Histoire : Quand le passé ressurgit...

Écrite par Kaede le 11 août 2007 (5962 mots)

Dernière édition le 25 août 2007

Prologue :

Le neige tombait à gros flocons sur la ville de Paris, recouvrant routes et trottoirs. Le ciel était d'un gris sombre faisant de cette soirée, une de ces soirées que les gens passent enfermés chez eux avec un bon plat chaud, les couvertures sur les genoux et devant un bon film. Les lumières brillaient aux fenêtres des habitations, rendant l'intérieur accueillant, chaleureux, attirant... Les lampadaires des rues, déjà allumés, ne donnaient en rien cette sensation... leur lumière était affaiblie par les flocons blancs qui tombaient sans interruption. Le froid était prenant, les pare-brise des voitures garées commençaient à geler, les trottoirs devenaient glissants, les bords des vitres étaient recouverts d'engelures.
Mais malgré tout ça, elle courait... aussi vite qu'elle le pouvait... Son pied glissa soudain sur une plaque de verglas et elle s'affala dans la neige en gémissant... se redressant avec peine elle ramena devant elle sa cheville foulée et la massa rapidement... la douleur s'atténua puis, prenant appui sur ses bras, elle se releva douloureusement... Elle reprit sa course à un rythme plus lent... Ses long cheveux noirs volaient derrière elle, interrompant les flocons blancs dans leur lente descente vers la terre... elle n'était vêtue que d'un débardeur d'été et d'une longue jupe violette ... Elle ne sentait plus ses pieds qui foulaient le sol, totalement dépourvu de chaussure... Rien de tout ce qui l'entourait ne l'empêchait de courir... Elle devait le voir... Aussi, malgré les lueurs accueillantes, malgré les frissons qui la parcouraient, malgré ses pieds gelés, malgré la douleur qu'elle ressentait à la cheville gauche, malgré la neige et le froid, elle courait...
Elle tourna à un angle de rue qu'elle reconnut parfaitement puis regarda les maisons défiler... Elle était là, tout près... Laquelle était-ce ?
Elle tenta soudain de s'arrêter, elle l'avait reconnu... Mais la neige, l'élan, la vitesse de sa course... Elle glissa sur quelques mètres et se rattrapa tant bien que mal à la barrière de bois ... C'était une jolie maison... Un jardin recouvert de neige devant sa porte d'entrée et clôturé par de fines barrières en bois... La porte d'entrée était un peu plus loin, devant elle quelques marches qui permettaient de l'atteindre. Juste sur le côté de la porte, on apercevait un petit bouton blanc... la sonnette... La fenêtre à gauche de la porte émettait de la lumière, elle la voyait à travers les flocons qui l'entouraient... celle de droite était éteinte en revanche il y en avait plusieurs à l'étage qui brillaient. Sur la porte de bois, une couronne de houx était attachée et une guirlande entourait la fenêtre de gauche... C'est bientôt noël... Elle hésita puis son regard se fixa sur la fenêtre de gauche... Elle perçut des rires étouffés par les murs. Sa main se posa sur le portail qui s'ouvrit tout de suite sous sa pression de main. Ses pieds gelés foulèrent le sol enneigé du jardin puis elle l'entendit... Alors elle n'hésita plus...
Elle se remit à courir, elle grimpa les marches et ses doigts glacés pressèrent nerveusement la sonnette qu'elle entendit retentir dans toute la maisonnée, interrompant les rires. Elle entendit des raclements de chaise, puis des pas qui se rapprochaient... Un bruit de clé puis de serrure qui s'ouvre... Un grincement qui brise le silence de la nuit et la porte s'ouvre enfin, la laissant voir un visage connu, familier...
Le jeune homme qui avait ouvert la porte se figea, son visage prit une expression étonnée en voyant celle qui lui faisait face. Son regard la parcourut lentement de bas en haut puis ses yeux prirent une lueur inquiète. Il saisit son bras et la fit rentrer à l'intérieur sans un mot puis sans avertissement aucun, il la serra dans ses bras. Elle accepta son étreinte avec un soupir de soulagement. Ils ne l'attendaient pas ce soir là... Pourtant elle était là... Ce soir là, elle aurait dû être loin et elle était là... Cette maison qui les accueillait tous cette nuit là l'accueillerait elle aussi... mais elle savait déjà que cette nuit était particulière... Pas parce que c'était le réveillon de noël... non, cette nuit là avait une autre particularité... Une particularité qu'elle redoutait... Cette nuit là serait magique...

