seulement voilà lui, il ne s'en fout pas. Et il a décidé que je lui succéderais... Il est venu m'annoncer ça en janvier dernier... Sur le coup je n'ai pas pu y croire, il donnait même l'impression qu'il s'intéressait à moi et j'ai eu la sensation... oui pendant un instant j'ai eu le sentiment d'exister ...d'avoir une petite place dans son univers... mais j'ais très vite déchanté... Il a posé ses conditions et j'ai compris...
-conditions ? répéta Aelita.
-Plus aucun contact avec ... comment il a dit déjà ? ah ça me revient... Ma bande de bon à rien... aucun contact à vie...et ça c'est seulement la première...
-Et... tu as accepté ? s'étonna Aelita.
-Bien entendu que non, s'écria vivement Ulrich. Tu pense bien que ma première réaction a été de dire non. Seulement voilà, il a tous les pouvoirs et il le sait. Je l'entends encore . Non ? tu es sûr de vouloir dire non ? évidemment que j'étais sûr, rien que sa première condition aurait fait de ma vie un enfer... Et là il a parlé de conséquences ...
-quelles conséquences ? demanda Aelita voyant qu'il s'interrompait.
-Il m'envoie quatre en Espagne pour me former et j'accepte toutes ses règles sans exception sinon je ... il... il me coupe totalement les vivres et dans ce cas là, je serais vite à la rue... qui voudrait d'un gamin qui n'a que le bac ? aucune expérience... qui voudrait de moi... et il... il en est vraiment capable. Il sait que pour rien au monde je ne ferais cette formation si cela doit m'éloigner de vous, de Paris mais il sait aussi que je ne tiendrais pas sans son argent... Il fait ça pour le plaisir de m'humilier... Il veut me voir ramper à ces pieds...
-Mais...mais c'est un monstre ...
-Malheureusement c'est aussi mon père...
-Je ne l'imaginais pas ainsi... te mettre à la rue quand même...
-Personne ne le voit de cette manière... Et il s'arrangerait pour... tu sais quand je dis à la rue, ce n'est pas non plus... Il ne me laissera pas en mourir mais il va me faire voir la misère de près... de très près...
-C'est pour ça que ...
-C'est pour ça que j'ai dis cela à Yumi... Parce que j'allais partir et je ne voulais pas qu'elle en souffre, je ne voulais pas qu'elle espère...
-Alors tu l'aime vraiment ?
Ulrich resta silencieux et ses yeux se baissèrent. Un sourire naquit au coin des lèvres d'Aelita et elle reprit d'une voix plus douce, commençant à saisir le problème :
-que vas-tu faire désormais ? continuer ?
-Non, s'exclama Ulrich en plongeant ses yeux dans les siens. Non je... Je me suis rendu compte au cours de ces derniers temps que...que je serais incapable de me passer d'elle... Aelita elle est...
-Je sais, murmura celle-ci, ne t'en fais pas elle va s'en sortir... et toi aussi.

les voix...en allant vers lui... oui c'est... elles se rapprochent... comment ne l'a-t-il pas vu avant... Il faut qu'il ... non...ne plus avoir peur... et si tout finissait en trouvant l'origine des voix ?

-Je vous ai rapporté de quoi manger.
Jérémie referma la porte derrière lui et déposa les sandwich sur la petit table qui se trouvait face aux lits ainsi que trois cannettes puis il s'installa sur la troisième chaise entre Ulrich et Aelita qui prirent un sandwich sans grande conviction.
Aelita avait rapporté sa conversation avec Ulrich à Jérémie et celui-ci s'était contenté de hocher la tête avant d'affirmer que c'est ensemble qu'ils pourraient trouver une solution. Et l'après-midi s'était écoulé, calme et sans changement...
-Tu as eu une idée Jérémie ? interrogea Aelita plus pour briser le silence que pour avoir la confirmation de sa pensée.
-Pas vraiment..., avoua le blond avant de croquer à nouveau dans son jambon/fromage. J'ai été à l'usine étudier un peu plus ses cauchemars et je n'ai pas vraiment réfléchi...désolé Ulrich.
-Ce n'est rien, ne t'en fais pas. Tu as trouvé quelque chose au moins ?
-pas grand-chose d'intéressant si tu veux tout savoir mais...
Aelita et Ulrich fixèrent Jérémie qui venait de s'interrompre dans sa phrase sans raison aucune. Il gardait désormais le regard accroché à quelque chose derrière Aelita et Ulrich. Ils se tournèrent et les yeux d'Aelita s'agrandirent sous le choc...
-Il émerge...
qu'entendait Jérémie par-là ? ils l'ignoraient totalement, lui comme Aelita mais il se précipita vers le lit d'Odd dont les doigts bougeaient doucement...
-Odd ! appela Aelita en saisissant sa main.
-Parlez lui ! lâcha Jérémie dans un souffle, le visage soudainement très pâle.
-Odd c'est Aelita. Odd c'est nous on est tous là ! Odd est-ce que tu m'entends ? Odd allez c'est bien, tu as assez dormi maintenant, il faut que tu te réveille...
Les larmes coulaient sans retenue sur ses joues... Elle disait tout et n'importe quoi, tout ce qui lui passait par la tête et elle continuait car elle avait la nette impression que plus elle parlait et plus Odd bougeait...
-Odd...
-Ulrich, appelle un médecin... demanda Jérémie sans parvenir à bouger d'un pouce.
Le brun se précipita et revint à peine une minute plus tard avec un homme en blouse blanche qui observa son patient avec attention.
Les paupières du blond frémirent, un gémissement s'échappa de sa gorge et soudain sa main se crispa sur celle d'Aelita qui cria son nom avec angoisse. Son visage prit une expression de souffrance, il hurla et son cri résonna dans la pièce vide et blanche. Son corps se tordit sous les draps, il hurla de nouveau puis plus rien... Il avait retrouvé son immobilité d'auparavant...
Le médecin secoua la tête de gauche à droite en sortant de la pièce. Aelita porta sa main à sa bouche, les lèvres pincées et elle réprima un sanglot... Jérémie passa un bras autour de ses épaules et lui caressa le dos dans l'espoir de la consoler un peu. Ulrich soupira et s'empara de la main de son ami dans un geste doux mais las.
-Odd, il est temps que tu reviennes...
-Odd, il faut que tu nous reviennes..., murmura Jérémie d'une voix basse et sourde.
-Tu nous manque...laissa échapper Aelita dans un sanglot.
Les paupières du blond frémirent de nouveau et Ulrich sentit ses doigts bouger à l'intérieur de sa paume. Sans trop d'espoir après la scène précédente, il posa son regard sur son visage et ce fut comme un feu d'artifice à l'intérieur de lui car à ce moment là, Odd ouvrit les yeux...








Chapitre XXII/ fin du cauchemar...

Il dormait... Oui il dormait tout simplement... plus de coma... plus de cauchemar... plus de voix... plus de monstres... plus rien sauf un sommeil paisible...
Aelita entra dans la pièce le plus silencieusement possible et se réinstalla sur sa chaise entre Jérémie et Ulrich qui discutaient à voix basse. Le brun se tourna vers lui, une question dans les yeux et elle sourit faiblement.
-Ses parents sont prévenus, murmura-t-elle. Et sa seconde sœur est arrivée du Portugal il y a deux heures. Elle va venir avec ses parents...
-Ils doivent être heureux...sourit Ulrich.
-Plus qu'il n'est possible de l'être..., avoua Aelita. Sa mère pleurait au téléphone...elle était tellement soulagée...
Un gémissement attira soudain leur attention et ils se levèrent aussitôt pour entourer le lit d'Odd qui ouvrait doucement les yeux.
-Eh salut les gars, lâcha-t-il avec un sourire très faible et une voix rauque qui n'avait plus l'habitude d'être utilisée...
-Salut Champion, murmura Jérémie. Tu pourras te vanter de nous avoir fait sacrément peur...
-J'ai réussi ça moi ? tenta de plaisanter Odd avant d'être pris d'une quinte de toux.
Aelita saisit le verre d'eau préparé à son intention sur la table de chevet et passa une main sous sa nuque pour l'aider à en boire quelques gorgées.
-merci. Alors comme ça j'ai dormi longtemps... vous n'avez pas réussi à me réveiller ?
- Ça fait deux semaines Odd, avoua Ulrich d'une voix sourde.
-Oh...
Odd se tut, imaginant l'inquiétude et l'angoisse qui avaient du les tenailler ces derniers temps puis il sourit faiblement.
-Maintenant je suis réveillé et après un telle sieste, vous allez avoir du mal à me supporter tellement je serais en forme...
Mais sa tentative d'humour ne fit pas rire... il obtint quelques sourires peu convaincant et haussa imperceptiblement les épaules avant de réclamer à nouveau le verre d'eau. Lorsque sa gorge en feu se fut quelque peu calmée, il se tourna vers Jérémie :
-Mais qu'est ce qui m'est arrivé ?
-tu ne te souviens pas ? s'étonna le blond.
-Vaguement... Je me rappelle de Lyoko, le combat le reste est un peu flou, j'ai vu Yumi perdre ses derniers points de vie puis un loup et ensuite... ensuite le reste est très... incohérent...
-Odd ... Jérémie passa sa main dans ses cheveux et adressa un sourire crispé à son ami qui le fixait, attendant sa réponse. Mais comment lui dire ? comment lui faire comprendre qu'il était mort et ne devait sa survie qu'à un corps refait... comment lui faire savoir que ses cauchemars n'étaient dû qu'à Xana et que toute cette incohérence n'avait été qu'un énième piège du virus...
-C'était Xana, finit par dire Aelita d'une voix ferme. Il vous a piégé mais tu as réussi à t'en sortir ! affirma-t-elle avec un sourire convaincant s'attirant les regards surpris d'Ulrich et Jérémie.
-Et maintenant où est...
-Il est mort, interrompit Aelita. On a réussi à sortir de mon père de Lyoko et ça l'a tué comme prévu.
-Vraiment ? et où est ton père ?
-Là il doit être au commissariat, il règle certains détails... cela fait quand même plusieurs années qu'il a disparut de la surface de la terre, répondit Jérémie.
-Donc tout est bien qui finit bien, sourit Odd mais à la vue des visages défaits de ses amis, son sourire s'effaça. Son regard les dévisagea les uns après les autres et son expression se durcit, remarquant qu'il manquait quelqu'un... il se fit plus renfermé, plus distant...
-Et... Yumi, où est-elle ?
Ulrich fit un pas sur le côté, révélant alors la présence du second lit à son ami. Celui-ci fixa la japonaise totalement immobile sous les draps blancs sans rien dire... Son regard descendit le long du lit, se posa sur les moniteur, la perfusion puis le visage pâle et amaigri de son amie...
-qu'est ce qu'elle a ? lâcha-t-il finalement d'une voix qui n'était pas la sienne.
-La même chose que toi, répondit Ulrich à voix basse.
-Odd...appela Jérémie sans succès. Son ami gardait les yeux rivés sur Yumi, il semblait incapable de détacher son regard d'elle. Odd, il faut que tu... que tu nous dises ce que tu as vu ! que tu te rappelles comment tu t'en es sorti...
Le silence s'installa dans la pièce et Aelita soupira avant de le briser.
-Il faut que l'on sache Odd, on peut peut-être l'aider grâce à tes souvenirs...
Lentement, très lentement, Odd tourna la tête vers elle et plongea son regard dans le sien. Ses yeux étaient brouillés par des larmes, son visage était aussi blanc que les draps qui recouvraient son corps amaigri et ses mains étaient serrées l'une contre l'autre au point que ses jointures en étaient plus pâles qu'à l'ordinaire... Il mordillait sa lèvre inférieur d'un geste anxieux et au fond de ses prunelles, on devinait la peur...
-C'est... c'est horrible... et c'est encore un trop faible mot pour le décrire, lâcha Odd la gorge nouée par une angoisse indescriptible. Là-bas il n'y a rien...rien à part la peur... on ne peut que courir...courir et prier pour qu'ils ne nous rattrapent pas...
-qui ça "ils"? interrogea Ulrich d'un voix douce.
-Ils, eux, les autres... ils n'ont pas de noms... ils sont et c'est tout... là-bas il y a eux et toi... eux et c'est tout...
-Mais qui sont-ils? Insista Ulrich.
-Personne et tout le monde... ils sont et ça suffit... et rien ne peut les changer... rien ne peut les tuer...
-Odd ce que tu dis n'a pas de sens, remarqua Jérémie d'un ton calme et patient.
-Rien n'a de sens... là-bas c'est là-bas, c'est l'enfer, c'est l'incohérence et l'impossible... c'est à la fois le tout et le rien...
Ses yeux étaient embrumés... Il semblait soudain bien loin d'eux, ailleurs, autre part, là-bas... Et il parlait d'une voix profonde, lointaine, distante, absente... d'une voix effrayante, une voix qui n'était pas la sienne... une voix qui énonçait des paroles sans sens et pourtant si réelles et angoissantes... l'incohérence dont il faisait preuve faisait paraître son cauchemar plus vrai encore et plus... beaucoup plus ...
-peur... rien d'autre... il fronça soudain les sourcils... oui, je me souviens... j'avais toujours peur... j'étais effrayé... je courrais... je ...je ne voulais pas qu'ils me rattrapent car je savais que s'ils le faisaient...s'ils le faisaient ce serait la fin... Mais tout recommençait...encore et encore... eux, moi, le vide... et j'avais beau courir...
-Odd, appela soudain Aelita, complètement effrayée.
Il tourna vers elle un regard vide et éteint, elle porta la main à ses lèvres et recula d'un pas, le lâchant, ne pouvant supporter cette expression perdue...
-Comment t'en es tu sorti ? demanda soudain Ulrich. réponds moi !
-Il y avait ... oui à un moment le vide s'est rempli... Il y avait des voix... des voix qui parlaient... d'où elles venaient... j'aurais aimé le savoir... elles m'ont guidé... elles m'ont rappelé que j'avais un nom... j'ignorais ce qu'était un nom mais je savais que j'en avais un... et elles m'ont appelé à elles... elles m'ont fait... je ne sais ce qu'elles m'ont fait mais j'ai ressenti... quelque chose de différent... elles m'ont soufflé des vérités, des faits, des choses que j'avais oubliées... elles m'ont fait voir que ce tout était impossible... elles m'ont aidé à vaincre ma peur...
-Je le savais, déclara Jérémie voyant qu'Odd se taisait et que ses paupières se faisaient lourdes.
-quoi ? qu'est ce que tu savais ? demanda Ulrich en reposant la main d'Odd qui se rendormait sans avertissement aucun, comme si se souvenir lui avait demandé toutes ses forces...
-Ils nous entendent. Ils nous entendent et tout ce qu'on dit s'infiltre dans leur esprit. Ils finissent par y croire... Xana les as obligé à croire que le cauchemar était le vrai mais si tu leur souffle le fait que l'incohérence est possible, que la peur n'existe pas sans d'autres sentiments comme la joie ou n'importe quoi d'autre, ils l'enregistrent comme étant une vérité dont ils ne peuvent douter... Si je venais à dire tout sera fini si tu te fais attraper, ils vont retenir que c'est la mort s'ils venaient à se faire avoir... Ils ne vont pas chercher à savoir d'où vient l'information, ils savent et ça suffit...
-Mais... d'où tu ...
-J'ai étudié cet après-midi, j'ai repéré quelques infos dans la base de données de Xana mais je ne les avais pas comprise seulement...
-Odd a tout éclairé, n'est ce pas ? murmura Ulrich et Jérémie hocha simplement la tête en signe d'affirmation.

une nouvelle est venue s'ajouter aux autres... elle l'a à peine entendue...mais depuis... elle commence à se poser des questions... un bruit... il la rattrape... elle accélère en soufflant bruyamment... son esprit fonctionne à toute vitesse... il est proche et elle panique... mais...qu'est ce qu'un nom ? ...

-bonjour.
-bonjour Hiroki, murmura Aelita tandis que le petit garçon pénétrait dans la pièce.
Il se dirigea vers le lit de sa sœur sans un mot ni un regard pour personne, s'assit sur la chaise proche et saisit sa main toujours dans le plus lourd des silences. Aelita se leva sans avertissement, se dirigea vers la porte d'u pas ferme et Ulrich devina tout de suite où elle allait... Elle lui avait avoué que voir Hiroki auprès de sa sœur dans un tel état lui déchirait le cœur et elle se rendait sans aucun doute auprès de Jérémie qui était parti étudié encore plus profondément ce cauchemar...
Une petite voix le tira soudain de sa transe et il reposa le verre d'eau qu'il tenait à la main depuis dix bonnes minutes, plus occupé à contempler les cercles qui se formaient sans cesse à la surface de l'eau qu'à le boire... Il tourna la tête vers le jeune japonais qui fixait le visage pâle de Yumi d'un air angoissé.
-Ulrich, appela à nouveau celui-ci.
-mmm ?
-qu'est ce que tu lui as fait ?
L'accusation faite d'une voix où seule la souffrance se faisait entendre frappa Ulrich de plein fouet... Il s'appuya au dossier de sa chaise en contemplant Hiroki d'un air blessé.
-Je n'ai rien fait, finit-il par murmurer...
-Menteur !!! Hurla aussitôt Hiroki en levant vers lui un regard furieux et plein de larme. Tu n'es qu'un menteur, gémit-il.
-qu'est ce qui te fais croire que j'ai fait quelque chose ? interrogea le brun d'un ton froid.
-Tu ...tu es le seul qui la rende ainsi..., articula le japonais avec peine.
-comment ? je la rends comment Hiroki ? insista Ulrich, ne comprenant plus rien.
-incapable de manger... tu la rends muette et sourde au reste du monde... tu la rends si triste que dans mon cœur je... je... si malheureuse qu'elle ne voit plus rien... tu la rends aveugle aux autres...tu es capable de lui faire pleurer toutes les larmes de son corps ... tu la rends faible... tu la réduis à l'état d'un automate qui fais les choses machinalement sans prêter la moindre attention au monde extérieur... Même la pluie, la neige ou le vent ne lui font plus rien... tu la fais s'en aller...à cause de toi, elle est ailleurs, loin... Il n'y a que toi qui est capable de ça... Alors que lui as-tu fais ? réponds-moi !
Les yeux d'Hiroki dans les siens, Ulrich se sentit chamboulé...La détresse du petit garçon et sa détermination à savoir pour, sans aucun doute, protéger sa grande sœur étaient déstabilisantes à voir... Que pouvait-il donc lui répondre ? lui dire ou expliquer ? comment pourrait-il comprendre ? que dirait-il du pourquoi ? ... Et là, sous le regard déterminé du petit garçon, Ulrich se sentit tout à coup bien stupide...

que dit-elle ? ... il arrive... Elle doit se remettre à courir et vite... mais...elle est bien trop absorbée... des informations...dans son esprit...de nouvelles vérités... d'où viennent-elles ? le bruit se rapproche toujours plus... pourtant elle demeure immobile... encore une nouvelle...puis une autre...il arrive...

