Dernière édition le 18 mai 2009
L’hiver... Période durant laquelle Paris ressemble à un royaume de glace et de neige. Cette blancheur poudreuse recouvre tout sur son chemin, y compris vos traces. Et ce froid qui vous sert de dernière enveloppe si vous n’y prenez pas garde...Pourtant, la tradition associe les fêtes les plus joyeuses à l’hiver, à savoir Noël et la Saint Silvestre. Ce sont des occasions pour se retrouver et partager quelques instants de bonheur, parfois illusoire...Parfois, c’est aussi l’occasion d’une dernière chance ou d’un dernier au revoir...
...Serait-ce ma dernière chance ou son dernier au revoir...
- Ecoute-moi bien ! J’en ai plus qu’assez de ta jalousie excessive ! Je ne t’appartiens pas et je ne suis pas ta chose ! Tu as voulu être avec moi, tu savais que tu allais devoir supporter mon besoin de libertés ! Maintenant, si tu n’as pas confiance en moi, c’est plus la peine d’essayer de faire semblant !
- Tu ne t’es jamais intéressée à ce que je faisais ! Tes libertés...Et moi ? Je dois t’attendre à chaque fois que t’as envie de les prendre tes libertés ! Tu te rends compte que je suis là moi aussi ?! Que je suis une personne avec des sentiments et pas un objet dont tu disposes à ta guise ? Je crois que de nous deux, c’est moi qui ait le plus fait de concessions ! Pour toi !
- Non mais tu plaisantes ? Tu rentres tard tous les soirs et tu deviens de plus en plus distant. Et dès que je fais le moindre écart dans mes habitudes, tu me le reproches ! Mais ma vie n’est pas fixée !
- Je rentre tard parce que je travaille dur pour nous ! Tu veux tout de même pas que nous puissions élever notre enfant dans le besoin ?
- Notre enfant ? Et depuis quand tu t’intéresse à autre chose que ta personne ?
- Retire ça, Yumi !
- Tu es la personne la plus égoïste que je connaisse, Shin ! Je ne comprends pas comment j’ai pu me laisser berner aussi facilement !
- Tes parents m’avaient prévenu de ton sale caractère !
- Très bien ! Puisque tu aimes tant mes parents, tu n’as qu’à les épouser eux ! Et pas moi !
- Qu’est-ce que tu viens de dire ? Tu romps nos fiançailles ?
- Tu as très bien entendu ! Et si t’as pas encore compris, voila ta bague !
La japonaise lui lança la bague en pleine figure, prit ses clés ainsi que son sac et claqua la porte. Elle entendit derrière elle son ex-fiancé hurler son nom mais n’y prêtait guère attention. Tout ce qui lui importait, c’était de s’éloigner au plus vite de cette maison et de lui. La neige se mit à tomber doucement et recouvrit lentement le sol. La japonaise s’arrêta et leva la tête vers le ciel, vers l’origine de ces perles blanches. Elle se revit deux ans en arrière. C’était encore le temps où elle était heureuse et avait ses amis. Aujourd’hui, ce n’était plus le cas...Et c’était par sa faute. Des larmes perlèrent sur ses joues et vinrent s’écraser sur le sol. Le vent s’engouffrait dans ses cheveux et dans son manteau, mais elle n’y prêtait pas attention. Elle sortit de sa poche une photo de groupe : Aelita, Jérémie, Odd, Ulrich et elle souriaient.
« On avait l’air tellement heureux... ».
Elle ne savait pas ce qu’ils étaient devenus depuis qu’elle les avait quittés. Elle avait fait une erreur et elle le regrettait amèrement aujourd’hui.
Yumi était tellement absorbée par ses souvenirs douloureux qu’elle n’entendit pas le crissement de pneus derrière elle.
Mais comment en étaient-ils arrivés là ? Pour cela, il faut revenir deux années auparavant.
Deux années auparavant.
- Cette fois, ça y est ! fit Jérémie.
Ses quatre amis se tenaient devant lui, sourires aux lèvres et du soulagement pouvait se lire sur leurs jeunes visages. Jérémie, par cette affirmation, venait de mettre un terme à plusieurs années de lutte et de souffrances contre cette entité dénommée XANA. Leurs vies allaient redevenir normales et ce, pour toujours. Mais une des cinq personnes était la plus heureuse par cette nouvelle. En effet, Aelita allait enfin pouvoir vivre en paix. Son père lui avait légué l’Hermitage juste avant de se sacrifier pour pouvoir mettre un terme à l’aventure Lyoko. Combien de sacrifices et de souffrances ont-ils dû endurer pour en arriver là ? Mais aujourd’hui, le 23 décembre 2006, était un jour à marquer dans l’histoire. Du moins celle d’Aelita, de Jérémie, d’Odd, d’Ulrich et de Yumi. Jour où cinq adolescents étaient venus à bout d’une entité informatique maléfique.
Aelita se jeta dans les bras de son petit ami. Elle était tellement heureuse. Une nouvelle vie s’offrait désormais à elle. En réalité, une nouvelle vie s’offrait à eux tous.
Ulrich entoura Yumi de ses bras et lui déposa un baiser sur la joue.
- Super ! Et pour marquer le coup, je propose qu’on éteigne le supercalculateur le jour de Noël, comme cela on s’en souviendra toute notre vie ! fit Odd.
- Je crois qu’on s’en souviendra de toute manière. fit Ulrich.
- De toute façon, il me faudra bien encore deux jours pour régler les dernières petites choses qui me reste avant de l’éteindre. D’ailleurs, c’est pour cela que je vous ais fait venir. Fit Jérémie.
- Ah bon ? Dit Ulrich.
- Oui. Avant de l’éteindre, je voudrais que vous passiez tous au scanner pour être sur que vous n’ayez plus rien venant de Lyoko. C’est juste un contrôle. Je ne vous virtualiserai pas. Répondit le jeune génie.
- Mais qu’est-ce qu’on pourrait bien avoir de Lyoko ? Demanda Odd, surpris.
- C’est juste pour vérifier quelque chose...fit Jérémie tout en restant vague.
- C’est moi ou tu n’essaierais pas de nous cacher quelque chose ? fit Yumi.
- Bon...Eh bien lors de votre dernier retour de Lyoko, j’ai détecté un signal étrange lors de votre dévertualisation. Et je voudrais maintenant vérifier à quoi cela correspond. Lui répondit-il.
- Bon, ben si ce n’est qu’un contrôle, autant le faire tout de suite. Fit Odd.
- Je te suis. Fit Aelita.
- Pareils. Firent Ulrich et Yumi.
Les quatre amis prirent le monte-charge et se dirigèrent vers la salle des scanners. Chacun entra à son tour dans le scanner et remonta par la suite pour rejoindre Jérémie. Le premier à avoir fini fut Ulrich. Quand il arriva à la salle principale, il remarqua que Jérémie avait une expression assez inquiète sur le visage et pianotait comme un furieux sur son ordinateur.
- Un problème Einstein ? lui dit le beau brun.
- Je te dirais cela quand j’aurais fait le scan de tout le monde. Mais le tien confirme ce que je pensais.
- Et c’est quoi ? fit Yumi qui venait d’arriver.
Elle se plaça à côté d’Ulrich et regarda l’écran avec toutes les données qui défilaient au fur et à mesure des scans effectués par Jérémie.
Il attendit qu’Aelita et Odd revinrent à leur tout pour leur annoncer ce qu’il venait de constater.
- Eh bien, il semblerait que vous ayez « absorbés » les pouvoirs que vous aviez sur Lyoko.
- Quoi ? Mais comment est-ce possible ? Fit Yumi interloquée.
- Je l’ignore mais ce sont vos scans qui me l’ont appris. Mais si j’éteins le supercalculateur, vous ne sauriez plus les utiliser...commença le génie.
- ... vu que ces pouvoirs sont liés à Lyoko. Termina Aelita.
- Donc ? fit Ulrich impatient de savoir la fin.
- Donc, il n’y a pas de problème, en théorie. Fit Jérémie.
- A moins que quelqu’un ne rallume la machine, ce qui n’arrivera pas Jérémie, concula Odd.
- Mais...fit Jérémie rouspetant.
- Jéremie, ne gâche pas ce moment. On ne risque plus rien, tu l’as dit toi-même. Pense à Aelita. Elle va enfin pouvoir vivre. Lui murmura Yumi.
- On va tous pouvoir ENFIN vivre, remarqua Odd. C’est pourquoi, on fera la fête de Noël ici !
- Ici ? Fit Aelita surprise.
- Ben oui ! On a la salle cathédrale rien qu’à nous, on va pouvoir en profiter une dernière fois ! C’est quand même ici que tout a commencé et...
- ...Que tout doit se terminer. Je pense que ça va être cool. T’en penses quoi Yumi ? lui demanda Ulrich.
- Mmm pourquoi pas ? lui fit-elle.
- Bon ben je vois que vous avez décidé...Je n’ai plus qu’à suivre, fit Jérémie résigné.
- Allez Jérém’, fais pas cette tête. Tu vas pouvoir passer un vrai Noël. Et qui plus est, avec ta chère Aelita ! lui fit remarquer Odd.
Jérémie rougit à cette dernière remarque. Cela ne faisait pas très longtemps qu’Aelita et lui étaient ensemble et ils étaient très maladroits car tout cela était nouveau pour eux.
- Je vais pouvoir inviter Ava. Elle va être super contente. Fit le blondinet.
- Dis donc Odd, il semblerait que tu sois en train de battre ton record. Un mois avec la même fille ! Fais attention, tu risques de t’habituer à elle.Fit Ulrich pour le narguer.
- Haha ! Très drôle ! Je ne ferai aucun commentaire. Lui répondit son meilleur ami.
- Ecoutez les gars, il se fait tard, je dois rentrer sinon mes parents vont me passer un savon. Aelita on se retrouve demain après midi pour faire les courses de Noël ?
- Oui oui ! Je te rejoins chez toi ! A demain bonne nuit !
- Bonne nuit lui crièrent Jérémie et Odd.
- Attends, je te raccompagne. Lui fit Ulrich.
- Bonne nuit.
Ils sortirent tous deux main dans la main en direction de la maison de Yumi. Les autres les suivirent du regard tout en faisant leurs commentaires.
- C’est bien qu’ils se soient enfin avoués leurs sentiments. Remarqua Aelita.
- Oui comme pour vous deux, en fait. Fit Odd.
- Odd ! firent les deux principaux intéressés.
- Ben quoi, c’est vrai non ? leur répondit-il.
- N’empêche, ils sont mignons, vous trouvez pas ?
- Oui oui.
- Ah oui, on vous a pas dit mais pour le jour de Noël, il faudra être bien habillés. Fit Aelita.
- Ben pourquoi ? fit Jérémie interloqué.
- He bien, puisqu’on ne fête pas Noël à l’internat et qu’il y avait un bal organisé, il faut garder le principe. Et puis c’est une fête ! C’est l’occasion, non ?
- Heu...
Aelita lui fit un coup de coude ce qui fit bien rire Odd.
- Aie...Ben oui, d’accord.
- Tu vas être trop mignon avec ta cravate et tout et tout, Einstein. Nargua Odd.
- Odd, je te signale que cela s’applique aussi à toi. Lui répondit Jérémie.
- Quoi ? Mais non ...protesta t’il.
- Mais si ! Et Ulrich sera aussi en costume !
- Bon ce n’est pas tout ça, mais vous avez vu l’heure ? Si Jim nous coince, on sera sur sa liste noire pour le reste de notre scolarité. Fit Jérémie pour changer de sujet.
- On l’est déjà de toute manière. Maugréa Odd.
- Allez, go !fit Aelita.
Les trois amis repartirent en direction de leur internat. Pendant ce temps, Ulrich et Yumi étaient arrivés à destination. Yumi avait entré ses clés dans la serrure et se retourna sur Ulrich qui lui faisait face sur le perron de la maison familiale.
- On se voit demain alors ? lui demanda le beau brun.
- Après demain car demain, je suis avec Aelita pour les courses. Lui répondit-elle.
Le voyant faire une mine déçue, elle lui dit en lui prenant le visage avec sa main :
- D’accord... J’essaierai de passer demain au soir. Lui dit-elle en le regardant droit dans les yeux. Il lui sourit et l’embrassa tendrement.
- Merci. Bonne nuit Yumi.
- Bonne nuit Ulrich.
La japonaise rentra doucement dans la maison tandis qu’Ulrich reprit le chemin vers l’internat le cœur léger.
Deux années plus tard- 2008.
Yumi était tellement absorbée par ses souvenirs douloureux qu’elle n’entendit pas le crissement de pneus derrière elle.
Le conducteur de la voiture remarqua la silhouette à travers la pluie de flocons de neige qui s’abattait depuis plus d’une heure. Il venait de déraper sur une plaque de verglas et n’arrivait pas à reprendre le contrôle de son véhicule. Il pensait s’en sortir mais son expression changea quand il se rendit compte qu’il allait percuter quelqu’un. Il appuya de toutes ses forces sur les freins tout en klaxonnant afin de prévenir la potentielle victime.
A ces bruits, Yumi sortit de sa léthargie et paniqua à la vue de la voiture qui s’approchait dangereusement d’elle. Elle ne pouvait plus bouger tant elle avait peur et se disait que comme la voiture était incontrôlable, elle n’était à l’abri nulle part. La japonaise fixa le conducteur apeuré qui lui faisait des grands signes et ferma les yeux quand elle vit la voiture juste devant elle lui foncer dessus. Elle attendit le choc pendant quelques secondes mais finit par se rendre compte que rien ne s’était passé. Yumi ouvrit les yeux et constata avec surprise que la voiture était arrêtée juste à quelques centimètres de son corps. Le conducteur fermait les yeux, ne voulant pas voir l’inévitable. La jeune femme ne comprit pas immédiatement ce qui venait de se passer ou plutôt ce qui ne s’était pas passé. Elle se rendit compte que si la voiture s’était stoppée, c’était grâce à elle. Elle venait d’utiliser sa télékinésie, de manière inconsciente. Mais tout comme sur Lyoko, ce « don » l’affaiblissait énormément. Le conducteur, ayant repris ses esprits fit dévier la voiture pour ne pas percuter la jeune femme. L’auto termina sa course contre des poubelles sans grande gravité. Yumi tomba à genoux, tant l’effort avait été énorme. Elle haletait comme si elle venait de courir. Elle regarda ses mains, devenues toutes bleues sous l’effet du froid et sa tête lui faisait extrêmement mal. Le conducteur sortit de sa voiture, légèrement sonné et blessé à la tête. Il avait heurté la vitre sous le choc. L’homme s’approcha de la japonaise pour voir comment elle allait.
- Vous allez bien ? lui demanda-t’il.
Yumi ne répondait rien. Elle était tellement choquée qu’elle ressentait des vertiges accompagnement ses maux de tête lancinants. Elle sentit juste une main l’aidant à se relever. La jeune femme tourna la tête et accepta l’aide. La main tendue l’aida à se remettre debout.
- Vous allez bien ? lui redemanda le chauffeur.
- Oui. Désolée. Ca va.
Elle constata qu’il avait une entaille au front.
- Vous avez besoin de soins. Il faut qu’on aille à l’hôpital. On a de la chance. Il n’est pas très loin. Si je me souviens bien, c’est à 10 minutes d’ici.
- Je vous aurais bien emmenée en voiture, mais elle est foutue...Enfin je crois. Plaisanta l’homme.
Yumi lui sourit gentiment mais elle était très préoccupée par ce qui venait de se produire. Cela ne voulait dire qu’une seule chose et qu’elle devait à tout prix prévenir les autres. Et cela, elle savait que ça allait être le plus dur.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, Yumi était assise sur un lit en train d’attendre l’infirmière qui allait lui prodiguer des soins. Elle n’avait rien et savait pertinemment qu’aucun médicament ne soulagerait sa migraine. C’était le revers du don. Le type de la voiture avait été emmené pour un check-up et des points de sutures. Tout le long du chemin, il n’avait pas arrêté de répéter qu’il était désolé. Yumi sourit en y repensant, c’était si mignon de sa part. Mais elle grimaça, car son mal de tête reprenait le dessus. Elle regarda autour d’elle et vit un téléphone. Elle sortit de la salle de soins et s’approcha du combiné téléphonique. La japonaise hésita sur le premier numéro à composer.
« Dois-je prévenir Shin ? Il le faudra bien mais avant il faut que je prévienne les autres... Bon...Supposons qu’Aelita soit toujours avec Jérémie et qu’elle ait gardé le contact avec Odd et Ulrich... »
Ulrich...Elle frissonna en repensant à son nom.
« Comment cela allait-il se passer ? Il ne m’a jamais pardonné pour ce que j’avais fait. Et pourtant, j’ai agi ainsi pour son bien. Mais même si je lui disais la vérité maintenant, il est trop tard. On s’est fait trop de mal. Beaucoup trop. »
Yumi composa un premier numéro. Elle stressait à l’idée que quelqu’un d’autre puisse répondre à la place d’Aelita. Une sonnerie. « Et si elle avait changé de numéro ? » Deux sonneries. « Et si elle ne voulait plus me parler ? Après tout, ce serait normal. Je n’ai plus donné de signes de vie depuis deux ans. » Trois sonneries. « Je ferais mieux de raccrocher, cela ne sert à rien ».
- Allo ? fit une voix féminine au bout du fil.
Yumi était si surprise d’entendre Aelita qu’elle ne répondit pas.
-Allo ? Répéta le correspondant.
- Aelita ?
- Oui?
- C’est Yumi.
Silence. Il dura des secondes interminables pour la jeune femme assaillie de doutes. « Et si... »
- Yumi ? C’est vraiment toi ?
- Oui...
- Ca fait si longtemps !
- Oui c’est vrai.
- Où es-tu ?
- A l’hôpital. Mais...
Aelita l’interrompit.
- Qu’est ce que tu fais à l’hôpital ! Tu n’as rien au moins ?
- Ne t’en fais pas. Je t’appelle parce qu’il faut que je te vois au plus vite. Que je vous vois tous en fait.
- Ah ben ça tombe bien ! Odd est justement à la maison. Je te donne notre adresse.
- Attends je prends de quoi noter.
- Pas besoin. Fit elle en riant. On est toujours au même endroit.
- Quoi ? A l’Hermitage ?
- Eh oui ! Ca va aller pour venir ?
- Je me débrouillerais. Je viens tout de suite. Merci Aelita.
- A tout à l’heure Yumi.
La jeune femme aux cheveux roses raccrocha et se tourna vers les visages interloqués. Jérémie et Odd l’interrogèrent du regard.
- Ben quoi ?
- Tu ne trouves pas étrange qu’elle appelle après deux années sans donner de nouvelles ? Hein ? fit Jérémie un peu énervé.
- Je suis assez d’accord avec Jérémie, Aelita. Fit Odd.
- Je ne comprends pas ! C’est notre amie ! Je sais elle n’aurait pas du disparaître ainsi sans nous laisser de traces. Mais on ne doit pas la rejeter pour autant. Enfin quoi ! C’est Yumi, non ?
- Voyons un peu ce qu’elle nous donnera comme explications. Conclua le génie.
- Et Ulrich ? Demanda Aelita.
- Je ne sais pas où il est ! Il est parti ce matin en trombe. Il est très secret de ces temps-ci. Fit Odd en s’étirant sur la chaise.
- Tu lui laisseras un message sur sa boîte vocale. Mais ne lui dis surtout pas que Yumi sera là sinon il ne viendra pas. Lui dit la jeune femme.
- Je vis aussi avec lui et je sais ce que le mot « Yumi » a pour effet sur lui.
En effet, Ulrich ne pouvait plus entendre ce prénom. Il voulait effacer toutes traces de la japonaise de sa mémoire. Tout. Elle l’avait trop fait souffrir.
Ulrich était parti courir dans la forêt malgré la neige. Depuis sa rupture avec Yumi, il était devenu distant et renfermé. On ne savait rien de ce qu’il faisait ou pensait. Il avait essayé de l’oublier avec d’autres filles mais il n’y parvenait pas. Yumi était dans sa peau, sa tête et son cœur et ce, depuis toujours.
Il s’arrêta pour reprendre son souffle et regarda le chronomètre. Il était à deux doigts de battre son record. Il respira pour retrouver un souffle normal tout en repensant à sa hantise. Yumi.
Il n’arrivait pas à se l’enlever et il en mourrait à petit feu. Elle lui avait brisé le cœur en lui annonçant que tout était fini et qu’elle partait pour le Japon. Rien que d’y penser, une rage sourde montait en lui et il avait envie de tout casser. Il frappa de son poing le malheureux arbre qui lui faisait face. Il l’avait frappé si fort que son poignet saignait. Mais il ne ressentait plus la douleur.
« Elle m’a trahi. Non, elle nous a tous trahis en nous abandonnant deux années sans donner de signe de vie. »
Est-elle morte ? Cela lui était égal. Du moins, c’est ce qu’il tentait de se persuader. Il l’aimait toujours autant, comme un fou même mais elle l’avait tellement fait souffrir qu’il avait décidé de ne plus laisser paraître ses sentiments. Qu’il serait froid et distant.
« Si jamais je la revoyais, je... »
Mais il fut interrompu dans ses pensées par le bruit de son téléphone portable lui indiquant un nouveau message sur sa boîte vocale. Il l’écouta et reconnut la voix de son vieil ami.
« Ulrich ! C’est Odd. Tu t’en doutais. Bon, euh...Aelita aimerait que tu rentres au plus vite pour te faire part d’une chose importante. Elle n’a pas voulu me le dire tant que tu n’étais pas là et tu sais comme je suis curieux ...Enfin, voilà. J’espère que tu auras ce message le plus vite. Ciao. »
Ulrich regarda sa montre puis dégagea les quelques flocons de ses cheveux. Il faisait froid et courir lui permettait de se vider l’esprit. Du moins quelques minutes. Il se remit en route direction l’Hermitage.
« Que pouvait bien annoncer Aelita ? »
Yumi avait appelé un taxi pour se rendre à l’Hermitage, l’hôpital étant trop éloigné. Elle était partie sans s’être fait auscultée par un médecin. Au fur et à mesure que le taxi roulait, le ventre de Yumi se nouait peu à peu. Elle savait qu’elle allait avoir droit à un interrogatoire sur le fait qu’elle n’ait pas donné de nouvelles durant deux années.
« Qu’est-ce que je vais leur dire ? »
Elle fut tirée de ses pensées par le bruit de son téléphone portable qui vibrait. Elle le sortit de son sac et se rendit compte qu’il s’agissait de Shin. Elle hésita une seconde puis le remit dans son sac.
« Désolée Shin, mais cela ne te regarde pas ».
Elle se remémora leur dispute et se dit qu’elle y avait été un peu fort en lui balançant en pleine figure la bague de fiançailles. Mais elle se sentait oppressée par lui. Shin lui avait fait part de son envie d’avoir un enfant mais Yumi ne se sentait pas prête. Enfin, elle voulait profiter de sa nouvelle vie depuis la mort de Xana, il y a deux ans.
- Voila Mamzelle ! Vous êtes arrivée. L’Hermitage se trouve juste au bout de ce chemin. Je ne peux pas entrer vue que c’est une propriété privée. Fit le chauffeur du taxi.
- Merci. Lui répondit la japonaise.
Elle sortit du taxi et se dirigea vers l’Hermitage. La neige tombait très fort. Elle se stoppa quand elle arriva à quelques mètres de la maison.
« Non...je ne peux pas...Je n’y arriverai pas.... »
Ulrich était presque arrivé à destination quand il entendit un drôle de bruit. Un craquement de bois mort. Il s’arrêta et écouta plus attentivement malgré la neige qui s’abattait. La forêt appartenait à l’Hermitage, c’était donc une propriété privée et personne d’autre ne pouvait y avoir accès. Donc, le bruit n’était pas normal.
- Qui est là ? fit-il sur la défensive.
Mais aucune réponse ne vint. Il continua à marcher tout en restant sur ses gardes quand il entendit à nouveau un craquement. Il se stoppa et se retourna vers l’origine du bruit. Il ne voyait rien à cause de la neige. Ulrich s’apprêtait à se remettre en route quand il aperçut deux yeux rouges brillants dans la forêt. Il s’immobilisa et chercha quelque chose pouvant l’aider à se défendre. Malheureusement pour lui, les deux yeux rouges s’approchèrent de plus en plus dévoilant un corps bestial à apparence de loup. Mais cette bête ne lui était pas étrangère. Il en avait déjà vues de pareilles du temps de Xana.
- Xana...Mais c’est pas possible ! fit le beau brun tout haut.
Il n’eut pas le temps de réfléchir quand il vit le loup grogner avant de foncer sur lui à toute vitesse. Ulrich se mit à courir pour lui échapper. Grâce à son entraînement, il avait gardé la condition physique d’athlète qu’il était du temps de Lyoko. Mais tout à coup, il trébucha sur une énorme racine d’arbre et tomba lourdement à terre. La bête, voyant cela, avait ralenti et le fixa de ses yeux rouges étincelants. Ulrich regarda autour de lui ce qui pouvait bien lui venir en aide. Il trouva une branche pas loin de lui et au moment où il allait l’attraper, le loup lui bondit dessus. Ulrich tenta de le repousser mais le loup était d’une violence rare et était bien décidé à n’en faire qu’une bouchée. Ulrich l’avait attrapé le cou et tentait tant bien que mal de le repousser mais la bête le griffer autant qu’elle pouvait. De toutes ses forces, Ulrich la repoussa le plus loin mais celle-ci se releva aussitôt. Le beau brun était sérieusement blessé à l’épaule et elle le faisait souffrir énormément. Il chercha des yeux la branche mais celle-ci avait disparue sous la neige. Il s’apprêtait à se relever mais se rendit compte qu’il était blessé également à la jambe.