Chapitre I/ quand passé lointain devient présent commun...


La pièce principale était chaude et chaleureuse, son regard fit le tour de l'espace... Un sapin joliment décoré trônait fièrement dans le coin gauche, au fond juste à côté d'une fenêtre recouverte d'engelures. Une guirlande électrique brillait et s'éteignait à un rythme lent et régulier. Au pied du sapin, des chaussures de toutes les tailles et de tous les styles. A gauche du sapin, du côté opposé à la fenêtre, un fauteuil, rouge sombre, virant sur le bordeaux. Un canapé de la même couleur et collée au mur, un meuble télé avec tous le matériel dernier cri semblait-il. Près de la fenêtre, un grand meuble en bois de pin, trois portes de bois en bas, puis une surface plane où on pouvait voir un plateau sur lequel traînait une soupière contenant des bonbons de toutes les couleurs, un coupelle remplie de vis trouvées ou de piles usagées. Juste à côté du plateau, un téléphone noir. Aux deux extrémités du meubles des petits pylônes de bois aux formes aériennes maintenaient la rangée des trois portes vitrées au-dessus du buffet et dans lesquelles on pouvait voir des verres de toutes les formes et des assiettes aux motifs prestigieux. Sur le mur de droite, près de la grande porte qui donnait accès au salon, un grand tableau représentant nymphes, licornes et fées, une peinture magnifique et resplendissante. Des guirlandes étaient accrochées un peu partout, des bleus, des rouges, des vertes, des argentés ou des dorées... Et au centre de la pièce, une grande table au bois de la même couleur que le meuble proche. Recouverte d'une nappe bordeaux, de bougies vertes en forme de sapin, d'assiette de porcelaine, de couvert d'argent et de plats magnifiquement présenté, elle était entourée de six chaises dont deux vides.
Cette pièce lui en rappelait une autre, il y a très longtemps... Elle entendit un craquement et aperçut alors la cheminée tout près d'elle où brûlait un feu vivace. Oui, une autre avec la même cheminée, le même feu, les même personnes mais sans cette aisance... Un noël semblable, il y avait bien longtemps...
Un raclement de chaise se fit entendre sur le parquet sombre et ciré puis deux bras l'entourèrent et elle serra la fine silhouette... Elle sentit les mains saisir ses épaules puis l'écarter et elle sentit le regard de la jeune fille la parcourir de bas en haut...
- Mon Dieu, dans quel état es-tu ?
- Je...
Mais aucun mot ne sortit de sa bouche. On la fit asseoir devant la cheminée et elle accueillit la chaleur bienfaisante avec un sourire satisfait.
- Que fais-tu ici ?
Elle leva les yeux vers elle et eut un pincement au cœur en pensant à la nouvelle qu'elle se devait de leur annonçait. Son regard croisa celui de son amie et elle constata soudain à quelle point elle avait changé...
Aelita... ses cheveux roses lui arrivaient maintenant aux épaules et ils suivaient le moindre de ses mouvement dans un geste fluide et gracieux. Son visage fin et son teint pâle la faisait paraître fragile pourtant, il n'en était rien... Elle était vêtue à l'occasion de noël, comme à son habitude... Noël était devenu pour eux la plus magique de toutes les fêtes... depuis ce fameux jour... Pour l'occasion elle portait une courte robe rouge sombre qui mettait à nu ses jambes fines, moulait à la perfection ses formes féminines et ses bretelles aux motifs argentées laissaient découvrir des épaules délicates à la peau pâle.