-réponds-moi, répéta Hiroki.
-quelque chose que je regrette déjà, finit par soupirer Ulrich en serrant les poings.
La porte de la chambre s'ouvrit soudain, laissant entrer Jérémie et Aelita, main dans la main... Odd battit soudain des paupières, réveillé par la présence de tant de personne autour de lui... Jérémie se dirigea immédiatement vers lui tandis qu'Aelita s'approchait d'Ulrich qui soupirait au fond de lui, soulagé par l'arrêt impromptu mais souhaité de l'interrogatoire...
-qu'est ce qui se passe ? demanda-t-il à son amie.
-Jérémie a trouvé quelque chose... il tient à le vérifier auprès d'Odd...
-Pour Yumi ? espéra Ulrich.
-Si on peut encore l'aider, oui...
-pourquoi ne pourrait-on plus ?
-d'après Jérémie, elle s'enfonce un peu plus à chaque minute qui passe ...
-quoi ?? paniqua Ulrich. Mais comment ça se fait ??
-selon ce qu'il a trouvé, Jérémie dit que ce serait sans doute parce qu'elle ...
-Aelita, coupa Jérémie.
Ils s'approchèrent aussitôt et Odd tenta un faible sourire.
-Alors ça s'est passé comme ça ou pas ?
-Je... Je ne me rappelle pas vraiment Jérémie...
-Odd ! s'impatienta Jérémie. Il faut que tu te souviennes... si l'on ne sait pas comment tu as fait, Yumi ne s'en sortira pas... elle n'est pas capable de lutter seule...
-Pourquoi ? je l'ai bien été moi ...
-Toi, tu n'as pas été transpercé par le sabre de Xana... elle est encore plus ancrée que toi... Xana lui a directement implanté le virus... seule elle n'y arrivera pas ...
-Oh mais je..., Odd s'interrompit, jouant nerveusement avec ses mains, ses paupières se plissèrent puis il sembla faire un effort surhumain... il faut...c'est... l'origine... voilà c'est ça !
-l'origine, répéta Ulrich.
-oui...celle des voix...
-Comment? Demanda Jérémie.
A cette question, Odd blêmit et plongea ses yeux dans ceux de son ami qui fronça les sourcils, inquiet...
-le... le monstre...l'ombre... lui... il faut qu'elle... qu'elle passe à travers...
-à travers ?
-Je ne sais comment vous expliquer... Il faut juste qu'elle cesse de le fuir...
-mais cette ombre...qui est-elle ? demanda Aelita.
Un silence plana sur le petit groupe qui avait totalement oublié l'espace d'un instant, la présence d'un petit garçon près du lit de sa sœur et qui ne perdait pas une miette de la conversation... Un murmure faible brisa le silence quelques secondes pour en laisser planer plus lourd et plus oppressant la seconde d'après...
-C'est sa plus grande peur...








chapitre XXIII/ peur, vérité et sentiments ...

il approche... encore et toujours... tirée de son questionnement elle se remet à courir... et pourtant...pourtant dans son esprit... une nouvelle vérité... comment son existence est-elle possible ? ...Comment peut-il être? ...

-Sa plus grande peur..., bredouilla Aelita. Mais... Mais qu'est ce que c'est...
-ça..., commença Odd en fixant son regard sur la japonaise, il n'y a qu'elle qui le sait...
Totalement immobile, la main dans celle de sa sœur, Hiroki contempla les autres revenir à la réalité peu à peu pour s'apercevoir de sa présence. Odd sourit faiblement en le remarquant puis il réclama le verre d'eau à Aelita qui le saisit aussitôt.... Le silence pesant qui régnait dans la pièce était oppressant et angoissant. Jérémie fixait Hiroki comme s'il le voyait pour la première fois. Il finit par secouer la tête et remonta ses lunettes sur le bout de son nez d'un geste machinal. Haussant les épaules, il se dirigea vers la petite table qui ornait l'autre mur de la pièce et s'empara de la canette de jus d'orange qu'il avait laissé traîner là. Mais aussi fort que soit l'espoir du jeune blond, il fut vain ... Le silence fut brisé et il s'immobilisa soudain dans son geste, la canette à cinq centimètres de la surface grise de la petite table.
-Qui est Xana?
Alors lentement, Jérémie se tourna, faisant demi-tour et plongeant son regard dans celui du petit japonais qui arborait un air déterminé... un air familier... le même que Yumi quand elle cherchait à savoir...celui qui leur faisait comprendre qu'elle n'abandonnerait pas avant d'avoir sa réponse... Pensif, il observa cet air familier et connu... des souvenirs remontèrent à la surface et ses épaules s'affaissèrent soudain, une expression lasse envahit son visage et il détourna son regard d'Hiroki pour le poser sur le paysage dehors, qu'on apercevait depuis la fenêtre. Il s'en approcha, croisa les mains dans son dos et le silence fut rompu par la même question, posée sur le même ton... Jérémie soupira et se décida...
-Xana est un programme dangereux et maléfique. Plus qu'un programme, c'est même un virus qui contrôle l'énergie électrique. Il habite un engin appelé supercalculateur, machine qui abrite un monde virtuel constitué de cinq territoires. Il peut, grâce à ce monde, interagir avec le notre par l'intermédiaire de ce que nous appelons des tours. Nous avons contré chacune de ses attaques grâce à Aelita qui est la seule à pouvoir les désactiver ensuite...
-Jérémie..., interrompit Aelita dans un souffle.
Le blond se tourna vers elle et avec un regard las, il murmura :
-tout est fini désormais, il a entendu alors à quoi bon lui cacher ça ? de plus, c'est sa sœur Aelita... Il est assez grand pour comprendre...et j'estime qu'il a le droit de savoir... Pas toi ?
Aelita demeura silencieuse, fixant Jérémie dans les yeux puis, lentement, elle finit par se détourner pour poser son regard sur Hiroki. Le jeune japonais la contempla gravement et Aelita eut un sursaut. Cet air...toujours lui... familier... Et elle comprit... Jérémie avait cédé parce qu'il l'avait reconnu...c'était son frère, ils n'étaient pas si différent... Yumi était têtue et Hiroki semblait avoir la même volonté qu'elle...
-Jérémie dit vrai, lâcha-t-elle soudain. J'ai vécu sur ce monde virtuel un certain nombre d'années et ce sont Jérémie, Ulrich, Odd et ta sœur qui m'ont aidé...
Durant l'heure qui suivie, toute l'histoire fut relatée au petit japonais qui écouta sans faire aucun commentaire et lorsque le récit s'acheva, il ne mit aucunement les faits en doute, il les crut... sans hésitation, il leur posa des questions pertinentes sur Xana, ses origines, ses pouvoirs et plus étonnant pour eux, Hiroki finit par marmonner que sa sœur aurait du lui en parler, il aurait pu ainsi l'aider et elle ne serait pas dans cet état à l'heure actuelle...

Il est juste derrière ... tout près... elle sent sa présence constante... elle court toujours... encore plus vite... plus loin ... mais dans son esprit, des mots s'infiltrent... elle n'a plus aucun contrôle... Ils s'immiscent dans sa tête et elle ne les comprend même pas... que disent-ils ? tout va trop vite... il y'en a trop... ils s'insèrent dans son esprit et elle ne peut pas les en empêcher... et les réponses, quand viendront-elle ?... c'est alors que petit à petit tout s'éclaire... Elle s'arrête brutalement et se tourne vers lui... elle lui fait face et ferme les yeux, elle ne peut supporter sa vue... pourtant ses lèvres bougent... si un son en sortait on pourrait déchiffrer un mot ... une mot inattendu et pourtant ... si précieux... un mot qu'elle ne connaissait pas il y a à peine cinq secondes et qui maintenant prenait tout son sens... amour...

Aelita s'était endormi sur la chaise, recouverte du pull de Jérémie qui l'avait placé avec tendresse avant de placer sa chaise près d'Ulrich. Hiroki somnolait, la tête sur le lit de sa sœur. Il avait refusé de rentrer chez lui ce soir là, préférant rester là avec eux, au cas où il se passerait quelque chose... Ulrich et Jérémie assit face à face, de chaque côté de la table, observaient le plus profond des silences. Le brun faisait tournoyer le liquide restant en faisant faire des cercles dans les airs à sa canette. Jérémie le contemplait sans vraiment le voir. Dans son esprit défilaient toutes les possibilités envisagées pendant ses recherches la journée précédente mais il avait du mal à tout ordonner. Les paroles d'Odd avaient tout chamboulé... sa plus grande peur ... mais qu'était-ce ? et comment lui faire savoir qu'il fallait qu'elle passe au travers ?
-Ulrich ? appela finalement Jérémie tirant le brun de ses songes.
-mmm ? fit celui-ci en cessant son geste et relevant les yeux vers son ami.
-Toi qui la connais bien, peut-être mieux que n'importe lequel d'entre nous, as-tu une idée de ce que pourrait être sa plus grande peur ?
Ulrich posa sa canette avec un profond soupir et il pivota sur sa chaise, s'appuyant dos au mur et posant son regard sur la japonaise immobile.
-J'aimerais le savoir Jérem' mais je t'avoue que j'ai beau chercher... je n'en ai pas la moindre idée...
-Si nous le savions, nous pourrions la sortir de là...
-Il n'y a peut-être pas besoin de le savoir, souffla Ulrich après un long silence en se levant.
Le samouraï se dirigea vers le lit sous le regard intrigué de Jérémie qui finit par le suivre. Il le regarda saisir la main de la japonaise, réveillant Hiroki qui ne posa aucune question et se contenta de le contempler.
-Jérémie, tu as bien dit que tout ce que l'on disait s'insérait dans leur esprit ? interrogea finalement Ulrich.
-Peut-être pas tout mais ils en gardent le plus important, ils croient aux vérités qu'on leur impose, pourquoi ?
-Je vais essayer quelque chose..., murmura Ulrich en saisissant la chaise non loin et s'y installant.
Amenant la main de Yumi près de ses lèvres, il y déposa un simple baiser puis porta la main sur son front, le caressant d'un geste tendre puis il glissa ses doigt dans ses cheveux et ferma les yeux. Jérémie comprit alors et fit signe à Hiroki qui se leva avant de suivre le blondinet hors de la chambre. Ulrich remercia silencieusement Jérémie avant de rouvrir les yeux et de poser son regard sur le visage de Yumi.
-Il te faut des vérités alors je vais t'en donner Yumi... Car oui tu t'appelle Yumi, précisa-t-il ayant en tête toutes les paroles entendues de la bouche d'Odd. Toutes les données du cauchemar à l'esprit, il parla d'une voix calme et sûre. C'est ton nom, Yumi Ishiyama, tu es d'origine japonaise et tu as une famille qui t'aime, un frère, une mère et un père. Tous ils t'aiment et espèrent que tu vas te réveiller... Mais qu'est ce qu'aimer me diras-tu ? aimer c'est impossible à définir mais c'est tellement...beau... on n'aime pas forcément d'amour, il y a toutes sortes de façon d'aimer... certaines portent des noms précis telle que l'amitié... tu te souviens de ce sentiment ? tu l'as ressenti ... et d'autre le ressente pour toi... l'amitié... la bande, les autres, nous... Aelita, Odd et Jérémie... il y'a aussi l'amour de la famille, celui qui fait que ton petit frère est là tous les jours à attendre que tu réveille, celui qui fait que tes parents, même épuisé, viennent te voir après leur travail... et il y a aussi... aussi l'amour... l'amour qui blesse quand il n'est pas réciproque, celui qui fait que tout est merveilleux quand on partage les instants avec l'être qui ressent des sentiments identiques... il donne l'impression de pouvoir voler grâce à un simple sourire... Tu connais tout ça Yumi... Tu dois juste te rappeler maintenant... Juste te souvenir que tu as vécu toutes ces choses... Xana a tenté de te les ôter mais on ne peut enlever ces sentiments si précieux à un être... Tu dois les retrouver... Il se pencha et murmura alors au creux de son oreille d'une voix douce. Oublie la peur Yumi, elle n'est rien, elle n'existe plus, voit les autres ... pense avec ton cœur, oublie ta peur et reviens vers nous... fais-lui face, affronte la et tout ira bien... tu verras tout ira bien, tout ne peut qu'aller bien parce que je t'aime...
Il se redressa avec un soupir et contempla son visage qui demeurait le même, endormi, calme et serein. Il se retourna et remarqua alors le regard encore endormi d'Aelita posé sur lui. Elle n'avait pas bougé, elle était toujours dans la même position, le dos appuyé sur le dossier, les pieds ramenés sur la chaise et ses bras enroulé autour de ses jambes et recouverte par le pull bleu de Jérémie. Le menton posé sur ses genoux, elle contemplait Ulrich avec un petit sourire qui amusa le jeune homme.
-Tu as tout entendu, je suppose ?
-Probablement..., lâcha Aelita mystérieuse, une étincelle de malice dans ses prunelles émeraudes.
-As-tu appris des choses intéressantes ?
-Rien que je ne savais déjà malheureusement, répondit Aelita en se levant doucement et étirant ses membres engourdis.
Ulrich sourit et se tourna vers Yumi qui n'avait pas eu le moindre signe permettant d'affirmer qu'elle avait entendu ou compris...
-J'aurais aimé que ça suffise... ça n'a rien changé...
-Elle se réveillera, rassura Aelita en s'approchant puis elle posa la main sur son épaule avec un sourire apaisant.
-J'espère...
- retrouvons Jérémie et Hiroki, ils doivent être à la cafétéria de l'hôpital pour des sandwichs... Il est quand même 13h45 et tu n'as pas mangé ce matin...
-Toi non plus, rappela Ulrich.
-Ce qui nous fait une double raison de descendre à la cafete..., sourit Aelita en l'entraînant hors de la chambre.

des mots encore des mots... Elle commence à comprendre...à croire... Il est déjà là...face à elle...elle le sens... mais quelque chose s'est immiscer en elle... des mots se sont enroulé autour de son cœur et elle eut l'impression de sentir une brise fraîche souffler sur son visage, soulevant ses cheveux avec délice... Ils sont là, enchaîné... le murmura dans le vent... Oublie la peur Yumi, elle n'est rien... pense avec ton cœur... elle a un cœur ... et là, elle comprit... elle entrevit la vérité... d'un air déterminé, elle ouvrit les yeux et la vit enfin ...

Dans la chambre vide où seul restait Odd endormi et Yumi inconsciente, l'un des moniteur s'affola soudain...









Chapitre XXIV/ quand on ouvre les yeux sur la réalité...


Elle la voit, devant elle... Elle a ouvert les yeux mais tout est différent... elle voit... elle voit mais différemment... Dans son esprit, les derniers mots s'immiscent et elle sursaute... Devant elle, elle approche... Mais elle comprend tout... cette incohérence... c'est la fin de son errance... mais elle ignore encore comment elle se terminera ?... Ses yeux remontent le long de la silhouette qui lui fait face et elle inspire profondément pour calmer les battements de son cœur qui résonnent maintenant dans son esprit... Il n'était plus là, il ne battait plus...Pourtant...pourtant elle l'entend à nouveau... la vie semble être revenue en elle... la réalité parait se faufiler dans ce cauchemar sans fin... Elle s'appelle Yumi Ishiyama et elle a enfin réouvert les yeux... l'horreur de la réalité qui lui fait face la fige et elle se tourne soudain, pour se remettre à courir...

-Son cœur s'affole, ce n'est pas normal...
Dans la chambre 303, les médecins ont envahis l'espace. Le moniteur émettait des sons de plus en plus rapides et irréguliers. A côté, Odd se réveilla et jeta un regard paniqué à l'attroupement tout près de lui. Discrètement, il saisit le portable posé sur la table de nuit et en fit sonner un autre, deux étages plus bas, interrompant les adolescents dans un rare éclat de rire. L'un d'eux blêmit avant de décrocher.
-Odd ?

Elle n'y arrive pas... la peur est trop forte... Il est trop effrayant... Trop réel... il paraît trop vrai... Il s'est matérialisé...lui, son cauchemar de toujours...

Trois adolescents pénétrèrent en trombe dans la chambre et se figèrent sur le palier, plus pâle qu'à l'ordinaire. S'approchant d'Odd, ils l'interrogèrent d'un regard et celui-ci bredouilla maladroitement :
-Je me suis réveillé, ils étaient tous là, son moniteur s'est affolé...
-Son cœur s'est emballé ? s'étonna Jérémie.
-Apparemment mais il ne se passe rien d'autre...contrairement aux autres fois...
-qu'est ce que tu en pense Jérémie ? interrogea Aelita d'une voix paniquée.
-Je ne vois qu'une chose... elle se bat...

plus vite... encore plus vite... son cœur accélère... elle l'entend nettement... son souffle se fait plus court... ses muscles se tendent...tout ce dont elle avait perdu la notion revient... et là elle réalise... la fatigue la fait ralentir...elle court de puis si longtemps...elle erre depuis tant de temps... elle se stoppe soudain et l'entend accourir derrière elle... elle sait que s'il l'attrape, son cœur s'arrêtera et la vie s'enfuira de son corps... Avant elle ne pouvait l'accepter mais maintenant... pourquoi ? pourquoi chercherait-elle à regagner ce monde si hostile et cruel ? pourquoi voudrait-elle rejoindre un amour perdu ? pourquoi se battrait-elle encore ? pourquoi ne pas simplement se laisser aller ? Juste une fois...

-Arrêt cardiaque !!! défibrillateur vite !
-Yumi, hurla Ulrich retenu par Jérémie et Aelita.
Les paroles du blond résonnaient dans son esprit. Si son cœur lâche, elle a perdu...elle n'a plus le droit à l'erreur... La peur aurait-elle gagnée ? ...
-Yumi, continuait de hurler le brun, les larmes coulant sans aucun honte sur se joues creuses. Souviens toi ! Bats toi ! Yumi...
-c'est fini..., souffla soudain le médecin en reculant.
-heure du décès : 14 h 03, énonça un autre.
-Nooooooooooon...

la chaleur... douce et bienfaisante... se laisser emporter serait si facile... plus facile que de lutter...mais quel était ce son ? elle rouvrit brutalement les yeux et fouilla l'obscurité... Il l'avait attrapé, elle allait mourir... Elle l'avait souhaité... Oui c'est vrai, elle l'avait voulu...pendant un dixième de seconde... Mais que diraient-ils tous s'ils la voyaient... lâche ... incapable... Non elle n'avait pas le droit ! Pour ses parents, ses amis, son frère... elle devait se battre... Et elle se concentra, fouilla dans sa mémoire à la recherche du moindre élément pour s'en sortir... et elle le vit...

Dans le quasi silence de la pièce brisé seulement par des sanglots étouffés, un son se fit soudain entendre. Le second moniteur repartait...
-ça alors ! s'exclama le médecin, son cœur est reparti...
-Elle a gagné ? murmura Aelita.
-Je l'ignore, avoua Jérémie en s'approchant du lit.
Il s'immobilisa en voyant les paupières frémissantes de la japonaise.
-Non, elle se bat toujours...

Non il ne l'effrayait plus... Pourquoi ? parce qu'elle avait tout retrouvé ... sa volonté de se battre était plus forte que lui, incarnation de sa peur... non elle ne perdrait jamais, pas devant lui ! Jamais ceux qui lui étaient chers ne l'oublierait...jamais il ne l'abandonnerait...jamais son existence ne serait aussi vide que lui l'était actuellement...elle l'avait vu, entendu, enregistré...elle était aimée autant qu'elle aimait ... Et elle allait le vaincre... elle se mit à courir, mais plus dans la direction opposée, elle lui fonça droit dessus...silhouette noire et inquiétante, sans corps et sans visage... elle arriva sur lui, déterminée et forte... elle allait à sa rencontre...elle allait vaincre sa peur...