- Génial...fit-il sarcastique. Il releva les yeux pour voir où était la bête mais celle-ci avait disparue.
- Au moins, elle va me laisser tranquille un petit moment. Fit-il.
Il s’agrippa à l’arbre et y prit appui pour se relever. Quand il releva les yeux, le loup était juste face à lui. Il pouvait sentir son souffle. Le cœur du jeune homme battait à tout rompre, il ferma les yeux ne préférant pas voir la mort en face. Mais étrangement, il ne sentit pas les crocs sur lui. Il rouvrit les yeux quelques secondes après, il vit une silhouette féminine qui s’était interposée devant lui.
« Ce parfum...Il y a si longtemps... »
Il regarda par-dessus l’épaule de la jeune femme et fut surpris de voir immobilisée la créature.
- Va t’en Ulrich...
Il ramena son regard à la silhouette, la détaillant du bas vers le haut. Mais sa vue s’était brouillée avec la neige et surtout la douleur atroce qui martelait son épaule et sa jambe.
- Yu...Yumi ?
.Mais la bête redoublait d’efforts pour lutter contre cette emprise inattendue. Yumi ne se laissa pas faire et redoubla elle aussi d’efforts. Cette dernière tomba à terre tout en restant concentrée sur ce qu’elle faisait. La télékinésie la faisait souffrir atrocement tant elle n’avait plus l’habitude d’un si grand pouvoir. Mais contre toute attente, la bête disparut de son plein gré.
La japonaise haletait tant l’effort lui avait coûté. Quand elle reprit un rythme un peu plus normal, elle se retourna sur Ulrich. Elle le vit allongé dans la neige, les yeux clos. Il était inconscient. Elle le secoua pour le réveiller mais rien n’y faisait. Yumi le releva et le soutint jusqu’à l’Hermitage. Bien sûr, des milliers de questions se bousculaient dans sa tête mais une seule chose l’inquiétait en ce moment : Xana est à nouveau en vie et cela signifie que tout va recommencer. Et surtout qu’elle contrôle difficilement son pouvoir. Il fallait qu’elle en parle à Jérémie.
Aelita faisait les cent pas tant l’attente lui paraissait longue. Odd la regarda faire, amusé mais aussi inquiet par la tournure de la situation. Jérémie, qui pianotait sur son ordinateur avait du mal à se concentrer.
- Bon Aelita. Cela ne sert à rien de t’énerver ainsi. Fit le génie.
- Je sais mais je trouve qu’elle met beaucoup de temps pour venir de l’hôpital. Lui répondit-elle.
- Bah, elle avait peut -être des choses urgentes à faire. Suggéra Odd.
- Peut-être mais cela fait plus d’une demi heure qu’elle devrait être là. Soupira la jeune femme.
Jérémie comprit que c’était peine perdue d’essayer de se concentrer, c’est pourquoi, il retira ses lunettes, se massa les yeux et s’étira. Puis, il se retourna sur sa petite amie et la fixa.
- Peut-être que...
- Non, ne dis pas ça ! Elle va venir ! cria presque Aelita tant elle était à cran.
Odd allait tenter de les calmer quand il entendit qu’on frappa à la porte. Il se dirigea vers elle et l’ouvrit. Il écarquilla les yeux et dit :
- Mais qu’est-ce que... ?
- Odd, aide-moi, il faut le soigner le plus vite. Lui ordonna Yumi.
Odd l’aida à soulever Ulrich et tous deux le transportèrent dans le salon. Jérémie et Aelita se levèrent à leur arrivée, une expression d’inquiétude et d’incompréhension paraissaient sur leurs visages.
- Qu’est-ce qui s’est passé, fit Aelita, paniquée à la vue du sang.
Yumi, aidée de Odd, déposa le beau brun sur le canapé puis la japonaise fixa du regard Jérémie en lui disant :
- C’est pour ça que je suis revenue. Jérémie, on a un gros problème. Xana est réveillé.
- Tu rigoles ? répondit le génie.
- J’en ai l’air ? lui répondit-elle du tac o tac.
Aelita était partie chercher des compresses pour soigner les blessures d’Ulrich pendant qu’Odd l’avait couché sur le sofa. Elle revint une minute plus tard avec sa trousse de secours. Odd avait déchiré la chemise au niveau du bras et de l’épaule pour qu’Aelita puisse le soigner.
- Je n’ai jamais vu une plaie aussi grande, c’est...impressionnant. Fit-elle.
- Laisse, je vais m’en occuper, fit Yumi.
Elle lui prit la compresse imbibée de désinfectant et l’appliqua sur l’entaille.
- Tu aurais du fil à coudre ? Il faut lui faire des points de suture pour que la plaie se referme et cicatrice.
- Oui attends, je vais t’en apporter.
Jérémie était retourné à son ordinateur et réactiva un programme qu’il n’avait plus utilisé depuis deux années. Odd s’était assis à ses côtés, se sentant inutile du côté des filles.
- Je ne comprends pas ! Comment cela est possible...s’inquiéta Jérémie.
- Comment le sais-tu Yumi ? Et qu’est-ce qui est arrivé à Ulrich ?
- Il a été attaqué par un loup dans la forêt. Fit-elle tout en préparant l’aiguille et le fil.
- Un loup ? frissonna Aelita.
- Comme ceux qui t’avaient attaqué dans la forêt que Xana avait envoyé. Tu veux bien le maintenir. Il ne faut pas qu’il s’agite quand je recouds.
Aelita vint se placer à ses côtés et pressa ses mains sur la poitrine du beau brun et regarda inquiète Yumi.
- Yumi...
- Je sais ce que je fais. Répondit la japonaise.
- Mais...Répondit sa meilleure amie.
- Ne t’en fais pas, il ne se réveillera pas. Il n’a pas bougé quand je l’ai désinfecté. Lui dit-elle.
Yumi recousit la plaie de l’épaule et allait s’attaquer à la jambe quand elle remarqua que la main d’Ulrich était abîmée. Elle sourit discrètement, reconnaissant bien le caractère trempé de son ami.
« Il a certainement du passer sa rage sur quelque chose, le connaissant ».
Elle désinfecta et banda la main puis passa à la jambe.
- Tu trouves quelque chose ? demanda Odd.
- Non. Rien. Je ne comprends pas. Lui répondit Jérémie. Il frappa du poing sur la table tellement il était frustré.
- Yumi ? entendirent-ils de la bouche d’Aelita. Elle regardait inquiète la japonaise qui semblait avoir eu un vertige. Elle se tenait la tête entre les mains et avaient les traits crispés. Les deux jeunes hommes se levèrent en direction du salon pour voir ce qui se passait.
- Yumi ? répéta Aelita.
- Ca va...Ca va passer...Ca se passe toujours.
Elle se remit au travail et termina de panser les plaies d’Ulrich.
- Comment ça? Tu en as souvent? S’inquiéta son amie.
Yumi se releva et quand elle leva les yeux, elle se rendit compte que tous ses amis la fixaient. Elle voulut ouvrir la bouche mais fut interrompue par son téléphone portable. Elle regarda le numéro et fit comprendre à ses amis que c’était important. Elle sortit pour téléphoner.
- Il va falloir qu’elle nous explique certaines choses, fit Odd.
- C’est sûr mais pour l’instant, il faut comprendre ce qui se passe. Si Ulrich s’est fait attaqué par une bête de Xana, c’est que tout recommence. Fit Jérémie.
- Oui mais tu as dit toi-même que tu ne trouvais rien par ton scan...fit Aelita.
Ulrich toussota et ouvrit les yeux, ce qui fit taire tout le monde. Les trois amis s’approchèrent de lui et le regardèrent mi inquiets mi perplexes.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? murmura t’il encore endolori.
- Tu as été attaqué dans la forêt par un loup, tu t’en souviens ? Et c’est...Commença Odd. Mais il fut interrompu par Aelita qui lui flanqua un coup de coude.
- Et te voilà, conclua t’il en se massant les côtes et en lançant un regard noir à son amie.
- Je ne me souviens pas trop...Que des bribes. Je me souviens d’une paire d’yeux rouges qui m’a attaqué et que quelqu’un s’est interposé mais après, plus rien. Fit le beau brun en se tenant l’épaule. Il se rassit et constata qu’on lui avait pansé ses plaies.
- Qui a fait cela ? demanda t’il. Les autres se regardaient, ne sachant pas s’il fallait lui dire que Yumi était revenue ou non. Mais celle-ci s’en chargea.
- C’est moi. Fit-elle en entrant dans la maison.
L’expression d’Ulrich se figea et se glaça quand il la vit. Sa colère sourde depuis deux ans transparaissait sur son visage et menaçait d’éclater. La japonaise le remarqua. Elle était déstabilisée mais ne le montra pas. Du moins, elle tentait de le cacher en se disant qu’elle venait de lui sauver la vie et qu’elle s’était sacrifiée pour son bien à lui. Ulrich se leva en titubant et la toisa d’un regard glacial en hurlant presque :
- Qu’est que tu fous ici ?
Yumi le fixa étonnée par son attitude et se dit qu’elle l’avait fait souffrir plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Et qu’il le lui exprimait ainsi. Aelita se doutait que les rencontres n’allaient pas être heureuses. Elle avait déjà du mal à retenir Odd et Jérémie d’interroger la japonaise.
- Ulrich, elle t’a sauvé la vie ! C’est elle qui s’est interposée dans la forêt. Fit Aelita.
Mais ce dernier toisait d’un regard méfiant la japonaise. Il ne disait rien mais n’en pensait pas moins. Elle l’avait tellement fait souffrir, l’avait trahi mais il n’arrivait pas à l’oublier. Elle était toujours dans son cœur. Et c’est ce qu’il lui faisait le plus de mal. Il l’aimait autant qu’il la haïssait. Et la revoir lui faisait perdre tous ses repères. Elle avait bien changée tout en restant la même. Elle s’était juste embellie et avait grandie. Ses cheveux avaient poussé et lui arrivaient aux reins. Elle les avait attaché en une queue de cheval mais les différentes péripéties eurent raison de la maîtrise capillaire. Des mèches lui retombaient sur le visage et cela la rendait particulièrement attirante. Il ne put s’empêcher de la détailler. Elle avait toujours sa silhouette sportive et ses vêtements la mettaient en valeur. Elle portait un jeans avec un long pull blanc à col roulé. Sa veste était de couleur noire. Ulrich détourna le regard quand il se rendit compte qu’elle le fixait elle aussi. Il était tout à fait déstabilisé. Il ne s’attendait pas à la revoir. Personne en fait. Yumi finit par détacher son regard pour le tourner vers Jérémie en lui disant :
- Tu te souviens, il y a deux ans quand nous avons éteint Lyoko ?
- Oui...fit Jérémie sans comprendre où elle voulait en venir.
- Tu nous avais dit qu’on avait « absorbé » nos pouvoirs mais qu’on ne saurait plus les utiliser une fois que Xana sera anéanti. Continua t’elle.
- Oui je m’en souviens mais où veux-tu en venir ? fit Jérémie suspicieux.
- Regarde. Fit la japonaise.
Elle fixa un livre sur la table et le fit s’élever dans les airs. Ses amis la regardèrent faire tout en étant ahuris. Soudain, Yumi ne parvint plus à contrôler son pouvoir et le livre retomba lourdement dans la pièce. La jeune femme hurla de douleur et tomba à genoux en prenant sa tête entre ses mains.
- Yumi ! Hurla Aelita et Odd. Jérémie et Ulrich ne disaient rien, ne comprenant pas ce qui venait de se passer. Aelita aida son amie à s’installer sur le sofa et vint s’asseoir à ses côtés. La japonaise semblait à bout et ses traits étaient à nouveaux crispés. Jérémie eut soudain une idée et se dirigea vers son ordinateur. Il pianota quelques secondes et ouvrit une série de fichiers contenant des données de Lyoko. Ulrich ne savait quelle attitude adopter.
« Fait-elle semblant pour reconquérir notre confiance ? Mais elle semble être à bout...Et puis, elle m’a sauvé la vie. Je ne lui pardonnerai jamais ce qu’elle m’a fait subir mais je dois lui donner le bénéfice du doute. Tout est à refaire... »
- Je crois que j’ai trouvé. Hurla presque Jérémie. Yumi, tes douleurs sont-elles liées au fait que tu utilises ta télékinésie ? demanda le génie.
- Oui...lui répondit-elle.
- Et combien de fois l’as-tu utilisée aujourd’hui ?
- Trois fois. Je...J’ai trop mal et ça empire à chaque utilisation. Fit-elle toujours la tête entre les mains.
- Il semblerait que tu ne contrôles plus ton pouvoir du fait que tu ne l’as pas utilisé depuis deux ans et surtout que cela s’applique dans la vraie vie. C’est complètement différent de Lyoko. Tu ne dois pas utiliser ton pouvoir à la légère sinon ton corps ne suivra pas. Tu comprends Yumi?
- Oui...fit-elle.
- Attends. Je ne comprends pas. Tu veux dire qu’on a nos pouvoirs de Lyoko ? Fit Ulrich.
- Il semblerait en effet. Lui répondit le génie. Mais ne prenez pas ça à la légère. Cela a des conséquences directes sur vos corps. Et de plus, pour le moment, je n’arrive pas à expliquer pourquoi vous avez vos pouvoirs.
- Mais pourquoi n’ais-je pas pu utiliser le super-sprint tout à l’heure ?remarqua le beau brun.
- Je n’en sais rien Ulrich. Peut-être que cela apparaîtra plus tard. Fit Jérémie, ne sachant pas quoi lui dire.
- Ou peut-être qu’il faut que tu sois dans une situation d’extrême urgence pour recourir à ton pouvoir de manière inconsciente. Objecta Yumi sans le regarder.
Ulrich la toisa du regard et voulut protester mais Aelita le vit et dit :
- Sans doute qu’Ulrich a une assez bonne condition physique pour courir et qu’il n’en a pas eu forcément besoin. Conclua Aelita.
Puis un silence gênant s’installa dans la pièce. Aelita et Jérémie partirent dans la cuisine tandis qu’Odd était parti dehors pour appeler sa femme. Se retrouvant seuls sans dire un mot, Yumi se leva et fit mine de partir quand elle entendit dans son dos :
- Tu pars déjà ? C’est une habitude chez toi de partir sans dire aurevoir. Fit Ulrich sarcastique en hurlant presque, attirant Aelita et Jérémie à écouter la conversation.
La main sur la poignée, sans se retourner, elle lui répondit du tac o tac :
- Ne t’en fais pas, je n’attendais pas un merci de ta part pour t’avoir sauvé la vie. Après tout, tu ne me dois plus rien. Alors, voilà, on va dire qu’on est quittes. Termina Yumi.
Elle tourna la poignée quand elle sentit une poigne forte autour de son poignet. Elle leva les yeux de surprise et vit un regard terrifiant, défiguré par la colère.
- Oh non Yumi ! On n’est pas quittes. Tu m’as trahie, tu nous as tous trahie ! Tu es partie sans rien nous dire deux années ! Mais merde Yumi tu pensais à quoi ! Tu pensais pouvoir faire un trait sur nous comme ça ? Hein ?!
- Lâche-moi Ulrich, tu...tu me fais mal...fit calmement Yumi en retenant ses larmes tant elle était déstabilisée par toute la colère que lui déversait Ulrich.
- Je te fais mal ? Ah ouais ! Tu n’imagines même pas le mal que tu nous as fait à nous ! Que tu m’as fait ! Aelita a pleuré durant des jours quand je lui ai appris que tu étais partie sans rien dire si ce n’est cette lettre. Ah oui ! Cette fameuse lettre où tu m’as clairement fait savoir que je ne devais pas chercher à te retrouver. Que tout était fini. Tu parles ! Tu es la personne la plus égoïste que je connaisse Yumi !
- Laisse-moi partir Ulrich...lui murmura t’elle.
- Pas avant que je ne t’aurais dit ce que tu as raté par ton égocentrisme. T’étais là quand Odd s’est marié ? T’étais là quand Jérémie a eu son accident ? T’étais là quand on a tous été diplômés ? Hein ? Non ! Tu n’étais pas là ! Tu étais je ne sais où en train de faire je ne sais quoi ! Tu ne sais rien de nous de ces deux années ! Tu ne nous connais plus ! Et tu sais quoi ? Nous non plus on te connaît pas ! Ce n’est plus toi qui va nous dire ce qu’on doit faire ! Tu n’es plus rien pour nous ! Tu n’es plus rien pour moi !
- Ulrich ! gronda Aelita.
Ce dernier se retourna et s’adoucit à sa vue. Puis quand il se retourna, il vit Yumi larmes aux yeux. Il fut surpris de la voir ainsi et il sentit qu’il avait été trop loin. Il s’en voulait mais il avait eu besoin d’évacuer tout le mal qu’il ressentait.
- Non Aelita. C’est bon. Cela a au moins le mérite d’être clair. Fit la japonaise.
Elle lui sourit en séchant ses larmes. Puis se retourna et dit à Ulrich d’un calme étrange sans le regarder :
- Je vais te dire une dernière chose, Ulrich. Toi non plus tu ne sais rien de moi, de ce que j’ai vécu ces deux dernières années.
Puis elle se retourna sur Aelita et Jérémie :
- Merci de m’avoir accueillie. Vous féliciterez Odd et Ava de ma part.
Elle sourit une dernière fois puis ferma la porte. Ulrich resta figé sur place. Il n’en revenait pas que tout était sorti tout seul aussi facilement. Il savait qu’il avait été dur mais il n’arrivait pas à lui pardonner.
- Ulrich....Elle est revenue. Laisse-lui une seconde chance. Au moins, laisse-la s’expliquer. Je t’en prie...Essaya la jeune femme.
- Je ne sais pas si je veux savoir la vérité. Après tout, cela peut être pire. Lui répondit-il.
- Ecoute ton cœur Ulrich. Lui conseilla Aelita.
- Justement Aelita. J’ai trop mal pour la laisser entrer de nouveau dans ma vie. Fit tristement Ulrich en regagnant sa chambre.
Yumi s’était engagée dans la forêt et s’était tout à coup stoppée. Il pleuvait et des larmes ruisselaient sur ses joues sans qu’elle puisse les arrêter. Elle ne savait plus quoi faire ni que penser. Et le revoir réveillait des sentiments très forts qu’elle avait cru éteints.
« Que dois-je faire ? » se demandait-elle. Tout en se posant des questions, elle rejoignit la route et appela un taxi pou rentrer chez elle. Une demi-heure après, elle arriva à l’appartement qu’elle partageait avec Shin. Elle ouvrit la porte et le vit dans le salon, mort d’inquiétude.
- Tu vas bien ? Lui demanda t’il sur un ton très inquiet.
- Oui...Pourquoi ? lui répondit-elle, étonnée de la question.
- L’hôpital m’a appelé pour me prévenir que tu avais été victime d’un accident de voiture et que tu devais être en observation. Fit Shin, après s’être levé du sofa.
- Ah...répondit la japonaise distraitement.
- Yumi, qu’est-ce qui s’est passé ? s’inquiéta le jeune homme.
- Rien. Ne t’en fais pas. Fit-elle en souriant.
- Tu es sûre ? lui demanda Shin.
Elle le regarda, s’approcha de lui puis l’embrassa pour le rassurer. Mais elle lui mentait et ne le supportait pas. Elle finit par se détacher de lui et lui sourit.
- Je vais prendre un bain. Fit-elle.
Il lui attrapa le poignet, déjà meurtri par la poigne forte d’Ulrich qui lui avait laissé quelques marques mais Shin ne le remarqua même pas. Il était trop obnubilé par autre chose.
- Tu me mens, Yumi. Et je n’aime pas cela. Lui fit-il d’un ton froid.
Elle se raidit et le regarda sans comprendre ce qu’il voulait dire.
- Qu’est-ce que tu me caches Yumi ?
- Mais rien ! s’énerva t’elle. Lâche mon bras !
- Pas tant que tu ne m’auras pas dit la vérité ! Insista t’il.
- Je n’ai rien à te dire ! Laisse-moi, je suis crevée. Protesta t’elle.
Il la lâcha, la laissant partir dans la salle de bains puis ouvrit la bouche juste au moment où elle s’apprêtait à entrer dans la pièce.
- Peux-tu me dire ce que tu foutais chez ton ex ?
Elle se retourna surprise et le regarda sourire de satisfaction d’avoir touché un point sensible.
- Que...Comment tu le sais ? Et puis en quoi cela te regarde ? lui répondit-elle en colère.
- On se marrie dans un mois, Yumi ! On doit tout se dire ! se justifia son petit ami.
- J’ai rompu les fiançailles, je te signale ! Dit Yumi.
- Un excès de colère, c’est tout. Mais tu n’as pas répondu à ma question ! lui dit-il.
- Je n’ai rien à te dire. Cela ne te regarde en rien ! Ragea t’elle.
- Tu l’aimes, c’est cela ? Fit-il tout à coup.
- Mais rien à voir ! Arrête de te faire des films ! répondit la japonaise qui se retourna pour aller à la salle de bains.
- Tu es à moi Yumi, fit-il en la plaquant contre le mur lourdement.
Yumi commença à paniquer tout en restant calme pour lui montrer qu’il ne l’impressionnait pas. Shin commença à l’embrasser mais elle se refusa. Il lui tint la mâchoire de sa main et la força à l’embrasser. Elle se débattit mais il lui bloqua les mains. Il l’embrassa durement et elle se rendit compte qu’il avait bu. Une haleine d’alcool l’empestait.
- Arrête...Tu as trop bu...protesta t’elle.
- Tu es à moi ! répéta t’il.
Elle lui donna un coup de genoux pour qu’il la libère. Ce dernier hurla de surprise et de douleur et quand il la regarda, Yumi comprit que l’alcool faisait son effet. Il la toisa durement et méchamment puis, sans crier gare, Shin la gifla. Si fort qu’elle tomba à terre et s’ouvrit la lèvre inférieure. Une légère entaille se dessina également sur le front. Elle le regarda effarée, craignant qu’il ne la batte. Mais au contraire, sous l’effet de l’alcool, il tomba tout à coup endormi. Elle se releva après avoir attendu une dizaine de minutes pour être sûre qu’il n’allait pas se réveiller, alla à la cuisine se chercher de la glace pour mettre sur sa mâchoire endolorie et s’assit, jambes contre la poitrine, sur le sofa. Yumi n’osait plus bouger ni faire quoi que ce soit. Elle était tout simplement choquée. Puis des larmes perlèrent sur ses joues. Et se dit, mettant sa tête contre ses genoux :
« Qu’est-ce que j’ai fait ? »
Elle resta ainsi toute la nuit puis, quand elle se rendit compte que c’était le matin, elle se ressaisit et partit dans la salle de bains. Elle tentait de faire le moins de bruits pour ne pas réveiller son compagnon. Tout en prenant sa douche, elle était perdue dans ses pensées. Une fois sortie de la douche, Yumi se regarda dans une glace et constata une tâche mauve. Elle allait devoir cacher son bleu sous du fond de teint. Mais pour l’entaille, elle ne saurait rien y faire. Il allait falloir qu’elle fasse semblant. Comme d’habitude. Elle faisait toujours semblant. Même dans cette union. Elle se croyait heureuse avec lui mais elle venait de découvrir une nouvelle facette de Shin. Leurs parents respectifs les avaient présenté en espérant une union qui pouvait les sortir de leurs problèmes économiques. Elle avait fini par accepter que c’était la seule solution et c’était en partie pour cela qu’elle avait laissé Ulrich. Mais là, elle ne savait plus que penser. Elle se changea, adopta un jean et un pull noir et fit une queue de cheval. Elle se maquilla légèrement pour que l’ensemble concorde avec le fond de teint et tenta de dissimuler la lèvre coupée et l’entaille avec un jeu de mèches.
- Yumi...Fit Shin doucement.
Elle se figea, glaçée et inquiète du sort qu’il allait lui réserver. Mais le jeune homme tomba à ses genoux en pleurant.
- je...je ne sais pas ce qui m’a pris. Je suis désolé ! Je ne voulais pas te frapper ! Je ne le ferais plus.
Mais Yumi ne disait rien. Elle recula au moment où il voulut lui effleurer la joue. Elle n’arrivait pas à se défaire de l’image où elle l’avait vu, le visage déformé par la colère et l’alcool. Il aurait pu la tuer.
- Je ne veux plus que tu me touches...osa t’elle dire.
- Je t’en prie, ne me rejette pas ! Je ...je t’aime Yumi. Lui dit-il tristement.
Cette dernière se leva, ne supportant plus d’être enfermée. Elle partit vers la porte et l’entendit rager.
- Vas-y ! Vas le rejoindre !
Mais Yumi ne répondit pas à ces attaques. Elle ouvrit la porte et quand elle regarda derrière elle, elle vit un vase valser et s’écraser à quelques centimètres de son visage. Des éclats de verre volèrent et lui coupèrent la pommette droite. Elle claqua la porte de peur et s’enfuit en courant. N’importe où mais loin de lui. Elle entendit juste hurler son prénom avec un cri déchirant.
Elle marcha machinalement, sans faire attention à quoi que ce soit ni où elle se dirigeait. Elle heurta à un moment donné quelqu’un et il lui fallut au moins une bonne minute pour s’en rendre compte.
