Histoire : Le prix de la vérité

Écrite par Gini le 16 juin 2007 (52596 mots)

Dernière édition le 04 novembre 2007

« La vérité. C’est une chose qui semble si facile, si simple et pourtant, combien de sacrifices exige-t’elle en retour ? La vérité demande du temps. Combien de fois l’ai-je entendu ? Et pour quel résultat ? Et plus nous nous en approchons, plus nous prenons le risque de le regretter.»

Une porte s’ouvrit sur une cellule noire. Une silhouette féminine se protège les yeux de la soudaine luminosité tant elle était habituée à la noirceur de l’obscurité. Une voix grave et dure lança :
- Il est temps !
L’homme désigna la silhouette du doigt et deux hommes armés l’attrapèrent et lui bandèrent les yeux. Elle ne se débattit pas. Mais elle n’était pas non plus résignée à subir son destin. La silhouette avait les mains attachées devant elle. Les deux hommes la traînèrent dans un long couloir avant d’arriver dans une cour extérieure. Les yeux bandés, elle ne pouvait voir ses interlocuteurs. Mais elle les avait imaginé depuis tout le temps de sa captivité. Ils avaient fait en sorte de l’affaiblir, de la réduire psychologiquement pour en faire un pantin. Pour l’utiliser pour mieux réaliser leur projet. Mais ils l’avaient sous-estimé. Depuis trop longtemps, ils leur avaient échappés. Mais aujourd’hui, ils voyaient le bout du tunnel. Les deux gorilles la placèrent devant un mur et lui ôta son bandeau. La lumière du jour inonda la cour d’un soleil éblouissant qu’elle sentit aussitôt sur son visage. Dix hommes armés se tenaient prêts à intervenir et attendant les ordres de leur chef. Ce dernier se tourna vers l’un d’entre eux et lui fit un signe de la tête. Un garde s’approcha de la prisonnière :
-A genoux !
Elle ne cilla même pas. Il lui donna un coup de crosse dans le ventre, l’obligeant à tomber à genoux. Elle ne cria pas. Elle ne ressentait plus rien. Plus d’humanité. Plus d’amour. Plus de douleur, ni de peur, ni de tristesse. Combien de fois avait-elle été trahie, abandonnée ? Elle avait trop souffert et en était morte intérieurement. Et cette fois, elle allait l’être définitivement.
Le chef s’approcha d’elle et lui chuchota à l’oreille avec un sourire sadique :
- Une dernière volonté ?
- Va en enfer !
Il se releva et sortit une arme sous son long manteau. Un katana. Il leva la lame pour la faire briller au soleil. C’était son arme. Il lui avait pris quand il l’avait attrapé. Ce katana avait une réputation. La lame avait été forgée par l’un des meilleurs artisans japonais. Le chef s’agenouilla devant elle, la lame verticale au sol. Il la regarda droit dans les yeux. Son regard si intense et si profond. Et dire qu’autrefois, elle s’y perdait volontiers.
- Comment en sommes-nous arrivés là ?
- A toi de me le dire...
- Nous nous sommes tant aimés. Je sais que tu n’éprouves plus rien pour moi. Je ne t’inspire que du dégoût. Mais si j’en suis là, je l’ai fait pour toi !
Elle se remémora des souvenirs douloureux. Le temps où le mot bonheur avait encore une signification pour elle. Ainsi que l’avenir. Mais aujourd’hui plus rien n’avait d’importance pour elle. Mais il avait raison. Comment en étaient-ils arrivés à se haïr à ce point alors qu’ils s’aimaient si fort avant. Mais c’était il y a si longtemps....



Une jeune femme s’éveilla en sueur dans son appartement japonais. Ses longs cheveux collaient à sa nuque tant elle avait été effrayée par ses rêves. D’habitude, elle n’y accordait aucune attention. Mais ici, ils semblaient si réels. Yumi était devenue une belle jeune femme de 20 ans. Elle vivait à Kyoto depuis quelques mois. En fait, depuis qu’elle avait décidé de tirer un trait sur son passé. Elle s’était retrouvée seule du jour au lendemain à cause d’un stupide accident de voiture. Elle ne se souvient de rien et n’a plus de famille. Elle n’avait qu’une adresse dans sa veste. Celle de cet appartement. Bien sûr, elle avait essayé de retrouver ses origines et avait fait des recherches mais la vérité prenait trop de temps. Sa famille avait été écartée pour mieux l’atteindre. Mais qui ? Elle l’ignorait. Elle était en danger en France. C’est cela qui l’a poussée à s’installer ici. La japonaise se leva de son lit en repensant aux évènements passés. Elle s’habilla et se coiffa tout en passant devant un secrétaire où se trouvait un aller simple pour Paris. Elle s’y attarda quelques minutes en repensant à la conversation qu’elle avait eue deux jours plus tôt au téléphone.
-Melle Ishyama ?
-Elle-même.
-Bonjour. Mon nom est Melle Stones. Je sais que vous ne me connaissez pas mais j’ai des éléments à propos de votre passé. Vous trouverez dans votre courrier un billet d’avion pour Paris. Je vous en prie. Venez. Il faut que vous sachiez tout.

Et elle avait raccroché. La conversation avait duré à peine deux minutes mais juste assez pour faire basculer sa vie pour la seconde fois. Yumi pensait avoir tiré un trait. Mais il n’en était rien. La japonaise prit son café et son billet quand une voiture klaxonna, annonçant l’arrivée du taxi pour l’aéroport. Elle entra dans la voiture et en une demi heure, elle se retrouva au hall d’embarquement. La jeune femme avait une simple valise. Elle s’étonnait elle-même de cette soudaine décision. Mais à vrai dire, on a beau fuir son passé, il nous rattrape toujours un jour ou l’autre. Alors qu’elle repensa à son passé, elle ne remarqua même pas qu’elle fonça dans un inconnu. Elle ne leva pas la tête, trop honteuse et se confondit en excuses japonaises. L’homme allait lui aboyer dessus mais n’en fit rien quand il remarqua son incroyable beauté. Elle lui disait quelque chose. Une impression de déjà-vu. Il lui parla en français, ce qui eut un effet immédiat sur elle. Yumi releva la tête et remarqua enfin son interlocuteur. Il était grand, brun, très mignon, avec un regard sombre et ténébreux. Elle aussi eut une impression de déjà-vu. Et pourtant. Ils ne se sont jamais croisés auparavant.







- Mademoiselle ?
Sa voix la fit sortir de ses pensées.
- Vous allez bien ?
Yumi était comme hypnotisée par le regard intense de son interlocuteur. Séduisant, ténébreux tout en paraissant réservé. Mais quand elle se rendit compte qu’il la fixait également, ses joues s’empourprèrent.
- Excusez-moi. Je n’ai pas du tout regardé devant moi. Je vous demande pardon.
La situation la mettait si mal à l’aise qu’elle décida de partir aussitôt. Surtout qu’elle ne voulait pas rater son avion. Yumi repartit en direction de la salle d’embarquement quand elle entendit derrière elle :
- Attendez !
Elle se retourna net sur le jeune homme qui lui tendit avec un sourire son billet d’avion.
- Vous aviez du le perdre lors de notre rencontre.
- Merci. C’est très gentil de votre part.
- Je ne voudrais pas être indiscret mais j’ai remarqué que nous prenions le même vol pour Paris.
- Ah bon ?
Elle fut plus surprise qu’elle ne l’aurait pensé. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Il la troublait, elle en était certaine. Mais elle devait se méfier de tout le monde depuis son accident de voiture. Elle était en grand danger. On voulait la tuer. A nouveau elle plongea dans son passé et à nouveau son bel inconnu l’en sortit. Il la regardait fixement, comme dans l’attente d’une réponse à une question. Elle balbutia :
- Oui ?
- Je vous demandais votre nom.
- Yumi.
- Enchanté Yumi. Moi, c’est Ulrich.
Ils se serrèrent la main, souriants et un drôle de pressentiment les parcourut. Comme un flash. Un souvenir trop flou. Mais ni l’un ni l’autre n’en parlèrent. Ils se détachèrent et embarquèrent dans l’avion pour Paris.

A Paris.

Aelita était dans son studio en train de regarder l’horloge pour la énième fois de la journée. Elle s’impatientait. Le temps était venu de les réunir à nouveau. Même s’ils n’avaient aucun souvenir mis à part elle. Tel avait été le prix pour avoir sauvé l’humanité de l’emprise de Xana. Elle avait réussi à joindre Yumi, Ulrich et Odd. Le plus dur restait à faire. Un jeune homme blond sortit de la salle de bain et s’essuya les cheveux avec un essui. Il s’arrêta quand il vit son amie, le regard perdu devant l’horloge. Il s’avança en ébouriffant ses cheveux et attrapa ses lunettes.
- Quelque chose ne va pas Aelita ?
« Encore deux heures...Dans deux heures, vous saurez tout... »
- Non tout va bien Jérémie. Je suis juste impatiente de retrouver mon amie du Japon.
- Ah oui. Euh, c’est comment son prénom ?
- Yumi.
- C’est ça. Son avion arrive à 15h. Nous devons aller la chercher ?
- Non. Elle prendra un taxi.
« Ils vont tous arriver vers 16h. Ca ne me laisse pas beaucoup de temps pour tout leur expliquer et ça ne va pas être simple. »
Jérémie voyant son trouble, s’approcha d’elle et l’enlaça comme pour lui faire oublier tous ses tracas. Mais Aelita ne pouvait pas s’empêcher de s’en vouloir de lui mentir depuis tout ce temps.

Dans l’avion.

Yumi avait fini par être vaincue par la fatigue qu’elle accumulait depuis des semaines à toujours être sur le qui-vive. Mais surtout à ne plus vouloir fermer les yeux pour revoir les mêmes images. C’est pourtant ce qui se passa.
Elle était en voiture en direction de la fac quand elle passa à côté d’un barrage policier. Elle s’arrêta et constata qu’il y avait eu un accident. Elle sortit de sa voiture pour voir si il y avait des blessés et quand elle s’approcha de la carcasse, elle fut horrifiée. La voiture était retournée et de la fumée s’échappait du capot. Un homme surgit derrière elle et lui murmura en lui frôlant les cheveux avec un ton sadique : Tu es la prochaine petite geisha. Elle hurla.
- Yumi...
La japonaise sursauta au toucher. Elle ouvrit les yeux et vit Ulrich assis à côté d’elle. Elle tenta de dissimuler son trouble.
- Tu semblais agitée dans ton sommeil.
Ulrich et Yumi s’étaient retrouvés assis côte à côte dans l’avion et avaient fait connaissance en parlant de tout et de rien. Tout sauf leur passé.
- Je...Un mauvais rêve. fit-elle dans un sourire crispé. Elle détourna la tête et regarda à travers le hublot. Elle revit l’accident. Mais elle ne voulait plus voir ces visages familiers. Elle essaya de se changer les idées et voulut prendre le catalogue de l’avion quand elle refrôla la main de son voisin. A nouveau, ils eurent un flash mais plus précis que le précédent. Ils étaient tous deux présents. Ulrich était en équilibre près d’une falaise et Yumi le retenait par les bras. Ils se murmuraient des mots inaudibles.
Ce qui eut l’effet d’un choc. Yumi tout comme Ulrich se lâchèrent les mains et détournèrent la tête.
« Je ne peux pas me laisser troubler par lui. Je suis trop prêt du but pour tout abandonner. Je vais enfin savoir ce qui est arrivé à ma famille et surtout à moi. »
De son côté, Ulrich ne disait rien. Il fermait les yeux pour éviter de croiser son regard. Elle le troublait. Attirance ? Méfiance ? Il ne savait pas le dire. Il repensa à la lettre anonyme qu’il avait reçu deux jours plus tôt accompagnée d’un billet pour Paris. Peut-être avait-il été fou de prendre une pareille décision mais il voulait savoir aussi ce qui s’était passé avant son amnésie. Lui aussi avait perdu la mémoire. Il n’avait aucun souvenir. Rien. Juste un papier. Ulrich Stern. Et une cicatrice sur le bras. Le flash qu’il venait d’avoir en touchant la main de Yumi le perturbait plus qu’il ne le voulait. Ils semblaient si proches dedans. Comme des amants. Mais il ne la connaissait pas et ne l’avait jamais vue auparavant.
« Pourquoi ai-je cette sensation depuis que je l’ai rencontrée ? ».
Il rouvrit les yeux et la vit à nouveau endormie, la tête contre le hublot. Elle semblait paisible. Il remarqua une légère cicatrice à la tempe. Signe d’un accident. Ulrich remarqua à quelle point elle était belle. Mystérieuse, attirante, réservée....
« Bref, une fille qui n’est pas pour moi ! » Il soupira devant cette constatation et s’endormit à son tour.







Quand il se réveilla, l’avion venait d’atterrir à Paris. Mais Yumi était déjà partie. Il eut un léger pincement au cœur. Sa présence l’apaisait et il devait se l’avouer, elle lui plaisait beaucoup. Il attrapa son sac et sortit en direction d’un taxi qu’il siffla. Ulrich prit le papier avec une adresse griffonnée dessus et la transmis au chauffeur. Yumi arriva devant un immeuble assez récent dans un quartier calme à l’extérieur du tumulte de Paris. Elle paya le taxi tout en le remerciant et regarda de plus près l’endroit où elle se trouvait. Le vent souffla dans ses cheveux, réveillant sa douleur au niveau de la tempe. Depuis son accident, elle était beaucoup plus sensible aux moindres changements de temps. La japonaise soupira, se demandant ce qu’elle faisait là.
- Comme si elle pouvait me rendre ma vie...Enfin...
Elle regarda vers le ciel, ayant une pensée pour des personnes en particulier puis s’avança vers la sonnette d’Aelita. Cette dernière lui ouvrit avec un grand sourire.
- Yumi. Bonjour. Je suis Aelita Stones. Je vous en prie, entrez.
Yumi entra dans un couloir et examina minutieusement les alentours au fur et à mesure de sa progression.
- Je peux te tutoyer ?
- Oui. Fit la japonaise d’un ton détaché. Elle ne comprenait pas comment cette fille allait lui rendre son passé. Et cela lui donnait l’impression de perdre son temps. Mais quand elle entra dans le séjour, elle vit un jeune homme assis à une table : Jérémie. Yumi le salua poliment et vint s’asseoir à ses côtés. Alors qu’Aelita regarda sa montre et sursauta quand elle entendit une sonnerie. Elle se précipita pour aller ouvrir la porte.
La japonaise ne disait rien, ce qui mettait mal à l’aise Jérémie. Il la détaillait sans le vouloir, la trouvant très jolie mais elle n’égalait pas sa Aelita. Jérémie l’avait rencontré il y a quelques mois à la fac de sciences et depuis ils sortaient ensemble et cohabitaient depuis peu. Certains pourraient penser qu’ils allaient trop vite mais Jérémie avait le sentiment que c’était la fille pour lui. Que c’était elle qu’il attendait depuis toujours et qu’elle partagerait sa vie. Il se sentait si confiant que tout avait été très vite entre eux. A y réfléchir, elle ne lui avait jamais parlé de son passé. Tout comme lui d’ailleurs. Et il s’en moquait. Ce qui l’importait, c’était le présent.

Quand Aelita entra dans la pièce, suivi de son autre invité, Yumi se releva aussitôt. Elle se sentait mal à l’aise, oppressée, n’étant pas dans son environnement habituel. Elle voulait s’enfuir mais Aelita tenta de la rassurer en posant sa main sur la sienne et la regarda doucement.
- Yumi, calme-toi. Tu auras, vous aurez toutes les réponses dans quelques instants. Il ne manque plus qu’une personne.
La japonaise se ressaisit et regarda l’invité. Odd. Grand, blond, svelte, sportif. Un visage trahissant un certain goût pour l’humour. Il salua tout le monde et vint aussi s’assoir autour de la table. Même raisonnement, même questionnement qui s’interrompit par un deuxième coup de sonnette. Aelita referma la porte sur son dernier invité et le fit entrer dans la pièce. Il se figea en même temps que Yumi quand ils se virent l’un en face de l’autre. Yumi commença à s’énerver, ne contrôlant pas la situation.
- Qu’est-ce que ça veut dire ? Qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ?
- Yumi, calme-toi. Je vous en prie. Cela fait un mois que je vous cherche.
Odd, Ulrich et la japonaise en restèrent bouche bée. Jérémie ne comprenait plus rien à la situation.
La jeune femme à la chevelure rose se leva et ouvrit un tiroir. Elle en sortit une photo et la déposa sur la table. Ils se figèrent à sa vue. La photo remontait au temps du collège. Ils posaient tous les cinq en amis et en couples. Tous se regardèrent interrogateurs pour enfin poser les yeux sur Aelita.
- C’est une très longue histoire...Mais d’abord, mon véritable nom est Aelita Hopper.


(Cinq ans plus tard)

Elle attendait ce moment depuis des mois. Le chef au regard ténébreux s’approcha de son visage et l’embrassa passionnément. Elle le laissa faire, n’éprouvant plus rien. Et elle savait que cela le perturberait. Il se détacha de ses lèvres et la fixa, tentant de savoir ce qui lui traversait l’esprit. Il se releva et fit signe aux dix hommes de s’en aller. Ceux-ci après avoir brièvement hésités, se retirèrent dans les quartiers. La neige tombait. Le japon se recouvrait d’un épais manteau blanc. La cour donnant sur le parc avec les saules et autres arbres japonais devenait peu à peu méconnaissable. Le ténébreux enleva son manteau, dévoilant un t-shirt noir sur un pantalon en lin de la même couleur. La jeune femme, la prisonnière, était d’une très grande beauté. Aucune femme ne l’égalait. Mais c’était une beauté empoisonnée. Fanée de l’intérieure, elle était devenue une guerrière impitoyable et froide. Devant elle se tenait son plus grand amour et son pire ennemi. Ils se connaissaient par cœur. Ils savaient leurs points forts et leurs faiblesses. La jeune femme se releva et s’approcha de lui sans peur. Il dégaina son arme, prêt à se venger. Ils s’engagèrent dans un corps à corps. Tous deux maîtrisaient les arts martiaux, ce qui rendait la qualité du combat d’un tout autre niveau. A bout de souffle, ils étaient face à face, tentant de reprendre leur respiration. Le beau brun prit l’arme et la leva au ciel. Mais au dernier instant, il ne pu abattre son bras armé sur celle qu’il aimait plus que tout et qui le fixa de ses yeux si troublants. Elle ne semblait pas avoir peur de la fatalité. Même si tant de choses les avaient éloignés et avaient fait qu’ils se haïssaient autant qu’ils s’étaient aimés. Ils avaient simplement eu la naïveté de croire qu’il serait facile de faire un trait sur son passé. Blessés tous les deux, il tomba le premier dans la neige. Le vent soufflait dans les longs cheveux noirs de la jeune femme. Sa tunique grise se collait à son corps sous les bourrasques de vent. Ils se fixaient tous deux sans rien dire.







La neige qui s’était interrompue quelques instants, se remit à tomber, recouvrant les traces de luttes et de sang du sol. La jeune femme regarda son bras qui saignait abondamment. Elle était essoufflée en raison de la violence et de la qualité technique du combat. Elle fixait l’autre d’un regard vide. Elle le haïssait tellement. Quand au beau brun, il prit appui sur le katana pour se relever et constata que la guerrière ne l’avait pas raté. Elle avait sorti une arme et l’avait entaillé au niveau du bassin. Il ne comprenait pas pourquoi il n’arrivait pas à la tuer. Elle était pourtant à sa merci mais rien n’y faisait. Comment en étaient-ils arrivés là ? Profitant de son trouble, elle revint à la charge, décidée à lui faire payer toute cette souffrance, à lui faire payer le fait qu’il l’avait rendu ainsi. Mais il ne se laissa pas faire non plus. Trop fier de lui pour se laisser bêtement tuer. Ils finirent par tomber l’un sur l’autre dans la neige, le chef ayant l’avantage tenant son katana et prêt à l’abattre une seconde fois.
« Cette fois, j’y arriverais ! » Mais elle le fixait, ce qui le troubla de plus en plus. Elle le dévisageait. Il put enfin lire au fond de ses yeux toute la souffrance qu’elle avait endurée depuis une année. Il se releva aussitôt. Elle le fit sortir de ses pensées.
- C’est trop tard pour les regrets...Tu as fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Alors finis ton œuvre. Sinon c’est moi qui le ferai. Nous avons tous deux une mission à remplir.
- Pourquoi ne m’as-tu jamais dit la vérité...
- L’aurais-tu écoutée ? Aurais-tu eu la force et le courage de l’affronter ?
Les longs cheveux noirs de la japonaise soufflaient dans le vent. Son bras meurtri refusait de lui obéir. Elle était déstabilisée depuis le début du combat. Et pour quelle raison ? Parce que tous ses espoirs avaient été réduits à néant lorsqu’elle avait découvert que sa cible était son grand amour disparu depuis des mois. Et là, il était en face de lui, déterminé à la tuer. Bien qu’il avait été troublé par deux fois. « Y aurait-il un espoir ? » se demanda t’elle. « Non, C’est trop tard pour faire marche arrière. Il doit payer même si c’est lui... »

(5 ans auparavant)

Jérémie sursauta aux paroles d’Aelita. Elle lui avait menti. Durant tout ce temps, il vivait aux côtés d’une inconnue. Tout son monde s’écroulait. Mais pourtant, la personne qui souffrait le plus des cinq, c’était bien Aelita.
- Tu... Tu m’as menti...balbutia Jérémie, un peu énervé et sous le choc des révélations.
Odd tenait la photo de groupe entre ses mains tandis qu’Ulrich dévisageait Aelita. Yumi se prit la tête entre les mains, se maudissant d’avoir pris une telle décision et de s’être mise en danger aussi bêtement.
Aelita était déstabilisée de voir ses amis ainsi. Elle voulut partir en courant, sentant les larmes monter en elle puis elle se résigna à être forte et haussa la voix pour se faire entendre jusqu’au bout.
- Un mois. Un mois que je vous cherche. Je ne t’ai jamais menti Jérémie. Je suis bel et bien Aelita. Ecoutez-moi très attentivement. Je sais ce qui vous est arrivé l’année dernière. Je sais pourquoi vous ne vous souvenez de rien. Vous n’allez sans doute pas croire, me prendre pour une folle mais il faut que vous sachiez la vérité car tout va désormais dépendre de vous.
Les paroles eurent l’effet escompté. Les quatre autres se tinrent tranquilles et l’écoutèrent. Leurs expressions changèrent au fur et à mesure qu’Aelita s’avança dans son récit.
- Mon nom est Aelita Hopper. Vous êtes Ulrich Stern, Yumi Ishiyama, Odd Della Robia et Jérémie Belpois. Nous nous connaissons depuis le collège à Kadic. Nous...Nous sommes amis et même meilleurs amis depuis cette époque.
- Alors pourquoi on se souvient de rien ? fit Odd excédé.
- Je vais y arriver....
Pendant plus d’une heure, Aelita leur expliqua en résumé tout ce qui concernait Lyoko, Xana, les missions et leurs aventures. Les visages de ses amis passaient de l’étonnement à de la colère et de la surprise. Ils avaient évidemment du mal à l’avaler. Aelita se sentit découragée...Elle tenta cependant de relancer la conversation.
- Si vous vous souvenez de rien, c’est d’un commun accord.
- Quoi ? firent-ils tous.
- Oui. Je...Je vous ai effacé votre mémoire...Mais il faut me croire, c’était uniquement pour votre bien.
Tous furent horrifiés par ce qu’elle venait de dire.
- Répète un peu, fit Ulrich.
- Pour notre bien ? Fit Jérémie, énervé. Tu te fous de moi ?
Pour la première fois, Yumi prit la parole.
- On se calme. Aelita...As-tu des preuves de ce que tu avances ?
- Oui. J’ai une vidéo que Jérémie et moi avons faite avant...
- Bien. Eh bien on va savoir ce qui s’est passé alors. Fit Ulrich d’un calme déconcertant.
Aelita voulut ouvrir la bouche mais se tut. Ce que la japonaise remarqua.
- Tu voulais dire quoi ?
- Je ne pense pas que cela soit une bonne idée pour certains d’entre nous.
- Tu fais allusion à qui ? Demanda Odd.
Aelita ne dit rien et regarda Ulrich puis Yumi.
Jérémie se leva et enlaça Aelita. Geste inattendu de sa part mais il se sentait apaisé en sa présence.
- Et on saura la vérité quand ? demanda Ulrich.
- Demain. Je vous emmènerai là où je l’ai cachée. Il faut que vous sachiez la vérité car nous courons un grand danger.
- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
- Retrouvez-nous demain à cette adresse. Fit Aelita.
La jeune femme leur tendit un papier avec une adresse griffonnée. L’ancien collège Kadic qui avait aujourd’hui fermé pour d’obscures raisons.
Yumi se leva la première et s’en alla, encore assez perturbée par ce qui venait de se passer... Ou plutôt par le fait de ce qui ne s’était pas passé. Elle était venue du Japon pour savoir plus sur son passé. Et résultat, elle se retrouve avec 4 inconnus plus un danger de mort. Elle remonta le col de sa veste pour se protéger du froid et sortit sous la pluie en direction d’un hôtel.
Odd et Ulrich firent de même et partirent de leur côté, avec toutes les questions qui pouvaient leur traverser l’esprit. Mais chacun voulait être seul.
Yumi arriva devant son hôtel mais resta figée, comme perdue dans des souvenirs si lointains. Le problème, c’est qu’elle n’en avait pas. Tout se bousculait dans sa tête. Elle entra sans un regard pour le portier et fila dans sa chambre. La japonaise prit une douche et se changea quand elle remarqua une enveloppe sur une table. Enroulée dans une serviette, elle s’avança pour regarder le contenu. Elle s’assit sur son lit, ses longs cheveux mouillés tombant en cascade sur ses épaules, ouvrit l’enveloppe et en retira le contenu. Elle se retint d’hurler quand elle vit ce que l’enveloppe renfermait. Des clichés et une lettre anonyme dont les mots étaient découpés d’un journal.
La vérité nécessite des sacrifices...Ne joue pas à ce jeu si tu tiens à ta vie, geisha. Je sais où tu vis...Si tu continues à chercher dans ton passé, il te rattrapera et tu le regretteras amèrement. Oublie Lyoko. Conseil d’ami. Sois sur tes gardes. Le japon était un avertissement. Ici, ce n’est plus un jeu.
Sur les photos, c’était elle. Elle dans l’aéroport avec Ulrich. Elle se baladant dans la ville avant d’aller chez Aelita. Bref, on la suivait. Un frisson d’effroi la parcourut.
- Cela ne finira donc jamais...
Elle se retint de sombrer dans la paranoia et décida de descendre dans l’hôtel pour savoir qui avait déposé la lettre. Mais avant, elle devait se changer.

Ulrich était lui aussi dans sa chambre d’hôtel et réfléchissait aux propos d’Aelita. Il est vrai que depuis quelques temps, il se sentait épié, suivi mais jamais il n’avait eu la sensation d’être menacé. Il s’allongea sur le lit, tentant de faire le vide mais une image revenait sans cesse à son esprit. Le flash qu’il avait eu quand il avait frôlé la main de la japonaise. Ils semblaient si proches. Et qu’avait voulu dire Aelita par « Je ne pense pas que cela soit une bonne idée pour certains d’entre nous. » Que s’était-il passé entre eux ? Etaient-ils amants ? En tout cas, quand il la voyait, elle le troublait.
« Bon mon vieux, il faut que tu te la sortes de l’esprit sinon elle va te rendre dingue....si c’est pas déjà fait... »
Il se releva et décida d’aller marcher un peu dehors, malgré le mauvais temps. Il marcha dans la rue éclairée par les lampadaires. Il était à peine 18 heures mais le temps donnait l’impression qu’il était beaucoup plus tard. Il croisa par hasard Odd qui errait également dans les rues de Paris. Il lui semblait sympathique et ne sachant pas quoi faire, Ulrich lui proposa de boire un verre pour reparler de tout ça et d’avoir un autre avis sur la situation que le sien. Ils rentrèrent tous deux dans un pub et s’assirent à une table. Malgré les apparences, la conversation commença directement, comme s’il n’y avait aucune gêne entre eux. Comme des vieux amis. Mais ils ne s’étaient jamais vus avant. Alors comment ? Les heures défilèrent pendant qu’ils discutaient de tout et de rien. Puis vint l’heure de quitter le pub. Ulrich et Odd sortirent et se dirigèrent dans la rue quand ils entendirent une moto partir en trombe juste au moment où les deux garçons avaient mis le pied dehors.
- C’est bizarre, tu ne trouves pas ? fit Odd.
- Elle nous épiait et je parierai même qu’elle nous a photographié. Fit le beau brun
- Qu’est-ce qui te fais dire cela ?
- Avant de venir ici, je me suis senti très souvent épié, suivi. Mais à chaque fois que je me retournais, rien. Personne.
- C’est étrange. Surtout quand tu sais ce que nous a dit Aelita. Qu’on était en danger. Fit le blond.
- Bon...De toute façon, on ne sait rien faire tant qu’on a pas de preuves. Alors, allons nous reposer pour être prêts pour demain. Fit le samouraï.
- Ben à demain et sois prudent ! fit Odd.
- Pareil ! fit Ulrich en le saluant.
Il se retourna et se dirigea vers son hôtel quand il sentit à nouveau les gouttes de pluie tomber.
- Sale temps ! grogna-t’il.
Il courut pour se mettre à l’abri dans son hôtel. Il gravit les escaliers et ouvrit la porte de sa chambre. Il entra et remarqua que la chambre avait été saccagée. Il sortit furibond pour aller se plaindre quand il heurta quelqu’un. Mais cette fois, le choc fut si fort qu’ils tombèrent tous deux à la renverse. Il releva la tête et fut surpris de voir la japonaise juste devant lui et aussi surprise que lui.
- Ulrich...
- Je suis désolé. Je ne t’avais pas vue. Fit-il en se relevant et en lui tendant la main pour l’aider à se mettre debout.
- Tu...Tu semblais bien pressé. Fit-elle sur le qui-vive.
- Oui, ma chambre a été saccagée et...Mais tu es pâle. Tout va bien ?
Yumi avait beau s’être promis de ne se fier qu’à son instinct, celui-ci lui disait justement de faire confiance à cet inconnu. Etrange. Dans d’autres conditions, elle se serait raisonnée en se disant qu’elle était folle. Elle le fit rentrer dans sa chambre, lui tendit la lettre et les clichés. Pendant qu’Ulrich lisait la lettre et examinait les photos, la japonaise faisait les cent pas dans la chambre. Elle semblait nerveuse et inquiète. La voix d’Ulrich la fit sursauter.
- Depuis quand ?
- Depuis deux mois. Déjà au Japon.
- Ce n’est pas un hasard alors...
- De quoi tu parles ?
- Ce n’est pas un hasard si on se retrouve tous les cinq aujourd’hui. Je suis suivi moi aussi depuis deux mois. Et tantôt, alors que je buvais un verre avec Odd, une moto nous suivait et a décampée au moment nous sommes sortis du pub.
- On m’a déjà menacée...Mais pourquoi ? J’ai rien fait. Je ne me souviens de rien. Fit-elle en sanglotant.
Ce qui toucha profondément Ulrich. Il se leva et la prit dans ses bras comme pour la rassurer. Ils se détachèrent et se regardèrent intensément. Et, poussés par l’envie, se touchèrent à nouveau main contre main. Mais pas de flash. Au contraire, ils se sentirent encore plus attirés par l’un et l’autre. Ulrich s’approcha de Yumi doucement et leurs bouches se rapprochèrent de plus en plus. Ils finirent par s’embrasser timidement tels deux inconnus pour la première fois puis avec plus de passion, comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Ils s’embrassèrent et tout alla très vite. Ils se retrouvèrent sur le lit, l’un contre l’autre, laissant libre cours à leur passion. Mais ce qu’ils ignoraient, c’est qu’ils étaient épiés par le conducteur de la moto de tout à l’heure.