14 h 07
Les médecins avaient quittés la pièce et les amis de la japonaise entouraient son lit, angoissé. Même Odd qui était encore un peu faible, s'était levé et était venu s'asseoir près de son amie, assis sur une chaise avec sur ses genoux, le petit frère de Yumi. Etonnamment, ce dernier n'avait plus mentionné Xana mais depuis qu'il savait tout, il n'avait plus quitté la bande et Odd le surprenait parfois à dévisager l'un d'entre eux avec peine, Comme s'il savait que ces années avait été dures pour eux... Comme s'il regrettait de ne leur avoir été d'aucune aide...
Ulrich était assis dos à la fenêtre, sa chaise à la hauteur de la taille à Yumi, il lui tenait la main et ses doigts caressaient le dos de sa main avec douceur et tendresse. Il murmurait à voix basse des mots que lui seul comprenait. Ses larmes avaient disparus mais dans ses prunelles, une seule émotion était visible...son désespoir... Jérémie serrait Aelita dans ses bras, debout, immobile au pied du lit, les yeux rivés sur le visage de Yumi. Elle gémissait, commençait à remuer faiblement et ses paupières ne cesser de frémir sans jamais s'ouvrir... Et les minutes défilaient ainsi dans le silence pesant et angoissant... Un seul espoir, un seul souhait berçait les quatre personnes présentes...
La japonaise se redressa brusquement en prenant une inspiration profonde et bruyante... Puis, elle demeura immobile, la respiration forte et saccadée, assise sur son lit. Il fallut quelques secondes pour que son entourage réagisse. Ulrich se leva brutalement et sa chaise tomba au sol dans un bruit sourd sans qu'il ne songe à la récupérer... Elle avait les yeux ouvert... Une expression bouleversée sur son visage... Ses doigts étaient crispés mais sans aucune force... Ses mains tremblaient violemment et soudain, elle leva la tête et son regard rencontra celui d'Aelita qui éclata en sanglot... Tout le reste fut flou dans leur esprit... Hiroki se jeta sur sa sœur en pleurant de joie, Odd sautilla sur sa chaise en frappant gaiement dans ses mains, Aelita se réfugia dans les bras de Jérémie qui tentait de retenir ses larmes... Ulrich souriait béatement en la regardant serrer Hiroki dans ses bras en perdant son expression perdue... Puis la vérité le frappa de plein fouet... Elle était réveillée, elle avait ouvert les yeux mais il ne devait pas perdre pied à la réalité à son tour... Ils n'étaient pas en "bon terme"... Son sourire s'effaça peu à peu... Pendant quelques minutes il avait totalement oublié qu'il avait un problème... Un souci qui l'avait conduit à se brouiller avec Yumi... qui l'avait mit en froid avec elle...qui ne lui permettait pas de la prendre dans ses bras ici et maintenant malgré l'envie qu'il en avait... qui lui interdisait de lui sourire... qui ne lui donnait en aucun cas l'autorisation de l'embrasser, de l'étreindre et de lui faire savoir son bonheur...
-Ulrich...
La voix faible et douce lui fit lever les yeux et son regard croisa le sien. Elle ignorait tout et pourtant... Il ne résista pas et la serra dans ses bras sans poser la moindre question... Pourquoi lui permettait-elle ce simple geste, il l'ignorait mais il en était si heureux...

Elle était épuisée et, sous l'effet des médicaments, elle n'avait pu résister bien longtemps avant de sombrer dans un profond sommeil réparateur. Entourant le lit où Odd s'était réinstallé, ils papotaient à voix basse et un visiteur même non au courant de la situation, aurait facilement pu discerner dans leurs voix à tous une pointe de soulagement et une intonation de bonheur... Toutes larmes essuyées, tout sanglot oublié, ils parlaient joyeusement et sans plus aucun inquiétude. Parfois un regard s'attardait sur le lit proche et un sourire s'agrandissait... Elle était réveillée, elle était à nouveau avec eux... Elle et Odd allaient bien et Xana était mort...disparu pour toujours... Il ne leur fallait rien de plus...
-Il reste encore un problème, rappela soudain Odd en fixant Ulrich qui perdit son sourire.
-Peut-être pas...
Le murmure mystérieux de Jérémie leur fit tous lever les yeux et sur les lèvres du blond, ils purent apercevoir un sourire malicieux. Dans ses prunelles brillait une étincelle de victoire... Mais aucune question ne fut posée pour la simple et bonne raison que Yumi se réveilla à ce moment là... Et ayant retrouvé un peu de force, elle les bombarda de question...
Ulrich la regardait sourire et il baissa les yeux en réprimant un soupir. Il allait lui dire, lui expliquer et lui demander...non la supplier de lui pardonner... Mais cela ne résoudrait rien ... Même si elle avait la bonté de lui accorder son pardon, Odd avait raison... Il restait encore un problème...











Chapitre XXV/ trêve muette...


-Eh salut les gars !
-Einstein, s'écria aussitôt Yumi en regardant Jérémie s'avancer dans la chambre.
-Oh ! désolé. Salut le gars et la fille.
-C'est mieux, se radoucit Yumi avec un air malicieux qui se trouvait également sur le visage du blond.
Ce dernier saisit une chaise, la fit tourner devant lui et s'assit à l'envers dessus, le dossier près de son ventre. Il appuya ses bras sur ce même dossier et avec un air malin, il agita la liasse de papier qu'il tenait dans la main.
-Qu'est ce que c'est ? demanda aussitôt Odd en repoussant ses couvertures pour se lever.
Jérémie l'observa faire, plus que content que ses amis aient enfin récupéré toutes leurs forces et leurs capacité. Ces semaines de rééducations n'avaient pas été de tout repos, Yumi et Odd y avaient mis toute leur énergie sans aucune hésitation. Secouant la tête pour sortir de ses pensées, son sourire s'agrandit et il lâcha d'un ton faussement léger :
-Oh trois fois rien... Juste vos... autorisations de sortie...
-Tu rigole ? s'exclama Yumi en sautant à bas de son lit pour courir vers l'Einstein.
Mais ce dernier se leva et tendit le bras vers le ciel pour les mettre hors de sa portée...
-Jérem', murmura Yumi d'un ton plein de malice, dois-je te rappeler que je suis plus grande que toi ?
-Oh...10 cm à peine... Nous ne sommes plus en troisième Yumi, j'ai grandi...pas toi...
-Espèce de ..., commença Yumi en se jetant sur lui alors qu'il éclatait de rire. Odd suivit la japonaise, décidé à obtenir les papiers avec elle et Jérémie tomba à terre sous leurs poids. Yumi atterrit sur lui et Odd sur elle. Jérémie eut le souffle coupé pendant quelques secondes et il rouvrit les yeux pour se retrouver nez à nez avec Yumi... Son visage à quelques centimètres du sien... Il la fixa ahuri quelques secondes avant de bouger pour apercevoir Odd qui se redressait douloureusement. Puis ses yeux revinrent se planter dans ceux de Yumi et ensemble, ils éclatèrent de rire.
-Eh bin c'est du joli..., lâcha soudain une voix traînant et moqueuse.
Les visages se levèrent tandis que les rires s'éteignaient et Jérémie tordit le cou pour apercevoir Ulrich appuyé nonchalamment à l'embrasure de la porte, les bras croisés sur sa poitrine, le regard brillant et un sourire moqueur sur les lèvres. Juste derrière lui, on apercevait Aelita qui riait silencieusement, une étincelle de bonheur dans ses prunelles émeraudes.
-Et...On peut savoir ce qui...s'est passé ? bredouilla Aelita entre deux éclat de rire.
-C'est Einstein, répondit immédiatement Odd en se relevant maladroitement, faisant gémir Yumi.
-Ben voyons..., lâcha Ulrich en levant les yeux aux plafond.
-Pour une fois il dit vrai, reprit Yumi qu'Odd aidait à se lever. Il n'a pas voulu nous donner les papiers de sortie...
-Oh, alors il vous a dit ? demanda Aelita plus calme en regardant Odd et Yumi saisir chacun un bras à Jérémie pour le remettre sur pied...sans douceur.
-Voilà ! s'exclama Yumi en lui arrachant les papiers de la main.
-Content Einstein, au final on a les papiers. Si tu nous les avais donné tout de suite, on ne se serait même pas fait mal et...
Mais Odd s'interrompit en remarquant que Jérémie était plié en deux, se tenant le ventre et... mort de rire. Ils comprirent presque tout de suite pourquoi...
-Jérémie, cria Yumi, ce n'est même pas les vrai...
-Bien sûr que non... articula difficilement celui-ci, c'est Aelita qui les a...
-Rooh je vais te...
-Yumi, Yumi, ce n'est rien, murmura aussitôt Ulrich en lui prenant les mains et la détournant de Jérémie qui riait toujours.
-Tu n'es pas gentil Jérémie, fit Aelita d'une voix douce en s'approchant de son ami.
-Pour une fois que je fais une blague, se défendit celui-ci.
-Un jour a marquer d'une croix blanche, se moqua alors Odd.
Et la discussion continua tandis que Yumi et Odd faisait leur valise pour sortir. Cette entente qui régnait entre eux, si légère et rassurant... qu'elle soit bénite. Pendant quelques temps, ils avaient vécu des journées magiques. Même enfermé dans un hôpital, ils avaient réussi à vivre... vivre mieux qu'ils n'avaient jamais vécu...pendant ces quelques jours, ils avaient tout oublié pour ne faire attention qu'à leur amitié... Yumi releva les yeux vers Ulrich qui parlait avec animation, faisant rire Aelita. Cette entente qui n'en était pas vraiment une... Le problème n'était pas réglé... Elle savait qu'à un moment ou un autre il faudrait qu'ils s'expliquent... que la réalité reprenne ses droits... cette entente n'était qu'une trêve... une trêve mise en place d'un commun accord, silencieusement et sans même qu'ils ne la demandent... Seulement ils allaient enfin sortir de ce bâtiment aux murs blanc et où régnait l'odeur de désinfectant... Et dehors, la réalité reprendrait le dessus. Comment pourrait-il en être autrement ? pourquoi en serait-il autrement ? On ne peut pas faire semblant que tout va bien indéfiniment...
-Yumi, appela doucement Ulrich en voyant que la japonaise s'était immobilisée, perdue dans ses pensées, ses yeux fixés sur lui. Ça va ?
-Mmmm? Oh oui oui, se reprit Yumi. Je me disais juste que ça allait faire tout drôle... Je n'ai plus l'habitude du lycée, les cours tout ça...
Le visage du brun se referma et Yumi retourna à sa valise... La réalité reprenait ses droits...


-Bienvenue à la maison ma chérie.
Yumi hocha la tête en direction de sa mère et soupira profondément. Elle en avait rêvé et pourtant maintenant qu'elle était enfin rentré, la tristesse s'emparait d'elle...
-Tu n'es pas obligée d'aller en cours demain, si tu veux rester encore quelques jours au repos tu...
-Non, coupa Yumi d'une voix plus forte qu'elle ne l'aurait voulu. Elle se reprit aussitôt : Non, je préfère reprendre tout de suite, j'ai déjà loupé trop de cours.
-Très bien, bredouilla sa mère, surprise. Alors... euh nous mangeons dans très peu de temps comme ça tu pourras aller te coucher tôt.
-Merci maman, se contenta de répondre Yumi avant de monter dans sa chambre...où l'attendait son petit frère.
En ouvrant la porte, la surprise assaillit Yumi puis une fois le choc passé, un sourire tendre et sincère étira ses lèvres encore pâles. Hiroki était assis sur son lit, en tailleur et les mains sur ses genoux, un sourire jusqu'aux oreilles. Il avait disposé un peu partout dans la chambre parfaitement propre, des roses rouges et blanches et il avait devant lui, à côté du lit, un gâteau dont Yumi ne doutait pas un seul instant qu'il ait été préparé par Hiroki lui-même. Elle posa son sac près de l'entrée et ouvrit les bras à son frère qui s'empressa de se relever pour venir se blottir contre elle.
-Merci petit frère, souffla-t-elle au creux de son oreille.
Sans qu'elle ne le voit, une étincelle s'alluma dans les prunelles d'Hiroki et ses lèvres s'étirèrent davantage. Sa grande sœur était rentrée à la maison...
-Il était temps que tu rentre, fit-il en se dégageant en arborant un air malicieux. Mon prof de français vient justement de me filer un Dm et...
-Hiroki ! coupa Yumi avant qu'ils n'éclatent de rire tous les deux.
Ce soir là, la famille Ishiyama au complet se retrouva autour de la table pour dîner et ce, au grand bonheur de chacun de ses membres...

A peine avait-elle pénétré dans la cour qu'elle entendit la sonnerie stridente qui annonçait le début des cours et elle réalisa combien tout cela lui avait manqué... la vie quotidienne... Le groupe s'élança vers elle et elle remarqua tout de suite l'absence d'Odd qui voulait profiter quelques jours de sa famille, pour une fois qu'elle était là au complet... Ils discutèrent rapidement et en s'éloignant les uns des autres Aelita soupira et Jérémie lui prit la main avec tendresse.
-La vie reprend son cour... fit-elle avec tristesse, et la tension revient déjà entre eux...
-Ne t'en fais pas, rassura aussitôt Jérémie, j'ai parlé à Ulrich, il m'a promis d'aller la voir...
-Si tu le dis, lâcha Aelita d'une voix confiante en glissant son bras dans le bas du dos du blond et se rapprochant de lui.
Ce dernier sourit tendrement et passa un bras autour de ses épaules et c'est ainsi qu'ils se dirigèrent vers leurs classes qu'ils avaient depuis si longtemps désertées...











Chapitre XXVI/ confrontation

Ils étaient assis sur le banc, comme à leur habitude. Aelita jeta un regard discret à Ulrich et l'aperçut pensif. Elle afficha un sourire satisfait... Elle avait lu dans ses yeux, il allait lui dire...c'était inscrit sur son visage. Yumi dialoguait avec Odd et Jérémie affichait une moue boudeuse car il n'avait pas apprécié la blague que le blond venait de lui faire. Et pourtant, il était heureux de son retour... La bande était à nouveau au complet, pour la première fois depuis longtemps. Et malgré les dernières tensions, il n'aurait rien souhaité de plus...
Ulrich leva soudain les yeux, l'air plus déterminé que jamais, et son regard se fixa sur le visage rieur de la Japonaise. Il avait prit sa décision et c'était irrémédiable. Elle avait le droit de choisir, de décider par elle-même et surtout, le droit de savoir...Yumi sembla sentir son regard sur elle et plongea ses yeux dans les siens, une question muette à l'intérieur de ses prunelles sombres. Il ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit car à cet instant, une voix suraigu et surtout exaspérante prononça le prénom du brun..
-Sisi, grogna-t-il le visage crispé.
-Ulrich mon père veut te voir, informa-t-elle.
-Pourquoi ?
-Tu as de la visite...
-Qui est ce ? Demanda Ulrich, tendu.
-Ton père je crois...
Ulrich se leva alors, le visage dur et fermé sous les regards peiné de ses amis. Il jeta un coup d'œil dédaigneux à Sisi qui renonça alors à lui proposer de l'accompagner et il saisit avec fermeté la main de Yumi qui, surprise, n'eut pas le temps de protester et ne put que le suivre lorsqu'il commença à traverser la cour d'une démarche raide. Il regardait droit devant lui, le front plissé, ses lèvres crispés et Yumi ne songea même pas à se débattre.
-Yumi, appela-t-il sans cesser de regarder droit devant lui. Est-ce que tu te souviens de tout ce que t'on dit les voix ? Dans le cauchemar?
-Non Ulrich, murmura-t-elle faiblement en baissant les yeux. Je ne veux pas m'en souvenir... C'était trop terrifiant et il y'en avait trop...
-Alors je suis désolé, lâcha-t-il en ouvrant les portes et en s'engageant dans les escaliers.
-Désolé? Répéta Yumi perplexe.
-J'avais imaginé te dire ça autrement...
-Me dire quoi autrement ?
Mais ils étaient arrivés en haut des marches et la secrétaire voulu les arrêter en disant que le proviseur voulait voir Ulrich seul mais celui-ci répliqua et finit par ouvrir violemment la porte, la main de Yumi toujours dans la sienne. Il eut soudain un sursaut et s'immobilisa, muet de stupeur.
-Bonjour Ulrich, murmura son père d'une voix doucereuse.
Mais Ulrich ne lui accorda pas un regard, ses yeux demeuraient obstinément fixés sur la troisième personne présente dans la pièce... Sa mère. Ainsi, son père voulait en finir...
- Bonjour Papa, répondit finalement Ulrich en plantant ses yeux dans les siens.
-Eh bien, reprit Mr Stern, tu ne me présente pas ton amie ?
-Oh si bien sûr, fit Ulrich d'un ton faussement courtois qui étonna Yumi. Voici Yumi Ishiyama, la femme de ma vie...
Yumi écarquilla les yeux, surprise par de tels propos surtout ainsi prononcés...d'une voix si pure et si sincère.
-Oh, alors c'est elle...
-Effectivement. Comme tu le vois, je n'ai aucune intention de la quitter et personne, même pas toi ne pourra couper le lien qui nous unis.
-Tu crois ça ?
-J'en suis certain, répliqua Ulrich dans un souffle.
L'homme eut alors un sourire tellement froid, tellement cruel que Yumi en eut un frisson. Elle n'aurait jamais pensé que Mr Stern fut capable de sourire ainsi. Elle reporta son regard vers sa femme à laquelle Ulrich ressemblait étonnamment. Elle était assise là, tout simplement, les doigts crispés sur son petit sac qui reposait sur ses genoux. Elle contemplait le combat des deux hommes, père et fils, le regard désespéré et Yumi devina la guerre qui faisait rage en elle et qui lui déchirait son cœur.
-Je ne te laisserais pas gâcher ta vie, reprit Mr Stern.
-C'est toi qui t'en charge à ma place... Tu m'as toujours pourri la vie depuis ma plus tendre enfance mais c'en est fini, je ne te laisserais plus faire. Tu veux me mettre à la rue, me couper les vivres, eh bien fait. Tu n'as plus aucun pouvoir sur moi, je suis assez grand maintenant je saurais me débrouiller...
-Tu ne comprends pas fils. Je t'offre le plus beau des cadeaux...
-Ton cadeau sera pour moi insupportable et fera de ma vie un enfer alors reprends le.
-Tu ne connais pas l'enfer. Je voulais te l'éviter mais il apparaît que tu es plus attiré par lui que beaucoup d'autre encore...
Mme Stern eut un sursaut et son poing serré se porta à ses lèvres, elle baissa la tête et Yumi remarqua que dans ses yeux, les larmes brillaient, menaçant de couler à chaque instant. Son mari sourit en voyant Ulrich froncer les sourcils, il ne comprenait pas....
-Je n'ai jamais pu t'apprendre mais sache, mon fils, que le seul enfer de cette terre, c'est tomber amoureux...
Ulrich recula d'un pas sous le regard triomphant de son père qui ne s'arrêta pas là.
-Ose me dire le contraire, Ulrich. Cette fille t-a-t-elle jamais rendu heureux ? Ou n'a-t-elle fait que provoquer en toi tourment, question et désespoir ? Est-elle seulement capable de te faire vivre ? Car c'est ça que je t'offre Ulrich, un travail loin d'elle, une vie stable où elle ne pourra plus jamais t'atteindre, un emploi qui comblera le moindre de tes besoins et qui te permettra de vivre tel que tu le souhaite. Car, crois moi, si tu reste près d'elle, tu n'auras rien de tout cela... Non tu n'auras que déchirure et dispute... Un appartement miteux et humide... Une mésentente constante et vous vous rendrez plus malheureux qu'il n'est possible de l'être. Tu vas renoncer à une existence idéal pour une femme qui dépérira parce que tu seras incapable de subvenir à ses besoins et qui fera de ta vie, un véritable enfer ... Car l'enfer n'est qu'une femme...
Ulrich resta muet et Yumi baissa les yeux, impuissante. Maintenant elle comprenait tout... et il avait raison...qu'avait-elle à lui offrir ? Son amour ! Et après ? L'amour ne suffirait pas à le faire vivre... De plus, elle avait été incapable de le rendre heureux toutes ces années, tourments et question c'est bien ce qu'elle lui avait apporté... Il avait raison... Ulrich la quitterait parce qu'il avait raison...
-Alors c'était ça ?
-Quoi donc ? Demanda Mr Stern, aussi surpris que Yumi qui ne s'attendait pas à une telle réplique.
-Toutes ces années, c'est ça que tu as reproché à maman...
Ce fut au tour de Mr Stern de reculer d'un pas, frappé par la stupeur et son visage prit alors une expression de fureur pure et sans limite.
-Rien de tout cela ne te regarde ! Hurla-t-il.
-Bien sûr que si, répliqua Ulrich en haussant la voix, guère impressionné par son père. C'est ma vie que tu veux pourrir. L'enfer est une femme tu dis ? Moi je te réplique que l'enfer est absence de femme...de LA femme... Tu crois en tes propres valeurs, je crois en les miennes et tu ne pourras plus me les ôter ! Tu en veux à Maman alors dis le lui, dis lui que tu es amer au lieu de la rabrouer sans cesse et de la laisser malheureuse ainsi. Parle lui et alors peut-être auras-tu une chance d'être heureux et de nous laisser vivre en paix...
-Je t'interdis, brailla l'homme qui leva le bras dans l'intention de gifler son fils.
Mais ce dernier l'arrêta net dans son geste en lui saisissant le poignet, à quelques centimètres à peine de sa joue. Un sourire sarcastique étira ses lèvres et un murmura faible mais victorieux franchit ses lèvres :
-Tu n'as plus aucun pouvoir sur moi, plus rien ne m'atteint... Et... Je t'interdis désormais de m'interdire...
Il fit faire un demi tour au bras de son père et le tordit dans le dos de l'homme qui gémit.
-Ne reviens pas me voir avant d'avoir retenu ça...
Il le lâcha et fit demi-tour pour sortir sans un regard pour les occupants de la pièce. Tenant toujours Yumi qui le suivait, ébahie et perdue. Il s'arrêta néanmoins sur le pas de la porte, tourna légèrement la tête et fixa sa mère dans les yeux.
-Au fait Maman, ne laisse plus ce monstre te condamner pour ses propres erreurs. Bats toi, tu es plus forte que lui...
Et il sortit laissant les adultes surpris et désorientés, seuls dans la pièce. Avec Yumi, il descendit en silence les escaliers mais arrivé dans le hall, la Japonaise arracha sa main de son étreinte. Il la sentit s'échapper, impuissant et désespéré, et un étau s'empara de son cœur. Il se retourna vers elle totalement terrifié, les yeux fixés au sol, il avait perdu toute l'assurance dont il avait fait preuve quelques minutes avant, là-haut... Il n'osait pas la regarder, il avait peur de sa réaction...
-Yumi, commença-t-il d'une voix faible, Je suis vraiment désolé de ce qui s'est passé mais il fallait...Je ne savais plus comment te le dire... Il avait tort... Je n'ai pas compris... Il n'y a que toi qui compte... Il me faisais peur mais...mais c'est fini maintenant... J'ai eu si peur de te perdre que j'en ai oublié toutes les autres... Je ne peux ...je ne parviens pas à t'expliquer mais...j'ai compris...je sais que j'ai fais une énorme erreur et que tu en as beaucoup souffert...Crois moi je ne t'en voudrais pas si tu ...
Jamais il ne put achever sa phrase car deux bras s'enroulèrent autour de son cou, il eut juste le temps d'apercevoir un sourire heureux, des larmes de bonheur et les lèvres de Yumi vinrent délicatement se poser sur les siennes sans qu'il ne puisse avoir le temps de réaliser. Pourtant il accepta le baiser et il y répondit, son cœur s'emballant en comprenant sa signification.
-Ulrich je..., bredouilla Yumi en s'écartant légèrement. Son visage avait un air radieux et ses yeux brillaient. Je...je..., elle avait la gorge noué et ignorait même ce qu'elle essayait de dire. Le bonheur qui s'infiltrait dans son esprit, dans son corps et dans son cœur était indescriptible.
-Je sais, murmura calmement celui-ci, Moi aussi...
Elle le serra contre elle, trop heureuse pour parler...
Ulrich resserra ses bras autour d'elle et comprit qu'il avait enfin fait le bon choix. Son père avait tort et il ne regrettait à aucun moment de lui avoir parlé de la sorte... Il était enfin libre...

