Histoire : Vie Parfumée

Écrite par Vallone le 08 septembre 2007 (15742 mots)

Dernière édition le 14 juillet 2008

-Bonjour, je m’appelle Yumi Ishiyama, j’ai 28 ans et je dirige actuellement la société « Cannelle », grande société réputée pour ses parfums faits à base de cannelle! Je n’aurais jamais cru que dans le passé je puisse faire ce métier, pourtant, petite j’adorais le parfum. A l’adolescence et même avant, je m’en mettais souvent! C’est ma mère qui m’a fait découvrir cela et maintenant j’en fabrique et tout le monde apprécie ces productions. Si je devais résumer ma vie entière jusqu’à maintenant, se serais bien trop long à expliquer. Alors je vais faire court, lorsque j’ai eu mon bac dans un lycée près de Paris, je ne savais pas quoi faire, puis je me suis souvenu de mon importante attirance envers les odeurs, en particulier vers le parfum. Dans mon pays au Japon, on n’y pense pas souvent mais, c’est un pays réputé pour le parfum, alors j’ai fait mes études là-bas, j’ai appris les diverses façon d’obtenir un mélange, traiter une essence à base de fleurs. Puis quand j’ai terminé, je suis allé m’installer à Paris où j’ai bâti ma société. Au début je ne mesurais pas assez l’ampleur que le parfum avait prit comme place dans ma vie, mais maintenant je le réalise. En ce moment, nous créons un parfum à base de pomme je vous le ferais essayer si vous voulez!
-(Interviewer) Oui volontiers, eh bien, je vous remercie infiniment de nous avoir accordé cet interview mademoiselle Ishiyama!
-(Yumi) Tout le plaisir était pour moi!
Les quelques personnes chargés d’interviewer Yumi s’en allèrent en emportant leur matériel. Bientôt, il ne restait plus aucun câble dans le bureau de Yumi. Elle était soulagée d’avoir enfin terminé cet horrible interrogatoire de journaliste. Yumi n’aimait pas beaucoup qu’on pose des questions sur sa vie privée, mais elle devait quand même y répondre car l’image de l’entreprise est entièrement reflétée par son patron. Et le patron c’est Yumi! Yumi qui est bien loin maintenant de tout ses amis et de sa famille qu’elle a quitté pour venir s’installer à Paris. Elle avait bien grandi mais avait gardé sa silhouette très fine de jeune fille. Elle s’était fait poussé les cheveux, ceux ci lui arrivaient jusqu’au ventre. Yumi porte souvent cette robe longue de soie rouge, un cadeau inestimable de sa grand-mère malheureusement décédée. Elle est d’une élégance quand elle porte cette robe, il y a des motifs de fleurs de lys blancs sur la robe qui fait bien ressortir le beau rouge bordeaux du vêtement. Cela faisait maintenant 2 ans qu’elle habitait Paris, rue Bonaparte. Un charmant appartement style japonais avec tout les ingrédients pour qu’elle s’y plaise, portes coulissantes blanches, lits moelleux installés par terre et de l’encens! Jamais Yumi ne passait une journée sans du parfum! Yumi venait justement de rentrer dans son appartement, la mine fatiguée depuis son interview. Elle s’installa rapidement sur le divan du grand salon et alluma la télévision. Mais n’ayant rien de très intéressant sur le petit écran, elle partit en direction de la salle de bain pour prendre une douche. Yumi avait coutume de recevoir la visite de Aelita chaque soir, sa meilleure amie qui ne la quittera jamais. Elle aussi préférait les cheveux longs à présent mais elle n’avait pas trop grandi! Elle aimait bien porter des dos-nu et des décolletés mais très discrets puisque Aelita n’aimait pas trop se faire remarquer. Yumi l’a prit sous son aile et a donc fait les mêmes études qu’elle au Japon. Elle partageait la passion de Yumi, elle était envoûtée elle aussi. Aelita avait été abandonnée par la seule famille qui lui restait, et ça, elle s’en souvient encore, ce qui l’empêche de profiter de la vie au maximum car elle n’est pas assez ouverte aux autres et n’a jamais eu de relations amoureuses à cause de l’abandon de sa seule famille. Au grand désarroi de Yumi qui elle, adore faire la fête, sortir avec des garçons, aller en boîte... Aelita habite deux rues à côté de chez Yumi, un petit appartement bien décoré par les soins de Yumi, et pour cause, c’est elle qui lui a offert cet appartement.
Yumi avait les moyens mais ne le faisait pas savoir, elle savait rester modeste et raisonnable. Chaque soir, Aelita venait manger chez Yumi qui elle, préparait le dîner, car elle était une bonne cuisinière! Et son succès: les arômes! Quoi de plus naturel chez une professionnelle du parfum?
Aelita demeurait toujours triste au fond d’elle, même si on ne le voyait pas. Yumi avait bien conscience de cela.
La société Cannelle fête aujourd’hui ses 3 ans, la solide patronne organise une grande réception dans le bâtiment avec ses proches et tout les gens qui y travaillent. Sa fidèle secrétaire, Sydney la félicite amplement, c’est une jeune femme de 28 ans elle aussi qui prend son travail à cœur et qui aime bien travailler pour Yumi. Elles adorent sortir ensemble le soir! Pourtant très grand, Sydney vient du pays peu commun pour habiter à Paris, l’Autriche. Belle blonde aux yeux bleues, elle travaille à l’entreprise depuis 2 ans. C’est en quelque sorte la confidente de Yumi.
Les jours se suivent et se ressemblent, Yumi doit créer sa nouvelle gamme de parfum, des parfums à base d’essence de fruits! Mais en ce matin du 10 septembre, Yumi reçu un coup de fil qui allait bientôt bouleverser sa vie...
-(Sydney) Cannelle entreprise, que puis-je faire pour vous? Oui, je vois, je vous la passe tout de suite, monsieur? Monsieur Muller.
La secrétaire, Sydney appuya alors sur un bouton, de l’autre côté de la salle se trouvait le bureau de Yumi, son téléphone de bureau sonna, elle décrocha alors.
-(Yumi) Oui?
-(S) Un certain Monsieur Muller demande à vous parler.
-(Y) Très bien passez-le moi.
Sydney appuya alors une nouvelle fois sur le bouton pour passer la communication à Yumi.
-(Mr Muller) Mlle Ishiyama?
-(Y) Elle même.
-(M voix allemande^^) Bonjour, je me présente, Antti Muller, je suis le patron d’une grand entreprise de haute-couture en Allemagne. Je voulais vous demander un service, ou plutôt une sorte de arrangement.
-(Y) Je vous écoute.
-(M) Eh bien voilà, je sors bientôt ma nouvelle collection et je me demandais si il n’y avais pas moyen de lier votre parfum avec mes créations haut de gamme de couture.
-(Y) Je vois et comment s’appelle votre entreprise?
-(M) Et bien, enfin la très renommée Karima Style.
Dès que Yumi entendit ses paroles, elle sauta de sa chaise et ouvrit de grands yeux, elle s’agrippa ensuite à son téléphone.
-(Y) La Karima Style? Mais pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt? Et que contez vous faire avec mes parfums?
-(M) Je voudrais que mes créations sois plus réalistes et mes nouvelles collections vont bientôt sortir et malheureusement je n’ai pas encore tout fini mais avec votre aide je pense pouvoir trouver le petit quelque chose qui me manque. Si cela vous dit nous pourrons aussi collaborer pour que nos entreprises ne forment plus qu’une, une entreprise non seulement consacrée au parfum mais aussi au parfum dans la haute-couture, qu’en pensez vous? Je sais que ma proposition est assez directe mais je pense que vous et moi savons parfaitement que l’alliance de nos entreprises peuvent nous rapporter très gros, imaginez un peu, la 1ère entreprise au monde qui apporte à la fois de la couture dans du parfum!
-(Y) Et bien je suis, impressionnée, je comprends tout à fait vos engagement monsieur Muller. J’approuve vraiment vos idées et si il y a moyen que je puisse vous aider je le ferai sans hésiter!
-(M) Je suis heureux de vous l’entendre dire mademoiselle, je vais envoyer un de mes représentants en France, je lui indiquerai le lieu de la rencontre et il pourra apporter tout cela sous forme de projet, je préfère faire cela en vrai, c’est mieux que de régler cela par un vulgaire coup de téléphone. Je vous rappelais ensuite lorsque l’entretien sera terminé et nous pourrons discuter de tout cela.
-(Y) Oui bien sur pas de problème, quand cela se fera-t-il?
-(M) Hé bien si cela ne vous pose pas de problème, demain matin à 9h?
-(Y) Entendu! Je vois ça avec votre agent alors?
-(M) Voilà et je vous contacterais par la suite!
-(Y) Très bien alors à demain!
-(M) A demain mademoiselle et merci mille fois!
Yumi raccrocha le téléphone d’une main tremblante, Sydney venait d’arriver pour poser des papiers dans le bureau, mais elle se débarrassa vite des papiers et s’approcha de Yumi.
-(S) Alors? Que voulait-il?
-(Y) Je crois bien, que l’on va avoir la promotion du siècle!









-(S) Mais c’est merveilleux !
-(Y) Vite, il faut que je prévienne Aelita... s’exclama la jeune patronne toute excitée.
-(S) Vous n’avez qu’à rentrer chez vous, il est bientôt 17h passé.
-(Y) 17h ? Déjà ? Bon, je file alors, je vous fais confiance Sydney ! dit-elle en passant la porte.
-(S) Oui, ne vous en faites pas !