Quelque part à Paris

Une moto s’arrêta devant l’entrée d’un entrepôt. Un garde la reconnut et la fit entrer en levant le volet métallique révélant l’intérieur du bâtiment. C’était tout sauf un entrepôt. Il y avait une sorte de laboratoire, des écrans d’ordinateur éparpillés sur des bureaux, bref, un vrai centre à la pointe de la technologie. Mais le plus étrange était la tour qui culminait au centre de la pièce. Une tour pas si inconnue que ça...Le motard descendit de son véhicule et se dirigea vers un bureau donnant sur le hall de l’entrepôt par une baie vitrée. Il déposa des clichés sur une table qu’il éparpilla.
- C’est fait. Fit-il d’un air neutre.
- Merci. Je savais que je pouvais compter sur vous. Laissez-moi maintenant et continuez votre mission. Ramenez-la moi, elle en sait beaucoup trop. Mais je la veux vivante, est-ce clair ?
- Oui chef.
Le motard ressortit du bureau et se redirigea vers la sortie. Le « chef » prit les photos et les regarda une à une. Il s’agissait des photos prises de la journée. On pouvait y voir Ulrich, Odd, Yumi, Jérémie et Aelita, seuls ou accompagnés à des moments différents de la journée. L’homme se rembrunit puis sourit machiavéliquement.
- Bientôt...

Aelita redoutait le moment de se coucher. Elle avait peur en fait de se retrouver seule face aux interrogations de Jérémie. D’un autre côté, c’était son droit. Mais elle n’avait pas pu s’empêcher de s’affairer et de trouver des prétextes pour ne pas se retrouver seule face à sa sourde colère. Pourtant, l’heure arriva. Elle finit de ranger le repas du soir et alla à la salle de bains pour se préparer pour la nuit. Quand elle en sortit, Jérémie était assis face à elle sur le lit et la fixait. Cela la perturbait plus qu’autre chose.
- Jérémie...
- Explique-moi Aelita. Car tu vois, je ne comprends pas. Nous sortons ensemble depuis quelque mois, c’est vrai c’est pas beaucoup mais je pensais que c’était sérieux entre nous. Je pensais qu’on pouvait tout se dire.
- Mais je te jure que je ne t’ai rien caché...Je t’en prie Jéré...
Mais il l’interrompit.
- Tu m’as menti. C’est ça qui me fait le plus souffrir Aelita. Ce n’est pas le fait d’ignorer la vérité qui fait mal, c’est le fait de savoir que ceux qu’on aime nous mente.
- Jérémie, je suis désolée. Je ne voulais pas te faire de mal. Je t’en prie, tu comprendras tout demain. Je te demande juste de me faire confiance. De nous faire confiance.
- C’est là le problème Aelita. Qui me dit que tu ne m’as pas menti pour autre chose...
Aelita, les larmes aux yeux, se jeta dans les bras de Jérémie pour tenter de se faire pardonner. Il ne la repoussa pas mais n’eut pas le même regard qu’avant envers elle. Ce qui ne la rassura pas du tout.
- Bonne nuit Aelita. Fit il d’un ton neutre.
La jeune femme se coucha de son côté et pleura silencieusement. La situation devenait trop compliquée et avait dérapée. Elle finit par s’endormir sur son chagrin, ignorant que Jérémie s’en était rendu compte et qu’il s’en voulait.

Yumi était dans sa voiture en train de rouler vers la province quand son portable sonna. Elle sourit quand elle reconnut l’appel.
-Shogi ? Oui. J’arrive dans 30 minutes. Dis leur de patienter. Mais oui je vais faire de mon mieux pour ne pas être en retard. Quoi ? Oui toi aussi tu me manques. Bye bisoux.
Mais au moment de raccrocher, son portable lui glissa des mains.
- Zut !
Elle chercha après mais elle fut éblouie par des phares d’un camion. Elle voulut l’éviter mais sa voiture ne répondait plus. Il n’y avait plus de freins. Elle évita le camion de justesse mais sortit de la route et fit des tonneaux avant de s’encastrer contre un mur. La violence du choc fut telle que la voiture n’avait plus de capot. De la fumée émanait de la voiture. Malgré l’impact, Yumi était encore consciente. Elle avait une entaille au niveau de la tempe et des blessures superficielles. Mais sa ceinture était bloquée. Yumi tenta de se dégager mais la ceinture ne cédait pas. Elle commença à paniquer, ne sachant que faire. Et surtout que ses forces commençaient à partir étant donné son état. Avant de fermer les yeux, elle entendit des pas sur l’herbe. Elle ne distingua pas la silhouette mais hurla quand elle vit le visage de l’homme accroupi, un sourire sadique aux lèvres :
- Je t’avais prévenue geisha...

Yumi hurla. Ce qui la réveilla. Car c’était bel et bien un cauchemar. Où plutôt un douloureux souvenir qui venait la hanter chaque nuit. Soit son accident, soit celui de ses proches. Elle ferma les yeux pour se concentrer tant elle s’était levée trop vite. Il lui fallu quelques minutes pour se rappeler qu’elle était à Paris, pourquoi et surtout comment un garçon avait pu atterrir dans son lit. Elle se souvint alors qu’elle avait passé la nuit avec. Sans faire de bruit pour ne pas réveiller Ulrich, elle s’habilla et regarda la nuit par la baie de la chambre.
- Shogi... Pourvu qu’il ne te soit rien arrivé...
Une larme coula sur sa joue qui fut essuyée par une main chaleureuse. La japonaise se retourna et vit Ulrich qui la regardait avec douceur. Elle lui sourit timidement et voulut se dégager de son emprise mais Ulrich voulait qu’elle lui fasse front.
- Yumi...Qu’est-ce qui se passe ?
- Rien. Tout va bien. Je t’assure. Je...Ecoute, j’ai passé une nuit merveilleuse avec toi mais...
- Mais ?
- On ne se connaît pas. C’est vrai ! Je t’ai vu la première fois, il y a à peine deux jours et on couche ensemble. Cela ne me ressemble pas. Non, ça va trop vite pour moi...
- Je sais que cela parait bizarre mais ce que j’ai ressenti et ce que je ressens quand je te vois est bien réel. Peut-être que ça va trop vite mais je suis sûr que tu as le même sentiment que moi. Si on a eu des flashs quand on se touchait et qu’on y était si proches, c’est qu’on a vécu quelque chose de très fort dans le passé. Et tu voudrais le gâcher ?
La japonaise était prise au dépourvu et n’aimait pas qu’on puisse lire aussi facilement en elle. Elle s’était trop aller. De là à passer la nuit avec un inconnu alors qu’on essaye de la tuer.
- Je suis trop bête...
Sa tempe la fit souffrir soudainement. Elle se massa machinalement, sachant qu’aucun médicament ne pourra la soulager. Ulrich vint l’asseoir sur le lit et prit place à ses côtés.
- D’où ça vient ?
- J’ai...J’ai eu un accident de voiture.
- Quand ça ?
- Il y a trois mois.
- Tu veux me raconter ce qui s’est passé ?
- Non, c’est gentil mais je me le repasse déjà toutes les nuits...
Yumi rougit à son aveu. Décidément, elle ne se contrôle plus quand il est là. Elle le regarda plus attentivement et le détailla sans le vouloir. Ulrich était vraiment séduisant, ténébreux et un peu mystérieux mais il l’envoûtait avec ses yeux. Il frôla son visage avec sa main et à nouveau, ils eurent un flash. Cette fois-ci encore plus concret.







(Cinq années plus tard)

Dix minutes ? Une heure ? Depuis quand se fixaient-ils sans bouger ? Pourquoi ne s’attaquaient-ils pas ? Ulrich porta sa main à son bassin. La blessure était profonde mais pas grave. Juste de quoi le mettre hors d’attaque. Quand à Yumi, son bras ne répondait plus. Elle dissimulait sa douleur derrière son visage impassible.
- Mais qu’est-ce qui m’arrive ? se demanda Ulrich.
Tout se bouscula dans la tête de Yumi. Elle avait cru voir une lueur d’espoir. Elle qui n’éprouvait plus rien depuis longtemps, ressentait un sentiment si lointain. De l’espoir. La japonaise pensait qu’il l’avait complètement détruite. Sa mission était d’anéantir l’ennemi. C’était une mission comme les autres. Du moins, cela aurait du être le cas si elle ne l’avait pas reconnu au moment de sa capture. Toute la haine qu’elle portait à ce monsieur « Hyksos » qui l’avait tant fait souffrir et qui avait fait d’elle une véritable tueuse s’était transposée sur lui. Ulrich avait disparu depuis des mois et en fait c’était lui qui était à l’origine de tout ce carnage.
De son côté, Ulrich avait découvert que la guerrière qui oeuvrait avec les résistants était celle qu’il aimait plus que tout. Mais on lui avait appris à la détester et à la haïr pour diverses raisons. Elle qui avait disparu depuis plus d’un an. La souffrance de sa perte qui avait contribué à son revirement de position. Mais cette guerrière avait aussi provoqué de nombreuses souffrances chez lui. Ulrich était passé du côté des méchants selon le point de vue du camp que l’on avait choisi. Il était loin le temps des combats sur Lyoko. Aujourd’hui, tout était à grande échelle. On se battait plus dans un monde virtuel mais à cause de lui, entraînant de grandes conséquences. Et ce face à face en était une parmi tant d’autres.

Un signal sourd se fit entendre depuis l’intérieur du bâtiment. Une alarme s’enclencha. Ce qui fit sortir les deux combattants de leurs pensées. Ulrich se figea tout à coup tandis que Yumi rangea son katana dans son dos, sourire aux lèvres. Une ombre se faufila sur le toit du bâtiment, se tournant vers la japonaise qui acquiesça du regard. Le beau brun se tenait debout devant elle. Il venait de comprendre. Mais il était tellement surpris du retournement de la situation qu’il n’en bougea pas. Il était salement blessé aussi.
- Tu...
- Nous reprendrons cette discussion une autre fois.
- Attends ! Tout cela n’était qu’un piège ! Tu...Tu t’es laissée avoir pour qu’ils viennent ici.
- Toujours aussi perspicace !
Les gardes commençaient à s’agiter à l’intérieur et Yumi comprit qu’il ne fallait plus traîner. Un hélicoptère s’entendit dans les airs et apparut juste au-dessus du toit. Les gardes commençaient à arriver. Yumi se précipita vers le mur et l’escalada pour être à la hauteur de l’échelle tendue par l’engin volant. Mais tout en grimpant, elle jeta un dernier regard au samouraï en lui disant :
- Je t’ai laissé en vie pour notre prochaine rencontre. Sois en pleine forme. Je ne t’ai fait qu’une seule cicatrice contrairement à toi. A bientôt mon amour. Fit-elle avec un sourire mesquin.
Ulrich la regardait s’envoler tandis que les gardes étaient prêts à tirer sur l’hélicoptère. Il hurla un NON et fixa Yumi du regard. Ses longs cheveux noirs et sa tunique grise virevoltaient dans le vent. Ulrich ne savait dire s’il était soulagé ou enragé de la tournure qu’avait prise la situation.







(Cinq ans auparavant)

Le mati se leva sur Paris, sortant ses habitants d’une nuit paisible. Enfin, pour certains. Ce n’était pas le cas d’Aelita. Elle avait eu du mal à s’endormir suite à la dispute qu’elle avait eu avec Jérémie la veille. Si on peut appeler cela une dispute. Elle ouvrit les yeux, voyant les rayons du soleil traverser les rideaux. Elle tourna sa tête et vit que Jérémie dormait toujours. La jeune femme se leva et se dirigea vers la cuisine. Elle prépara le café et commença à couper du pain. Tout en faisant cela, Aelita réfléchissait aux derniers évènements quand soudain quelqu’un frappa à la porte du studio. Elle s’arrêta, surprise, et regarda l’heure : 8h30.
- Qui peut bien être si matinal ? Ce n’est sûrement pas Ulrich, ni Yumi et encore moins Odd.
Elle se dirigea vers la porte et regarda par l’œil-de-bœuf pour voir qui était le visiteur. Elle blêmit quand elle le reconnut. Un homme en noir, un genre de garde de sécurité mais qui n’avait pas l’air d’avoir des intentions très honorables. D’ailleurs, elle pouvait voir qu’il dissimulait quelque chose sous son pull noir. Elle recula, effrayée mais en prenant soin de ne pas faire de bruit. Malheureusement, elle percuta une table qui tomba à terre faisant un bruit d’enfer. L’homme redoubla de coups sur la porte. Aelita courut vers la chambre et referma à clé la porte. Pendant qu’elle était en train de faire glisser la commode devant la porte, Jérémie qui avait été réveillé par le bruit de la table, la regarda avec de grands yeux.
- Je peux savoir ce que tu fabriques ?
Aelita se retourna sur lui, le visage défiguré par la terreur. Jérémie blêmit quand il la vit ainsi et se leva direct pour lui demander ce qu’elle avait. Mais elle lui fit signe de se taire. Ils écoutèrent mais il n’y avait plus aucun bruit. Elle chuchota :
- Il y a un homme en noir, un genre de garde, qui est en train de tambouriner à la porte.
- Et qu’est-ce qu’il veut ? Qu’est-ce qui se passe Aelita ?
- Je ne sais pas...
Mais ils furent interrompus quand ils entendirent un énorme choc. La porte du studio venait d’être ouverte avec grand fracas. Jérémie attrapa une batte de base-ball et s’approcha de la porte en prenant soin de placer sa petite amie derrière lui. Elle lui murmura :
- Et s’il est armé ?
Jérémie ne répondit pas. Il avait peur mais ne voulait pas qu’Aelita le voit ainsi. Il agrippa de toutes ses forces la batte et fit signe à Aelita de reculer la commode. Ils attendirent quelques instants mais il n’y avait plus aucun bruit dans le salon. Comme si l’homme était parti. Jérémie patienta encore quelques minutes avant d’ouvrir. Il tourna la poignée et rentra dans le salon. Tout avait été retourné, comme si on avait cherché quelque chose. Aelita le suivit à son tour et c’est là que l’homme en noir refit surface. Il se jeta littéralement sur Jérémie et finirent tous deux à terre. Aelita hurla de peur mais Jérémie ne se laissa pas faire. Ils s’engagèrent dans une lutte sans merci mais très vite, Jérémie ne fit plus le poids contre son agresseur. Ce dernier sortit un couteau et allait l’abattre sur le pauvre génie quand l’agresseur s’écroula tout d’un coup, laissant apparaître Aelita avec la batte de base-ball. Elle aida Jérémie à se relever, encore secoué par ce qui venait d’arriver. Aelita pleura tant elle avait eu peur. Jérémie la prit dans ses bras et lui dit :
- Pardonne-moi Aelita. Je te crois maintenant.
- Jérémie, c’est plus grave que je le pensais. Il faut vite retrouver les autres. Je vous expliquerai tout une fois qu’on sera tous réunis.


Quand le beau brun se réveilla, il ne trouva pas Yumi à ses côtés. Il eut un léger pincement au cœur mais changea vite d’expression quand il la vit revenir de la douche. Elle était déjà habillée et prête. Elle avait noué ses longs cheveux en une queue de cheval et avait mis un jeans et un pull noir à col bateau. Ulrich la trouvait très sexy mais se souvint de leur discussion de la veille. Ils avaient préféré en rester là avant de savoir toute la vérité sur leur passé. Ils étaient attirés l’un par l’autre, c’était évident. Mais ils n’arrivaient pas à s’expliquer pourquoi. Et les flashs les perturbaient encore plus. Surtout le dernier. Mais aucun des deux ne voulait en parler. Ils avaient décidé de rester amis. Bon d’accord, ils avaient passé la nuit ensemble mais il n’y avait plus rien eu après leur discussion.
- Il faut qu’on y aille, fit la japonaise d’un ton détaché.
Cela fit sortir le beau brun de ses regrets et se leva pour s’habiller. Ulrich se dirigea vers la salle de bain. Yumi ramassa ses affaires quand on frappa à la porte. Elle n’alla pas ouvrir, attendant qu’on s’annonce.
- Room Service !
La japonaise souffla de soulagement et alla ouvrir. Le groom apporta un plateau, typique du service des hôtels de ce genre. Yumi sourit en pensant qu’Ulrich avait tout prévu.
- C’est gentil d’avoir pensé au petit déjeuner, Ulrich !
- Hein ? Mais j’ai rien commandé... fit le jeune homme depuis la salle de bain.
La japonaise ne comprit pas tout de suite mais quand elle vit le groom sortir une arme dessous le plat, elle se douta que c’était un piège. Il s’avança lentement vers elle qui reculait de plus en plus.
- Qui êtes vous ?
- Cela n’aura bientôt plus d’importance !
- Pourquoi voulez-vous ma mort ?
- Tu poses trop de questions geisha !
Il se jeta sur elle, tombant tout deux sur une table en verre et voulut la poignarder. Elle retenait la lame grâce à ses mains mais du sang commençait à couler à cause de la force de son agresseur. Elle hurla. Il lui mit la main sur la bouche pour l’empêcher d’hurler et continua d’appuyer plus fort. Mais il se stoppa net quand Ulrich l’assomma avec un vase. Ulrich aida la japonaise à se relever.
- Tu vas bien ?
Elle lui montra ses mains mais n’arrivait pas à détacher son regard de son agresseur. Il lui semblait familier. Mais elle ne savait dire où et quand elle l’avait vu. Ulrich l’assit sur le lit et lui fit un bandage aux mains.
- ...Merci.... Murmura t’elle. Elle avait les yeux brillants. Elle avait eu tellement peur. Ulrich comprenait la peur qu’il avait pu lire à de nombreuses reprises dans ses yeux. Il se releva du lit et lui dit :
- Viens. On va rejoindre les autres. Il ne faut pas traîner ici.

Ils se rejoignirent tous au même endroit, l’ancien collège Kadic. Les deux couples arrivèrent en même temps. Quelques temps après, arriva Odd. Ils commencèrent à parler une fois à l’intérieur, après qu’Aelita les ait emmené à l’ancien étage des garçons. Dans l’ancienne chambre d’Ulrich et d’Odd. Ils fermèrent la porte et Aelita commença à parler pour faire le résumé de la situation à Odd qui était arrivé plus tard.
- Nous avons été tous les quatre attaqués chez nous. On a essayé de tuer Yumi. Et je crois que notre agresseur était venu pour moi.
Jérémie fut glacé par ses paroles mais ne dit rien. Odd était aussi étonné et perplexe par les dires de la jeune femme. Mais quand il vit les mains bandées de la japonaise, il sut qu’elle disait vrai.
- Aelita, explique nous ce qui se passe. Ca commence à prendre une tournure très inquiétante. Fit Odd.
- Il y a à peine un an, nous avons vaincu Xana...
Tous l’écoutèrent attentivement.
- Ce fut notre plus grand combat. Il eut de nombreuses conséquences. Nous n’avons pas pu faire de « retour vers le passé » car l’usine avait été détruite lors de ce combat. Nous y avons chacun perdu quelque chose. Mais vous le verrez dans la vidéo.
- C’est le contexte, si je ne m’abuse, fit Ulrich.
- Oui, tu as raison. Donc après le combat, d’un commun accord, j’ai effacé votre mémoire. En fait je l’ai fait pour moi aussi mais cela n’a jamais marché.
- Pourquoi effacer ? demanda Jérémie.
- Pour que personne ne soit au courant l’existence de Lyoko et de Xana.
- Mais alors pourquoi nous réunir maintenant si nous nous souvenons plus de rien ? fit Yumi
- Parce que justement, des gens ont réussi à retrouver la piste de Lyoko et de Xana. Ils veulent tout bonnement le reproduire mais à leurs fins.
- On se croirait dans James Bond, fit Odd pour détendre l’atmosphère.
- Oui mais pourquoi nous tuer ? demanda la japonaise nerveuse.
- Parce que nous sommes les seuls à les en empêcher. Fit Jérémie. Aelita acquiesça de la tête.
- Eh bien, maintenant, il va falloir les combattre. En conclua Ulrich.


Dans l’entrepôt.

Une femme sortit de l’ombre et vint s’asseoir sur le bord du bureau du chef en croisant les jambes. Elle était d’une beauté fatale et son visage trahissait ses convictions pas très nobles. Elle lui dit :
- Pourquoi en avoir besoin ? Mieux vaut les tuer maintenant que nous avons tout ce que nous voulons.
- Je t’avais dit de ne pas t’en mêler mais tu en fais toujours à ta tête ! Il me les faut vivants ! Tu entends ? Nous n’avons pas tout justement ! Il me manque un élément pour recréer le programme Xana. Et eux-seuls le savent.
- Toujours obnubilé par cette quête du pouvoir ultime...
- Tu ne peux décidemment pas comprendre...
- Non, c’est vrai, je ne peux pas comprendre. Mais je t’aurais prévenu. Tôt ou tard, tu regretteras de ne pas les avoir tués quand tu avais l’occasion.
- Laisse-moi, Lena.
La femme nommée Lena sortit du bureau, à moitié satisfaite par l’entretien. Elle se dirigea vers le centre de l’entrepôt pour voir comment avançaient les techniciens et les scientifiques occupés à travailler sur une étrange tour. Le chef, quand à lui, resta à son bureau en train de regarder les photos. Puis il jeta tout à terre, de rage.


Aelita sortit une vidéo sous un vieux matelas et la tendit à Jérémie pour qu’il la mette dans son portable qu’il avait pris pour l’occasion. Mais avant d’enclencher la vidéo, Aelita se retourna sur chacun d’eux.
- Je vais vous montrer votre passé. Mais sachez une chose, c’est que si vous ne vous souvenez plus de rien, c’est aussi pour ne pas revivre de profondes blessures.
Yumi se leva et la regarda en lui disant :
- Aelita, cela fait presque un an qu’on essaye de me tuer. Je ne sais pas qui ni pourquoi. Je veux savoir ce qui est arrivé à ma famille et aussi mon accident.
Ulrich prit à son tour la parole :
- Et puisqu’on doit les combattre, autant qu’on sache comment et contre qui.
- Contre qui, la vidéo ne le vous dira pas. Mais comment s’y préparer, cela oui. Mais je me répète. Vous allez tous revivre des souvenirs difficiles.
- Allons-y Aelita. Nous voulons tous savoir la vérité. Quel qu’en soit le prix. Fit Jérémie.







Trois ans se sont écoulés depuis qu’on a vu la vidéo et appris la vérité. Trois ans que nous vivons noyés dans la masse pour survivre. Trois années à chercher et à découvrir qui sont ces gens. Aujourd’hui, nous savons enfin contre qui nous nous battons.
Aujourd’hui, notre destin est en marche...


Yumi se trouvait dans un conduit d’aération et s’y faufilait depuis 20 mètres. De son oreillette, elle était guidée par la voix d’Odd.
- Tourne à droite et continue. Dans 10 mètres, tu seras juste au-dessus de la salle principale.
Yumi continua, suivant les instructions de son coéquipier. Elle s’arrêta et à travers la grille, fit glisser un miroir. Elle entrevit le contenu de la salle et l’immense tour qui trônait au centre. Elle fut glacée d’effroi par de douloureux souvenirs à sa vue puis prit des photos de l’endroit avant de revenir sur ses pas. Elle fit attention de ne pas être repérée. Après quelques minutes, elle ressortit de l’entrepôt et alla sur la moto d’Odd qui l’attendait. Ils partirent aussitôt dans une direction tout à fait opposée.

Odd entra dans un vieil entrepôt qu’ils occupaient depuis plus de trois ans. Ils en avaient fait leur QG. Ulrich et Jérémie étaient en train de regarder les plans de construction et de canalisation du vieux port. Le blondinet arriva, sourire aux lèvres, fier de la réussite de sa mission. Car depuis trois ans, ils effectuaient des missions en parallèle de leurs études pour ne pas se faire repérer. Un peu comme des agents secrets sauf qu’ils n’avaient pas la technique aussi poussée même si Jérémie était le génie de la bande et aussi parce qu’ils agissaient à leur propre compte. Odd jeta sur la table les clichés qu’ils venaient de prendre, Yumi et lui. Elle s’était introduite par les canalisations grâce à sa souplesse. Ils travaillaient en équipes et cela fonctionnait ainsi depuis.
- Voila ce qui les occupent tant. Fit Odd.
Ulrich, Aelita et Jérémie jetèrent un œil aux photos. Ils eurent tous les trois une expression différente. Jérémie jura, Aelita blêmit et Ulrich ne dit rien mais son visage trahissait son sentiment. Il s’était durci. Yumi arriva quelques minutes après et les rejoignit à la table.
- J’arrive pas à y croire fit Aelita.
- Moi ça ne m’étonne qu’à moitié...fit Jérémie.
- Tous ces sacrifices pour rien ! Fit le beau brun. La japonaise vint se placer contre lui pour le réconforter tant bien que mal et mit sa main sur son épaule.
Devant eux, des photos d’une tour semblable à l’ancien supercalculateur mais modifié.
- Ce n’est pas tout. Ils ont toute une série d’ordinateurs dans la salle. Et il y a une salle à part. Je suis sûre que c’est là qu’il dirige tout. Fit-elle.
« Il » étant Tim Anka. Un fanatique de pouvoir qui avait connu le père d’Aelita et qui avait eu entre ses mains tous les travaux de Franz Hopper dans d’obscures conditions. Anka travaillait avant pour l’armée, d’où les moyens impressionnants qu’il avait à sa disposition. C’était une personne haute placée et quasi intouchable. Tim avait une complice, Lena Olijn ; aussi avide de pouvoir que lui. Tous deux anciens agents du gouvernement. Les cinq amis avaient découverts au bout de ces trois longues années qu’ils voulaient se venger de l’armée mais surtout du gouvernement pour les avoir laissés pour morts et niés leur existence une fois aux mains des ennemis. On se serait cru dans un film d’espionnage. Mais l’enjeu était tout autre. Grâce à Lyoko et Xana, ils anéantiraient toute forme d’autorité pour régner en vrais tyrans sur le pays. Quel qu’en soit le prix. Les cinq amis savaient très bien que si Xana était recréé, il ne se laisserait pas commander aussi facilement et surtout prendrait sa revanche sur eux. Bref, encore un bel avenir en perspective !

Ce qu’ils avaient découverts par la vidéo les avaient profondément marqués mais ne les avaient pas empêché d’accomplir leur devoir. Leurs identités, passés et activités avec Lyoko, tout était repris dans la cassette. Y compris les relations. Yumi et Ulrich avaient fini par découvrir l’origine de leur attirance. Jérémie et Aelita avaient renforcé leur relation.