- Yumi ? fit une voix qu’elle reconnaissait.
Elle leva les yeux et vit sa meilleure amie face à elle. La jeune femme la regarda inquiète de son comportement.
- Tu vas bien ?... Mais tu es blessée ! Qu’est-ce qui t’es arrivé ?
- Rien ne t’en fais pas. Fit -elle pour couper court aux questions en lui souriant légèrement.
Aelita la regarda et constata des cernes sous ses yeux. Elle avait l’air fatiguée et elle lui cachait la vérité. Aelita n’aimait pas cela mais elle respectait son choix. La jeune femme aux cheveux roses arrêta de la fixer et lui dit pour changer de sujet :
- Tu tombes bien ! Jérémie voulait te faire part de son avancement.
Elle se retourna pour partir quand elle sentit que la japonaise ne suivait pas.
- Yumi ?
- Et Ulrich...?
- Ne t’en fais pas. Il dort, il est épuisé par ses blessures et je crois qu’il n’a pas bien dormi cette nuit. Donc, tu ne le verras pas de sitôt !
Yumi lui sourit et la suivit. Elle venait de vivre un cauchemar mais elle s’embarquait dans une autre situation stressante : un inévitable face à face avec Ulrich.
Ce dernier n’était pas sorti de sa chambre et avait mis tout sens dessus dessous. Il souffrait et n’arrivait pas à l’extérioriser. Bien sûr, beaucoup auront pu penser qu’après deux ans, on s’en remet. A vrai dire, il commençait seulement à s’en remettre mais le fait de la revoir lui faisait revivre cette douleur qui le consumait. Il n’avait pas dormi de la nuit à cause des douleurs de ses blessures et s’était assoupi sur le matin après s’être épuisé à se poser des centaines de questions et imaginer plein de scénarios pour expliquer le départ et la longue absence de Yumi.
Aelita et Yumi entrèrent et retrouvèrent les deux amis dans le salon, en train de discuter devant l’ordinateur de Jérémie.
- C’est nous, prévint Aelita.
Jérémie et Odd se retournèrent à la voix féminine et se forcèrent de sourire à l’arrivée de Yumi. Celle-ci ne se sentait pas à l’aise vis-à-vis d’eux et comprit qu’ils lui en voulaient de son absence sans explications mais qu’ils faisaient des efforts pour s’entendre. Elle prit sur elle et s’avança pour les rejoindre.
- Aelita et moi avons fait des analyses des programmes pendant des heures. Fit le génie.
- Et ? demanda Yumi qui était de plus en plus nerveuse par leur attitude.
- On a rien trouvé si ce n’est ce qu’on savait déjà. Tu as ton pouvoir grâce à la réactivation de Lyoko. Maintenant, il faut qu’on sache si on a à faire de nouveau à Xana et qui est l’auteur de cette réactivation. Lui dit le génie.
- C’est tout ? Fit Yumi sceptique. Jérémie, je sais que tu ne m’as pas fait venir uniquement pour me dire cela. Il y a autre chose ?
- En fait, je voulais savoir quels sont les effets à long terme de l’utilisation de ton pouvoir. J’ai pu déterminer que tes maux de tête étaient liés à l’emploi de la télékinésie mais je voudrais faire plus de recherche pour savoir la fréquence et surtout les conséquences sur ton organisme.
- ...Je comprends. Fit la jeune femme, ailleurs.
Jérémie et Odd la regardèrent étonnés qu’elle accepte aussi facilement. Elle semblait si sauvage et si lointaine depuis son retour. Et là, c’est comme si ils venaient de retrouver la Yumi d’il y a deux ans. Aucun des deux ne firent attention aux blessures de la jeune femme, se disant qu’elles devaient être liées lors du « sauvetage » d’Ulrich dans la forêt.
Aelita sortit de la cuisine avec les pansements destinés au beau brun. La japonaise le remarqua et lui dit :
- Je vais le faire, les blessures ne sont pas encore cicatrisées et cela risque de saigner. Je...
- Je t’en prie. Fit Aelita en les lui donnant.
Puis, au moment où Yumi se dirigea vers l’escalier, Aelita la retint en lui disant doucement pour que les autres ne l’entendent pas :
- Je suis contente que tu sois revenue. Qu’importe ce qui s’est passé ces deux années, ce qui compte c’est que tu sois là. Mais les autres ont plus de mal à l’accepter. Surtout Ulrich. Il a beaucoup souffert tu sais. Sois patiente avec lui...
La japonaise lui sourit faiblement et monta les marches.
Il se réveilla en entendant les éclats de rire depuis le bas et reconnut la voix de ses amis. Quand Ulrich ouvrit les yeux et se tourna vers la porte, il la vit. Le beau brun se figea de surprise et sa colère repassa sur son visage. Pourtant, il y avait quelque chose dans le regard de la japonaise qui le culpabilisait. Elle semblait cacher quelque chose de très douloureux.
Il se rassit en grimaçant sous la douleur de son épaule et de sa jambe. Elle ferma la porte et s’approcha du lit sans le toucher. Elle s’assit sur le bord et voyant qu’il allait protester, Yumi ouvrit la bouche.
- Tes pansements doivent être changés ! Fit-elle, imposante.
- Quelqu’un d’autre peut le faire à ta place, lui répondit-il durement.
- Oui. Mais je suis là et c’est moi qui vais le faire ! lui dit-elle du tac o tac.
Elle partit déposer la trousse de médicaments et de pansements sur l’appui de fenêtre. Tout en préparant, elle lui tourna le dos et lui dit pour couper court au silence gênant :
- Je t’ai fais beaucoup de mal Ulrich... Je le sais. Et j’en suis désolée.
- T’espères quoi ? Te faire pardonner ? lui répondit-il méchamment.
Elle se retourna pour lui faire face et s’assit sur le bord du lit.
- Non. Je sais que tu ne le feras pas. Lui fit-elle doucement.
- Alors, qu’est-ce que tu me veux ? fit-il sur la défensive.
Elle le regarda et joua nerveusement avec ses cheveux. Il remarqua qu’elle avait une entaille au front et à la joue. Et à y regarder de plus près, sa lèvre inférieure était coupée. Son cœur se serra à la vue de ces blessures mais ne dit rien par fierté et par rancœur.
- Je ne te veux rien, Ulrich. J’étais juste venue voir comment tu allais. Je...commença t’elle.
- Je vais bien mais maintenant tu sors. Je veux que tu sortes de ma vie et aussi vite que tu l’as fait, il y a deux ans ! lui cria t’il.
Elle fut pétrifiée par sa réaction et ne le cacha pas. Déstabilisée et larmes aux yeux, elle lui dit :
- Je le ferai mais avant je vais te dire pourquoi je suis partie.
Yumi se leva et alla devant la fenêtre. Le soleil passait à travers les rideaux et elle pouvait voir que le sol était à nouveau recouvert de neige.
Ulrich la regarda, surpris qu’elle lui dise la vérité. Il ne s’attendait absolument qu’elle veuille s’expliquer sur son départ.
- Si je t’ai quitté, c’était pour ton bien....commença t’elle.
- Comment ça pour mon bien ! Tu as vu dans quel état je suis ? Hein ?! Tout ça à cause de tes conneries ! lui répondit-il en essayant de se lever de son lit.
- Je sais que c’est trop tard, mais je t’ai quitté parce que je t’aimais trop et que je n’ai pas eu le choix...fit-elle.
- Ben voyons, donne-toi le beau rôle. Lui répondit-il sarcastique.
- Ecoute-moi au moins ! fit Yumi en haussant le ton. Il y a deux ans, le lendemain du jour de Noël, ton père est venu me voir. Tu dormais encore. Il m’a dit que tu avais été pris dans la prestigieuse école de Pentchak de Californie et que tu allais y passer deux années.
- Mais quel est le rapport avec nous ? demanda Ulrich, qui s’était calmé un peu.
- Ton père m’a clairement fait comprendre que c’était la chance de ta vie et que je ne devais en aucun cas t’en empêcher. En fait, quand j’ai appris cela, j’étais très heureuse pour toi et je voulais te faire la surprise de partir avec toi. Lui dit-elle.
- Mais cela ne s’est pas fait...remarqua t’il amer.
- J’ai appris le même jour que mon père était muté au Japon et que je devais les accompagner. Ils m’ont dit que j’avais été reçue à l’Ecole d’Art de Tokyo et que c’était l’opportunité de ma vie. Que je ne devais en aucun cas la louper.
- Mais c’est quoi le rapport avec moi ? demanda Ulrich méfiant.
- Je savais que si je te disais que j’allais au Japon, tu serais venu avec moi. Et je ne le voulais pas. Je ne voulais pas que tu gâches la chance de ta vie. C’est pour cela que je ne t’ai pas dit au revoir et que je t’ai laissé une lettre.
- Tu te rends compte que tu es partie sans rien me dire à part ce bout de papier ! Mais c’est tellement lâche, Yumi...Cela m’a brisé...
- Je sais ...J’ai fais une énorme erreur...Si je pouvais revenir en arrière....
- Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?coupa court Ulrich.
- Un mois après être partie pour le Japon, je n’en pouvais plus de ne pas te voir et je m’en voulais d’être partie ainsi. C’est pour cela que j’ai pris le premier avion pour la Californie.
- Quoi ? Mais comment ça ? fit le beau brun étonné et sceptique.
- Je me suis renseignée où tu habitais et j’avais décidé de te faire la surprise. Mais...
- Mais quoi ? fit-il excédé.
- Tu n’étais pas seul. Apparemment, tu avais été très rapide à me remplacer. Fit Yumi amère.
Ulrich blêmit en constatant qu’il avait tout faux et tout fait foiré. Enfin, en partie. Il ne se souvenait même plus du nom de cette fille. Il en avait eu tellement mais aucune ne lui avait enlevé Yumi de la tête. Il resta fier et ne laissa rien paraître de l’effet que lui faisait cette nouvelle. Il ne pouvait pas faire table rase du passé d’un coup.
- Pourquoi n’as-tu pas tenté de rentrer en contact avec moi ? fit-il, plein de reproches.
- Pour quoi faire ? Tu n’en avais plus rien à faire de moi...répondit Yumi.
« ... »
- Et ensuite ? fit-il pour changer de sujet.
- Je suis repartie ensuite au Japon et là tout n’a fait qu’empirer.
- Qu’est-ce que tu veux dire ? lui demanda t’il, méfiant.
Yumi le regarda et le vit plus adouci qu’auparavant. Il sembla que la vérité avait pensé certaines de ses blessures. Mais tout restait à refaire. Elle évita la question, ne sachant plus où elle en était avec Shin et la japonaise ne voulait surtout pas lui dire ce qui s’était passé au Japon. Elle avait trop honte. Il la regarda plus attentivement, essayant de savoir ce qu’elle lui cachait encore. Elle lui sembla être une étrangère et il n’avait plus confiance en elle depuis qu’elle l’avait quitté.
- Je veux bien essayer de comprendre pourquoi tu ne m’as plus donné de nouvelles durant deux années. Mais aux autres ? Pourquoi ne leur as-tu plus parlé ? Pourquoi n’as-tu pas eu confiance en nous Yumi ? Pourquoi ? Lui hurla t’il au visage.
Mais la japonaise ne répondit rien. Des larmes ruisselèrent sur ses joues mais aucun son ne sortait de sa bouche. Elle était pétrifiée par sa colère.
« Il a raison après tout... »
- Je ne te pardonnerai jamais ce que tu m’as fait. Jamais ! Et quelle que soit la raison pour laquelle tu as disparue durant deux années! lui dit-il aussi froid.
La japonaise encaissa sans rien dire. Elle continua à changer les blessures et à remplacer les pansements. Ce dernier grimaça de douleur mais ne voulait pas qu’elle profite de sa faiblesse.
Un silence pesant s’installa dans la pièce. Elle finit par prétexter pour y mettre un terme :
- Il faut que je change ton pansement à ton épaule. Elle te fait encore mal ? lui dit-elle en nettoyant la plaie.
Sentir le souffle de l’être aimé si près de soi rendait fou Ulrich, même s’il la détestait. Il la regarda droit dans les yeux et quand celle-ci le remarqua, le regarda à son tour fixement. Il voulut l’embrasser mais cette dernière se recula, encore traumatisée par ce qui lui était arrivé au matin. Mais Ulrich l’interpréta mal.
- Tu vois, si tu m’avais vraiment aimée, tu ne serais jamais partie et on en serait pas là ! lui dit-il amer.
- Si tu m’avais vraiment aimé Ulrich, tu n’aurais pas couché avec elle. Et je n’aurais pas...S’interrompit-elle brusquement, se rendant compte qu’elle était sur le point de tout lui balancer.
- Tu n’aurais pas fait quoi ? Hein ?
Mais la japonaise ne répondit rien, s’enfermant à nouveau dans son mutisme.
- Oui c’est ça, ne dis rien. De toute façon, je ne crois plus un mot de ce que tu nous dis! Je n’ais plus confiance en toi ! Maintenant, laisse-moi, je ne veux plus te voir ! lui dit-il froidement.
Yumi se leva et sortit. Elle descendit les escaliers et alla dehors. Elle ne voulait pas que les autres la voient ainsi. Elle alla s’asseoir sous le porche de la demeure, mit sa tête contre ses genoux et pleura. Aelita vint la rejoindre quelques instants après, lui offrant une tasse de thé.
- Yumi...fit-elle en venant s’asseoir auprès d’elle.
- Je suis désolée...Je vous ai tellement fait de peine. A toi surtout. Je n’ai pas été là quand vous aviez besoin de moi...j’ai tellement honte. Dit-elle tout en se tenant la tête contre les genoux.
Aelita l’écouta et lui tendit la tasse de thé pour se réchauffer. Elle la prit contre ses bras et la réconforta.
- Qu’est-ce qui s’est passé Yumi ?
- J’ai fait une erreur et je dois l’assumer...
- Yumi....Parles-moi...
- C’est trop tard Aelita, je l’ai perdu, je vous ai perdus...
- As-tu un endroit pour dormir ? Il va faire tard.
- Je...j’irai à l’hôtel.
- Tu peux rester ici si tu veux, il y a toujours ta chambre...
- C’est gentil, mais...
- Allez, comme ça, Jérémie t’aura sous la main pour faire ses recherches. Et puis, on pourra profiter de ta présence. Lui dit sa meilleure amie.
- L’accepteront-ils au moins ?
- Ils n’ont pas le choix, fit Aelita en lui souriant. Mais d’abord, sèche tes larmes.
Elles rentrèrent toutes les deux dans la maison et la japonaise partit à la salle de bains pour se changer. Odd était parti rejoindre sa femme en ville. Ils vivaient dans un petit mais confortable appartement. Ava travaillait dans une société de publicité tout comme son époux. Mais le job d’Ava faisait qu’elle était plus occupée que son mari. Celui-ci passait la plupart de son temps chez ses vieux amis quand Ava n’était pas disponible. Ils n’allaient donc être qu’à quatre ce soir.
Aelita prépara le souper tandis que Jérémie était à son ordinateur, tout comme il l’avait été le reste de la journée. Il regarda sa montre et décida qu’il en avait fait assez. Il éteignit son pc et alla rejoindre sa fiancée dans la cuisine.
- Ca sent super bon...Fit Jérémie, amusé.
- On croirait entendre Odd ! Mais non, tu ne sauras pas ce que c’est avant les autres. Fit-elle en le narguant avec la cuillère en bois.
Jérémie la prit dans ses bras et l’embrassa sur le front. Aelita se détacha et lui sembla inquiète.
- Quelque chose te tracasse ?
- Elle m’inquiète...
- Tu ne devrais pas. Elle ne s’est pas inquiétée de nous pendant les deux dernières années. Elle ne mérite pas ton attention, mon ange. Fit Jérémie en l’embrassant.
- Je sais que vous n’approuvez pas ce qu’elle a fait mais elle nous dira sûrement ce qui s’est passé.
Jérémie la regarda et tenta de comprendre ce qui passa dans la tête de sa compagne.
- A quoi penses-tu ?
- Elle n’a pas voulu me dire ce qui lui était arrivé. Elle n’est pas heureuse, Jérémie.
- C’est son problème.
- Je t’en prie, tu sais que ça me fait du mal de vous voir la rejeter ainsi ! Qui te dit qu’elle n’avait pas une bonne raison d’être partie.
- Calme-toi Aelita. Je ne voulais pas t’énerver. ...Je vais essayer de faire des efforts.
- Promis ?
- Promis.
Yumi était dans la salle de bains et se fit couler un bain. Elle se regarda dans la vitre et constata qu’elle avait une mine affreuse et que tout son maquillage avait coulé. Elle se démaquilla et passa ses doigts sur son bleu puis sur sa lèvre coupée. Elle plongea dans le bain et se perdit dans ses tourments.
Ulrich s’était levé, ne tenant plus de rester dans sa chambre. Il descendit voir les autres.
- Hey Ulrich ! lui fit Jérémie qui aidait Aelita à faire le repas.
- Ca va mieux, lui demanda celle-ci ?
- Oui, ça va...C’est supportable. Fit-il distrait.
- Bon écoute, fit Aelita qui se retourna pour lui faire face. Ca ne va pas te faire plaisir, mais j’ai proposé à Yumi de dormir ici pour la nuit. Fit la jeune femme.
- C’est sûr que cela ne m’enchante guère. Mais on est adultes, je crois. Lui dit-il calmement.
- Oui mais je voulais te prévenir quand même...fit Aelita qui fut surprise qu’il ne s’emporte pas plus que cela.
- Et où est-elle ? demanda Jérémie.
- Elle est à l’étage. Fit Aelita.
Yumi se rhabilla et alla dans son ancienne chambre. Elle constata que tout était resté comme avant. Elle se sentait si épuisée. Elle s’assit sur son lit et regarda par la fenêtre la neige tomber. Elle ne savait vraiment pas comment elle s’en sortir. Plus personne ne lui faisait confiance. Elle avait tout perdu. Que faire ?
La japonaise sortit de sa léthargie en sursautant quand elle sentit qu’on la toucha à l’épaule. Elle se retourna, larmes aux yeux. C’était sa meilleure amie et elle affichait une expression de peur.
- Yumi...Mon dieu, ton visage ! Dis-moi ce qui t’es arrivé !
La jeune femme mit quelques secondes pour comprendre.
- Rien, ce n’est pas grave, je me suis tapée bêtement et je...
- Arrête ! C’est faux ! Je te connais et tu ne sais pas me mentir. Qui t’as fait cela ?
Mais Yumi ne répondit pas.
- C’est lui que tu fuis ? C’est pour ça que tu n’es pas rentrée chez toi ? Mais il te frappe !
- Ce n’est arrivé qu’une fois...Il m’aime...
- Mais enfin ! S’il t’aimait, il ne te ferait pas de mal ! S’emporta Aelita.
- Ca va maintenant. On va s’expliquer...Fit Yumi, sans trop y croire.
- Il faut que tu le quittes, Yumi ! Insista son amie.
- Il ne me bat pas ! Il s’est énervé et je l’ai cherché.
- Ecoute, j’irai demain avec toi chercher tes affaires, mais tu resteras ici tant qu’il ne sera pas calmer. Tu viens manger ?
- Je n’ai pas faim...
- Yumi...
- Je vais me coucher. Bonne nuit Aelita.
- Comme tu veux...bonne nuit.
Yumi se changea pour aller se coucher. Elle mit un t-shirt noir assez moulant avec un pantacourt noir. Elle regarda par la vitre la neige tomber et resta songeuse. Elle savait qu’elle n’allait pas dormir, comme les autres nuits mais son corps commençait à lui réclamer son dû.
On frappa à sa porte mais elle ne l’entendit pas. Elle avait détaché ses cheveux qui lui arrivèrent sur ses reins. Elle entendit quelqu’un tousser pour faire remarquer sa présence. Elle eut le réflexe de cacher son bleu avec sa main et se retourna. Elle fut surprise de voir Ulrich mais n’avait plus la force d’encaisser la moindre injure ou un reproche de sa part.
- Aelita voulait s’assurer que tu avalerais quelque chose...fit Ulrich d’un ton neutre.
Yumi regarda le plat et sourit timidement. Elle ne fit pas attention et prit le plat des deux mains. Ulrich, qui jusque-là avait évité son regard, fixa son visage et découvrit les plaies sous un autre jour.
- Yumi, qu’est-ce qui t’es arrivé ?
Elle leva les yeux vers lui, paniquée. Il ne devait pas savoir sinon tout allait se compliquer...
- Je me suis bêtement tapée....
- Ne me mens pas...pas à moi. Si tu veux que je te refasse confiance, dis-moi la vérité.
- Ce n’est pas grave...
- Arrête ! Qui t’as fait ça ?
Ulrich s’énerva façe à son silence et il lui attrapa le poignet. Elle sursauta de peur et cela se trahissait dans son regard. Elle se revit face à Shin qui leva la main sur elle. Yumi était effrayée. Il lui lâcha immédiatement le poignet et la regarda. Il ne savait pas comment agir.
- S’il te plait, ne t’en mêles pas... lui dit-elle en le suppliant du regard.
Ulrich la fixa, peiné. Puis il sortit de la chambre et descendit vers la cuisine.
- Alors ? demanda Aelita, inquiète.
- Elle n’a rien voulu me dire. Et on ne peut plus la toucher... Si jamais je tiens celui qui lui a fait ça ...Je... Commença Ulrich tout en serrant ses poings de colère.
- Calme-toi. Il faut la laisser se reposer. On verra comment elle sera demain.
- Tu as raison. Lui dit-il pas trop convaincu.
Yumi serra ses draps de toutes ses forces. Tout à coup, son portable vibra. Elle regarda son écran et vit un message : « Il faut qu’on se parle. Viens à l’appartement, c’est important. Shin ».
Elle trembla après l’avoir lu. Elle hésita si elle devait y aller ou non.
« Si j’y vais, je pourrais lui dire que tout est fini et que je ne l’épouserais pas ! Je pourrais dès lors reprendre ma vie en main... »
Elle se rhabilla et sortit de sa chambre le plus discrètement possible. Elle se dirigea vers l’escalier, arriva au rez-de-chaussée et sortit dans la forêt. La japonaise appela un taxi.
Une bonne demi-heure, elle était à l’appartement devant la porte d’entrée. Elle tendit la main sur la poignée puis hésita avant d’ouvrir.
« Tu n’es plus rien pour nous ! Pour moi ! Je n’ai plus confiance en toi ! »
- Yumi ?
Elle leva les yeux et vit Shin qui lui faisait face. Son regard trahissait la tristesse. Il tendit la main pour lui caresser la joue mais elle recula. Elle voulut faire demi-tour mais Shin l’en empêcha.
- Il faut qu’on discute.
Elle rentra à contre-cœur et se retourna sur lui. Elle prit son courage à deux mains et lui dit :
- Je n’ai plus rien à te dire ! C’est fini entre nous !
- Qu’est-ce que tu dis ? Tu n’es pas sérieuse !
- Si tu m’aimais, tu n’aurais jamais levé la main sur moi !
- Mais je t’aime, bordel ! Quand vas-tu le comprendre ! Tu t’éloignes de moi et j’en souffre ! J’ai fait une erreur mais j’ai pas droit à une seconde chance hein ?
- Je ne peux pas épouser quelqu’un qui lève la main sur moi...
- De toute manière, tu n’as pas le choix, nos parents se sont arrangés pour le mariage et il a été avancé d’une semaine.
- Quoi ?
- Tu as très bien entendue ! D’ailleurs, nous repartons pour le Japon dès demain.
- Non ! Je n’irais nulle part avec toi !
Yumi tenta de partir mais ce dernier lui attrapa les poignets et la rejeta en arrière dans la chambre. La japonaise tomba à terre sans gravité. Shin avait pu attraper son portable et referma la porte à clé.
- Ouvre-moi ! cira Yumi.
Elle entendit à travers la porte des bruits de touche.
« Oh non ! Il cherche dans le répertoire... »
- Qu’est-ce que tu fais, hurla t’elle.
- Très bien. Si tu espères rester avec Ulrich, nous allons voir comment il va réagir en apprenant ce que tu as fait...
- Ne...Ne fais pas ça !cria Yumi.
Mais trop tard. Shin avait déjà composé le numéro.
- Ah ça sonne...
- Shin ! fit-elle en tambourinant.
- Deuxième sonnerie... Dis donc il en met du temps, ton chéri.
- Je t’en prie, ne le lui dis pas...
- Troisième sonnerie. Ah on décroche ! fit-il narquois.
Ulrich était dans le salon à discuter avec Jérémie, Odd et Aelita. Il entendit son portable vibrer et alla voir si c’était important. Il vit que c’était Yumi et une expression d’incompréhension passa sur son visage ce qui intrigua ses amis.
- Allo ? fit-il.
Mais aucune réponse.
- Yumi ? Parle-moi !
- Ulrich Stern ? fit une voix masculine.
Ulrich tressaillit en entendant quelqu’un d’autre que la japonaise.
- Oui c’est moi...fit-il froidement.
- Mon nom est Shin Hachi. Je suis le fiancé de Yumi.
« Fiançé ». Le beau brun blêmit à cette nouvelle. Ses amis se levèrent et s’approchèrent pour écouter.
- Que me voulez-vous ? fit-il durement.
- J’aimerai vous raconter une petite histoire sur votre belle japonaise...
- Où est-elle ? Que lui avez-vous fait ? Hurla Ulrich.
- Quand vous aurez entendu mon histoire, vous ne vous en ferez plus pour elle, croyez-moi...Il était une fois une jeune fille qui eut le cœur brisée par son grand amour...