Une autre main se posa sur son épaule, une main masculine qui attira son regard. Elle leva les yeux et rencontra les siens... une lueur inquiète, angoissée les emplissaient... il était toujours le même... Elle le connaissait si bien à présent... Ils avaient vécus tant de choses... Mais il ne changeait pas... ses cheveux bruns n'avaient pas bougé, son expression renfermée était semblable, son air inquiet, son visage attirant, charmeur et mystérieux... Son allure athlétique, sportive, masculine... Il était le même si ce n'est qu'en ce jour de noël il avait passé une chemise blanche et un pantalon noir tout simple qui le rendait plus séduisant encore... Ulrich Stern était toujours identique à lui-même mais il avait tout de même évolué... aujourd'hui il s'exprimait enfin...
Il s'agenouilla devant elle et plongea ses yeux bruns dans les siens avec une douceur esquisse... Sa main descendit lentement sur son bras en une caresse réconfortante et elle ferma les yeux en savourant le bien-être du contact avec l'être aimé...
- Yumi, murmura-t-il d'une voix basse et rauque. Qu'est ce qui se passe ?
Elle détacha son regard de lui et fixa un instant les flammes et les bûches qui brûlaient dans l'âtre devant elle. Quelqu'un s'assit juste à ses côtés et elle lui jeta un coup d'œil. Derrière lui, une belle femme aux cheveux châtains et aux yeux d'un bleu pur et profond. Son ventre légèrement arrondi trahissait son état mais son visage resplendissant suffisait à démontrer son bonheur... Mina, rencontrée il y a plusieurs années, pour le plus grand bonheur de l'un d'entre eux... Son regard descendit le long de son bras gauche et tomba sur sa main aux doigts délicats... Juste là, sur l'annulaire, brillait un anneau d'or... Et juste devant elle, sur l'annulaire du jeune homme, le même anneau...
Ses cheveux blonds étaient coupés courts désormais mais franchement désordonnés, arrangé en bataille, incoiffable...ses yeux si pétillants d'habitude la fixaient à présent avec anxiété... Oh, lui, il avait changé... il avait grandi, mûri, il s'était assagi, il était devenu un homme plein de charme, de qualité et n'avait pourtant pas perdu son humour qu'il avait néanmoins sut doser... Il avait appris les mots sérieux et responsabilité... et plus qu'avant encore, il était le confident, le remonteur de moral et l'homme sur lequel on pouvait toujours compter... Odd Della Robbia...
Ils fixaient tous sur elle des regards inquiets, interrogateurs... Mais elle ne voyait pas le sien... Il restait en arrière... Pourtant c'est lui qu'elle devait voir, à lui qu'elle devait parler... Elle se tourna brusquement, les faisant sursauter et plongea ses yeux dans les siens au travers des verres fins qui lui recouvraient les yeux. Elle le sentit se tendre et jeta un coup d'œil à ses poings qui se serraient...la surprise s'imprima sur son visage fin, blême aux joues cernées. Dans ses prunelles, un espoir, une question ou plutôt une supplication... Elle le dévisagea attentivement... elle savait qu'il était fatigué, très fatigué... Il n'avait pas eu une vie facile ses derniers temps, elle le savait pour avoir été sa confidente... Elle s'en voulait déjà pour ce qu'elle allait lui dire. Elle se maudissait intérieurement mais elle ne pouvait plus l'éviter, il n'y avait plus le moindre doute... son regard les parcourut tous... Oui elle s'en voulait de gâcher leur nuit... leur nuit à eux tous... leur nuit de bonheur, leur nuit...
- Pourquoi es-tu là, Yumi ?
Son regard rencontra à nouveau celui de Jérémie qui s'adressa à elle d'un ton empli d'appréhension.
- C'est une nuit magique Jérémie...
Elle perçut chacun de leur souffle se suspendre quelques secondes pour repartir plus vite encore. Tous, ils avaient tous compris... En ce soir de noël, elle leur offrait le pire cadeau qui soit... Par sa présence, elle avait fait naître leur peur et leur angoisse... D'un regard, elle leur avait tout fait comprendre... En ce soir magique, merveilleux, en ce soir unique entre tous, elle apportait la plus mauvaise des nouvelles...