(flash-back)
Ils enclenchèrent la vidéo après s’être tous mis d’accord. L’écran s’alluma et ils se virent sur le pc. Apparemment, ils avaient filmé juste après la bataille contre Xana. Ils étaient tous salement amochés. Jérémie prit la parole le premier sur l’écran.
- Tout d’abord, il faut que vous sachiez que si tout s’est bien passé comme je le pensais, Aelita a dit vrai. Nous avons, d’un commun accord, effacé notre mémoire. Cette bande vidéo est la seule preuve de votre passé. Nous avons combattu durant des années contre une entité informatique autonome du nom de Xana. Nous avons réussi à y mettre un terme définitivement mais au prix de certains sacrifices. Nous y avons perdu des proches lors de ce combat. Bien sûr, les autorités nient tout en bloc et affirment qu’il y a eu une catastrophe d’origine inexpliquée. Je vous dis cela pour ne pas oublier tous les efforts et les sacrifices qui nous en ont coûtés. Je vais maintenant laisser la parole à chacun d’entre nous pour que vous vous rappeliez tous qui vous êtes et pourquoi vous êtes aujourd’hui là.
De leurs côtés, Odd, Jérémie, Ulrich et Yumi avaient du mal à y croire mais au fur et à mesure, des souvenirs lointains et assez flous s’imbriquèrent dans leurs mémoires et prenaient enfin une certaine cohérence. Ce fut au tour d’Odd de prendre la parole sur la vidéo. Il avait un regard triste, lui qui était de nature si joyeuse et si optimiste. Il essaya pourtant de sourire malgré la situation. Il se présenta en résumant tout ce qui le concernait et prit un air plus sombre pour ce qui allait suivre. Puis ce fut le tour de Yumi et d’Ulrich. Pareil. Même présentation. Pourtant, quelque chose les avait brisés tous. A différents niveaux mais ils n’étaient plus pareils. La vidéo durait une bonne vingtaine de minutes mais cela était suffisant pour résumer tout ce qui était nécessaire à savoir pour leur survie. Le reste allait revenir automatiquement, en parlant des combats. Quand l’écran s’éteignit, Yumi se leva et sortit dans le couloir, les larmes aux yeux. Ulrich la rattrapa. Aelita savait très bien ce qui allait se passer. C’est pour cela qu’elle avait déconseillé de regarder la K7. Odd n’en revenait pas. Il s’était fait berné par une fille qui n’était rien d’autre qu’un spectre. Mais à cause de son aveuglement, il avait mis ses amis en danger. Jérémie avait été possédé par Xana et avait failli tuer Aelita et les autres. Mais le plus difficile avait été entre les deux autres amants. Xana les avait poussés à bout et les avait déchirés par ruses. Possessions, affrontements, choix, tout avait été fait pour les opposer. Il savait que leur amour était très fort. Tout comme l’amitié qui les liait tous les cinq. Ils en avaient tous soufferts, surtout eux deux. Ulrich la rattrapa dans le couloir.
- Yumi ! Attends.
- Ca ne sert à rien...
- Je me fous de cette vidéo. Ce que j’ai ressenti pour toi avant de savoir la vérité compte plus que cette vidéo ! Je sais que je tiens à toi et que si on est attirés, c’est parce qu’on s’aimait déjà bien avant.
- Je sais plus quoi penser...Je sais plus où j’en suis !
Il la prit dans ses bras et l’embrassa passionnément. Elle ne se recula pas. Cela la réconfortait plus qu’elle ne l’aurait pensé.
- Je t’aime et c’est tout ce qui compte pour le moment, quoi qu’il se soit passé avant, que Xana a voulu nous faire croire. Fit le beau brun en tenant le visage de la japonaise pour qu’elle le regarde dans les yeux. Ses yeux étaient si brillants et ne savait quoi dire à une pareille déclaration. Elle ne put que se blottir dans ses bras. Tout se chamboulait dans sa tête. En fait, c’était le cas de tout le monde. Après quelques minutes, ils rentrèrent dans la chambre et Aelita se leva pour dire : vous savez maintenant ce qui nous attend.


(fin du flash-back)

- Bon, hé bien, y a plus qu’à ! Fit Odd.
- Attends. Quand j’étais dans le conduit, je les ai entendu parler d’un projet. fit la japonaise
- Lequel ? demanda Jérémie
- Je n’ai pas entendu le nom mais apparemment, c’est très important et lié à la tour. Ce projet se trouve dans un autre endroit. Il faut que j’y retourne pour en savoir plus.
- Yumi, c’est trop risqué... fit Ulrich.
- Ulrich a raison, cela ne sert à rien de se jeter dans la gueule du loup sans y être préparée. Fit Aelita.
- D’un autre côté, si nous n’avons pas toutes les cartes pour savoir contre quoi nous allons nous battre, cela ne va pas nous aider. Argumenta Odd.
- T’en penses quoi, Jérémie ?
Il ne répondit pas, réfléchissant sur l’éventualité du projet. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ?
- Oh Jérémie ! On te parle !
- Excuse-moi Aelita. Je réfléchissais.
- Ca se voyait ! fit ironiquement Odd.
- Je crois malheureusement que Yumi a raison. Si on ne sait pas c’est quoi, on ne sera pas prêts pour les combattre et on a aucune chance de les vaincre.
La japonaise se leva et dit :
- Bon ben c’est réglé alors.
- Je t’accompagne. Fit Ulrich.
Yumi lui sourit. Ils étaient si complices et si proches depuis trois ans. Ils se connaissaient par cœur et se complétaient aussi bien sur le terrain que dans la vie. Même si leurs caractères étaient assez différents. Jérémie se leva aussi et dit gravement :
- Ecoutez, c’est notre dernière chance. Mais il ne faut pas vous faire prendre, je ne sais pas ce qui se cache derrière ce « projet » mais c’est la dernière étape avant de les attaquer et de mettre une fin définitive aux projets de Tim et de Lena. Même si on ne sait pas vraiment à quoi ils ressemblent. Alors voila ce que nous allons faire...

Le lendemain, Odd, Yumi et Ulrich étaient de retour à l’entrepôt. Leur objectif était juste de découvrir la nature du « projet ». Mais c’était assez risqué car c’était le QG de Anka et de Olijn. Odd devait les attendre avec les deux motos et les aideraient si besoin. Ulrich et Yumi allaient passer par le toit, le seul endroit qui n’était pas surveillé. Jérémie les guidait depuis les oreillettes d’après son écran d’ordinateur. Aelita se trouvant à ses côtés, lui dit:
- Franchement, Jérémie, j’aurais pu aller les aider.
- Aelita, tes capacités ne sont pas en question et tu le sais. C’était tout bonnement irresponsable de leur envoyez ce qu’ils attendent depuis trois ans.
- Oui...tu as raison...Mais je me sens coupable...
Jérémie lui fit face et la tint par les bras en lui disant :
- Aelita, tu ne dois rien te reprocher. Rien n’est de ta faute. On ne sait même pas ce qu'ils te veulent. Justement, ta rencontre a changé nos vies à tous les cinq. Mais on en est heureux. Ne t’en fais pas Aelita. On va s’en sortir ! Bientôt, je te promets que tu la verras la mer. On ira rien qu’à deux. Je t’en fais la promesse.
Elle l’embrassa, heureuse qu’il n’ait pas oublié qu’elle avait toujours voulu voir la mer.
De leur côté, Ulrich et Yumi étaient sur le toit et préparaient les cordes pour descendre par les conduits d’aération. Tout en faisant cela, Ulrich lui dit :
- On se croirait vraiment dans des films d’espionnage.
- C’est vrai. Mais maintenant plus rien ne m’étonne à vrai dire.
Ils s’embrassèrent puis elle lui dit :
- Prêt ?
- Toujours !
Yumi descendit la première, assurée par Ulrich qui resta sur le toit. D’après Jérémie, Yumi allait arriver devant une salle annexe à l’entrepôt. Après quelques instants, la japonaise arriva juste au-dessus d’une salle tout à fait sombre. Il ne semblait y avoir personne. Elle fit signe à Ulrich de lâcher la corde et elle atterrit avec souplesse sur le sol. C’était une immense salle très noire. Elle alluma sa torche et parcourut la salle pendant qu’Ulrich la rejoignit. Il alluma à son tour la torche et se figèrent quand ils virent au bout de la lumière des énormes machines. Et pas n’importe lesquelles. Des krabes modifiés.
- C’est pas possible...Comment...comment ils ont fait ? fit Yumi interloquée.
- Je ne sais pas...Jérémie ? Tu m’entends ?
- Oui Ulrich.
- Je crois qu’on a un gros problème. Ils ont réussi à reproduire les krabes.
- Quoi ? Tu te fous de moi ?
- J’en ai l’air ?
Yumi parcourut la pièce et arriva devant une porte. Elle se mit contre pour entendre s’il y avait du bruit. Ulrich la rattrapa et se mit à sa droite. Elle lui dit signe d’attendre 3 secondes puis elle ouvrit la porte à la volée. Ils se retrouvèrent dans l’entrepôt mais il était vide. Plus rien. Elle grimpa en vitesse au bureau de Tim et ne trouva que des photos. Des photos d’eux cinq. Ulrich faisait le tour pendant que Yumi regardait les dossiers qui étaient sur le bureau. Soudain, un décompte se fit entendre. Yumi n’y fit pas attention, trop absorbée par ce qu’elle lisait. Ulrich entendit le signal et cria :
- Yumi, il faut s’en aller !
- Attends, je crois avoir trouvé quelque chose...
Devant elle se trouvait la réponse à toutes ses questions. Son dossier. Elle l'ouvrit et découvrit que c’étaient eux, Tim et Lena, qui avaient commandité l’accident de ses parents et le sien. Et plus elle parcourait les feuilles, plus une expression d’horreur se lisait sur son visage. Ses parents n’avaient tout simplement été qu’un simple avertissement.
Le signal s’interrompit brusquement.
- Yumi, bon sang ne reste pas là !
- Ulrich, qu’est-ce qui se passe ? j’ai entendu un signal ! Sortez de là, je vois de l’agitation dans les environs. Fit Jérémie, un peu paniqué.
Et juste au moment où il terminait sa phrase, un krabe perça le mur. Il identifia les deux cibles et s’orienta vers le bureau où il chargea ses tirs. Ulrich le comprenant, hurla à Yumi de se baisser, ce qu’elle fit instinctivement. C'est ce qui lui sauva la vie car trois secondes plus tard, le mur derrière elle était éventré. Elle se releva et vit qu’Ulrich tenta d’attaquer le krabe. Mais ils n’étaient pas armés vu que cela devait être une simple mission d’observation. Yumi allait le retrouver quand son regard tomba sur un autre dossier qui avait volé dans l’attaque. « AELITA ».







Sachant qu’elle ne devait pas perdre de temps, Yumi glissa le dossier sous son pull et alla aider Ulrich. Le pauvre avait beaucoup de mal, sans armes devant le krabe. La japonaise courut aux côtés du beau brun et regarda en vitesse la pièce. Quelque chose qui pourrait les aider...mais quoi ? Ulrich essayait toujours de fatiguer le krabe en attendant de trouver un moyen de le détruire. Yumi trouva enfin une solution.
- Ulrich ! Envoie-le vers moi !
- Tu es sûre de ton coup ?
- Fais-le !
Ulrich se plaça sous le krabe de manière à ce qu’il ne sache plus où il est et la japonaise l’appela.
- Eh le crustacé ! Viens voir maman !
Ca ne rata pas. Le krabe se dirigea vers elle, décidé à l’éliminer une bonne fois pour toute. Le beau brun suivait d’un œil assez inquiet la manœuvre de sa petite amie quand il fut interrompu par une voix familière depuis son oreille.
- Ulrich ? Qu’est-ce qui se passe là-bas ? fit Jérémie dans l’oreillette.
- On a un krabe sur le dos et sans armes, on n’arrive pas à s’en débarrasser.
- Grouillez-vous, vous allez bientôt avoir de la visite.
- T’es marrant toi...
Il regarda où en était la japonaise. La machine était en train de foncer sur elle et Yumi ne semblait plus être sûre de son coup. Elle cherchait dans son dos tout en reculant le moment où elle atteindrait les câbles électriques. Malheureusement pour elle, le krabe était plus rapide et plus agile que les anciens de Xana. Et plus elle reculait, plus il s’approchait d’elle. Mais la japonaise n’arrivait pas à trouver les câbles.
- Ulrich...
- Attends, je crois avoir trouvé...
- Dépêche-toi...
- Je fais ce que je peux !
Le krabe était juste devant elle et s’était immobilisé pour mieux la fixer. Après quelques secondes d’inactivité, il chargea un tir en visant la jeune femme. Cette dernière ferma les yeux en attendant le tir tout en se disant que c’était trop bête de mourir ainsi et si tôt. Elle attendit mais rien n’arriva. Et pour cause, quand elle rouvrit les yeux, Ulrich avait cramé les circuits de la machine avec des câbles électriques. Il s’approcha d’elle et lui donna la main pour l’aider à sortir de là. Ils coururent vers l’endroit où Odd les attendait et s’en allèrent vers leur point de repère. Mais ce qu’ils ignoraient, c’était que quelqu’un avait tout suivi du combat et de l’opération et avait décidé de les filer. Cependant, juste avant de se mettre en route, il prit son portable et composa un numéro. Une voix décrocha à l’autre bout.
- Oui.
- Tout a été comme vous le pensiez, Monsieur.
- Bien. Nous pouvons passer à l’autre plan. Je la veux vivante. Vous m’avez bien compris ?
- Oui, Monsieur Anka.
L’homme raccrocha et partit en moto.

Ailleurs, dans un entrepôt, un homme raccrocha son téléphone avec un sourire de satisfaction sur les lèvres. Il ouvrit une porte et appuya sur l’interrupteur révélant cinq krabes « nouvelle génération ». Ces machines n’avaient plus rien en commun avec celles de Xana. Non, ici, les deux amants terribles avaient poussé l’ingéniosité beaucoup plus loin. Chaque robot était adapté aux défauts et qualités des cinq lyokoguerriers. Même Jérémie avait son adversaire malgré qu’il ne soit pas un combattant actif. Tim était proche de la conclusion de ses recherches et il était prêt à faire des sacrifices et à user de tous les moyens pour parvenir à ses fins. Le crime devenait une fin en soi pour lui. Lena entra derrière lui et l’embrassa, fière de la réussite de son compagnon.
- Regarde ma belle. Bientôt, ces petits bijoux vont se déferler sur les rues de Paris et personne ne pourra les arrêter.
- Sauf les cinq...
- ...qui viendront me supplier d’arrêter.
- Ce que tu accepteras en échange de la fille.
- C’est ce qu’ils penseront, en effet. Dit Tim.
- Machiavélique. Comme je les aime. Fit Lena.
Elle l’enlaça avec également un sourire de satisfaction. Enfin, ils allaient avoir leur vengeance. Une fois que Xana sera recréé, plus rien ne pourra les arrêter. Il prit un boitier et appuya sur un bouton puis éteignit la lumière du hall. Dans l’obscurité, dix yeux rouges s’allumèrent et brillèrent dans la noirceur de la salle. Un décompte se fit entendre. Il ne restait que six heures avant l’étape finale. Six heures avant la destruction de Paris et la fin des lyokoguerriers.







Un peu plus tard, Odd, Ulrich et Yumi arrivèrent dans leur entrepôt. Ils pénétrèrent dans un large couloir qui déboucha sur une immense salle : leur QG. Aelita leva la tête en les entendant arriver tandis que Jérémie se concentrait sur les dernières données qui lui étaient parvenues. Les trois amis s’assirent en se faisant face et furent rejoints par leur amie. Jérémie se retira enfin de son écran et se retourna pour être face à ses amis. Il annonça d’une voix grave :
- Je crois que nous les avons sous-estimé.
- C’est le moins qu’on puisse dire, fit Ulrich.
- Tu as découvert quelque chose, Yumi ? demanda Aelita.
- Oui, ceci.
La japonaise jeta sur la table le dossier avec le titre AELITA. Cette dernière était à la fois surprise et horrifiée de voir que quelqu’un avait répertorié la vie de la jeune femme dans un dossier. Tout en le feuilletant, son visage se décomposa. Yumi dit d’une voix dure :
- Ils ont commis tous ces crimes dans un seul but. Avoir Aelita pour recréer Xana.
- Mais comment ? Je ne comprends pas ! fit Odd.
- C’est simple, Odd. Dit l’humanoïde. Apparemment, ils ont besoin de mon code génétique pour reproduire Xana.
- Quoi ? Mais c’est de la folie ! fit ce dernier.
- C’est pourtant la vérité. Fit Yumi qui se leva pour s’isoler un peu.
Elle semblait dépassée par les évènements ou plutôt excédée par quelque chose. Elle s’éloigna de ses amis pour leur dissimuler son trouble et surtout sa fureur envers Anka et Olijn. Ulrich l’avait remarqué et voulait la rejoindre quand Jérémie le coupa dans ses songes en lui demandant :
- A quoi ressemblaient les krabes ?
- Plus intelligents que ceux de Xana. Plus puissants aussi. Mais pas invincibles pour autant. Ce qui me perturbe, c’est qu’il n’y en avait qu’un qui nous a attaqué. C’est vrai ! pourquoi ne pas les avoir tous mis en route pour nous éliminer une bonne fois pour toutes.
- Pour jouer avec nos nerfs, tiens ! fit Odd.
- Je n’aime pas ça, Jérémie. Fit l’humanoïde qui déposa le dossier sur la table. On ne sait pas ce qui nous attend et je sens que cela va être terrible.
- Ecoute-moi Aelita. Nous disposons d’assez d’informations pour avoir une idée de ce qu’ils nous préparent. Dit Odd pour tenter de la rassurer.
- Oui mais nous ignorons quand et où ils vont attaquer. Fit Ulrich qui essayait de retrouver Yumi du regard. Mais elle n’était plus dans la pièce.
- A mon avis, d’après ce que tu nous a dis, ils vont utiliser des krabes. Maintenant, je ne sais pas combien seront-ils. Fit le génie.

Cette phrase assombrit l’humeur des quatre amis. Jérémie se rapprocha d’Aelita pour tenter de la rassurer. Odd appela sa petite amie Ava qui était chez ses parents pour la semaine, loin de Paris. Cela le rassurait de la savoir loin du danger et ainsi elle n’allait pas être mêlée aux plans machiavéliques des deux tordus comme il les surnommait. Ulrich se leva et partit chercher Yumi. Elle n’était ni dans l’entrepôt ni dans leurs chambres (qui étaient aussi dans cet entrepôt pour une question de facilité). Après avoir refermé la porte de leur chambre, il sourit quand il trouva l’endroit où elle pouvait être dans un moment pareil. Quand la japonaise avait besoin de s’isoler, elle allait le long d’une berge près du fleuve, le soir de préférence quand il n’y a que le silence autour. Elle s’asseyait en tailleur et fermait les yeux pour se concentrer sur les évènements passés qui l’avaient marqués. C’est d’ailleurs à cet endroit que le beau brun la trouva. Dans la même position. Il vint sans bruits s’asseoir derrière elle de telle manière qu’il pouvait la prendre dans ses bras. Sans ouvrir les yeux, elle sourit en ayant reconnu son odeur et enroula ses bras contre les siens. Elle lui dit :
- On arrive toujours à se retrouver.
- Qu’est-ce que tu as, Yumi ?
A la question, elle perdit son sourire et son expression devint plus dure et grave. Ses yeux ouverts témoignaient d’une fureur qu’elle contrôlait avec difficulté.
- Mes parents sont morts dans un accident de voiture pour la simple raison qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment.
- Comment ça ?
- Un type embauché par Tim et Lena leur avait certifié que je voyageais avec eux et c’est pour cette raison qu’ils ont commandité l’accident.
- Mais tu n’y étais pas.
- Oui. J’avais reçu un appel si je me souviens bien. Mais c’est très flou en ce qui concerne les circonstances.
- Et c’est après que tu as ton accident et qu’ils ont tenté de te tuer.
Elle frissonna. Froid ou frayeur ? Elle ne savait pas le dire. Quelque chose s’était brisée en elle à l’entrepôt en même temps que quelque chose était apparu : Une fureur redoutable. Pire. Un désir inconscient de vengeance. Ulrich lui prit la main et la releva. La japonaise lui fit face et l’interrogea du regard sur ses intentions mais ce dernier lui répondit avec un sourire amoureux. Il l’embrassa tendrement et lui dit :
- ferme les yeux, Yumi.
- Ulrich...C’est pas le moment de jouer, fit-elle à moitié rieuse.
- Ferme les yeux et fais-moi confiance.
- Ok. Si t’insistes. Mais n’en profite pas quand même...dit elle avec un petit sourire.
Ulrich vérifia qu’elle avait bien les yeux fermés et sortit de sa poche un collier avec un anneau sur lequel était inscrit : A toi pour toujours. Le beau brun prit la main de la jeune femme et y glissa la chaîne. Cette dernière rouvrit les yeux et fut surprise par le présent. Elle regarda en détail l’anneau et lui sourit en lui disant :
- Tu l’as fait...
- Je te l’avais promis. Et je vais te faire une autre promesse, Yumi. Quand toute cette histoire sera terminée, tu porteras cette bague.
- Vraiment ?
- Oui Madame Stern.
- Future Madame Stern. Fit-elle en rigolant.
Ulrich était heureux de retrouver la Yumi qu’il connaissait, si joyeuse et si complice avec lui. Il venait de se rendre compte, en la contemplant en train de mettre le collier, combien elle s’était embellie depuis trois années et combien il l’aimait plus que tout. Il était sûr d’une chose, il voulait passer sa vie avec elle.
- Ulrich ?
Elle le sortit de ses pensées et fut surpris de la voir si près de lui.
- A quoi tu pensais ?
- A toi.
- Mais à part ça ? dit-elle en feignant de ne pas comprendre où il voulait en venir.
- A ça aussi.
Il l’attrapa par la taille et l’embrassa passionnément. Il l’entraîna dans une chute sur l’herbe et roulèrent jusqu’à arriver dans un coin tranquille. Ulrich qui se trouvait sur elle la regarda tendrement, ce qu’elle lui rendit. Sa bouche s’approcha de la sienne et ils s’embrassèrent comme pour la première fois. Avec autant de timidité très vite suivie par un souffle de passion à laquelle ils s’adonnèrent pour ne faire plus qu’un comme lors de leur rencontre à l’hôtel.







Odd alla s’allonger dans sa chambre sur son lit. Il prit le cadre où se trouvait une photo d’Ava et de lui. Ava était une belle jeune femme aux longs cheveux bruns bouclés, un peu baba cool. Elle avait aussi des yeux d’un vert pétillant et était aussi extravertie que lui. Il est vrai qu’à première vue, ils n’ont rien en commun. Et pourtant. Odd a trouvé un certain équilibre affectif depuis qu’il est avec elle. Fini de courir les filles et finis les flirts d’un jour. Ici, il était avec Ava depuis plus d’un an et ils devenaient au fil du temps plus proches. Odd soupira face à la photo, en se disant qu’elle lui manquait terriblement et surtout qu’il voulait lui dire la vérité. Mais s’il la lui disait, il la mettrait aussitôt en danger. Et jusqu’ici, Tim et Lena n’étaient pas au courant de cette romance. Il mit la photo sur son torse et ferma les yeux en pensant à sa belle et en se demandant ce qu’elle pouvait bien faire.

Jérémie continua à travailler sur son ordinateur, vérifiant s’il avait bien affiché toutes les données à sa disposition. Aelita lui apporta un café qu’elle déposa sur la table basse du « salon ». Elle le regarda travailler et soupira. Elle en avait assez de cette vie, d’être constamment en danger ou de mettre les autres en danger par sa faute. Elle prit place sur le canapé et contempla le dossier en ouvrant des pages agrafées de clichés datant de cette année. Des éléments avaient été entourés de rouge mais qui lui semblaient insignifiants. Aelita tenta de comprendre leurs intentions à travers le dossier quand elle tomba sur une annotation renvoyant à un précédent dossier. Elle s’écria :
- Jérémie !
Ce dernier sursauta sur sa chaise et se retourna vers sa compagne d’un œil interrogateur.
- Je crois qu’on a un gros problème.
- Au point où on en est.
- Apparemment, Tim et Lena ont dressé des portraits de chacun d’entre nous avec tous nos points forts et points faibles durant les combats sur Lyoko.
- Mais comment tu le sais ? fit le génie assez étonné.
- Regarde mon « dossier ». Elle pointa du doigt un passage.
Il renvoie à un autre dossier. Je suis sûre qu’ils ont fait ça et qu’ils vont nous tester.
- Tu devrais demander à Yumi, Ulrich ou Odd ce qu'ils ont vu là-bas. Dit le génie en se levant du canapé. Mais elle lui attrapa le bras pour le retenir. Il la regarda, surpris.
- Jérémie...j’ai...J’ai besoin de te savoir à mes côtés. Je...Je sais que tu travailles dur sur tout cela mais j’ai l’impression que tu t’éloignes de moi. Fit la jeune femme en baissant les yeux comme si elle avait honte de ce qu’elle venait de dire. Et contre toute attente, Jérémie se rassit et l’embrassa passionnément pour dissiper tous ses doutes.
- Crois-moi Aelita. Tu es ce qui compte le plus pour moi. J’ai failli te perdre une fois, je ne referais pas la même erreur deux fois. Il l’enlaça, sentant combien elle était tendue et apeurée. Il s’en voulait de la délaisser et de ne pas avoir vu combien elle était affectée par les évènements. Il l’embrassa sur le front tout en la gardant tout contre lui, dans ses bras. Ils s’endormirent paisiblement, enlacés, tentant d’oublier le danger qui les menaçait.

Tim ouvrit la porte de l’entrepôt et appuya sur l’interrupteur. Les néons s’allumèrent presque consécutivement. Lena était à ses côtés. Tous deux avaient un sourire sadique aux lèvres.
- Si près du but, mon amour. Fit cette dernière.
Tim l’embrassa puis appuya sur une manette en disant :
- Le temps est venu de faire vos preuves.
Dix yeux passèrent du rouge au bleu métallique et se levèrent. Cinq robots de taille et d’apparence humaines s’alignèrent et sortirent de l’entrepôt en direction de leur cible.
- Nous allons bientôt être fixés sur leurs destinées. Fit Tim.
- Ne les sous-estime pas trop non plus. Nous ne sommes pas parvenus à éliminer la geisha, et ce, à deux reprises !
- C’est vrai qu’ils sont plus coriaces et plus futés que je ne l’avais imaginés. Mais maintenant que l’on connaît leur moindre détail, cela va être un jeu d’enfant de les écraser comme des mouches.
- Et Aelita ?
- Je m’en occupe, ne t’en fais pas. Notre plan fonctionnera à merveille.
Sur ces paroles, il éteignit les néons et se dirigea vers son bureau pour suivre le déroulement de l’opération. Lena convoqua plusieurs gardes qu’elle chargea de suivre les robots dans leur mission et de leur confirmer la mort des quatre et la capture de l’humanoïde.

Yumi ouvrit les yeux et se rendit compte de l’endroit insolite où elle se trouvait. Sur le torse d’Ulrich dans un espèce de champs près du fleuve. Elle leva la tête et s’étira tout en se levant pendant qu’elle attrapa ses vêtements. Bien que ses sous-vêtements la mettaient particulièrement en valeur, selon Ulrich, elle préférait être un peu plus couverte mais soudain, elle sentit une main qu’il l’attrapa et la fit basculer. Elle se retrouva au point de départ : sur Ulrich. D’ailleurs, celui-ci arborait un sourire malicieux en la regardant amoureusement.
- Tu ne pensais quand même pas m’empêcher d’admirer le spectacle...dit-il avec un sourire.
- Ulrich ! Cela ne t’a pas suffit ?
- J’en ai jamais assez de toi, fit-il en la mettant sur lui.
Il commençait à l’embrasser dans le cou, la jeune femme se doutant bien que ça allait dégénérer quand soudain, elle entendit un bruit de tôle froissée. Elle bloqua Ulrich en lui faisant signe d’être silencieux. Ses yeux profonds et intenses qui étaient pétillants de malice l’instant d’avant devinrent soucieux, comme sur Lyoko. Yumi leva la tête de sorte qu’elle dépassait tout juste au-dessus des herbes et se stoppa net. Devant elle se trouvait l’un des cinq robots. Il parcourait le long de la route quand il s’arrêta net lui aussi. Sa tête pivota de 90 ° comme s’il analysait les environs. Ses yeux brillaient d’un bleu métallique. Même si ce n’était qu’une simple machine, il se déplaçait avec une aisance et une souplesse, tel un être humain. Yumi mit sa main sur la bouche d’Ulrich et fixa les aléas du robot. Ce dernier retourna sa tête et continua son chemin. Ulrich se releva et remit son t-shirt pendant que la japonaise se rhabillait.
- C’était quoi ça ? demanda le beau brun.
- Je crois qu’on va avoir la réponse bientôt. Fit la japonaise en se retournant.
- J’appelle jérémie pour le prévenir et aussi pour...
Il fut interrompu par la Japonaise qui hurla.
- Ulrich, baisse-toi !
Le beau brun regarda sa petite amie sans comprendre jusqu’au moment où il vit un tir venant du robot qui lui faisait face à 100m de là où ils étaient.