Ainsi, quelques minutes plus tard, Yumi rentrait chez elle, dans son bel appartement. Dés qu’elle ouvrit la porte, cette si douce odeur de cannelle l’envahit. Elle sourit, comblée. A peine eut-elle posé son sac qu’elle s’empara du téléphone pour appeler Aelita. Une voix douce retentit.
-(A) Oui ?
-(Y) Aelita, c’est moi, Yumi !
-(A) Ah c’est toi Yumi ! Ca va ? Tu as l’air heureuse...pas de changement pour ce soir au moins ?
-(Y) Si, tu peux amener du champagne !
-(A) Pardon ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
-(Y) J’ai une super nouvelle à t’annoncer !!
La jeune femme aux cheveux roses, elle, était assise sur son canapé, un roman à la main. Elle le ferma et se concentra sur la conversation.
-(A) Quoi donc ?
-(Y) Un représentant d’une entreprise va venir m’apporter un contrat...
-(A) Un contrat ? Quel genre de contrat ? Quelle entreprise ? s’écria la jeune femme.
-(Y) Accroche toi, c’est Karima Style !!!
-(A) Quoi ? Karima ? Ouaaaaaaah, mais c’est super !! Quand vient le représentant ?
-(Y) Demain, 9h, déclara Yumi, souriante comme jamais. Tu te rends compte...m’allier avec Karima Style...c’est tout bonnement magnifique !
-(A) Oui, mais il faut dire que c’est normal...ton entreprise est une vraie merveille tu sais ! complimenta la jeune femme aux cheveux roses.
-(Y) Merci Aelita...
Depuis toutes ces années, les deux jeunes femmes ne s’étaient jamais quittées...leur amitié était unique...et ça n’était pas prêt de s’arrêter...
Plus tard dans la soirée, Aelita arriva chez son amie. Elles s’enlacèrent chaleureusement, Aelita félicitant la Japonaise une fois de plus. Elles s’installèrent de suite à table, savourant le dîner soigneusement préparé par Yumi. Tout était divin dans sa cuisine, tout. Et Aelita l’admirait tant et plus sur ses nombreuses qualités. Elle se rappela alors Ulrich...qu’était-il devenu enfin ? Il ne donnait plus de nouvelles depuis quelques années...Yumi semblait rayonnante mais est-ce que son cœur en faisait autant ? Elle avait 28 ans, était la dirigeante d’une célèbre entreprise de parfum, sa carrière était assurée, elle avait tout pour elle...charmante, intelligente, tout lui souriait. Tout sauf l’amour...
-(Y) Aelita ? Tu es avec moi ?
-(A) Euh oui, oui Yumi, désolée, rougit la jeune femme. Ta cuisine est tellement bonne... je savourais, mentit-elle.
Apparemment, Yumi ne s’en aperçut pas. Elle sourit, la remercia et replongea dans son assiette. Le repas se termina un peu plus tard. Yumi insista pour qu’Aelita reste dormir, et finalement, la soirée se termina en débat. Aelita cherchait un moyen d’aboutir sur les garçons, et miraculeusement Yumi aborda le sujet. Mais pas de la manière que l’aurait voulu son amie...
-(Y) Dis Aelita...tu as revu Jérémie depuis ?
Un silence pesant s’établit entre les deux. Yumi fixait Aelita de ses yeux perçants tandis qu’Aelita fuyait ce regard en baissant la tête. Elle lâcha tout de même un « non » à peine audible.
Yumi hocha la tête imperceptiblement, et ne s’attarda pas plus sur la question. Mais Aelita releva la tête vers elle. Yumi sut alors que venait son tour d’émettre la vérité si blessante.
-(A) Et toi Yumi ?...tu as revu Ulrich ?
Nouveau silence déstabilisant. Yumi fut plus longue qu’Aelita pour répondre. Son regard pétillant avait disparu, et une pointe de tristesse apparut. Elle plongea ce regard pénétrant sur Aelita qui frémit. Elle ne l’avait jamais vu aussi désolée...
-(Y) Non Aelita...j’ai quitté sa vie...depuis longtemps.
Aelita voulut répliquer, lui prouver que c’était faux, mais la jeune femme s’était déjà levé et d’une bise sur la joue de son amie lui souffla un « bonne nuit » avant de monter à l’étage. Aelita soupira. Elle se coucha quelques minutes plus tard, repensant aux garçons qui avaient peut-être fait un trait sur leur vie...

Le lendemain matin fut très dynamique. En effet, grâce à une belle panne de réveil, Yumi était en retard. Normalement, ce n’était pas si grave...mais ce jour là était si capital...
Dévalant les escaliers avec un bruit énorme, elle se rua dans la salle de bain, claquant la porte sans ménagement. Aelita s’éveilla donc en sursaut, le visage endormi, se demandant ce qui se passait. Elle reconnut le salon japonais, et s’appuya d’une main sur la table basse pour se lever. D’un pas fatigué, elle partit préparer le petit déjeuner, certaine que Yumi ne prendrait pas la peine de s’en faire un si celui-ci n’était pas prêt. Une grande journée s’annonçait pour son amie qui sortait justement de la salle de bain. Ses cheveux étaient relevés en une longue queue de cheval fine. Sa tenue était simple mais élégante. Comme toujours. Son visage était frais, et impassible. Mais Aelita devinait dans ses yeux si expressifs de l’anxiété.
Lui tendant une tasse de café, elle la serra dans ses bras.
-(A) Bonjour Yumi ! Comment ça va ce matin ?
-(Y) En pleine forme ! Et toi ?
Aelita la regarda à la dérobée.
-(A) En pleine forme comme au début d’une longue journée avec la signature d’un superbe contrat ?
Yumi éclata de rire.
-(Y) Ca, c’est certain ! Mais il risque de s’en aller si je n’arrive pas à temps !
La jeune Japonaise commençait déjà à se rapprocher de la porte d’entrée. Aelita l’interpella alors et lui demanda d’attendre 2 petites minutes, le temps de s’habiller. Yumi céda et attendit donc, frappant le sol de son pied impatient. Aelita déboula dans le salon, veste et chaussettes à l’envers. Yumi ne put s’empêcher de sourire, essayant de ne pas se moquer.
-(A) Qu’est-ce qu’il y a ? (elle s’observe) oh...attends deux secondes...
La jeune femme s’assit sur le canapé, sous l’œil amusé de son amie. Quelques instants plus tard, les deux femmes pénétraient dans la grande entreprise. Une odeur de parfum emplit les narines des deux amies. Cannelle...quoi de mieux pour vous mettre de bonne humeur le matin ? Yumi, d’un pas d’habitude si léger, se rua en courant dans le grand couloir qui menait au bureau. Le doux rire de Sydney lui parvint avant qu’elle n’entre dans la pièce. Aelita sur ses talons, elle s’arrêta net à la vue de la personne discutant avec la secrétaire. C’était le représentant de Karima Style, sans doute. De dos à la Japonaise, il était parfaitement droit. Ses doigts tapotaient le bureau à côté du quel il se tenait. Sydney remarqua la présence de sa supérieure, qui se recomposa un visage impassible. Déjà l’homme aux cheveux bruns se retournait pour lui faire face...










Sydney retourna dans son bureau, elle avait en effet quelques dossiers à classer. Yumi était donc seule avec le représentant de la société Karima. Aelita venait de quitter le bureau et se dirigea vers le bureau de Sydney, mais sans le faire exprès elle heurta quelqu’un, il faut dire que la nuit fût agitée pour Aelita, elle ne dort pas très bien le soir.
-(A) Oh heu je suis vraiment désolé! Pardon Ben!
-(Ben) Mais il n’y a pas de mal, c’est le grand jour à ce que l’on dit?
-(A) Pardon?
-(Ben) Oui enfin je veux dire...
L’employé approcha sa bouche près de l’oreille de Aelita pour murmurer...
-(B) Le représentant? Il est ici n’est ce pas?
-(A) Ah heu... Oui... Mais qui vous l’a dit? C’est Sydney n’est ce pas?
-(B) Et bien heu oui...
-(A) Mais elle ne sait jamais tenir sa langue dans sa poche?
-(B) Il faut croire que non! Bon je vous laisse j’ai encore à classer les dossiers de la semaine dernière! A plus!
Ben était un nouvel employé, il venait de débarquer il y a un mois environ, cheveux courts, beau blond, yeux bleus et grande taille. Il prend son travail très au sérieux.
Après cette petite altercation, Aelita se dirige maintenant vers le bureau de Sydney. Celle-ci était au téléphone, certainement pas avec un potentiel acheteur...
-(S) Oui et attend tu connais pas la meilleure, il me dit: « Ouais t’es pas assez bien pour moi et je pense que ça pourras pas coller entre nous deux non mais tu t’imagines? »
Aelita entra dans la pièce, elle regarda Sydney mais cette dernière était bien décidée à ne pas lâcher le téléphone...
-(S) Ouais non mais en plus le lendemain il m’appelle pour me dire qu’il est désolé, pff franchement les mecs... Tiens d’ailleurs ce matin y a un espèce de ... qui a bugné ma voiture! »
Aelita venait de claquer la porte ce qui a eu pour effet de convaincre Sydney de raccrocher définitivement le téléphone.
-(S) « Bon allez je dois te laisser, le travail^^ bon allez smack! » Non mais! On peut pas avoir deux minutes d’intimité? J’étais avec ma meilleure copine!
-(A) Sydney, on ne te paie pas pour « papoter » avec tes amies mais pour classer des dossiers, et puis pourquoi tu as informé toute la boîte de l’arrivée du représentant de chez Karima? Tu sais vraiment pas tenir ta langue dans ta poche toi?
-(S) Faut pas exagérer, j’ai pas encore informé Roger et Norbert!
-(A) Ah parce que tu as informé les 298 employés restants?
-(S) Oh bon oui... Mais bon ce genre de truc n’arrive qu’une seule fois, faut savoir prendre le bon côté des choses, maintenant tout le monde va vouloir travailler avec gaieté!
-(A) C’est d’ailleurs ce que tu devrais faire sinon ton téléphone risque de jouer les abonnés absent pendant un mois, alors prépare moi le dossier Karima maintenant!
-(S) Pas de problème patron!
-(A) Et ne m’appelle pas patron, ça fait vieille fille et je ne le suis pas...
Aelita partit de son bureau pour rejoindre le sien, elle avait toujours cet étrange rêve dans la tête, ce rêve elle le faisait souvent...

-Pourquoi? Pourquoi tu m’as laissé? Attend ne part pas, revient!
Aelita courrait dans une grand allée sombre, plongée dans les ténèbres, il pleuvait beaucoup et devant elle ,courait une ombre, elle semblait l’éviter et courir de plus en plus vite. Aelita continuait de la suivre mais sans succès, l’ombre courrait trop vite.
-Je suis désolé, mais je suis obligé de partir, au revoir Aelita, oublies moi, ne te souviens jamais, ne souffres plus...
Et l’ombre disparut totalement dans une aura blanche laissant Aelita par terre, dans la sombre allée...

Ce rêve était très étrange et elle ne comprenait pas pourquoi elle le faisait de plus en plus. Mais elle ne voulait pas penser à cela, pas aujourd’hui.
Justement, dans le bureau de Yumi, le représentant était toujours debout et écoutait attentivement les dires de Yumi. Il était assez grand, cheveux bruns, qui lui arrivaient jusqu’aux épaules. Il portait une chemise blanche et un pantalon noir. Il observait attentivement Yumi plutôt que d’écouter ce qu’elle disait. Yumi elle avait bien apprit son petit discours la veille et donc savait parfaitement ce qu’il fallait dire, mais elle ne put s’empêcher par être déstabilisée par le regard du beau brun.
-(Y) Donc voilà! J’ai tout dit!! J’espère que vous en savez un peu plus maintenant!
-(Représentant) Et bien oui, je vous remercie. Je pense bien que mon patron a été très express hier soir. Je vais vous expliquer en détail! Notre société est en ce moment au summum de son expansion. Des clients du monde entier achètent nos produits. Mais vous le savez, à chaque grande expansion d’une entreprise, une crise n’est pas loin... Et c’est pour cela que nous pensions nous unir pour créer une nouvelle sorte de lingerie, de vêtements. Du re-nouveau, c’est cela qu’il nous faut!
-(Y) Je comprends tout à fait, et maintenant je vois clair à présent.
-(R ) Mais dites moi, est-ce qu’on ne sait pas déjà vu quelque part?
-(Y) C’est aussi l’impression que j’ai eu! Mais je ne crois pas non, je ne fricote pas avec les allemands!
-(R ) Oh mais je ne suis pas allemand! Je suis français, même si mon nom de famille le laisse penser!
Yumi eu un soudain coup au cœur, ses pensées ne laissent transmettre que cette parole: « Et si? Et si? »
-(Y) Stern?
L’homme jusque là souriant, renfila son sourire et s’interrogea peu à peu.
-(R ) Oui c’est cela... Mais comment?
-(Y) Ulrich c’est toi?