Chapitre II/ quand tout revient... quand tout redevient...


Immobile devant le feu, Jérémie fixait son amie avec effroi. La magie... Elle ne pouvait pas sous-entendre ce qu'il croyait, c'était impossible...cette magie là était morte et enterrée depuis ce soir de noël il y a très longtemps... pourtant son regard sombre était éloquent. Pas de doute à avoir... tout recommençait après tant d'années ... comment ? comment était-ce possible ? ...
- Jérémie...
La voix tremblante d'Aelita l'obligea à détacher son regard de la japonaise et il vit l'amour de sa vie chanceler en portant la main à sa tempe... Il se rapprocha d'elle et saisit ses épaules avec fermeté pour la soutenir. Elle gémit alors et Jérémie sut que tout était vrai... c'était inéluctable, tout revenait...

- Yumi, mais fais quelque chose bon sang.
- Je ne fais que ça Jérémie ! s'écria la japonaise avec colère en courant à toute allure sur le territoire forêt.
-Où sont Ulrich et Odd ?
-Si je le savais Einstein, je me ferais un plaisir de te le dire, lâcha Yumi avec hargne. Je n'arriverais à rien seule.
-Trouve là ! ordonna Jérémie.
-Je l'ai déjà trouvé, murmura soudain Yumi d'une voix faible en s'immobilisant.
-Qu'est ce qu'elle fait, elle va bien ?
Les portes du monte-charge s'ouvrirent à ce moment là, laissant voir deux jeune hommes de dix-huit ans, l'un brun l'autre blond. Ils entrèrent calmement dans la pièce et déposèrent leur sac près de Jérémie qui fixait son écran d'un air horrifié.
-Un problème Einstein ? demanda finalement Odd. On vient d'avoir tes messages. Nos portables étaient éteints... La période de noël... les parents ne veulent pas être dérangés lors du réveillon... Vous avez réussi à régler la situation ?
-Jérémie, appela faiblement la voix de Yumi. Jérémie, nous avons un problème...
-Je t'envoie les garçons illico presto !
-Non ! s'écria Yumi coupant tout le monde dans son élan. Non, reprit-elle d'une voix plus faible. J'ai retrouvé Aelita...
-Mais où êtes-vous ? Yumi, tu as disparu de ma carte...
-Jérémie, murmura Aelita. Jérémie tu m'entends ?
-Aelita, souffla Jérémie soulagé. Ça va ? pourquoi ne répondais-tu pas à mes appels ?
-Jérémie, Xana... Il a réussi... Ecoute moi bien... Il va falloir éteindre le super-calculateur...
-Aelita...
-Tais-toi et écoute moi, hurla Aelita d'un ton jamais entendu dans sa bouche. Eteins le super calculateur... il faut...
-Je vous envoie les garçons pour vous aider. Décida le blond en jetant un regard insistant du côté d'Ulrich et Odd qui acquiescèrent d'un signe de tête mais furent stoppé par la voix de Yumi.
-Ne les condamne pas... éteins tout !
Un hurlement retentit soudain, un rugissement... un cri animal. Les garçons sursautèrent et Jérémie se pencha plus encore sur ses écran en interrogeant les filles qui murmurèrent d'un ton vague avant que la liaison ne se coupe complètement. Jérémie pointa alors le doigt vers le monte-charge et Ulrich et Odd foncèrent aux scanners sans poser de questions, trop inquiet pour leurs amies...

Yumi avait atteint l'endroit où se trouvait Aelita et elle avait perdu peu à peu pied à la réalité... plus rien de commun avec le territoire forêt, plus d'arbre, plus de vert, plus rien sinon une immense pièce ouverte sur seulement un côté... Aelita se tenait en son centre et la japonaise l'avait rejointe... Une immense pièce d'or...vide mais brillant de mille éclats dorés... Lorsque le cri avait jaillit, elles avaient vus un oiseau aux ailes de feu apparaître de nulle part... Il avait tourné autour d'elles et se posa devant elles avec grâce et douceur. Il les fixa d'un regard sombre profond et secoua la tête de bas en haut...
- Je viens de brouiller votre système de communication
Son bec noir n'avait pas bougé, il n'avait pas cillé ni bougé une seule plume pourtant les filles savaient que c'était l'oiseau qui avait parlé.
-Qui es-tu ? murmura Aelita.
-Je suis le phœnix qui fut jadis le protecteur de cette pièce...
-Quel est cet endroit ?
-On l'appelle la pièce du passage. J'ai très peu de temps devant moi aussi vous prierais-je de m'écouter sans m'interrompre. Cette pièce est la partie la plus cachée et la plus sécurisée de ce monde... depuis sa création, personne n'a eu connaissance de son existence car elle renferme plus de pouvoir qu'il ne peut en exister. Ma mission durant toutes ces années fut de la protéger, de la dissimuler mais j'ai failli... l'être que vous appelez Xana l'a trouvée... en y pénétrant il a eu ce qu'il désirait... Il va sortir de Lyoko...
Le phœnix s'interrompit, son regard s'échappa un instant vers le sentier où on apercevait au loin Ulrich et Odd qui couraient aussi vite que possible puis il revint sur les deux jeunes filles.
-Lorsqu'il disparaîtra de Lyoko, il emportera avec lui moi, cette pièce et tout ceux qui s'y trouvent...
-Alors nous allons mourir...
- Moi, oui mais vous vous regagnerez ce que vous appelez la réalité... Sachez néanmoins que plus le temps passé dans cette pièce est long et plus les conséquences sont grandes...
- conséquences ? répéta Yumi.
-Il nous faut un moyen d'arrêter Xana, coupa Aelita. S'il s'échappe de Lyoko, il dévastera notre monde...
- Il y a peut-être un moyen pour vous de l'y en empêcher...