- Shin ! Hurla Yumi en pleurant depuis la chambre. Elle tambourinait la porte mais rien n’y faisait.
Shin entendit les plaintes de sa compagne et changea d’avis, avec un sourire narquois.
- Vous êtes toujours là, Ulrich ?
- Oui...fit-il durement.
- Je crois qu’il vaut mieux que vous veniez à l’appartement l’entendre de la bouche de votre, comment dire, ex ? Je vous donne l’adresse. Vous avez de quoi noter ?
Ulrich raccrocher au bout d’une minute. Ses amis le regardèrent perplexes.
- Ulrich ? Tenta Odd.
- Elle...Elle est fiançée...fit douloureusement Ulrich.
- Qu’est-ce qu’il t’a dit ? demanda Jérémie.
- Il veut me voir...lui répondit-il.
- On vient avec toi...fit Odd.
- S’il la bat, je ne veux même pas imaginer de quoi il est capable... Fit Aelita tristement.
Ulrich lui sourit faiblement tant il était abattu par ce qu’il venait d’apprendre.
Jusqu’où lui avait-elle menti ?
Shin raccrocha satisfait et au bout d’une vingtaine de minutes, il alla ouvrir la porte de la chambre. Yumi était à terre en pleurs. Il s’approcha d’elle et la souleva par le bras mais celle-ci se dégagea violemment. Elle le frappa au visage de fureur. Ce dernier parvint cependant à retenir sa main. Il lui tordit le poignet de telle façon qu’il la plaqua contre le mur et commença à l’embrasser. Yumi hurlait et se débattait mais elle n’arrivait pas à s’en défaire. Elle utilisa sa télékinésie pour le stopper et le projeta plus loin. Elle profita pour courir mais tomba lourdement à terre, Shin lui ayant attrapé la cheville. Elle heurta la table basse en verre qui explosa sous l’impact.
Ses amis arrivèrent à ce moment-là à l’appartement et se retournèrent sur Ulrich.
- Tu es sûr de vouloir y aller...
- Pas vraiment non...
Puis ils entendirent des cris et des bruits de casse. Le sang d’Ulrich ne fit qu’un tour. Il se précipita avec ses amis à l’intérieur et trouva la japonaise aux prises avec le fameux Shin.
Du verre et du sang jonchaient le sol. La japonaise se débattait mais sa vue se brouillait. Ulrich repoussa le jeune homme, aidé par ses amis. Odd et Jérémie le retinrent pendant qu’Ulrich souleva Yumi.
- On dirait que le prince charmant est venu à la rescousse...fit Shin, dépité.
- La ferme ! hurla Ulrich.
- Tu ne veux même pas savoir ce que ta chère et tendre te cache ?
- Faites-le taire !
- De toute manière, tu ne pourras rien y faire ! Je l’épouse dans trois semaines ! Elle est à moi, Ulrich !
Ulrich se leva, prêt à lui faire ravaler son arrogance. Mais il fut retenu par Aelita.
- Tu l’aimes toujours, après t’avoir quitté aussi lâchement ? Mais l’aimeras-tu toujours quand tu sauras ce qu’elle a fait ?
- Je ne veux pas le savoir ! hurla Ulrich qui porta la jeune femme dans ses bras
Aelita se leva et partit chercher un sac pour prendre les affaires de Yumi pendant que Jérémie et Odd maintinrent Shin. Ulrich, tout en portant la jeune femme, lui lança :
- Elle n’est plus à toi ! Tu le regretteras d’avoir levé la main sur elle ! Et qu’importe ce qu’elle a fait ! Si jamais tu la touches encore une fois, je te tue ! lui dit-il froidement.
Le groupe repartit en direction de l’Hermitage. Ils auraient pu l’emmener à l’hôpital mais ils auraient posé trop de questions et auraient fait intervenir les parents. Ce qui était hors de question dans le cas présent.
Jérémie et Odd l’avaient installée dans sa chambre. Aelita lui pansa ses blessures mais Yumi ne disait plus rien. Elle n’avait plus ouvert la bouche depuis son altercation avec Shin. Il n’y avait que des larmes qui coulaient sur ses joues. Aelita tenta de la faire parler.
- Yumi...
La jeune femme aux cheveux roses lui nettoya les plaies qu’elle avait au visage, au cou et aux bras. Par chance, elle n’avait pas été blessée gravement. Son dos était meurtri. Aelita hésita à continuer.
- J’ai tellement honte...murmura Yumi dans le vague.
- Pourquoi dis-tu cela ? lui dit Aelita en la prenant dans ses bras.
- Jamais Ulrich ne me pardonnera...Jamais...je vous ai tous perdu...j’aurai mieux fait d’y rester....
- Ne dis pas ça ! je te l’interdis ! cria presque Aelita.
- Je...Je voudrais être seule...
- Je comprends yumi...Mais sache qu’on est là et que tu ne nous as pas perdu....
La jeune femme descendit les escaliers et alla retrouver les autres dans le salon. Ulrich se leva en la voyant et alla voir comment allait Yumi quand il sentit une main. Aelita le regarda tristement :
- Elle est tellement choquée qu’elle parle à peine...
- Je veux juste la voir...
Le beau brun monta les escaliers et alla jusqu’à la chambre de la japonaise. Celle-ci lui tournait le dos mais l’avait entendu arriver.
Ulrich ferma la porte et la regarda assise, face à la fenêtre. Il mourrait d’envie de la serrer dans ses bras, de l’embrasser. Mais elle venait de vivre un traumatisme et il y avait toujours une part de colère au fond de lui.
- Je ne t’ai pas tout dit...lui dit-elle.
Ulrich fut surpris qu’elle l’ait entendu. Il pensait qu’elle l’ignorait, enfermée dans son habituel mutisme.
- Je ne veux pas savoir ce que tu as fait quand on a rompu, l’important c’est que tu sois là...
- Je dois te le dire...Je vis avec ce fardeau depuis près de deux années.
Flash-back
Ainsi, il l’avait remplacée...Elle ne pouvait lui en vouloir vu la manière dont elle l’avait lâchement abandonné. Elle le méritait. Yumi était rentrée aussitôt au Japon mais plus les jours passaient, plus elle avait du mal à s’en remettre. Elle n’avait plus le goût à rien. Elle ne sortait plus, ne voyait plus personne. Et un jour...En fait, elle ne se souvient pas vraiment de ce fameux jour. Que des bribes. Yumi alla dans sa salle de bains et regarda la vitre. Elle ouvrit l’armoire et prit toutes les médicaments qu’elle avait sous la main. Elle les avala les uns après les autres. Elle revoyait Ulrich avec la fille. Elle les imagina ensemble, dans les mêmes situations qu’elle avait pu être avec Ulrich. Cela la rendait malade. Yumi se regarda dans la vitre. Elle n’aimait pas son visage. Elle se faisait horreur. Elle se détestait tellement. Elle frappa avec son poing sur la vitre de toutes ses forces et cette dernière se brisa en mille morceaux qui volèrent dans la pièce. Elle pleura de douleur. Soudain, d’énormes crampes lui prirent et elle se tordit de douleur. Elle hurla et tomba sur le verre dans sa salle de bains, heurtant sa tête contre le carrelage violemment. Elle se sentit partir...
Pour le reste, elle le sait par sa mère. Celle-ci devait passer dans la journée. Yumi ne répondant pas, elle s’inquiéta. Elle appela les voisins et ils entrèrent dans l’appartement de la jeune femme. Sa mère hurla de douleur, la voyant à terre, ensanglantée et entourée de médicaments. Elle fut emmenée à l’hôpital d’urgence et resta plusieurs mois dans le coma et en hospitalisation. Quand elle se réveilla, on lui apprit qu’elle était enceinte mais que le bébé n’avait pas survécu à cet « accident ». Yumi s’enferma dans un profond mutisme durant des mois. Ses parents lui interdirent tout contact avec ses amis de France, ne les prévenant même pas de son « accident ». Sa mère les rendait coupables de l’état de sa fille.
Yumi se tut après avoir raconté ce pénible souvenir, les larmes coulaient sans s’arrêter.
Elle se sentait vidée. Elle voulait que tout s’arrête. Elle n’en pouvait plus de tout cela, de sa vie, de la rancœur de ses amis, de la colère d’Ulrich. Elle croyait pouvoir aimer Shin. Elle l’avait cru sincère...Elle s’était encore trompée...
Ulrich blêmit à l’annonce qu’elle lui avait faite. Il a failli être papa et elle avait voulu mourir... Par sa faute....
Les minutes s’écoulèrent dans un silence pesant. Il ne savait pas quoi faire ni que penser.
« J’avais faux sur toute la ligne...Elle ne pouvait tout simplement pas revenir car on l’en empêchait... » « Qu’est-ce que j’ai fais ?!...Je l’ai poussée droit dans le mur... »
Il s’approcha d’elle mais s’arrêta. Il la contempla. Elle avait ses longs cheveux en bataille, tâchés de sang. Elle tenait un essuie contre sa tête. Son visage qui se reflétait dans la vitre où la pluie ruisselait. Si beau et si doux hier et meurtri aujourd’hui. Il serra ses poings de douleur en la voyant ainsi. Surtout qu’elle ne disait plus rien depuis une bonne vingtaine de minutes.
- Yumi...
Elle leva la main sur la vitre et sa main meurtrie enveloppée dans un bandage glissa lentement.
- Je n’en peux plus...entendit-il murmurer.
Ulrich leva les yeux vers elle, elle tremblait et se tenait la tête entre les mains. Il vint à sa hauteur et la rattrapa juste à temps quand elle tomba, épuisée et inconsciente. Il la prit dans ses bras et la déposa sur le lit. Il voulut lui caresser le visage mais se retint, ne sachant pas comment elle réagirait. Il s’assit près d’elle et la contempla, tentant de comprendre comment avaient-ils pu en arriver là...Il prit une couverture et recouvrit le corps de la japonaise avec. Il resta là à la regarder dormir tandis que des larmes perlèrent sur son visage, à son tour. Ulrich enfouit son visage dans ses bras contre le lit et pleura silencieusement.
Odd et Jérémie étaient dans le salon. Aucun n’avait évoqué ce qui venait de se passer, ils étaient tous choqués par les problèmes qu’avait Yumi. Jamais ils n’auraient imaginé que cela soit si grave. Aelita était debout, contre la baie du salon. Elle avait son regard dans le vague.
Seul son murmure vint briser le silence pesant.
- Pourquoi ne nous en a-t-elle pas parlé... ? demanda t’elle.
- Yumi a toujours voulu régler ses problèmes, seule. Tu le sais bien....osa Odd.
- Non ! C’est parce que vous lui avez bien fait ressentir qu’elle n’était plus la bienvenue ici ! Si Ulrich n’avait pas...commença à s’énerver la jeune femme.
Mais Jérémie s’interposa et tenta de la calmer :
- Aelita...Arrête, elle est là maintenant. Il va falloir la veiller. Elle est trop fragile...lui dit-il doucement.
- Qu’est-ce qu’on va faire pour son mariage ? fit Odd.
- Ce n’est pas à nous de décider, répondit Jérémie.
- Mais on ne peut pas la laisser épouser ce malade ! Il a voulu la tuer ! hurla Aelita, larmes aux yeux.
- Aelita, calme-toi...Cela ne sert à rien ! fit Jérémie doucement.
Il vint la prendre dans ses bras pour la calmer alors qu’elle sanglotait. Odd ne savait pas quoi faire. Ils étaient tous bouleversés par ce qui venait d’arriver. Mais la vie continuait...
Flash-back
Deux années auparavant.
C’était le réveillon de Noël. Les cinq amis devaient se réunir pour faire la soirée dans l’Usine comme l’avait suggéré Odd. Ils allaient attendre minuit pour éteindre complètement Lyoko et dire adieu à Xana.
Yumi et Aelita avaient préparé la salle cathédrale pour que cela ressemble quand même à un lieu de fête. Lieu du commencement et de la fin. Les filles étaient parvenues à lui donner un certain cachet et l’ambiance de Noël y régnait. Ils n’avaient pas intégré un sapin malgré l’envie d’Aelita, cela aurait été trop suspect et trop encombrant à déplacer.
Jérémie, Odd et Ulrich s’étaient bien habillés pour l’occasion. Aelita s’était offert une robe de couleur pourpre qui lui arrivait jusqu’aux genoux. Yumi lui avait fait un chignon. Quand Jérémie la vit, il en eut le souffle coupé. Elle était vraiment magnifique.
- Ben alors Einstein, tu dis plus rien ? Le nargua Odd.
- Tu es superbe, Aelita. Fit Ulrich en lui souriant, sincèrement.
- Merci Ulrich. Vous êtes très beaux tous les trois.
La jeune fille se tourna vers son petit ami et lui demanda :
- T’en penses quoi, Jérémie ?
Jérémie n’avait pas ouvert la bouche. Il était tout simplement ébahi par la beauté de la jeune fille ainsi mise en valeur. Il n’arriva qu’à articuler deux mots :
- Ben euh...
- Elle ne te plait pas ? Fit AElita soudainement inquiète.
- Si si...
- Ne t’en fais pas ! Il te trouve tellement canon que cela lui ôte les mots de la bouche. Fit Odd en pouffant.
- Odd ! fit Jérémie en lui lançant un regard noir et rouge de timidité.
- Ben quoi ? Fit l’interessé. C’est pas vrai ?
- Et Yumi ? fit Ulrich, intrigué.
- Me voilà, fit la jeune fille asiatique.
Elle avait mis une robe japonaise noire avec des inclusions bordeaux. Elle avait un dos nu et sa robe lui arrivait jusqu’aux chevilles. Ulrich était subjugué par sa beauté.
- Vous êtes très beaux les garçons, fit la japonaise.
- Merci ! Tu es vraiment à tomber, fit Odd. N’est-ce pas Ulrich... ? Fit-il avec un grand sourire.
- Odd ! lui cria son meilleur ami.
Ulrich s’approcha de sa petite amie et lui chuchota à l’oreille : Tu es magnifique Yumi.
La japonaise rougit et l’embrassa tendrement en guise de remerciement.
La soirée passa sans encombre et arriva très vite à l’heure de minuit. Ils étaient tous descendus au niveau de l’ordinateur pour éteindre Lyoko. Jérémie s’était assis devant l’ordinateur, avait fait toutes les démarches nécessaires et n’avait plus qu’à appuyer sur une touche pour tout couper. Aelita se tenait auprès de lui, à la fois nerveuse et heureuse de ce nouvel avenir qui s’offrait à elle et à eux tous ! Ulrich tenait Yumi par la taille et étaient tous deux très impatients de pouvoir goûter à leur nouvelle vie.
Odd se tenait près de Jérémie, une bouteille à la main. Il avait pu subtiliser plusieurs bouteilles de champagne sous le nez de Jim et les avait prise pour fêter avec ses amis, leur nouveau départ.
Jérémie se retourna sur eux, un grand sourire aux lèvres :
- Vous êtes prêts ?
- Prêts, crièrent-ils en chœur.
Le génie appuya sur le bouton, qui désactiva l’ensemble du système et éteignit le supercalculateur. Ils hurlèrent de joie et remontèrent pour le fêter dignement. Le champagne coula à flot et à un moment donné, Ulrich attrapa la main de Yumi et l’emmena à l’extérieur.
Le ciel était sans nuages et rempli d’étoiles. C’était la soirée parfaite qu’ils n’avaient jamais eu de toutes leurs vies.
- C’est tellement beau...murmura Yumi tout en tenant la main d’Ulrich. Ce dernier sourit, fier que la soirée se passe aussi bien.
- Je vais te donner mon cadeau mais je l’ai laissé à l’internat.
Il lui prit la main et courut avec elle dans la nuit en direction de Kadic. Ils riaient tant ils étaient enivrés et heureux. Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent à destination.
- Il n’y a personne ?
- Non c’est les vacances...Et ceux qui sont restés sont dans le gymnase en train de faire la fête.
Il la fit entrer dans le bâtiment et arrivèrent devant sa chambre. Il fit entrer Yumi et referma la porte derrière eux. Ulrich se mit face à Yumi et la regarda droit dans les yeux en lui disant :
- Joyeux Noël, Yumi.
Il lui tendit une petite boîte emballée. Yumi lui avait offert déjà son cadeau quand ils avaient échangé leurs vœux tous ensemble quelques heures avant mais le beau brun avait voulu partager ce moment rien qu’avec elle. Yumi lui sourit et ouvrit la boite. Elle sortit une chaîne en argent avec un pendentif en entrelacs.
- Un entrelacs comme l’infini...C’est tellement beau Ulrich...
- Ainsi, on sera toujours liés...
Il lui mit le collier autour du cou et lui murmura à l’oreille :
- Je t’aimerai toujours Yumi.
La japonaise le regarda, émue et l’embrassa. Ils se détachèrent puis se regardèrent intensément. Ulrich l’embrassa de nouveau et la coucha sur son lit. Il détacha délicatement sa robe et la regarda tendrement. Yumi lui sourit et l’embrassa en l’enserrant dans ses bras. Elle lui dit avant d’aller plus loin :
- Je t’aimerai toujours Ulrich...
Fin du flash back
Yumi se réveilla d’un long sommeil reposant sans rêves. Elle sentit les rayons du soleil sur son visage et ouvrit les yeux pour regarder l’heure. La japonaise voulut se lever mais tout son corps la faisait souffrir. Elle ne se souvenait que de bribes de ce qui s’était passé la veille. Et ce n’était pas plus mal. Elle remarqua qu’Ulrich dormait à ses pieds, la tête enfouie dans ses bras. Elle eut un léger pincement au cœur. Elle le revit venir la chercher et la sauver des griffes de Shin.
« Comme dans les contes de fées. »
Sauf que dans les belles histoires, on ne pleure pas et on a pas mal. On ne souffre pas....
La japonaise défit ses pansements et les changèrent, ne pouvant rien faire d’autre. Puis elle le regarda et se décida à se lever.
Yumi alla à la salle de bains pour se changer. Elle put constater avec horreur les conséquences d’hier. Elle prit une douche, se changea et se maquilla pour masquer tout cela.
« C’est fini ! Personne ne dirigera ma vie ! Plus personne ! » fit-elle en serrant les poings.
Elle sortit pour se sécher les cheveux dans sa chambre avec son essuie quand elle vit qu’Ulrich était levé et lui faisait face. Il était impressionné de voir qu’elle soit debout, en pleine forme apparente et avait repris le dessus.
- Yumi...fit-il doucement.
- Ulrich...Je ne veux pas en parler. Je ne veux plus....fit-elle en baissant les yeux.
- Si tu veux...dit-il résigné.
- Shin n’est plus mon fiancé et je ne l’épouserai jamais ! Ni personne !
- Je ne te demandais pas....
- Je voulais juste être honnête avec toi. Le reste ne regarde que moi.
- ...
Ils se regardèrent intensément puis Ulrich partit vers la porte quand il entendit dans son dos :
- Ulrich...
- Oui, Yumi ?
Celle-ci s’approcha de lui. Elle n’était qu’à quelques centimètres de son visage. Elle le dévisagea, comme pour tenter de comprendre quelque chose...Ulrich avait grandi, mûri et était devenu très séduisant. Son regard ténébreux était toujours aussi pénétrant qu’avant, même si une lueur de tristesse et de culpabilité s’y lisait. Yumi chipota à son cou et prit les mains d’Ulrich tout en le fixant.
- Tu m’as fait une promesse, il y a deux ans.
- Oui, je m’en rappelle mais où veux-tu en venir ? lui répondit le beau brun.
Elle lui mit dans sa main une chaîne en argent avec le pendentif en entrelacs.
- Tu l’avais gardé depuis tout ce temps ? fit-il surpris.
Elle lui sourit et referma la paume du jeune homme contenant le bijou.
- Qu’est-ce que tu fais ? fit-il interloqué.
- Je te délie de ta promesse...lui dit-elle en évitant son regard.
- Non ! lui dit-il.
Ulrich ouvrit la main meurtrie de son amie et lui remit le collier. Il la regarda tristement et lui dit :
- Non ! Je ne veux pas me délier de ma promesse. Car même si tu n’as pas été à mes côtés durant deux années, tu étais toujours là, en moi, dans mon cœur et dans ma tête. Oui, j’ai essayé de t’oublier avec des filles mais je n’y arrivais pas ! Arrêtons de nous déchirer ! On a trop souffert tous les deux ! Je veux vivre Yumi ! Avec toi !
- Je...je ne peux pas...
Il s’approcha d’elle et fit mine de la prendre dans ses bras. Et vu qu’elle ne se refusait pas, il ferma ses bras sur elle.
- Yumi...laisse-moi revenir dans ta vie...je t’en prie...Tu n’es plus seule...
Elle pleura dans ses bras, se culpabilisant de nombreuses choses. Il l’embrassa sur le front après l’avoir dégagé de ses mèches encore humides. Elle le serra par ses bras comme si elle avait peur qu’il ne s’échappe.
Mais par ce geste, Ulrich comprit qu’elle voulait qu’il reste dans sa vie.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Odd, impatient dans le salon. Parce qu’il reste un gros problème à régler mis à part le mariage de Yumi.
- Odd a raison, fit Aelita en s’adressant à Jérémie. Il faut qu’on arrive à déterminer qui a rallumé Xana...
- Moi ce qui m’inquiète, c’est la possibilité qu’il attaque...dit Jérémie en se levant de sa chaise et en se massant les tempes.
Aelita le dévisagea, inquiète. Il passait la plupart de son temps sur son ordinateur à chercher des solutions ou des réponses, au point qu’il mettait son intérêt de côté. Elle fronça les sourcils en le voyant se masser la tête.
- Jérémie, tu devrais te reposer, tu à l’air épuisé, fit cette dernière.
Odd releva la tête et regarda en direction de l’intéressé. Il se leva et regarda sa montre.
- C’est pas tout ça mais je dois rejoindre Ava. Elle est en congé cette aprem alors faut bien que je profite d’être avec ma femme. Fit-il.
Aelita le regarda étonnée.
- Ben quoi ? fit ce dernier.
- Si un jour on m’avait dit que tu te serais marié avant nous...fit-elle amusée.
- Avoue que je t’étonnes encore même après toutes ces années ! Bon allez, c’est pas tout ça ! Je file ! a plus.
- A plus, firent Jérémie et Aelita.
Odd sortit dehors et partit vers la route pour retrouver sa femme. Aelita le regarda partir puis fit mine de monter pour voir comment allait Yumi quand elle sentit une main la retenir. Elle se retourna et trouva Jérémie face à elle.
- Oui ? Lui dit-elle.
- J’aimerai aller voir l’usine pour être sûr d’une chose.
- Laquelle ?
- Que mes dossiers vous concernant ont bien tous été effacés...
- D’accord, mais d’abord, je vais voir si Yumi n’a besoin de rien.
Elle se retourna vers l’escalier quand elle sentit que Jérémie la retenait par la taille.
- Elle est avec Ulrich. Ne t’en fais pas pour elle. Elle est forte, elle saura se relever.
- Mais...
- Aelita...lui dit-il en la regardant droit dans les yeux.
- D’accord. Allons-y.
Ils s’habillèrent chaudement et partirent en direction de l’Usine mais ils empruntèrent le passage de l’Hermitage qui conduisait là-bas, voulant éviter tout problème dans la forêt.
Serrer la japonaise contre lui était la chose qu’il recherchait depuis deux années. Il voulait ressentir sa chaleur qu’aucune autre fille ne lui avait redonnée. Ulrich la regarda tendrement et lui sécha les larmes avec son pouce. Yumi le regarda intensément et se laissa faire. Elle en avait assez de lutter. Elle voulait seulement, une fois dans sa vie, ne plus rien contrôler et oublier tous ses problèmes. Il s’approcha de ses lèvres et l’embrassa doucement, ne sachant pas comment elle allait réagir. Elle le laissa faire, heureuse de retrouver une sensation familière et pourtant si lointaine...Il la coucha sur le lit et continua de l’embrasser sans aller plus loin car il savait qu’elle n’était pas prête.
« A cause de ce Shin... Si je le tenais.... ».
Yumi le regarda, couchée sur le lit, lui prit la main et la mit contre sa joue, aimant le contact chaud et réconfortant. Elle vint se blottir contre lui et il ferma ses bras sur elle. Ulrich aurait aimé rester ainsi durant des heures mais leur tranquillité fut interrompue par une sonnerie de portable. Mais cette fois-ci, il s’agissait du portable du beau brun. Il se leva et alla voir qui l’appelait. Yumi se releva à son tour et le regarda, intriguée par l’appel. Il fronça les sourcils en voyant le nom de l'appelant.
Amanda...
« Qu’est-ce qu’elle me veut celle-là ? »
Amanda était la dernière petite amie d'Ulrich. Si on peut parler de petite amie puisqu'il en changeait comme de chemise. Ce n'était que des histoires d'un soir et comme aucune n'arrivait à lui faire oublier Yumi, il s'en lassait très vite. Mais certaines s'accrochaient plus que d'autres...Apparemment, pour Amanda, c'était le cas.
- Allo ?
- Ulrich ? C’est Amanda.
- Oui.
- Il faut absolument que je te parle, c’est très urgent...
- Ecoute, je n’ai plus rien à te dire, c’est fini entre nous. Fit-il froidement.
A ces paroles, Yumi blêmit. Il l’avait remplacé jusqu’ici et elle ne faisait qu’être une conquête de plus.