-Je crois qu'ils sont réconciliés..., lâcha Odd avec un sourire radieux, les yeux rivés vers les portes vitrées du bâtiment administratif.
-Je pense aussi, sourit Aelita.
-Je crois que les problèmes sont finis, continua Jérémie.
-Tous les problèmes, Einstein ? s'étonna Odd en se tournant vers son ami.
-Tous, confirma l'intellectuel. Allez, laissons leur un peu d'intimité.
-Mais Jérémie..., appela Aelita en le suivant au pas de course.
Et ils s'éloignèrent sans même voir Sisi qui fixait cette même porte, immobile et le visage sans expression. Un sourire tendre vint finalement étirer ses lèvres pâle même si une expression de peine profonde était imprimée sur son visage blême.
-Finalement, je l'ai peut-être mal jugée, elle est probablement capable de te rendre heureux... bonne chance Ulrich, murmura-t-elle en se détournant après un dernier regard envieux.


Epilogue :

Trois coups discrets frappés à la porte obligèrent Ulrich à se dégager de l'étreinte de la Japonaise qui dormait encore. Il passa rapidement un baggy kaki et entrouvrit la porte sans bruit. La tête de Jérémie apparut, souriante et joyeuse. Ulrich sortit dans le couloir, ne voulant par réveiller Yumi et il referma la porte de la chambre.
-Jérem' il est six heures du matin, tu devrais être encore au lit...
-Je sais mais j'avais une nouvelle à t'annoncer, ça ne pouvait plus attendre...
De murmures en chuchotements, Jérémie fit part à Ulrich de sa bonne nouvelle et le brun finit par retourner s'allonger dans la chambre, le sourire aux lèvres. Il se glissa entre les draps et son regard se posa sur la jeune fille encore endormie. Ses joues avaient retrouvé quelques couleurs mais elle avait encore des cernes sous les yeux et, malgré tout ce qu'elle affirmait, Ulrich savait bien qu'elle s'inquiétait énormément pour lui ces derniers temps. Depuis leur résultat de bac, il y a deux mois... Oh comme eux tous elle avait été heureuse en voyant qu'il l'avait tous, même Odd qui disait encore merci au rattrapage... Mais ensuite elle avait commencé à se tourmenter... chaque fois qu'ils avaient dormis ensemble, il l'avait entendu se lever quatre ou cinq fois par nuit. Elle était inquiète pour lui et jusqu'alors, il n'était pas parvenu à la rassurer... Du moins jusqu'à aujourd'hui, Jérémie venait de toute faire changer... Yumi se blottit soudain contre lui, toujours endormie et il la serra tendrement dans ses bras en se rendormant. Ils s'étaient tous couché fort tard la veille, ou plutôt le matin même... Le sommeil l'emporta et il rejoignit sa belle au pays des songes...
Aelita sourit en claironnant un bonjour à Odd qui venait d'apparaître, les yeux encore embrumés par le sommeil. Ce dernier répondit faiblement puis s'installant en se servant un bol de lait chaud et y versant de la poudre chocolatée et il but rapidement la mixture qui le réveilla étonnamment vite, au grand amusement de la jeune fille aux cheveux roses. Oh, comme elle était heureuse ce matin... Jérémie lui avait enfin tout dit, les choses s'étaient enfin arrangées. Depuis qu'Ulrich avait tout résumé à Yumi quelques temps auparavant, les choses allaient plutôt bien. La Japonaise avait compris, à l'étonnement d'Ulrich qui ne l'espérait pas, et ils avaient commencé une magnifique histoire mais Aelita savait que Yumi était encore inquiète. Elle le lui confiait sans cesse et en dormait mal. Qu'allait devenir Ulrich ? Car son père avait mis ses menaces à exécution ce qui n'avait surpris personne d'ailleurs. Ce qui avait étonné le brun par contre, c'était la lettre de sa mère, arrivée quelques jours auparavant qui remerciait son fils car les choses s'arrangeaient peu à peu même si Mr Stern demeurait obstinément fixé sur le sort de son enfant...et elle en était navré et disait qu'elle l'aiderait du mieux qu'elle pouvait ... Pourtant ce matin là...
- Bonjour Yu', fanfaronna Odd en se levant brusquement.
-Mes parents m'ont prénommé Yumi à ma naissance, pourquoi ne pas utiliser ce prénom ? Lâcha Yumi.
-Bah pourquoi pas, répliqua Odd malicieux et Yumi soupira.
-Bien dormi ? Interrogea Jérémie qui émergeait de sa cuisine avec un plateau recouvert de croissant, pains au chocolat et autres viennoiseries sur lesquelles Odd se jeta.
-Tu as une chambre d'ami confortable, répondit simplement la brune.
-Mes parents aiment faire les choses biens...
-J'ai remarqué, ils y arrivent à la perfection d'ailleurs.
-Je leur transmettrais le compliment, fit Jérémie avec un sourire mystérieux.
-Ils rentrent bientôt ? s'étonna Yumi qui savait comme eux tous que ses parents étaient en Egypte pour tout le mois.
Elle remarqua alors les visages ravi, malicieux et mystérieux tourné vers elle. Faisant semblant de rien, elle demanda où était Ulrich.
-Sous la douche, répondit simplement Aelita.
Plusieurs minutes passèrent en silence puis Yumi reposa soudainement le bol qu'elle buvait, les sourcils froncés.
-Et si vous songiez à m'expliquer maintenant ? Vous me cachez quoi ?
-Pourquoi veux-tu que l'on te cache quelque chose ?
-Aelita, gronda Yumi, menaçante.
-Allez Jérémie, dis le lui.
-Me dire quoi ?
-Il n'y a plus de problème Yumi..., lâcha alors Jérémie d'un ton ravi.
-de problème ? répéta Yumi, mais...que...
-Je vais entrer en apprentissage dans l'entreprise du père à Jérémie. Il vient d'ouvrir une section sport dans l'une de ses grandes surfaces, il a besoin d'un visage...une mascotte... et une semaine sur 3, je serais en cours, dans un lycée sport étude pour améliorer ma technique... grâce à Jérémie, j'aurais de quoi payer ma formation pour devenir catch... expliqua la voix d'Ulrich qui était appuyé au chambranle de la porte, les bras croisée, un sourire simple mais heureux sur son visage rayonnant.
-Ulrich mais je...mais...
-Et en plus l'école et le travail ne sont pas éloignés... et tout près de ton école...
-Oh mon dieu...
Sous les rires ravis et légers, Yumi se jeta au cou du brun qui la fit tourner autour d'elle en riant. Tout était réglé...Peut-être n'en serait-ce pas toujours ainsi, pensa Ulrich, mais pour l'instant c'était le cas et il comptait bien en profiter... Plus tard était plus tard et il aviserait quand cela arriverait... Pour l'instant Yumi était avec lui, elle riait et il ne souhaitait rien de plus sinon que cela dure le plus longtemps possible.
Derrière eux Aelita se pencha vers Jérémie qui l'embrassa sans rougir plus que ça et il la serra dans ses bras en contemplant le bonheur de ses amis sans remarquer qu'à leur côté un petit blond aux yeux brillants reprenait un croissant soupirait de bonheur, le cœur léger et ne souhaitant que du bonheur à ces quatre êtres merveilleux... S'il pouvait savoir que son tour viendrait plus tôt qu'il ne le pensait...


Kaede
11/07/07 à 21:30
voilou un deuxième début de fic ^^ (bah oui je sais je sais pas gérer, je me lance dans trop de trucs :oops: ) alors encore une fois je vais vous implorer *se met à genou* et vous demander * joint les mains comme pour prier* Pitiéééééééé dites moi sincérement, ai-je un quelconque avenir dans la romance, ou même dans les fics ? lol ; laquelle préférez vous des deux ? critiquez moi, conseillez moi, faites moi part de votre avis je suis ouverte à tout ^^
je sais que c'est peut-être un peu court mais si ça plait, je ferais une suite (si ça plait ne serait ce même qu'à une personne ce qui veut donc dire que je me vois obligée de continuer... bah oui j'ai une fan :D *la fille trop fière d'elle alors qu'elle a aucun mérite mdr :p)

P-s : j'espère que ça te plaît toujours autant yumi94 ^^

Il pleuvait, l'orage qui menaçait depuis deux jours avait enfin éclaté, des pluies diluviennes se déversaient maintenant sur les routes et les trottoirs de Paris. L'eau coulait abondamment sur le sol, se déversant jusqu'aux conduits des égouts, les gouttières saturaient déjà, laissant échapper l'eau qu'elles retenaient prisonnière. L'averse trempait les inconscients passants qui avaient osé s'aventurer dehors peu avant que la menace n'éclate. Ils couraient tous, espérant échapper aux gouttes épaisses, se protégeant comme il le pouvait, les collégiens et lycéens dévalaient les rues, cartable sur la tête pour ne pas finir tremper, tous sauf un. Ou plutôt une !
Elle se tenait bien droite au milieu du trottoir, indifférente aux passants qui la frôlaient ou parfois la bousculaient. Elle fixait un point invisible au loin, là où il avait disparu. Ses lèvres pâles tremblaient légèrement, ses yeux s'étaient éteints, elle avait les jambes flageolantes, un sanglot était resté coincé dans sa gorge pourtant, aussi fière qu'elle avait toujours été, elle n'avait pu retenir ses larmes. Ses larmes qui coulaient maintenant sur son visage en se mélangeant à l'eau de pluie. Ses cheveux collaient à son visage qui se durcit soudain. Non, il ne pouvait pas. Et pourtant… Pourtant il l'avait fait. Mais pourquoi? Comment ?
– Yumi ? Yumi …
Plusieurs fois il prononça son prénom, il lui pressa l'épaule mais elle ne réagissait pas. Au bout de quelques minutes, elle baissa les yeux et le dévisagea d'un air absent.
– Hi…Hiroki ?
– Viens Yumi, tu ne peux pas rester là, tu vas tomber malade. Rentrons.
La japonaise se laissa entraîner par son petit frère sans réagir, sans même penser à s'étonner de la gentillesse inhabituelle de son frère à son égard.

Chapitre I/ comment en sommes nous arrivés là ?

– Alors Einstein, t'as quelque chose ? demanda Odd en rentrant dans la chambre.
– Rien du tout, Xana est tranquille et nous aussi, du moins pour le moment…
– Où est Ulrich ? interrogea Aelita.
– sous la douche, il est rentré complètement trempé.
Odd se laissa tomber sur le lit de Jérémie avec un soupir de satisfaction. Aelita le regarda faire, amusée tandis que Jérémie avait reporté toute son attention à son écran. Il avait passé une bonne journée aujourd'hui, songea-t-elle avec joie. Pas d'attaque du virus et ils avaient même fini les cours plus tôt.

Un peu plus loin, dans une autre pièce, de la vapeur s'échappait d'une cabine de douche. L'eau bouillante brûlait la peau d'Ulrich mais il n'y prêtait pas attention. Une main posée sur le mur proche, il était debout, immobile, les yeux fermés, sous le jet brûlant. Dans sa tête une seule et unique question. Pourquoi ?Mais il avait beau chercher encore et encore, il ne trouvait aucune réponse. Les souvenirs cuisants étaient encore présents dans son esprit, encore plus brûlant que l'eau qui s'écoulait du tuyau. Ils étaient comme imprimés au fer rouge et il n'espérait pas les voir disparaître un jour. Pourquoi mais pourquoi ? il ne comprenait pas. Pourquoi avoir fait ça ? pourquoi avait-il fallu que ça se déroule comme ça ? pourquoi avait-il fallu qu'il voit ça ? pourquoi avait-il fallu qu'il réagisse comme ça ? pourquoi n'avait-elle rien dit ? Pourquoi mais pourquoi ?
Sous le coup de la colère il frappa le mur du poing et serra les dents pour se retenir de hurler. Après un temps infiniment long, il ferma l'arrivée d'eau et laissa les dernières gouttes glisser sur son corps. Il saisit une serviette et se sécha. Après l'avoir glissé autour de sa taille, il sortit et passa son pyjama. Il rencontra Jim dans le couloir qui lui intima l'ordre d'aller se coucher, ce qu'il fit sans réagir plus que ça.
La chambre était vide, hormis Kiwi. Odd devait être avec Jérémie et Aelita mais il ne ressentait pas l'envie d'aller les rejoindre. Il n'avait pas la force de faire semblant, de sourire et de parler ni même de raconter ce qui s'était passé aujourd'hui. Il se glissa dans les bras en songeant qu'il lui fallait la revoir le lendemain…

Elle passa le portail du collège/Lycée Kadic et traversa la cour en se dirigeant vers le banc. Ils étaient tous là, comme à leur habitude, même lui. Elle qui avait pensé, et espéré, qu'il n'aurait pas le courage de l'affronter aujourd'hui. Elle se redressa et se planta devant eux, la tête haute et fière.
– Salut Yumi.
Et là elle fit ce que l'on attendait d'elle, elle se tourna vers Odd, elle sourit et le salua à son tour. Elle prit des nouvelles, discuta avec chacun d'eux mais lorsque son regard tomba sur lui, elle ne put retenir le frisson qui la parcourut. Pendant un instant elle pensa bien le défier mais elle y renonça lorsqu'il plongea son regard dans le sien. Et en son fort intérieur, une voix cria venant du plus profond d'elle-même, la voix de la douleur… Pourquoi ?…
La sonnerie retentit et il se leva en décrochant son regard du sien. Il s'éloigna à petit pas, les mains dans les poches, les yeux fermés, tête basse, sans un mot, sans un signe, sans un regard…
– Yumi ? ça ne va pas ?
La voix d'Aelita la sorti de sa transe et elle parvint à sourire comme il le fallait. Oui ça allait mais il fallait qu'elle rejoigne sa salle de classe ou elle serait en retard à son premier cours. Et sous les regards ahuris de ses trois amis, elle s'éloigna, son visage arborant une expression d'indifférence et de froideur profonde.