-Tu...Yumi ?
Un bruit sourd coupa la conversation. Yumi se retourna vivement, c’était la pièce d’à côté... Elle courut, suivi de près par Ulrich. Aelita était par terre, repliée en position fœtale, des dizaines de papiers éparpillées autour d’elle.
-Aelita !Mais qu’est-ce qui s’est passé ? s’écria la jeune Japonaise en accourant auprès d’elle.
Ulrich, lui, écarquillait les yeux. Revoir ses deux anciennes amies en moins de quelques secondes, il y a de quoi vous choquer...Mais il s’accroupit aussi aux côtés de la jeune femme aux cheveux roses. Celle-ci ouvrit les yeux, un peu sonnée.
-Glissé...lâcha-t-elle. Elle croisa le regard de Yumi puis remarqua enfin Ulrich. Ses yeux s’agrandirent de surprise.
-Ul...
-Oui, c’est moi Aelita, coupa Ulrich avec un sourire pour son amie sous le choc.
Cette dernière observa Yumi qui avait un sourire aux lèvres. Ils l’aidèrent à la relever. A peine debout, Aelita tira Yumi par la manche, à part.
-Me dis pas que tu le savais ??
-Savais quoi ?
-Que c’était Ulrich le représentant !
-Non, j’t’assure...
Malgré cette vérité, les joues de Yumi se teintèrent de rouge, ce qui fit croiser les bras d’Aelita.
-Tu pourrais me dire au moins...
-Mais je te promets que je n’en savais rien du tout ! s’écria la jeune Japonaise.
Ulrich à quelques pas d’elles, se retourna. Les deux jeunes femmes rougirent.
-Il y a un problème les filles ?
-Non, non !! s’exclamèrent ensemble les deux concernées.
Ulrich parut interdit un moment puis se retourna à nouveau, adressant un sourire à Yumi qui se sentit fondre sur place. Le beau brun sortit de la pièce, laissant les deux amies sans voix. Aelita soupira avant de rire nerveusement. Yumi s’offensa.
-C’est vraiment pas drôle Aelita !!
-Mais je le vois bien ! C’est juste que ça faisait si longtemps que j’avais pas ça !
-Vu ça quoi ?
-Bah, quand vous rougissez !
Yumi baissa les yeux, rouge de honte.
-Tu crois que...
-Yumi, tu as vu comme moi ce regard perçant. Et pis...c’est Ulrich quoi.
-Ca change quoi ?
-Bah, tu sais très bien que...
-Non, Aelita, la coupa la Japonaise. Ulrich est parti il y a quelques bonnes années...il m’avait oubliée.
-Oubliée ? Tu plaisantes, là ?
-Non, il ne m’a pas reconnue !
-Et toi ? Tu l’as reconnu pour autant ?
-...Non...mais...
-Mais voilà. J’en suis sûre Yumi...ce regard, il ne le réserve qu’à toi...je peux t’assurer qu’il t’aime encore...
Le regard de Yumi se perdit dans les explications de son amie. Elle se vit avec lui, seuls...
On frappa à la porte.
-Excuse moi Yumi, mais il faudrait qu’on...
-Oh oui oui, j’arrive Ulrich !
Elle échangea un dernier regard gêné à Aelita qui lui fit un sourire rassurant. La jeune femme disparut avec Ulrich dans son bureau. Aelita se retrouva seule dans son bureau. Elle alla fermer la porte, et observa son bureau. Une pile de papiers semblable à celle posée sur celui de Yumi la veille trônait fièrement en son milieu. Cela n’invitait guère la jeune femme à s’asseoir. Elle sortit de son bureau en quête de la machine à café. Elle retrouva Sydney adossée au mur, café en main, buvant un peu.
-Tu ne travailles pas ? demanda de manière détachée la jeune femme aux cheveux roses en se préparant un cappuccino.
-Si, j’ai fini...
-Ah, fini ? Et les usines ? Yumi ne t’avait pas demandé de répertorier les payes des salariés ?
-Euh... oh mince...
Aelita leva les yeux au ciel. Yumi n’avait pas fait une bonne affaire en embauchant cette fille.
-Et tu comptes le faire quand ?
Les regards des deux femmes se croisèrent. Sydney en frissonna. Elle murmura un « tout de suite » avant de disparaître dans son bureau.
Aelita, à nouveau seule, observa distraitement les murs de la pièce, claire, mais petite. Au loin, elle entendait des bribes de conversation.

En effet, Yumi, assise sur le bord de son bureau, à côté de l’imposante pile de papiers qui avait tout de même un peu rétrécie. Ulrich était adossé au mur d’en face, la fixant entièrement de ses yeux profonds. Yumi l’évitait autant qu’elle le pouvait, posant ses yeux n’importe où sauf sur lui. Le parquet était passionnant dans ces cas là...avec plusieurs rayures, remarqua-t-elle.
-Tu m’écoutes ?
-Hum ? Oh excuse moi, je regardais...euh, non rien. Tu disais ?
-Ca te dirait un déjeuner en ville ? J’ai repéré un resto pas mal...
Yumi rougit, détournant sa vue une nouvelle fois.
-Si tu ne veux pas, ou que tu as du boulot, je comprendrais...mais...disons que j’aurais aimé en savoir un peu plus sur ta nouvelle vie, expliqua-t-il, toujours en la regardant fixement.
Yumi l’observa alors. Il paraissait vraiment décontracté, et sûr de lui. L’Ulrich d’autrefois était si timide et réservé alors que celui qu’elle avait devant les yeux était si...changé. Mais son charme en avait décuplé...il savait ce qu’il voulait. Et là, c’était clairement affiché au creux de ses pupilles. Mais elle...elle ne savait pas...
-Ulrich...pourquoi...pourquoi es-tu parti ?
Le jeune homme parut surpris avant de se reprendre.
-Hé bien...demande moi surtout pourquoi je suis revenu...
-Tu nous avais oublié...tu m’as oublié...murmura-t-elle, avec une pointe d’amertume.
-Non Yumi...je te promets... dit-il avec une voix douce et méconnaissable. Il se leva et lui prit les mains. Yumi en fut toute chamboulée. Il se rapprochait...c’était si tôt...trop tôt...mais quand elle le vit approcher...son visage si près du sien...leurs lèvres se frôlèrent...le baiser qui suivit fut intense...très intense...le silence était tombé...d’instinct, Ulrich claqua la porte de son pied. Des « ooooooh » de déception retentirent soudain. Les deux amants éclatèrent de rire en plein baiser.
-Je crois que ça va remuer tes employés...
-Tu plaisantes ? Ils vont scruter mon bureau 24h/24 !! Alors pour le boulot, merci tu m’arranges énormément !
-Roooh...je peux me faire pardonner par ce si petit déjeuner en tête à tête ? demanda Ulrich, avec une moue suppliante.
-Mais bien sûr ! Pour conclure ce si charmant petit contrat... susurra-t-elle, sans pourtant aller vers le beau brun.
Mais celui-ci s’empara de sa veste, l’enfila et enlaçant la taille de la jeune femme qui se laisse faire. Ils sortirent de la pièce. Un brouhaha s’éleva et retomba en moins que quelques secondes. Yumi, satisfaite, eut le temps de lancer un regard complice à Aelita avant qu’Ulrich ne l’attire vers la sortie. Le parking était tout près, et le jeune homme se dirigeait vers une belle Kawasaki noire. Yumi qui le suivait sans un mot, regarda les autres voitures puis remarqua celle de Sydney, cabossée à l’aile.
-La voiture de Sydney !! Qu’est-ce qu’il lui ai arrivé ??! demanda Yumi, toute affolée. Elle le sait ??
-Ah, c’est la voiture de ta secrétaire ? Bah oui, j’pense qu’elle le sait...mais pas que c’est moi...
Les yeux de Yumi s’agrandirent de surprise.
-Ulrich...
-Quoi, j’ai pas exprès ! Elle tient pas sa droite j’y peux rien...

Aelita jeta un dernier regard sur le couple qui s’éloignait enfin, espérant que leur déjeuner allait se passer pour le mieux...qu’ils éviteraient les sujets fâcheux...

Elle se dirigea lentement vers la photocopieuse. Ben essayait en vain de la faire marcher.
-Elle chôme encore ? ironisa la jeune femme.
Ben sursauta et se retourna rapidement.
-Ah...c’est vous. Vous m’avez fait peur...
-Vous n’étiez pas en train de...
-De regarder la patronne et le représentant ? Non...c’est cette foutue machine qui refuse de marcher...j’ai beau tout vérifier...rien à faire...
Aelita regarda l’imprimante qui ne semblait pas vouloir démarrer...elle se rappela comment Jérémie aurait pu la réparer en moins de deux...il était si habile...
-Mademoiselle ? Mademoiselle !!
-Ah euh oui...euh, vous disiez ?
-Non, je vous montrais juste comme quoi elle ne marchait pas...répéta Ben, en appuyant vainement sur le bouton marche/arrêt, puis tous les autres.
-Ah euh oui...c’est très bien... fit Aelita, jetant des regards tout autour d’elle, un peu déboussolée.
-Vous vous sentez bien ? demanda le jeune homme en la regardant avec des yeux ronds au « c’est très bien ».
-Oui oui...je vais...très très bien. Enfin, j’espère...bon, allez, au boulot, s’exclama-t-elle en retournant à son bureau, laissant un Ben aussi désorienté.

De nouveau ce bureau où d’habitude elle est si bien...et là, où elle est si mal. Elle s’assit, et les coudes sur le bureau, se prit la tête entre les mains. Elle releva la tête. Une photo était encadrée et posée devant elle, une photo qu’elle connaissait si bien...
Ils étaient jeunes, mais pas si insouciants que ça...c’était le temps de XANA, mais ils étaient ensemble...réunis pour le meilleur ou pour le pire...c’était presque mieux qu’aujourd’hui...certes, elle avait Yumi...mais les autres ? Ulrich venait de faire son apparition...son amie devait être si heureuse...mais elle ? Elle n’avait donc pas droit au bonheur ? Que faisait-il de ses journées ? Où allait-il ? Avec qui ? Elle n’en savait rien...
L’idée même qu’il l’ai...oubliée, la rendait malheureuse...elle lui devait tout...si elle était ce qu’elle est aujourd’hui, c’était grâce à lui, lui qui l’avait sorti de son monde virtuel tel que Lyoko...

Plus tard, elle décida d’aller déjeuner, seule. Elle aurait pu aller avec Yumi et Ulrich, mais elle préférait largement les laisser tous les deux. Si ça se trouve, elle serait aussi seule ce soir...elle entra dans une viennoiserie où elle se prit un sandwich. Simple mais bon...elle n’avait envie de rien d’autre. Manger vite, puis retourner au travail. C’était ce qu’elle avait de mieux à faire pour le sortir de son esprit.

Retournée chez Cannelle, Aelita organisa pour le lendemain une visite de l’usine la plus proche pour Yumi et elle. C’était la visite trimestrielle, histoire de se rendre compte des divers problèmes sur place. Elle prit son portable, et appela Yumi, certaine que celle-ci mettrait du temps à répondre. En effet, son amie ne décrocha même pas. Soupirant, Aelita reposa l’appareil à côté d’elle, avec un sourire aux lèvres. C’était bien la première fois que Yumi ne répondait pas à un de ses appels. Mettant de côté également cette affaire, Aelita passa à autre chose. Heureusement qu’elle n’avait pas besoin de Yumi pour toute chose concernant Cannelle, sinon la jeune femme aurait fort à faire depuis qu’Ulrich était revenu. Décoller les deux amoureux n’est jamais facile...
On frappa à la porte.
-Entrez, murmura Aelita, distraite.
La porte s’ouvrit, laissant apparaître Sydney, le visage impassible.
-Excusez moi de vous déranger, voici les derniers chiffres de ces dernières 24h.
-Merci Sydney. Tu peux disposer...
Sans demander son reste, la jeune femme ressortit silencieusement.