-Jérémie, on les voit, s'écria Ulrich en apercevant la pièce au loin et les deux filles en leur centre.
-Alors ?
- Elles sont dans une sorte de grande pièce dorée avec un oiseau en feu, d'après ce que je vois, décrit Odd sans cesser de courir.


-lorsqu'il aura fait ce qu'il aura à faire, retrouvez la pièce... retrouvez là et pénétrez y... après son passage elle ne représentera plus aucun risque pour vous, elle aura perdu son pouvoir tant qu'elle sera sous son contrôle. Elenia n'obéit à personne...
- Elenia ?
-Ensuite, faites en une prison. Arrangez-vous pour l'y enfermer, Elenia l'y retiendra...
-Mais comment l'attirer sur Lyoko une fois qu'il sera dehors ?
-Elenia a un équivalent sur terre... trouvez le... Elle vous aidera.... Appelez là...
-Comment ?
-en Elenia, le temps est suspendu.... Mais il faudra vous presser, Elenia ne reste jamais longtemps en un point.
-Mais qui est Elenia ? redemanda Yumi.
-Elenia est son ennemie de toujours, elle règne sur cette pièce et lui laisse le reste de Lyoko... Elenia est la déesse du temps et du pouvoir, du bien et de la sagesse... Elenia est votre alliée...
-Yumi, Aelita, cria soudain la voix d'Ulrich.
L'oiseau déplia ses ailes de feu et murmura d'une voix douce :
-N'oubliez rien. Quand aux conséquences de votre séjour ici, soyez prudent avec...
Ulrich et Odd pénétrèrent dans la pièce à toute allure, Odd fit une glissade sur le genoux, visant l'oiseau, ne sachant s'il était bon ou mauvais. Ulrich sabre dégainé se mit devant les filles dans une attitude protectrice... L'oiseau prit son envol et un éclair aveuglant les éblouit soudain... Lorsqu'ils rouvrirent les yeux, ils étaient dans la salle des scanners dans la même attitude... Les habits virtuels sur leurs corps humains, réels... totalement impossible, inconcevable... Un cri de Jérémie dans le micro les alerta, les tira de leur stupeur et ils remontèrent par le biais du monte charge... Lorsque les portes s'ouvrirent ils trouvèrent Jérémie aux prises d'une créature inhumaine, inconnue, répugnante, affreusement laide mais dont ils avaient tous deviné l'identité... A sa vue, les quatre adolescents gémirent, Yumi porta les main à sa tête, Aelita entoura son corps de ses bras dans une attitude de protection, Ulrich s'écroula, ses jambes ne le portant plus et Odd sentit sa vue se brouiller...
L'être leva les yeux vers eux puis sembla alors se désintéresser de Jérémie qu'il balança contre le mur comme une vulgaire poupée de chiffon... Il s'approcha du monte charge la main en avant, un sourire avide, affamé sur ses lèvres minces et putréfiées... Le voyant approcher, ils se reprirent tous et eurent le réflexe de reculer au fond du monte charge mais il avançait avec un air gourmand et mauvais... Yumi tendit les mains devant elle, un air paniqué sur le visage et soudain, la créature cessa d'avancer... Elle se souleva du sol et prit une expression contrariée et méchante...
- Je le veux... Cracha-t-il avant d'être projeté en arrière.