Ulrich évita le tir de justesse grâce à ses réflexes de samouraï. Et quand il se releva, il vit le robot qui lui avait tiré dessus se rapprocher dangereusement de lui. Mais ce qui l’étonna le plus, c’est que son adversaire était passé devant Yumi sans la voir. Comme si elle lui était indifférente, comme si sa cible, c’était lui. La japonaise voulut aller l’aider quand elle remarqua sur sa droite un second robot. Et ce dernier lui était destiné. Yumi pensa en elle-même :
- Pourvu que les autres ne soient pas dans le même cas...
Sur cette pensée et tout en essayent d’échapper au krabe mi humain-mi machine, elle composa le numéro de Jérémie. Il décrocha qu’à la troisième sonnerie dans un baillement.
- Jérémie ?
- Yumi ? Ca va ? T’as l’air essouflée...Tu cours ou quoi ?
- Il faut que vous quittiez l’entrepôt et vous mettre à l’abri. Surtout Aelita ! Ulrich et moi sommes poursuivis par des krabes à apparence humaine. Nous sommes des cibles Jérémie...
- Calme-toi, je ne comprends rien !
Mais un cri retentit dans l’entrepôt.
- Aelita ! Hurla Jérémie, effrayé par son cri de terreur.
Il laissa tomber le portable, laissant Yumi parler dans le vide bien qu’elle ait fini par comprendre que son silence signifiait qu’il était trop tard. Un robot venait d’enfoncer l’un des murs de béton de l’édifice et se dirigeait tout droit vers Aelita. La jeune femme était terrorisée et ne savait pas quoi faire pour se défendre. Plus elle reculait, plus la machine se rapprochait d’elle. Aelita butta contre le mur derrière elle et vit le robot lever un bras qui tenait un glaive. Elle ferma les yeux, s’attendant au pire mais au bout de quelques secondes, comme elle ne sentait aucune douleur, rouvrit les yeux et vit Odd combattre le monstre de fer. Il tentait de le maîtriser à coup de barres de fer mais il fut très vite dépassé par les évènements. Tout en reculant à son tour, Odd hurla :
- Aelita, rejoins Jérémie et cache-toi ! Il ne faut pas qu’ils te trouvent !
- Mais...
- Fais-le ! hurla le jeune homme blond.
Jérémie arriva à ce moment-là et lui attrapa la main pour l’emmener dans un endroit sûr, laissant seul Odd face à son adversaire. Malgré sa mauvaise posture, Odd ne perdit pas espoir de voir le combat tourner à son avantage. Il tenta par tous les moyens de fatiguer le robot qui chercha après sa cible. Ce dernier ne la trouvant pas et jugeant son adversaire comme étant dangereux changea son objectif. Il devait éliminer Odd.

Odd avait bien changé depuis ces trois dernières années. En fait, surtout depuis sa rencontre avec Ava. Il avait mûri et faisait moins le clown. Il devenait un adulte responsable tout comme ses quatre amis. Les épreuves les ayant faits grandir trop vite.

Ulrich avait du mal à se débarrasser du robot qui le prenait en chasse. Il avait perdu de vue Yumi mais n’avait pas le temps de s’en inquiéter. Ayant utilisé toutes ses ressources et ses ruses, il allait baisser les bras quand il eut une dernière idée. Le fleuve !
- Mais oui ! C’est si évident !
Il courut sur la berge, s’assurant que son agresseur le suivait et l’attendit devant le fleuve. La machine se dirigea vers lui, prête à remplir sa mission. Cependant, le beau brun avait sous-estimé l’intelligence de son adversaire. Ce dernier s’arrêta devant lui, immobile, ce qui déconcerta le jeune homme. Ulrich n’avait plus affaire à des robots de l’ère de Xana dont l’intelligence était assez limitée. Ici, ils avaient en mémoire les défauts et qualités de chacun des cinq amis, ils pensaient donc comme eux. Son agresseur avait bien compris la tactique du samouraï. Il n’allait pas se laisser avoir si facilement.
De son côté, la japonaise se dirigea vers l’entrepôt avec une idée en tête. Puisque les machines agissaient comme eux, il fallait les surprendre, faire quelque chose d’inattendu, d’irréfléchi. Quand elle arriva à la hauteur du bâtiment, elle vit un trou béant dans l’un des murs, confirmant ses craintes. Yumi s’assura que son adversaire la suivait de loin, entra par le trou et chercha l’origine des bruits de combat.

De leur côté, Jérémie et Aelita couraient pour se mettre à l’abri. Il ne restait qu’un seul endroit encore inconnu de leurs adversaires : les égouts reliant l’hermitage à l’usine. A bout de souffle, Aelita s’arrêta pour reprendre sa respiration, obligeant son petit ami à faire de même. Elle se laissa tomber contre la paroi et mit ses bras autour de ses genoux. Jérémie s’abaissa à sa hauteur en lui mettant une main sur son épaule pour la réconforter.
- Je ne veux plus fuir, Jérémie. J’en ai assez de fuir, tout cela est ma faute ! C’est toujours de ma faute...
- Ne dis pas ça...
Mais elle s’emporta en hurlant, chose que Jérémie n’avait pas vraiment l’habitude de voir. Elle qui était d’habitude si calme et si douce dévoilait une autre part de sa personnalité.
- Je veux me battre, Ulrich, Yumi et Odd se battent eux ! Ils sont en danger ! Et nous, on fuit !
- Nous ne les abandonnons pas. Ils se battent pour éviter que Xana ne réapparaisse. Et pour cela, tu dois être mise à l’abri. Tu veux anéantir ces trois années ?
- Non...Non, évidemment.
- Je sais que c’est dur Aelita. Ne crois pas que je ne tiens pas compte de ce que tu ressens. Je me doute bien que cette situation ne te plait pas. Mais on a pas le choix. Je t’en prie, sois patiente. Dès qu’ils nous préviendrons, nous repenserons à un plan. Mais ici, le plus important, c’est que tu sois en sécurité. Nous pouvons les aider d’où nous sommes même si pour le moment, je ne vois pas vraiment comment...
La jeune femme lui sourit timidement puis regarda en l’air en pensant à ses amis qui se battaient au dessus de leurs têtes, comme à chaque fois.

Yumi progressa à travers l’entrepôt mais son avancée était ralentie du fait des décombres du plafond qui s’était effondré à la suite des attaques du robot d’Odd. Elle se retourna, étonnée de ne plus rien entendre et remarqua qu’elle n’était plus suivie. La japonaise chercha l’origine des bruits de lutte et se dirigea vers eux quand elle se rendit compte qu’elle était à nouveau suivie et de très près. Elle se rappela de la cache des armes et chercha de quoi se défendre. Le néon clignotait, annonçant un court-circuit. Yumi se dépêcha de prendre ce dont elle avait besoin et se retourna vers la sortie quand la lumière s’éteignit soudainement.
- Génial...Fit-elle.
Elle chercha une lampe torche quand elle remarqua deux yeux bleus brillant dans la nuit. Un frisson glacial lui traversa le corps. Yumi savait qu’elle n’avait plus le droit à l’erreur. Un halo lumineux apparut d’un des bras de la machine, éclairant sa silhouette mais aussi l’intérieur de la pièce. Ce halo se concentrait dangereusement vers Yumi qui se demandait comment elle allait s’en sortir.







Yumi chercha un katana des yeux quand elle sentit une brûlure très vive dans son épaule, comme si quelque chose l’avait transpercé de part en part. Elle tomba sous le choc et sous la douleur tout en se tenant l’épaule en hurlant. Assise à terre appuyée contre le mur, elle fixait la machine en attendant sa prochaine attaque. Elle sentait quelque chose de chaud gagner l’entièreté de son bras. Elle saignait abondamment mais ne s’en soucia pas tant qu’elle n’était pas à l’abri. Le krabe observa sa cible quelques secondes puis reprogramma sa cible, cette fois, en plein abdomen de la japonaise. Il concentra à nouveau un flux lumineux dans un de ses bras et chargea. Yumi murmura sous la douleur et sous le désespoir :
- Non...
Elle détourna la tête pour ne pas voir ce qui allait arriver. Soudain, elle entendit un choc et un grésillement de fils électriques. Puis plus rien. Elle regarda en face d’elle mais ne voyait rien mis à part des yeux bleus qui s’éteignait dans l’obscurité.
- Yumi ?
- Odd ?
Une lampe parcourut la pièce et passa sur la silhouette de la japonaise. Odd s’approcha d’elle et l’aida à se relever.
- Viens, il faut qu’on sorte d’ici.
- Comment...
- Comment j’ai su ? Puisqu’ils étaient programmés en fonction de chacun d’entre nous, il fallait attaquer ceux qui ne nous étaient pas destinés. Dont le tien.
- Et le tien ?
- Bonne question. Il a fait demi-tour quand il ne m’a plus eu dans son champ de vision.
Tout en se relevant, elle murmura entre deux grimaces de douleur :
- C’est étrange quand même.
- Ben au départ, ce robot était destiné à Aelita. Puis, vu que je l’embêtais, il a voulu se débarrasser de moi...
- Et maintenant, il veut retrouver Aelita.
- Oui...Ca va aller ?
- Il le faudra bien. Ulrich est dehors, on doit aller l’aider.
- Mais avant, je vais te faire un garrot pour éviter que tu perdes trop de sang.
Odd l’aida à s’asseoir. Il déchira un bout de sa chemise et la noua au dessus du bras de son amie. Yumi le regarda faire et se dit combien il avait mûri. Il était loin le temps de ses blagues à deux balles où de ses railleries. Là, il venait de lui sauver la vie. Odd était un véritable ami sur qui on pouvait compter, tout comme l’était chacun des membres de la bande. C’est ce qui faisait sa force. Mais aussi une faiblesse aux yeux de leurs ennemis.
- Ca y est. Ca ira ? lui dit-il en la sortant de ses songes.
Yumi lui sourit et se releva toute seule, malgré quelques difficultés puis se remit en route après qu’ils aient pris de quoi se défendre.

Sur la berge, Ulrich combattait comme il pouvait contre son « double ». Il ne faisait que gagner du temps en espérant trouver la solution miracle qui pourrait le sortir de là. Il avait réussi à ne pas se faire blesser sans trop savoir comment. Peut-être le pentchak. Mais ce dont il était sûr, c’est que son adversaire ne se fatiguait pas aussi vite que lui.
- Je dois le surprendre...Ne pas penser comme d’habitude. Mais comment ?
Le samouraï regarda autour de lui quand il entendit une voix familière :
- Ulrich attrape !
Odd venait de lui lancer un sabre. Yumi et lui venaient d’arriver le long du fleuve.
- Sauvé ! Pensa le samouraï.
Il attrapa l’arme au vol et repartit de plus belle contre le krabe. Mais cette fois-ci, il n’était plus seul. Odd venait de le rejoindre, lui aussi armé, pendant que Yumi s’était mise à l’écart du combat pour téléphoner à Jérémie afin de savoir s’ils étaient en sécurité. Mais elle se ravisa, se disant que Tim et Lena pouvaient très bien les entendre. Pendant qu’Ulrich occupait l’attention du krabe, Odd allait lui porter le coup fatal quand il fut projeté à quelques mètres plus loin.
- Odd ! Hurla Ulrich. Ce dernier, de rage, enfonça son sabre dans le krabe qui court-circuita et s’effondra, les yeux bleus éteints. Il courut vers son ami quand il entendit dans son dos :
- Ulrich ! Attention !Lui cria la japonaise.
Le samouraï se baissa et évita le tir d’un troisième krabe qui se tenait juste en face de Yumi et à une dizaine de mètres du beau brun. Ulrich arriva à la hauteur de Odd qui gisait inconscient, touché en à son abdomen.
- Odd ! Odd ! Réponds-moi, vieux !
Son ami ouvrit difficilement les yeux et sourit timidement quand il reconnut le visage de son vieil ami.
- Est-ce que ça va ?
- J’ai connu mieux. Fit-il en essayant de faire de l’humour étant donné la situation. Ulrich l’aida à se relever mais il n’y arriva pas tant la douleur était trop forte.
- Attends, je vais te porter.
Le krabe, aux cris de Yumi, se retourna sur elle, la dévisageant quelques secondes, cherchant son identité dans son répertoire. Il trouva sa photo parmi celles des quatre autres amis. Il changea pour la seconde fois de cible. La japonaise, bien décidée à ne pas se laisser faire, prit un sabre avec son bras valide et se positionna prête à combattre. Mais étrangement, il ne s’en prit pas à elle. Il continua sa progression vers les deux jeunes hommes. Odd, ne se sentant pas capable de marcher, dit à Ulrich :
- Vas-y. Laisse-moi ici. De toute manière, je suis KO pour lui.
- Non, il faut que tu tiennes le coup, Odd !
Yumi arriva pour les aider et soutint de son côté Odd. Ils le mirent à l’abri, ce qui veut dire, loin des yeux du krabe, en contre-bas de la route, le long du fleuve sous la pile d’un pont. Yumi fit vite un bandage à Odd pour stopper l’hémorragie.
- Odd..Odd ! Reste avec nous. Ne t’endors pas ! Lui somma Yumi.
- Je suis si fatigué...fit le blondinet.
Ulrich s’était relevé et s’inquiétait de ne plus voir le robot. Il remonta la pente et se retrouva sur la route. Mais aucune trace du krabe. Yumi finit le bandage et releva la tête pour voir comment allait son ami. Mais Odd avait fini par sombrer dans l’inconscience. La japonaise se releva quand elle sentit un tremblement suivi d’un grand vacarme assez répétitif. Elle vit de fines particules de béton tomber sur ses épaules. Elle releva la tête et constata avec horreur que le pont était sur le point de s’écrouler. Elle tira Odd mais il était assez lourd, plus qu’elle en tout cas, ce qui la ralentissait. Ulrich, ayant entendu aussi le tremblement, trouva l’origine et vit que le robot était en train de démolir le pont en le martelant depuis le bitume. Sachant que Yumi mettrait trop de temps à tirer Odd de là, le samouraï dégaina ses sabres et se dirigea vers le robot prêt à lui régler son compte. Il s’engagea dans un duel contre le robot qui ne se laissa pas faire pour autant. Après quelques minutes intenses, Ulrich avait pris l’avantage sur son adversaire et allait lui donner le coup fatal quand il entendit un craquement sourd. Le pont s’écroulait ! Il voulut courir pour se mettre à l’abri de l’éboulement mais le robot lui attrapa la jambe et l’entraîna dans sa chute dans le fleuve parmi tous les décombres du pont dans un bruit épouvantable.







Quelques instants plus tard, quand la fumée eut fini par se dissiper, des toussotements s’entendirent près du lieu de l’accident. Yumi avait réussi à sortir Odd avant que tout ne s’effondre.
- Odd ! Odd ! fit la japonaise après quelques toux en le secouant légèrement.
Mais son ami demeurait inconscient. Elle se releva et essaya de trouver Ulrich du regard.
- Ulrich !
Aucune réponse. Elle commença à s’inquiéter. Elle l’appela à plusieurs reprises mais toujours rien : Ulrich avait disparu. Elle vit Odd qui commençait à s’agiter et s’approcha de lui pour voir s’il se réveillait quand quelque chose attira son attention à la surface. Elle s’approcha et vit les deux sabres flotter sur l’eau.
- Non..Non...Non ! Ulrich !
La japonaise était désespérée et allait se jeter à l’eau pour retrouver son petit ami quand son épaule lui rappela son état. Elle hurla de douleur et de tristesse.

C’est ce qui la réveilla. Yumi venait de cauchemarder et revoyait encore et encore la même scène. Cela faisait près de trois mois que cela s’était passé. Et depuis, certaines choses avaient changées. A commencer par elle. La disparition d’Ulrich l’avait profondément ébranlée. Plus que les autres. Elle s’en voulait. Si elle ne s’était pas laissée blesser aussi bêtement, Ulrich serait encore à ses côtés. Elle mit sa main sur son ventre et une larme coula sur sa joue. Pourquoi maintenant ? Elle attrapa son pull et l’enfila malgré que son épaule soit encore un peu douloureuse. Heureusement pour elle, tant que cela ne se voyait pas et que son ventre ne la trahissait pas, elle pouvait encore aller sur le terrain. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle n’en avait parlé à personne. Excepté Aelita. Mais cette dernière lui avait juré de ne rien dire.

Tout en se changeant, elle repensa à tout ce qui s’était passé depuis ce fameux jour :
Tim et Lena n’avaient pas envoyé les deux robots restants, voyant avec quelle rapidité la bande les avait exterminé. Ils se tenaient plutôt à carreaux depuis trois mois, ce qui mettait les quatre amis sur les nerfs. Odd avait mis plusieurs jours avant de rouvrir les yeux, divaguant sous la fièvre. Ava était venue le voir, reprochant à chacun l’état de son petit ami. Mais ils n’avaient rien dit de la vérité. Sinon, elle aussi en aurait payé le prix. Elle était restée à son chevet jusqu’à son réveil et était repartie une fois qu’Odd était bien rétabli. Pendant ce temps-là, Jérémie et Aelita travaillaient sur un autre plan d’attaque tout en continuant les recherches pour Ulrich. Mais au bout de deux mois, ils durent les stopper, n’ayant rien trouvé. Yumi s’était renfermée sur elle-même. Elle arborait une expression froide avec au fond des yeux le même désir de vengeance que le jour où elle avait appris la responsabilité du couple dans la mort de ses parents. Et elle ressentait une certaine culpabilité vis-à-vis du samouraï. Pour se distraire, elle s’entraînait très dur chaque jour. C’est comme si elle se devait de le faire comme punition. Trois mois qui commençaient à porter leurs fruits. Elle était prête à se venger. Mais la japonaise n’avait aucune idée de ce qui allait l’attendre. Ni les autres d’ailleurs.

Odd revint de son entraînement quotidien et entra dans la pièce centrale où travaillaient Aelita et Jérémie. C’était à peu près la même scène qu’il y a un peu plus de trois mois, quand Yumi et lui étaient revenus de leur mission d’observation. A son nom, il eut un certain regret. Yumi lui manquait. Non pas qu’il était amoureux d’elle mais elle était devenue pour lui comme une sœur. Et depuis la disparition d’Ulrich, elle s’éloignait de lui, d’eux. Il soupira. Il passa une serviette sur ses épaules et alla voir ce que les génies avaient découverts pour le faire venir aussi vite.
- Alors les Einstein, on a bossé dur ? fit-il ironiquement.
- Très drôle Odd. On a découvert quelque chose d’assez capital. Fit Jérémie.
- On devrait attendre yumi avant de commencer, non ? remarqua Aelita.
- Je suis là, vous pouvez y aller. Fit cette dernière, qui était apparue soudainement, ce qui surprit les trois amis.
- C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle, commença Jérémie.
- Ben vas-y, accouche Einstein ! dit Odd, impatient.
- La bonne nouvelle, c’est qu’Aelita n’est plus en danger.
- La mauvaise ? Demanda Yumi.
- C’est qu’ils ont trouvé un autre moyen pour recréer Xana.
- Lequel ? demanda Odd, étonné.
- Ils ont retrouvé toutes les disquettes de Franz Hopper. Ils savent où elles sont et vont aller les voler cette nuit.
- Mais je croyais qu’elles étaient à l’abri !objecta Odd.
- Moi aussi. Je ne sais pas comment ils ont su mais ils vont aller les chercher là où je les avais cachées.
- Ce qui veut dire qu’on doit y être avant eux...souligna la japonaise.
- C’est cela. C’est pour cela que tu iras avec Odd. Vous partirez...
Mais il n’eut pas le temps de finir qu’il fut interrompu par Yumi.
- On part maintenant. On n’est pas très loin de l’hermitage. On y sera sans problèmes dans moins d’une heure.
Ses yeux brillaient d’une lueur étrange. Aelita se risqua :
- Yumi...je sais que tu veux te venger mais ce n’est pas encore fini.
La jeune femme posa sa main sur celle de son amie comme pour la faire réagir ou revenir. La japonaise la regarda, se rendit compte que son attitude changeait dangereusement en quelque chose de bestial quand elle se laissait aller. Elle détailla son amie et son regard redevint normal. C'est-à-dire aussi éteint depuis trois mois. Elle lui sourit faiblement en lui disant :
- Tu as raison Aelita. Excuse-moi. Excusez-moi.
Pour couper court au silence pesant qui commençait à s’installer, Jérémie prit la parole :
- Bon...Odd et toi allez prendre les motos et vous vous rendrez à l’hermitage. Aelita et moi on vous attendra dans les égouts pour vous couvrir. C’est OK ?
- Ok. Fit le blondinet.
- Ok. Fit la japonaise.

Yumi se dirigea vers la réserve d’armes et alla chercher son katana quand Odd lui attrapa le bras. Elle se retourna vivement.
- Yumi...Je peux compter sur toi ?
La question lui fit froid dans le dos. Elle qui était si sûre d’elle il y a à peine une minute, son assurance partit en fumée à cette simple question. Ulrich avait eu confiance en elle et elle n’avait pas pu l’aider. Des larmes montèrent à ses yeux. Contre toute attente, Odd la prit dans ses bras pour la calmer, la consoler. Odd avait bien grandi et dépassait même légèrement Yumi par la taille. Il était presque aussi grand qu’Ulrich. Il retrouvait sa « sœur », en étant si fragile. Il se détacha d’elle et lui murmura :
- Je ne suis pas Ulrich. Et je sais que je pourrais compter sur toi.
Elle lui sourit et ils sortirent en direction de leurs motos pour se rendre à l’hermitage.
De leurs côtés, Jérémie et Aelita suivaient leurs parcours jusqu’à l’hermitage en se rendant dans les égoûts.







Lena était sur le point de partir avec l’équipe chargée de récupérer les disquettes quand Tim la rattrapa par le bras. Elle se retourna et lui fit face.
- Je ne crois pas que cela soit une bonne idée. Dit-il.
- Et depuis quand tu t’inquiètes pour moi ? lui fit remarquer la blonde.
- Depuis que tu me délaisses. Je le vois bien. Tu ne vis que pour te venger d’eux.
- Ils m’ont tout pris et doivent le payer. C’est à cause d’eux si on a échoué, il y a trois mois ! Et une épine, ça s’enlève!
- Laisse les venir. Le temps viendra où nous les éliminerons un par un. Nous en avons déjà eu un. Les autres seront aussi faciles. Tu verras ma belle. Mais pas aujourd’hui.
Tim l’embrassa avec passion mais Lena avait un autre plan en tête. Qui n’allait pas plaire du tout à son compagnon.

La nuit tombait sur Paris. Il était quasi 10h du soir quand Yumi et Odd arrivèrent à l’Hermitage. Ils arrêtèrent les motos depuis la forêt pour ne pas se faire repérer au cas où les autres étaient déjà là. Ils continuèrent à pied jusqu’à la bâtisse en se faufilant discrètement. Le vent soufflait dans les arbres, recouvrant le bruit de leurs pas. Pour une fois que le destin était en leur faveur.
Un grésillement s’entendit puis une voix au loin. C’était Jérémie qui leur parlait dans leurs oreillettes.
- J’avais dissimulé les disquettes dans le bureau de Franz mais j’ai changé d’avis au dernier moment. Je les ai mis dans la chambre d’Aelita dans un double-fond de l’un des tiroirs de son bureau. Vous gagnez un peu de temps sur eux.
- T’es plus parano que les méchants dans James Bond. Remarqua ironiquement Odd, ce qui fit sourire la japonaise.
- Bon, assez rigolé les gars. Vous allez avoir de la visite dans moins de dix minutes alors vous vous magnez ! fit Aelita.
- Bien chef ! fit Odd.
Yumi et lui se faufilèrent à l’intérieur de la maison tandis que de bruits de pneus freinant s’entendirent depuis le bois. Ils arrivèrent dans le couloir menant à la chambre et Yumi chuchota à Odd :
- Tu te charges des disquettes, moi je te couvre.
- Ca marche !
Le jeune blond entra dans la chambre et parcourut la pièce avec sa torche pour localiser le bureau. Pendant ce temps, des bruits de pas s’entendirent dans la maison. Yumi restait sur ses gardes, prête à intervenir. Mais elle commençait à trouver le temps long.
- Odd ! Qu’est-ce que tu fabriques ? Dépêches-toi !
- Le tiroir est coincé. Je n’arrive pas à l’enlever !
- Tiens ! Attrape !
La japonaise lui lança une de ses dagues pour qu’il puisse forcer le tiroir. Et quand elle se retourna, son instinct lui hurla de se baisser. Ce qu’elle fit sans savoir pourquoi. Le sifflement d’un couteau s’entendit avant de s’enfoncer au-dessus de la tête de la geisha. Yumi se déplaça pour se relever avec souplesse et vit son adversaire qui l’attaquait à l’arme blanche. Pendant ce temps, Odd finit par avoir raison du tiroir et l’ouvrit. Il chercha des doigts l’endroit où il pourrait soulever le double-fond quand il entendit derrière lui :
- Odd !
- Ca y est ! C’est fait !
Mais la japonaise était aux prises avec une silhouette fine et souple qui se défendait aussi bien qu’elle. Yumi dégaina sa dague et se prépara à riposter quand elle entendit d’autres pas dans le couloir. Odd sortit de la chambre et voulut aider la japonaise quand il vit deux soldats arriver droit sur lui. Il dissimula sa découverte sous son pull et combattit les deux sbires. Yumi avait un étrange sentiment envers son agresseur. Mais l’obscurité l’empêchait de bien distinguer sa silhouette. Cependant, elle fut vite fixée :
- La geisha. Ca faisait si longtemps...

Cette voix ! Yumi frissonna à l’entendre. La même que lors de son accident. Une voix dure, métallique.
- Vous !
- Tu ne pensais quand même pas que j’allais te laisser tranquille. Fit la silhouette tout en attaquant la japonaise. Cette dernière parvenait à parer chacun de ses coups mais la qualité du combat était assez élevée.
- Je connais chacun de tes points faibles. A commencer par celui-ci.
L’adversaire allait porter un coup à l’épaule de Yumi quand cette dernière esquiva par un salto.
- Bien joué. Mais ton copain et toi avez quelque chose qui nous revient.
- Tu peux rêver !
- Bon...J’ai un argument pour te faire réagir car pour le moment, tu es trop passive à mon goût.
La silhouette enleva quelque chose qu’elle avait autour du cou ainsi qu’à sa tête. Une longue chevelure dorée tomba en cascade sur ses épaules et elle se mit à la lumière.
- Lena Olijn ! Hurla presque Yumi.
- Tu vas enfin avoir ta vengeance, geisha. A vrai dire, je vais te rendre un petit service. Je vais abréger tes souffrances.
- C’est ce qu’on verra !
Les deux jeunes femmes s’engagèrent dans un corps à corps sans merci.

De son côté, Odd parvint sans mal à se débarrasser des deux sbires et profita pour porter les disquettes à Jérémie quand il fut arrêté par un krabe.
- Manquait plus que ça ! fit le blondinet. Jérémie ?
- Oui Odd ?
- J’ai les disquettes mais j’ai comment dire...un empêchement. Une boîte de conserve me barre la route. Est-ce que tu pourrais me dire les possibilités que j’ai pour vous rejoindre sans trop de problèmes ?
- Attends...
- Ne traînes pas trop !
- Je vais aller l’aider, jérémie. Fit Aelita. Je connais la maison par cœur. Je saurais l’en sortir.
- Bon...D’accord. Odd ?
- Je sais, je ne bouge pas. De toute manière, je n’ai pas trop le choix.
Le krabe le fixait mais ce n’était pas le même que ceux qui les avaient attaqués. Non, ici, il s’agissait plus d’un krabe de Xana. Au moins, ça, il connaissait.

Yumi faisait face à Lena tout en essayant de reprendre sa respiration. Elle était essoufflée. Toutes les deux avaient été blessées. Il faut dire que Lena l’avait bien fatiguée. Cette dernière trouva que le moment était venu et sortit une arme de son dos. Yumi se prépara à attaquer quand elle reconnut l’arme. Elle fut figée sur place.
- Mais c’est...
- Mais oui ! Tu l’as bien reconnue. C’est le katana de ton chère et tendre.
- Comment...
- Je crains que tu ne le saches jamais. Mais maintenant, tu vas mourir une bonne fois pour toutes !
Lena fonça sur elle en l’attaquant avec le katana. Yumi avait du mal à parer ses coups tant la force de son adversaire était incroyable. Elle reculait de plus en plus et arrêtait les coups avec sa dague. Soudain, un sourire sadique apparut sur le visage de Lena et redoubla de force dans un dernier effort et l’abattit sur Yumi, ce qui fit voler son arme. Elle recula et se retrouva contre un mur, prise au piège. Elle chercha du regard une issue, une arme quand Lena s’approcha d’elle, victorieuse :
- Je t’offre la chance de revoir tes parents et c’est comme ça que tu me remercies !

Aelita arriva à se faufiler dans la maison sans se faire repérer des autres gardes. Elle parvint à retrouver Odd assez facilement. Il était occupé par deux autres gardes qui avaient été alertés de sa présence. Avec la même souplesse et agilité que son amie japonaise, la jeune femme arriva à passer sous le nez du krabe et le trancha à l’aide d’un sabre. Ce dernier s’effondra aussitôt. Odd combattait les deux sbires et quand il vit Aelita à sa hauteur, il lui dit :
- Prends les disquettes et mets-les à l’abri !
- Où est Yumi ?
- Je ne sais pas. A l’étage, je crois.
- Je les mets en sécurité et je reviens vous sortir de là.
La jeune femme partit en laissant Odd se démener contre les deux acolytes qui n’avaient pas envie de le laisser s’en sortir si facilement.

De son côté, Yumi retrouva une de ses dagues dans sa botte et la dissimula dans sa manche. Elle attendit que la blonde arrive à sa hauteur pour la poignarder à l’abdomen. Celle-ci ne cria même pas, mettant sa main à sa blessure dont le sang commençait à couler entre ses doigts.
- Je tiens ma vengeance. Fit la japonaise en se remettant bien droite. Elle était sur le point de lui prendre le katana d’Ulrich quand Lena dans un dernier effort l’empala dans le ventre de la japonaise. Elle lui murmura avant de tomber :
- Ulrich sera à moi pour toujours, geisha !
Mais Yumi ne comprit pas le sens et se laissa glisser contre le mur, laissant une trainée de sang indiquant la violence de l’attaque. Elle luttait pour garder les yeux ouverts et fut soulagée de voir que Lena ne bougeait plus. Depuis combien de temps était-elle assise là ? Des minutes ? Des secondes ? Elle ne savait le dire. Yumi sentait ses forces la quitter. Elle n’entendait plus rien au moment où Odd hurlait son nom en arrivant près d’elle. Elle lui sourit timidement mais un filet de sang coulait de sa bouche. Sa vue se troubla quand il se mit devant elle pour lui parler. Il criait :
- Yumi ! Reste avec moi ! On a besoin de toi ! Yumi !
Mais elle n’entendait rien de cela. Elle sourit quand elle crut voir Ulrich lui tendre la main et la regarder amoureusement. Elle se sentit en paix et partit.