Au coin d’une rue, dans un restaurant...

-Alors, c’est ok, ou pas ?
-Mais je ne sais pas, Ulrich !! Enfin...laisse moi le temps de réfléchir...
-Yumi, c’est juste une invitation à dîner chez moi, ce soir...qu’est-ce qu’il peut t’arriver ? ironisa le jeune brun, son regard fixé sur sa compagne.
-Mais TOUT, justement !!s’exclama la Japonaise.
-C’est pas un stage commando avec Jim que j’te propose, mais un dîner chez moi...soit-disant, ça me fait très plaisir que tu prennes cette invitation sur ce ton, se vexa le jeune homme.
-Mais Ulrich...soupira Yumi, laisse moi deux minutes...je ne peux pas te dire oui tout de suite !
-Et si je te pose une autre question, tu me diras oui ? lança malicieusement le beau brun.
L’effet fut immédiat. Le rouge aux joues, Yumi se s’adossa de nouveau à sa chaise. Elle était perturbée. Très perturbée...
Comment réagir face au nouveau Ulrich ? Il était devenu si entrepreneur...si direct...comme si toute trace de jalousie avait disparu...était-ce possible ?
-S’il te plait...pas de blague avec ça... répondit Yumi, un mince sourire aux lèvres.
-Okay !, capitula Ulrich, arborant un sourire ravageur.
Yumi se perdit alors dans l’océan brun de ces pupilles, éblouie par sa beauté. Il la regardait sans retenue, le voile de l’amitié s’était définitivement déchiré...Et elle sentait elle aussi qu’elle ne pourrait jamais plus le regarder autrement qu’avec ce regard amoureux et enchanté par tant d’amour.
Au terme de ce long repas, Yumi essayait vainement de trouver une excuse pour qu’ils puissent retourner à Cannelle.
Mais plus elle le regardait et l’écoutait, moins elle en trouvait la force...
Alors qu’elle l’admirait une fois de plus, buvant le café qu’elle avait gentiment refusé, elle sentit son portable vibrer dans sa poche. Elle décrocha rapidement, retenant juste un soupir au son de la voix de son amie.
-Yumi, qu’est-ce que tu fais ? J’ai besoin de toi !!
-Oui, Aelita, je suis désolée, je n’ai pas vu le temps passer...
-Ca s’est bien passé, alors ?
-Oui, très bien ptite sœur, c’était super, répondit la jeune femme en souriant à Ulrich.
-Génial, allez, revenez vite, je vous attends !!
-Oui, on arrive !

Ainsi, Yumi fut de retour très vite dans son entreprise, accompagnée d’Ulrich qui se montrait étonnamment galant...
Aelita accueillit son amie chaleureusement, et elles s’enfermèrent dans le bureau de la jeune femme.
-Alors ??
-Alors quoi ? demanda Yumi, surprise, et à la fois amusée.
-Ben, le déjeuner pardi !! s’écria Aelita, éclatant de rire.
-Ah...bah, c’était génial, écoute...je vois pas ce que je pourrais te dire d’autre...il s’est rien passé tu sais, raconta la jeune patronne. Juste un...déjeuner. D’affaires, qui plus est.
-Oh, d’affaires ? Et pourquoi je devrais croire à ce joli mensonge ? feignit Aelita.
-Bah...parce que c’est la vérité !! affirma la Japonaise, en croisant les bras.
Les deux amies éclatèrent d’un rire complice.

Yumi retourna dans son bureau où l’attendait sagement Ulrich. Enfin...sagement était peut-être un mot trop fort...
La jeune femme pénétra dans la pièce sur la pointe des pieds, silencieusement, et une fois rentrée, déclara d’une voix impassible :
-Qu’est-ce que tu fais ?
Ulrich sursauta sur le fauteuil dans lequel il était assis. Le cadre qu’il tenait lui échappa, mais il le rattrapa de justesse. Il se retourna, tremblant, adressant un regard étonné à Yumi.
-Je t’ai pas entendu entré...
-Que faisais-tu avec cette photo ? répéta la jeune femme en lui prenant l’objet des mains.
-Ben...c’est une photo de nous, je peux la regarder, non ? fit le jeune homme d’une petite voix.
-Et mon autorisation ? souffla Yumi, en se penchant sur lui.
Et là, pour la première fois depuis leurs retrouvailles, quand le sourcil d’Ulrich tressauta, elle reconnut le jeune homme dont elle était tombée amoureuse. Soulagée, elle l’embrassa tendrement. Le beau brun se reprit rapidement, lui répondant d’un doux baiser amoureux.
-Je dois travailler... murmura la Japonaise en repoussant un peu Ulrich.
-Tu es tellement parfaite que tu peux faire 2 choses en même temps, non ? répondit sur le même ton son petit ami.
-Peut-être, mais pour t’embrasser, je préfère faire ça pleinement...
-Oh je vois...après ?
-Peut-être...ironisa Yumi en se redressant. Allez laisse moi ma place, ajouta Yumi en mettant les mains sur les hanches. Je dois travailler, moi.
-Ca veut dire quoi, ça ? se vexa le jeune homme.
-Ca veut dire que je ne veux plus te voir, allez, ouste !
-Rooooh, mais tu me jettes à la porte... râla le samouraï.
-C’est comme ça, et pas autrement monsieur Stern ! sourit la Japonaise. Allez du vent, je ne veux plus te voir d’ici...
-D’ici 2 sec ?
-Non, je dirais 2 heures au moins, corrigea Yumi.
Bien entendu, le jeune homme fit les yeux doux mais il n’eut aucun effet sur la jeune femme.

Mis à la porte, Ulrich vagabonda dans les dédales de couloirs. Il passait devant divers bureaux, certains la porte grande ouverte, laissant la lumière et la chaleur rentrer, d’autres s’enfermaient et on pouvait les voir au téléphone, plongés dans une discussion sérieuse, ou se concentrant sur des documents importants pour la société que dirigeait Yumi...
Ulrich se rendait peu à peu compte de l’ampleur du statut de la jeune femme, elle était devenue très indépendante, fière de son entreprise, de ses employés et de la renommée qu’elle s’était faite. C’était maintenant le but de sa vie, monter sa société parmi les plus grandes...
C’est alors qu’Ulrich arriva devant le bureau de Sydney. La jeune femme était penchée sur un dossier, fermé. C’était pour mieux cacher sa conversation au téléphone. Cela ne servait pas à grand chose, la discussion s’enflammant minute par minute...
-Quoi ? Tu y étais avec cette fille ?? Tu te moques de moi ? Je te préviens...
Apparemment, son interlocuteur devait être son petit ami. Affaires de couples compliquées...pendant ce temps, le travail ne se faisait pas tout seul, si Yumi apprenait ça...
Enfin, Sydney raccrocha violemment pour bien montrer sa colère à son amant. Furieuse, elle jeta un regard noir vers le couloir, où se tenait Ulrich. Ce dernier se figea. La jeune femme prit peu à peu conscience des évènements et que cet homme venait d’assister à un « déballage » de sa vie en direct. Elle vira au rouge pivoine, et détourna la tête vers son dossier en faisant mine de s’y intéresser. Ulrich s’éclipsa silencieusement. Il savait qu’elle n’en parlerait pas à Yumi, elle tenait tout de même à son poste...
Mais il n’aimait pas surprendre les gens comme ça, et d’être confronté à leurs problèmes personnels alors que cela ne le concerne pas...
Les mains dans les poches, il s’approcha alors du bureau d’Aelita. Il tendit l’oreille mais ne perçut aucun bruit. Il s’apprêtait à ouvrir doucement la porte quand il entendit une voix s’élever de la pièce. C’était Yumi qui venait de rentrer par la porte reliant leurs deux bureaux sans passer par les couloirs, une façon de n’être jamais séparées, et toujours disponibles pour l’autre.
-Tiens, lu, approuvé et signé très chère, commença la jeune patronne.
-Merci Yumi ! Mais...où est Ulrich ?
-Oh, sûrement en train de visiter !
-Vi...visiter ? Il n’est pas avec toi ? s’étonna la jeune femme aux cheveux roses.
-Non, sinon, tu peux me croire que tu n’aurais pas eu ces papiers aujourd’hui !
Les deux jeunes femme éclatèrent d’un rire complice et un claquement de porte indiqua à Ulrich que Yumi était retournée dans son propre bureau. A nouveau le silence fit place dans celui d’Aelita qui travaillait calmement. Le jeune brun eut soudain une pensée pour Jérémie, et bien sûr Odd apparut également dans son esprit. Que faisaient-ils, tous les deux ? Lui aussi était parti faire sa vie, mais par un bienheureux hasard, ils s’étaient retrouvés...que devenaient-ils ?

Les journées passèrent...longues ou courtes, belles ou mauvaises...mais pour Yumi, tout allait de bon train. Ulrich était charmant, attentionné, et leur relation prenait de plus en plus d’important, autant pour elle que pour lui...leurs nuits enflammées, les baisers affectueux, les sourires et les clins d’œil amoureux...c’était le paradis.
Aelita en était d’autant plus heureuse, travailler dans ces conditions avec Yumi était un vrai bonheur, elle souriait tout le temps, était décontractée... la société s’en ressentait, et depuis l’alliance avec Karima Style, les ventes avaient presque doublé, pour le plus grand bonheur de la jeune Japonaise, radieuse.
Un soir, suite à une grande soirée passée à Cannelle, pour l’anniversaire de la société, Ulrich invita Yumi à passer la nuit chez lui. Il était tard, l’appartement d’Ulrich était près...Yumi accepta donc de bon cœur. Après un bref trajet en moto, ils arrivèrent devant l’immeuble où se tenait une grande femme brune. Yumi qui descendit la première fronça les sourcils, puis pensa que ce devait être une voisine. Mais...dehors à cette heure là ? Mais lorsque Ulrich enleva son casque, il regarda directement en direction de l'étrangère et son visage se figea. Il se tourna alors vers Yumi.
-(U) Yumi je suis vraiment désolé...
Yumi avait tout d'un coup l'impression que quelque chose allait se produire... La mystérieuse femme s'avança alors vers le couple.
-(???) Bonsoir Ulrich.
Ulrich la dévisagea.
-(U) Carmen qu'est ce que tu fais là?
Yumi s'imposa entre les deux.
-(Y) Mais qui êtes vous?
Carmen regarda Yumi d'un air peu commode.
-(C)) Oh excusez moi je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Carmen Stern, et je suis la femme de Ulrich.
Yumi se décomposa physiquement et moralement après les dires de Carmen.
-(Y) Sa? Sa femme?
-(C) Et vous vous devez être la femme qui couche avec mon mari?