Les cours passèrent et la pause de midi arriva. Les quatre amis attendirent Yumi devant les portes du réfectoire, celle-ci arriva, seule. Elle leur fit un sourire et sans un regard pour le samouraï, pénétra dans le réfectoire. Elle saisit un plateau, prit une assiette et des couverts puis, sans passer par les entrées ou les desserts, parti à la recherche d'une table libre.
Aelita jeta un regard interrogateur à Jérémie qui haussa les épaules puis elle glissa un regard en coin à Ulrich. Ce dernier regardait Odd qui lui racontait sans aucun doute une blague, pourtant il avait un regard absent et ne semblait pas entendre ce que lui disait le blondinet.
Yumi regarda la jeune fille s'installer en face d'elle puis jeta un regard à Ulrich qui s'était arrangé pour se placer le plus loin d'elle possible. Odd lui donna un léger coup de coude dans les côtes en demandant si elle allait vraiment tout manger d'un ton ironique. Sans répondre, elle baissa les yeux sur son assiette et dissimula son envie de vomir à la vue de la nourriture.
– Alors la bande des cinq, toujours aussi minable ?
La voix criarde fit cesser les conversations autour de la table de la bande et ils levèrent les yeux vers la fille du proviseur. Odd eut un immense sourire et Jérémie repensa avec amusement à ce qu'il lui avait dit le matin même, il avait une nouvelle vanne pour la peste…
– Salut Sisi, je suis content de te voir, s'écria Odd avec une joie non feinte.
La brune le regarda avec étonnement et fit un geste de la main désinvolte.
– La ferme, je ne parle pas au minus dans ton genre… Je suis venue voir Ulrich.
– Je ne veux pas te voir ! Dégage !
Toutes les têtes se tournèrent vers le brun qui venait de prononcer ses paroles d'un ton sec et cassant. Une expression peinée apparut sur le visage de la pimbêche à qui Ulrich n'avait jamais parlé de la sorte.
–Mais Ulrich…, commença-t-elle.
– T'as pas compris ? coupa-t-il d'un ton plus dur encore, s'attirant les regards surpris. J'ai dit dégage, fous moi la paix !
La jeune fille recula de trois pas, le visage crispé, les yeux humides puis devant le regard sans pitié d'Ulrich, elle s'en alla en courant.
– Ulrich ? murmura Aelita.
– Pas d'humeur, lâcha celui-ci avant de se remettre à jouer avec le contenu de son assiette du bout de sa fourchette.
– Mais…, commença Odd
– Oh toi ! c'est pas le moment d'insister !
L'ambiance autour de la table devint glaciale. Odd baissa les yeux sur son assiette, tout à coup, il n'avait plus très faim…
Jérémie chercha les yeux d'Aelita qui confirma sa pensée d'un regard…
Ulrich et sa sécheresse, était en colère, très en colère…
Yumi et sa froideur, son masque sans expression, souffrait…
Impossible de ne pas avoir remarqué…
Mais que s'était-il passé ? comment en étaient-ils arrivé là ?

Artémis
11/07/07 à 21:52
Ca je me le demande bien, pourquoi...Y'a un tel suspens qu'on pourrait s'y perdre, mais tu nous raccroches toujours à ta fic, à tes mots...on ne peut pas lâcher la lecture, c'est formidable.
Ton style est le même, on ne s'en lasse jamais... :p
J'adore, j'ai hâte de savoir la suite pour éclairer mes idées et mes questions...

Flammèche
12/07/07 à 17:29
Encore une !?! :shock: Décidément, tu écris des fics à la chaîne ! Je me demande comment tu fais...

En tout cas, ce début de fic est bien parti, avec un suspense qui nous empêche d'arrêter de lire, des fautes quasi inexistantes, un style d'écriture qui, visiblement, n'a pas du tout changé par rapport à la première fic et qui séduit toujours autant, etc...
En bref, vivement la suite !

À bientôt

Yumi94
12/07/07 à 18:04
Ho que oui que sa me plait toujours autant.... c'est vraiment génial...
je sais pas quoi dire... mais tu sais déja tout ce que je pense de tes fics.....
Grr.... mais les voir comme sa tout les deux... sa fait mal au coeur... :cry:

Bisous

Susana

Yumi_Ulrich
21/08/07 à 16:57
Mais que se passe t-il? On se pose autant de questions que les héros...
J'adore ton style d'écriture il est tellement agréable...
J'attend la suite avec une grance impatience pour essayer de comprendre ce qu'il se passe!

vaan^^antechrist
21/08/07 à 18:06
Bah ?!? Je l'avais pas vu celle-là ! Honte à moi !

Et oui tu as de l'avenir dans la romance, et bien sur que si que tu a du mérite !
L'ambiance n'est pas au beau fixe dans ce début de fic :? mais kékicé passé ? Un début très bien écrit sur un thème ô combien exploité : une énième dispute entre Ulrich et Yumi. Néanmoins le ton que tu y met donne vraiment quelque chose.

On attend tous la suite, tu vois bien que t'a pas que une fan^^

Kaede
21/08/07 à 20:52
Avec un mois de retard (sans compter les jours en plus :? :oops: ) voilà la suite...
Désolé de la mettre si tard mais je dois avouer que l'inspiration m'a manquée... Mais merci à vos commentaires qui m'ont aidée et encouragée (bah oui il m'en faut pas beaucoup ^^)
j'espère que cette suite vous plaira (je dois vous avouer que je l'ai écrite deux fois avant de la poster (la première il y a un mois et l'autre ce soir, car changement d'idée... l'autre m'a échappée bon ok, j'avoue je l'ai oubliée... mais vous êtes des marrants, j'ai trop de truc en même temps moi :oops: lol... ok ok c'est de ma faute et alors ? lol allez j'arrête
sur ce bonne lecture à vous et encore merci aux "commentateurs" :p qui me sont souvent d'une grande aide ^^

Chapitre II/ M'aimais-tu seulement ?

Aelita regarda Yumi franchir le portail de Kadic et s'éloigner dans la rue à pas lents, les yeux rivés sur ses pieds. Elle fixa William qui criait son nom puis qui l'attrapa par le bras et frissonna devant la réaction de la japonaise. Un regard absent, froid et elle repartit après s'être dégagée. Derrière elle, les trois garçons observaient le plus profond et le plus lourd des silences. Ulrich, assis entre Odd et Jérémie sur le banc, les mains au fond de ses poches, gardait le regard obstinément accroché à ses baskets. Les yeux d'Aelita rencontrèrent ceux de Jérémie qui fit un signe de dénégation de la tête. Odd posa la main sur l'épaule d'Ulrich et soupira lorsque ce dernier leva les yeux vers lui.
-Ulrich, si tu veux parler…
Le jeune homme secoua lentement la tête de gauche à droite et s'extirpa du banc, le visage impénétrable. Il s'éloigna à pas lents, laissant ses amis seuls et inquiets.
Il avait encore sur ses lèvres le goût du baiser amer qu'ils avaient échangés la veille. Baiser à la fois désiré et redouté… le premier et le dernier qu'ils échangeraient… le seul et unique… Il sentait encore la saveur sucrée de la première larme qui avait coulé le long de sa joue lorsqu'il s'était détaché d'elle… La seule qu'elle lui avait permis de voir… Il entendait encore l'orage gronder au-dessus d'eux alors que d'un geste il se détournait d'elle… Il ressentait encore ce vide en lui, ce besoin qu'il avait qu'elle l'appelle… qu'elle prononce son nom… qu'elle lui dise qu'il avait tort… Il sentait encore les gouttes d'eau s'infiltrer dans son tee-shirt tandis qu'il marchait à pas lent, inexorablement, la laissant derrière lui en ayant pleinement conscience que tout n'était que de sa faute…

-que croyez-vous qu'il se soit passé ?
- Si je le savais Aelita, souffla Odd d'un ton las. Je n'aime pas les voir ainsi.
- Aucun de nous n'aime, renchérit Jérémie, malheureusement s'ils ne veulent pas qu'on les aide, nous ne pourrons rien faire…
- que faire ? soupira Aelita avec angoisse en levant les yeux vers la chambre d'Ulrich où elle le devinait debout devant la fenêtre.
- Tu es celle à qui Yumi se confie le plus facilement…après Ulrich sans doute, ajouta Jérémie à voix basse.
- Va lui parler, reprit Odd, nous tenterons du côté d'Ulrich… mais je le connais…
Aelita prit aussitôt la direction du portail d'un pas vif mais elle fut interceptée par Jim qui la renvoya d'où elle venait, les internes n'avaient pas le droit de sortir à cette heure là, de plus c'était bientôt l'heure du repas… Une expression anxieuse et lasse sur son visage, Aelita se laissa tomber sur le banc et ses yeux se levèrent machinalement vers la fenêtre d'Ulrich… A quoi pensait-il, seul, là-haut ?

- Yumi, tu ne mange pas ?
- Je n'ai plus faim maman, soupira Yumi en reposant les baguettes d'un geste fatigué.
- Tu aurais attrapé froid en rentrant sous la pluie hier, remarqua sa mère.
- Probablement, mentit Yumi par facilité. Je monte. Bonne nuit.
- Bonne nuit ma chérie.
L'escalier lui paraissait interminable, ses jambes étaient si lourdes à porter, elle avait l'impression de ne plus avoir la moindre force et chaque geste l'épuisaient plus qu'il n'était possible, aussi lorsqu'elle atteint la porte de sa chambre, elle soupira et resta debout devant elle, à la fixer d'un air perdue. Elle était seule, elle pouvait tout dévoiler… Pour un moment, si court soit-il dans une journée, les émotions envahissaient son visage aux beaux yeux bridés… Et elles n'étaient que tourments, désespoir et enfer… Sa main se posa sur la poignée en entendant des pas dans les escaliers et elle se laissa tomber dans son lit après avoir refermé la porte et traversé la chambre d'une démarche incertaine. Etendue sur le dos, les bras au-dessus de sa tête, les mains l'une contre l'autre, les pieds dépassant quelque peu du lit, elle fixait son plafond sans vraiment le voir…
Il l'avait fait, il l'avait dit, il l'avait vu… Pourquoi ? … pourquoi lui ? pourquoi maintenant ? … Ses doigts passèrent sur ses lèvres d'un geste distrait en se remémorant la scène alors que les premières gouttes tombaient du ciel sans un bruit… Il ne lui laissait plus aucun espoir… sa première larme avait suivi la première goutte de pluie… elle n'avait pu la retenir lorsqu'il avait détaché ses lèvres des siennes… elle l'avait fixé d'un air perdu et pourtant, rien n'était venu percer dans ses yeux froids… Le visage implorant, elle l'avait pourtant mentalement supplié mais rien n'avait changé… Il avait mis les mains au fond de ses poches et s'était éloigné tête basse sans autre regard… lorsque le coup de tonnerre avait retenti, elle l'avait trouvé bien faible comparé à la souffrance qui s'insinuait dans chaque parcelle de son corps… L'émoi et le bonheur qui avait pris naissance lorsque leurs lèvres s'étaient rencontré étaient contredit par la peine et la douleur de son regard et de ses mots… Et sous cette pluie diluvienne, elle avait rendu les armes… En le regardant s'éloignait à pas lent mais sûr, elle avait songé qu'il emportait avec lui une partie d'elle, son espoir, son âme… Il s'éloignait pour ne plus revenir… Il lui disait au revoir d'une manière définitive en lui accordant un baiser d'adieu... c'est ainsi qu'elle l'avait interprété… Un baiser d'adieu alors qu'il s'enfuyait avec son espoir, sa joie, son amour, sa vie…
La porte grinça en s'entrouvrant sans qu'elle ne l'entende pour laisser voir le visage d'une petit garçon aux traits asiatique. Il murmura le prénom de sa sœur qui ne l'entendit pas et il referma la porte en entendant sa mère l'appeler. Le visage grave, il lâcha la poignée et fixa le panneau de bois d'un air désespéré…

Une nouvelle journée débuta et le soleil se leva à Kadic comme sur le reste du monde. Ulrich, debout devant la fenêtre, les mains croisés dans le dos regarda l'aube se profiler à l'horizon. Une journée de plus en moins… Il se retourna lorsque le soleil envahit entièrement la chambre et s'assit sur son lit, appuyant ses coudes sur ses genoux et fixant son compagnon endormi d'un air anéanti. Comment le monde pouvait-il continuer de vivre alors que cela lui était interdit ? comment tant de cœur pouvaient-ils continuer de battre en ressentant bonheur et joie alors que cela était défendu au sien ? Comment se pouvait-il que des miracles et des choses miraculeuses se produisaient sans qu'il ne lui soit possible, à lui, de faire quelque chose de réalisable et totalement normal ?
Il regarda Odd se tourner et le fixer d'un air inquiet et il haussa les épaules en montrant d'un signe de tête le réveil qui indiquait désormais 7h07. Le temps de déjeuner, de se doucher et Odd et Ulrich finirent par se retrouver avec Jérémie et Aelita autour du banc habituel aux alentours de huit heures moins le quart. Ce matin là, Sisi ne s'aventura pas vers leur groupe, se contentant de leur jetait un coup d'œil discret et de partir dans la direction inverse en voyant l'air enfermé d'Ulrich.
Le silence était sur le groupe, pesant, oppressant, inquiétant. Silence qui finit par être brisé par un son familier… Aelita soupira en songeant qu'elle aurait préféré supportait encore quelque minutes ce silence plutôt que de l'entendre…
Jérémie sortit son ordinateur portable et l'ouvrit alors que Yumi franchissait le portail… A peine le bonjour était-il prononcé que Jérémie ordonnait à toute la bande d'allait à l'usine. Xana attaquait pour la première fois depuis deux mois, Jérémie le pensait à bout de force, ces derniers mois de lutte avait presque eu raison de lui… Pourtant cette attaque semblait vigoureuse… Ils coururent, empruntèrent les égouts et arrivèrent finalement sur le pont rencontrant la première difficulté… debout devant l'entrée se tenait une silhouette imposante et masculine. Dans ses yeux brillait le symbole de Xana et intérieurement, Jérémie souffla… La possession ! Xana n'avait plus que ce pouvoir, trop faible pour se servir des autres.
Immobiles sur le pont, Aelita et Jérémie échangèrent un regard inquiet puis Ulrich prit une position de combat, son visage imprimant une expression déterminé. Les deux intellectuels comprirent le message et au moment Ulrich se jeta sur le possédé, ils le contournèrent de tous les côtés, suivit d'Odd mais pas de Yumi… Elle contemplait le combat d'un air absent… Aelita lui prit le bras et la tira vers elle, l'arrachant au spectacle du brun qui atterrissait durement au sol. Une fois dans le scanner, elle prit soudain conscience de l'endroit où elle était… Tout avant été flou … les portes se refermèrent sur elle et l'apesanteur n'eut soudain plus d'effet sur son corps… Elle s'éleva dans les airs et ferma les yeux en bénissant cette seconde de répit pendant laquelle elle n'avait plus aucun besoin de se faire violence pour rester debout…
Elle atterrit en souplesse sur le territoire blanc et vide. Aelita et Odd arrivèrent peu après et ils s'élancèrent dans la direction indiquée par Jérémie qui venaient de matérialiser leur véhicules. Le blond les prévint de l'accueil et ajouta que pour le moment Ulrich tenait bon. La tour fut bientôt en vue et ils y trouvèrent les monstres annoncés par Jérémie, une escadrille de frelion et trois blocs. Après quelques paroles, la tactique fut élaborée et Odd se précipita vers les blocs tandis que Yumi lançait son éventail…
Une mission de routine, pensa Jérémie. Même avec Yumi dans un état secondaire, Aelita atteindrait la tour sans aucun problème et c'est ce qui se passa.
L'elfe rose pénétra dans la tour sous le regard satisfait d'Odd et distrait de Yumi. Elle la désactiva et fut surprise en voyant le retour vers le passé s'effectuer. Elle se retrouva sur le banc, comme quelques heures plus tôt et vit Yumi franchir le portail quelques minutes après.
- Pourquoi le retour, Einstein ? s'étonna Odd.
- ça j'aimerais bien le savoir, lâcha le blond, les sourcils froncés et le visage crispé en sortant son ordinateur, il s'est enclenché tout seul…
Tout à leur surprise, ils ne jetèrent pas un regard à la japonaise qui n'ouvrit même pas la bouche elle s'immobilisa devant le banc et n'osa pas lever les yeux tout de suite. N'y tenant plus, son regard remonta finalement le long de ses jambes, puis de son torse, de ses épaules, il caressa son coup, s'arrêta à peine une seconde sur ses lèvres et se plongea finalement dans ses yeux qui la fixaient. Elle eut l'impression qu'un poignard se plantait dans son cœur… un poignard ? des milliers plutôt… Jamais, oh non jamais il n'avait eu ce regard froid, cet air distant, cette attitude indifférente…pas envers elle… Il ne l'avait pas envers les autres… mais elle… Ses yeux dans les siens, elle dut concentrer toute sa volonté pour ne pas craquer, pour ne pas pleurer, pour ne pas s'effondrer, pour ne pas hurler… Ses yeux dans les siens firent jaillir une question et au plus profond de son être, elle la barricada pour ne pas qu'elle franchisse ses lèvres contre sa volonté… Mais elle ne put empêcher son regard de la retranscrire pour elle… et devant son infime mouvement de recul, elle baissa les yeux, vaincu… elle avait sa réponse… M'aimais tu seulement ? m'as-tu jamais aimé comme je t'aime ?

Yumi_Ulrich
21/08/07 à 21:10
Ouah, j'étais tellement dans l'histoire....que j'ai poussé un fort "oh non" à la fin de cette suite qui a fait venir ma mère.
Les sentiments sont bien retranscrits et on ressent toute la tristesse du groupe, c'est merveilleux et j'en redemande :)

Artémis
21/08/07 à 23:05
Ah...mais euh, pourquoi? C'est ça la question, pourquoi tu t'arrêtes là?^^Non, je blague, t'as bien bossé tu sais. Vu ce que tu m'as dit, je te félicite de joli travail. Ce texte était magique. Mais les mots étaient amer, vu l'histoire...mais que se passe-t-il enfin?
Allez, on n'en peut plus, on veut la suite de cette crème!(et quelle bonne crème xD)

Yumi94
24/08/07 à 18:07
Alala... J'ai un mauvais présentiment... J'espere qu'ils vont se remettre ensemble.... enfin tu peux pas faire autrement sinon tu aura affaire a moi !!! lol.. nan t'inquiete je vais rien te faire.. sinon j'aurai plus les suites de tes fics...lol.. faut que j'arrette de dire des betise... mdr Bon manque plus que la suite.... :oops:

Bisous

Susana

Kaede
26/08/07 à 12:44
Et voilou une tite suite ^^ qui j'espère vous plaira

bonne lecture ;)

Chapitre III/ Comment ?