En fixant ses mains, Yumi réalisa, elle comprit... Les conséquences... les pouvoirs de Lyoko sur terre... Elle regarda Aelita qui était recroquevillée sur elle-même. Elle l'appela et la jeune fille aux cheveux roses se redressa doucement.
-emmène Jérémie en lieu sûr, murmura la Japonaise, nous trouverons Elenia...
Aelita se releva une lueur nouvelle dans le regard puis un bruit de déchirement se fit entendre... les deux ailes blanches d'Aelita venaient d'apparaître dans la réalité... tel un ange, elle prit son envol et alla se poser délicatement près de Jérémie qui gisait, inconscient. Elle le prit dans ses bras et en voyant la créature la regarder d'un air avide, elle reprit son envol et prit la direction de la salle cathédrale sans plus attendre...
Yumi se tourna vers le deux garçons avec un air déterminé...
-Il faut trouver Elenia, lâcha-t-elle en appuyant mentalement sur le bouton rouge du monte-charge qui ferma ses portes et commença son ascension. Dans le court laps de temps qu'elle avait, elle leur expliqua tout ou presque... Une fois dans la salle cathédrale, ils firent face au monte-charge, sachant que la créature arriverait par-là... et elle arriva.
- Je suis Xana, s'exclama-t-elle, vous ne pouvez me vaincre.
Odd porta les mains à ses tempes, ressentant la sensation familière... sa vue se brouilla et il tomba à genou... Le film défila sous ses paupières et il se releva avec peine mais en souriant... Yumi venait d'immobiliser Xana grâce à sa télékinésie...
- Yumi, Elenia est ici !
- Appelez là, rétorqua la jeune fille sans se déconcentrer.
Mais il n'en eut pas besoin, la lumière sembla se réduire comme si la nuit tombait et Yumi sentit sa prise se relâcher... Une femme d'une grande beauté apparut devant elle avec un sourire sincère et affectueux... Elle regarda fixement Xana quelques secondes puis leva les bras vers le ciel. L'usine trembla sur ses fondations, des éclairs bleu parcoururent les tôles du toit, les pylônes de soutien... Les murs se mirent alors à briller d'une faible lueur dorée et la jeune femme plongea ses yeux dans ceux de la japonaise en laissant tomber ses bras le long de son corps...
- Cette créature n'a pas sa place dans votre monde... Elle restera enfermée dans la pièce du passage, là où le temps n'a pas d'existence... Je me charge de lui... Ainsi que de vos pouvoirs qui n'ont pas de raisons d'être... N'éteignez rien, laissez tout tel quel ...
- Merci, murmura Yumi
- Néanmoins, si un jour je venais à faillir à ma mission, sachez que vous le saurez... tout reviendra...
Un éclair se fit voir et tout disparut, Xana, la pièce, la déesse et leur tenue de combattant... Ils avaient retrouvé leurs habits de tout les jours. Yumi fit demi-tour sur elle-même...là-haut, juste là où on saisissait les cordes se tenait Jérémie soutenue par Aelita... Juste en dessous Odd qui tenait debout en s'appuyant sur le pylône proche et à sa droite, Ulrich qui la dévisageait d'un air sombre...
Tout était fini... Le noël de l'année de leur dix-huit ans, l'aventure Xana s'était achevée d'une façon étrange, inattendue, inenvisageable....