Le soleil vient de se lever sur Paris, la grande société Cannelle commence à ouvrir ses portes, Aelita est déjà arrivée, prête à organiser la fusion entre Cannelle et Karima, cela fait plus de deux semaines qu’Ulrich le représentant est arrivé pour présenter le projet d’Antti Muller, le PDG de Karima. Coquette avec une tenue rose, Aelita pénètre son bureau pour ranger les dossiers dans son tiroir seulement, quelque chose la tracassait, il était 9 heures et Yumi n’était toujours pas arrivée, pire encore, son portable est éteint. Aelita commençait à s’inquiéter, elle rangea son portable dans la poche de sa jupe et se dirigea au fond du couloir, vers le bureau de Sydney. Celle-ci était assise sur sa chaise, le regard vide vers une photo. Aelita venait d’entrer.
-(A) Et bien alors Sydney? On a mal dormi cette nuit?
Sydney mit environ 5 secondes avant de répondre à Aelita.
-(S) Oh vous savez, mon petit Ricky est mort cette nuit...
-(A) Votre Ricky?
Sydney sort un mouchoir de sa poche et se mouche dedans pour évacuer ses larmes.
-(S) Oui, mon canari, cela faisait 2 ans, aujourd’hui en plus! Oh que je suis malheureuse!
-(A) Allons, reprends-toi! Ce n’est pas bien grave, je suis sur qu’il est bien où il est!
-(S) Oh non je ne pense pas! Il est dans l’estomac de cet abrutit de cabot! En plus son maître me déteste parce que j’ai fait une fête il y a deux semaines!
Aelita soupirait, il n’y a qu’à Sydney que ce genre de trucs peut arriver!
-(A) J’ai un petit problème, Yumi n’est toujours pas arrivée et ce matin le styliste qui doit produire notre publicité pour nos nouveaux parfums doit arriver d’un moment à l’autre, je dois aller trouver Yumi, essayez de l’occuper pendant ce temps.
-(S) D’accord, mais qu’est-ce que je vais lui dire?
-(A) Euh je sais pas moi! Racontez lui l’histoire de votre canari il se montrera compatissant!
Sydney regarda Aelita avec étonnement puis se remit à pleurer.
-(A) Allez Sydney je compte sur vous!
-(S) Oui... Mademoiselle!Aelita quitte le bureau de Sydney et se précipite vers la sortie, sur le chemin elle rencontre Ben, tenant deux cafés à la main.
-(B) Café café, pour bien démarrer la matinée!
-(A) Oh merci, j’en ai bien besoin!
-(B) C’est aujourd’hui que la société va fusionner?
-(A) Pour le moment, le pré-contrat seulement mais ce n’est que dans quelques jours que cela pourra être finalisé, maintenant excuse-moi il faut que je retrouve Yumi impérativement.
-(B) Bien, et ben... A tout à l’heure!
Sans prendre le temps de répondre, Aelita se précipita vers la sortie, empoignant le café de Ben, mais au moment d’ouvrir les portes, celles-ci s’ouvrirent! Un jeune homme assez blanc, cheveux blonds raides s’avança vers le couloir. Aelita ne se posa pas de question et continua.
-(A) Pardon, je suis pressée!Aelita bouscula un peu le nouvel arrivant.
-(???) Eh! Sympa l’accueil...
Le jeune homme se dirigea vers le fond du couloir, Sydney venait de sortir de son bureau et remarqua la présence de l’homme.
-(S) Ah vous devez être le réparateur de la photocopieuse! Vous tombez bien, elle fait des misères depuis 2 semaines!
Le jeune homme rigola un bref instant avant de regarder Sydney directement.
-(???) Non sans rires, j’ai vraiment une tête de réparateur de photocopieuse? Je suis le styliste chargé de créer la nouvelle publicité de vos parfums!
-(S) Oh je vous prie de m’excuser, je suis un peu perdu ces temps-ci!
Aelita arriva en voiture devant l’immeuble de Yumi. Elle sortit de sa voiture à vive allure, monta les escaliers et se dressa devant la porte de Yumi. Elle pressa à maintes reprise la sonnette de l’appartement mais, elle n’eut aucune réponse... Décidée à connaître la vérité, elle prit la clé qui était sous le paillasson, Aelita savait que Yumi cachait toujours sa clé ici tellement elle était tête en l’air!
Aelita ouvrit donc la porte et entra brusquement dans le coquet logis de Yumi, plongé dans le noir, l’endroit ressemblait à une vallée mortuaire... Aelita entra doucement dans la pièce et ouvrit les rideaux, aussitôt un bruit sourd se fit entendre dans la chambre de Yumi, elle s’y rendit et découvrit son amie allongée sur le lit, une bouteille de vin à la main.
-(A) Yumi? Yumi! Ça ne va pas?
Yumi ne répondait pas, Aelita était obligée de la secouer pour la réveiller petit à petit.
-(A) Yumi mais? Tu as bu!
-(Yumi, d’une voix ivre) Oh Aelita! Si tu savais comment j’suis contente de te voir. Ma vie est une épave...
-(A) Yumi mais dans quel état tu es! Et que c’est-il passé?
-(Y) Oh j’ai vécu la pire soirée de ma pauvre et misérable vie.
-(A) Raconte moi s’il te plaît.
-(Y) J’ai pas envie d’y revenir, aie j’ai mal à la tête mais... j’ai bu toute la bouteille?!
-(A) Et vidé tout le paquet de mouchoir! Mais vite, le styliste va arriver d’une minute à l’autre!












Yumi essaya de se lever, maladroitement certes, mais se retrouva debout tout de même un peu chancelante. Aelita la guida non sans mal vers la porte. Cela n’était pas facile pour elle, puisque Yumi était de 10 cm plus grande... Au fil des pas, Yumi retrouvait peu à peu son équilibre et put marcher normalement et sans aide.
Pendant qu’elle démarrait la voiture, Aelita exigea encore des explications sur la soirée d’hier. Yumi soupira, eut l’air d’hésiter, puis se lança finalement.
-Pour résumer... Ulrich m’avait invité à dormir chez lui, et évidemment j’ai accepté...
Comme elle ne semblait pas vouloir enchaîner, Aelita demanda la suite.
-Hé bien...(la jeune Japonaise afficha un regard lointain comme si elle revivait la scène) on est arrivés devant chez lui, et une femme attendait là...
-Une femme ? répéta son amie, intriguée.
-Oui. Sa femme.

Le sang d’Aelita ne fit qu’un tour, et elle pressa son pied sur le frein net. Les deux jeunes femmes furent secouées de l’arrêt. Aelita se tourna vers Yumi, les grands ouvertes, tandis que cette dernière serrait les poings.

-Yumi... Sa...sa femme ??
-Je viens de te le dire !!
Aelita s’arrêta. Elle se rassit comme il faut, et remit lentement ses mains sur le volant. Des klaxons commençaient à retentir derrière. Elle accéléra progressivement, de manière tendue. Yumi se tordait à présent les doigts.
-Désolée de m’être emportée...
-C’est pas grave... mais... comment...
-Ca se peut que ce soit sa femme ? Bah simple, il s’est marié...
La jeune femme eut les larmes aux yeux à cette parole, et Aelita sentit sa gorge se serrer en la voyant ainsi. Elle posa une main réconfortante sur l’épaule de son amie, qui prit un mouchoir et s’essuya les yeux. Elle n’avait pas intérêt à arriver comme ça à Cannelle... surtout devant le styliste. En pensant à lui, Yumi reprit la parole.
-Au fait, tu connais le nom du styliste ?
-Non, aucune idée... on dit qu’il est très bon.
-Très bien... nous verrons...
Elle se frotta encore une fois les yeux... elle n’avait vraiment pas du beaucoup dormir cette nuit entre le vin et les pleurs...

Aelita se gara à sa place attitrée, et avec Yumi, entra dans le grand bâtiment. Cannelle grouillait de monde, et les deux jeunes femmes eurent du mal à s’extirper de la foule, venue pour s’informer sur la fusion des deux sociétés. Arrivant devant le bureau de Sydney, les deux amies réajustèrent leurs tenues. Quand Yumi fut sur le point d’entrer, elle s’arrêta quand elle entendit une voix. Aelita se figea également.
-Vous aviez rendez vous ?
-Non, mais c’est avec vous qu’il me faut un rendez vous.
Elles se regardèrent, subjuguées.
-Odd ?...
Yumi ouvrit la porte. Effectivement, le styliste était bien là. Mais il leur tournait dos et parlait à Sydney qui repartit dans un fou rire, les joues se teintant de rose.
La jeune Japonaise croisa les bras lentement, attendant patiemment que sa secrétaire dédaigne s’apercevoir de sa présence. Seulement, celle-ci était tellement fixée par Odd qu’il aurait fallu attendre 5000 ans avant que cela se produise. Yumi lança alors :
-Odd, arrête de draguer ma secrétaire !
Le concerné sursauta à la phrase, et se figea comme les filles l’avaient fait au son de sa voix. Il se retourna vivement.
-Yumi ??...Aelita ???
-Hé bien oui, tu ne regardes plus chez qui tu vas proposer tes services maintenant ? répliqua Yumi malicieusement.
Le visage d’Odd s’étira d’un large sourire, et se précipita dans les bras de son amie.
-Comme c’est bon de te revoir...
La jeune femme sourit aussi, et laissa sa place à Aelita, tout aussi heureuse de retrouver le jeune blond. La seule qui semblait à côté de la plaque, était évidemment Sydney, qui regardait ce joli spectacle de retrouvailles comme si c’était un rassemblement d’éléphants dans une cuisine.
-Vous... vous connaissez ?
-Ca ne se voit pas assez peut-être ? répondit Yumi joyeusement.
La secrétaire ne dit plus un mot jusqu’à ce qu’ils soient sortis pour aller dans le bureau de Yumi. Toutefois, elle retrouva le sourire quand Odd lui fila discrètement son numéro de portable avec un clin d’œil charmeur.