Jérémie était installé devant l'ordinateur du labo, ses jambes se balançant dans le vide tandis que ses doigts effleuraient les touches du clavier à une vitesse phénoménale. Les fenêtres s'ouvraient les unes après les autres sur ses écrans et se fermaient tout aussi vite. Soudain Jérémie s'immobilisa et posa son doigt sur l'écran principal.
- Aelita regarde là ! c'est étrange on dirait…
Il s'interrompit et fit pivoter son fauteuil d'un quart et trouva une Aelita endormie à même le sol, une expression tendre et innocente sur le visage. Un fin sourire attendri étira les lèvres de Jérémie en voyant la jeune fille et il refit pivoter son fauteuil pour se remettre à travailler en silence.
Il était minuit et demi lorsque Jérémie revint sur terre après plusieurs passée plongé dans les données informatiques. Il sauta à bas de son fauteuil et contempla Aelita d'un air amoureux mais son expression vira soudainement à la tristesse en se rappelant ses paroles lorsqu'ils étaient venus à l'usine. Elle était inquiète et il savait parfaitement pourquoi…
L'attaque de Xana n'était pas arrivée au meilleur des moments et Jérémie soupira en pensant qu'il n'était de toute façon jamais intervenu lorsqu'ils auraient pu aller sur Lyoko avec facilité. Au bout d'un long moment, il posa sa main sur l'épaule d'Aelita et prononça son prénom en pressant doucement ses doigts. Il sentit une longue chaleur se répandre en lui, comme si tout son corps tout entier était réchauffé par ce simple contact. Il s'était habitué à cette sensation de bien-être qui survenait au moindre de ses contacts avec la jeune fille mais cela n'en atténuait pas moins les effets. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, la chaleur réconfortante fit naître un frisson en bas de son dos, frisson qui lui parcourut l'échine et remonta jusqu'à sa nuque. Il prononça à nouveau son prénom et Aelita ouvrit enfin les yeux. Elle se redressa en frottant ses paupières et jeta des regards curieux dans la salle puis ses yeux se posèrent sur Jérémie et elle rougit légèrement.
- Excuse moi Jérémie, bredouilla-t-elle. Je … je me suis endormie…je…
- Ce n'est rien Aelita, ne t'en fais pas, coupa Jérémie en douceur en lui tendant la main pour l'aider à se relever. Rentrons à l'internat, il est tard.
Ils firent le chemin du retour main dans la main mais en silence, profitant du simple plaisir d'être seuls dans la nuit fraîche de ce mois de d'avril. Jérémie raccompagna la jeune fille jusqu'à sa chambre. Aelita lui dit au revoir d'un signe de main, entrouvrit la porte puis voyant Jérémie immobile, les mains dans les poches et les yeux fixés sur elle, elle ne résista pas davantage à son impulsion. Lâchant la poignée, elle s'approcha suffisamment rapidement de lui pour qu'il n'est pas le temps de réagir, se mit sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur les siennes. Le contact fut bref car elle fit aussitôt demi-tour, les joues roses et la voix tremblante, elle murmura un bonne nuit à peine audible et disparut dans la chambre. Elle ferma la porte et s'y appuya en songeant à la tête de Jérémie. Ses doigts effleurèrent ses lèvres et son sourire s'agrandit tandis que de sa gorge s'échappait un sourire de satisfaction. Malgré tous les problèmes qui survenaient, Aelita s'endormit sereine ce soir là …
Jérémie demeurait immobile devant la porte close puis des pas le sortirent de sa transe et il alla sans plus tarder s'enfermer dans sa chambre, totalement désorienté. Il s'allongea sur son lit sans prendre la peine de se déshabiller et cinq minutes plus tard, un sourire illumina jusqu'à ses prunelles. Aelita l'avait embrassé… Jérémie réalisait enfin… Elle l'avait embrassé… Et sur cette pensée bienheureuse, il sombra dans un profond sommeil sans même songer un instant à sa découverte qui n'aurait dû avoir de cesse de le ronger…


- Ulrich, parle-moi s'il te plaît.
- Je ne peux pas Odd… Je suis désolé…
Les premiers mots qu'il sortait depuis plusieurs jours ne firent que désespérer davantage le blondinet. Il secoua doucement la tête de gauche à droite et s'appuya dos au mur en soupirant. Kiwi vint s'installer sur le lit, juste près de son maître et se laissa caresser avec plaisir.
- Pourquoi ? reprit Odd.
Pourquoi ? ce mot devenait lassant à force d'être répéter. Ulrich soupira et haussa les épaules.
- Pourquoi, c'est la question que je me pose…
Il savait que son meilleur ami ne comprendrait absolument pas le sens de ses paroles et il s'en fichait totalement. Pour l'instant, seule elle comptait ! Comment avait-il pu ? comment avait-il osé ? comment avait-il pu croire, ne serait-ce qu'un instant, qu'il y arriverait ? comment avait-il pu penser qu'il en était capable ? comment avait-il pu songer toutes ces années qu'elle…
- Ulrich, t'enfermer ainsi n'arrangera rien. Je peux t'aider…
- Tu ne peux rien faire Odd, coupa Ulrich en secouant la tête. Rien du tout.
- Comment tu peux le savoir ?
- Personne ne peut rien, continua Ulrich qui se sentait faiblir. Il avait cru ça plus facile, plus simple mais garder cette expression distante, cette attitude froide surtout avec elle l'épuisait plus qu'il ne l'aurait imaginé. Et en sentant ses yeux s'humidifier, il comprit qu'il allait craquer, il n'était pas de taille…
- Ulrich, insista Odd. Ulrich, raconte moi.
- Odd… Odd c'est ma faute, lâcha le brun plaquant les paumes de ses mains sur son visage anéanti. Le blond se leva et vint s'asseoir sur le lit voisin, jumeau du sien, en posant la main sur l'épaule de son ami.
- Dis-moi tout, tu sais que tu peux me faire confiance. Il faut que tu parle au moins à une personne.
Un instant il crut que son ami allait céder et tout lui raconter mais cet instant ne dura qu'une petite seconde car Ulrich se redressa soudain, le visage plus froid et plus renfermé qu'à son habitude. Il se leva brusquement, laissant Odd totalement surpris, et se dirigea vers la porte. La main sur la poignée, il s'immobilisa et sans un regard pour le blond, il lâcha d'une voix dure qu'Odd ne lui connaissait pas :
- Tu ne comprendrais pas à quoi bon t'expliquer !
Sur ces mots plus que cruels, il sortit en claquant la porte derrière lui laissant Odd ébahi, stupéfait et blessé par le ton insultant. Ses yeux se posèrent sur Kiwi un instant tandis qu'en lui déferlaient rage, peine, colère et douleur mais il finit par soupirer en revenant à la raison. Ulrich souffrait et lorsqu'il en était ainsi, il disait toujours des choses qu'il ne pensait pas et, la plupart du temps, qu'il regrettait. Odd décida donc de ne pas lui en tenir rigueur et se changea pour la nuit. Il était déjà minuit et demi et ils avaient cours le lendemain. Plus que deux jours avant le week-end et deux mois avant le bac… Il se glissa dans ses draps et éteignit la lumière avec un nouveau soupir. Pourvu que tout s'arrange où la situation deviendrait vite insupportable… D'ailleurs, ne l'était-elle pas déjà ?

Elle franchit les grilles de Kadic et s'immobilisa en plein milieu de la cour. Il était là-bas, avec les autres, comme à son habitude, à leur habitude. Et en le voyant, avec cet air sombre, elle sentit toutes ses résolutions partirent en fumée… Jamais elle ne pourrait paraître bien, en pleine forme, jamais elle ne pourrait sourire ou parler comme si rien ne s'était passé devant lui… Elle ferma les yeux et reprit sa marche d'un pas lent en soupirant. Elle atteint le banc les yeux à demi-ouvert et fixé au sol, incapable d'articuler un mot tant sa gorge était serrée. Aelita lui attrapa le bras en murmurant un salut inquiet et elle plongea alors ses yeux dans les siens. Sans savoir comment elle y parvint, elle lui sourit d'un air presque naturel. Elle répondit à son salut et fit un geste de la main à tout le groupe pour dire bonjour, comme elle l'avait déjà fait de nombreuse fois. Mais à aucun moment elle ne put poser les yeux sur lui… C'était au-delà de ses forces, voir cet air glacial… elle frissonna et tenta de concentrer son attention sur Odd qui lui parlait de choses et d'autres. La sonnerie se fit finalement entendre et elle les regarda se lever les uns après les autres pour se diriger vers leurs salles de classe presque toutes différentes. C'est alors que ses yeux se posèrent sur lui et elle prit conscience que c'était inéluctable, inévitable… debouts, totalement immobiles, ses yeux dans les siens, ils se contemplèrent gravement, tristement, profondément et la japonaise frissonna. Du plus profond d'elle-même monta une voix, un gémissement, de la douleur. Il ne pouvait pas, il n'avait pas le droit, après ce qu'il avait dit, ce qu'il avait fait… Pourquoi la regarder ainsi… Ses yeux sombres avaient pris une chaleur, une teinte inhabituelle et son expression avaient perdue sa froideur, son air distant paraissait n'avoir jamais existé et il semblait l'appeler… Il ne pouvait pas… Il ne devait pas… Elle ne pouvait pas… Imagination… Et pourtant…
- Yumi, murmura-t-il soudain d'une voix grave, rauque, chaude et implorante…
Non, elle ne rêvait pas ! Allait-il lui dire qu'il regrettait? Qu'il fallait lui pardonner ? tout oublier ? qu'ils pouvaient recommencer ? ou plutôt commencer… Car si tel était le cas, alors Yumi savait qu'elle lui pardonnerait tout dans l'instant… Elle l'aimait ! Oh Dieu, qu'elle pouvait l'aimer… Toutes ces années auprès de lui n'avaient fait qu'accentuer ce sentiment et maintenant il l'envahissait toute entière… Et elle eut envie de lui dire ! Mais jamais elle n'en eut l'occasion ce matin là... car ce qui suivit la plongea dans la plus profonde des désolations…
Il ne pouvait pas, il ne tiendrait pas… Malgré tout ce qu'il s'était promis ! Lorsqu'il prononça son prénom d'une voix inhabituelle, il était au bord du gouffre… Comment pouvait-on lui infliger ça ? comment pouvait-il lui infliger ça à elle ? Il ne pouvait détacher son regard du sien et la question résonna une nouvelle fois en lui, pourquoi ? … La vie avait-elle été faite pour être si injuste ? Dans ses prunelles il vit renaître l'étincelle, la flamme de cet espoir qu'il lui avait volé lors d'un baiser échangé sous la pluie et il se maudit. Il n'avait pas le droit, s'il lui permettait aujourd'hui, elle souffrirait toute sa vie ! non, elle devait oublier, comprendre que demain n'avait de signification, pas pour eux… Elle devait savoir, être certaine que tout était perdue car sinon, il le savait elle souffrirait … Et pour rien au monde il ne l'aurait permis… Sa raison était évidente même s'il savait que pour elle, la raison n'existait pas… il ne lui avait pas dit, cela il lui avait caché car il savait que sinon, cette flamme ne s'éteindrait jamais… Il se devait de la protéger et si pour cela, la faire souffrir un peu était inévitable, il n'hésiterait pas un instant. Elle serait heureuse plus tard … Il n'avait pas le droit, pour son bien à elle…
Le visage du jeune homme se durcit soudain et il recula d'un pas, comme pour mettre davantage de distance entre eux et devant le regard blessé de la japonaise, ses yeux se détournèrent vers l'horizon tandis qu'il enfonçait ses mains dans ses poches.
- Tu devrais aller en cours, tu vas être en retard.
Sa voix froide et distante blessa Yumi encore plus. Comment avait-elle osé y croire ? Elle hocha la tête d'une manière sèche malgré la douleur qui lui enserrait le cœur. Elle s'éloigna dans une direction tandis qu'Ulrich prenait l'autre d'un pas nonchalant. Il rejoignit Odd qui l'attendait sous les arcades et le regarda passer sans le lâcher une seconde des yeux. Le blond porta alors son regard vers Yumi qui disparaissait dans le bâtiment des sciences et soupira en emboîta le pas à Ulrich. Qu'avaient-ils donc ? que leur étaient-ils arrivé ? pourquoi après tant d'année passées ensemble s'ignoraient-ils soudain ? Il fixa une dernière fois les double porte que Yumi avait franchi et passa celle de sa classe avec un nouveau soupir… Comment les aider ?

vewtwo
26/08/07 à 13:01
que s'est il passé ? je ne comprend rien à l'histoire !

tu m'explique s'il te plait ?

yumi72
26/08/07 à 13:05
punaise sa me stress mais qu'est ce qui se passe !!!!???? Pourquoi Ulrich à rompu lui qui aimait tant Yumi j'arrive vraiment pas à comprendre ce qui a pu se passer la douleur de Yumi me fait pleurer pourtant sa se voit Ulrich l'aime toujours il se force à se montrer froid pour que Yumi l'oublie mais POURQUOI !!!?? j'en peux plus c'est trop stressant met vite la suite je t'en pris je veux savoir qu'elle est se mystère !!!!

Artémis
26/08/07 à 14:03
Ca me déroute...mais que faire? Que s'est-il donc passé, qu'on me le dise, pitié! Kaede...c'est...20 sur 20 pour le suspens! Ca c'est inévitable, comment arrives-tu à...tu nous tiens en haleine, à chaque mot, on se demande, à chaque point, on soupire, on ne sait rien de plus...et c'est comme ça à chacune des phrases...
Ce n'est qu'un flot entier de sentiments tristes, malheureux...la solitude nous tient...on a envie de savoir!
Bon, heureusement, point positif de la chose, premier baiser entre nos deux scientifiques...c'est déjà ça :)
J'attends la suite!!!*impatiemment comme tu ne peux l'imaginer*
Si seulement on pouvait avoir un flash back...quelque chose qui puisse nous aiguiller, nous mettre sur la voie...

Kaede
26/08/07 à 18:55
et voilou la suite ^^

bonne lecture, merci pour les comms ^^

Chapitre IV/ la vie continue pourtant…


- Et coefficient 5 pour l'anglais, acheva le professeur tandis que Yumi soupirait en posant son stylo.
Toutes ces explications, elle les avait déjà entendu l'année précédente, A quoi bon tout renoter encore une fois ? Elle posa son menton dans sa paume de main et son regard s'orienta vers la fenêtre. Il faisait beau aujourd'hui, seuls quelques nuages blancs ici et là habillaient un peu le ciel bleu. L'orage qui datait d'à peine quelques jours semblait avoir tout nettoyé. Elle tressaillit en repensant à la scène qui avait eu lieu au moment même où il avait éclaté… Les mots d'Ulrich lui revenaient en mémoire, agrémenté des éclairs derrière son visage froid…
-Yumi, vous êtes parmi nous ?
La jeune fille posa son regard sur le professeur quelques secondes, le temps de lui faire savoir qu'elle suivait, puis reprit la même position. Suivre ? A quoi bon ? pour avoir le bac qu'elle n'avait pu passer l'année précédente ? A quoi lui servirait-il ? Mieux vivre ? Sans lui, c'était impossible… Le bac… elle aurait du le passer il y a un an de cela mais elle n'avait pu passer toutes les épreuves… Sa grand-mère était tombée malade et elle s'était rendu avec sa famille au Japon pendant trois mois… Trois mois où elle était restée avec des moyens de communications restreints avec la France et donc avec ses amis… Son père avait préféré qu'elle refasse une année pour avoir le bac, il lui avait affirmé qu'ainsi elle pourrait avoir de meilleurs résultats et elle ne l'avait pas contredit à sa grande satisfaction… Rester une année de plus avec eux…avec lui… c'était toujours ça en plus… Aujourd'hui finalement, elle pensait qu'elle aurait mieux fait de partir... partir pour éviter ça… Non, ça n'aurait rien changer, il ne fallait pas se voiler la face… La sonnerie la tira de ses pensées et elle rangea toutes ses affaires dans son sac avant de sortir de la salle.
Elle se dirigea vers le banc où ils étaient déjà tous. Lorsqu'elle arriva, ils se levèrent pour aller au réfectoire, Odd se plaignant déjà du menu de ce midi…
- Odd, quand auras-tu fini de te plaindre ? gémit Jérémie
- Quand ils arrêteront de nous servir ces infâmes choux de Bruxelles, répliqua aussitôt Odd.
- C'est pas pour tout de suite alors…, soupira Aelita.
Ulrich marchait derrière le petit groupe, tête basse, mains dans les poches, un air sombre sur le visage mais le regard triste. La japonaise marchait aux côtés d'Odd, silencieuse. Il pénétrèrent dans le réfectoire, se servirent un plateau et s'installèrent à une table vide. La discussion toucha tous les sujets, tous les thèmes.
- Au fait Jérémie, demanda Odd au bout d'un moment, ça a donné quoi hier soir ?
En entendant ces mots, Jérémie rougit au grand étonnement de toute la bande et il leva les yeux vers Aelita qui rougit encore plus que lui. Odd haussa un sourcil inquisiteur et s'apprêta à faire une remarque mais un coup de coude d'Ulrich le fit taire.
- Il parlait de tes recherches Jérémie, lâcha Ulrich d'une voix grave.
Cette fois-ci, toutes couleurs déserta les joues de Jérémie qui arbora alors un teint cireux.
-Je… Je … Je l'avais oublié, souffla soudain Jérémie.
Sans que personne ne comprenne ce qu'il se passait, il se leva brusquement, faisant tomber sa chaise et courut vers la sortie du réfectoire.
-Jérémie, s'écria Aelita en se lançant à sa poursuite bientôt suivis des autres.
Ils grimpèrent les escaliers à une vitesse folle, les marches défilaient plus vite que jamais et lorsque Aelita atteint enfin la porte de Jérémie dans un dérapage contrôlé sur le carrelage, celle-ci était grande ouverte et le petit génie pianotait à toute vitesse sur son clavier.
-Jérémie, qu'est ce qui se passe ?
-Xana…, souffla le blond avec un air paniqué tandis que les autres pénétraient dans sa chambre. Xana a reprit de la puissance…
- Mais tu nous disais qu'il n'avait presque plus d'énergie, rappela Aelita.
-Il a trouvé un moyen, il s'est branché sur une centrale un peu à l'écart de Paris. Il faut tout débrancher…
- Quoi mais…, commença Odd.
-Et mon père ? demanda Aelita d'une voix dure.
Les doigts de Jérémie s'immobilisèrent soudain au-dessus du clavier et il se tourna brusquement vers Aelita, le visage ravagé par l'angoisse.
-Je l'ai trouvé. Lâcha Jérémie. Hier.
-Où? Pourquoi ne l'as-tu pas dit ?
-Parce qu'il est inaccessible, il faudrait une armée pour l'atteindre, Xana l'a isolé et protégé parce que sa vie dépend de lui.
-Comment ça ?
-Si Franz Hopper disparaît de Lyoko, ce sera la fin de Xana, il est lié à lui d'une façon irrémédiable, expliqua Jérémie.
-Alors il faut le libérer, lâcha Yumi d'une voix sourde.
Sa remarque amena un silence pesant dans la pièce et Jérémie la fixa comme si elle venait de proférer une énormité. Mais devant son visage froid et sérieux, il comprit qu'elle en avait l'intention et dans les yeux d'Aelita, il aperçut la flamme de l'espoir.
-T'es complètement malade, hurla Jérémie en frappant sur son bureau du poing avec rage. Yumi eut un infime geste de recul puis elle se redressa, droite comme un i, décidée à lui tenir tête. T'as pas entendu ce que je viens de dire ?? il est hors d'atteinte, complètement isolé et entouré de plus haute protection. Nous aurions peut-être une chance, et je dis bien peut-être, si toi et monsieur Ulrich vous décidiez à agir avec responsabilité au lieu de vous faire la tronche tous les quatre matins…Mais vu votre "entente" en ce moment, essayer serait un désastre, du suicide pur et simple !
Yumi et Ulrich encaissèrent le coup sans broncher tandis que Jérémie reprenait son souffle.
- Dans deux mois Jérémie, c'est le bac. Dans deux mois, nous quitterons tous Kadic. Et dans deux mois, nous n'aurons plus la possibilité d'aller sur lyoko…, murmura Ulrich. Nous ne pourrons plus combattre Xana, si nous avons une chance de le vaincre, il faut le faire maintenant !
- Ulrich a raison, reprit Odd. Il faut tenter.
- Vous n'avez pas compris, chuchota Jérémie, prenant une expression de terreur. Vous ne comprenez rien.
-Alors explique nous !
- Ton père… Aelita ton père est prisonnier dans un endroit isolé, complètement indépendant de Lyoko. Un lieu qu'il a nommé L'Olympe… Il y est le seul maître…là-bas Xana à tous les pouvoirs.
- Et tu saurais nous y envoyer ? interrogea Aelita.
- Vous y envoyer ? tu ne compte pas sérieusement…
-répond, ordonna Aelita d'une voix basse.
-Oui, lâcha Jérémie après un court silence. Oui, je saurais le faire.
-Alors ce soir nous irons.
-C'est hors de question, hurla Jérémie. Tout d'abord parce qu'il est trop bien gardé... vous ne feriez pas cent mètres… et… et s'il vous arrivait quelque chose… si vos points de vie arrivent à zéro…pas de retour….
Un grand silence s'installa bientôt brisé par la sonnerie qui annonçait la reprise des cours. Ils sortirent de la chambre et rejoignirent leurs salles de cours respectives, songeurs et perplexes.