« Et moi ? Je suis quoi pour toi, Ulrich ? Une conquête ? Tu m’as oubliée, tu nous as oublié... »
Elle se dirigea vers la porte sans rien dire, perturbée. Ulrich le vit, mit le portable contre sa poitrine et la retint par le bras.
- Yumi...
- Lâche-moi !
Elle se dégagea violemment et partit pour sortir de la maison. Ulrich tenta de lui courir après mais la blessure a sa jambe le ralentissait. Il jura et frappa son poing dans le mur. Il lui fallut quelques secondes pour se souvenir qu’il avait un appel.
- Ulrich tu es toujours là ?
- Oui...Qu’est-ce que tu me veux Amanda ?
- Je voudrais te voir...
- Je n’ai rien à te dire ! hurla t’il presque.
- Je suis enceinte Ulrich....
- C’est bien, félicitations !
- Il se peut que ce soit toi le père...
- Il se peut que ce soit toi le père...
Jérémie et Aelita arrivèrent à l’usine au bout de quelques minutes. Le parcours leur rappela de douloureux souvenirs. La jeune femme frissonna. Jérémie lui tenait la main tout en arrivant devant l’entrée du bâtiment.
- J’ai un mauvais pressentiment..., murmura Aelita.
- Je n’ai pas plus envie que toi d’y retourner mais il faut, Aelita. Il faut qu’on sache ce qui se passe.
Il l’entraîna avec lui à l’intérieur de l’Usine. La salle cathédrale était délabrée et des débris jonchaient le sol. Mais aucune trace d’une récente visite. Le génie alla jusqu’au monte-charge pour se rendre à la salle d’ordinateur. Aelita l’accompagna, tremblante à l’idée de ce qu’ils pouvaient découvrir. Elle serra sa poigne autour de la main de son petit ami. Ce dernier n’était pas plus rassuré qu’elle. Quelques minutes après, ils arrivèrent devant l’ordinateur. Aelita se mit en marche pour aller voir de plus près quand elle sentit que Jérémie la retenait par le bras.
- Attends...Il y a quelque chose qui cloche...chuchota t’il.
- Quoi ? Tu en es sûr ? fit Aelita à voix basse, surprise.
Jérémie s’avança et sentit une ombre se faufiler. Aelita et lui se retournèrent vivement mais l’ombre avait disparu par l’échelle. Le génie se précipita vers l’ordinateur. Il l’alluma et regarda de plus près à tous ses programmes. Il les passa en revue un à un.
- Ava ? fit Odd en frappant à la porte pour éviter de sortir ses clés.
Il était arrivé chez lui quelques minutes auparavant. Il avait mis plus de temps que d’habitude en raison de la forte tempête de neige qui s’abattait sur la capitale. Il faisait froid. Très froid. L’espace d’une seconde, il eut une sensation étrange. Une lointaine sensation. Il frissonna et chercha ses clés dans sa poche. Il mit sa main sur sa poignée et ressentit de l’électricité dans l’air. Pressé par la peur, il tourna la poignée et entra dans l’appartement. Il découvrit son intérieur complètement retourné. Tout avait été jeté à terre. Odd se figea en voyant ce triste spectacle mais ce qui l’inquiétait le plus, c’était de ne pas voir Ava. Il courut vers la chambre. Personne. Puis la salle de bains. Personne. Il se retourna pour sortir quand il vit sur la vitre un mot au rouge à lèvres :
Lyoko
Il blêmit.
« Qui a bien pu écrire cela...Ava ? Non, je ne lui ai jamais dit. On s’était fait une promesse tous les cinq de ne jamais partager ce secret...Alors qui ?... »
Odd alla dans le salon et téléphona à Ulrich. Ce dernier décrocha au bout de la quatrième sonnerie.
- Allo, fit ce dernier, d’un ton contrarié.
- Ulrich ! C’est Odd. Ben dis donc, t’es en rogne ou quoi ?
- J’ai quelques soucis...fit le beau brun évasif. Qu’est-ce qui se passe ?
- Je crois qu’on a un gros problème. Quelqu’un s’est introduit chez moi, a tout retourné comme s’il cherchait quelque chose.
- Un voleur peut-être...fit Ulrich, ailleurs.
- Un voleur qui connaît Lyoko ? Demanda son ami, incrédule.
- Effectivement...préviens Jérémie ! Je vais chercher Yumi. Fit Ulrich.
- Elle n’est pas avec toi ? demanda son meilleur ami.
- On ...s’est disputés...fit Ulrich doucement.
- Encore ? Bon...Je téléphone à Jérémie puis je vais chercher ma femme. Termina Odd.
- Sois prudent.
- Toi aussi.
Yumi marchait sans réfléchir tant elle était en colère après Ulrich. C’était l’après-midi mais la tempête de neige faisait qu’on ne voyait rien de loin. De plus, la poudreuse tombait de plus en plus violemment. Yumi leva la tête vers le ciel et fronça les sourcils.
« Avec Xana qui est de retour...Il faut s’attendre à tout... »
La jeune femme avança et arriva sur une route quand elle vit des phares l’éblouir et un bruit de klaxon au loin. La japonaise dut marcher sur une vingtaine de mètres avant d’arriver à l’origine du bruit. Une voiture accidentée.
« Décidemment... »
Yumi regarda par le pare-brise mais la neige l’empêchait de distinguer la silhouette prisonnière de la ferraille. Elle fit le tour et dégagea la neige de la vitre. Elle blêmit en reconnaissant la silhouette blessée.
Jérémie frappa du poing après avoir constaté que tous ses programmes et dossiers avaient été récupérés et consultés.
- C’est pas vrai ! hurla t’il de rage.
- Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Aelita, inquiète.
- Quelqu’un a rallumé le supercalculateur et a utilisé mes programmes.
- Mais je pensais que tu avais tout effacé.
- Je croyais aussi.
- Apparemment, on a à faire à un pro de l’informatique...conclua Aelita.
- Et c’est pas tout...Il sait tout de vous !
- Il faut absolument prévenir les autres.
Ulrich était abattu, assis sur le lit de la japonaise. Il se tenait la tête entre les mains. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Se laisser avoir par une fille...Et maintenant, il allait devoir assumer ses responsabilités...
« Encore heureux que Yumi n’a rien entendu...Mais comment je vais le lui dire ?...Et puis cette Amanda, pourquoi elle revient après autant de temps... ? Ca fait plus de trois mois que j’ai plus de nouvelles d’elle, depuis que je l’ai quitté...Ca n’avait duré qu’une nuit...Mais bon sang ! Qu’est-ce qui m’a pris ?»
Yumi frappa contre la vitre mais rien à faire, la personne était bel et bien inconsciente. Elle tira sur la portière qui finit par céder.
- Ava ! Réponds-moi, je t’en prie ! cria-t’elle.
La japonaise releva la tête de la jeune femme et vit qu’elle avait une entaille à la tempe. Elle prit son pouls et regarda si elle avait d’autres blessures. Elle prit son portable et appela les urgences. Elle appela ensuite Odd mais ce dernier était injoignable. Les secours arrivèrent très vite et emmenèrent Ava à l’hôpital. La japonaise attendait dans la salle d’attente depuis cinq minutes. Elle avait réussi à joindre Odd et il allait arriver le plus rapidement. Elle se tortillait les doigts en repensant à tous les évènements qui venaient de se passer. Elle fut sortie de ses pensées quand Odd déboula dans l’hôpital, affolé.
- Yumi ! Où est-elle ? Elle va bien ? demanda t’il presque hystérique.
- Odd, calme-toi. Elle est dans le coma. Elle a subi un traumatisme crânien. Heureusement, ils n’ont pas du l’opérer, ce qui est bon signe.
- Dans le coma ? Mais pour combien de temps ? fit-il affolé.
- Je ne sais pas, les infirmières ne m’en ont pas dit plus...Je suis désolée Odd...
Il se laissa tomber sur une chaise, se tint la tête entre les mains, accusant le coup. Puis il leva la tête vers son amie et lui sourit difficilement.
- Tu ne dois pas, Yumi. C’est grâce à toi qu’Ava est encore en vie...Si tu n’avais pas été là...
Mais au fait, comment s’est passé l’accident ? Je veux dire, comment Ava a pu s’encastrer dans ce poteau ?
- Il neigeait très fort, tu sais. Mais je n’ai pas vu de traces de freinage au sol...étrange...
Odd leva les yeux vers elle, troublé, cherchant à lire dans ses yeux.
- Toi, tu sais quelque chose, lui dit-il.
- Je crois, non plutôt, je soupçonne Xana.
- Mais pourquoi elle ? Elle n’a rien fait, elle n’est même pas au courant pour...
- Oui mais rappelle-toi le nombre de fois qu’il a voulu s’en prendre à ma famille...
- Je suis allé à l’appart et tout avait été retourné. J’ai juste vu un mot sur la vitre de la salle de bains au rouge à lèvres : Lyoko.
- Mais qui aurait pu mettre cela ? Ce n’est pas le genre de Xana...
- Et comme je te l’ai dit, Ava n’est pas au courant...
- Personne d’autre non plus.
Yumi mit une main compatissante sur l’épaule de son vieil ami. Elle comprenait ce qu’il pouvait ressentir.
- Yumi...
- Je sais Odd.
- Je voulais m’excuser pour mon attitude envers toi. Tu es revenue après tout et là tu viens de sauver ma femme...
- Je n’ai pas eu le choix tu sais Odd....Je te jure que je n’ai pas eu le choix...fit-elle tristement en passant sa main sur son ventre de manière inconsciente.
Des larmes commençaient à perler sur ses joues, ce qu’Odd remarqua. Il était sur le point de poser la question quand il entendit une voix féminine.
- Monsieur DellaRobia ?
Odd se leva aussitôt, accompagnée de Yumi. Une infirmière leur faisait face et tenait un dossier dans ses mains. Elle semblait épuisée. Il faut dire que ce sale temps provoquait de nombreux accidents de la route et que les urgences semblaient être débordées.
- Nous avons fini de faire les examens sur votre épouse. Elle est à la chambre 201. Malheureusement, je ne peux vous dire quand elle se réveillera.
- Merci.
Odd se leva en direction de la chambre quand il vit Yumi hésiter.
- Yumi ?
- Je vais te laisser seul avec elle. Je vais prévenir les autres.
Jérémie et Aelita arrivèrent en trombe dans l’hôpital une dizaine de minutes après que Yumi les ait prévenu. Ulrich fut le dernier à arriver. Il avait sa tête des mauvais jours. La japonaise était en train d’expliquer la situation au couple quand le beau brun arriva à leur hauteur.
- Ulrich, fit Aelita surprise et contente de le voie entier.
- Je suis arrivé aussi vite que j’ai pu. Comment va-t-elle ? demanda t’il.
- Elle a un traumatisme crânien et elle est dans le coma. Fit Yumi.
Etrangement, celle-ci ne ressentait plus de colère vis-à-vis de lui. Elle ne pouvait lui en vouloir de l’avoir remplacée après tout...Et il lui avait sauvé la vie la veille.
Aelita se leva pour aller voir Odd. Jérémie partit se chercher un café tandis qu’Ulrich attrapa Yumi par le bras.
- Qu’est-ce qu’il y a ? fit Yumi, interloquée.
- Il faut que je te parle...fit le beau brun d’un ton grave
- Ca ne peut pas attendre ? fit-elle, fronçant les sourcils.
- Non. Allons dehors...
- Si t’insistes...fit-elle.
Ils sortirent tous deux, devant l’entrée de l’hôpital pour discuter.
- Qu’est-ce que tu voulais me dire ?
- Je préfère que tu l’apprennes de ma bouche...
- Eh bien vas-y, qu’est-ce que tu as de si terrible à me dire, fit-elle mi-sourire.
- Je t’avais dit que j’avais fréquenté d’autres filles durant ton « absence »...
- Oui, fit-elle, perdant peu à peu son sourire.
- Eh bien, une d’entre elles, Amanda, m’a appelé tout à l’heure.
- Oui...
- Elle m’a dit qu’elle était enceinte...
- Et ?
- Il se peut que ça soit moi le père...fit-il en baissant les yeux, gêné par la situation.
La jeune femme resta interdite. Elle ne disait rien. Sa vie venait d’être à nouveau mis en suspens. Il attendit quelques minutes avant de relever les yeux, se préparant au fait de recevoir une gifle. Mais quand il la regarda dans les yeux, il ne vit rien. Plus aucune expression. Juste des larmes. Elle avait mis sa main sur sa bouche, comme pour s’empêcher de dire des choses qu’elle regretterait par la suite. Pourtant, elle en avait le droit.
- Yumi...fit Ulrich désemparé
- J’espère que tu feras un bon père, s’il s’avère que c’est le cas. Car moi je t’ai privé de ce droit...fit-elle tristement.
Elle se retourna et voulut rentrer dans l’établissement médical quand le beau brun la rattrapa par le bras.
- Je ne t’ai pas menti tout à l’heure, je veux être avec toi, il n’y a que toi qui comptes pour moi. Je ne connais même pas cette fille, c’était juste une histoire sans lendemain. Je ne suis même pas sûr de ma paternité. Yumi, ne me tourne pas le dos, j’ai besoin de toi comme tu as besoin de moi. Fit-il en la forçant à le regarder.
- Je....je ne sais plus où j’en suis, je ne sais plus quoi faire...fit la jeune femme en se reculant de l’étreinte de son ami.
- Reste avec moi...fit-il douloureusement.
- Je ne pourrai pas vivre avec toi en sachant qu’une autre a un enfant de toi ! Elle m’a volé ce droit...fit-elle en détournant le regard.
- Yumi, on a vécu trop de choses pour qu’on en reste là. Fit le jeune homme d’un ton ferme en la regardant droit dans les yeux.
La neige, qui jusqu’ici s’était stoppée, se remit à tomber mais moins violemment. Yumi allait ouvrir la bouche quand Aelita les interrompit :
- On a découvert quelque chose à l’usine...C’est très important !
Ulrich lâcha Yumi, faisant glisser sa main le long de son bras, résigné. Yumi lui tourna le dos, incapable de soutenir son regard suppliant. Aelita remarqua la situation mais ne dit rien. Il y avait plus urgent ! Jérémie les rejoignit après s’être rendu auprès d’Odd.
- Vous êtes là ? Ca tombe bien, j’ai quelque chose d’important à vous dire...
- Qu’est-ce que vous avez trouvé à l’usine ? Demanda Yumi, parvenue à cacher la moindre émotion dans son timbre de voix et dans son attitude.
- Comme tu nous l’avais dit, Xana est revenu puisque vous avez retrouvé vos pouvoirs
- Oui, fit Ulrich.
- J’ai, enfin nous avons découvert que quelqu’un avait rallumé le supercalculateur et l’ordinateur.
- Ce qui implique ? Fit Yumi soucieuse.
- Il sait tout de vous...
- Quoi ? Firent Yumi et Ulrich en chœur
- Mais tu avais dit que tu avais tout effacé ! protesta Ulrich.
- C’est ce qui me semblait aussi...
- Odd le sait ?fit Yumi
- Oui, je viens d’aller le voir. Fit le génie.
- Comment va Ava ? demanda Aelita.
- Toujours le même...répondit Jérémie, impuissant.
- Son accident n’est pas anodin, je suis sûre que c’est Xana. Ava n’a pas freiné. La voiture devait sûrement être possédée...fit Yumi songeuse.
- Peut-être...fit Jérémie, évasif.
- En tout cas, maintenant qu’ils savent tout de nous, il va falloir être très prudent. Fit Aelita.
- Qu’est-ce que tu nous conseilles ? Demanda le beau brun à son ami.
- Restez sur vos gardes, c’est tout ce que je peux vous dire. Et ne restez pas seul, surtout. On est plus faibles, séparés. Lui répondit-il.
Ulrich regarda timidement Yumi. Celle-ci était songeuse. Elle ne vit pas son regard implorant ou plutôt ne voulait pas le voir.
- Odd va sûrement rester cette nuit avec Ava. On va retourner à l’Hermitage pour mettre tout ça au clair. Proposa Aelita.
- Je vais rester encore un peu ici...Je vous rejoins à la maison. Fit Yumi.
- Tu es sûre ? demanda Ulrich, intrigué.
- Oui. Fit-elle.
Ulrich leva sa main vers son visage pour lui caresser la joue mais se ravisa en voyant les yeux de son amie. Des yeux remplis de souffrance.
- Je reste avec toi alors...fit-il sans lui laisser la moindre chance de protester.
- Bon ben vous nous rejoindrez à l’hermitage. A tout à l’heure. Fit Aelita.
Le couple partit en direction du chemin de retour tandis qu’Ulrich se retourna pour reprendre la conversation avec la japonaise. Mais celle-ci était à l’écart au téléphone. Elle paraissait soucieuse. Il alla voir comment allait Ava en attendant qu’elle ait fini. Il rentra à l’intérieur du bâtiment et se dirigea vers l’accueil, ne sachant pas quel était le numéro de la chambre.
- Bonjour, je voudrais savoir le numéro de la chambre de Madame DellaRobia, s’il vous plait.
- Un instant, monsieur ?
- Stern, Ulrich.
- Ulrich ? fit une voix féminine dans son dos.
Il releva la tête et découvrit Amanda face à lui. Elle était rayonnante et lui souriait. Lui, il fronça les sourcils.
- Ca fait si longtemps que je ne t’ai pas vu...
- Tu m’as appelé ce matin, fit Ulrich froidement.
- Ca m’étonnerait, je viens d’arriver des Etats-Unis. Mon vol a atterri cette après-midi.
Ulrich la dévisagea pour savoir si elle mentait mais elle semblait honnête.
- Quelque chose ne va pas ? fit-elle, inquiète.
- Tu m’as annoncé au téléphone que tu étais enceinte et que c’était peut-être moi le père...
- Quoi ? C’est une blague ? s’écria Amanda, irritée. Je ne suis pas enceinte, je te rassure tout de suite. De plus, je suis avec quelqu’un. Mais enfin, qu’est-ce que tu racontes, Ulrich ?fit-elle en fronçant les sourcils.
Ulrich la fixa puis comprit que tout ceci n’était qu’une vaste blague de Xana. Il avait marché à fond....
- Mon dieu ! Yumi ! Il faut que je lui dise tout de suite ! s’écria Ulrich.
Il sortit en trombe hors de l’hôpital mais ne la vit pas. Elle était partie. Il jura sur l’inconscience de son amie.
Yumi attendait devant un café d’une rue fréquentée de Paris. Elle n’était pas très loin de l’hermitage. Elle regarda sa montre, nerveuse puis se décida à entrer. Elle chercha du regard et vit qu’on lui faisait signe. La japonaise avança, de plus en plus angoissée sur ce qui allait se passer. C’était l’instant où elle jouait sa « liberté ».
- Yumi, ma chérie, fit une voix féminine qu’elle connaissait bien.
Une femme plus âgée, de type asiatique, se tenait debout, face à elle et l’accueillant chaleureusement. Elle portait un long manteau de couleur noire et avait attaché ses cheveux en chignon. Yumi déglutit en la voyant mais se dit qu’elle préférait cette situation que faire face à son père.
- Bonjour maman...fit Yumi, se forçant à sourire.
- Shin n’est pas avec toi ? fit sa mère, après lui avoir fait la bise sur la joue.
- C’est justement de cela que je voulais discuter...fit la jeune femme, à la voix étranglée.
- Tu as l’air plutôt tendue pour une future mariée...fit sa mère assez inquiète.
- Shin m’a dit que vous aviez avancé le mariage d’une semaine...fit-elle avec ses yeux perçants.
- C’est la mère de Shin qui l’a souhaité. Tu sais, ton père dépend d’elle, désormais. Je ne dois pas te rappeler que pour sauver l’entreprise de ton père, cette union avec la firme de ta future belle-mère est indispensable !
- Mais pourquoi une association n’est-elle pas simplement possible ? fit Yumi.
- Yumi, nous en avons déjà discuté. Le mariage est l’unique solution.
- Mais je ne veux pas me marier ! hurla t’elle presque, attirant quelques regards de curieux.
- Pardon, fit la dame en manquant de s’étrangler.
- Tu as très bien entendu, je n’épouserai pas Shin ni personne. Personne ne dirigera ma vie ! hurla la japonaise.
- Ecoute-moi bien. Tu vas cesser de hurler et de faire tes caprices. Je te signale que personne n’a été aussi gentil que Shin. Il t’a soutenu et t’a aidé à reprendre le dessus.
- Il n’est pas aussi parfait que tu le dis ! Il...
Mais Yumi préfera s’arrêter là, ne voulant pas dire à sa mère que Shin la frappait. Elle voulut reprendre la discussion mais fut coupée par sa mère.
- Personne d’autre n’aurait voulu d’une fille suicidaire !
Yumi la regarda durement, se leva et avant de s’en aller, elle lui lança :
- Parfait, on a plus rien à se dire ! Je ne viendrais pas à ce foutu mariage. Vous ne contrôlerez plus ma vie !
- Yumi ! Hurla la mère.
Mais la jeune femme sortit en trombe et se dirigea vers la route pour retourner à l’hermitage.
La neige s’était remis à tomber violemment, recouvrant chacun des pas de la japonaise dans la forêt.
Jérémie et Aelita pianotaient depuis près d’une heure sur l’ordinateur afin de découvrir quelque chose pouvant faire un lien avec Lyoko et l’accident d’Ava. Ils finirent par découvrir que le scanner avait été utilisé une fois, le même jour que Yumi avait découvert le retour de Xana.
- Qu’est-ce que ça veut dire ? fit Aelita, inquiète.
- Que quelqu’un a utilisé le scanner soit pour aller sur Lyoko, soit...
- Soit pour incorporer Xana en lui...Oh mon dieu, Jérémie ! Ca veut dire qu’il peut prendre n’importe quelle forme humaine et nous attaquer comme il veut !! fit la jeune femme complètement paniquée.
Le jeune homme remarqua l’état de panique de sa compagne et voulut la rassurer en la prenant dans ses bras.
- Aelita, on en est pas sûrs...Calme-toi, je t’en prie. J’ai besoin de toi pour réfléchir.
- Peux-tu vérifier quelle action a été faite depuis l’ordinateur ? demanda-t’elle.
- Je vais y regarder. Mais calme-toi, je t’en prie. Lui dit-il doucement.
Ulrich avait rejoint Odd qui veillait sa femme. Il était tendu et ne disait rien. Il ne pouvait faire qu’attendre. Mais l’attente sans savoir est pire que tout.
Odd était assis sur le lit, caressant les cheveux de sa femme. Elle était très belle malgré les blessures sur son visage. Son rythme cradiaque était relié sur un moniteur qui bipait toutes les deux secondes. Son visage était blanc et ses longs cheveux bruns ondulés lui retombaient sur les épaules. Odd avait la mine défaite, il semblait très fatigué. Ulrich s’approcha de lui doucement.
- Tu tiens le coup ? demanda Ulrich.
- Il faut bien...Tu sais, le plus dur c’est de ne pas savoir ce qui s’est passé ni quand elle se réveillera...Si elle se réveille. Lui répondit Odd
- Ne dis pas ça. Lui fit doucement son meilleur ami. Elle se réveillera. J’en suis sûr.
- J’aimerai te croire. Vraiment...Et tes soucis ? lui répondit-il.
- Oh ! Ca va ça... fit Ulrich évasif
- Et Yumi ? lui dit Odd, sans détourner le regard de sa femme.
Ulrich se figea tout à coup.
« Touché ! »
- Je...Je ne sais pas si... notre relation est vouée à l’échec. On s’est fait trop de mal...
- Tu baisses les bras, fit Odd, tristement. Mais si tu n’as plus l’amour, à quoi vas-tu te raccrocher Ulrich ?
Le beau brun le regarda, surpris par ses dires et comprit qu’il parlait aussi pour lui. Il lui tapota l’épaule amicalement et se releva en lui disant :
- Je vais te laisser.
- Ne la laisse pas Ulrich...Car c’est une fois qu’on croit l’avoir perdu qu’on se rend compte combien cette personne nous est chère.
- Tu as sans doute raison...
Yumi traversa la forêt sans se rendre compte qu’elle était épiée. Elle sentit juste un vent glacial et cette poudreuse qui alourdit chacun de ses pas. Elle se sentait vidée. Son « altercation » avec sa mère avait été plus que mouvementée. Elle avança lentement, redoutant le moment où elle recroiserait les yeux d’Ulrich. La jeune femme arriva devant la porte après mis plus d’une heure depuis qu’elle avait quitté le café. Elle avait tellement traîné en ville avant d’arriver à la forêt. Elle ouvrit la porte et monta directement dans sa chambre. Elle n’avait pas envie de parler avec les autres. Ses trois amis étaient en train de discuter quand ils entendirent la porte s’ouvrir et la virent traverser en vitesse jusqu’à l’étage.
- Yumi ?
Mais la jeune femme ne répondit pas. Elle monta jusqu’à sa chambre et s’y enferma. Ulrich se leva et alla la rejoindre dans la chambre. Mais il se heurta à une porte fermée. Il frappa à plusieurs reprises
- Yumi ?
- Laisse-moi !
- Ouvre-moi.
- Je n’ai rien à te dire, fit-elle d’une voix étranglée. Elle pleurait.
- Yumi, ouvre-moi ! Il faut que je te parle !
- Je ne veux pas te parler, Ulrich.
- J’ai vu Amanda.
- Tant mieux pour toi !
- Elle n’est pas enceinte...fit-il en écoutant la réaction de son amie à travers la porte.
Yumi se figea, surprise par la révélation. Elle ne savait pas quoi penser... La jeune femme ne savait pas quoi faire...Elle aimerait tellement le croire mais quelque chose s’était brisé en elle depuis.