Pendant ce temps, dans un café non loin de Cannelle, Ulrich attendait impatiemment une personne, lorsque celle-ci se manifesta, il parut soulagé.
-(U) Ah Carmen, enfin! J’avais dit 10H30!
-(C) Et bien? Pas de bonjour, pas de comment ça va Carmen? On dirait que tu as l’air pressé d’en finir!
-(U) Sans vouloir te vexer, j’attends ça depuis un an!
-(C) Écoute Ulrich, il faut savoir se comporter en tant qu’adultes maintenant. Tu ne vas pas tout abandonner pour une simple nuit non?
-(U) Ça il fallait y réfléchir avant cette simple nuit!
-(C) Oh ça va, et puis je te signale que si tu avais été là au moment où ça s’est passé, rien de tout ça ne serait arrivé!
-(U) Justement, je ne regrette absolument pas, tu vois j’ai retrouvé deux de mes meilleures amies d’antan!
-(C) Ah oui ta soi-disant fabuleuse Yumi... C’est fou comme elle tient à toi, il me semble que la seule chose qu’elle ait côtoyé aujourd’hui est une belle bouteille de vin...
-(U) Arrête Carmen, fait moi voir les papiers et finissons-en!
-(C) Voilà.
Carmen sortit de son sac des papiers similaires à un accord de divorce. Elle n’était guère enchanté de pouvoir en arriver là avec son mari mais lui, voulait absolument en rester là. Leur mariage allait bientôt tomber en ruines...
-(U) Lu et approuvé, tu peux obtenir tout ce que tu veux, notre appartement, la voiture, je m’en moque!
-(C) Réfléchit encore une fois Ulrich, tu ne vas pas abandonner tes amis, ta famille et tout ce que tu as fait jusqu’à présent?
-(U) Jusqu’à présent je n’ai absolument rien fait, maintenant je te souhaite beaucoup de bonheur avec ce très cher Mikaël! Adieu Carmen.
-(C) Ulrich!
Sans dire un mot de plus, Ulrich partit du café en laissant Carmen le regarder partir, peut-être pour toujours... Carmen fixait Ulrich qui bientôt, avait disparu du champ de vision de sa femme, enfin, de son ex-femme. Elle sortit son portable de son sac et regarda si elle n’avait pas reçu de nouveaux messages. Après ce bref entretien avec son portable, Carmen quitta le café et se dirigea vers le parking pour entrer dans sa voiture. Dépassée par les évènements elle fondit en larmes et sortit une vieille photo d’Ulrich et elle.
-(C) Pardon Ulrich, je suis vraiment désolé.
Elle fit rentrer la clé de contact dans sa voiture avec hésitation, regarda une dernière fois l’immeuble de Cannelle, et partit.
Dans le bureau de Yumi, les trois amis avaient des conversations très chaleureuses, autant pour raconter leurs études pour en arriver là où ils sont actuellement mais aussi pour parler sérieusement de la fusion Karima/Cannelle. Odd était comme toujours, très à l’aise, il racontait ses aventures en tant qu’étudiant en Suisse!
-(O) Et attend, le pire c’est que en troisième année j’étais toujours à Zurich et j’avais une cruche à côté de moi cette année là, elle savait même pas faire la différence entre un pinceau et un rouleau! Un jour on devait peindre un tableau montrant la plénitude de notre corps et cette gourde a peint une plaine avec des vaches!
Yumi et Aelita ne pouvaient s’empêcher de rigoler, comme elles le faisaient lorsque elles étaient au collège Kadic.
-(O) Bon et alors, que me racontez vous les filles? Vous avez réussi à trouver l’âme sœur?
A cette question Yumi se figea et repensa encore à cette humiliante soirée... Aelita essaya tant bien que mal d’éviter de parler de cela justement...
-(A) Et euh... Normalement c’est nous qui devons te poser cette question!
-(O) Et ouais, mais que veux-tu les temps changent! Bon assez parlé de nous, alors il me semble que vous m’avez fait venir ici pour travailler non? Alors qu’attendez vous de moi?
Aelita sortit une grande feuille sur laquelle une pomme géante est dessinée au crayon.
-(A) Voici notre prochaine création, le parfum aux fruits, ce que nous voulons c’est un styliste qui puisse faire un model de tous nos parfums à savoir aussi la boite, l’emballage et la publicité.
-(O) Et bien, vous êtes tombées sur la bonne enseigne! Et combien de parfums allez vous sortir au total?
Voyant que Yumi n’était toujours pas en état de parler, Aelita prit l’initiative de présenter toute la gamme.
-(A) Et bien il y en a vingt au total: pomme, fraise, banane, framboise, cerise, melon, poire, pêche, abricot, raisin, mangue, papaye, ananas, kiwi (^^), citron, orange, litchi, melon, pamplemousse et figue.
-(O) Waouh! Une belle salade de fruit!
-(A) Comme tu dis!
Au même moment, Ulrich venait de rentrer dans l’entreprise, il marcha à toute vitesse, traversa le couloir menant au bureau de Yumi et sans pour autant réfléchir aux conséquences, entra sans frapper sous les yeux de Sydney.
-(S) Eh! Attendez! Vous aviez rendez-vous? Ola la la patronne va encore me tuer...
Lorsque Ulrich fit irruption dans le bureau de Yumi, tous les yeux se tournaient vers lui, Yumi était choquée et révoltée de le voir se montrer ici, comment pouvait-il faire ça à elle? Odd lui, sentait son cœur se propulser en avant, des émotions comme ça en plus en une journée c’était trop quant à Aelita, elle était très inquiète de la réaction de Yumi et se sentait gênée de la présence d’Ulrich.
-(U) Yumi! Ça est! J’ai...
-(Y, le coupant) Arrête Ulrich. Arrête!
-(A) Yumi...
-(Y) Tu crois que tu peux venir me trouver ici après ce que tu m’as fait subir l’autre soir? J’ai vécu la pire soirée de ma vie!
-(U) Yumi écoute, je suis vraiment désolé.
-(Y) Ça je ne le crois pas, je pense que tu devais être très content de retrouver ta femme?
-(O, bas) Sa femme?
-(A, bas à Odd) Oui moi aussi dès le premier coup j’ai eu cette réaction...
-(U) Yumi, enfin, ne fiche pas tout en l’air, laisse moi seulement parler.
-(Y) Non, je... Je ne peux pas, c’est trop dur. Ça fait mal à chaque fois que tu essayes de parler et de t’expliquer.
-(A à O) Je pense qu’il faudrait s’éclipser pour laisser place aux explications.
-(O à A) Euh, ouais comme ça tu vas me faire un petit briefing parce que moi je suis un peu perdu!
Aelita et Odd quittèrent ainsi le bureau de Yumi. Celle-ci était en larmes devant Ulrich.
-(Y) On se retrouve comme ça comble du destin, je recommence à aimer vraiment une personne à qui je faisais confiance et à qui je tenais. Et là, tu débarques et tu me dis que tu es désolé parce que tu es marié? Tu me dégoûtes!
Ulrich ne savait pas quoi répondre à cela, il s’approcha de Yumi et essaya de la calmer.
-(U) Yumi écoute...
-(Y) Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas d’explications. Aujourd’hui tu as brisé tout mes rêves Ulrich, il ne me reste plus que Cannelle alors s’il te plaît, fait en sorte que la fusion réussisse.
-(U) Yumi je...
-(Y) Part Ulrich, s’il te plaît, vas-t’en!
Ulrich comprit à ce moment précis que tout espoir de s’exprimer était nul. Il regardait Yumi avec peur et elle était toujours en sanglots, il prit sa mallette posé sur le bureau de Yumi, regarda une dernière fois Yumi, les bras croisés. Et s’en alla finalement.











Les mains d’Odd se crispaient au fur et à mesure qu’Aelita narrait ce qui c’était passé. Depuis le retour d’Ulrich en représentant jusqu’à ce matin. Le jeune homme n’en croyait pas ses oreilles... Ulrich... avec une autre fille ? Marié qui plus est ? C’était surréaliste. Depuis qu’il le connaissait, il n’avait d’yeux pour Yumi. Enfin... peut-être avait-il beaucoup changé...
-Et voilà... on est arrivées ici, on t’a vu, et Ulrich débarque dans le bureau de Yumi...
-La pauvre... murmura-t-il en baissant la tête. Tout de même c’est bizarre... et je n’y crois pas non plus que Yumi ait passé sa nuit à picoler... c’est vraiment pas son genre.
-Peut-être, mais si tu l’avais vu comme moi ce matin, dans son lit, telle une morte, avec sa bouteille à la main et le paquet de mouchoirs vide sur la table de nuit, tu te serais posé de grosses questions aussi.
-Possible...
Le regard d’Aelita fut attiré par un bruit de moto. Les deux virent passer Ulrich, qui sortait de chez Cannelle, regardant droit devant lui. Odd reporta son regard sur Cannelle en se demandant dans quel état devait être la jeune femme. Si la discussion s’était bien terminée, Ulrich serait resté...
Aelita se leva précipitamment, suivie par Odd. Ils retournèrent à Cannelle, et la jeune femme marcha aussi vite qu’elle put. Elle entra dans le bureau de sa collègue, et la découvrit effondrée, pleurant à chaudes larmes. Odd entra également et referma la porte pour éviter que les sanglots de son amie n’attirent les curieux. Il s’assit sur le bureau de la Japonaise, et lui prit la main pour lui montrer sa présence et son soutien pendant qu’Aelita la prenait dans ses bras.

Quelques minutes plus tard, la jeune patronne était calmée, et avait repris ses moyens. Odd s’attela avec elle à la tâche dans son bureau, pendant qu’Aelita partait dans le sien. Elle croisa Ben qui s’acharnait encore avec la pauvre photocopieuse qui ne marchait toujours pas.
-Elle n’est pas réparée ?
-Hé bien non... toujours pas.
-Il faut faire quelque chose...insista Aelita.
-J’ai appelé un réparateur, mais ils sont tous pris...répondit le jeune employé.
-Tous ?...
-Tous.
-Hé ben... quelle journée ! commenta la jeune femme.
-Et elle n’est pas finie ! ajouta Ben en lui souriant de manière complice.
-C’est sensé me rassurer ça ? sourit-elle en ouvrant la porte de son bureau. Elle regarda la montagne de documents sur son bureau qui attendaient d’être copiés... puis observa la photocopieuse. Ben la regardait hésiter. Finalement, la jeune femme décrocha le téléphone, prit l’annuaire, et composa un numéro. Ben, intrigué, s’approcha, et s’appuya contre l’encadrement de la porte, n’osant rentrer dans le bureau de sa patronne.
-Bonjour, Aelita Hopper de la société Cannelle.
-Que puis-je faire pour vous ?
-Il nous faudrait un réparateur pour notre photocopieuse dans les meilleurs délais.
-Ah... je suis désolée madame, mais tous nos réparateurs sont occupés en ce moment et au moins pendant 2 semaines...
-2... 2 semaines ??
-Oui, voulez vous réserver un réparateur ?
-Non merci, ça ira, merci quand même.
-De rien, madame, n’hésitez pas à rappeller. Au revoir.
-Au revoir.
Aelita raccrocha lentement, soucieuse. Ben intervint dans sa réflexion.
-Vous voulez appeler une autre agence ?
-Non... tant pis pour la photocopieuse, on se débrouillera autrement, j’ai du boulot qui m’attend.
-Je peux le faire, si ça vous arrange, proposa le jeune blond.
-Hé bien...

-Donc, une boîte de faite, parfum fraise... plus qu’une quinzaine...
-On va y arriver, t’en fais pas Yu’ !
-Ouais...
-Hé... pense pas à lui... pense au boulot d’abord...
-Oui, tu as raison...A...Aelita t’a expliqué ?
-En gros...
Un silence pesant s’installa pendant quelques secondes. Odd ne savait pas comment détendre l’atmosphère.
-C’est quand même impressionnant que tu sois arrivée à créer tout ça... dit-il en laissant son regard naviguer dans la pièce.
-Sans Aelita, je n’aurais pas fait grand chose, tu sais...
-Tu n’es pas trop stressée par la fusion avec Karima Style ?
-Je ne vais pas te mentir... oui, je me pose des questions... j’espère vraiment que ça va marcher. Après tout, c’est une grande société...
-Mais vous aussi ! Cannelle est reconnue mondialement, tu le sais. Si j’avais su que c’était toi qui la dirigeait, je me serais engagé plus tôt !
Yumi éclata de rire, flattée. Odd sourit, heureux d’avoir pu lui faire oublier une seconde ses problèmes, et surtout avoir réussi à la faire rire. Il restait quand même Odd Della Robbia...comique à ses heures perdues, dés que ses amis avaient besoin de ses blagues pour décompresser... Il allait reprendre la conversation quand quelqu’un frappa à la porte. Yumi perdit son sourire, espérant que ce n’était pas Ulrich...
-Entrez.
La porte s’ouvrit timidement sur Sydney qui avait le rouge aux joues. A ce moment là, le téléphone sonna et Yumi fut contrait de répondre. Odd s’eclipsa avec Sydney pour la laisser tranquille. La jeune secrétaire l’invita à visiter son nouveau bureau qui se situait un peu plus près de celui d’Aelita à présent. Ils croisèrent justement cette dernière avec Ben.
-Ben alors princesse ? Un problème ? demanda le jeune styliste.
-Oui. La photocopieuse, répondit la jeune femme en soupirant.
-La photocopieuse ?... ah oui ! tout à l’heure, Sydney a cru que j’étais le réparateur.
-Je suis vraiment désolée...
-Oh c’est pas grave ! Mais quitte à choisir entre les deux, styliste me convient mieux.
-D’ailleurs, qu’est-ce que tu fais avec Sydney ? Tu n’es pas sensé travailler avec Yumi, toi ? dit Aelita avec un air suspicieux.
-Elle est au téléphone, madame !
-Ah d’accord... j’ai rien dit (elle commença à repartir dans son bureau) oh et Odd ?
-Oui ?
-C’est mademoiselle !
-Ok ok... sûrement pas pour longtemps, hein ? fit-il avec de gros sous entendus derrière.
Aelita ne répondit rien, et s’enferma dans son bureau. Odd parut subjugué par la réaction de son amie.
-Bah qu’est-ce qu’elle a ?demanda-t-il à Ben.
Celui-ci haussa les épaules avant de repartir auprès de la photocopieuse rebelle. Odd se tourna vers Sydney qui l’amena fièrement dans une pièce clair, et spacieuse, où l’on pouvait librement circuler.
-Hé bien hé bien... c’est charmant ! J’y ajouterais volontiers ma petite touche de fantaisie, mais c’est déjà très accueillant.
-C’est Yumi qui a décidé de changer mon bureau.
-Ah ?
-Oui... pour me remercier pour ma fidélité ?
-Ca fait combien de temps que tu travailles ici ??
-Oh, depuis le début !
Odd écarquilla les yeux. Non seulement les filles avaient réussi à monter leur affaire, devenue une véritable icône du parfum, mais en plus, leurs employés avaient l’air de s’y plaire, et d’être très fidèles...