Ulrich était allongé dans l'herbe du parc, les mains croisées derrière la nuque, il contemplait le ciel bleu et les oiseaux qui y volaient en toute liberté. Il soupira en pensant combien il donnerait pour pouvoir jouir d'un tel luxe, la liberté… Pourquoi n'y avait-il pas le droit ? Il pourrait alors faire ce qu'il voulait. Aller où bon lui semble lorsque l'envie lui en prenait, faire de sa vie ce qu'il souhaitait, aimer la fille qu'il désirait… Il secoua la tête en soupirant de nouveau. Il ne fallait pas se laisser aller à penser de telles choses… Il n'en avait pas le droit … pourtant le rêve était la seule chose qui lui restait… la seule qu'on ne pourrait jamais lui enlever. Il se redressa en entendant la dernière sonnerie de la journée et se dirigea à pas lents vers la cour. Il s'immobilisa à la sortie du parc et son regard se posa sur la silhouette de Yumi qui progressait lentement vers le portail de Kadic. Elle marchait tête basse, une main tenant son sac sur son épaule, l'autre dans la poche de son pantalon noir. Ses cheveux cachaient son visage mais il n'avait nul besoin de le voir pour en deviner l'expression perdue qu'elle arborait depuis plusieurs jours… depuis ce fameux soir où il l'avait rattrapé après les cours peu avant que l'orage n'éclate… Il revoyait encore son sourire confiant lorsqu'elle s'était aperçu que c'était lui, qui lui avait attrapé le bras … Ses yeux pétillaient encore ce soir là… Et lui, il lui avait ôté cette flamme… Comment avait-il pu croire un instant que ces mots ne la toucheraient pas ? comment avait-il osé penser que sa décision ne changerait pas trop les choses? Comment avait-il pu se voiler la face ? Elle l'aimait ! Il l'avait lu sur son visage, dans ses yeux, à travers ses larmes… Mais il était trop tard lorsqu'il s'en était rendu compte…Mais maintenant ? il n'aurait pas la force de continuer … Deux mois, temps infiniment long et tellement court en même temps… Deux mois passés avec eux, avec elle… Deux mois à ses côtés sans avoir le droit de rire, de plaisanter ou de parler avec elle… S'il en faisait ainsi… Il ne devait pas… Pourtant… Que se passerait-il s'il la rattrapait maintenant, alors qu'elle franchissait le portail, et qu'il lui avouait tout ? que ferait-elle ? pourraient-ils … Il secoua la tête, ne pas douter, c'était la meilleure chose à faire … Ne pas douter… Il n'avait pas le choix…

Artémis
26/08/07 à 19:06
Rohlala...mais c'est pas vrai! Pourquoi douter? Hein, pourquoi? Quand est-ce qu'ils vont arrêter cette torture...qui l'est pour tout le monde. Jérémie a été dur sur ce coup-là quand même...mais c'est vrai qu'ils seraient temps qu'ils se bougent. Deux mois...seulement ces deux mois à passer ensemble...ils pourraient se le dire, tout se dire, et enfin...enfin, vivre. Oui, vivre...
Continue Kaede, c'est génial! Toujours autant de suspens...on veut à la fois que ça s'arrête, qu'ils se le disent, enfin...mais en même temps, on veut que ça continue, on ne veut pas que ta fic se finisse...

yumi72
26/08/07 à 19:10
non de dieu mais qu'est ce qui se passe comment ça il a pas le choix ?? C'est pas normal, pourquoi il l'a quitté on l'a menacé de tué Yumi si ilrestait avec elle ou quoi ???!!!! (imagine j'ai raison lol j'en aurais pas fait exprès) c'est vraiment une fic génial les sentiments des personnages on les ressents vraiment j'aime pas voir Yumi souffrir je suis sur qu'Ulrich ne voulait pas lui faire de mal on le sens il est obliger d'être distant mais qu'est ce qui l'oblige à l'être non de dieu ^^

Apolla
26/08/07 à 20:29
Pas le choix, pas le choix !!!!
Mais bien sur que si. Il a le choix.
Pourquoi se voilé la face alors qu'il l'aime ?
Je trouve sa stupide. Et Yumi qui doit repassé son bac...ce n'est pas avec cette histoire qu'elle va y arrivée. Jérémie y est allé un peux fort je trouve. Et XANA qui retrouve de la puissance.....sa n'arrange guère les choses.....et dire qu'il a trouvé Franz Hopper, mais qu'il ne veut pas que ses amis aille sur lyoko...
N'empêche, c'est vraie que se serrait un sacrifice d'y allé.....
Retour impossible, si ils y mettent les pieds....n'y a t-il pas un autre moyen ? Enfin, sinon ta fic je l'ai lu du début.
Elle est génial. La narration est superbe, les sentiments sont parfaits, que dire....et tout ce suspens....vont-ils arriver à libèrer Franz Hopper ?
Je l'espère....en tout cas, bravo. Et bonne continuation !!!

Kaede
26/08/07 à 21:31
merci à mes filles adorées pour leurs comms trop mimi ainsi qu'à toi Coraline, je ne vous fais pas plus attendre, voilou une tite suite ^^

bonne lecture ;)

Chapitre V/ … je ne pourrais pas continuer…


Ulrich était dans le gymnase où il enchaînait les coups de pentchak-silat. Il déversait sa haine, sa rage et sa colère dans son art qu'il maîtrisait parfaitement. Un mois…cela faisait un mois depuis cette conversation sous la pluie et il ne tenait plus… Il était à bout. La voir tout les matins et s'empêcher de lui sourire, de lui parler, de la regarder … Il n'avait plus qu'un mois à tenir mais il ne savait comment il ferait… cela lui paraissait insurmontable. Son portable le tira de ses pensées sombres et il lut le message de Jérémie qu'il lui rappelait la mission qui devait avoir lieu une heure plus tard. Il balança le portable dans son sac et se dirigea vers les vestiaires pour se changer. La mission… Jérémie s'était enfin décidé à accepter qu'elle ait lieu… Il avait tout programmé, et tout se déroulerait ce soir… Il avait fait promettre à Ulrich d'être au mieux de sa forme, peu importe l'état de sa relation avec Yumi… Ulrich eut un sourire désabusé et amer en repensant à ses paroles… sa "relation" avec Yumi… Quel mot pour définir leur situation… Il récupéra son sac et sortit du gymnase. Après être passé par sa chambre, il sortit du lycée et se retrouva bientôt devant la bouche d'égout. Au moment où il la souleva, des bruits de pas attirèrent son attention et il leva les yeux, rencontrant le regard de Yumi. Pendant quelques secondes il se figea, il la regarda arriver près de lui puis s'arrêter à quelques centimètres à peine. Elle avait maigri, ses joues étaient cernées, elle avait le teint pâle et ses yeux étaient comme éteints. Il se reprit et détourna le regard, reportant toute son attention sur la plaque métallique qu'il décala avant de s'écarter pour laisser passer la japonaise.
Elle pénétra dans le passage sans lui accorder un regard, elle ne voulait pas qu'il voit sa souffrance. Elle n'arrivait pas à s'habituer à cet air distant, à cette expression indifférente, à ce regard froid… Non un mois ne suffisait pas, un an non plus, en vérité elle doutait même qu'une vie suffise à accepter le fait que le garçon dont vous êtes profondément éprise vous regarde à peine… Un à un elle descendit les barreaux de l'échelle et elle entendit Ulrich refermer le passage, empêchant la clarté d'entrer. Arrivé au fond, elle s'empara de son skate et après une hésitation, prit celui d'Ulrich qui achevait de descendre les escaliers et le lui tendit. Il la fixa quelques secondes puis prit la planche. Ses doigts effleurèrent sa main et tout son corps se tendit à ce contact. Yumi le dévisagea gravement puis son visage se durcit, refusant de lui laisser voir la souffrance qu'il lui causait à chaque instant. Elle se détourna et lança sa planche. Peu après, ils dévalaient les tunnels à vive allure, Ulrich talonnant la japonaise, une expression perdue sur le visage.
Il ne pourrait jamais… Jamais il n'y arriverait… Mais il fallait penser à après… au futur…
Il se stoppèrent et sans l'attendre, Yumi monta un à un les barreaux. Elle ouvrit la sortie et courut sans plus attendre vers l'usine. Ulrich la rattrapa et ils glissèrent ensemble le long des cordes puis foncèrent vers le monte-charge qui semblait les attendre. Ulrich pressa le bouton et ils entamèrent la descente dans un silence lourd.
-Yumi, murmura soudain Ulrich.
Que lui dire ? comment tout rattraper ? comment avouer ? comment tout résoudre ? comment faire ? Il ne pouvait pas …
Elle plongea son regard dans le sien et s'y perdit un instant puis elle se rappela cette scène sous l'orage, ses mots et ses éclairs, ce baiser et cette pluie… Je suis désolé Yumi… en réentendant ses paroles, en se souvenant de cet éclair qui avait illuminé le ciel alors qu'il s'excusait platement, elle sentit une rage sourde déferler en elle. Il sembla s'apercevoir de sa colère et sa main fit mine de se poser sur son épaule avant de suspendre son geste dans les airs et de retomber le long de son corps. Il la passa ensuite dans ses cheveux d'un geste las… Et s'il était trop tard, pensa-t-il en baissant les yeux.
- Pourquoi ?
Parce que je t'aime… La réponse à la question de Yumi résonna dans l'esprit d'Ulrich mais ne franchis ses lèvres à aucun moment. Pourrait-elle comprendre ? Il leva les yeux et plongea dans les siens, remarquant alors que son expression était aussi dure et aussi froide que l'avait été la sienne ce dernier mois. Elle le faisait douter… Pourtant il ne le devait pas, il se l'était promis. Mais elle le faisait douter, trop même pour qu'il retienne ses mots. Avait-il eu raison ? avait-il pris la bonne décision ? ou avait-il eu tort contrairement à tout ce qu'il pensait ? Il secoua la tête au moment où les portes du monte-charge s'ouvraient sur la salle des scanners, laissant voir Odd et Aelita qui les regardèrent avec inquiétude. Yumi jeta un dernier regard à Ulrich et sortit sans plus attendre. Le brun enfonça les mains au fond de ses poches et la suivit en jurant intérieurement. Elle le faisait douter, et il n'aimait pas ça du tout…
- Les filles, dans les scanners, je vous virtualise en première, annonça la voix déformée de Jérémie.
Yumi pénétra dans le scan, les bras croisé sur sa poitrine, le visage indifférent et les yeux fermés. Aelita soupira et pénétra dans un autre scanner. Les portes se refermèrent sur elle et peu après, leur corps se pixelisaient sur le cinquième territoire. Les garçons arrivèrent peu de temps après elles et ils s'enfoncèrent dans le noyau de Lyoko en silence, silence que même Odd n'osa pas briser… Ils atteignirent, grâce aux directives de Jérémie, le centre de la sphère du cinquième territoire et Jérémie les avertit qu'il allait ouvrir l'accès à l'Olympe.
- si l'un de vous veut faire demi-tour, déclara Jérémie, c'est maintenant ou jamais…
-Eh Einstein, tu nous prends pour qui ? rétorqua Odd.
-très bien, c'est parti alors. Et je vous rappelle… pas de dévirtualisation sinon c'est fini…
-On a compris Jérémie, rassura Aelita, ne t'en fais pas.
Dans le labo Jérémie entra les codes qu'il avait craqué durant ce dernier moi puis sa main s'immobilisa au-dessus de la touche entrée alors qu'il fixait les quatre points représentant ses amis sur son écran. Avec un soupir il pressa soudain la touche et indiqua la marche à suivre à ses amis.
- Plongez dans le l'ouverture.
Sur lyoko, les quatre lyokoguerriers regardait avec curiosité le trou carré qui s'était formé entre eux. Aelita s'avança au bord du gouffre puis entendit la voix de Jérémie et elle plongea sans plus d'hésitation, aussitôt suivit de Yumi, Ulrich et Odd. La chute lui sembla longue alors que les parois bleues défilaient de plus en plus vite de tous les côtés puis soudain le bleu se transforma en couleur sable. Elle sentit son corps ralentir et atterrit sans mal sur un sol sablonneux. Elle entendit les autres atterrirent derrière elle et fronça les sourcils en promenant son regard sur les lieux alentours.
- Jérémie, tu es sûr de toi ? on dirait qu'on est dans le désert…
A peine sa phrase achevée, elle se rendit compte qu'elle avait tort ce que Jérémie lui confirma.
- Non, c'est l'Olympe Aelita, le désert n'en est qu'une partie. Avancez jusqu'à l'arbre mort et là tournez à gauche, vous allez être surpris.
Ce qu'ils firent sans poser de question et une fois sur les lieux, ils s'immobilisèrent de stupéfaction. Plus de plateau désertique mais une étendue de ciel d'un bleu pur envahit de nuage cotonneux et doux.
-Jérémie, commença Ulrich aussitôt coupé par la voix de son ami.
-vous allez devoir marcher sur les nuages, ce sont eux les plateaux, mais certains sont piégés.
-En dessous, c'est la mer numérique ? interrogea Yumi en s'approchant du bord du plateau.
- Pas du tout, en dessous c'est la mort. Si vous tombez des nuages, vous disparaissez aussitôt. Un programme de matérialisation ne suffira pas à vous ramener, aucun programme ne le pourra.
-Je vois, grommela Odd.
- Alors c'est parti, annonça Aelita.
-Comment sait-on quels nuages sont piégés ? demanda Yumi.
- on ne sait pas Yumi…
La réponse du génie amena un silence oppressant sur le groupe qui se jeta des regard angoissé. Yumi finit par reculer de quelques foulées puis prit son élan, bascula sur les mains et se projeta sur le premier des nuages.
- Yumi ! cria Aelita alors que la Japonaise atterrissait en souplesse.
-Celui là est ok, remarqua la japonaise alors qu'ils la rejoignaient un à un.
- Non mais ça va pas, comment aurais-tu fais s'il avait été piégé ? tu te rends compte du risque que tu as pris, s'énerva Odd.
La japonaise le dévisagea quelques secondes avant de planter son regard dans celui d'Ulrich et de hausser les épaules en détournant les yeux.
- Je n'ai plus rien à perdre… murmura-t-elle avant de se jeter sur le nuage suivant avec un salto parfaitement exécuté.
Odd en resta bouche bée et il jeta un regard éloquent à Ulrich avant de la suivre.
plus rien à perdre… bon Dieu pourquoi avait-il fait ça ? il avait eu tort, il en était persuadé maintenant... il aurait du lui parler, tout avouer… Ensemble ils auraient trouvé une solution… Mais comment lui dire ?
-Yumi attend ! hurla Aelita, il y'a un autre moyen pour vérifier si les nuages sont piégés.
La japonaise se stoppa dans son élan, dévisageant son amie avec un regard curieux.
- Jérémie, sais-tu quel genre de piège c'est ?
- Oh eh bien, par déduction, je pense que ce doit être des illusions, ou peut-être le nuage explose-t-il quand on le touche…
- Alors il y a un autre moyen, affirma Aelita en plongeant son regard vert dans celui de la japonaise. La télékinésie… Porte l'un de nous jusqu'au prochain nuage et si celui-ci disparaît, nous ne tomberons pas car tu nous porteras…
- Très bien, lâcha Yumi au bout d'un long moment. Et qui est le volontaire ?
- Moi !
Yumi dévisagea Ulrich longuement tandis qu'Odd et Aelita le traitaient mentalement de suicidaire. Son expression lorsqu'elle avait pénétré dans le scanner était des plus claire, elle lui en voulait, elle était en colère. Et lui, il pensait… A quoi pensait-il ?
- Si tu espère…, commença Yumi.
- Je n'espère rien du tout, interrompit Ulrich. tu dois porter quelqu'un et je me propose… parce que je te fais confiance.
Yumi resta de marbre pourtant tout en elle n'était que contradiction, stupeur et incompréhension. Qu'espérait-il ? que voulait-il ? pourquoi après s'être acharné à mettre tant de distance entre eux la regardait-il ainsi ? A quoi jouait-il ?
-très bien, comme tu voudras, fit finalement Yumi.
Ulrich soupira de soulagement et la regarda porter les mains à ses tempes tandis qu'un halo blanc l'entourait. Il sentit son corps s'arracher à la pesanteur de ce monde virtuel et il regarda le nuage suivant s'approcher. Yumi le fit descendre avec douceur et il foula le sol avec prudence. Voyant qu'il ne se passait rien, Yumi desserra son emprise et il atterrit sans encombre sur le nuage avant de le rejoindre avec les deux autres. Ils firent ainsi trois autre nuages avant Qu'Ulrich ne voit l'un d'entre eux disparaître sous pieds. Pendant une demi-seconde, il crut qu'il allait tomber dans le vide mais toujours sous l'emprise mentale de Yumi il rejoignit le nuage suivant, qui se trouvait bien plus loin que les autres.
- Il est loin, remarqua Aelita d'une voix lointaine.
-Je ne suis pas sûr de l'atteindre, ajouta Odd.
Ils sentirent soudain leurs corps se soulever dans les airs et ils comprirent ce qui leur arrivait en voyant le corps de Yumi entouré de blanc. Ils atterrirent sans dommage et se tournèrent aussitôt vers Yumi qui se trouvait maintenant à l'extrémité la plus éloignée du nuage, une expression déterminée sur son visage. Elle se mit à courir, prenant son élan, leva les bras, enchaîna les figures et décolla dans les airs alors qu'elle atteignait le bord du nuage. Ils la regardèrent traverser le ciel et atterrirent à quelques centimètres à peine du bord du nuage où ils se trouvaient. Elle se releva et reporta aussitôt les mains à ses tempes, soulevant Ulrich de nuage en nuage jusqu'à ce qu'ils parviennent enfin à leur but selon Jérémie. Une grande porte d'un blanc pur, de cinq mètres de haut. Les adolescents la fixèrent, se demandant comment surmonter cette nouvelle épreuve.
Ulrich soupira et posa son regard sur la japonaise qui souffrait en silence des effets de sa télékinésie. Jérémie annonça qu'il craquait les codes pour ouvrir la porte et ils ne purent lui répondre qu'ils attendaient, ne se doutant pas que la prochaine épreuve serait plus difficile que ce qu'il imaginait…

yumi72
26/08/07 à 21:44
Je comprend rien qu'est ce que Ulrich fout ! Mais à quoi il joue on dirait qu'il veut récupéré Yumi mais que quelque chose l'en empêche mais quoi ! En tout cas cette escursions dans l'Olympe ne me présage rien de bon j'espère que ça va bouger qu'ils s'en sortiront tous qu'on sache enfin ce qui se passe entre yumi et Ulrich.