C’est comme si le temps s’était suspendu autour de lui. Plus rien n’avait d’importance. Il tenait son corps, croyant que tout n’était qu’un cauchemar et qu’elle allait se réveiller. Mais le danger était toujours là. Odd n’en avait rien à faire. Il venait de perdre celle qu’il aimait comme une sœur. Il avait si mal. Dans son désespoir, il avait enlevé son oreillette pour ne pas être perturbé.
Il serra Yumi contre lui, cherchant son souffle et c’est ainsi qu’Aelita le trouva. Elle fut choquée de voir son amie dans un tel état et ne pouvait le croire. Des larmes glissaient sur ses joues. Non ! Yumi ne pouvait pas être morte ! Elle aussi ressentit la même chose qu’Odd. Une partie d’elle venait de lui être arrachée. C’était sa meilleure amie et aussi sa « sœur ». Ulrich et elle avaient toujours été là pour eux. Comment allaient-ils faire sans eux ?
Aelita resta là quelques minutes pour tenter de comprendre ce qui s’était passé. Mais il n’y avait que le corps de la japonaise. Lena n’était plus là. Soudain, la jeune femme entendit des pas de soldats dans leur direction. Elle fut prise de panique.
- Odd ! Odd !
Mais il ne réagissait pas.
- Bon pardonne-moi mais tu ne me laisses pas le choix.
Elle le gifla, ce qui le fit réagir immédiatement. Il la regarda, furieux du geste puis quand il reconnut le visage d’Aelita, adoucit son expression.
- Odd ! Enfin ! Il faut partir ! Les gardes vont être sur nous d’un moment à l’autre...
- On peut pas l’abandonner ! objecta Odd.
- Odd...C’est..C’est trop tard. Je suis désolée mais on ne peut plus rien pour elle.
- On revient la chercher quand ils seront partis !
- Mais Odd...
- On revient la chercher Aelita ! cria t’il.
- D’ac...D’accord. Mais viens maintenant, il est plus que temps de partir.
Aelita lui attrapa la main et partirent non sans regrets en direction des égoûts. Et déjà dans leurs dos, ils entendaient des voix :
- Ils ont enfin eu la japonaise ! Elle a été assez coriace. Fit l’un des gardes.
Aelita sentit la main d’Odd se crisper tellement il était enragé face à ces paroles. Mais cela ne l’empêcha pas de continuer son excursion pour rejoindre Jérémie. Le temps leur parut ralentir tout à coup. Ils ignoraient combien de temps ils avaient mis pour rejoindre Jérémie. Trop de temps. Trop de sang s’était écoulé depuis la découverte de Xana, il y a plus de 8 ans.

Jérémie se releva en les voyant arriver. Un pressentiment le parcourut quand il ne vit pas la japonaise. Pressentiment qui se concrétisa à la vue des visages en pleurs de sa compagne et de son vieil ami. Aelita se jeta dans ses bras en sanglotant. Il passa sa main dans ses cheveux pour tenter de la calmer. Mais rien n’y faisait. Odd, lui, se laissa glisser contre la paroi tant il était abattu. Au bout de quelques minutes, quand Aelita finit par se calmer, elle murmura :
- Elle...Elle était enceinte...
- Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? fit surpris Odd.
- Elle était enceinte de trois mois. Elle ne voulait pas le dire pour pouvoir être sur le terrain. Elle m’avait promis de ne rien dire...Si seulement j’avais....
Mais Jérémie l’interrompit.
- Ne t’en fais pas, Aelita. Même si tu nous l’avais dit, Yumi serait quand même allée sur le terrain, prétextant qu’elle n’allait pas rester sur le côté durant neuf mois.
Cette remarque fit sourire Aelita, repensant à l’entêtement de la japonaise.
Ayant jugé d’avoir attendu assez de temps, Odd se releva et se dirigea vers la sortie quand il entendit dans son dos :
- Où vas-tu ?
- Chercher Yumi !
- Mais Odd...
- Je ne veux pas qu’elle reste là-bas. Fit-il tout en s’éloignant.
- Attends ! On vient avec toi. Objecta son amie qui se releva pour se diriger vers Odd.
- Aelita ! Je ne sais pas si c’est une bonne idée...remarqua Jérémie en la retenant par le bras. Cette dernière se retourna violemment et regarda froidement Jérémie. Ce qui lui fit froid dans le dos.
- C’était notre amie. On lui doit bien ça ! hurla t’elle presque.
- Oui...c’est vrai. Tu as raison.
Jérémie se releva à son tour et tous se dirigèrent vers la sortie de l’égout près de la maison.
Odd écouta à la porte pour s’assurer qu’il n’y avait plus personne et attendit quelques minutes avant d’ouvrir. Une fois la porte ouverte, un grand silence s’abattit sur nos trois héros.
- les gardes semblent être partis mais il vaut mieux être trop prudents. Chuchota Odd.
- T’as raison. On va se faufiler à l’intérieur sans se faire trop remarquer. J’ai une idée, suivez-moi. Fit Aelita.
Et les deux garçons la suivirent aussi discrètement qu’ils le pouvaient. La maison semblait déserte.C’est comme s’il ne s’était rien passé l’heure d’avant. Le cœur de chacun battait à tout rompre. Revoir son corps...mais ils passèrent au-dessus de cette idée qui les hantait pour grimper à l’étage. L’obscurité baignait complètement le couloir, rendant impossible l’accès sans une lampe torche. Jérémie alluma la sienne et parcourut le bout du couloir avec.
- C’est....C’est pas possible. Fit Jérémie.
- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Odd.
- Plutôt ce qu’il n’y a pas, fit Aelita à son tour en orientant sa torche au même endroit.
- Yumi....Elle...Elle a disparu ! fit Jérémie, aussi surpris que ses deux amis.


Tout à coup, le génie sentit un choc à sa nuque et avant de voir d’où venait le coup, les ténèbres l’engloutirent avec les cris d’Aelita.







Yumi sentit une certaine chaleur sur sa joue. Elle ouvrit les yeux et vit la main d’Ulrich lui effleurer le visage. Il la regardait tendrement.
- Tu sais que tu es mignonne quand tu dors ? lui dit-il en souriant.
- Parce que tu m’observes en plus !
- Ben oui ! Vu que notre bébé dort, je m’occupe de la maman.
- J’aimerai la voir...fit Yumi en faisant mine de se relever mais elle n’y parvenait pas. Elle se sentait comme paralysée. Elle regarda paniquée Ulrich qui la fixait tendrement.
- Ulrich...Je ne sais plus bouger !
Mais ce dernier n’était pas conscient de la situation et fit comme si de rien n’était. D’un calme olympien.
- Ne parle pas trop fort. Tu vas la réveiller.
Ulrich se releva en direction du berceau, laissant Yumi paniquer par son état. Elle regarda ses jambes qui ne répondaient plus puis à nouveau le berceau qui semblait s’éloigner tout comme Ulrich.
- Ulrich ! Ne me laisse pas ! J’ai besoin de toi !
Mais les silhouettes s’étaient éloignées. Elle hurla de peur.


La japonaise sentit une certaine chaleur sur sa joue. Elle ouvrit difficilement les yeux. Elle reconnut le visage aussitôt.
- Sho...Shogi ?
Il lui sourit tendrement et continua à lui rincer le front d’un linge humide. La japonaise voulut bouger mais tout son corps la faisait souffrir.
- Ne bouge pas Yumi. Tu n’es pas encore rétablie.
- Qu’est...Qu’est-ce qui s’est passé ? Je ne me souviens de rien...Depuis combien de temps je suis ici ?
- Trois jours. Je t’ai recueillie après que Lena t’ait laissée pour morte. A vrai dire, tu l’as été. Mais j’ai réussi à te ramener parmi nous.
Yumi dévisagea Shogi. Elle avait vu son visage depuis sa dernière rencontre avec lui, il y a plus de trois ans. Mais elle n’arrivait pas à savoir où et quand. Ses cheveux noirs en bataille, ses yeux foncés, son allure athlétique. Elle eut l’impression de le connaître depuis plus longtemps mais n’arrivait pas à se souvenir. Shogi passa sa main sur sa joue et lui murmura :
- Je sais pour Ulrich...Je suis désolé. Dit-il en compatissant.
Elle voulut se relever pour mieux le voir quand une douleur atroce lui déchira le ventre. Elle hurla tant la souffrance était grande. Shogi semblait inquiet et alla chercher une trousse de secours. Il revint accompagné d’une jeune femme aux longs cheveux bruns bouclés que Yumi reconnut aussitôt. Elle voulut ouvrir la bouche pour dire son prénom mais la douleur l’en empêcha. La jeune femme cria à Shogi :
- Va chercher des compresses ! C’est ce que je craignais. Elle perd trop de sang !
Puis la jeune femme se retourna sur elle en lui parlant d’un ton calme pour la rassurer :
- Yumi, il va falloir que tu sois forte, car le pire reste à venir. Tu as perdu ton bébé et tu as fait une hémorragie. Je vais devoir t’ouvrir pour la stopper.
- J’ai trop mal ! hurla la japonaise sous la fièvre. Je n’en peux plus !
Shogi arriva et se plaça derrière la couchette où se trouvait Yumi. Il lui plaça un bâton entre les dents et lui tint les poignets. Yumi se sentit soudain en danger et commença à paniquer. Mais la jeune femme comprit que son attitude allait la mettre en danger.
- Yumi, écoute-moi ! Tu dois te calmer. Tu perds trop de sang. Mais si tu continues, tu risques de mourir bel et bien. Mords sur le bâton pour faire passer la douleur. Regarde Shogi, ne regarde pas ce que je fais.
Yumi mordit sur le baton de toutes ses forces tant elle avait mal. Elle leva les yeux vers Shogi qui lui souriait pour la rassurer. Mais heureusement pour elle, la douleur étant trop forte et en raison de son état, Yumi tomba inconsciente avant même qu’Ava puisse l’opérer.

Des semaines passèrent et Yumi commençait à bien récupérer. Ava alla voir comment elle allait et constata que son ami était déjà à son chevet. Il lui caressait les cheveux tout en la regardant. Quand il avait su ce qui se passait, il s’était tout de suite rendu à Paris. Mais il n’avait pas pu la protéger. Il s’en voulait tellement. Il l’aimait toujours, depuis sa dernière rencontre mais s’était effacé depuis que la japonaise avait retrouvé Ulrich. Il avait espéré lors de son séjour au Japon que Yumi le choisirait mais Lena et Tim s’en étaient mêlés. Heureusement qu’il était dans les parages pour la sortir de son accident. Après qu’il l’ait eu au téléphone, Shogi était parti faire une course de dernière minute et était passé par hasard sur le lieu de l’accident. Il lui avait sauvé la vie pour la première fois.

- Tu ne devrais pas William...remarqua Ava.
Ce dernier arrêta son geste et regarda la jeune femme d’un air triste qu’elle lui connaissait depuis longtemps.
- Comment va-t-elle aujourd’hui ?
- Mieux. Son état s’est enfin stabilisé. Elle n’a plus de fièvre et ses réflexes sont revenus. Elle n’a eu qu’une paralysie temporaire. Fit William.
Shogi s’appelait en fait William. Le William du collège Kadic. Mais lui aussi avait grandi et mûri. Et s'il avait changé son nom, c’était pour oublier une certaine Lena Olijn. Mais personne ne savait les raisons. Même pas Ava.
Cette dernière s'approcha de la japonaise qui avait repris des couleurs au fur et à mesure des jours.
- Bien. Elle va pouvoir bientôt reprendre l’entraînement et nous aider à accomplir notre objectif. Fit Ava.
- Son réveil va être douloureux...remarqua William.
- Je sais. C'est pour cela qu'on est là. Elle va enfin avoir l'occasion de se venger après toutes ces années, cela la motivera. dit-elle.

Quand Jérémie rouvrit les yeux, il aperçut le visage d’Aelita terrifié puis soulagé de le voir réveillé. Elle s’agrippa à son cou en lui disant :
- Oh Jérémie ! Tu m’as fait si peur ! Qu’est-ce que je suis contente que tu sois réveillé !
- Aelita ? Mais...Où suis-je ?
- A l’hôpital. C’est une longue histoire, Jérémie.
Son regard se voila de tristesse un court instant, ce qui ne manqua pas à Jérémie.
- Depuis combien de temps, suis-je ici ?
- Depuis un mois. Un mois Jérémie.
- Quoi ? Et...Et Odd ? Où est-il ?
- Il ...il a été enlevé au moment où on était à l’Hermitage. Ava ne s’est pas manifestée.
- Mais c’est un cauchemar....C’est pas possible !
- Calme-toi. Je suis là. Je te raconterai tout ce qui s’est passé, le temps venu. Mais maintenant, tu dois te reposer. Je reste avec toi.







(6 mois plutôt)

Des ombres dansaient tout autour de lui. Sa tête le faisait souffrir horriblement et ses paupières lui semblaient si lourdes qu’il avait du mal à les ouvrir. Il finit par les ouvrir après quelques minutes et découvrit une pièce assez lumineuse. Ou plutôt une chambre assez spacieuse, comme celles des belles villas américaines. Il voulait bouger mais tout son corps le faisait souffrir. Alors il détailla la pièce avec plus d’attention pour tenter de reconnaître l’endroit. La chambre avait des couleurs assez chaudes et un mobilier de style arabisant. De grandes baies vitrées parcouraient les murs dont les voiles virevoltaient avec la brise. Le soleil donnait à travers les rideaux et inondait la pièce de sa lumière apaisante. Même si le cadre était magnifique, Ulrich ne reconnaissait pas l’endroit. Il regarda ses mains et découvrit différents bandages à plusieurs endroits de son corps, y compris la tête. Mais il ne se souvenait que d’une chose. Un regard anéanti et un cri déchirant avant de sombrer dans l’inconscience et les profondeurs de l’eau. Puis plus rien. Le beau brun prit sur lui pour sortir son corps encore endolori par une telle durée d’inactivité et sortit du lit non sans difficultés. Il eut un pressentiment qui lui pinça le cœur tout à coup et lui glaça le dos. Il s’appuya contre le mur et alla vers la fenêtre pour voir l’environnement dans lequel il se trouvait. Le jardin était assez exotique sans trop d’ornements. Une belle fontaine trônait au centre d’une cour aux arcades métalliques et au sol couvert de mosaïques. Deux transats se trouvaient près d’une piscine où il pouvait voir une silhouette nager. Ulrich s’approcha de la vitre et vit une belle jeune femme sortir de l’eau. Elle avait un corps élancé, de belles courbes et une longue chevelure blonde qui cascadait sur ses épaules. Elle était très belle mais elle ne lui disait rien. Juste une impression de déjà-vu. Il pensa à Yumi. Son regard anéanti le glaça. Et ce mauvais pressentiment...Il avait peur pour elle, ne sachant ni où il était, ni où elle était. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le jeune femme arriver. Elle portait une longue tunique turquoise qui lui arrivait sur ses genoux et ses longs cheveux blonds mouillés lui tombaient sur ses reins. Elle le fixa du regard et ce n’est qu’au son de sa voix qu’il se rendit compte de sa présence.
- Ulrich, tu es levé.
Il sursauta presque et la dévisagea, intrigué et méfiant. La jeune femme s’en rendit compte et dit :
- C’est moi, Irina. Tu ne te souviens pas de moi ?
Comme Ulrich ne répondait rien, traduisant une réponse négative, elle poursuiva :
- Je t’ai sauvé d’un accident. Il y a quelques mois, 4 pour être exacte, un pont s’est effondré apparemment, je ne sais pas trop comment, j’étais dans le coin par hasard et je t’ai repêché. On peut dire que tu as eu de la chance....
Pendant qu’elle parlait, Ulrich ressentait quelque chose qui n’allait pas mais n’arrivait pas à savoir quoi...Pourtant, il n’avait pas d’autre choix que de la croire. Une question lui vint aux lèvres mais il se retint de la poser. La jeune femme se rendit compte qu’il la dévisageait et décida de mettre un terme à la conversation.
- Bon, je te laisse découvrir ton chez-toi. Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux quand tu seras prêt. Pour le moment, je dois faire une course et après je serais à toi. Mais n’abuse pas trop, tu n’es pas encore tout à fait rétabli. Bye !
Et la jeune femme partit en le laissant seul avec ses interrogations. Ulrich tituba et se retint à la fenêtre. Il se rendit compte qu’il n’était pas encore en état de rester debout longtemps et se remit dans son lit, assommé par une soudaine fatigue.
Irina rentra dans la villa et se rendit dans une pièce annexe dont elle ferma la porte. Elle attrapa une serviette et s’essuya les cheveux quand elle sentit un souffle chaud derrière sa nuque puis des lèvres se déposer sur son épaule dénudée. C’était Tim Anka.
- Il s’est réveillé ? lui demanda t’il.
- Oui. Et il ne se souvient pas de moi. Comme on l’avait prévu. Il me prend pour Irina. Fit Lena Olijn.
- Vu le choc, c’est normal...Mais méfions-nous quand même.
- Ne t’en fais. Avec ce qui va lui arriver, il ne sera plus du tout le même, je peux te l’assurer. Et nous l’aurons, notre guerrier !
Et elle l’embrassa comme à l’habitude sauf que cette fois-ci, quelque chose d’autre occupait son esprit. Quelque chose ou plutôt quelqu’un.







Trois mois passèrent durant lesquels Ulrich récupérait et s’entrainait au pentchak pour occuper ses journées. Irina/ Lena l’avait persuadé qu’il était en danger et que la meilleure solution était qu’il reste ici, à s’entraîner pour après avoir une chance de retrouver ses amis. Et celle qu’il aimait. Mais les choses allaient prendre une tournure plutôt inattendue. Elle l’avait pris au piège et le manipulait de plus en plus puisqu’il était entre les mains de ses véritables ennemis. Il avait d’ailleurs rencontré Tim à plusieurs reprises mais jamais il n’avait fait le rapprochement avec ses ennemis du temps où il était de la bande avec Yumi. Au fil de ses trois mois, Lena avait réussi à modeler son esprit de telle manière qu’elle lui faisait croire tout ce qu’elle voulait. Il n’y avait qu’un seul point qu’elle n’arrivait pas à avoir prise dessus. Ses sentiments. Il restait profondément amoureux de la japonaise et cela l’agaçait encore plus. Il lui échappait sur le plan le plus important et elle avait fini par trouver une solution à leur problème. Mais elle était loin d’imaginer que cela allait terminer ainsi. Un jour, le samouraï vit Tim arriver avec plusieurs hommes dont l’un d’entre eux portant un corps ensanglanté. Il fallut plusieurs opérations et beaucoup de temps pour que Lena récupère. Yumi l’avait blessé sérieusement et elle avait été à deux doigts d’y passer. Se rendant compte de la situation Tim et Lena élaborèrent un plan machiavélique pour arriver à leur ultime fin. Un jour, Lena vint voir Ulrich peu de temps après sa convalescence. Il était en train de s’entraîner dans le jardin.
- Ulrich....
- Irina ?
La jeune femme se tenait debout, un visage grave et le regardait. Il comprit tout de suite que quelque chose n’allait pas. Il s’immobilisa et la dévisagea.
- Je dois te parler de quelque chose.
- Je t’écoute.
- Je viens de me rappeler de quelque chose lors de mon attaque...
- Oui ?
- Je....Yumi y était.
Le sang d’Ulrich se figea à son prénom. Son cœur battit à toute à allure. Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait plus vu.
- Elle va bien ? enfin, elle était comment ? Elle t’a parlé ?
- Ulrich...
- Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
- Elle...
- Dis-moi qu’elle va bien ! Dis-moi qu’elle était là par hasard et qu’elle n’a rien !
- Je suis désolée Ulrich...Elle aussi a été attaquée...Et elle n’a pas survécu.
- Non ! Je ne te crois pas ! C’est pas possible ! Je le saurai ! Je le sentirai.
Lena lui tendit la dague de Yumi comme preuve de ce qu’elle avançait.
- je suis navrée Ulrich, vraiment. Elle était très belle...
Mais Ulrich ne l’écoutait plus. Tout son univers venait de sombrer. Tout son être était anéanti. Il revoyait son beau visage lui sourire. Ses mains lui caressaient le visage et son torse. Ses baisers. Ses rires. Leurs combats.
- Comment ?
Cette question surprit Lena. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il réagisse ainsi et se dit qu’elle devait en profiter.
- Elle...Elle a été poignardée en plein abdomen avec un katana. Elle n’a pas souffert...
- Bien sûr que si qu’elle a souffert ! Elle n’aurait jamais du se trouver là ! Mais pourquoi ? Pourquoi ? Et qui lui a fait ça ?
- Un guerrier. Mais je ne me souviens pas de son visage...
- Il me le paiera ! Je jure sur ma vie qu’il me le paiera et mourra de la même manière !
Lena décida de le laisser seul avec sa peine même si elle mourrait d’envie de le prendre dans ses bras et de le consoler. Mais maintenant qu’elle avait éliminé sa rivale, elle avait fait de lui un samouraï redoutable. Et le plan se mettait en marche.

(fin du flash-back)


« Dis Yumi...Tu crois au grand amour ?
- Pourquoi tu me demandes ça Aelita ?
- Ben je voulais savoir si je ressentais la même chose pour Jérémie que toi pour Ulrich... »
...
« Je te promets que quand tout sera fini, tu la porteras au doigt. Je t’aimerai toujours Yumi. »
...
Mais qu’est-ce que l’amour quand la personne que l’on chérit de tout son être n’est plus à vos côtés et que la vie vous semble fade tout à coup...


- Relève-toi ! fit une voix sèche.
Yumi sortit de ses songes et se rendit compte qu’elle se trouvait à terre, la bouche en sang. William venait de lui décocher un bon coup droit. La pluie inondait la cour et tapotait son visage. Sa longue chevelure d’ébène était retenue en une tresse et sa tunique grise lui collait au corps, mettant en valeur sa silhouette. Elle se releva de rage en s’appuyant sur son katana factice (la lame étant en bois). Elle se remit face à William, prête à contre-attaquer.
- Il ne te laissera aucune chance et tu le sais. Alors, concentre-toi !
Yumi s’entraînait avec lui depuis des jours au maniement du katana et au self-défense. Elle partit en offensive et contre-attaqua avec une force qui étonna William. Bien sûr, il était plus fort qu’elle mais la japonaise allait très vite dépasser le maître. Ils combattirent durant des heures sous la pluie qui s’abattait sur le Japon. Des mois s’étaient écoulés jusqu’à ce que Yumi ait retrouvé sa condition physique d’avant et qu’elle soit apte à se battre. Elle s’entraînait tous les jours avec William et Ava. William et elle étaient devenus très proches. Même si elle n’éprouvait pas la même chose que lui.







Un jour, William et Yumi s’entraînèrent d’une manière assez nouvelle au milieu d’une forêt. En effet, l’endroit insolite mettait leurs sens en alerte, étant donné du fait qu’ils ignoraient l’endroit où ils se trouvaient. Ils se battaient à l’aide de katana factice pour améliorer leurs réflexes et leur agilité. Mais très vite, la japonaise avait égalé le niveau de William et commençait même à le dépasser. Après plusieurs heures de combats, ils s’affrontèrent en duel en terminant l’un sur l’autre après une lourde chute. Ce qui la troubla. William n’en pouvait plus de cette proximité sans pouvoir laisser libre cours à sa passion qui le dévorait jour après jour. Il s’approcha d’elle et l’embrassa. Mais elle s’écarta comme s’il l’avait brûlé. Elle se releva aussi vite, gênée. Il fit de même mais s’essaya pour comprendre sa réaction un peu brutale.
- Yumi...
- Ecoute William, je suis désolée. Mais je suis pas encore prête. Ulrich est toujours en moi et je ne peux pas passer à autre chose même si je sais qu’il...C’est trop tôt. Pour moi, c’est comme si je le trahissais.
- Tu n’as pas à te justifier. Je n’aurais pas du t’embrasser, c’est tout.
- J’ai toujours su que tu éprouvais bien plus que de l’amitié à mon égard. Même au temps où tu te faisais appeler Shogi. Je...Je ne peux pas t’en vouloir de m’aimer mais...
- Je t’attendrais le temps qu’il faudra. Fit -il dans un soupir qui trahissait sa déception.
- Peut être ne devrais-tu pas. Fit-elle tristement. Car je ne sais pas si un jour je pourrais l’oublier.
Le voyant au bord des larmes, elle lui attrapa la main et lui sourit en lui disant :
- De toute manière, on reste amis. Et puis tu es le meilleur partenaire de combat que j’ai jamais eu. Alors, continuons ainsi, tu veux bien ?
William lui sourit. Il avait eu peur que par son geste, elle ne veuille plus le voir, ce qu’il n’aurait pu supporter et surtout ce qui aurait mis en péril la mission qu’on leur avait confié à lui et à Ava depuis plus d’un an. Ils repartirent en direction de la villa japonaise dans un quartier assez calme de Kyoto.

Durant tout le chemin, ils ne dirent rien. Ils n’échangèrent aucun mot et c’était mieux ainsi. Ce n’est que qu’une vingtaine de minutes plus tard qu’ils arrivèrent à la porte d’entrée de la villa et entendirent les bribes d’une conversation et des silhouettes assises au bord d’une table basse. Yumi entra la première et fronça les sourcils quand elle vit la nervosité d’Ava face à son interlocuteur.
- Ava ? demanda la japonaise.
Cette dernière sursauta de surprise. Elle ne l’avait pas entendue arriver et était tellement plongée dans ses pensées suite à la nouvelle que lui avait apporté le messager. Ce dernier se leva et salua les trois amis avant de s’enfoncer dans le jardin et de repartir aussi vite qu’il était arrivé. William parla à son tour :
- Qu’est-ce qui se passe ?
Ava se releva et leur fit face. Son visage trahissait une certaine nervosité et anxiété. Ses longs cheveux bruns bouclés étaient attachés en une simple queue de cheval et elle arborait un pantalon noir large avec une blouse de la même couleur. Elle regarda William et, sans rien dire, il comprit ce qui s’était passé. Ce qui n’échappa pas à la japonaise.
- je peux savoir ce qui se passe ? fit-elle en s’énervant.
- Odd a été enlevé.
- Quoi ? Mais par qui ? Et quand ?
- Il y a trois jours par Tim et Lena.
- Et Aelita et Jérémie, ils sont toujours à l’abri ?
- Oui, ne t’en fais pas, Guardian les protège.
- Guardian ?
- Yumi, c’est pas trop le moment de se poser des questions...On doit agir.
- Non ! Je ne ferais rien sans qu’on m’ait dit la vérité ! Qu’est-ce qui se passe ? Et pourquoi je suis à Kyoto ? J’ai tenu pendant des mois car j’avais pas le choix, je devais guérir mais là, ça commence à faire long. Alors, à moins qu’on ne me dise ce que je veux entendre, je rentre à Paris retrouver Aelita et Jérémie pour sauver Odd.
- Tu n’y penses pas ! Après tout ce qu’on a fait pour toi ! On t’a ramené à la vie et c’est comme ça que tu nous remercies ! On a pas fait tout ça pour rien ! hurla Ava sous la colère.
Yumi se figea, impressionnée par la colère de son amie mais surtout par les sous-entendus de ce qu’elle venait d’affirmer.
- Donc, c’était calculé ! Depuis le début, vous aviez prévu quelque chose pour moi ! fit la japonaise, le regard de plus en plus méfiant.
William comprit l’ampleur de la situation et se dirigea vers Yumi qui reculait de plus en plus face à ses amis. Elle se retourna pour s’enfuir quand elle entendit une voix derrière elle.
- Yumi...
Elle se figea sur place. Cette voix qu’elle n’avait plus entendu depuis des années. Une voix d’outre-tombe. Une voix qui venait de briser toutes les certitudes qu’elle avait acquis depuis plus de cinq ans.