Alors que Odd se réjouissait de venir régulièrement travailler ici, une autre personne se disait tout le contraire... Jamais plus il ne pourra revenir ici à Cannelle, il savait que c’était trop pour Yumi... Ulrich repensait une dernière fois aux bons moments qu’il avait passé avec elle ces dernières semaines... Il prit sa veste qui se trouvait sur une chaise d’un bar, le bar d’un aéroport. Ulrich le quitta, s’avança vers le guichet pour acheter un ticket de vol.
-(U) Un vol pour Berlin s’il vous plaît...
-(Femme) Un aller et retour monsieur?
Ulrich eut à ce moment un intense moment de réflexion... Puis finalement il répondit avec beaucoup de tact.
-(U) Simple, un aller simple...










Le soleil se couchait sur Paris, laissant les flocons de neige tomber sur les ruelles car l’hiver approchait. Yumi venait de terminer un autre dossier avec Odd, tous les employés prenaient leurs vestes et s’apprêtaient à partir. Odd quitta les deux filles, il allait rentrer cher lui pour dîner. Il partit en même temps que Yumi qui avait hâte de rentrer pour oublier cette sale journée. Aelita elle était toujours dans son bureau pourtant à 9 heures. Elle songeait encore à son passé, comment sa vie a put basculer ce jour là...

« Flash-back »
-(???) Aelita écoute, je sais que c’est difficile à te dire mais, je dois partir, peut être pour toujours...
-(A) Mais tu ne peux pas, tu ne peux pas me laisser, nous laisser. Reste je t’en supplie, ne m’abandonne pas, j’ai besoin de toi...
« Fin du Flash-back »

Aelita se sentait triste tout à coup, elle prit vite la peine d’essuyer la petite larme qui coulait sur sa joue et de chasser ce très mauvais souvenir de ses pensées. Au moment de quitter son bureau, Ben entra brusquement dans la pièce.
-(B) Ah vous êtes là, je vous cherchais.
-(A) Oui qu’est-ce qui se passe?
-(B) On a sonné à l’entrée et croyez-le ou non, c’est le réparateur de la photocopieuse!
-(A) Non sans blague? Et bien puisque il est ici faisons lui réparer cette foutue machine une bonne fois pour toutes.
-(B) Oui et bien...Justement, je l’ai fait entrer mais seulement je voulais prévenir une de vous deux et je ne vous ai pas trouvé au rez-de-chaussée alors je suis revenu à l’entrée et il avait disparu!
-(A) Comment ça?
-(B) Et bien disparu, et je ne sais pas s’il est sorti ou s’il est toujours dans Cannelle.
-(A) Bon ne perdons pas de temps, je vais voir à cet étage, vous retournez au rez-de-chaussée.
Alors que Aelita inspectait les couloirs au premier étage, Ben redescendait. La jeune femme arpentait l’étage aux moindres recoins et fut attirée par un bruit suspect dans le bureau de Yumi. Elle alla y jeter un œil mais lorsqu’elle entra, il n’y avait aucun bruit. Néanmoins elle décida de pénétrer dans la pièce mais elle eut la mauvaise surprise de faire la rencontre d’une personne assez inattendue... En effet ce mystérieux personnage avait mis derrière le dos d’Aelita une lame très fine.
-(???) Ne bougez pas et ne hurlez pas et tout ce passera bien.
-(A) Quoi mais je...
-(???) Silence, avancez doucement mais au moindre geste suspect je n’hésiterai pas à me servir de cette lame.
Aelita était paralysée par la peur, il la menaçait avec un couteau, elle avançait doucement pour se diriger vers le couloir, elle put apercevoir que l’homme tenait dans sa main des dossiers qui devaient sûrement être rangés dans le bureau de Yumi. Alors que Aelita allait appuyer sur le bouton de l’ascenseur, un bruit se fit entendre et l’agresseur tomba à terre, visiblement assommé par Ben.
-(A) Oh Ben, dieu soit loué vous êtes là!
-(B) Et ben dites donc! Ce réparateur est plutôt agressif.
Aelita s’agenouilla et prit les dossiers que le voleur avait subtilisé.
-(B) Il a volé des dossiers?
-(A) Presque, c’était les dossiers finis de cet après-midi sur les fruits.
Aelita ne c’était pas rendue compte que Ben s’était agenouillé à côté d’elle.
-(B) Vous feriez mieux de rentrer, je vais téléphoner à la police et signaler l’effraction.
-(A) Non voyons, je vais attendre avec vous et puis ils auront besoin d’une preuve alors je ferais mieux de voir si les caméras ont enregistré quelque chose.
-(B) Comme vous voudrez.
Il était déjà bien tard lorsque Yumi entendit la sonnerie de son téléphone, elle était chez elle mais étrangement elle ne dormait pas, elle était assise devant la table de la cuisine, un verre de vin à la main et la bouteille à moitié pleine à côté. Elle regarda son portable avec un regard énervé
-(Y) Oui Yumi à l’appareil?
-(A) Ouf tu es là? Mais tu ne dors pas?
A cette question Yumi tourna la tête en direction de la bouteille et reprit directement la conversation.
-(Y) Euh et toi non plus?
-(A) On a eu de la visite ce soir.
-(Y) Qui ça? Ulrich?
-(A) Euh non désole, pas exactement, mais un voleur qui se faisait passer pour le réparateur de la photocopieuse. Il a tenté de voler des dossiers.
-(Y) Quoi? Et vous l’avez intercepté?
-(A) Oui grâce à Ben. Mais surtout ne t’inquiètes pas pour nous tout va bien.
Yumi comprit le ton ironique de son amie.
-(Y) Oh oui excuse-moi Aelita. Je viens illico à Cannelle.
-(A) Non c’est bon, on règle tout avec Ben.
Aelita raccrocha assez sèchement mais Yumi ne voulait pas laisser son amie toute seule et décida malgré tout d’aller la rejoindre. Elle regarda une dernière fois la bouteille de vin et s’exprima avec dégoût.
-(Y) Beurk plus jamais ça!
Aelita discutait avec les policiers garés devant Cannelle et leur donnait la vidéo qui filmait l’action du voleur. Ben alla la voir.
-(B) Alors tout est arrangé?
-(A) C’est bon, la police l’emmène.
-(B) Bien. Tant mieux.
-(A) Oh ça me fait penser que je n’ai toujours pas mangé!
-(B) Oui moi aussi. Ça vous dit un petit resto?
-(A) Oh mais comment pourrais-je dire non à mon héros de la soirée?
Alors que Yumi venait d’arriver, Aelita et Ben partait tous les deux en direction du centre-ville pour aller dîner. Yumi les regardait partir puis comprit qu’il serait préférable de les laisser tous les deux.










Elle retourna donc chez elle. Dans sa voiture, la radio tournait, mais Yumi ne l’écoutait pas. Elle fixait la route sans vraiment la voir, et roulait plutôt doucement, ne dépassant pas les 60 km/h...La nuit était tombée, le ciel sans nuage, et la lune pleine offrait une luminosité claire sur la ville, illuminée par les milliers de lumières. Yumi arriva peu après chez elle, devant son grand immeuble. Elle ouvrit la porte, ne sentant presque plus ses bras. Sa tête tournait légèrement, et elle se sentait ailleurs. La jeune femme monta avec extrême lenteur les escaliers, oubliant de peu de prendre son courrier au passage. Elle chercha sa clé au fond de son sac, soupirant de plus en plus. Finalement, irritée, la jeune Japonaise se baissa et ramassa le double sous la porte. Elle eut du mal à rentrer la clé dans la serrure.
-Je suis vraiment fatiguée, mon dieu, il faut que je dorme...
Elle ne croyait pas si bien dire, sa tête était lourde, et elle se sentait de plus en plus mal à l’aise. Yumi se laissa tomber sur le canapé, et se prit la tête entre les mains. La douleur la lancinait. Soudain, elle se leva, et se jeta au dessus du lavabo le plus proche, à savoir dans la cuisine. Elle vomit le peu qu’elle avait mangé. Aussitôt elle se sentit non pas vidée, mais incroyablement lourde à la fois de fatigue... de sommeil... elle se rattrapa au rebord du lavabo, se posant mille questions qu’elle décida de laisser de côté. Attendant d’être calmée un peu, elle prépara un petit quelque chose à manger, mais plus la cuisson avançait, plus elle sentait les nausées revenir... elle éteignit et jeta tout, avant d’aller rendre une seconde fois. Elle revint dans la cuisine 5 min plus tard... et repartit aussitôt vomir une nouvelle fois... rien que l’odeur qui planait lui donnait des hauts -le -cœur.
Elle se coucha finalement, à jeun, et s’endormit immédiatement. Pour mieux se relever une demi-heure plus tard en quête des toilettes... elle se dit qu’il fallait à tout prix arrêter l’alcool...

Pendant ce temps, un couple sortait d’un chic restaurant 4 étoiles. La jeune femme aux cheveux roses avaient les joues de la même couleur, et son compagnon ne cessait de la regarder. Ils arrivèrent au parking de Cannelle après une petite balade dans les rues de Paris. Aucun des deux ne parlait, visiblement gêné. Finalement, Ben sortit :
-Pour le réparateur, c’est pas encore la bonne...
Aelita éclata de rire, oubliant toute gêne envers son ami. Celui-ci se rapprocha un peu d’elle, ce qui lui fit perdre son sourire. Ben lui prit la main, y déposa un baiser, et ouvrit galamment la porte de la voiture, du côté passager.
-Si madame veut bien se donner la peine...
Un moment, Aelita crut reconnaître Odd, mais Ben était...différent...plus mature. Comme promis, Ben la raccompagna chez elle, et la soirée se termina sur cette note un peu romantique.

