Histoire : Une société trop parfaite


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Écrite par Kaede le 31 janvier 2012 (1086 mots)

Prologue

La salle de bal était comble. Et Magnifique. Tout comme les gens qu’elle contenait. Que ce soit ses colonnes de marbres, ses motifs sculptés, son carrelage aux motifs splendides, ses murs et son plafond peint ou même ce lustre monumental en son milieu. Tout respirait le luxe, l’aisance, le confort, la richesse. Et toutes ces personnes qui bavardaient en son sein étaient parfaitement assorties au décor. Que de costume parfaitement lissés, de robes aux volants troublants, de bustier parfaitement ajustés, mettant en valeur des formes sans trop en dévoiler.

L’assemblée entière se tourna soudain vers le grand escalier en marbre qui donnait sur la salle de bal, le silence s’installant parmi les convives. Un couple était à son sommet et l’homme sourit, alors que son regard embrassait la foule avec un air triomphant. Au milieu de la foule qui commença à applaudir, une silhouette eut un regard sombre pour le couple qui étaient pourtant magnifique, rayonnant de gloire et beauté, faisant sans doute crever de jalousie plus de la moitié des gens de cette salle.

Ils descendirent les marches, lentement, élégamment, avec une grâce qui ne semblait même pas humaine, et des serveurs commencèrent à circuler parmi les gens richement vêtus qui les observaient d’en bas, portant des plateaux avec des coupes de champagne. L’homme, qui était d’une stature impressionnante mais faisait à peine 20 ans, leva sa coupe pour porter un toast, dominant la foule de ses quelques marches, sa compagne imitant son geste, rayonnante de perfection et de beauté.

- A notre société parfaite, déclara-t-il.
- A notre société parfaite, réitéra la foule en chœur, levant leur verre d’un même geste que lui.

Toute la foule, sauf une personne qui ne put que serrer les dents. Elle but pourtant une gorgée de ce nectar fabuleux qui leur était servi. Une société parfaite, quelle ironie, songeait la jeune femme. Il oubliait consciencieusement de citer les zones d’ombre qui résistaient encore dehors, les zones noires comme elles étaient surnommées. Celles qui n’avaient pas encore été dominées. Où ils restaient encore des rebelles. Ceux qui ne voulaient pas de cette société parfaite. Qui n’en avait jamais voulu. Qui luttaient de toute leur force contre elle.

Une silhouette se glissa soudain vers elle, une coupe de champagne déjà à moitié vide dans la main de l’homme, il eut un sourire ironique qu’elle distingua sans le voir. Tout comme elle ressentit son corps parfaitement sculpté trop proche du sien à son goût, ses magnifiques yeux sombres la détaillant sans aucun doute, heureux de la voir dans cette tenue du soir qu’elle avait tant rechignée à mettre mais qui la mettait indéniablement en valeur, la rendant belle, désirable totalement adaptée à son entourage actuel.

- Je t’ai connu meilleure actrice Yumi, lâcha-t-il d’une voix amusée.

La japonaise, car c’était bien elle, dans sa belle robe noire, le corps tendu comme un arc mais tentant de garder une allure décontractée et un visage aussi réjoui que possible qui était de circonstance, avala une gorgée de champagne avant de répondre.

- Will, je me demandais où tu avais disparu, rétorqua-t-elle finalement d’un ton tranquille
- Une belle jeune femme a attiré mon attention.
- Tu n’es qu’un coureur de jupon, grommela la japonaise.
- Une femme pourrait me changer, glissa-t-il avec un sourire sensuel qu’elle ignora, levant les yeux au plafond.
- Je ne pense pas que le moment soit bien choisi pour ce genre d’insinuation, lâcha Yumi d’un ton froid, le regard posé sur le couple qui circulait parmi les invités, recevant les louanges des personnes.
- Il triomphe, il savoure sa victoire, remarqua Will en passant un bras autour de la taille de la japonaise.
- Parce que tout ses gens ne savent pas. Encore aujourd’hui, je ne parviens pas à réaliser comment il a réussi à berner aussi facilement le monde.
- C’est dangereux de parler de ça ici Yumi, grommela Will en jetant un regard furtif autour de lui. On pourrait nous prendre pour des rebelles.

Les yeux de la japonaise s’étrécirent alors qu’elle suivait du regard l’homme brun, au beau regard, à la silhouette parfaitement proportionné, aux cheveux parfaitement coiffés. Oui nul doute, il était d’une beauté proche de la perfection. De ces personnes qui fascinaient les gens. Et en plus du physique, il avait le charisme. Son sourire charmeur en avait fait flanché plus d’un, son ton séducteur maîtrisait à la perfection l’art des mots et des beaux discours et son visage si beau savait arborait l’expression la plus juste, celle qui toucherait à coup sûr celui qui lui faisait face. Certes il était beau, et il était beaucoup plus que ça. Malin, manipulateur, séducteur, dominateur. Yumi finit par détacher son regard de lui. Il était même envoûtant.

- Je sais, ne t’en fais pas, je ne nous trahirais pas.
- Yumi, soupira l’homme brun.

Les lumières se coupèrent soudain, interrompant l’homme dans sa phrase, et un immense cri résonna dans la nuit, un cri de fureur et de rage. Puis plusieurs autres semblèrent faire écho à celui-ci et un hurlement de panique agita la foule si bien vêtue et tellement classe. Yumi et Will demeurèrent immobile dans toute cette agitation soudaine, se faisant bousculer. Will la serra contre lui et elle grimaça, absolument pas résignée à se complaire dans le rôle de femme à protéger. Pourtant elle ne dit rien, attendant que les choses se calment d’elles-même.

- Des rebelles, hurla-t-on.

Ce qui semblaient impossible. Et il y’eut un mouvement de foule pour se diriger vers les sorties déjà bloquées. Tandis qu’un nouveau cri résonnait dans la grande salle. Un hurlement qui fit se redresser Will et Yumi, cherchant celui qui hurla à s’en arracher les poumons, avec toute sa rage et sa fureur.

- Xana, ton heure de gloire s’achève enfin !

Et ce fut le chaos total dans cette salle luxueuse qui ne devint que le lieu d’une énième bataille et d’un nouveau bain de sang.