Et maintenant, six ans plus tard, le jour du réveillon de noël, tout revenait... comme si ces six années n'avaient pas existées... Aelita se redressa le visage fermé. Jérémie passa une main dans son dos et lorsqu'il la ramena devant lui, une plume blanche d'une douceur esquisse reposait au creux de sa paume. Ces six dernières années n'avaient pas existées... Tout redevenait... Yumi était revenue pour leur montrer et c'est Aelita qui avait tout démontré... qui avait prouvé... Elenia avait failli... Xana était libre...







Chapitre III/ le meilleur moyen de vaincre... se battre...

Yumi fixait le bout des petites ballerines noires qu'elle avait chaussées, prêtées par Aelita... Assise sur une chaise de bois, elle balançait ses jambes dans le vide en écoutant distraitement la conversation autour d'elle. Elle frissonna et à ce moment un gilet se posa sur ses épaules, elle leva les yeux vers Aelita qui lui sourit faiblement et elle la remercia du regard. La jeune femme aux cheveux roses s'installa près d'elle à table et la conversation dévia alors, prenant le tournant inévitable...
- Qu'a-t-il pu se passer ? murmura soudain Aelita en jouant avec sa fourchette.
- Xana a vaincu Elenia, souffla Jérémie d'un ton lourd.
- quand ? interrogea Ulrich en se tournant vers Yumi qui avait suivi l'échange.
-Il y a deux jours, lâcha la japonaise, j'étais à l'hôpital avec ma mère, une infirmière à fait tomber une seringue et sans m'en rendre compte, je l'ai suspendue dans les airs... puis elle est tombée...ça a du durer à peine deux secondes et je n'étais pas certaine de moi... Avec la fatigue des jours d'avant... J'ai attendu et comme rien ne se passait, je n'ai rien voulu vous dire pour ne pas vous inquiéter... Je suis rentrée du Japon il y a à peine quelques heures... J'ai mis la table par télékinésie ce midi... J'ai sauté dans le premier avion sans prendre le temps de me changer... J'ai fait aussi vite que j'ai pu...
Des flashs apparurent dans son esprit tourmenté... son départ sans valise, l'arrivée glaciale sous la neige, contrastant avec le temps doux Japonais, sa course folle entravée par ses chaussures à talon qu'elle avait fini par ôter... Ulrich lui saisit la main et plongea son regard dans le sien... Comme il lui avait manqué ! Sans hésitation, elle se leva et alla s'installer sur les genoux du jeune homme qui entoura son corps de ses bras sans manifester la moindre surprise à son geste affectif. Elle se blottit contre lui et soupira d'aise... Pour la première fois depuis de longues heures, elle se sentait bien et en sécurité.
- Merci d'être revenue aussi vite Yumi, soupira Odd en contemplant le couple.
- C'est normal, souffla la japonaise, et de toute façon, vous l'auriez su par Aelita...
- Il nous faut retourner à l'usine, lança Jérémie d'un ton froid.
Ils se tournèrent tous vers lui et constatèrent qu'il avait retrouvé son air sérieux, travailleur et surtout, très froid. Aelita frissonna en voyant son visage... Il avait besoin de repos, de calme et de détente avait dit le médecin mais il ne pourrait jamais, plus maintenant... elle non plus... Elle ne pourrait plus supportait ses humeurs, ses colères...Elle se leva avec brusquerie et se dirigea vers la cuisine sous prétexte de surveiller le four.
C'était une jolie pièce, accueillante et chaleureuse. Située juste à côté du salon, elle avait des prédominances de couleurs grises. Au fond, juste sous la fenêtre qui donnait sur le jardin, sur tout le long du mur, un plan de travail où se mélangeaient habilement le blanc et le gris. Juste sous la fenêtre, dépassait un robinet et en s'approchant, on y voyait un lavabo séparé en deux. Collé au mur de droite, un four d'un blanc immaculé sur lequel trônait fièrement une figurine féerique qui tenait entre ses mains un papier couvert d'une écriture fine et aérienne. Au-dessus du plan de travail de la partie de gauche, il y avait accroché au mur plusieurs placards de bois sombre fait par les mains de Jérémie avec l'aide d'Ulrich et Odd. A l'opposé de la pièce, frigo, congélateur, et un autre meuble de bois sombre aux aspect de garde manger. Enfin au centre de l'espace, une table carrée du même bois que les autres meubles, sur laquelle reposait une coupe de fruit.
Aelita posa les mains sur la table et s'y appuya en tentant de ravaler ses larmes. Pourquoi fallait-il que tout arrive maintenant, alors qu'il commençait à se remettre ? tout allait recommencer ? redevenir comme il y a quelques mois ? elle ne pouvait pas ... elle ne tiendrait pas... Elle sentit une main douce remonter le long de son dos et frissonna en tentant de prendre un air plus serein. Avec un faux sourire, elle fit face à la japonaise qui arborait un air des plus grave. Le sourire de l'ange aux cheveux roses s'éteignit, elle se sut devinée par sa meilleure amie... Elle ferma les yeux en soupirant et chercha la main de son amie pour ensuite s'y accrocher comme si sa vie en dépendait. Si seulement c'était aussi simple... SI tout pouvait disparaître par un simple contact. Cette douleur, cette appréhension...