Quelques jours plus tard, la fusion eut lieu entre les deux énormes entreprises. Karima et Cannelle avaient toutes deux vu leurs ventes doublées en quelques jours, c’était un vrai succès. Leurs collections, toutes nouvelles et représentatives de l’alliance, se vendaient à des millions d’exemplaires. On ne pouvait traverser la rue sans sentir un brin de parfum sortant des deux sociétés.

Yumi se réveilla en sursaut. Elle se leva péniblement pour aller aux toilettes. Sa tête était lourde... voilà maintenant 2 mois et demi passés... ça n’allait pas mieux. La jeune femme commença à se préparer, sans déjeuner, de peur de tout rendre une nouvelle fois. Elle occupa sa matinée à faire du ménage, s’occuper de son studio puisqu’elle avait la matinée à elle. Puis, le début de l’après midi commença, sans qu’elle ne sache quoi faire. Elle devait passer à Cannelle en fin de journée, mais la jeune femme s’ennuyait... Elle prit donc son portable et appela Aelita. Son amie lui avait demandé quelques jours plus tôt de passer la prendre si possible. Bien sûr, la jeune Japonaise avait accepté avec plaisir. Enfin, quelqu’un décrocha.
-Allô Yumi ?
-Bonjour Aelita ! Tu es prête ? je peux passer te prendre ?
-Euh... Yumi, tu ne te souviens pas que je t’ai appelée hier pour te dire que ce n’était plus la peine ?
-Ah... ah bon ?
-Oui... c’est Ben qui m’emmène... pour ne pas te déranger. Tiens d’ailleurs il arrive. A tout de suite grande sœur !
-Euh oui... à tout de suite...
Elle raccrocha et essaya de se remémorer quand Aelita l’avait appelée. Mais rien à faire, elle ne se rappelait pas. Elle prit ses clés, son sac et partit.
Quelques minutes plus tard, elle pénétra dans le grand hall d’accueil, qui avait changé depuis la fusion, affichant les derniers chiffres d’affaires de la société, une présentation de Karima, et les collections. Aussitôt une délicieuse odeur de fruits vint la chatouiller. C’était bien la seule chose qui ne lui donnait pas la nausée (tout du moins jusqu’à maintenant). Heureusement, sinon travailler serait devenu non pas un enfer, mais impossible. Elle vit Aelita courir vers elle, un peu agitée.
-Yumi, Yumi !
-Oui, qu’est-ce qu’il se passe ?
-Mr Müller est là !!
-Quoi ?...
-Vite, viens ! s’exclama à nouveau la jeune femme en tirant son amie vers leurs bureaux.
En effet, assis sur le fauteuil de Yumi, un homme d’assez grande carrure, environ 50 ans, trônait devant le bureau. Quand les filles entrèrent, il ne dédaigna pas les regarder. Yumi prit alors la parole :
-Enchantée Mr Müller, c’est un plaisir de vous rencontrer enfin.
-Moi de même, c’est un plaisir de venir ici...
-Euh... vous désirez quelque chose ? demanda Yumi en voyant passer Sydney.
-Non merci, mais asseyez vous.
Les deux jeunes femmes hésitèrent, perplexes devant l’attitude de cet homme. Le PDG de Karima leva les yeux vers Aelita, et lui demanda de sortir. Cette dernière, étonnée, ne savait que faire après une demande aussi directe. Finalement, elle souffla à Yumi qu’elle rejoignait Ben puis sortit en adressant un dernier regard sceptique à son amie. Mr Müller se leva alors, et posa ses mains sur le bureau de Yumi pour se pencher vers celle-ci.
-Entendons nous bien mademoiselle. Cette fusion n’a été faite que pour une chose...
-Associer le prêt à porter à du parfum ? proposa son interlocutrice.
-Non, mes vêtements n’ont pas besoin de votre parfum pour se vendre.
Il se déplaça au fur et à mesure de ses propos. Yumi fronçait les sourcils devant son arrogance.
-Je... je vous demande pardon ??
Müller se rapprocha d’elle vivement, appuyant ses mains sur la chaise où était assise la jeune Japonaise.
-Voyez vous, Yumi, je considère qu’une femme, aussi belle soit-elle, ne peut pas diriger de société, et je me demande d’ailleurs comment vous avez fait pour en arriver là. Mais puisque vous avez accepté notre charmante fusion, désormais, cette entreprise est à moi, et à moi seul, entendu mademoiselle ?
Le visage de Yumi se retrouvait à quelques centimètres de celui du PDG, et plein de questions lui vinrent à l’esprit. Etait-il en train de lui dire qu’elle s’était fait bernée ?
Le silence s’installa, et la jeune femme jeta un œil furtif à sa montre. 21h. Il n’y avait presque plus personne à cette heure. Sa main plongea dans son sac doucement, mais Müller lui attrapa le poignet avec force.
-Avez vous compris, OUI ou NON ? répéta-t-il en insistant bien sur l’alternative qu’il lui posait.
-Je... non ! c’est ma société, vous n’avez aucun droit sur elle !
-Je n’en ai peut-être pas encore, mais je peux les obtenir ! Et ce n’est pas vous qui m’en empêchera !
Joignant le geste à la parole, il tira une corde de son attaché-caisse et entoura la jeune femme avant qu’elle n’ait plus se défendre. Yumi commença alors à crier, mais comme attendu, personne ne venait, car les couloirs de Cannelle étaient vides à cette heure...
-Et oui, très chère, c’est dur de renoncer à un si beau bijou, mais dites vous que j’en prendrai grand soin.
-Vous n’êtes qu’un...
Elle ne put finir sa phrase car Müller la bâillonna ce qui rendit la jeune femme encore plus en colère. Elle se débattait tant qu’et plus, mais finit vite par se fatiguer.

Loin d’ici, Aelita dînant avec Ben, était loin de se douter que son amie était en danger, et aux prises avec leur « associé »...

-Mais au fait, que devient ce cher Ulrich ?...
Yumi tourna tellement vite vers son agresseur qu’elle se fit mal.
-Oui, vous savez, cet homme qui travaille pour moi, et qui vous a trompée ? Quel homme serviable... j’avais peur qu’il ne retombe amoureux de vous, mais apparemment, tout va bien.
Les larmes perlèrent aux yeux de la Japonaise qui sentait son cœur battre à vive allure après toutes ces révélations. Jusque là, elle n’avait pas lié Ulrich à la trahison de Karima, et maintenant, cela lui transperçait le cœur... comment avait-il pu ?...










-(M) Oui je dois dire que cet abruti m’a beaucoup servi, surtout pour vous convaincre si facilement de vous laisser vous entraîner dans ce projet de fusion.
Tout en parlant, Müller commençait à couper un bout de scotch. Yumi avait le regard figé.
-(M) Mais ce qui m’a surpris le plus c’est qu’il a voulu rester, et j’ai découvert que ce n’était pas pour voir si la fusion allait bien se dérouler mais pour vous.
-(Y) Moi?
-(M) Cet imbécile est tombé amoureux sans doute, alors j’ai du faire preuve d’ingéniosité pour disons... L’écarter.
A ses paroles Yumi devenait de plus en plus blanche, elle comprit enfin que tout était manigancé depuis le début.
-(M) J’ai retrouvé sa très chère femme, comment s’appelle-t-elle encore?
-(Y) Carmen...
Müller put esquisser un petit sourire après que Yumi lui ait révélé le nom.
-(M) Oui c’est cela Carmen!
Yumi sentait la rage et la colère envahir son corps.
-(Y) C’est vous qui avez appelé Carmen pour lui dire où était Ulrich!
-(M) Oui c’est vrai, finalement vous êtes plus intelligente que vous n’en avez l’air. Et après lui avoir dit que Ulrich voulait revenir vers elle, je me suis occupé de lui.
-(Y) Espèce de salaud, vous êtes une ordure!
Yumi criait à l’aide très fort mais Müller posa son bout de scotch sur la bouche de Yumi.
-(M) Personne ne vous entend et il n’y a que vous et moi dans votre immeuble.
Hélas, il disait vrai, il était 21H passé et Sydney venait de sortir de la société. Müller prit sa mallette et la posa sur son bureau, il l’ouvrit et sortit un ordinateur portable.
-(M) Vous voyez cela? Cet ordinateur va me permettre de contrôler définitivement votre société!
Yumi gémissait mais ne pouvait hurler à cause de son incapacité à dégager le scotch. Sur l’écran de l’ordinateur un compte à rebours s’affichait. Il indiquait 10 minutes.
-(M) D’ici 10 minutes, votre société entière sera à moi, je vous souhaite une bonne nuit mademoiselle Ishiyama, je vais aller manger un morceau et boire à la santé de ma victoire.
Müller quitta le bureau de Yumi au pas et se dirigea vers l’ascenseur. Mais tout d’un coup, il s’ouvrit laissant apparaître un homme que Müller semblait connaître.
-(M) Tiens, mais voilà notre Dom Juan?
Ulrich venait de faire face à Müller, et le jeta à terre.
-(U) J’espère vraiment pour vous qu’elle va bien.
-(M) Je ne peux pas en dire autant pour la société de votre charmante amie.
Ulrich lui donna un coup de poing, une bagarre éclatait dans le couloir, Yumi entendait les bruits assez forts des tableaux qui tombaient, de la fontaine d’eau qui se renversait.
Dans le couloir, Müller sortit de sa poche un revolver, Ulrich s’arrêta net et regardait l’arme.
-(M) Vous faites un pas de plus, et je vous promets de vous perforer le cœur avec ça.
Ulrich reculait et se trouvait dos à un mur, par chance, une alarme incendie se trouvait derrière lui.
-(U) Peut-être que vous m’atteindrez moi... Mais vous n’aurez pas la société!
-(M) Et qu’est-ce qui vous fait dire ça?
-(U) Ça!
Ulrich brisa la vitre de l’alarme incendie ce qui a eu pour effet d’activer le bruit strident de l’alarme et les jets d’eau. Yumi paniquait à cause du bruit de l’alarme, elle essayait de se libérer des liens qui l’emprisonnaient.
-(U) Maintenant 2 options s’offrent à vous, soit vous me tuez, soit vous vous barrez d’ici en vitesse car les pompiers ne vont pas tarder.
-(M) Je préfère la troisième option, vous tuer et m’emparer de la société!
Müller fit feu avec son revolver, la balle se logea dans la photocopieuse. Ulrich se rua sur Müller pour lui subtiliser son arme.
Dans le bureau de Yumi les coups de feu se faisaient entendre, Yumi était terrorisée, elle se demandait si Müller avait tué une personne. Elle sortit de sa poche son canif et coupa la corde petit à petit, des bruits de poteries cassées et de bureaux renversés retentissaient, et bientôt, Yumi commençait à verser quelques larmes. Lorsque elle eut fini de couper les liens, Yumi ouvrit la porte de son bureau avec délicatesse, sans faire de bruit. Elle constata ensuite les dégâts, le bruit de l’alarme persistait toujours et l’eau envahissait tout le couloir pour créer un torrent. Yumi put apercevoir une empreinte de main ensanglantée sur la porte menant à l’escalier de service, elle entendit à nouveau un coup de feu et sans se poser de questions elle monta les escaliers deux par deux en augmentant la vitesse à chaque foulée, elle put atteindre rapidement le toit. Sur celui-ci, Ulrich se tenait au bord du vide et Müller devant lui, l’arme braquée sur lui.
-(M) Alors monsieur Stern? On fait moins le malin maintenant?