- Parle-moi, je t’en prie...
Yumi se leva pour aller vers la porte. Elle s’apprêtait à tourner le verrou quand elle entendit dans le couloir :
- Bon dieu, Yumi. Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour que tu me parles...fit Ulrich en frappant la porte de son poing.
Elle hésita et elle entendit que son ami avait fini par renoncer, après avoir émis un long soupir. Il descendait les escaliers d’un pas las.
Elle mit la main sur le verrou quand elle sentit un vent glacial dans son cou. Elle frissonna et se retourna instinctivement. La jeune femme vit une silhouette lui faire face, la fenêtre de sa chambre grande ouverte.
Elle recula tant elle était effrayée. Elle ne distinguait pas correctement la silhouette. Yumi finit par heurter la porte, à force de reculer. Le vent glacial accompagné de neige s’engouffra dans toute la pièce et passa même à travers la porte.
-Je sais tout de toi et de tes copains...
Elle tendit son bras vers son adversaire et ferma les yeux pour se concentrer mais tout son corps la fit souffrir et elle perdait peu à peu le contrôle. La silhouette le remarqua et elle ricana en disant :
- Ce n’est plus qu’une question de temps...Ne gaspille pas tes forces, tu vas en avoir besoin, très bientôt.
La silhouette s’approcha d’elle et la fixa d’un regard vide. La japonaise voulut hurler quand elle la reconnut mais cette dernière l’en empêcha en l’embrassant. Elle le repoussa de toutes ses forces mais l’inconnu l’agrippa par le cou et la souleva contre le mur.
- Jusqu’à ce que la mort nous sépare mon amour...
Aelita frappa à ce moment à la porte. L’inconnu lâcha sa prise et s’en alla aussi vite qu’il était venu. Yumi retomba lourdement et suffoqua. Aelita ouvrit la porte et découvrit son amie haletante.
- Yumi ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Shin...
- Quoi Shin ? Il était là ?
- Jusqu’à ce que tu arrives, fit-elle en reprenant son souffle. Il...il avait cette lueur et son regard était tellement vide...
- Il ne t’as pas fait de mal au moins ?
- Ne t’en fais pas, tu es arrivée au bon moment, fit-elle en souriant timidement.
- Yumi ! Il faut ...
- Non ! Ne dis rien aux autres. Je t’en prie... Ce sont mes problèmes et je vais régler cela toute seule !
- Yumi, la dernière fois, il a essayé de te tuer !
- Je t’en prie Aelita !
- Je ne dirais rien mais tu me promets de ne plus le revoir ni de rester toute seule...
- Promis, fit la japonaise soulagée.
La soirée se passa normalement, les filles firent comme si de rien n’était, même si Aelita eut du mal à cacher la vérité.
Ulrich partit rapporter des affaires à Odd et revint assez tard dans la nuit.
Peut-être avait-il peur de rentrer ?
Il monta délicatement les marches pour ne pas réveiller les autres, alla vers sa chambre puis se stoppa quand il découvrit Yumi endormie sur son lit. Il sourit en se disant qu’elle l’avait attendue. Au moins, elle avait voulu lui parler.
Il lui mit la couverture sur elle et la regarda tendrement quand il entendit murmurer :
- Pourquoi on se fait toujours autant de mal, Ulrich ?
Il se figea, interloqué par ses dires et surtout il ne s’attendait pas à ce qu’elle soit réveillée.
- Je ne sais pas Yumi...fit-il doucement.
Il passa près du lit et alla s’accroupir face à elle pour lui parler dans les yeux. Le beau brun la contempla, cherchant à comprendre ce qui pouvait lui traverser l’esprit. La japonaise le regardait droit dans les yeux tout en étant perdue dans ses pensées. Il hésita à passer sa main sur sa joue, un geste purement affectif mais se ravisa, ne sachant pas comment elle allait réagir. La jeune femme lui prit la main et la serra comme si elle avait peur.
- Yumi...
- Ne dis rien...Ne brise pas ce moment...
Le beau brun vint se coucher face à elle et la serra contre lui. Elle frissonna au contact chaud de cette peau bienveillante. Il l’embrassa tendrement sur le front puis la fixa en essayant de lire en elle. Elle lui caressa le visage et l’embrassa doucement puis plus passionnément. Ils se regardèrent et Ulrich voulut recommencer mais elle le stoppa. Il la dévisagea sans comprendre. Yumi lui murmura faiblement en détournant le regard.
- Si je fais ça, tout redeviendra comme avant...
Le beau brun lui prit le menton dans sa main pour la forcer à le regarder et lui dit :
- Cela ne dépend que de toi...
- Je ne veux plus souffrir, je ne veux plus être aussi faible...
- Yumi, tu es la personne la plus courageuse que je connaisse, tu t’es mise en danger pour moi et pour les autres à de nombreuses reprises, tu n’es pas faible !
- ...
- Laisse-nous une chance. Une seule. Je ferai tout pour te rendre heureuse. Je te le promets.
Il l’embrassa, hésitant mais curieusement, Yumi se laissa faire. Cette chaleur qui lui avait tant manqué était à nouveau là. Le baiser devint très vite de plus en plus passionné et le désir qu’ils éprouvaient l’un envers l’autre les embrasa. Pour la première fois depuis deux années qui les avaient séparés, ils purent s’aimer librement et sans contraintes. La jeune femme s’endormit, blottie dans les bras de son amant. Ulrich passa sa main dans ses cheveux et glissa sur son bras. Il la contempla, passa ses doigts sur son visage. Les entailles qu’elle avait eues s’atténuaient. Le bleu était toujours présent mais la japonaise l’avait dissimulé sous son fond de teint. Ses longs cheveux noirs esquissaient un léger mouvement et lui tombaient sur ses épaules et sa poitrine.
- Tu es tellement belle...Je serai toujours là pour toi, fit-il avant de lui déposer un tendre baiser sur son front et de fermer à son tour les yeux.
- Bon, récapitulons. Xana est libre, prend l’apparence de n’importe qui et peut agir n’importe où et n’importe quand. Fit Odd, d’un ton las.
- C’est bien cela...fit Jérémie en remontant ses lunettes.
Les trois amis se tenaient dans la cuisine, à table, autour d’un bon café. Il était à peine 9h du matin. Odd venait de quitter l’hôpita. Il avait veillé sur Ava depuis plus de 24 heures. Il se massa la tête et les yeux. Aelita fronça les sourcils et lui dit en le regardant compatissante :
- Tu n’as pas dormi...tu devrais aller dormir un peu. On va te relayer auprès d’Ava...
- C’est gentil...Mais ça va aller, je vais y retourner. Fit Odd.
Il tenta de se lever mais trembla de fatigue. Aelita vint l’aider et lui lança un regard qui voulait tout dire :
- Oui...d’accord tu as raison. Fit-il résigné.
- Va te coucher, on va se relayer tous les quatre.
Il alla à l’étage vers sa chambre pour se reposer quand il passa devant la chambre d’Ulrich. Il vit la porte entrouverte et remarqua Yumi endormie dans le lit du beau brun. Ce dernier ouvrit la porte, sursautant en trouvant Odd de l’autre côté.
- Ben t’en fais une tête, je te fais peur ou quoi ? fit Odd d’un ton plat avec un léger sourire.
Ulrich le regarda avec un sourire moqueur et ferma délicatement la porte pour ne pas réveiller la japonaise. Il fixa son meilleur ami et allait ouvrir la bouche quand Odd l’interrompit :
- Sans commentaires, j’ai compris, fit-il en souriant faiblement.
- Va te reposer ! On s’occupe de ta petite femme ! ...
Il ajouta :
- Si j’avais su que j’allais te le dire un jour...fit Ulrich, moqueur.
Yumi sortit à son tour, vêtue d’une simple chemise noire d’Ulrich qui lui arrivait au bas des cuisses. Elle l’attrapa par la taille et le serra dans ses bras. Le jeune homme sourit à cette marque d’affection et se retourna pour l’embrasser. Après quelques intenses secondes, il se détacha de ses lèvres délicates et lui caressa le bras en lui murmurant :
- Il faut descendre, Jérémie veut nous voir...
- Donne-moi cinq minutes, le temps de mettre quelque chose de plus convenable...
- Moi ça me va très bien cette chemise, fit-il en souriant.
Elle haussa les sourcils avec un sourire moqueur puis ferma la porte pour se changer. Le beau brun descendit pour discuter avec ses amis.
La jeune femme chercha un pantalon noir et un pull blanc qu’elle enfila rapidement afin de rejoindre ses amis en bas. Yumi peigna ses cheveux et fit un chignon de manière maladroite. Elle s’attarda devant la fenêtre où elle pouvait voir la neige tomber délicatement quand elle remarqua une silhouette au loin. Elle fronça les sourcils et se concentra pour voir de quoi il s’agissait quand elle entendit une voix l’appeler.
- J’arrive !
Elle reposa son regard sur la vitre mais il n’y avait rien. Elle pensait avoir rêver mais un mauvais pressentiment la parcourut. La japonaise descendit les marches et arriva dans la cuisine, souriante. Aelita remarqua immédiatement son changement d’attitude et posa son regard sur Ulrich qui semblait revivre également. Elle sourit intérieurement et soupira discrètement de soulagement. Jérémie, lui, ne vit rien, trop occupé à ses réfléxions.
- J’ai piraté le rapport de police à propos de l’accident d’Ava et j’ai découvert quelque chose, fit Jérémie en pianotant sur son portable.
- Tu as trouvé la cause, fit Yumi intriguée.
Le génie tourna le portable en direction de ses amis et leur montrèrent des photos de l’accident et du rapport d’expertise.
- Comme tu l’avais dit, il n’y a eu aucune trace de freinage. Et pour cause...
- On a saboté ses freins...Conclua Ulrich.
- Tout juste. Mais d’après certaines données, je crois que Xana a aussi fait perdre le contrôle du véhicule à Ava. Ajouta le jeune blond.
- Je ne comprends pas...Qu’est-ce qu’il nous veut s’il peut prendre n’importe quelle forme et peut attaquer quand il veut...Fit Aelita, inquiète.
- Je ne sais pas, ma puce. Fit Jérémie en la serrant dans ses bras.
Ulrich sourit face à cette marque d’affection. Il reposa son regard sur Yumi qui semblait préoccupée. Elle tenait son portable dans les mains et tremblait. Elle s’éloigna dans le salon. Il la suivit et l’appela :
- Yumi ?
Elle leva les yeux, avec un regard inquiet puis se reprit en le fixant.
- Tu vas bien ?
- Oui, oui. Ne t’en fais pas.
- Tu sembles inquiète...
- Non, ça va...
Le beau brun fronça les sourcils, peu convaincu de la réponse de son amie.
- Yumi...
- Je...il faut que je règle une dernière chose...fit-elle en soupirant.
- Je t’accompagne. Répondit-il simplement.
- Non Ulrich....C’est... C’est mon père. Il faut que j’aille le voir seule.
- Je resterai dans la voiture mais je ne te laisserai pas y aller seule ! C’est tout !
Elle sourit devant son entêtement. Il lui prit la main et l’emmena avec elle dans la voiture et partirent en direction du rendez-vous donné par le père de la japonaise.
Jérémie et Aelita discutaient des possibilités d’attaques de Xana. Puis, à un moment donné, Aelita se leva et alla dans la cuisine. La jeune femme fit la vaisselle du petit déjeuner tandis que Jérémie continuait à faire des analyses et des simulations de Lyoko. Tout à coup, il entendit un bruit de casse dans la cuisine et un choc. Il se leva immédiatement et se dirigea vers la cuisine en appelant sa compagne :
- Aelita...
Il la trouva allongée à terre, inconsciente, des débris de tasses éparpillés autour d’elle. Il se précipita, affolé et la prit dans ses bras. Il lui tapota les joues pour la réveiller, son cœur battant rapidement tant il était inquiet de l’état de sa petite amie.
- Aelita ! Aelita, réponds- moi !
Il lui fallut quelques minutes pour rouvrir les yeux. Elle cligna les paupières et regarda autour d’elle puis croisa le regard inquiet de Jérémie.
- Jéremie, murmura t’elle.
- Tu t’es évanouie. Tu vas bien ?
- Je crois, je me sens épuisée...
- Tu vas aller t’allonger...Je vais t’emmener dans la chambre. Fit-il en la prenant dans ses bras.
Après quelques minutes, Jérémie la déposa sur leur lit et lui mit une couverture. La jeune femme prit sa main et la serra fortement. Le génie s’assit près d’elle et passa sa main sur son front. Elle semblait avoir de la fièvre. Elle toussa un peu. Jérémie la regarda à la fois tendrement et inquiet.
- Je vais veiller sur toi maintenant. Je...Je n’ai pas été très présent à tes côtés, à cause de Xana...Mais je suis là.
- Jérémie, j’ai quelque chose à te dire...
- Tu me le diras tout à l’heure. Tu es fatiguée et tu sembles avoir de la fièvre. Il faut te reposer. Ca peut attendre non ?
- Oui...Tu as raison.
Cela faisait plus d’une vingtaine de minutes qu’Ulrich et Yumi étaient en route vers le point de rendez-vous. Le jeune homme conduisait tandis que la japonaise était perdue dans ses pensées, regardant la route défiler par la vitre. Ne supportant plus son silence, Ulrich brisa le silence en disant doucement :
- A quoi tu penses ?
Elle sursauta presque et se retourna vers lui :
- A mon père...
- Que vas-tu lui dire ?
- La même chose qu’à ma mère...
- Même si tu sais que ça ne va pas être facile ?
- Même si ça ne va pas être facile...
- Tu sais, cette nuit...
- Merci ! fit-elle en le coupant.
Ulrich fut surpris par cette réponse et la regarda interloqué.
- Pourquoi ?
- Merci d’être encore là pour moi.
Il tendit la main pour lui caresser la joue et lui dit en la regardant dans les yeux :
- Je t’aime Yumi.
- Je t’aime....Attention ! Hurla t’elle horrifiée.
De grands phares les aveuglaient et Ulrich donna un coup de volant pour éviter le poids lourd qui leur fonçait dessus.
- Freine ! Freine ou on va se payer l’arbre ! Hurla Yumi paniquée.
- Je ne peux pas ! Il n’y a plus de frein !
Le beau brun écrasa la pédale de freinage de toutes ses forces mais rien n’y faisait. Yumi ferma les yeux et se concentra en tentant de mobiliser la voiture. Elle parvint à mobiliser la voiture quelques secondes mais très vite, son pouvoir lui échappa. La voiture dérapa et fit des tonneaux pour s’écraser dans le contrebas contre un arbre. Une silhouette regarda depuis les hauteurs de la route, un sourire narquois. Il disparut quand il vit une voiture s’arrêter, ayant remarquer l’accident.
La voiture du couple s’était encastrée en contrebas contre un arbre, le toit touchant le sol. De la fumée s’échappait du capot et devenait de plus en plus menaçante. Les airbags avaient bien fonctionné, protégeant les occupants d’un choc fatal. Ils étaient tous deux blessés, mais c’est Yumi qui se réveilla la première. Elle ouvrit difficilement les yeux et dut se concentrer pour stabiliser sa vue. Sa tête était ensanglantée, elle avait heurtée la vitre de plein fouet. La japonaise sentit aussi un goût âcre dans sa bouche. Elle tourna la tête pour voir comment allait son compagnon. Ulrich avait une profonde entaille s’étalant de son front à sa tempe. Lui aussi avait heurté le pare-brise. Elle murmura son prénom :
- Ulrich...
Mais le beau brun semblait inconscient. Elle regarda autour d’elle et sentit l’odeur de la fumée. Elle commença à paniquer.
- Ulrich, réveille-toi !
Mais sa voix était à peine audible. Elle devait lutter pour ne pas sombrer dans l’inconscience.
Une main vint ouvrir avec force la porte de son côté. Elle défit sa ceinture de sécurité et la jeune femme tomba contre le tableau de bord lourdement. Yumi sentit juste des bras forts la tirer hors du véhicule et la placer contre un arbre.
Elle vit une ombre penchée au-dessus de sa tête mais le sang qui s’écoulait depuis sa tête l’empêchait de voir quoi que ce soit. Elle entendait juste une voix au loin.
- ...elle...selle...Mademoiselle !
Yumi leva les yeux vers l’homme penché au-dessus d’elle.
- Je dois vous laisser quelques secondes, le temps de m’occuper de votre ami. Ca va aller ?
- ...
- Ca va aller ? répéta t’il.
- Je...je crois...
Elle vit l’homme s’éloigner pour se pencher vers l’autre côté de la voiture quand elle entendit un bruit sourd puis une chute. La japonaise voulut se relever mais n’y arriva pas tant elle était affaiblie.
- Ulrich...fit celle-ci en murmurant.
Elle n’entendit plus rien pendant une minute puis des pas s’approchèrent d’elle. Une silhouette s’accroupit pour lui faire face et lui prit le visage dans ses mains. Elle n’arrivait pas à distinguer le visage qui la fixait, tant elle était sonnée. Yumi sentit des mains la soulever et la jeune femme entendit une voix lui dire, juste avant qu’elle ne sombre dans l’inconscience :
- Il te rejoindra très bientôt, ne t’en fais pas, mon amour...
Jérémie contempla sa compagne allongée sur le lit. Elle lui semblait si paisible une fois endormie. Il s’inquiétait néanmoins de son état. S’être évanouie ainsi sans aucune explication n’était pas très normal. Le génie lui prit instinctivement le poignet afin de mesurer son pouls.
- Normal, fit-il à voix haute.
Le jeune homme caressa les cheveux de sa fiancée et glissa sa main sur son front un peu brûlant. Il soupira et regarda l’heure. Jérémie se releva du lit en s’étirant, sortit doucement de la chambre afin de ne pas réveiller Aelita et alla chercher un linge pour faire baisser sa température.
A l’hôpital, un homme se dirigea vers la chambre numéro 216, où reposait Ava. Il referma doucement la porte, en vérifiant de ne pas avoir été suivi. Il s’approcha du lit de la jeune femme et la contempla. Elle avait le teint pâle et les yeux clos. Sa longue chevelure brune et bouclée retombait sur ses épaules. Il s’approcha de son visage et lui murmura :
- Ava...
Aucune réaction de la jeune femme.
- Ava, j’ai besoin de toi ! fit ce dernier avec une voix plate et ferme.
La jeune femme ouvrit directement les yeux, dénués de toute expression et se releva directement sur son lit. L’homme la regarda, souriant et lui chuchota dans l’oreille avec un sourire carnassier :
- Tu as une mission à remplir...
- Nonnnnnn ! hurla Odd.
Il venait de faire un cauchemar et était en sueur. Il tenta de calmer sa respiration et regarda l’heure. Les visites allaient bientôt débuter à l’hôpital et il devait absolument voir le médecin. Odd se leva et alla prendre une douche quand il remarqua que sa main tremblait d’elle-même. Il la leva pour la contempler de manière plus attentive.
- Ca va passer...sûrement... Fit-il pour se rassurer, sans trop y croire.
Le jeune homme se dirigea vers la salle de bain quand une sonnerie retentit dans sa chambre. Il se précipita vers le téléphone et décrocha.
- Monsieur Della Robia ?
- Oui.
- Je suis le Docteur Fleeman. Il faut que vous veniez le plus rapidement à l’hôpital.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- C’est votre épouse.
- Elle va bien ? Qu’est-ce qu’elle a ? fit Odd de plus en plus angoissé.
- Elle s’est réveillée.
Aelita se réveilla sous le toucher humide du linge sur son front. Elle plissa les yeux comme pour se protéger d’une lumière trop forte. Sa tête lui bourdonnait. La jeune femme leva les yeux vers la main chaleureuse de son fiancé. Jérémie lui sourit en voyant qu’elle s’était réveillée.
- Tu es là depuis longtemps ? lui demanda t’elle.
- Une heure environ...fit le génie. Tu as de la fièvre et tu t’es évanouie...pourtant tu ne sembles pas malade...c’est étrange...fit ce dernier.
- Je suis épuisée...c’est tout. Conclu t’elle comme pour couper court à la discussion.
- Tu voulais me dire quelque chose tout à l’heure ?
Aelita le regarda droit dans les yeux. Elle hésita avant de se lancer quand la porte s’ouvrit avec fracas. Odd.
- Odd ! On t’a jamais appris de frapper ! fit Jérémie, exaspéré d’avoir été interrompu.
- Désolé. Mais c’est Ava ! Elle s’est réveillée ! fit-il mi euphorique, mi-inquiet.
- C’est vrai ? fit Aelita, étonnée.
La jeune femme voulut se relever mais sa tête lui tourna et Jérémie la fit s’appuyer contre le mur.
- Je voudrais bien venir avec toi mais je ne peux pas laisser Aelita toute seule et puis sans savoir quand vont revenir Ulrich et Yumi...
- Ne t’en fais pas ! Maintenant qu’elle est réveillée, vous aurez tout le temps de venir la voir ! fit Odd d’un air heureux mais épuisé.
- Tu peux aller avec lui Jérémie. Ca va aller maintenant que je me suis reposée...fit Aelita mais son petit ami la coupa en la dissuadant :
- Non Aelita. Tu viens d’avoir un malaise et tu as de la fièvre. Je serais plus tranquille, non, je préfère rester à tes côtés. Je te l’ai promis.
- Mais Jérémie...
- Laisse tomber Aelita, quand il a une idée en tête, rien ne pourra lui faire changer d’avis à notre Einstein. Sur ce, je vous laisse. Je vais revoir ma femme !
Les images dansaient dans la tête d’Ulrich. Ou plutôt des souvenirs qui venaient se superposer sans aucune cohérence. Et quand il rouvrit les yeux, non sans difficulté, près d’une heure s’était écoulée depuis le réveil de Yumi. Le beau brun ressentit très vite les blessures à la tête et au bras dû à l’accident et se rendit compte également que la voiture avait fait plusieurs tonneaux.
- Yumi...murmura t’il encore sonné.
N’entendant aucune réponse, il tourna la tête vers le siège du passager et constata que son amie n’était plus là. Il défit sa ceinture, ce qui eut comme effet qu’il se retrouva contre le plafond et le début du tableau de bord suite à sa chute. La fumée commençait à remplir la cabine et Ulrich comprit qu’il ne devait pas traîner. Il voulut ouvrir sa portière mais celle-ci lui résista.
- C’est pas vrai...grommela t’il.
Il s’allongea de manière à ce qu’il puisse se glisser par la portière du passager et se retrouva hors de la voiture. Le beau brun se remit debout en tentant de calmer sa tête qui lui tournait. Il s’appuya sur un arbre voisin de celui où la voiture était encastrée.
- Il faut que je me concentre pour ne pas tomber...
Le beau brun ferma les yeux quelques secondes et les rouvrit en stabilisant sa vue. Il regarda autour de lui et chercha des traces de Yumi. Ulrich allait rebrousser chemin au bout de quelques minutes quand quelque chose attira son attention. Il se pencha et découvrit le collier qu’il avait offert à Yumi, tâché de sang. Il blêmit à cette découverte et regarda le sol afin de comprendre ce qui avait pu se passer. Quelques tâches pourpres jonchaient l’herbe blanchie par le froid mais rien n’indiquait des blessures graves. Le beau brun prit son portable et appela son vieil ami. Mais il déchanta très vite quand il comprit qu’il n’avait plus de réseau. Puis soudain, une violente explosion retentit, soufflant tout sur son passage. Une énorme flamme s’éleva dans les airs.
Yumi ouvrit difficilement les yeux et regarda où elle était, une fois sa vision stabilisée. Elle reconnut l’usine, plus précisément, la salle cathédrale. Elle voulut se relever mais en était bien incapable. Elle était comme assommée et son crâne la martelait, à cause de l’accident. Yumi mit une main sur sa tête et chercha son portable. Par chance, elle l’avait toujours. Elle utilisa sa lumière pour voir les alentours. Elle reconnut une masse allongée assez sombre. La jeune femme se releva difficilement et se dirigea vers elle. La masse baignait dans du sang. Elle la retourna pour voir de qui il s’agissait. Elle hurla en reconnaissant le visage.
Jérémie revint de la salle de bains où il avait été rincer le gant pour le remettre sur le front d’Aelita. Celle-ci s’était relevée de son lit et s’était assise contre le mur afin de maintenir dans une position plus ou moins confortable. Le génie vint s’assoeir à ses côtés et lui mit le tissu humide sur son front.
- Je vais bien. Fit cette dernière.
- Je sais, tu n’arrêtes pas de me le dire. Lui rétorqua Jérémie tout en passant sa main sur son visage afin de baisser sa température.
- Alors arrête de me couver, Jérémie. Je ne suis pas malade. Lui dit-elle en soupirant.
- Alors dis-moi ce que tu as...fit le génie en arrêtant son geste et en la regardant droit dans les yeux.
- Je...je suis enceinte. Fit-elle en détournant le regard.
- Quoi ?! hurla ce dernier de surprise.
- Je sais, ce n’est pas vraiment le moment. Fit-elle navrée.
- Attends ! Je n’ai jamais dit ça. Aelita regarde-moi.
- ...
- Regarde-moi ! fit ce dernier d’un ton ferme. Il lui prit le menton de sa main pour l’obliger à le regarder droit dans les yeux.
La jeune femme leva les yeux humides vers son amant, redoutant sa véritable réaction.
- Aelita ! C’est la chose la plus merveilleuse qui me soit arrivée après t’avoir rencontré. Je suis tellement heureux ! Je vais être papa ! lui dit Jérémie d’un ton très enjoué.