- Aelita, ça n'arrivera pas.
Le murmure convaincant de Yumi lui fit ouvrir les yeux et elle planta son regard dans le sien. Devant l'ai déterminé de la japonaise, devant son expression compréhensive mais sûre, elle laissa voir ses larmes et Yumi la serra dans ses bras, devinant sa détresse.
- Je ne pourrais pas Yumi... S'il redevient... s'il ... si jamais...
Yumi glissa ses doigts sous le menton d'Aelita et l'obligea à la regarder dans les yeux puis elle parla d'une voix ferme et sûre.
- Jérémie ne redeviendra pas celui qu'il était il y a quelques mois. Nous le surveillerons, ne t'en fais pas. Il s'en est sorti, tu dois lui faire confiance ! C'est fini ça...
- Oui... souffla Aelita en enfouissant sa tête entre l'épaule et la nuque de Yumi. Oui, c'est fini...
Jérémie... L'amour de sa vie... Lorsqu'elle était arrivée sur terre, elle n'aurait jamais pu imaginer ça.
Lorsqu'il s'était déclaré à elle, elle avait ressenti pour la première fois le plus intense des bonheur... Ce souvenir à lui seul, suffisait à la faire sourire et faire accélérer son cœur dans sa poitrine. Avec tout leur amour et au long des années, ils avaient réussi à cohabiter ensemble dans une parfaite harmonie, Jérémie avait trouvé cette maison pour eux et l'avait aménagé pour elle, avec tendresse et attention... Elle se souvenait encore de leur après-midi passées recouvert de peinture, à rigoler de l'autre, à se taquiner, à peindre plus l'être aimé que le mur... L'installation était arrivé et tout au long de leur aventure, ils avaient étaient accompagnés de leurs amis, inséparables jusqu'au bout... Et tout s'était toujours bien passé malgré les quelques chamailleries inévitables... Aelita était heureuse, avec Jérémie ! Jusqu'au jour où... Elle resserra son étreinte autour du corps de Yumi qui devina la direction de ses pensées... Le travail... tout ça à cause d'un travail... Il travaillait pour son père, il lui donnait des responsabilités, avec un bon salaire... Tout pour bien vivre... Jérémie dirigeait son entreprise, ses employés... Mais la pression, le stress, la fatigue... Etait venu l'évènement redouté... Aelita n'avait pas compris... Il avait été cruel ! envers elle, envers ses amis... Lors d'une soirée où ils étaient tous réunis... Odd annonçait la venue du bébé... Une soirée qui avait commencé sans Jérémie qui rentrait de plus en plus tard... Ce soir là, il arriva alors que minuit sonnait... Devant l'accueil réservé d'Aelita qui lui en voulait un peu d'être en retard alors qu'il lui avait promis d'être là avant la nuit, il s'était mis en colère mais pas une petite colère... Et à partir de ce jour là, sa vie fut un enfer... Plus un geste tendre, plus d'attention ou de gentillesse seulement lui et ses mots cinglants, lui et ses regards blessants...
-N'y pense plus Aelita, murmura Yumi ramenant la jeune femme sur terre.
- Heureusement que vous étiez là...
- C'est grâce à toi, tu as su faire ce qu'il fallait !
- Heureusement que vous étiez là..., se contenta de répéter Aelita d'une voix faible.
Elle se dégagea doucement de l'étreinte de la Japonaise et essuya ses joues dans une veine tentative de rendre son visage présentable.
- Attend.
Yumi saisit un sopalin, l'humidifia et le passa sur les joues de son amie ôtant ainsi les quelques traces de maquillage qui avait coulé.
- Je dois ressembler à un épouvantail, fit Aelita en riant légèrement.
- Non, tu es très belle, rassura Yumi en souriant gentiment.
- Aelita, Yumi ?
La voix les fit se tourner, Mina se tenait dans l'embrasure de la porte et les regardaient avec inquiétude.
-ça va, affirma Aelita.
- Alors les garçons vous attendent. Jérémie est inquiet...
Aelita sourit légèrement et elles sortirent de la pièce pour rejoindre le salon où les trois hommes les attendaient. Se réinstallant à la table, Aelita garda les yeux sur son assiette, n'osant croiser son regard de peur d'y retrouver la froideur d'il y a quelques mois. Elle entendit Odd demander ce qu'ils allaient faire et la voix de Jérémie emplie la pièce, il fallait retourner à Paris même, à l'usine. Elle sursauta soudain en sentant une main glisser le long de son bras et saisir sa main en la serrant fermement. Ses yeux se posèrent sur le visage de Jérémie qui continuait de parler puis sur leurs deux mains unies et elle ne put s'empêcher de soupirer. Yumi avait raison, il ne redeviendrait pas comme avant ! Au moment où il se tut, il plongea ses yeux dans ceux de la jeune femme et elle y trouva ce qu'elle désirait. Amour, tendresse et inquiétude. Elle le rassura d'une pression de main et se tourna vers Ulrich qui posait une question.
- Nous partirons demain, décida Jérémie, il n'y a pas de temps à perdre.