Une silhouette se dessina derrière les voiles des grandes baies de la salle principale. Une main vint les soulever et Yumi découvrit son interlocuteur. Le jeune femme recula, effrayée par ce qu’elle découvrait.
- Non...C’est pas possible.
- Yumi. Ma chérie.
- Ma...Maman ?
- C’est bien moi. Fit elle avec un sourire sincère.
La mère de Yumi était vêtue d’une robe japonaise assez simple mais sa prestance imposait un certain respect. Elle était la même femme mais à la fois différente des souvenirs de la geisha.
William et Ava observèrent la scène et se doutaient bien de la réaction qu’aurait leur amie en découvrant toute la vérité. Mais le temps était venu pour elle de tout savoir afin qu’elle les aide à accomplir leur devoir et d’éliminer une bonne fois pour toutes leurs ennemis. Yumi restait figée sur place en observant sa mère. Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle voyait. Mais sa nature méfiante reprit le dessus sur la joie de retrouver l’un des siens. Cette dernière s’avançait de plus en plus vers la geisha.
- Tu n’es pas ma mère. Lança t’elle froidement. Ma mère est morte dans un accident de voiture il y a cinq ans. Tu ne peux pas être ma mère, je l’ai vu de mes yeux ! hurla t’elle.
Sa mère s’approcha d’elle, avec un regard rempli de compassion mais aussi de bonheur de revoir sa fille. Elle la prit dans ses bras comme pour lui faire oublier tous ses soupçons et ses peurs. Mais Yumi se dégagea aussi vite et regarda ses amis et sa mère.
- Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Yumi, il est temps que tu saches toute la vérité. Dit sa mère.
- Tu ...Tu es morte dans l’accident de voiture. Je t’ai vue comme Papa et Hiroki ! cria la japonaise sans pleurer.
Ava fit un signe à William qu’il valait mieux les laisser à deux. Ils partirent de la pièce, laissant les deux femmes s’expliquer.
- Yumi...Je ne sais pas comment te faire comprendre que je suis bel et bien ta mère. Je sais ce que tu as enduré et que cela a été très dur pour toi...
Mais sa fille l’interrompit violemment.
- Non tu ne sais pas ! Tu ne sais pas ce que j’ai enduré depuis cinq ans. J’ai perdu ma famille, l’homme que j’aimais et son enfant. J’ai connu moi-même la mort mais on m’a ramené pour m’utiliser à je ne sais quelle fin ! Et toi ! Tu oses me dire que tu sais ce que j’ai enduré ! Toi, ma mère que je croyais morte depuis 5 ans !
- Yumi...Calme-toi. Je...Il faut que tu comprennes certaines choses. Je te demanderai une seule chose, c’est de m’écouter. Après, tu choisiras de faire ce que tu veux. Mais avant, il faut que tu saches toute la vérité.
Comme Yumi ne bougea pas, montrant qu’elle lui accordait cette faveur, sa mère commençait à lui expliquer les lourds secrets qu’elle traînait depuis tant d’années.
- Tout d’abord, Yumi, il faut que tu saches que vous n’êtes pas la première génération de Lyoko.
A ces mots, Yumi blêmit et une foule de questions se bousculèrent dans sa tête.

De leurs côtés, Ava était assise sur une marche dans le jardin tandis que William était assis sur un parapet de la terrasse, les jambes repliées et retenues dans ses bras. Il s’inquiétait de la tournure de la situation. Ava avait son regard perdu dans le vague. Elle aussi s’inquiétait mais pour autre chose. Le fait de savoir Odd entre les mains de leurs ennemis la terrifiait plus qu’elle ne l’aurait pensé. Elle avait peur pour lui et de ce qu’ils étaient capable de faire pour arriver à leur fin. Ce n’est que deux heures plus tard qu’ils virent la mère de Yumi sortir de la pièce. Ils se levèrent à son arrivée, témoignant un certain respect.
- Elle sait tout. Mais il va lui falloir un peu de temps pour accuser le coup. Fit-elle.
- Elle sera prête pour la mission ? demanda Ava.
- Oui. Je connais ma fille. Elle saura prendre sur elle, comme elle l’a fait ces cinq dernières années. Et puis, elle ne pourra pas refuser une telle occasion. Se venger des meurtriers de son amant et de son enfant.
- Qu’y gagnez-vous ? demanda William soudain.
La question surprit les deux femmes. William n’avait pas ouvert la bouche de toute la discussion et voilà qu’il portait une accusation envers sa « patronne ».
- Je n’y gagne rien, William.
- Pourtant vous avez manipulé votre propre fille.
- Je crains que la situation ne te dépasse William. Alors arrête. Fit Ava.
-Non. Laisse-le parler. Il a le droit de se poser des questions. Je n’ai pas manipulé ma fille. Je l’ai simplement conduite à son destin. Elle doit combattre pour que le monde soit sauvé. Lena et Tim doivent être anéantis. Et Xana aussi avant qu’il ne soit trop tard.
Mais William était écoeuré et en colère envers elle. Il continua :
- Vous l’utilisez afin qu’elle venge votre propre cause. Par son bras, elle vengera votre époux et votre fils ! Elle a tellement souffert, vous...
Il serra son poing si fort de colère mais cela n’impressiona pas la japonaise. Elle l’observa, intriguée.
- Jamais je n’avais imaginé que tu l’aimais à ce point, William.
Ce dernier blêmit. Comment avait-elle su ? Il la regarda froidement puis partit à l’intérieur de la maison.
Ava ne savait que dire pour excuser son attitude. Mais la mère de Yumi ne semblait nullement affectée par ses propos. Elle se retourna sur la jeune femme et lui dit :
- Il faut qu’on sorte Odd de là avant qu’ils ne fassent pression sur Jérémie et Aelita. Ils sont les derniers remparts avant la libération de Xana. Et je ne peux pas permettre cela. Pas avec tous les sacrifices qu’il y a eu.

William était tellement en colère qu’il marchait machinalement dans la maison. Il essayait de se détendre mais rien n’y faisait. Il entendit soudain des sanglots provenant d’une chambre. Il s’arrêta et entre ouvrit la porte. C’était Yumi. Elle était allongée sur son lit, la tête entre les coussins, ses cheveux lachés, tombant dans son dos. William en avait le cœur serré de la voir ainsi. Il s’approcha sans bruits et vint s’asseoir près d’elle. Il lui caressa amicalement les cheveux pour la calmer. Elle se rendit compte de sa présence et se releva en le regardant. Ses yeux étaient rouges et baignés de larmes. William mit sa main à sa joue pour essuyer ses larmes et lui souriant comme pour la rassurer.
- Ca va aller Yumi...Ne t’en fais pas.
- Non ça ne va pas du tout ! fit-elle en sanglotant avant de tomber dans ses bras.
Il la serra contre lui pour la rassurer en essayant d’apaiser ses sanglots. Puis, Yumi le regarda droit dans les yeux en lui disant :
- Je ne suis pas forte William. Je n’ai fait que donner une image de moi. Ce n’est pas moi la plus courageuse. Je n’ai...
Mais elle fut interrompue par William qui l’embrassa tendrement. Mais contre toute attente, elle se laissa faire, fatiguée de tout et cherchant un peu de réconfort dans son univers anéanti pour la seconde fois.







« Walkyrie, c’est le nom de la société secrète pour qui je travaille ainsi qu’Ava et William. Elle a été créée du temps où je faisais partie des lyokoguerriers comme vous vous faisiez appelés. Franz Hopper avait intitulé ce projet du nom d’un opéra de Wagner tiré de la mythologie germanique, en hommage aux goûts musicaux de son épouse. Et cette société a pour mission de protéger le secret autour de Xana et de Lyoko. Tu en fais aujourd’hui partie ma fille. »

Yumi finit par s’endormir sur le lit et William décida de la laisser seule. Il la respectait trop pour la pousser à aller plus loin. Ce seul baiser lui suffisait amplement, même s’il savait pertinemment qu’elle ne l’aimait pas autant qu’il l’aimait. « On est amis ». Il se releva en soupirant et la regarda une dernière fois. Des mèches tombaient sur son visage marqué par des nombreuses larmes et les fantômes de ses blessures. William retourna dans sa chambre et se coucha en repensant à ce fameux baiser mais aussi à ce qui les attendait.

Le lendemain matin, la mère de Yumi réunit tout le monde pour parler d’une mission de reconnaissance. Elle allait envoyer Ava, William et la japonaise dans un des repères de Tim et de Lena où Odd pourrait être retenu prisonnier.
- Le temps nous est compté. Il faut agir vite avant qu’ils ne fassent pression sur Jérémie et Aelita, une fois qu’ils les auront retrouvés. Fit Ava.
- Mais où se trouve cette base ? demanda étonnée Yumi.
- Ici même. Au Japon. Fit sa mère.
- Et Jérémie et Aelita ? demanda la geisha
- Ils sont en sécurité. Des disciples se chargent de leurs protections en France. Une fois que nous saurons où se trouve Odd, nous les rapatrierons sur le champ ici. Répondit sa mère.
- Pourquoi pas maintenant ? Demanda William.
- Si on le fait maintenant, Tim et Lena le sauront tôt ou tard et la mission pourrait devenir dangereuse pour eux deux. C’est trop risqué. Fit Ava.
Yumi regarda sa mère. Elle semblait si sûre d’elle. Elle était tout à faut différente de la mère qu’elle connaissait et pourtant c’était elle. Elle le sentait au fond d’elle-même. Son instinct ne l’avait jamais trahie. Comme la fois où elle avait croisé Ulrich à l’hôtel avant qu’ils ne se « connaissent ». Comme le sentiment qu’elle a qu’Ulrich n’est pas mort. Elle l’aurait senti mais un an s’était écoulé depuis. Et en un an, beaucoup de choses changent.
Une voix vint la sortir de ses songes : William.
- Yumi ?
- Mmm Quoi ?
- Ta mère disait qu’on partait dans 20 minutes.
- Je serais prête. Je te rejoins dans dix minutes.
- Tout va bien ?
- Oui ne t’en fais pas, lui dit elle en souriant.
Mais William n’était pas dupe. Il savait qu’elle lui cachait quelque chose. Mais l’heure n’était pas aux questions.

Quelque part, au Japon. Un homme entra dans un bureau assez froid et précaire. Il n’y avait que le strict nécessaire tel qu’un bureau, des chaises et une grande armoire. Un néon éclairait faiblement cette pièce. Assurément, la fonction première du lieu n’était pas d’être un lieu professionnel. On aurait plutôt une pièce attenante à un vieil entrepôt. L’homme avait l’air assez crispé devant son interlocuteur.
-Monsieur ?
Son interlocuteur releva les yeux du dossier vers le soldat.
- Oui ? fit-il froidement.
- Je crois que nous avons un problème. Fit le soldat.
Ce dernier s’abaissa et chuchota quelques mots à l’oreille de son chef.
- Qu’est-ce qui se passe Tim ? demanda Lena.
La jeune femme blonde se tenait dans un coin de la pièce et approcha pour écouter ce qui se passait. Le soldat se releva et, après avoir salué Tim, sortit de la pièce. Tim se leva de son siège tout en disant :
- Il se passe, ma chère, que nous allons avoir l’occasion d’expérimenter notre nouvelle « arme ». Cette chère Walkyrie fait encore des siennes et replonge son nez dans nos affaires.
- Que veux-tu dire ? Ils savent pour Odd ?
- Oui et pensent pouvoir le trouver à Taipei.
- Mais il n’y a rien là-bas ! Juste une de nos anciennes bases.
- Justement ! Nous allons leur tendre un piège. Et puis, ce sera l’occasion de tester notre guerrier. Fit-il en l’embrassant amoureusement.
Lena était impatiente de voir les capacités de son nouveau « joujou ». Elle avait hâte de voir le déroulement de cette rencontre.

Un hélicoptère se posa près des docks. William et Yumi en sortirent tandis qu’Ava restait pour piloter l’engin. Les deux amis étaient revêtus d’une combinaison de combat qui ne laissait entrevoir que le regard. Sa mère avait bien été claire. Personne ne devait savoir que Yumi était à nouveau vivante. C’était un atout qui devait leur servir comme avantage sur leurs ennemis.
- Bon, vous allez voir ce qui s’y trouve et vous revenez illico sans vous faire repérer. Fit Ava avec une voix plus forte pour passer au-dessus du bruit des pales de l’hélico.
- Même si Odd est là-bas ? demanda Yumi.
- Même si Odd est là-bas. Fit Ava d’un ton désolé.
- Bon on se retrouve ici dans vingt minutes. Si l’un d’entre nous n’est pas rentré, on l’attend cinq minutes pas plus. Ok ? demanda William.
- Ok. Répondirent les filles.
Les deux amis se faufilèrent derrières les vieux bâtiments des docks et se dirigèrent vers l’entrepôt dont il était question. Quelques minutes plus tard, ils se trouvaient à l’intérieur du bâtiment. Ils allumèrent leurs torches et se firent signes pour s’introduire. William chuchota :
- Il n’y a personne. Pas de bruits, rien. C’est étrange.
- C’est pas normal...Fit Yumi.
Ils ouvrirent une porte puis une autre et arrivèrent dans la salle principale. Ils s’apprêtaient à en ouvrir une autre quand tous les néons s’allumèrent et une voix retentit depuis le premier étage. William et Yumi levèrent la tête vers l’origine et reconnurent la voix aussitôt.
- La Walkyrie. Toujours à foutre son nez dans mes affaires. Lança Tim. Mais nous allons voir de quoi vous êtes capables.
Deux soldats les attaquèrent mais William et Yumi eurent très vite le dessus. C’était plus pour tester leurs capacités qu’autre chose. William cria :
- c’est un piège. Il faut qu’on sorte d’ici !








Mais au moment où ils allaient prendre la fuite, tout s’éteignit. Plus aucune lumière. Plus aucun bruit. William et Yumi serrèrent leurs armes dans leurs mains et tentèrent de rejoindre la sortie sans allumer leurs torches pour ne pas se faire repérer. Ils progressaient tant bien que mal quand soudain, Tim prit William par surprise tandis qu’un autre guerrier s’abattit sur Yumi qui l’esquiva de justesse. Deux combats s’engagèrent, d’une qualité et d’une intensité inouïe. Les lames des katanas s’entrechoquaient. La japonaise avait du mal à se défaire de son agresseur qui semblait être déterminé à la tuer. Lui aussi avait son visage dissimulé et ses yeux n’étaient pas visible dans l’obscurité. De son côté, William avait du fil à retordre avec Tim. Pendant que Yumi flanqua un coup à son agresseur pour se dégager, ce dernier la rattrapa à la fit tomber à terre. Il mit sa main autour de sa gorge et serra de plus en plus. Yumi tenta d’attraper son katana pour se défendre mais rien n’y faisait. Elle suffoquait et essayait de le repousser. Mais son agresseur maintint sa pression et prit le katana de la japonaise. Il allait l’abattre sur elle quand William le vit et ne put s’empêcher de crier :
- Yumi !
Le katana dévia et vint se planter près de la gorge de la jeune femme, la coupant au passage. Son agresseur se releva aussitôt et Yumi put voir son regard passer du regard meurtrier à un regard effaré. L’effet de surprise atteint aussi Tim qui relâcha soudain William. Ce dernier en profita pour mettre KO Tim et lui flanqua un coup de son arme en plein abdomen. Ce dernier hurla de douleur et de surprise. Et William allait abattre son katana pour l’achever quand il entendit dans son dos :
- William ! Attention ! Cria Yumi.
Mais le choc fut inévitable. L’agresseur de Yumi venait de l’attaquer par derrière et le pauvre William n’eut pas le temps d’esquiver. Il tomba lourdement à terre en se rattrapant sur ses coudes. Il serra des dents tant la douleur était grande. Il se retourna pour faire face à son adversaire qui leva son katana pour l’achever.
- Quelle ironie. Et dire que j’étais à sa place il y a même pas deux minutes. Pensa William.
Yumi hurla pour la première fois. Elle hurlait un Non déchirant qui glaça l’agresseur. Il se stoppa net et se retourna pour voir Yumi. Elle se relevait difficilement, sa blessure au cou étant assez profonde. Elle regardait William, les larmes aux yeux. Pour elle, il y avait déjà eu trop de sacrifices. Elle n’en pouvait plus. Elle s’approcha de William pour voir comment il allait. Pendant ce temps, le guerrier s’enfuit en compagnie de Tim, salement amoché. Les deux amis s’entraidèrent pour sortir et arriver jusqu’à l’hélico.

Tim et son allié sortirent de l’entrepôt pour rejoindre un bâteau quand Tim fit :
-Attends...Il faut... Il faut que je me repose un peu, histoire de reprendre mon souffle.
Il tenait son ventre comme pour faire diminuer la douleur. Son compagnon découvrit son visage et sentit une coupure sur son visage. Il l’effleura de ses doigts et repensa à ce qui venait de se passer. Des larmes coulaient désormais sur son visage. Ulrich pleurait.
- Ainsi, était-elle encore en vie ? fit à voix haute le beau brun.
- Ne te laisse pas méprendre. Peut-être est-ce une ruse de leur part pour mieux t’atteindre. Ils te manipulent, ne crois que ce que ton instinct te dit. Pas tes yeux. Fit Tim. Si c’était vraiment Yumi, elle n’aurait pas pleuré pour William comme elle l’a fait envers toi. Et elle ne t’aurait pas attaqué.
- Mais elle ignorait que c’était moi. Moi aussi je l’ai attaqué ! J’ai même voulu la tuer !...
Fit-il en se laissant tomber à terre sur ses genoux.
- Ulrich. Il faut te rendre à l’évidence. Ce n’est plus la Yumi que tu as connu. Qui te dit que ce n’est pas un double qu’ils ont recréé pour mieux te corrompre ? Elle est ton ennemie, Ulrich ! Elle veut retrouver Xana à tout prix. Elle travaille pour l’entité qui a juré notre chute. Nous nous devons de les en empêcher. Quel qu’en soit le prix...Je suis navré, Ulrich. Fit Tim.
Mais Ulrich ne l’écoutait pas. Il était partagé entre le sentiment d’un bonheur intense de la savoir en vie et entre un sentiment de dégoût quand il la vit avec William. Ainsi, elle l’avait remplacé...Elle l’avait oublié ! Des larmes coulaient tandis qu’il serrait son poing de fureur.
- Tu me le paieras William !

Dans l’hélicoptère, William se faisait un bandage pendant que Yumi était dans ses pensées, la main appuyant sur la compresse contre son cou. La blessure n’avait pas atteint des organes vitaux de la gorge.
- "Heureusement que William a crié...C’est étrange d’ailleurs la réaction de ce type...C’est comme si mon prénom l’avait tétanisé..." pensa Yumi
- Yumi ? fit Ava.
- Mmm quoi ?
- Je demandais votre avis sur le déroulement de la mission. Pourquoi n’étaient-ils pas plus nombreux que cela. Tu m’écoutes ?
- Oui oui...je suis juste un peu sonnée. Fit Yumi.
- Moi je crois que c’était un piège. Pour tester nos capacités, peut-être ? Je sais pas. En tout cas, ils ont un guerrier qui va nous causer quelques ennuis. Il est très fort. Et je remercie le ciel de m’avoir laissé la vie sauve. Fit William.
William n’avait pas remarqué la réaction de son agresseur envers Yumi. Il se préoccupait d’avantage de ses blessures .
Ava sourit aux propos de William. « Comme s’il croyait à cela... » Puis elle regarda Yumi qui semblait très troublée.
« Qu’est-ce qui s’est passé là-bas ? » se demanda-t’elle.







Lena se trouvait dans un couloir d’un vieil entrepôt japonais. Elle s’arrêta devant une porte tenue par deux soldats et leur fit signe de lui laisser l’accès libre. Elle ouvrit la porte en pénétra dans une pièce assez humide et mal éclairée. Au centre, une silhouette assise, le visage dissimulé sous une capuche. Lena attrapa une chaise et vint s’asseoir devant la silhouette. Elle regarda les deux gardes présents dans la pièce pour surveiller le prisonnier et leur somma de partir. Elle resta assise, les bras croisés, comme si elle attendait quelqu’un. Ce n’est que quelque minutes plus tard qu’une autre personne entra : Tim. Elle sourit en l’entendant arriver même si elle percevait une démarche différente, trahissant sa blessure à son flanc. Tim passa devant elle sans un sourire, seul un regard noir, quasi meurtrier et une rage démesurée qui conduisait chacun de ses pas vers sa prochaine victime. Il vint se placer à côté du prisonnier et lui ôta la capuche. Odd rouvrit difficilement les yeux, ayant été habitués à l’obscurité durant toute sa captivité. Il leva la tête et reconnut ses deux agresseurs. Il ne blêmit même pas. Au contraire, il était dévoré par l’idée de venger ses deux amis qu’il croyait mort. Et s’il n’était pas attaché à cette chaise, il leur aurait déjà réglé leur compte. Tim attrapa une chaise et vint s’assoeir bruyamment devant Odd, un regard noir dans sa direction.
- Que me vaut un tel honneur ? Les deux tarés pour le prix d’un. J’ai trop de chance, fit Odd.
Mais Tim n’était pas vraiment d’humeur à plaisanter. Il lui décocha un bon coup droit, ce qui sonna le blondinet. Sa lèvre saignait et il releva la tête vers ses interlocuteurs.
- Je vois...On est pas bavard aujourd’hui. Continua t’il pour montrer qu’ils ne l’intimidaient pas du tout.
- Odd. Dis-nous ce qu’on veut savoir. Fit Lena d’un ton assez calme.
Odd tourna sa tête vers elle et ne put s’empêcher de sourire mesquinement.
- Donc, vous ne les avez toujours pas...
Tim serra son poing, prêt à encore frapper mais il fut retenu par Lena.
- Dis-nous où sont les disquettes, Odd. Et tout s’arrêtera très vite. Fit-elle.
- Mais bien sûr...Vous avez la même parole que xana. Et moi je ne m’y fie pas. Désolé vous aurez qu’à les trouver vous-même ! fit Odd en crachant un filet de sang.
- Tes dents te démangent peut-être ? je peux t’arranger cela. Fit Tim d’un ton froid. Mais avant, je voudrais savoir une chose. Comment se fait-il qu’elle soit encore en vie ? Pourquoi la geisha est-elle toujours en vie ?
Les propos de Tim choquèrent Odd. Il n’en croyait pas ses oreilles. Yumi était encore en vie ? Mais c’était impossible. Il avait pris son pouls et son cœur ne battait plus. Il en était certain.
- C’est...impossible.
- Te fous pas de moi ! hurla Tim.
- Elle est morte dans mes bras ! Tout comme son enfant, cracha Odd en regard de Lena. Yumi était enceinte d’Ulrich et vous les lui avez enlevé tous les deux ! Espèce de...
Mais il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’il se retrouva au sol, la chaise basculée en arrière, Tim ayant un pied sur une des barres de la chaise.
- Je crois que t’as pas saisi la situation. Mais j’ai quelque chose qui va te faire ramener la mémoire pour nous dire où se trouvent ces foutues disquettes.
Lena était abasourdie par ce que venait de dire Odd. Elle préféra laisser Tim s’occuper d’Odd avant qu’Ulrich ne les cherche. Il ne fallait pas qu’il sache ce qui se passait dans son dos.


-Je sais où Odd se trouve ! fit Ava toute heureuse.
William et Yumi sursautèrent au cri de joie d’Ava. Cela faisait plus d’une heure qu’il suivait sur un écran un petit point rouge. William avait collé un émetteur sur Tim et ils se doutaient que la première réaction que Tim aurait après avoir découvert que Yumi était encore en vie, c’était d’aller voir Odd. Enfin, ils touchaient au but !
- Et où est-ce que ça se trouve ? demanda Yumi.
- C’est un vieil entrepôt de Tokyo. A une vingtaine de kilomètres du centre ville. On y sera dans un peu moins d’une heure en hélicoptère. Ta mère nous y envoie mais pas William.
- Pourquoi ? demanda ce dernier, étonné.
- Tu t’es regardé ? Tu tiens à peine debout. Tu dois te reposer pour être d’attaque pour le coup final.
- « Ainsi, on va enfin voir la fin de ce cauchemar... » pensa Yumi.
- Yumi et moi irons chercher Odd avec l’aide de deux disciples.
- Et moi, j’attendrais sagement votre retour...maugréa William.
Yumi lui donna une tape amicale et lui sourit pour le réconforter. Et à vrai dire, rien que son sourire remplissait de joie le cœur de William.
- Bon, c’est pas tout ça mais on a Odd à aller sauver ! Fit Ava toute excitée de revoir son petit ami.

Une bonne heure plus tard, un hélicoptère se posa quelques mètres plus loin du lieu renseigné pour ne pas être repérés. Quatre silhouettes descendirent de l’engin et se faufilèrent dans les rues pour atteindre un vieil entrepôt. Elles se stoppèrent devant l’entrée et l’une d’elles fit signe aux autres de se scinder en deux groupes. Ava et Yumi partirent de leurs côtés tandis que les deux autres prirent une autre direction. Yumi n’avait pas eu le temps de changer de combinaison. Une déchirure pouvait toujours se voir au niveau du cou mais la blessure commençait à cicatriser. Elle poussa une porte et pénétra à l’intérieur d’une immense salle. Comme la fois précédente, seuls l’obscurité et un silence glaçial régnaient dans l’immense pièce.
Au moment où Ava referma discrètement la porte, les lumières s’allumèrent au centre de la saller, dévoilant Odd assis, attaché sur une chaise et en piteux état. Il avait perdu connaissance. Le sang d’Ava ne fit qu’un tour et voulut aller le sauver mais elle fut retenue par le bras par son amie. Yumi la fixa du regard pour lui faire comprendre que c’était sans doute encore un piège tendu par Tim et Lena. Elles attendirent quelques secondes pour vérifier les alentours, les portes de sortie et voir si il y avait quelqu’un. Elles s’approchèrent progressivement d’Odd quand tout s’éteignit pour se rallumer cinq secondes plus tard, avec le guerrier de l’autre fois et deux soldats. Puis tout s’éteignit, encore. Les deux jeunes femmes serrèrent leurs mains contre leurs katanas et se préparèrent à attaquer, même. A nouveau, le guerrier fonça sur Yumi sans la reconnaître et l’attaqua de front. Il la prit par surprise mais cette fois-ci, Yumi avait comprit sa manière de procéder et l’évita de justesse. Elle repensa à ce qu’il avait failli faire à William et l’attaqua de plus belle. De son côté, Ava se débarrassa assez facilement d’un des deux soldats et se guida des faibles lumières venant des vitres du bâtiment. Ce qui l’inquiétait surtout était l’état d’Odd. Elle voulait en avoir fini le plus vite possible pour pouvoir s’occuper de lui. Mais le deuxième soldat ne l’entendait pas de cette manière. Yumi était déterminée à éliminer tout ce qui se rattachait de près ou de loin à Tim et Lena. A les faire payer toute la souffrance qu’elle avait enduré depuis qu’elle les avait rencontré. Et ce guerrier en faisait partie. Cette fois-ci, elle était déterminée à ne pas se laisser avoir aussi facilement. Yumi para toutes les attaques de son adversaire assez aisément et par un jeu de jambes, elle réussit à le mettre à terre. Ce dernier jura mais Yumi se plaça sur lui pour l’empêcher de bouger et attrapa son katana dans son dos. Ava, quand à elle, venait d’éliminer le deuxième soldat. Elle courut vite vers Odd.
- Odd. Odd, c’est moi Ava...je t’en prie réveille-toi. Fit Ava, larmes aux yeux.
- A..Ava ? Fit-il faiblement. Il rouvrit difficilement les yeux vers sa direction. Il lui sourit faiblement.
Sa bouche était sanguinolente, son visage tuméfié et son t-shirt déchiré, témoins des atrocités dont il avait été victime durant sa captivité. Mais il était en vie ! C’est tout ce qui comptait aux yeux d’Ava. Elle l’enserra tant elle était heureuse de le revoir.
- j’ai eu si peur de te perdre ! fit-elle les larmes coulant sous sa combinaison. Viens ! Il ne faut pas traîner ici. Je t’emmène en sécurité.
- Mais...je...
Odd n’eut pas la force de parler. Ava l’entrainait en sûreté hors du bâtiment. Il était convenu que le plus important était de sauver Odd. Si l’un d’eux manquait à l’appel, ils devaient partir de toute manière. Le manquant reprendrait contact avec eux dans le meilleur des cas et attendrait jusqu’à une prochaine extraction.
L’agresseur de Yumi ne vit pas ce qui se passait derrière lui et tenta de reprendre le dessus en poussant sur la gorge de Yumi qui hurla sous la douleur. Ce dernier reconnut immédiatement la blessure et arrêta son geste. Mais la geisha ne le comprit pas et s’apprêta à abattre son arme sur son adversaire quand il hurla :
- Yumi, non !
Yumi en fut pétrifiée.
« cette voix...Non c’est pas possible... »
Le katana lui glissa des mains et tomba lourdement à terre. Des larmes coulaient sur ses joues. Tout son corps tremblait. Elle se releva pour mieux l’observer tout en tenant une main à son cou. Sa blessure s’était rouverte.
- U...Ulrich...