- C’est vrai ? Tu ...tu le veux vraiment ? lui répondit-elle timidement.
- Evidemment ! Pourquoi je refuserais ? fit-il en la serrant dans ses bras.
- J’ai tellement peur. Ne me laisse pas seule...lui dit-elle, un sanglot dans la gorge.
- Plus jamais je ne te laisserais seule Aelita. On va avoir un bébé, tous les deux ! J’ai hâte de voir la réaction qu’auront les autres !
- Je préfère leur dire quand je serais réellement sûre de ma grossesse, tu comprends...
- C’est comme tu veux...fit-il en lui déposant un baiser sur le front. Mais pour le moment, tu dois te reposer, tu sembles épuisée. Je vais travailler en bas. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là.
- D’accord...
Odd se précipita à l’intérieur du bâtiment hospitalier après avoir conduit comme un fou sur les routes. Heureusement pour lui qu’il ne s’est pas fait flashé. Il se présenta devant la chambre de sa compagne et vit qu’une personne était à son chevet. Odd entra rapidement dans la pièce, encore secoué par son rêve. Il se sentit soulagé quand il constata que c’était le médecin.
- Dr Fleeman !
Le médecin qui regardait les analyses de sa patiente se retourna sur son interlocuteur et lui sourit :
- Mr DellaRobia. Vous tombez bien. Votre épouse vous cherchait.
Odd se précipita vers le lit de sa femme. Il lui prit la main et lui caressa la joue en la regardant droit dans les yeux.
- Ava ! Ava...Je suis là...
La jeune femme lui sourit faiblement et, encore un peu dans les vaps, lui demanda :
- Odd ! Je ...qu’est-ce qui m’est arrivé ?
- Tu as eu un accident de voiture et tu es dans le coma depuis quelques jours. Mais c’est fini ! Tout va bien maintenant ! lui dit-il en la rassurant et en lui caressant les cheveux.
Le médecin déposa la fiche des résultats et s’approcha du couple :
- Ne vous en faites pas Madame. Vous n’avez eu qu’un traumatisme crânien qui a fait que vous vous êtes retrouvée dans le coma. Quelque part, ce coma vous fut bénéfique puisqu’il a permis à votre corps de se reposer et de se soigner lui-même.
- Tu vois mon amour...il ne faut pas t’inquiéter. Fit-il en souriant.
Yumi hurla en voyant l’atroce spectacle qui se situait sous ses yeux. Elle parvint à murmurer devant l’horreur :
- Hi... Hiroki !
Il avait été attaqué par la même bête que celle de la forêt. Elle tremblait, secouée par ses larmes et ses sanglots. Elle sentait son estomac se nouer et une peur l’envahissait de plus en plus. Elle se précipita afin de vérifier son pouls et tenta de le réveiller en le secouant.
- Hiroki...Réveille-toi ! je t’en prie ! Réponds-moi !
Il fallut une minute pour qu’il se réveille. Mais cette minute parut interminable aux yeux de la grande sœur. Ce dernier finit par réagir et ouvrit les yeux. Il sourit faiblement en reconnaissant sa sœur :
- Yu...Yumi..
Elle tentait de se maîtriser malgré ses larmes et fut soulagée qu’il était encore conscient.
- Ne t’en fais pas, je vais appeler les secours...
La jeune femme prit son portable et composa le numéro tout en lui demandant :
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
Le jeune homme lui attrapa la main et la regarda, effrayé :
- Je ne me souviens pas...
- Depuis combien de temps es-tu ici ? lui demanda sa sœur, en attendant une tonalité.
- Je...Je me suis réveillé une première fois ici il y a une heure ou peut-être deux...je ne sais plus...Je n’en peux plus Yumi...
Il semblait épuisé. Il referma les yeux, à bout. Yumi tenta de le garder éveillé :
- Non Hiroki ! Reste avec moi ! Il faut que tu tiennes le coup !
Elle le prit par l’épaule et le traîna jusqu’au bas de l’entrée de la salle cathédrale en attendant les secours.
Ulrich observa sa voiture en train de brûler en contrebas. Il avait eu le temps de s’écarter afin d’échapper à l’explosion. Il retenta d’appeler son vieil ami. En vain. Il regarda autour de lui et reconnut les rives du fleuve qui se déverse dans la Seine. Blessé à la tête et aux bras, de légères brûlures se dessinaient sur ses avant-bras. Il remonta la berge et se dirigea vers le seul endroit où pouvait être Yumi en ce moment.
Shin se régalait de la situation. Son plan fonctionnait à merveille. Il avait réussi à scinder le groupe et à isoler chacun de ses membres avec leurs faiblesses. La venue de son maître sur ce monde n’était plus qu’une question d’heures. Depuis son antre, il avait pu suivre les moindres faits et gestes de ses proies. Même si son attention se portait sur l’une d’elles en particulier. Mais le moment n’était pas encore venu. Il devait d’abord s’assurer d’affaiblir chacun d’entre eux. L’homme se leva et sortit d’une pièce sombre, vêtu d’un habit de travail pour se diriger dans un couloir. La porte se referma sur une masse allongée et inconsciente. On put entendre dans le couloir une voix saluant l’homme.
- Bonjour Dr Fleeman. Fit une voix féminine.
Aelita n’en pouvait plus de rester allongée, seule, dans cette immense chambre. Elle se leva lentement et descendit pour voir ce que faisait son compagnon. Jérémie n’était pas devant son portable, ce qui était très surprenant. Elle le chercha du regard dans le salon puis se dirigea vers la cuisine.
- Jérémie ? demanda t’elle.
Mais aucune réponse ne lui parvint.
Elle décida d’aller voir sur la terrasse mais fut très vite surprise par la froideur de l’hiver. Un léger vent transportant de la neige lui souffla dans les cheveux et vint lui glacer l’échine. Un curieux sentiment la parcourut. La jeune femme commença à s’inquiéter. L’étrange atmosphère, à la fois lourde et glaciale, ne lui augurait rien de bon. Elle voulut rentrer dans la maison mais la porte donnant sur la terrasse était fermée à clé. Aelita paniqua et appuya violemment sur la clinche. Mais celle-ci refusa de céder. Elle entendit au loin un grognement sourd qui lui rappela de très mauvais souvenirs. Elle hurla et tenta d’ouvrir la porte qui refusait toujours de céder.
- Jérémie !
Le grognement se rapprocha, accompagné d’un souffle régulier et carnassier. La jeune femme pouvait sentir la présence dans son dos et n’osait pas se retourner de peur de se retrouver face au monstre qui avait attaqué Ulrich quelques jours auparavant. Le grognement devint de plus en plus fort et les pas s’étaient arrêtés soudainement. Aelita comprit que la bête s’apprêtait à bondir.
Cela faisait plus d’une heure qu’Ava s’était réveillée. Odd l’avait laissée aux soins des infirmières pour les derniers examens demandés par le Dr Fleeman. Il en avait profité pour aller se chercher un café. Le jeune marié avait veillé sa femme depuis des heures et il n’avait pu fermer l’œil que pour quelques heures, ce qui n’était rien par rapport au sommeil en retard qu’il devait rattraper. Mais en ce moment, son cœur et son esprit étaient sereins. Ava était réveillée et plus rien ne pouvait venir gâcher leur bonheur. Du moins, le croyait-il. Il tira de sa poche son portable et vit un appel en absence. Il consulta la mémoire des appels et vit qu’Ulrich avait essayé de l’appeler. Il sourit.
- Il m’appelle déjà alors qu’il est en charmante compagnie...Je savais qu’il ne pouvait pas se passer de moi, fit-il en souriant.
Il recomposa le numéro de son meilleur ami et attendit les tonalités.
Pendant ce temps, le médecin entra dans la chambre d’Ava qui se reposait. Il fit sortir les infirmières et regarda son dossier ainsi que les derniers résultats sanguins. Il leva ses yeux vers le moniteur cardiaque et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
A la troisième sonnerie, une voix essoufflée retenti dans le combiné.
- Ulrich ?
- Odd ! Yumi....accident...plus....
- Quoi ? Je ne comprends rien ! Répète !
Le beau brun répéta mais il y avait de la friture sur la ligne. Il ne comprit que la moitié des mots, et encore.
- Ulrich, est-ce que tu vas bien ?
- Oui mais....
- Où est Yumi ?
- ...sais pas...cherché...
- Où es-tu ?
- ...Berge...eau...
Puis la communication se coupa subitement. Le téléphone d’Odd n’avait plus de batteries. Il avait été tellement préoccupé qu’il avait oublié de recharger son téléphone. Le jeune homme comprit qu’il ne pourrait plus rien tirer de son appareil. Odd remarqua le téléphone public de l’hôpital. Il s’en approcha mais se stoppa net quand il entendit une alarme. Il pivota sur lui-même pour découvrir l’origine du bruit.
Ulrich relâcha son bras qui tenait son téléphone d’un geste las. Il avait pu contacter Odd mais la liaison avait été tellement mauvaise qu’il n’avait rien compris à ce qu’il lui disait. Le beau brun passa sa main devant sa bouche pour se calmer. Il n’avait aucune idée où se trouvait Yumi ni comment elle allait. Il avait juste l’intuition qu’il était sur le bon chemin pour la retrouver. Mais fallait-il suivre une intuition quand une vie était en jeu ?
- Où es-tu ?...fit-il en regardant loin devant lui.
Il enfonça sa main dans sa poche droite et caressa de ses doigts le bijou abandonné de sa compagne.
Yumi déposa son frère contre la paroi qui jouxtait l’entrée principale de l’usine. Elle était épuisée par l’effort et par ses blessures. La japonaise jeta un regard au jeune homme qui était dans un piteux état. Yumi tenta de reprendre son souffle quand elle entendit un bruit. La jeune femme se retourna et vit une ombre se faufiler furtivement au fond de la salle. Elle ne pouvait pas la distinguer de là où ils se trouvaient.
- Hiroki...fit la japonaise en tentant de le réveiller. Elle le secoua mais rien n’y faisait. La jeune femme regarda sa montre.
- Cela fait plus d’une demi-heure que j’ai appelé les secours et ils ne sont toujours pas là...C’est pas normal...
Elle regarda une dernière fois son frère, toujours inconscient et décida de sortir de l’usine pour capter du réseau. Yumi prit son portable et chercha du réseau quand elle remarqua une silhouette au loin devant elle. Le ciel qui, d’ordinaire était blanc, s’obscurcit soudainement et la pluie commença à tomber. La jeune femme leva la tête et fronça les sourcils en constatant cet étrange climat.
- J’espère que les autres vont bien...
- Ava ! Hurla Odd qui se précipita dans la chambre de son épouse.
En effet, la sonnerie qu’il avait entendue était le monitoring de la jeune femme. Elle avait fait un arrêt cardiaque et était à nouveau dans le coma. Odd arriva à son chevet, paniqué.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? Elle allait bien tout à l’heure ! fit-il au médecin sans se détourner de sa femme.
Mais ce dernier ne répondit pas. Il ferma juste les rideaux et regarda Odd d’un air grave.
- Elle a très peu de chance de s’en sortir...fit-il d’un ton grave.
Odd se retourna, blême sur le médecin. Il se glaça en reconnaissant l’homme.
- Mais cela ne dépend que de toi Odd...Ava vivra si tu le veux vraiment...
- Comment...nous vous avions anéanti en éteignant Lyoko il y a deux ans !
- Apparement, le génie ne t’a pas dit toute la vérité....
- Je ne comprends pas....
- Tu lui demanderas toi-même...Maintenant, tu vas devoir faire un choix, sauver ta femme ou la laisser mourir...
- Ava vivra !
- Mais la vie a un prix...
- N’importe lequel, ma femme est plus importante que tout...
- Alors tu vas m’aider à récupérer ce qui m’appartient....
- Jamais je ne vous aiderai !
- Il faudrait savoir...C’est vrai qu’Ava est très belle et qu’elle serait une alliée de taille...fit-il en lui caressant le visage.
- Ne la touchez pas !
- Ou sinon quoi ?fit-il en ricanant.
Aelita hurla en appuyant de toutes ses forces sur la porte qui finit par céder et tomba dans les bras de Jérémie, interpellé par les cris.
- Aelita !
- Elle est revenue...
- De quoi tu parles ?
- La bête...Elle est revenue...
Jérémie regarda au loin mais ne vit rien. Il dévisagea sa compagne qui semblait effrayée au plus haut point. Le jeune homme la serra dans ses bras pour la réconforter tout en s’inquiétant pour elle.
- Il faut que tu te reposes...
- Je ne suis pas folle Jérémie !
- Je n’ai jamais dit ça...mais ton état m’inquiète. Tu as de la fièvre et tu...
- Alors c’est ça ! Tu insinues que je délires ?
- Mais...
- Tu me déçois Jérémie ! Je croyais que tu me soutenais....hurla Aelita.
La jeune femme se dégagea violemment et partit s’enfermer dans sa chambre, laissant Jérémie perplexe et désemparé. Il referma la porte de la terrasse sans s’apercevoir qu’une paire d’yeux rouges brillait dans les buissons.
Yumi composa le numéro d’Ulrich tout en cherchant à se mettre à l’abri. La pluie était apparue si vite et si soudainement. La jeune femme soupira de soulagement en entendant les bips signalant que l’appel était transmis. Elle chercha du regard son frère et blêmit quand elle constata qu’il avait disparu. Yumi regarda les traces par terre afin de savoir où il était passé. Elle suivit le tracé qui s’interrompit subitement et leva les yeux afin de voir l’endroit. La japonaise le regretta aussitôt.
- Salut soeurette...fit une voix froide qui s’avança progressivement.
Son regard était vide, sans expressions. Il semblait être un pantin manipulé. Un pantin en bien piteux état.
- Hiroki...pas toi...fit la jeune femme en reculant.
- J’étais au courant de tes escapades nocturnes depuis bien longtemps, tu sais. Et Shin m’a permis de découvrir quel était ton secret. Ou plutôt votre secret.
- Qu’est-ce qu’il t’a fait ?
- Il m’a ouvert les yeux. Il m’a montré les faces cachées de ce monde...
- Non ! Tu es quelqu’un de droit et de juste, pas d’influençable ! fit-elle toujours en reculant de plus en plus.
- Pourquoi ne pourrais-je pas, moi non plus, avoir un rôle à jouer dans cette histoire ? Pourquoi c’est toujours toi la vedette parce que tu es l’aînée ?
- Tu n’as jamais été mis de côté, Hiroki...fit-elle abasourdie.
- J’ai toujours été dans ton ombre, Yumi ! Toujours ! Le frère de... Et jamais Hiroki !
Ulrich et William n’ont été amis avec moi parce qu’ils ont pu se rapprocher de toi de cette façon !
-C’est faux...Ulrich n’est pas comme ça...
- Comme quoi ? Hein ? Faut-il que je te rappelle qui t’a ramassé à la petite cuillère quand tu es revenu des USA. Hein ? Qui t’a remonté le moral après ton coma ? Hein ? Et tu lui trouves encore des excuses ? Mais enfin Yumi, réveille-toi ! Il a failli te tuer ! Comment peux-tu encore lui faire confiance après tout ce qu’il t’a fait ? Il t’a déjà oublié dans les bras d’une autre et il te dit après que tu es la femme de sa vie. Si c’était le cas, il ne t’aurait jamais laissé partir...
- Non... !
- Ton entêtement ne mènera à rien. Ulrich n’a fait que se servir de toi et toi, tu es trop stupide pour ne pas le voir. Il te laissera tomber comme toutes les autres.
- Arrête ! tu ne le connais pas...
- Et toi ? Tu le connais ? Ca fait deux ans que tu ne l’as plus vu...Deux ans. Les gens changent Yumi...Et il te ment.
La japonaise avait du mal à garder son calme. Elle savait que c’était Xana qui parlait mais les propos étaient cohérents. Et de plus, c’était son frère qui était manipulé...
- Ca suffit ! Je sais que tout est faux ! Xana ne gagnera pas !
Hiroki s’arrêta subitement, son expression se figea et il eut comme des spasmes.
- Hiroki... ?
Ce dernier tomba subitement à terre. La jeune femme mit un certain temps avant de s’approcher de lui. Son frère ne bougeait plus. Elle se pencha pour prendre son pouls quand elle entendit son nom.
- Yumi !
-Qu’est-ce que vous voulez ? fit Odd d’un ton plein de reproches.
Le médecin afficha un sourire glacial face à la résignation du jeune époux.
- Tu dis que la vie de ta femme est le plus important pour toi...
- Où voulez-vous en venir ? Qu’est-ce que vous voulez ? Hurla t’il de colère.
- Je ne veux qu’une chose. Qu’on me rende ce qui m’appartient.
- Mais c’est quoi à la fin ? fit Odd de plus en plus exaspéré.
- Tu le sais très bien, le félin...
- Aelita n’est plus un obstacle pour vous...
- Aelita n’est qu’un pion d’un immense puzzle. Ce qui m’importe pour le moment, c’est de récupérer la totalité de mes pouvoirs.
- Et en quoi vous suis-je utile ? fit le jeune homme incrédule.
- Tu vas m’apporter les autres pièces du puzzle sur un plateau.
- Trahir mes amis ? Jamais !
- Mauvaise réponse. Fit le spectre en lui envoyant une décharge qui le fit hurler de douleur.
Malgré la violence du choc, Odd se releva en se tenant les côtes et en s’appuyant contre le mur. Il le toisait d’un regard dur.
- Jamais je ne trahirai mes amis. Même si je dois en mourir...fit le jeune homme.
- Quel courage ! Mais ta mort ne les sauvera pas. Elle va juste me simplifier les choses...Mmm oui, c’est vrai que cela pourrait être agréable de te voir hurler encore et encore. Me supplier de ne pas lui faire de mal...Mais je crois que le pire reste à venir pour toi. Un dernier mot à ajouter ?
- Va en enfer !
- L’enfer est sur terre mon cher. En voici la preuve ! Dis au revoir à ta belle...fit le spectre en levant sa main au dessus du corps d’Ava.
- Non ! Pas ça ! Hurla Odd.
Après lui avoir laissé assez de temps pour apaiser sa colère, Jérémie décida d’aller voir sa compagne. Il frappa à la porte mais cette dernière ne lui répondit pas. Il n’insista pas, pensant qu’elle s’était endormie. Le jeune homme ouvrit la porte et la découvrit allongée sur le lit, lui tournant le dos. Il s’approcha d’elle et vint s’asseoir sur le bord du lit pour ne pas la réveiller. Il la regarda dormir et vit qu’elle avait la mine défaite. Jérémie ne put s’empêcher de se reprocher de ne pas l’avoir crue. Il prit une couverture et la lui déposa pour ne pas qu’elle ait froid. Mais au fond de lui, il savait qu’elle avait été blessée par son attitude. Ces derniers temps, il la négligeait. Et maintenant qu’il savait qu’il allait être papa, il ne changeait pas.
- Bon dieu Jérémie, reprends-toi ! fit-il tout bas.
Après l’avoir regardée quelques minutes, il se leva, ferma la porte et descendit travailler sur son portable. Le génie fit quelques recherches quand il finit par comprendre pourquoi on en voulait tant à Yumi. Il sursauta de joie et voulut le dire à Aelita quand il se retrouva nez à nez avec une silhouette sombre et très agressive. Seuls ses yeux rouges luisaient dans la pénombre de la pièce. Jérémie déglutit difficilement et pensa à protéger sa famille avant tout.
Yumi se retourna en reconnaissant la voix et regarda dans sa direction. Ulrich se tenait devant elle au loin. Il avait fini par la retrouver dans l’Usine.
- Ulrich !
La jeune femme se releva et voulut aller à sa rencontre quand elle sentit des bras l’agripper. Elle suffoqua. Ulrich vint à sa hauteur le plus vite possible.
- Tu es vraiment trop bête...Tu crois qu’il te pardonnera un jour de l’avoir abandonné et d’avoir tué votre enfant, tu crois vraiment ?
Les bras se serraient autour de sa gorge et Yumi ne parvenait pas à se défaire de son agresseur. Ses pieds ne touchaient plus le sol. Elle avait beau se débattre, son agresseur était bien plus fort qu’elle. Il lui chuchota dans l’oreille tandis qu’elle suffoquait.
- Ulrich te fait souffrir, ouvre les yeux ! fit le sbire de Xana.
- Relâche-la immédiatement ! hurla Ulrich qui se tenait juste devant eux.
- Trop tard, samouraï. Fit le sbire avec un sourire glacial.
Ce dernier leva sa main en direction du nouvel arrivant et lui lança une boule d’énergie. Yumi hurla et de colère, elle utilisa sa télékinésie contre son adversaire qui fut propulsé sur plusieurs mètres. La jeune femme tomba à genoux, épuisée par son effort. Elle se rendait compte que son pouvoir lui échappait mais elle tentait de le contrôler. Vainement, peut-être. Le sbire se releva tant bien que mal mais un sourire carnassier se dessina sur les lèvres.
- Bientôt, tous vos efforts seront inutiles. Sache geisha que la vengeance ne se dissipe pas avec un baiser...
Ulrich se jeta sur lui pour lui faire payer tout le mal qu’il leur avait fait. Ils s’engagèrent tous deux dans un corps à corps assez rude. La jeune femme voulut s’interposer mais son état physique se dégradait. L’accident l’ayant déjà affaibli, l’utilisation de son pouvoir n’avait fait qu’accentuer sa faiblesse. Néanmoins, son tempérament lui dictant sa conduite, elle lutta pour se relever et les rejoignit.
- Tu vas payer pour tout ce que tu nous as fait. Hurla de rage Ulrich.
Un fait étrange se produisit. Une lueur apparut de la main d’Ulrich qui semblait être liée à sa colère. Yumi le dévisagea et blêmit quand elle vit son expression. Une expression qu’elle n’avait jamais vue sur son visage. Il était tout simplement défiguré par la haine et la douleur. La japonaise remarqua l’intensité de la lumière et vit un katana se former.
- C’est...impossible...fit-elle sans comprendre, tout en essayant de se relever.
Pour Ulrich, tout avait disparu autour de lui, plus rien n’avait d’importance pour lui si ce n’est son désir de vengeance.
- Enfin, je vois ta vraie nature, samouraï. Je savais que tu avais un don mais il vient seulement de dévoiler sa véritable ampleur. Voila donc la seconde pièce du puzzle. Fit le sbire d’un sourire satisfait.
Le katana finit par se matérialiser complètement et Ulrich le tendit droit devant lui. Il regarda le sbire avec mépris.
- Je vais te faire ravaler ton sourire narquois. Fit-il d’un ton dur.
Yumi ne le reconnaissait plus.
-Ulrich...murmura t’elle.
Mais il ne l’entendait pas tant il était obnubilé par son désir d’en finir. Il s’avança, armé et déterminé plus que jamais.
Le sbire ricana et se prépara au combat. Xana allait pouvoir être fier de lui. Il venait de découvrir le deuxième don. Il ne restait plus qu’à trouver les deux autres. Il savait bien qui les détenaient mais il ignorait comment les provoquer.
La peur de perdre l’être qui lui est le plus cher au monde lui offrit des ressources qu’il ignorait posséder. Odd se jeta sur le faux médecin qui, surpris, fut entraîné dans sa chute. Odd se battait de toutes ses forces, comme si sa vie en dépendait.
- Jamais Ava ne sera à vous ! Jamais ! Hurla Odd.
- Le destin est en marche, félin. Rien ne pourra l’arrêter !fit le faux médecin en lui envoyant une seconde attaque, encore plus puissante. Le jeune homme fut propulsé à travers la porte de la chambre et atterit dans le couloir, sous les yeux effarés du personnel médical. Une infirmière appela la sécurité tandis que plusieurs médecins se précipitèrent dans la chambre pour comprendre ce qui venait de se passer. Ils virent le sbire lever une main au-dessus du corps d’Ava qui se souleva dans les airs.
- Arrêtez ou je tire ! fit l’un des agents de sécurité, tentant de garder son calme devant le spectacle qui s’offrait à lui.
Le sbire relâcha tout de suite sa main et ricana en regardant ses interlocuteurs :
-Pauvres humains...Votre destin est bientôt scellé...
Il les projeta contre le mur et s’approcha d’Odd à moitié inconscient. Il le souleva par le col de sa chemise et lui dit d’un ton carnassier :
- Ava mourra d’ici quelques heures si je n’obtiens pas ce que je veux. Alors profite, je t’ai fait un petit cadeau d’adieu.
Il le lâcha non sans douleur et disparut. Des infirmières se précipitèrent pour soigner les blessés et l’une d’elle s’approcha du jeune homme complètement sonné par l’attaque.
- Vous m’entendez ? fit-elle inquiète.
Odd la regarda fixement, ses yeux lui disaient quelque chose mais sa tête le bourdonnait et il finit par sombrer dans l’inconscience, suite à ses blessures.
Jérémie chercha un moyen pour ralentir la bête qui lui faisait face. Il scruta la pièce et trouva une arme de fortune. Sans quitter les yeux et en tentant de dissimuler son intention, il se rapprocha d’une des chaises. La bête qui le fixait de ses yeux rouges, dévoila dans un grognement bestial ses crocs. Elle semblait se réjouir du festin qui s’offrait à elle. Du moins, c’est ce qu’en conclue le génie. Enfin, il ressentait la peur que ses amis avaient endurée lors de chaque mission sur Lyoko. La peur de mourir.
- Je ne te laisserais pas détruire ma famille, Xana ! Plus jamais !