Gini
26/08/07 à 21:47
purée, j'ai l'estomac qui se tord en lisant ta fic, j'ai mal pour Ulrich et Yumi...Mon dieu mon dieu que va t'il se passer? Et comme dit Yumi 72, ca ne présage rien de bon l'aventure sur lyoko...
Vite la suite!

Artémis
26/08/07 à 22:09
Hum...oui, c'est vrai...Yumi a été un peu trop audatieuse...qui sait ce qui aurait pu arriver? Elle aurait pu tomber...heureusement qu'elle est une grande gymnaste, et qu'elle a une très grande endurance...porté Ulrich...il est sûrement le plus lourd et c'est lui qu'on porte...au moins, Yumi sait qu'il a confiance en elle. De plus, l'Olympe...ils devraient m'y rencontrer!^^
J'aime beaucoup l'originalité dont tu fais preuve dans cette fic. Les nuages...en territoire, il fallait y penser, bravo.
J'attends avec impatience la suite.

Yumi94
28/08/07 à 22:06
wouahhh !!!!
3 jours que je vient pas est j'ai 2 suites... c'est génial...
que dire de ces suites... rien elles sont tout simplement fabuleuse...
bravo Kaede... j'attend la suite avec impatience...

Bisous

Susana

Flammèche
29/08/07 à 16:15
Je n'ai plus beaucoup de temps devant moi, alors je serai brève : c'est toujours aussi bien écrit (je sais, je sort encore le même discours), par contre, j'ai repéré quelques petites fautes d'accord et d'orthographe. Mais rien de dramatique.
J'attends la suite avec beaucoup d'impatience, car j'aimerai bien savoir ce qui ce passe entre Ulrich et Yumi. C'est bizarre, mais en lisant ta fic, j'ai l'impression que quelque chose, ou quelqu'un, lie les mains d'Ulrich au point de vue de sa relation avec la japonaise.


À bientôt

Kaede
02/09/07 à 19:17
voilà une suite qui fait avancer l'action mais qui ne répond pas du tout aux questions entre Ulrich et Yumi ... J'espère elle vous plaira tout de même ^^
bonne lecture à vous tous ^^


Chapitre VII/ 5 et 7…


Jérémie appuya sur entrée et observa sur l'écran principal les quatre points passer la porte. Il n'avait aucune idée de ce qu'ils allaient trouver derrière.
-Le signal est brouillé, prévint-il, on risque d'avoir des problèmes de communication.
-très bien Jérémie, on entre, répondit Aelita.
A partir de ce moment là, la voix de Jérémie ne vint plus les rassurer. Elle ne se fit plus entendre et ils comprirent que la suite, ils devaient la faire seuls…
-mais…qu'est ce que…, murmura Aelita, ébahie devant le paysage qui s'offrait à leurs yeux.
Elle fit quelque pas et sentit soudain une sensation familière lui parcourir le corps mais elle ne la reconnut pas tout de suite. Les autres la suivirent et sur leur visage fermé, on pouvait deviner leur angoisse, leur incompréhension. Aelita fit quelques pas sur l'herbe verte et admira le paysage alentour. C'était comme un immense jardin, une vraie fantaisie, terriblement belle et attirante. On y ressentait une sensation de plénitude, de paix et de joie. On s'y sentait bien et en sécurité. Du moins était-ce ce que ressenti Aelita et elle se tourna vers les autres avec un immense sourire.
Derrière elle, un peu plus loin, on apercevait un splendide pommier, de tous les côtés, des fleurs de milles couleurs et de toutes senteurs égayaient ce magnifique lieu, arbustes et grands arbres poussaient ici et là en toute liberté, juste derrière le pommier se trouvait une rivière à l'eau si claire et si pure qu'elle en paraissait magique et irréelle. Ils avancèrent, Aelita tournait sur elle-même comme une gamine trop heureuse, Odd avait le sourire jusqu'aux oreilles et fermait les yeux en respirant l'air pur. Ulrich la main sur la poignée de son sabre luttait contre la sensation de plénitude qui l'envahissait ; tout comme Yumi, il gardait en tête les mots de Jérémie…Xana a tous les pouvoirs…
-Cet endroit est magnifique, s'exclama Aelita avec enthousiasme, on dirait le paradis…
A ces mots, Yumi fronça les sourcils et fixa soudainement le pommier comme si elle avait vu le diable lui-même. Odd s'en approcha, sa méfiance s'éteignant en lui comme s'il avait oublié où il était…
-Odd n'y touche pas, lança Yumi alors qu'il s'approchait pour cueillir un fruit.
-Joue pas la trouble-fête Yumi, claironna celui-ci en riant. On sent d'ici la saveur de…
- Justement Odd, on sent…, coupa Yumi d'un ton dur.
Ces mots firent tourner les têtes vers elle et réapparaîtrent les regards perplexes.
- On sent, reprit-elle, l'odorat, le toucher et je suis sûr que nous avons également retrouvé le goût…
- Nos cinq sens…, réalisa Aelita en revenant à la réalité. La sensation de tout à l'heure…
- Sensation connue, compléta Ulrich, la même qu'à chacune de nos matérialisations...
- Mais que cherche à faire Xana en créant un tel lieu, je ne comprends pas…, demanda Odd.
-Si je ne me trompe pas, Xana a un but. Ce n'est pas n'importe quel lieu qu'il a créé là…, lâcha Yumi le visage fermé.
-Que veux-tu dire ?
-Tu ne dois pas connaître Aelita, je ne pense pas que Jérémie t'en ai déjà parlé mais il y a sur terre de nombreuses religions. Et ce que Xana a créé là, est une "légende" qui fait partie de l'une d'elle… Il vient de recréer le jardin d'Eden…
-le jardin d'Eden ?
- là où Dieu aurait déposé Adam et Eve… Les premiers humains… là où a été commis le premier péché…
- Quel était-il ? interrogea Aelita, son regard ne lâchant plus Yumi.
-Eve a cueillit un fruit de l'arbre de vie… souvent représenté par un pommier …
Leurs regards se posèrent longuement sur l'arbre qui semblait illuminer les lieux alentours de son aura exceptionnelle.
-Avançons ! déclara soudain Aelita en détachant son regard de l'arbre magique et longeant la rivière.
-Yumi, comment se fait-il que tu connaisses si bien les croyances du christianisme ?
-Quand je suis arrivé en France, mon père a voulu que j'apprenne le maximum de choses sur la culture et les religions… Finalement je ne regrette pas d'avoir lu la bible, soupira-t-elle en posant un regard presque malicieux sur Odd qui marchait à ses côtés.
-Je ne regrette pas non plus que tu l'ais fait, sourit Odd avec malice.
La japonaise sourit et porta son regard vers Aelita et Ulrich qui marchaient un peu devant ; son visage perdit alors son air presque joyeux pour reprendre une expression perdue et désespéré. Il marchait devant elle, droit, fier, à l'affût, aux aguets, prêt si jamais il se passait quoi que ce soit, paré à les défendre au péril de sa vie… Yumi soupira et s'arrêta soudain de marcher tandis qu'Ulrich et Aelita se tournaient vers eux…
-Vous avez senti ? demanda Aelita d'un air inquiet.
-qu'est ce que c'était encore ? s'agaça Odd.
Ulrich promena son regard aux alentours, rien ne semblait avoir changé pourtant. La rivière coulait toujours au même rythme à quelques pas d'eux, le jardin était toujours aussi calme et serein. Ses compagnons en revanche le semblaient moins. Il dévisagea Yumi un instant mais il n'osa s'attarder à la fixer, de peur qu'elle ne le repousse, qu'elle ne lui lance ce regard qui lui glaçait le sang…
-allez en marche, rien ne sert de s'attarder davantage, déclara soudain Odd en réprimant un frisson.
D'un pas rapide, ils contournèrent arbres et arbustes, fleurs tropicales et indigènes, ne sachant vraiment où aller quand soudain Aelita s'immobilisa et montra quelque chose du doigt.
-regardez un peu ça !
Ils avaient débouché sur une immense clairière où régnait une éclatante lumière, si belle et si pure qu'elle les aveuglait presque. Et sa provenance n'était autre que l'immense pommier d'or qui trônait au milieu du grand espace. Ils le fixèrent, ne sachant que faire et sous leurs yeux stupéfaits, une pomme d'or se décrocha et tomba au sol sans le moindre bruit…

Elle était par terre, aussi lumineuse qu'un rayon de soleil et aussi belle que la première fleur d'un printemps naissant. Elle semblait l'appeler … Immobile près de ses amis, il la fixait d'un air émerveillé, ne souhaitant qu'une chose, la ramasser et la mettre à l'abri, la protéger…
- Partons, cette endroit ne m'inspire pas confiance.
La voix d'Aelita, sage et douce, lui fit tourner la tête pendant une demi-seconde mais cela ne suffit pas à le tirer de l'attirance qu'avait la pomme d'or sur lui. Il se devait de la ramasser, il ne pouvait pas la laisser là où personne ne pourrait la voir, profiter de sa beauté et puis… Il ne pouvait se le cacher plus longtemps… Il la voulait ! Il voulait qu'elle soit en sa possession. Sans vraiment avoir conscience de ses actes, il se détacha de ses amis et fit quelques pas dans la clairière avant d'entendre une voix familière qui ne le ralenti même pas…
-Odd, cria Yumi.
Mais le blond ne ralentit pas, bien au contraire. Il arriva juste sous le pommier d'or et les autres commencèrent à courir vers lui alors qu'il le contemplait avec un air émerveillé et… fier. Cet arbre pourrait être à lui… Et pour commencer, cette pomme… Il baissa les yeux et un sourire étira ses lèvres tandis qu'il fixait le fruit à ses pieds. Il se pencha, bras tendu, avec la ferme intention de la ramasser.
-Odd, non ! hurla Yumi.
-Arrête, supplia Aelita.
-Odd, ajouta Ulrich d'une voix menaçante.
Ils n'étaient qu'à quelques centimètres de lui lorsqu'il se releva, la pomme au creux de sa main, un air satisfait sur son visage virtuel. Ils se stoppèrent dans leurs courses et Odd promena son regard dans les alentours, réalisant qu'il avait probablement fait une énorme erreur… L'air s'était fait lourd, chargé, oppressant et surtout angoissant et tout à coup la pomme n'avait sur lui plus le moindre attrait. Il la laissa tomber à terre et jeta un regard paniqué à ses amis qui scrutaient les alentours avec inquiétude.
-Il ne va rien se passer, n'est ce pas ? s'enquit-il d'un ton inhabituel.
-Regardez ! s'exclama Aelita en pointant la rivière du doigt.
L'eau qui coulait encore peu auparavant, si claire et pure avait pris une teinte sombre. Ulrich dégaina l'un de ses sabre et le plongea dans le liquide qui n'eut aucune réaction inhabituelle. La rivière continuait de couler comme si rien n'avait changé et lorsque Ulrich caressa la lame du bout du doigt, son visage méfiant prit une expression de surprise puis se ferma complètement. Il s'accroupit et essuya le tranchant de son arme sur l'herbe puis la rangea, sentant les regards interrogateurs des autres sur lui.
-Allons-nous en ! déclara-t-il en se détournant de la rivière et des autres.
-Ulrich, qu'est ce que…, commença Aelita.
-Partons, insista celui-ci d'un ton qui n'admettait aucune réplique.
Yumi se porta à sa hauteur tandis qu'il partait d'un pas vif et rapide. Il comprit qu'elle ne le laisserait pas se taire et il soupira en jetant un bref regard par-dessus son épaule, il apercevait encore la rivière rouge…
-c'est du sang…
-Tu es sûr ? insista Yumi.
-Certain.
Le visage de Yumi se durcit, ses sourcils se froncèrent et elle dévisagea Ulrich longuement avant de hausser les épaules.
-Tu as une idée ? interrogea le samouraï.
-Non, répondit celle-ci sans conviction.
Mentait-elle? Il n'en était pas certain, mais n'insista pas. Si elle n'était pas décidée à le dire c'est qu'elle avait une bonne raison… Si Idée il y avait…
Il s'immobilisa soudain et son regard rencontra celui de la Japonaise, puis celui d'Odd et enfin celui d'Aelita qui grimaça avant de se retourner.
-La rivière est hors de vue.
-Mais quel était…, commença Ulrich.
-La même chose que tout à l'heure, affirma Odd sans la moindre hésitation.
- Qu'est ce que tout cela veut dire ? Je ne comprends pas le but de Xana…, soupira Aelita en jetant des regards de bête traquée sur les lieux alentours.
-Continuons, ordonna Ulrich.
Ils repartirent en silence, observant tout, ne laissant passer aucun détail, près à se battre à la moindre alerte. Mais il ne se passa rien de ce genre… Ils finirent par déboucher sur une nouvelle clairière inondé d'une lumière douce et apaisante, réconfortante et chaleureuse. En la traversant, ils eurent tous le loisir d'admirer les coussins de soie et les canapés de satin qui étaient disposés ici et là, et qui pourtant, semblaient parfaitement à leurs places. Il y avait également, posé sur une grande table de bois gravée de milles motifs gracieux et aériens, nombreuses coupelles de fruits, de légumes et toutes sortes de mets appétissants et attirants.

Elle fixa le coussin de soie violet qui l'avait attiré dés la première seconde. Ses membres étaient las, lourds, fatigués. Cette aventure l'épuisait et comme il semblait confortable et douillet. Elle ferma les yeux en s'imaginant s'allonger dessus et un sourire de bien-être total illumina son visage. Et lorsqu'elle rouvrit les yeux, une question s'imposa à elle. Pourquoi ne pas rendre ce désir réel ? ne serait-ce que quelques minutes ? A qui cela ferait-il du tort ? personne, elle en était persuadée… Elle ralentit le pas, laissant ses compagnons la précéder puis dévia de sa trajectoire et avant qu'ils ne rendent compte de son manège elle se laissait tomber dans le douillet coussin et poussa un soupir de bien-être.
-Aelita !
La voix d'Odd la fit se redresser brusquement et elle fixa les trois visages effarés de ses amis qui la contemplaient d'un air surpris. Avec un demi-sourire, elle se rallongea et ferma les yeux.
-Vous devriez m'imiter. Ça fait un bien fou, murmura-t-elle d'une voix douce, ne rien faire…profiter…
Elle finissait à peine sa phrase qu'Ulrich était près d'elle et la relevait avec brusquerie.
-Qu'est ce qui te prends? Je te signale que c'est pour sauver ton père que nous sommes là !
-Et alors? Nous pouvons toujours le faire plus tard…
Ulrich en fut tellement stupéfait qu'il n'entendit pas le bruit derrière lui mais il lâcha Aelita et se tourna vivement lorsqu'il sentit la chair de son épaule le brûler. Aelita leva les yeux au ciel en se relevant et gémit.
-Mon dieu, qu'ai je fais…
Des cancrelats, des dizaines de cancrelats tombaient du ciel et atterrissaient sans aucun dommage dans ce paradis de calme et de verdure. Ils commencèrent à tirer, faisant des ravages… Ulrich serra les dents en portant la main à son épaules blessé et fixa sa paume. Il saignait… Et la douleur… Ici ils avaient leur corps virtuels et leurs faiblesses humaines…

Les cancrelats se dispersèrent, Odd abattit le dernier qui osait encore les affronter et dévisagea Ulrich qui rengainait son sabre.
-Partons avant qu'ils ne reviennent, décréta Yumi alors qu'ils se rassemblaient.
Elle s'était égratigné les paumes des mains, Ulrich n'avait rien hormis son épaule, Aelita évité un coup de justesse sur le flanc droit mais son habit rose était déchiré et sa peau avait bleuie et Odd, lui, avait pris un coup dans la cuisse, il marchait douloureusement, supportant la douleur en silence pour ne pas ralentir ses amis. Ils s'éloignèrent de la clairière et quelques pas plus tard, Aelita ne put se retenir davantage.
-Je suis vraiment…
-Ne t'excuse pas Aelita, ça ne sert à rien, interrompit Ulrich sans même se retourner vers elle.
Bien qu'elle sache parfaitement qu'ils étaient sur Lyoko, elle sentit les larmes lui monter aux yeux et elle porta son petit poing serré contre ses lèvres, comme pour retenir ses sanglots.
-Ne la blâme pas Ulrich, elle n'a rien pu contre cette…
La sensation devenue familière interrompit Odd et la conversation également, du moins c'est ce qu'ils pensaient au début…
-Et pourquoi je ne le ferais pas ? Les cancrelats ne sont pas venus là tout seul que je sache… Elle a du tout provoqué. Si je n'avais pas était là pour me battre, vous seriez sans doute déjà tous morts…
De tels mots dans la bouche du samouraï étaient inhabituels, et son expression était bien étrange.
-Je peux savoir ce que ça veut dire ? interrogea Odd d'une voix entrecoupée, ne prêtant pas attention aux détails qui avaient sauté aux yeux de Yumi.
Le première larme coula sur la joue d'Aelita sans qu'elle ne puisse la retenir lorsque les mots d'Ulrich résonnèrent dans ce qui lui avait semblé être un paradis. Comme elle s'était trompée…
-Depuis que l'on est ici, vous accumulez les fautes ! Toi qui n'est bon qu'à faire des erreurs, provoqué des massacres et des catastrophes… Et elle, ajouta-t-il méchamment en désignant Aelita. Elle qui n'est bonne qu'à pleurer… Et puis la troisième, qui se tait, qui n'apporte aucune solution… Non de nous quatre, je suis le seul capable. Sans moi, c'en serait déjà fini de vous…
-Alors apporte nous une solution Ulrich, murmura Yumi avec calme alors qu'Odd tentait de refouler sa rage. Toi qui es si fort, dis nous donc ce qu'il faut faire.
-Bien sûr, répondit celui-ci fier et orgueilleux. Par-là.
Mais ils n'eurent pas l'occasion d'avancer car un énième bruit familier les stoppa. Yumi observait les frelion qui arrivaient de partout et son visage se crispa en voyant l'air ahuri du samouraï. Plus de doute à avoir maintenant…
-Je crois que j'ai compris…, souffla Yumi s'attirant tous les regards. Xana se sert des croyances, de la religion… J'ai compris pourquoi il nous a rendu nos cinq sens ou plutôt notre nature humaine…
-profiter de nos faiblesses, lâcha Ulrich, à nouveau lui-même.
- Pas seulement, ajouta Yumi. Les scènes précédentes ne vous rappellent rien ? les sept péchés capitaux... Odd et l'avarice, Aelita la paresse et Ulrich… l'orgueil ! Et chaque fois que l'on y cède, nous sommes puni et pas n'importe comment…, continua-t-elle en posant un regard déterminé sur les frelions qui s'approchaient dangereusement. La rivière de sang, les cancrelats et les frelions… Tout ça peut être associé aux dix châtiments… les Fléaux que Dieu à déchaîné en Egypte… les cancrelats pourraient être comparé aux grenouilles et les frelions aux mouches… Mais si tel est le cas, alors il a sauté l'un des châtiments et je suppose qu'il en passera d'autres, pour n'en avoir gardé que sept… sept péchés, sept punitions de plus en plus dures… si on continue ainsi…
Elle fut coupée dans sa phrase par un tir de frelion qu'elle évita de justesse et tous s'engagèrent dans le combat le cœur enserré dans un étau…