Ava et Odd arrivèrent à l’hélicoptère mais Yumi ne les suivait pas.
- C’est bizarre qu’elle ne soit pas encore là.
Deux disciples attrapèrent Odd et le couchèrent sur une civière pour l’ausculter et le mettre sous morphine afin de le panser.
- Qu’est-ce qu’on fait ?
- On attend deux minutes. Répondit Ava.
- Ava, on ne peut pas attendre, Odd a besoin de soins au plus vite.
Ava réfléchit très vite et regarda Odd. Elle lui caressa les cheveux tendrement. Et finit par dire :
- On y va. Mais dès que Odd sera stabilisé, je reviens ici chercher Yumi.
Elle grimpa à l’intérieur de l’hélico et se plaça aux côtés d’Odd. Le monteur vibra et l’engin s’envola vers leur QG à Kyoto pour soigner Odd, laissant Yumi sur place.
Cette dernière entendit le bruit de l’hélico s’envoler mais son regard était fixé sur son « agresseur » à terre. Il se releva en ôtant sa capuche. Ses yeux profonds et si intenses luisaient de larmes de bonheur. Yumi reculait, elle était effrayée par ce qu’elle voyait. Elle hurlait en pleurant :
- Tu...Tu es mort. Non...C’est pas possible...
- Yumi...
Elle dévoila à son tour son visage et ses longs cheveux noirs retombaient dans son dos en une queue de cheval. Des larmes coulaient sur ses joues. Mais leur retrouvaille fut de courte durée car on leur tirait dessus. Des sbires de Tim et de Lena qui n’avaient pas reconnu Ulrich et qui le prirent pour un agent de la Walkyrie. Ulrich attrapa la main de Yumi et courut se mettre à l’abri en caricolant dans le bâtiment. Des coups retentirent durant plusieurs minutes pendant qu’Ulrich et Yumi tentèrent de les semer. La jeune femme ne disait rien. Elle était perdue et ne savait que penser. C’était trop pour elle. Ulrich sentit bien qu’elle n’était pas avec lui psychologiquement. Il lui tira le bras juste à un carrefour et s’engouffra dans un local sombre en refermant silencieusement la pièce. Les sbires ne les virent pas et continuèrent leur course-poursuite bien plus loin. Ulrich vérifia qu’ils n’étaient plus suivis et se retourna sur sa compagne. Elle était debout au fond de la pièce et le toisait d’un regard méfiant. Elle tentait de trouver une échappatoire. Ulrich s’approcha d’elle et la fixa de son regard intense et profond.
- Yumi...
Il lui toucha la joue. Elle sursauta de surprise mais aussi par ce qu’elle reconnut le contact. Ce toucher qui lui avait tant manqué. Des larmes de bonheur coulèrent sur les deux visages qui ne tardèrent pas à se rapprocher. Les deux amants s’embrassèrent, fous de joie de s’être retrouvés et de se savoir en vie. Et très vite, la passion reprit le dessus. Un an les avait éloignés et ils voulaient rattraper le temps perdu. Ulrich attrapa Yumi et la coucha sur le sol. Il l’embrassa avec passion pendant que Yumi répondait à ses avances. Ils laissèrent libre cours à cette passion qui les dévorait depuis tant de temps. Et dans un dernier souffle, leurs deux visages se faisant face, Ulrich murmura à sa compagne :
- Je t’aime Yumi. Et rien ne pourra plus nous séparer.
- Moi aussi je t’aime Ulrich.
Elle l’embrassa comme pour le lui prouver et ils se laissèrent consumer par cette passion pour ne faire plus qu’un au final.

L’hélico arriva à bon port et Odd fut transporté à l’infirmerie du complexe. Elle fut rejointe par William, avide de connaître le récit de leur mission. Mais une chose le troubla : Yumi n’était pas là. Il attendit qu’Ava sorte de la chambre d’Odd pour le lui demander.
- Où est Yumi ?
- Elle est toujours là-bas. Je n’ai pas eu le temps de l’attendre à cause d’Odd. Mais ne t’en fais pas, on ira la chercher après. Fit la jeune femme.
- Je suis heureux pour toi que tu aies retrouvé Odd. Comment va-t’il ?
- Son état est stable. Il n’a pas de profondes blessures mais ils ne l’ont pas râté. Fit-elle avec une rage sourde.
D’ailleurs, William remarqua que son poing se serra au fur et à mesure qu’elle parlait. Il ouvrit la bouche mais fut interrompu par la mère de Yumi.
- Je vous cherchais. Nous partons dans vingt minutes pour Paris. Nous allons rechercher Jérémie et Aelita pour les mettre en sécurité maintenant que nous avons Odd.
La japonaise remarqua les mines déconfites de ses deux agents.
- Ava, ne t’en fais pas. Odd est entre de bonnes mains. Et toi, William, nous irons récupérer Yumi après notre retour. Notre priorité est d’empêcher le réveil de Xana. Par tous les moyens, est-ce clair ?
- Oui ! répondirent les deux amis même s’ils auraient préférés une autre alternative.

Yumi se réveilla en sentant une certaine chaleur contre elle. Quand elle ouvrit les yeux, elle reconnut la pièce sombre dans laquelle elle s’était retrouvée quelques instants plus tôt. Elle tourna la tête et vit qu’Ulrich la contemplait avec un regard tendre. Il lui caressa les cheveux et lui murmura :
- Yumi, j’ai vraiment cru t’avoir perdue...fit-il tristement.
- Moi aussi j’ai cru t’avoir perdu.
Elle lui sourit et l'embrassa tendrement. Puis elle passa sa main sur son ventre et voulut lui dire ce qui lui ou plutôt ce qui leur étaient arrivés durant son absence quand des bruits de pas retentirent dans le couloir. Elle se releva soudainement et attrapa ses vêtements. Ce que fit de même Ulrich qui paniqua à l’idée qu’ils les aient retrouvés et se doutait bien de ce qu’ils allaient faire de Yumi. Et maintenant qu’il l’avait retrouvée, il ne la quitterait plus. Mais sa conscience lui pesait lourd. Il se devait de lui dire la vérité.
- Yumi, je dois te dire quelque chose...
- Moi aussi Ulrich, on a beaucoup de choses à se dire. Mais là, c’est pas le moment.
Elle lui attrapa la main et remit son katana dans son dos puis quittèrent la pièce sans bruits en courant dans le couloir. Mais à peine avaient-ils fait quelques mètres qu’une voix se fit entendre dans leurs dos.
- Tiens, la geisha. Il me semblait que tu étais morte mais apparemment, même la mort ne veut pas de toi. Fit Tim.
Yumi ne répondit rien, le fixant d’un regard noir. Tim fit signe à des soldats d’attraper les deux amants mais Yumi n’avait pas vraiment l’intention de se laisser faire. Elle dégaina son katana et combattit contre les soldats, ce qui fit aussi Ulrich.
- Eh bien Ulrich. On change de camp ? En tout cas, joli travail. Tu nous l’as servi sur un beau plateau. Fit Tim.
Cette parole glaça Yumi et elle ne put continuer à se battre tant elle était sous le choc. Un homme la retint par les bras tandis qu’un autre lui reprenait son katana. Même scénario avec Ulrich. Yumi voulait se détacher de l’emprise de l’homme mais ce dernier la retenait avec force. Elle regarda Ulrich, ne comprenant pas ce qui venait de se passer. Mais ce dernier détourna le regard, ne supportant plus de la voir dans les yeux alors qu’il venait de la trahir.
- Dis-moi que c’est faux, murmura t’elle. Dis-moi que tu n’as pas fait ça...
- Je ne savais pas que c’était toi...Je t’en prie, pardonne-moi...fit-il sans la regarder.
- Regarde-moi Ulrich ! lui hurla-t’elle.
Cela lui fit le même effet qu’un pic à glace planté dans son cœur. Il leva les yeux vers elle, remplis de larmes. Il s’en voulait tellement d’en être arrivé là. Et là, il vit enfin son regard qui le poursuivra toute sa vie. Son regard était noir, rempli de haine envers lui. Elle lui dit avant d’être emmenée :
- Tu viens de me perdre pour la seconde fois. Et crois-moi, tant que je vivrais, jamais je ne te pardonnerais tout le mal que tu m’as fait ! Jamais !







Les soldats emmenèrent Yumi dans une fourgonnette tandis qu’Ulrich était resté au même endroit faisant face à Tim. Ce dernier le regarda avec dédain et sans crier gare lui décocha un coup en plein abdomen, ce qui le fit se tordre de douleur. Le samouraï tomba à genoux mais il était retenu par les sbires de Tim.
- Qu’est-ce que tu nous fais, Ulrich ? Tu n’allais quand même pas nous faire faux bond !
- Je...Je ne savais pas que c’était Yumi ! Elle...Elle n’a rien fait. Alors laisse-la ou sinon...
- Ou sinon quoi ? Tu me menaces ? Mais regardes-toi ! Tu n’es plus le même quand elle est là.
- Tu ne peux pas comprendre. Fit le beau brun en se relevant.
Les deux soldats tentèrent de le reprendre mais il se détacha violemment.
- C’est bon ! Je vais pas m’envoler ! cria-t’il de rage.
Tim le dévisagea, se rendant compte qu’il était en train de leur échapper. Il fallait frapper fort et vite avant que tout ne dérape.
- Tu sais Ulrich, c’est ton ennemie désormais. Tu vas devoir la combattre. Même si tu l’as aimée. Tu n’as plus le choix !

Ava était restée au chevet d’Odd. Elle s’inquiétait beaucoup pour lui et s’en voulait de lui avoir caché la vérité. Mais ce dernier ignorait tout d’elle. La mère de Yumi lui avait accordé cette faveur. Si elle n’avait pas tous ses agents tout à fait disponibles, y compris sur le plan psychologique, la victoire n’était pas gagnée. Elle était assise sur une chaise au bord du lit de son petit ami. La situation était assez ironique puisqu’il y a quelques mois, William se tenait dans la même position vis-à-vis de la japonaise. Ava soupira et prit la main d’Odd et la serra. Elle voulait qu’il sente qu’elle était là pour lui. Qu’elle avait besoin de lui pour après et aussi pour maintenant. La victoire ne sera pas obtenue par eux trois. Surtout que yumi n’avait toujours pas donné de signes de vie. Cela l’inquiétait un peu mais son esprit était préoccupé par son bien-aimé. Ce dernier était plongé dans un coma artificiel pour lui permettre de récupérer plus vite et totalement ses capacités. Et il était aussi à l’abri, en quelques sortes. Ava passa sa main dans ses longs cheveux ondulés bruns, un tic qu’elle avait depuis toute petite quand quelque chose l’ennuyait ou l’inquiétait. Elle était vêtue d’un top bleu foncé et d’un pantacourt noir. Elle avait aussi une chemise noire comme veste. Chemise d’Odd qu’elle adorait et qu’il lui rappelait sa présence. Mais actuellement, la jeune femme se sentait bien seule.

Quelques instants plus tard, Tim et Ulrich revinrent à leur base. Tous deux étaient préoccupés mais pour des raisons différentes. Ulrich ne pouvait accepter le fait qu’il venait de perdre à nouveau Yumi. Il l’aimait trop. Il venait de la retrouver pour la perdre ensuite ? Non, il ne pouvait en être ainsi. Le beau brun serrait ses poingts au fur et à mesure qu’il repensait à la scène et au regard glacial qu’elle lui avait lancé. Il se retint de pleurer devant Tim. Ce dernier voyait bien que son collègue n’était plus aussi docile qu’avant et qu’il n’avalait plus aussi facilement tout ce qu’on lui disait. Il redevenait autonome et allait sûrement poser des questions. Cela devenait dangereux. Tim décida d’en parler à Lena pendant qu’Ulrich se retira dans ses appartements. Il était déterminé à dire toute la vérité à sa belle japonaise. Quitte à ce qu’elle le déteste, qu’elle le fasse en connaissant toute la vérité.
Tim entra dans son bureau et comme il s’y attendait, trouva Lena debout en train de feuilleter des rapports. Elle leva les yeux, surprise et interrogea du regard son compagnon. Lena avait noué ses longs cheveux blonds en une grossière tresse qui lui tombait sur l’épaule. Elle portait un tailleur couleur pourpre,ce qui mettait en évidence sa silhouette fine et ses courbes. Elle était très séduisante. Tim la remarqua à peine, tant il était préoccupé par la situation. D’ailleurs, cela se vit dans sa manière douce de refermer la porte. Celle-ci claqua dans un grand fracas.
- On a un problème, Lena. Fit Tim.
- Je ne vois pas pourquoi...On l’a enfin eu cette geisha. Et crois-moi, cette fois-ci, je ne la raterai pas.
- Tu sais très bien que ce qui nous manque, c’est leurs ADN. C’est la clé qui réactivera Xana. On a déjà celui des trois autres.
- Mais comment veux-tu qu’on l’ait ?
- Il faut convaincre ton petit protégé de tuer sa copine.
Mais Lena l’interrompit en haussant la voix :
- Il ne m’écoute plus !
- Trouve des arguments plus convaincants ! je te croyais moins stupide ! Cria Tim agacé.
- Ne me parle pas sur ce ton ! C’est grâce à moi si on en est là, je te signale ! répliqua froidement la belle.
Ce qu’ils ignoraient, c’est qu’Ulrich avait tout entendu de la conversation alors qu’il s’éclipsait de sa chambre pour aller voir Yumi. Il avait une vague idée de l’endroit où elle était retenue et avait bluffé les gardiens pour la retrouver. Mais quand il arriva devant la porte de la cellule en question, il ne trouva personne à l’intérieur et les gardes avaient été assommés. Ulrich soupira de soulagement. La japonaise avait pu s’enfuir, ce qui n’était pas plus mal, ainsi elle échapperait au plan machiavélique. Le beau brun entra dans la cellule pour voir si elle n’avait rien laissé comme indice mais il se rappela qu’elle ne lui pardonnerait pas ce qu’il avait fait. Sa mélancolie revint mais il prit sur lui et décida de tenter de la retrouver avant que l’alarme ne soit déclenchée. Elle ne devait pas être très loin.

Yumi courait le plus vite qu’elle pouvait pour ne plus être dans cet enfer. Elle venait d’assommer cinq gardes pour s’échapper, ce qui avait été un jeu d’enfant pour elle. Tim et Lena l’avaient sous-estimée. Mais un curieux pressentiment l’envahissait au fur et à mesure qu’elle progressait vers sa liberté. Quelque chose de grave allait se produire. Comme il y a un an quand Ulrich allait disparaître. Elle avait eu la même sensation. Quand elle repensa au nom de son bien aimé, elle n’eut que du dégoût. Du dégoût, c’était bien cela. Ils venaient de coucher ensemble et il l’avait ensuite donné à leurs ennemis pour qui il travaille désormais.
- « J’ai vraiment été trop bête... Cela fait bien longtemps que je n’aies plus droit au bonheur. Ma vie se résume à détruire Tim et Lena mais aussi Xana. Et ensuite... »
Elle fut interrompue dans ses pensées par un faible signal. La japonaise se rendit compte que son émetteur captait un signal. Elle alla près d’une cabine et appela sa mère.
- Yumi ?
- Maman ! Je me trouve dans une sorte de vieux port à quelques kilomètres du centre de Kyoto et je...
Mais la voix de sa mère l’interrompit. Elle sentit de la tristesse.
- Yumi...
- Qu’est-ce qui se passe ?
- C’est William.
- Dis-moi qu’il va bien ! Dis-moi qu’il ne lui est rien arrivé !
- Il...il est tombé dans un piège en allant récupérer Jérémie et Aelita.
- Où sont-ils ?
- Yumi. William n’a pas survécu. Et Jérémie et Aelita sont introuvables.
- Qui lui a fait ça ?
- Un certain Hyksos.
La japonaise serra de fureur le combiné du téléphone. Des larmes coulaient sur ses joues. Elle venait de perdre son meilleur ami. Encore un sacrifice. Elle se jura de le venger et de tuer de ses mains son meurtrier.
- Yumi, écoute-moi. Je sais que ce que je vais te demander ne va pas être évident pour toi mais il faut que tu le fasses pour que la mort de William ne soit pas veine.
- ...
- Tu vas devoir retourner dans la base pour trouver des éléments d’infos sur Jérémie et Aelita. Savoir où ils se trouvent.
- Je dois me faire recapturer en termes clairs.
- Yumi...Je suis navrée, je sais qu’il comptait beaucoup à tes yeux.
- Non ! Ne me dis pas que tu sais ce que je ressens ! J’ai tout perdu ! Je n’ai plus personne ! Tout ceux qui m’entourent le paye au prix fort, alors il vaut mieux que je reste seule.
- Mais je suis là moi, ma chérie.
- ...
- Ecoute, Ava viendra te chercher dans trois jours, le temps qu’on fasse aussi des recherches de notre côté et surtout le temps qu’Odd se rétablisse pour nous aider. Il faut que tu en apprennes plus sur les ambitions de Tim et de Lena....Yumi ? Ca va aller ?
- Oui Maman. Ne t’en fais pas. Je me débrouillerais.
- Alors à dans trois jours.
- A dans trois jours.
Et la communication se coupa. Yumi resta figée quelques minutes sur place. Un vide s’empara d’elle. Elle était désormais seule et devait le rester sinon elle perdrait tout ceux qu’elle côtoie. Le pressentiment avait disparu. Elle revit William qui lui souriait quand ils discutaient. Elle s’entendait tellement bien avec lui. Il lui avait permis de surmonter la disparition d’Ulrich. C’est même lui qui lui avait offert son katana. Une arme forgée au Japon par l’un des meilleurs spécialistes du genre. Elle se promit de tuer le meurtrier de cette arme. Elle respira un bon coup et se remit en route, plus déterminée que jamais à remplir sa mission.
Mais Yumi n’était pas au bout de ses surprises.

Ulrich, voyant l’heure passer, savait que l’alarme allait être donnée. Il priait pour qu’elle ne se fasse pas rattraper sinon ça allait être sa fête. Il rentra pour éviter les ennuis mais surtout parce qu’il savait qu’il serait plus efficace pour aider Yumi de l’intérieur. Et d’ailleurs, quand il regagna le jardin, le beau brun vit de l’agitation parmi les gardes. Il fit semblant de rien et vint aux nouvelles.
- Où étais-tu ? lui demanda Lena, semblant être inqiuète.
- Je me dégourdissais les jambes...fit-il d’un air lointain.
- Ta copine nous avait échappée mais heureusement qu’elle n’a pas été assez intelligente pour prendre la bonne direction. Remarqua Lena.
Cette phrase blessa Ulrich et il aurait voulu gifler la jeune femme mais il se retint et resta impassible comme il savait si bien le faire. Il dit simplement :
- Elle est où ?
- Oh...Eh bien Tim l’interroge sur la Walkyrie et sur ses intentions. Et à mon avis, elle va parler assez vite.
Ulrich n’aimait pas du tout la signification de ces propos. Surtout qu’il savait qu’ils allaient faire en sorte de les monter l’un contre l’autre. Il fallait à tout prix prévenir Yumi ce qu’elle risquait. Mais d’abord, il devait se débarasser de Lena pour aller voir où était la Japonaise. Et ela n'allait pas être facile.








Tim entra dans la cellule où se trouvait la japonaise. On l’avait assise sur une chaise et on lui avait attaché les mains. Elle ne le regardait pas. Elle était perdue dans ses pensées, cherchant qui pouvait être cet Hyksos. Tim l’indifférait. Il n’était pas dangereux, juste impulsif et caractériel mais pas aussi dangereux que Lena. Elle était vicieuse, manipulatrice et à deux, ils formaient un couple du tonnerre. Ce qui importait à Yumi était de trouver ce monsieur Hyksos, le lieu où se trouvaient Aelita et Jérémie et éliminer une bonne fois pour toutes Xana, pour que tous les sacrifices ne furent pas vains. Elle ne scilla même pas quand il s’assit avec violence devant elle.
- Dis-moi, qui est à la tête de Walkyrie ? demanda Tim.
- ...
- Bon, je répète ma question. Qui est le chef de Walkyrie ? Il posa la question en resserant les liens des poignets pour la faire réagir sous la douleur. Mais rien. Pas de réponse de la japonaise.
- ...
Tim s’énerva de plus en plus devant le silence de la jeune femme. Il se leva et la gifla violemment ce qui provoqua une coupure à la lèvre. Yumi sortit comme de sa léthargie et lécha son sang avec sa langue puis leva les yeux vers Tim. Ce dernier dut se contrôler pour ne pas montrer la peur qu’il avait face à un tel regard. Un regard de tueuse qui n’a plus rien à perdre.
- Je ne crois pas que tu sois consciente de qui nous sommes.
- Vous êtes Lena Olijn et Tim Anka. Vous êtes des ex-agents du gouvernement qui veulent se venger de leurs anciens chefs en recréant un programme intitulé Xana. Mais je pense que c’est plutôt vous qui ne savez pas à qui vous avez affaire.
Il se tut face à l’insolence de la guerrière. Il voulait la frapper jusqu’à ce qu’elle regrette son insolence. Mais son tempérament de feu n’y changerait rien. Même agonisante, elle ne dirait rien. Tim était cependant en colère. Très en colère car il savait très bien qu’il ne lui faisait aucun effet. Il ne l’intimidait pas. Et c’est bien une chose qu’il ne supportait pas : ne pas avoir le total contrôle de la situation. C’est alors qu’il réfléchit quelle pouvait être la corde sensible de la japonaise. Soudain, il fut interrompu par la voix de la japonaise.
- Hyksos...
- Pardon ?
- Qui est Hyksos ?
C’est alors qu’un sourire sadique se dessina sur les lèvres de Tim. Yumi ne montra nullement sa surprise, du moins, elle la dissimulait. Tim venait de trouver la faille de Yumi et c’était elle qui la lui avait servie sur un plateau. « Je te tiens ! » se dit-il.
- Hyksos ? Donc tu sais pour William...Le pauvre, tombé dans un piège comme un débutant. Il était trop obnubilé par ton absence qu’il n’a pas remarqué la minuterie. Et puis...Boum ! C’était un beau feu d’artifice. Et cela je le dois à notre poulain. Ce cher Hyksos a de l’avenir devant lui !
- Qui est-il ?
- Mais enfin, Yumi, tu le connais ! C’est une personne qui te connaît le mieux et qui sait comment t’atteindre pour t’anéantir. Et apparemment, il a déjà commencé son œuvre. Mais je vais te laisser avec tes questions. De toute manière, tu risques de le rencontrer bien assez vite puisque c’est lui qui est chargé de ton exécution. Tu as deux jours devant toi pour y réfléchir et peut-être te souvenir de ce que je veux entendre.
Tim se releva, satisfait de ce qu’il avait mis en marche et savait que Yumi ne tarderait pas à découvrir la vérité. Il referma la porte et alla trouver Lena pour lui faire part des derniers rebondissements. Deux soldats attrapèrent Yumi et la mirent dans sa cellule qui se trouvait quelques mètres plus loin. Elle était sombre, humide et il n’y avait qu’une petite fenêtre comme source de lumière. Elle était trop étroite pour pouvoir s’y glisser. Elle s’assit sur le lit et mit ses genoux contre son abdomen.
« J’ai encore deux jours à tenir et après, je saurais tout ! »
Elle passa un doigt sur la coupure à sa lèvre et un sourire glacial se dessina.


A son grand bonheur, Ulrich ne trouva Lena nulle part. Il en profita pour filer tant qu’il avait le temps jusqu’à la cellule de Yumi. Il bluffa les soldats pour savoir où elle se trouvait exactement. Yumi était retenue dans une pièce à part et avait eu droit à un interrogatoire assez musclé, histoire qu’elle sache à qui elle avait affaire. Mais la japonaise ne se laissa pas impressionner par cette démonstration de force. Dans sa cellule, elle se massait les poignets qu’on venait de détacher sur l’ordre du visiteur. On fit signe aux soldats de quitter la pièce pour laisser librement les deux interlocuteurs. Yumi était assise devant une table. Sa lèvre était fendue et ses poignets étaient meurtris. Elle ne leva même pas les yeux vers son interlocuteur. Elle se tût de la même manière que lors de son interrogatoire, ce qui avait rendu Tim furieux. Son visage en était le témoin. Ulrich s’approcha d’elle malgré les barreaux et lorsqu’il vit ses blessures causées par Tim, il eut un pincement au cœur et une rage sourde.
- Yumi...
- ...
- Je sais que tu m’en veux mais il faut que tu m’écoutes attentivement !
Pour la première fois depuis qu’il était entré dans la pièce, la geisha leva les yeux vers lui. Ils étaient luisants de fureur mais son visage était froid. Elle s’était refermée sur elle-même. Pourtant, elle dit d’un ton glacial à son égard :
- Qu’est-ce que j’aurais bien à espéré encore de toi ? Tu me dégoutes Ulrich !
Il savait bien qu’elle ne l’aurait pas accueilli joyeusement mais ses paroles le blessaient.
- Je ne te demanderai qu’une seule chose, c’est de m’écouter...
- On dirait ma mère !riposta t’elle.
- Ecoute Yumi, je sais que...
Mais Ulrich fut interrompu par un soldat qui le cherchait sur ordre de Lena. A contre-cœur, il partit trouver Lena, laissant Yumi dans son mur de glace et de silence.


Quelques instants plus tard, il entra dans le bureau de Lena qui l’attendait. Elle avait le visage assez crispé. Elle savait que tout allait se jouer en quelques minutes et devait la jouer fine. Elle prit sa voix grave et si attendrissante en s’adressant à Ulrich :
- Ulrich...
- Je sais très bien ce que vous voulez faire ! Tu veux que je la tue pour que vous ayiez notre ADN pour recréer Xana.
Lena fut glacée par cette révélation. Ainsi, il savait ! Tout était en train de partir en fumée...Qu’allait-elle faire ? C’est alors que Tim vint à la rescousse en disant de manière plus ou moins crédible :
- Comment peux-tu dire une chose pareille après tout ce qu’on a fait pour toi ? Lena t’a sauvé et t’as permis de retrouver ta bien aimée. Nous n’avons pas besoin de ton sang Ulrich. Jamais nous ne te demanderons une chose pareille. Mais je crois qu’il est temps que tu saches certaines choses à propos de Yumi.
Voyant qu’Ulrich gobait qu’à moitié ses paroles, il lui présenta un enveloppe.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Ulrich, suspicieux.
- Ouvre et tu verras ! lui répondit Tim.
Le beau brun ouvrit l’enveloppe et sortit différents clichés. Il les jeta à terre après les voir vus comme si c’était du feu. On pouvait voir des clichés de Yumi et de William très proches, et une où ils s’embrassaient.
- Tu vois, elle n’est pas si sainte que tu ne le pensais...Non seulement elle t’a oublié mais t’as vite remplacé. Et elle a aussi tué de nombreuses personnes au nom de la Walkyrie. Dont Odd.
- Quoi ? Odd est mort ? Non ce n’est pas possible !
- Mais aussi votre enfant...
Ulrich était déjà secoué par l’annonce de la mort de son meilleur ami mais ce que Lena venait de dire l’achevait totalement. Cette dernière s’approcha de lui et mit sa main sur son épaule pour le réconforter.
- Elle l’a sacrifié pour s’en sortir...Je suis navrée Ulrich.
Des larmes coulaient sur ses joues. Tout son monde venait de s’effondrer. Il ne savait plus qui croire. Une colère sourde l’envahit. Comment avait-elle pu lui cacher qu’il allait être papa ? Comment avait-elle pu sacrifier leur enfant pour sa mission ? Qu’était-elle devenue ?
Et comme pour répondre à ses questions, Tim ajouta :
- Yumi est une tueuse redoutable. Elle a été enrolée depuis sa disparition et la japonaise que tu connaissais avant n’existe plus. Elle a une mission et elle la remplira quoiqu’il arrive. Reste à voir si tu la laisseras te tuer aussi facilement.
- Alors je suis son ennemi...Et elle le savait...
Lena et Tim le laissèrent à ses interrogations après autant de révélations percutantes. Le but était d’affaiblir l’esprit d’Ulrich par une immense tristesse et une profonde solitude pour en faire une arme redoutable assoiffée de vengeance. Il fallait éliminer la guerrière pour pouvoir libérer Xana.

Tout se bousculait dans la tête du beau brun. Mais il fallait qu’il sache qu’une chose. Et il devait aller la voir pour le savoir. Il traversa à toute vitesse les couloirs et se dirigea vers la cellule de la japonaise. De par son regard, les gardes comprirent qu’il ne fallait pas s’opposer à lui. Ils le laissèrent seul face à la prisonnière.
- Est-ce que c’est vrai ? Hurla t’il.
Le changement d’attitude fit lever la tête de la japonaise et elle le fixa d’un air interrogateur et interessé.
- De quoi ?
- Que tu étais enceinte !
« Comment a-t-il su ? » se demanda la japonaise. Elle fut surprise et ne chercha pas à le cacher.
- Dis quelque chose !
- Oui, c’est vrai.
- Et qu’est-ce qui s’est passé ?
- Pourquoi tu me parles de cela ?
- Je veux savoir la vérité !
- Elle ne te concerne plus. Alors c’est mieux ainsi !
- Tim avait raison. Tu n’es plus la Yumi que je connaissais. Et je te hais de m’avoir caché ma paternité, comme je te hais de m’avoir remplacé par William. Et je te hais pour tout ce que tu m’as fait, y compris à cet enfant !
Yumi fut étonnée d’un tel retournement de situation. Ulrich la détestait. Il la haïssait. Elle ne chercha pas à se défendre car elle venait de comprendre qui était ce cher Hyksos.
« Tu me détestes Ulrich ? Bien. Ma mission n’en sera que plus facile ».


Deux jours plus tard.

Une porte s’ouvrit sur une cellule noire. Une silhouette féminine se protège les yeux de la soudaine luminosité tant elle était habituée à la noirceur de l’obscurité. Une voix grave et dure lança :
- Il est temps !
L’homme désigna la silhouette du doigt et deux hommes armés l’attrapèrent et lui bandèrent les yeux. Elle ne se débattit pas. Mais elle n’était pas non plus résignée à subir son destin. Yumi avait les mains attachées devant elle. Les deux hommes la traînèrent dans un long couloir avant d’arriver dans une cour extérieure. Les yeux bandés, elle ne pouvait voir ses interlocuteurs. Mais elle les avait imaginé depuis tout le temps de sa captivité. Ils avaient fait en sorte de l’affaiblir, de la réduire psychologiquement pour en faire un pantin. Pour l’utiliser pour mieux réaliser leur projet. Mais ils l’avaient sous-estimé. Depuis trop longtemps, ils leur avaient échappés. Mais aujourd’hui, ils voyaient le bout du tunnel. Les deux gorilles la placèrent devant un mur et lui ôta son bandeau. La lumière du jour inonda la cour d’un soleil éblouissant qu’elle sentit aussitôt sur son visage. Dix hommes armés se tenaient prêts à intervenir et attendant les ordres de leur chef. Ce dernier se tourna vers l’un d’entre eux et lui fit un signe de la tête. Un garde s’approcha de la prisonnière :
-A genoux !
Elle ne cilla même pas. Il lui donna un coup de crosse dans le ventre, l’obligeant à tomber à genoux. Elle ne cria pas. Elle ne ressentait plus rien. Plus d’humanité. Plus d’amour. Plus de douleur, ni de peur, ni de tristesse. Combien de fois avait-elle été trahie, abandonnée ? Elle avait trop souffert et en était morte intérieurement. Et cette fois, elle allait l’être définitivement.
Ulrich s’approcha d’elle et lui chuchota à l’oreille avec un sourire sadique :
- Une dernière volonté ?
- Va en enfer !
Il se releva et sortit une arme sous son long manteau. Un katana. Il leva la lame pour la faire briller au soleil. C’était son arme. Il lui avait pris quand il l’avait attrapé. Ce katana avait une réputation. La lame avait été forgée par l’un des meilleurs artisans japonais. Le beau brun s’agenouilla devant elle, la lame verticale au sol. Il la regarda droit dans les yeux. Son regard si intense et si profond. Et dire qu’autrefois, elle s’y perdait volontiers.
- Comment en sommes-nous arrivés là ?
- A toi de me le dire...
- Nous nous sommes tant aimés. Je sais que tu n’éprouves plus rien pour moi. Je ne t’inspire que du dégoût. Mais si j’en suis là, je l’ai fait pour toi !
Elle se remémora des souvenirs douloureux. Le temps où le mot bonheur avait encore une signification pour elle. Ainsi que l’avenir. Mais aujourd’hui plus rien n’avait d’importance pour elle. Mais il avait raison. Comment en étaient-ils arrivés à se haïr à ce point alors qu’ils s’aimaient si fort avant. Mais c’était il y a si longtemps....