La bête s’arrêta au nom de Xana. L’espace d’un instant, Jérémie crut voir l’esquisse d’un sourire, bien que carnassier, se dessiner sur la face du monstre. Il n’eut pas le temps de se poser plus de questions car la bête fondit sur lui en un seul bond. Jérémie hurla tout en essayant de se protéger.
Ulrich s’engagea dans un corps à corps avec le sbire de Xana. Le combat était d’une telle violence et d’une telle intensité qu’il était difficile de croire que c’était le beau brun qui était en train de se battre. Yumi parvint à se relever et comprit qu’il ne pouvait y avoir qu’une seule issue à un tel combat. Il fallait qu’elle intervienne.
Le spectre avait lui aussi matérialisé une épée pour se battre à armes égales même si pour Xana, l’égalité n’avait pas de sens. Il employa toute son énergie contre le samouraï qui parvenait à éviter ses attaques.
- Ulrich, qu’est-ce qui t’es arrivé... ? murmura Yumi.
Elle ne reconnaissait plus son amant. C’était une autre personne devant elle. Il n’avait plus rien de l’homme doux et prévenant qu’elle avait quitté quelques heures auparavant.
Le sbire comprit que le guerrier avait gagné en puissance et qu’il lui serait difficile de le vaincre. Il fallait trouver un moyen de l’affaiblir pour mieux le toucher. Ils étaient tous deux assez mal en point suite à leur violent affrontement. Voyant la tournure de la situation, Yumi utilisa à nouveau son don et bloqua l’attaque du sbire. Ulrich voulut profiter de cette occasion pour en finir quand il entendit un cri déchirant :
- Non ! Arrête ! fit Yumi, à bout.
Il la regarda avec mépris et se retourna, arme levée sur sa proie qui le fixait étrangement. Celle-ci lui dit :
- Es-tu prêt à sacrifier ta relation pour ton désir de vengeance ?
Ulrich s’arrêta net dans son élan, ne comprenant pas ce qu’il voulait dire.
- Tu ne comprends pas...C’est pourtant simple...Vous possédiez tous les quatre un don, une partie du pouvoir de Xana depuis la fin de Lyoko. Mais une fois qu’il a été réactivé, vous pouvez à nouveau les utiliser. Mais ces dons ont une contre-partie. Ils vous consument à petit feu. Elle souffre à chaque fois qu’elle l’utilise. Et toi, il te transforme en ton côté sombre, prenant ta douleur comme arme. Au final, tu ne vaudras pas plus que moi ou pire, que Xana.
- Jamais je ne serais comme toi ! Jamais !hurla Ulrich. Il brandit l’épée et voulut l’abattre sur son ennemi quand il sentit une opposition. Yumi était en train de le stopper par sa télékinésie. Elle l’utilisait sur deux personnes en même temps, chose qu’elle n’avait jamais essayée auparavant.
- Ne t’en mêle pas, Yumi ! Hurla Ulrich.
- C’est mon frère ! Je ne peux pas te laisser faire !lui répondit Yumi.
Ulrich toisa du regard son ennemi qui n’était qu’à quelques centimètres de lui.
- Non ! Pas si prêt du but ! fit le samouraï.
Il leva la main qui détenait le katana et la dirigea vers la japonaise. Un flux lumineux s’échappa et projeta la jeune femme contre la paroi du bâtiment. Elle la heurta violemment et retomba lourdement.
Le spectre profita de ce changement de situation pour se relever et fit face au guerrier.
- Tu vois ? On est pareils, samouraï.
Jérémie se débattait comme un fou contre la bête. Il parvint à la maîtriser mais ses griffes se plantèrent dans sa chair à de nombreux endroits et commençaient à l’affaiblir. Il vit sa puissante mâchoire s’ouvrir et ferma les yeux. Une boule d’énergie vint s’écraser contre le monstre qui fut propulsé contre la baie vitrée. Celle-ci, sous l’impact, explosa. Jérémie rouvrit les yeux et comprit que quelque chose venait de le sauver. Il releva la tête et vit sa compagne en bas des marches, le bras levé en direction de la baie.
- Aelita ! fit-il mi-soulagé, mi-étonné.
- Tu vas bien ? fit-elle en s’approchant de lui pour constater ses blessures.
- Tu...Toi aussi alors ? Toi aussi tu sais utiliser tes pouvoirs ?
- Apparemment...fit-elle en l’aidant à se relever.
- Mais...et la bête ? demanda Jérémie qui s’asseya non sans mal sur une chaise.
- Elle a disparue. Dit Aelita en fronçant les sourcils. La jeune femme s’approcha de son fiancé et regarda à ses blessures.
- Mis à part ton bras et ton épaule gauche, le reste a été touché de manière superficielle. Fit-elle. Je vais te nettoyer tes plaies et te faire des bandages. Mais cela risque de piquer.
- Je suis désolé Aelita...dit tristement le génie.
- De ne pas m’avoir crue ? Ce n’est pas grave Jérémie...Dit la jeune femme tout en nettoyant les blessures.
- Si. Au contraire. Je me rends bien compte que je n’ai pas été très présent pour toi. Et je...
Aelita l’interrompit en lui mettant son doigt sur sa bouche. Elle s’assit devant lui et le regarda droit dans les yeux :
- Jérémie. J’ai eu peur de te perdre. Tu es tout ce qu’il me reste. Tu es ma seule famille avec Yumi, Ulrich, Odd et Ava. On va devoir se soutenir car je crois que le vrai combat vient de commencer...
Jérémie l’embrassa tendrement et la prit dans ses bras. Il l’aimait tellement et, malgré le contexte chaotique, il était heureux d’être avec elle et de devenir papa.
Tout en analysant la situation, l’envoyé de Xana découvrit un avantage dont il pouvait tirer partie. Cela faisait plus d’une heure qu’il le contemplait, tout en le combattant. Le guerrier qui lui faisait face ne semblait absolument pas maîtriser la colère qui le rongeait et utilisait son don d’une manière non intelligente. Juste instinctive. Et il ne prenait même pas conscience de ses actes. Ulrich, qui n’en pouvait plus de le voir le scruter d’un air hautain, se rua sur lui.
- On n’est pas pareils et je vais te le prouver ! Vociféra Ulrich.
Les deux opposants s’affrontèrent dans un duel d’une violence inouïe. Après plusieurs minutes interminables, les deux adversaires se toisèrent en reprenant leur souffle. Le sbire prit la parole en fixant le beau brun :
- Tu prétends être mieux que nous mais tu viens de blesser ton bel amour... fit-il sarcastique.
Ulrich s’arrêta net et regarda Yumi. Elle ne bougeait pas. Elle n’avait même pas ouvert les yeux. Le beau brun était partagé entre la volonté de la rejoindre mais cette colère le poussait bien au-delà de sa raison. Le samouraï serrait de plus en plus le manche de son arme, au point que ses articulations blanchissent. Son adversaire le contempla quelques secondes. Ulrich n’arrivait pas à se décider. Apparemment, le sbire avait surestimé le guerrier. Plus rien ne pouvait l’atteindre. La colère l’avait consumé entièrement. Ulrich resta dans cette consternation pendant quelques minutes jusqu’à être réveillé par le son de la voix grave.
- La colère...voila à quoi tu te résumes désormais, Ulrich Stern. Mais n’est-ce pas elle qui est à l’origine de ton mal ? fit l’envoyé qui se trouvait désormais aux côtés de la japonaise qui se réveillait peu à peu.
Cette dernière était si affaiblie par la puissance de la dernière attaque qu’elle n’arrivait pas à lutter. Elle n’était plus qu’un simple pantin. Le sbire lui tenait la tête pour qu’elle puisse regarder Ulrich dans les yeux. La jeune femme savait pertinemment qu’il avait raison et qu’elle n’avait plus rien à attendre de lui. Son amour semblait comme avoir disparu pour faire place à un être de colère et de rancœur. Le sbire voulut continuer à tester la corde sensible du beau brun.
- Ne t’a-t-elle pas brisé le cœur ? Il suffirait d’un mot, d’un geste pour régler cette histoire...fit-il en levant son menton d’un seul doigt tout en parcourant sa nuque avec un autre.
- Ne la touche pas, gronda Ulrich.
Un léger sourire se dessina sur le visage de son adversaire.
« Enfin, tu réagis ! »
Stupéfaite de sa réaction, Yumi fixa son amant. Il semblait qu’il était encore conscient de ses sentiments.
« Il faut que je fasse quelque chose ».
Mais elle n’avait pas le champ libre et son « frère » la tenait en joue, uniquement pour titiller la patience d’Ulrich. Elle sentit un doigt glisser le long de son dos. Elle frissonna sous l’effet.
- Elle est si faible...ce serait vraiment dommage de gâcher une telle occasion, n’est-ce pas Ulrich ?
La désagréable sensation disparut et tout alla très vite. Le sbire pressa d’une main ferme sur le flanc blessé de la jeune femme. Yumi hurla. Un cri à la fois déchirant et d’une intense souffrance s’éleva dans la salle. Ulrich réagit au quart de tour et, tout en serrant son katana, il se précipita sur son adversaire.
- Tu vas payer ! hurla Ulrich, assoiffé de vengeance et aveuglé par la colère.
- Le grand Ulrich serait-il revenu parmi nous ? nargua l’envoyé tout en évitant ses coups.
- Garde ta salive, tu vas en avoir besoin...siffla le samouraï.
- Ne te trompe pas de cible, Stern. Si tu souffres, c’est par sa faute. Je t’ai simplifié la chose. Tu devrais plutôt me remercier. Elle n’a que ce qu’elle mérite...
Ulrich brandit son katana et allait l’abattre sur son adversaire quand quelque le stoppa net. Un souffle ou plutôt un chuchotement qu’il connaissait que trop bien.
Aelita venait de s’endormir sur le canapé dans les bras de son amant. Epuisée par son début de grossesse et par les frayeurs récentes, elle s’était plongée dans un sommeil réparateur. Jérémie la contempla, souriant, attendri par la moue qu’elle faisait lorsqu’elle dormait. Il se leva en faisant attention de ne pas la réveiller et aller chercher un plaid pour recouvrir la jeune femme. C’est à ce moment-là qu’il entendit des coups à la porte. Fronçant les sourcils, il prit de quoi se défendre et s’approcha de la porte. La main tendue vers la poignée, le génie hésita quelques minutes.
- Jérémie, c’est Odd ! Ouvre-moi ! Je t’en prie ! Il fait froid et puis...
Le jeune homme fut interrompu par Jérémie qui venait d’ouvrir la porte.
- Odd ? Content de te voir...Ava ? Mais qu’est-ce qu’elle fait ici ? Elle devrait pas être à l’hôpital ? débita le génie tout en les laissant entrer et en refermant la porte.
- J’ai...enfin, on a un grand problème !
- Quoi ? Attends, on va l’allonger en haut.
- Qu’est-ce qui se passe ? fit une voix encore endormie.
- Aelita ! fit Odd rassuré de la voir.
- Odd ? Mais que...Ava ? Qu’est-ce qui se passe ici ?
- On va l’allonger sur le canapé. Elle est réveillée mais est trop épuisée.
La jeune femme ouvrit un œil mais la fatigue lui défigurait les traits. Elle leva les yeux vers son époux et mumura encore endormie :
- Odd...
- Il faut te reposer...Tu es en sécurité avec moi ici.
- Odd, donne la moi. Lui dit Aelita.
Les deux femmes partirent dans le salon tandis qu’Odd et Jérémie s’asseyèrent en cuisine.
- C’est quoi le problème, Odd ?
- Xana...
- Comment ça ?
- Il m’a attaqué à l’hôpital...il veut nos pouvoirs en gros. Mais je n’ai pas encore découvert ce que j’avais gardé de Lyoko. Il a dit que...
Le fait de repenser à la condition imposée était une véritable torture pour lui...
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit ?
- Si je ne vous donnais pas, il la tuera. Elle n’a plus que 24h à vivre...selon lui.
Jérémie soupira tout en lançant un regard à sa femme et à Ava.
- il faut qu’on trouve une solution...Ne t’en fais mon vieux...fit-il avec un sourire compatissant. On va sortir Ava de là. Tous.
- Merci ! je savais que je pouvais compter sur vous. Mais...Où sont Ulrich et Yumi ?
- Je n’ai plus de nouvelles d’eux depuis un bon moment. Ils sont partis voir le père de Yumi et depuis plus de nouvelles. Mais je...
Il fut interrompu par la voix de sa compagne :
- Jérémie, il y a un signal provenant de l’usine.
Le jeune homme se leva et se dirigea vers son ordinateur. Il vit un point rouge s’illuminer dans l’obscurité de l’écran.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Odd qui l’avait suivi.
- La réponse à ta question. C’est le signal du portable de Yumi. Je vous avais mis une sorte de GPS dans vos portables pour vous repérer plus facilement, du temps de Lyoko. Heureusement qu’elle a gardé ce téléphone-là.
- Que fait-elle à l’usine ? demanda Aelita, une pointe d’angoisse dans la voix.
- Aucune idée. Mais je te parie qu’Ulrich y est aussi. Fit Odd.
- Ulrich...chuchota une voix faible dont le timbre lui était familier.
Le samouraï toisa l’origine de la voix d’un regard dur et sans appel. Mais Yumi n’avait pas dit son dernier mot. Elle se releva difficilement, puisant dans ses dernières forces. Le sbire la contempla quelques instants et un sourire narquois se dessina sur ses lèvres.
- Tu es plus coriace que je ne le pensais, geisha...fit-il d’une voix sarcastique. Mais crois-moi, tu ne vas pas rester debout très longtemps...Soit je te tuerai, soit ce sera lui. Dit le sbire en pointant du doigt Ulrich.
Ce dernier détourna la tête vers son nouvel interlocuteur et se remit en position de combat, visiblement agacé d’avoir été interrompu dans son acte. Mais Yumi s’était fait une promesse. Qu’elle ne laisserait jamais tomber ses amis. Et surtout pas Ulrich. Alors, puisant dans son énergie les dernières ressources qu’il lui permettrait de combattre, elle leva lentement les mains vers ses adversaires et se concentra. Ulrich se lança, voulant en finir quand il sentit à nouveau qu’on l’en empêchait. Idem pour le sbire. Le samouraï se retourna violemment pour comprendre l’origine et vit Yumi qui tentait difficilement de maintenir sa télékinésie pour les stopper. Il tenta de résister, tout comme le sbire de Xana mais le pouvoir de sa compagne était bien plus fort.
- Ce n’est pas à toi de le combattre, murmura t’elle en regardant Ulrich.
Ce dernier la toisa d’un regard noir. Elle s’approcha de lui et le regarda tristement dans les yeux non sans une certaine tendresse. Elle lui mit la main sur sa joue et tenta de chercher au fond de ses yeux l’homme qu’elle aimait.
- Ce n’est pas toi...lui dit-elle.
Ulrich ragea de ne pouvoir bouger et tenta de rester insensible mais il devait reconnaître qu’elle avait produit quelque chose au fond de son être. Ses yeux trahissaient son combat intérieur qu’il menait face au flot de sentiments que Yumi avait provoqué en lui.
- Trop de blabla...entendirent-ils tous deux.
Yumi se rappela qu’elle avait baissé sa garde et vit le sbire s’approcher derrière Ulrich. Celui-ci ne réagissait toujours pas, trop perturbé par son combat interne. La japonaise le propulsa sur le côté à l’aide de sa télékinésie mais n’eut pas le temps d’éviter le coup destiné à son compagnon. La boule d’intense énergie la projeta contre la paroi du bâtiment et elle retomba violemment sur le sol. Le sbire se précipita vers la japonaise pour lui voler son pouvoir quand il sentit une douleur atroce dans son dos. Il se retourna et vit Aelita, bras tendu vers lui, accompagnée de Jérémie. Elle venait d’utiliser son pouvoir contre lui. La jeune femme le toisa d’un regard dur :
- Tu as perdu, Xana...
- Ne parle pas trop vite...je reviendrai prendre ce qui m’est dû...ricana le sbire avant de disparaitre en une épaisse fumée noire s’échappant du corps d’Hiroki.
Jérémie s’approcha d’Ulrich et l’aida à se relever tandis qu’Aelita lui enleva doucement le katana de ses doigts. Il finit par le lâcher et retrouva son attitude d’avant, comme délivré de l’influence de l’arme. Le samouraï chercha Yumi des yeux et la vit contre la paroi. Il se précipita vers elle, suivi de ses amis tout en murmurant son prénom puis quand il vit la gravité de son état, il hurla :
- Yumi..... Oh non ....Yumi !
-
Il la prit dans ses bras et la secoua :
- Réveille-toi ! C’est un cauchemar...Yumi !
Mais la jeune femme gardait les yeux clos.
- ...Je t’en prie !... Ne me laisse pas... ! J’ai besoin de toi...Mais qu’est-ce qui s’est passé... ? Yumi ! Il sanglotait tout en essayant de la ranimer.
- Tu ne te souviens pas ? fit une voix faible.
Ulrich leva ses yeux luisants vers l’origine de la voix et vit une silhouette frêle et faible s’avancer vers lui.
- Hi...Hiroki ? murmura t’il surpris.
- C’est toi qui l’as mise dans cet état...lui dit-il faiblement tout en lui faisant face.
- Non ! C’est impossible ! Je...je n’aurais jamais fait ça ! Je l’aime trop pour lui faire une chose pareille...lui répondit le beau brun tout en regardant le visage de sa bien aimée ensanglanté.
- Pourtant...Tu as voulu la tuer...Dit le jeune japonais en s’accroupissant face à lui.
- Non...non...Pas ça...fit le jeune guerrier en serrant la japonaise de toutes ses forces.
- Ton don te consume de l’intérieur. Il se nourrit de ta souffrance et de ta douleur pour s’en servir comme arme. Tu es incontrôlable quand tu l’utilises.
- Qu’est-ce que j’ai fait.... ? paniqua Ulrich.
Le jeune japonais lui mit une main amicale sur son épaule et le regarda tristement :
- Elle va s’en sortir...mais rien ne sera comme avant Ulrich.
Après l’épisode de l’usine, Hiroki et sa sœur furent emmenés d’urgence à l’hôpital. L’un souffrait de contusions multiples et de fractures tandis que l’autre était plongée dans un profond coma, son cas étant critique.
Ulrich regarda à travers la fenêtre de la chambre de sa compagne depuis le couloir. Il n’arrivait pas à rentrer, ne pouvant supporter de voir les conséquences de son « acte ». Ses yeux s’arrêtèrent sur les contours lisses de son visage si pâle et témoin de tant de souffrances endurées. Son regard passa à l’électrocardiogramme, dernier rempart la reliant sur terre. Le samouraï soupira et se déplaça lentement. Ulrich s’en sortait plus ou moins bien. Soigné à la suite de son accident de voiture, il marchait avec une béquille, une de ses jambes ayant été mobilisée par un plâtre. Son bras gauche était bandé et de multiples coupures parcouraient son torse et son visage. Le beau brun se dirigea vers la sortie de l’hôpital et héla un taxi.
Aelita veillait sur Ava, allongée dans la chambre de Yumi tandis que Jérémie discutait avec Odd de la situation plus que critique.
- Qu’est-ce qu’on va faire ? demanda Odd d’une voix lasse.
- Avant tout, il ne faut qu’on soit tous ensemble. Ainsi Xana aura moins de facilités à nous attaquer. Séparés, on est plus faible.
Odd se leva et regarda la pluie tomber à travers la baie nouvellement réparée grâce au don d’Aelita. Il leva sa main et la contempla comme s’il la voyait pour la première fois. Jérémie le remarqua et le lui dit :
- Odd ?
- Je me demande quel est mon don...pourquoi je n’ai pas pu l’utiliser pour sauver Ava...
- Ava est toujours avec nous Odd.
- Mais à quel prix ? hurla Odd. Regarde...Regarde nous Jérémie. Ava va mourir si on ne fait rien, Yumi est dans le coma et Ulrich est hors service...
- Je ne suis pas encore K.O fit une voix lasse et fatiguée.
- Ulrich...sursauta Jérémie, ne l’ayant pas entendu arriver.
- Comment va Yumi ? demanda Aelita qui venait de descendre les escaliers.
- Elle...il soupira. Son état est stationnaire...souffla Ulrich.
Aelita s’approcha de Jérémie et vint s’asseoir à ses côtés.
- Ulrich, il faut qu’on parle. Fit Jérémie.
- Je n’ai pas envie d’en parler....fit le beau brun en s’asseyant lourdement dans un fauteuil et en se prenant la tête dans les mains.
- Il faudra bien Ulrich...ton don est...comment dire ça....commença Jérémie en se massant les yeux énergiquement.
- Incontrôlable... Acheva Odd sans détourner le regard de la vitre.
- Je...je ne me souviens plus...je voudrais tant comprendre ce qui m’est arrivé mais je ne peux pas...fit Ulrich d’une voix désespérée.
- Ulrich, fit doucement Aelita. Nous ne te reprochons rien de ce qui est arrivé à Yumi. Mais il faut que nous comprenions ce qui t’arrives afin de t’aider.
- J’ai voulu la tuer, Aelita ! Hurla Ulrich.
- Hiroki a dit que ton don se nourrissait de ta douleur et de ta souffrance...ta colère te consume. Commença Jérémie.
- Mais Yumi aussi n’arrivait pas à contrôler son don. Fit Aelita doucement.
- Oui parce qu’elle l’avait récupéré de Lyoko sans l’avoir utilisé depuis deux ans. Et sur terre, c’est différent. Fit Jérémie.
- Alors pourquoi moi cela ne m’affecte pas ? demanda la jeune femme.
- Parce que tu es née avec ce don. Conclua Odd.
Tous se retournèrent aux dires d’Odd qui relevaient du génie. Mais la situation n’était pas à la plaisanterie.
- Donc, au final, Yumi et moi ne contrôlons pas nos pouvoirs et sommes donc potentiellement dangereux.
- Ne dramatisons pas la situation...commença Aelita.
- Il a raison Aelita. Nous ménager ne sert à rien. Il faut se rendre compte de notre situation.
- Je vous rappelle que je ne sais pas ce qu’est mon don...fit Odd. Comment sont apparus les vôtres ?
- En cas de stricte nécessité...quand on se sent en danger réel. Commença Ulrich.
- Mais Yumi a pu l’utiliser à son gré, remarqua odd.
- T’as vu comme elle en souffrait ?
- Toujours est-il que le don d’Ulrich pose problème...remarqua Jérémie après un long silence pesant.
- Au final, on pose tous problème, objecta Aelita. Reste à découvrir le don d’Odd.
- Mais ce qui m’inquiète, c’est comment arrêter Xana. Il est si puissant. Et qui a bien pu rallumer le supercalculateur ? Fit Ulrich.
- Il se peut qu’il l’ait fait de lui-même...commença Jérémie.
- Quoi ? firent les trois autres.
- J’ai...(l’aveu était difficile pour Jérémie), j’ai conservé des traces de nos actions, notamment dans l’ordinateur. Et pour m’assurer que Xana ne puisse plus jamais se recréer, je vous ai implanté quatre parcelles de son programme lors de votre dernier passage au scanner. Ces quatre parcelles sont vos dons.
- Mais comment a-t-il pu rallumer tout seul ? fit Odd, sceptique.
- Il a très bien pu prévoir le coup et se disfractionner en petites parcelles qui se sont éparpillées à travers le réseau et...vous.
- Tu veux dire... ?dit ulrich surpris.
- Tu veux dire qu’on a ramené des parcelles de Xana avec nous, en plus de nos dons et qu’il se serait ainsi matérialisé sur terre ? Mais c’est insensé, Jérémie. S’écria Aelita.
- J’ai...
- Tu as fait quoi Jérémie ? demanda impatient Ulrich.
- Il a tout rallumé....finit par comprendre Odd devant le silence de Jérémie.
- T’as pas fait ça ?! Hurlèrent les deux amis tandis qu’Aelita s’empêcha de crier en plaquant sa main contre sa bouche.
- Lors de mon accident, j’ai été en transe durant un moment...et quand je me suis réveillé, j’étais devant l’usine.
- Tu ne te souviens de rien ? demanda Ulrich, incrédule.
- Non ! s’empressa de répondre Jérémie. Tu crois que j’ai volontairement agi afin de vous mettre en danger tous les cinq ? Se fâcha le génie.
- Ca suffit ! S’écria Aelita. A peine eut-elle fini de hausser le ton qu’elle sentit des vertiges. Elle chancela et Odd la rattrapa.
- Doucement princesse...fit Odd.
- Il faut te ménager Aelita...tu le sais bien, c’est pas bon pour toi. Fit Jérémie en s’approchant de sa compagne.
- Comment ça, c’est pas bon pour toi ? demanda Ulrich, surpris.
- Qu’est-ce qui se passe Einstein ? demanda à son tour Odd.
- Rien...Rien bredouilla Jérémie.
- Je suis enceinte, c’est tout. Fit Aelita en reprenant son souffle.
Les deux meilleurs amis restèrent interdits puis sourièrent sincèrement à l’annonce de cette nouvelle.
- Mais...c’est merveilleux Aelita ! commença Ulrich.
- Tu comptais nous en parler quand ? demanda Odd en la narguant.
- Je ne suis qu’à trois mois...je voulais être certaine avant de l’annoncer officiellement....je...j’aurai voulu que Yumi soit là..fit tristement l’humanoide.
- Tu le lui diras, ne t’en fais pas. Fit Jérémie en la serrant contre lui et en lui déposant un baiser sur le front.