Elle attendait ce moment depuis des mois. Le chef au regard ténébreux s’approcha de son visage et l’embrassa passionnément. Elle le laissa faire, n’éprouvant plus rien. Et elle savait que cela le perturberait. Il se détacha de ses lèvres et la fixa, tentant de savoir ce qui lui traversait l’esprit. Il se releva et fit signe aux dix hommes de s’en aller. Ceux-ci après avoir brièvement hésités, se retirèrent dans les quartiers. La neige tombait. Le Japon se recouvrait d’un épais manteau blanc. La cour donnant sur le parc avec les saules et autres arbres japonais devenait peu à peu méconnaissable. Le ténébreux enleva son manteau, dévoilant un t-shirt noir sur un pantalon en lin de la même couleur. La jeune femme, la prisonnière, était d’une très grande beauté. Aucune femme ne l’égalait. Mais c’était une beauté empoisonnée. Fanée de l’intérieure, elle était devenue une guerrière impitoyable et froide. Devant elle se tenait son plus grand amour et son pire ennemi. Ils se connaissaient par cœur. Ils savaient leurs points forts et leurs faiblesses. Yumi se releva et s’approcha de lui sans peur. Ulrich dégaina son arme, prêt à se venger. Ils s’engagèrent dans un corps à corps. Tous deux maîtrisaient les arts martiaux, ce qui rendait la qualité du combat d’un tout autre niveau. A bout de souffle, ils étaient face à face, tentant de reprendre leur respiration. Le beau brun prit l’arme et la leva au ciel. Mais au dernier instant, il ne pu abattre son bras armé sur celle qu’il aimait plus que tout et qui le fixa de ses yeux si troublants. Elle ne semblait pas avoir peur de la fatalité. Même si tant de choses les avaient éloignés et avaient fait qu’ils se haïssaient autant qu’ils s’étaient aimés. Ils avaient simplement eu la naïveté de croire qu’il serait facile de faire un trait sur son passé. Blessés tous les deux, il tomba le premier dans la neige. Le vent soufflait dans les longs cheveux noirs de la jeune femme. Sa tunique grise se collait à son corps sous les bourrasques de vent. Ils se fixaient tous deux sans rien dire.

La neige qui s’était interrompue quelques instants, se remit à tomber, recouvrant les traces de luttes et de sang du sol. La jeune femme regarda son bras qui saignait abondamment. Elle était essoufflée en raison de la violence et de la qualité technique du combat. Elle fixait l’autre d’un regard vide. Elle le haïssait tellement. Quand au beau brun, il prit appui sur le katana pour se relever et constata que la guerrière ne l’avait pas raté. Elle avait sorti une arme et l’avait entaillé au niveau du bassin. Il ne comprenait pas pourquoi il n’arrivait pas à la tuer. Elle était pourtant à sa merci mais rien n’y faisait. Comment en étaient-ils arrivés là ? Profitant de son trouble, elle revint à la charge, décidée à lui faire payer toute cette souffrance, à lui faire payer le fait qu’il l’avait rendu ainsi. Mais il ne se laissa pas faire non plus. Trop fier de lui pour se laisser bêtement tuer. Ils finirent par tomber l’un sur l’autre dans la neige, le chef ayant l’avantage tenant son katana et prêt à l’abattre une seconde fois.
« Cette fois, j’y arriverais ! » Mais elle le fixait, ce qui le troubla de plus en plus. Elle le dévisageait. Il put enfin lire au fond de ses yeux toute la souffrance qu’elle avait endurée depuis une année. Il se releva aussitôt. Elle le fit sortir de ses pensées.
- C’est trop tard pour les regrets...Tu as fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Alors finis ton œuvre. Sinon c’est moi qui le ferai. Nous avons tous deux une mission à remplir.
- Pourquoi ne m’as-tu jamais dit la vérité...
- L’aurais-tu écoutée ? Aurais-tu eu la force et le courage de l’affronter ?
Les longs cheveux noirs de la japonaise soufflaient dans le vent. Son bras meurtri refusait de lui obéir. Elle était déstabilisée depuis le début du combat. Et pour quelle raison ? Parce que tous ses espoirs avaient été réduits à néant lorsqu’elle avait découvert que sa cible était son grand amour disparu depuis des mois. Et là, il était en face de lui, déterminé à la tuer. Bien qu’il avait été troublé par deux fois. « Y aurait-il un espoir ? » se demanda t’elle. « Non, C’est trop tard pour faire marche arrière. Il doit payer même si c’est lui... »






Dix minutes ? Une heure ? Depuis quand se fixaient-ils sans bouger ? Pourquoi ne s’attaquaient-ils pas ? Ulrich porta sa main à son bassin. La blessure était profonde mais pas grave. Juste de quoi le mettre hors d’attaque. Quand à Yumi, son bras ne répondait plus. Elle dissimulait sa douleur derrière son visage impassible.
- Mais qu’est-ce qui m’arrive ? se demanda Ulrich.
Tout se bouscula dans la tête de Yumi. Elle avait cru voir une lueur d’espoir. Elle qui n’éprouvait plus rien depuis longtemps, ressentait un sentiment si lointain. De l’espoir. La japonaise pensait qu’il l’avait complètement détruite. Sa mission était d’anéantir l’ennemi. C’était une mission comme les autres. Du moins, cela aurait du être le cas si elle ne l’avait pas reconnu au moment de sa capture. Toute la haine qu’elle portait à ce monsieur « Hyksos » qui l’avait tant fait souffrir et qui avait fait d’elle une véritable tueuse s’était transposée sur lui. Ulrich avait disparu depuis des mois et en fait c’était lui qui était à l’origine de tout ce carnage.
De son côté, Ulrich avait découvert que la guerrière qui oeuvrait avec les résistants était celle qu’il aimait plus que tout. Mais on lui avait appris à la détester et à la haïr pour diverses raisons. Elle qui avait disparu depuis plus d’un an. La souffrance de sa perte qui avait contribué à son revirement de position. Mais cette guerrière avait aussi provoqué de nombreuses souffrances chez lui. Ulrich était passé du côté des méchants selon le point de vue du camp que l’on avait choisi. Il était loin le temps des combats sur Lyoko. Aujourd’hui, tout était à grande échelle. On se battait plus dans un monde virtuel mais à cause de lui, entraînant de grandes conséquences. Et ce face à face en était une parmi tant d’autres.

Un signal sourd se fit entendre depuis l’intérieur du bâtiment. Une alarme s’enclencha. Ce qui fit sortir les deux combattants de leurs pensées. Ulrich se figea tout à coup tandis que Yumi rangea son katana dans son dos, sourire aux lèvres. Une ombre se faufila sur le toit du bâtiment, se tournant vers la japonaise qui acquiesça du regard. Le beau brun se tenait debout devant elle. Il venait de comprendre. Mais il était tellement surpris du retournement de la situation qu’il n’en bougea pas. Il était salement blessé aussi.
- Tu...
- Nous reprendrons cette discussion une autre fois.
- Attends ! Tout cela n’était qu’un piège ! Tu...Tu t’es laissée avoir pour qu’ils viennent ici.
- Toujours aussi perspicace !
Les gardes commençaient à s’agiter à l’intérieur et Yumi comprit qu’il ne fallait plus traîner. Un hélicoptère s’entendit dans les airs et apparut juste au-dessus du toit. Les gardes commençaient à arriver. Yumi se précipita vers le mur et l’escalada pour être à la hauteur de l’échelle tendue par l’engin volant. Mais tout en grimpant, elle jeta un dernier regard au samouraï en lui disant :
- Je t’ai laissé en vie pour notre prochaine rencontre. Sois en pleine forme. Je ne t’ai fait qu’une seule cicatrice contrairement à toi. A bientôt mon amour. Fit-elle avec un sourire mesquin.
Ulrich la regardait s’envoler tandis que les gardes étaient prêts à tirer sur l’hélicoptère. Il hurla un NON et fixa Yumi du regard. Ses longs cheveux noirs et sa tunique grise virevoltaient dans le vent. Ulrich ne savait dire s’il était soulagé ou enragé de la tournure qu’avait prise la situation.







Trois mois plus tard.

Une fine silhouette vêtue d’un long manteau vert sombre dont la capuche dissimulait son visage se tenait debout face une tombe. Aucun nom n’y était inscrit. Juste une date. Aucun son ne sortait de sa bouche, les pensées les unissaient. Elle seule savait qui était enterré là. La pluie perlait sur son manteau ainsi que sur la belle dalle de marbre. La neige qui avait recouvert le paysage japonais fondait et faisait place à la pluie fine qui s’abattait sur Kyoto depuis plus d’une semaine. La jeune femme tenait dans sa main droite un bouquet de lys blancs. Elle s’agenouilla pour les déposer sur la dalle et allait se relever quand elle sentit une présence.
- On arrive toujours à se retrouver...murmura t’elle.
- Tu oses profaner sa tombe ! Il ne t’a pas suffit de le tuer, tu viens encore lui enlever le respect auquel il a droit ! Tu me dégoûtes Yumi !
Elle se releva comme si de rien n’était. Yumi était lasse de tous ces combats, de cette haine qu’elle lui vouait, qu’elle leur vouait. Elle voulait disparaître définitivement de la circulation et ainsi vivre avec le poids de son passé. Elle avait tout perdu. Son enfant et son grand amour. Sa famille et ses amis. Son confident et sa mère. Tout. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle avait quitté la Walkyrie qui n’étaient que mensonges à ses yeux. Tout comme sa mère. Yumi se mit en marche en direction de la sortie du cimetière quand elle entendit dans son dos :
- Oh non ! Ne crois pas que je vais te laisser t’en aller comme ça après tout le mal que tu m’as fait ! Je vais te le faire payer !
Yumi s’arrêta pour l’écouter puis se remit en marche. Ce qui mit Ulrich hors de lui. Il lui courut après et lui bondit dessus mais elle l’esquiva. Même si elle était lasse de tout, elle avait toujours son instinct de guerrière. Ulrich dégaina son katana avec une ferme intention de l’utiliser. La japonaise ne possédait pas d’arme mis à part un poignard dans une de ses bottes.
Il commença à l’attaquer avec son arme mais cette dernière les parat parfaitement. Le corps-à corps démontrait leurs qualités techniques mais présentait une violence moins forte chez les deux amants. Et pour cause, Yumi avait une nouvelle raison de vivre. Durant le combat, Yumi croisa le regard de son amant et des souvenirs lui revinrent subitement en mémoire,ce qui la déstabilisa au profit d’Ulrich. Il la renversa, son sourire sadique aux lèvres et son regard assoiffé de vengeance. Ayant l’avantage, il l’immobilisa et leva son katana pour le planter dans Yumi quand celle-ci lui dit :
- Ulrich...
Il la regarda droit dans les yeux et vit pour la première fois des larmes couler sur ses joues. Lui qui avait l’habitude de son attitude froide, haineuse. Il la voyait sensible et toute sa souffrance pouvait se lire en ce moment du plus profond de ses yeux. Cela le troubla au plus haut point. Les paroles de Lena et de Tim résonnèrent dans sa tête et ne savait plus que penser. Il voulait faire taire tout ça et reprit son acte en disant :
- C’est trop tard pour les regrets. Tu as fait de moi ce que je suis. Je t’ai aimée Yumi. A un point que tu ne peux pas imaginer. J’étais prêt à tout pour toi. Mais ce que tu as fait...Je ne pourrais jamais te le pardonner ! Une vie pour une vie !
- Tue-moi si tu veux mais pas notre enfant...







C’était sorti tout seul alors qu’elle s’était juré de ne jamais lui avouer ce secret. Mais maintenant qu’elle avait une vie à défendre, elle devait tout faire pour remplir son devoir. De son côté, Ulrich la dévisagea. Il resta figé par ses dires. Il ne savait que penser. Il ressentait au plus profond de son être une joie intense de partager enfin quelque chose avec elle. Mais son esprit qui avait été si bien contrôlé par Lena et Tim reprit le dessus sur ses sentiments. Sa colère sourde l’envahit à nouveau et lâcha son amertume :
- Tu mens. Encore un moyen pour fuir. Tu es lâche et ce n’est pas ton habitude, geisha. Fit-il aussi froidement que l’était son regard. Plein de haine, il était devenu glacial.
Yumi fut figée par ses propos aussi blessants. Elle n’arrivait pas à croire qu’ils l’avaient manipulé à un tel point. Elle le dévisagea. Ulrich avait toujours son regard sombre et intense mais voilé par une froideur et une grande fureur. Celle qu’elle avait en elle mais qu’elle était parvenue à refouler depuis trois mois. Le grand brun portait un tee-shirt noir et un pantalon de la même couleur. La pluie abattait ses cheveux bruns sur sa tête mais il n’y prêtait aucune attention. Il avait un objectif et il allait le remplir une bonne fois pour toutes.
- Tu mens ! Tu vas mourir de la même manière que tu as tué Odd et notre enfant ! Meurs geisha !
Il souleva son sabre et allait l’abattre quand il entendit dans son dos :
-Ulrich ! Non !
- Cette voix...
Le beau brun se retourna et vit Odd se tenant à quelques pas du couple. Ulrich était complètement ébranlé. Tout se bousculait dans sa tête. Il ne comprenait plus rien. Odd était vivant.
- C’est pas possible...Tu es mort !
- Non, comme tu peux le constater. Yumi ne m’a jamais tué. Elle m’a sauvée avec Ava.
- Mais...
- Et elle n’a jamais tué votre enfant. Mais bien Lena.
- Tu mens ! Elle t’a embobiné. Mais vous ne m’aurez pas ! Répondit Ulrich complètement déstabilisé. Tout s’écroulait. Tout ce qu’on lui avait dit n’aurait été que mensonges ? Mais le beau brun luttait contre ce qu’il ne voulait pas entendre ou plutôt ce qu’il n’espérait plus entendre.
Ava vint auprès de la japonaise et l’aida à se relever. Elle lui sourit, heureuse de l’avoir retrouvée même si toutes les deux savaient que ce n’était que de courte durée. Elle l’entraîna vers une jeep qui les attendaient tandis qu’Odd continuait de raisonner Ulrich. Ce dernier se prit la tête entre les mains, n’arrivant pas à reprendre le contrôle de ses pensées. Tout se bousculait, depuis les souvenirs d’il y a trois ans à ce jour. Tout. Mais Odd coupa court à son délire en l’assomant.
- Désolé mec. Mais tu ne m’as pas laissé le choix. Fit Odd. Il l’assomma et l’attrapa avant que son corps n’atteigne le sol. Il le porta jusqu’à la jeep qui roula vers une destination inconnue.

Tim et Lena étaient au summum de leur gloire. Ce jour allait marquer leur entrée dans l’histoire puisqu’ils venaient de terminer la reprogrammation de Xana. Il n’avait plus qu’à lancer le compte à rebours pour enclencher la matérialisation. Mais pour cela, il fallait 6 heures.
- C’est trop long...soupira Lena.
- Avec tout ce qu’on a fait, 6 heures, ce n’est rien. Lui répondit Tim. Et d’ailleurs, où est ton toutou ?
- Ne l’appelle pas comme ça !
- Je le savais !
Tim lui agrippa le bras avec violence et la regarda droit dans les yeux.
- Tu l’aimes, n’est-ce pas ?
Comme la blonde ne répondit rien, il hurla de plus belle :
- Pauvre folle ! Mais tu ne l’as toujours pas compris ? Il ne t’aime et ne t’aimera jamais. Quoique tu fasses, quoique tu lui racontes, il l’aimera toujours ! Et ça, même la mort ne peux y changer !
- Tu n’en sais rien ! De toute façon, il reviendra ! Et je l’obligerai à voir la vérité en face ! lui dit Lena.
- Ah oui ? Et comment se fait-il qu’il ne l’a toujours pas tuée ?
- Justement ! Il est parti ce matin s’en charger !
- Qu’est-ce que t’en sais ?
- Il...Il m’a dit qu’il allait finir une vieille affaire...
- Idiote !
Elle le gifla de colère. Mais Tim lui prit la main et la serra tout en lui disant :
- C’est la dernière fois que tu le fais. Si tu veux le rejoindre, vas-y. Mais je peux te jurer que dès que tu auras franchi la porte, plus jamais, tu ne pourras revenir. Vivante ou morte, tu m’entends ?
Elle se dégagea et le regarda droit dans les yeux puis s’en alla, prête à tout pour conquérir son amant, ignorant tout de la situation.

La jeep s’arrêta dans une vielle bâtisse située près du port. Il était tard et la voiture avait parcourue de nombreux kilomètres avant d’arriver. Ava et Yumi sortirent de la voiture en premier, suivies d’Odd portant Ulrich. Durant tout le trajet, la japonaise n’avait pu s’empêcher de fixer le corps endormi de son amant. De multiples questions foulaient son esprit mais elle savait que plus rien ne serait comme avant. Ils avaient trop souffert. Elle voulait disparaître définitivement et pour cela, elle avait la solution. Et elle se trouvait à cet endroit.







Tim était furieux de l’attitude de son ex-compagne. Il s’en doutait depuis longtemps mais jamais il n’avait voulu l’accepter.
- Je le savais que c’était une mauvaise idée de le recruter...
Il frappa le mur de son poing, tant il était furieux. Quelques gouttes rougeâtres perlèrent sur la surface de sa main et vinrent s’écraser sur le sol. Tim la fixa quelques secondes, attendant de ressentir la douleur. Mais sa colère l’emportait. Il prit un mouchoir et vint l’appliquer sur sa main meurtrie puis sortit de la pièce en direction d’un grand hall. Deux acolytes montaient la garde devant la porte. Il passa devant eux sans un regard et ouvrit la porte. La pièce était noire. Aucune source de lumière mise à part celle venant du couloir quand il ouvrit la porte. Il appuya sur un interrupteur et une silhouette assise sur une chaise se dessina. La lumière semblait l’aveugler tant elle était habituée à l’obscurité. Il prit un siège et vint s’assoeir devant le prisonnier. Il dit dans un sourire machiavélique :
- A nous deux Aelita...Ton heure de gloire est arrivée...

Jérémie les accueillit dans une grande pièce où un feu était allumé. Il n’y avait que du mobilier dérisoire, la maison n’étant plus habitée depuis longtemps. Odd allongea Ulrich sur un vieux matelas. Ava s’approcha de lui et le regarda intensément. Il lui prit la main et l’embrassa sur le front. Jérémie vint se rasseoir devant son ordinateur et recommença à y pianoter. Telle était la scène que pouvait admirer Yumi. Ava et Odd avaient fini par retrouver Jérémie. Il avait été retenu entre les mains de Tim et de Lena dans une base située en France. William avait perdu la vie dans un piège mais les avait aidé à le retrouver par un dernier message. Einstein avait plutôt bien été traité mais avait dû participer à la reprogrammation de Xana sous la menace. Quel comble...De plus, il avait été étroitement surveillé s’il lui prenait l’envie de bugger le programme. Son « calvaire » n’avait duré que quelques mois. Pour Aelita, c’était autre chose. Jérémie avait été séparé d’elle lors de leurs captures et depuis, toujours pas de nouvelles. Il savait qu’elle était encore en vie, sentiment qu’il avait au plus profond de lui-même. Mais pour combien de temps ? Et quel sort ces deux malades lui réservaient-ils ?
Odd s’était bien rétabli depuis sa libération et avait pris la place de William au sein de la Walkyrie. Cependant, personne n’arrivait à expliquer le soudain départ de la japonaise.
Ils n’eurent aucun signe d’elle durant ces trois derniers mois. Elle était partie un beau jour sans crier gare de la Walkyrie. Lorsqu’Ava et Odd l’apprirent, ils posèrent une foule de questions à sa mère. Mais cette dernière se tût. Elle savait pourquoi mais ne le dirait en aucun cas. Et vu que c’était leur chef, ils ne cherchèrent pas plus. Du moins officiellement. Car officieusement, ils cherchèrent sa trace et ne la repérèrent que ces derniers jours. Elle avait fait en sorte de disparaître car elle n’avait pas accompli sa mission et était recherchée à cause de cela. Recherchée par les deux camps. Et c’est grâce à Ulrich si Ava et Odd ont pu la retrouver à temps.
Yumi se tenait debout face au feu crépitant de la cheminée. Elle ne vivait plus. Elle survivait. Elle n’avait plus eu aucune raison de continuer ainsi jusqu’au jour où elle appris qu’elle était enceinte. Cette nouvelle la bouleversa à un point qu’elle remit toute sa vie en question. Et elle choisit de tout quitter pour offrir une vie correcte pour son bébé. Malheureusement, Ulrich l’avait retrouvée. Et elle comprit dès lors que quoi qu’elle fasse, on la retrouvera toujours.
- « Sauf si... » pensa t’elle. Des larmes coulèrent sur ses joues et elle déposa son katana. Tout le monde se retourna sur elle, interloqués :
- Je vais tenir ma promesse, je me battrai à vos côtés pour anéantir Xana. Et nous retrouverons Aelita. Mais après, et s’il y a un après, je disparaîtrai. Et ce, pour toujours... fit-elle les yeux perdus dans le vague, le regard fixant la danse des flammes.
Ses paroles surprirent ses trois amis. Ils se regardèrent inquiets, ne sachant pas comment réagir. Mais ils pouvaient distinguer des larmes sur son visage.
- J’ai tout perdu...Ma vie, mon grand amour, mon bébé...Il y a eu trop de sacrifices...Je ne veux pas que mon enfant grandisse dans un tel contexte.

Le visage d’Odd se glaça tant il était surpris. Ava l’était moins car elle s’y était préparée. Mais son petit ami était effondré par cette nouvelle. Odd savait que c’était son droit de décider de son destin mais le fait de penser qu’il ne verra plus sa « grande sœur » l’anéantissait même s’il savait qu’elle sera toujours à ses côtés. Jérémie la contemplait étrangement mais il fut le seul à lui dire :
- On sera toujours là pour toi Yumi. Jusqu’au bout.
Une manière de lui dire qu’il la comprenait et qu’il la soutenait dans sa décision. Il la comprenait parce qu’il souffrait de l’absence d’Aelita. Bien sûr, aucun des trois n’avaient autant perdu que Yumi ou Ulrich mais dans un sens, ils comprenaient sa décision.
La japonaise leur sourit puis regarda dans le coin où Ulrich avait été déposé. Il était inconscient. Elle s’approcha de lui. C’était la première fois qu’elle le retouchait. Elle passa sa main sur sa joue, très furtivement de peur de le réveiller et de revoir son regard si froid et si haineux. Elle lui murmura quelques mots avant de l’embrasser une dernière fois. Un baiser humide et étrange, ses larmes coulant sur ses joues et tombant sur les siennes. Elle se releva et sourit aux autres puis partit terminer, à son tour, une dernière affaire : Lena.







La neige tombait depuis quelques heures. Ava et Odd se tenaient l’un à côté de l’autre, assis face à Ulrich, le surveillant, tandis que Jérémie travaillait sur son ordinateur. Il tentait de localiser Aelita. Cette dernière avait un programme de localisation en elle datant de sa matérialisation. Mais vu que Xana avait été anéanti, tout avait été effacé. Tout était donc à refaire. Et il réflechissait aussi au moyen de combattre Tim et Lena avant qu’ils ne remettent Xana en état. Ava se releva et alla vers le feu. Elle regarda les flammes en songeant à l’endroit où se trouvait Yumi. Elle s’inquiétait pour elle. Tout à coup, Ulrich commença à remuer. Il ouvrit les yeux et regarda autour de lui. Il voulut se relever, sur la défensive, mais il n’y parvint pas car ses mains étaient attachées dans son dos. Il lança un regard mauvais aux autres.
- Tu ne nous as pas vraiment laissé le choix !
- Ce n’est pas toi qui va m’empêcher de la tuer...
- Nan mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Ulrich, c’est de Yumi dont tu parles ! Celle que tu aimes plus que tout.
- Foutaises !
C’en était trop pour Ava. Elle se retourna et se dressa devant lui, le regard plein de défi.
- A oui ? Alors, dis-moi pourquoi n’arrives-tu pas à la tuer ?
Ulrich ne répondit pas. Il soutint son regard avec défi tout en sachant qu’elle avait raison. Mais ça, il ne voulait pas l’admettre. Il finit par dire quelques minutes après :
- j’ai une mission à remplir.
- A oui ? Et bien va l’achever. Et tu verras comme c’est simple de faire face à son passé.
Elle lui détacha les mains. Odd hurla presque de surprise tout comme Jérémie.
- Mais t’es pas bien ? Lui hurla Odd.
- Eh bien, vas-y prouve-le nous que t’en es capable ! fit Ava sans tenir compte de la remarque de son petit ami.
Ulrich continua de la fixer et se releva pour se diriger vers la sortie. Il se retourna une dernière fois en leur souriant machiavéliquement en disant :
- Tu viens de la sacrifier...
Puis il partit. Les deux hommes se retournèrent sur Ava, interrogateurs et inquiets.
- je peux savoir ce que tu viens de faire ?
- Yumi est partie retrouver Lena. Ulrich veut Yumi. Vous saisissez ?
Odd ne comprit pas tout de suite mais Jérémie tilta. Il comprit la manœuvre de son amie.
- Le seul moyen de lui rendre raison est de le confronter à ses mensonges, à savoir Lena.
- Mais et Yumi ? Tu penses vraiment qu’il va l’épargner ? demanda Odd.
- Je crois en leur amour...Et puis, Yumi ne se laissera pas faire, maintenant qu’elle a une raison de vivre.

Yumi se faufila dans les rues sombres de Kyoto. C’était la pleine lune et la neige continuait à tomber, recouvrant le sol et les toitures d’un épais manteau blanc. Cela lui rappela son face-à face avec Ulrich dans le parc. Elle s’arrêta quelques instants pour se ressaisir. Elle avait revêtue son manteau vert dont la capuche lui dissimulait son visage. Elle se remit en marche quand elle entendit des pas derrière elle. Elle se retourna et la vit. Ses longs cheveux blonds tombaient en cascade sur ses épaules. Elle portait une tunique de couleur olive et des bottes jusqu’au genoux. Elle la toisait du regard.
- Toi...
Yumi enleva son capuchon, laissant voir sa longue chevelure tenue dans une queue de cheval. Elle aussi portait des bottes mais un pantalon moulant et un pull à col bateau de couleur noir. Ses habits lui allaient parfaitement bien tout comme pour Lena. Cette dernière se prépara au combat. Yumi la regarda indifférente, sans aucune expression apparente.
- Alors tu es toujours en vie...Mais crois-moi, cette fois je ne te raterais pas !
Lena attaqua la première et sortit de son dos un katana. Elle l’abattit sur Yumi qui l’évita avec aisance. Celle-ci prit le sien et répondit aux attaques de son adversaire. Leur face à face ressemblait beaucoup à leur dernière rencontre. Il y avait autant de force et de violence, toutes deux animées par un désir de vengeance. A un moment donné, Lena prit l’avantage et parvint à couper Yumi au niveau du cou, juste à l’endroit de la blessure que lui avait faite Ulrich. Lena sourit de sa réussite. Mais c’était mal connaître la japonaise. Cette dernière riposta et l’envoya à terre pour la réattaquer. Pendant ce combat, la neige continua de tomber et recouvrit les traces de sang, témoins des blessures des deux guerrières.








Plusieurs minutes s’écoulèrent. Elles se faisaient face désormais. La neige tombait de manière plus virulente, accompagnée de bourrasques de vent. La japonaise fixait durement son adversaire. C’est alors qu’elle se souvint d’avoir été blessée et mit automatiquement sa main à son cou. La blessure était superficielle mais elle saignait beaucoup. De son côté, Lena était blessée à son bras. Elle n’en revenait pas de ne pas prendre l’avantage sur elle. Elle décida de changer de tactique afin d’affaiblir la japonaise. Elle se lança : arme au poing. La lame déchira l’air avant de s’abattre contre celle de la geisha. Les armes s’entrechoquèrent et le combat devint plus rapide et très physique. Tout en s’affrontant, Lena dit :
- Tu sais, je l’ai aimé pendant ton absence et même quand tu es revenu. Fit-elle avec un sourire mesquin. Yumi fut glacée intérieurement mais ne fit rien paraître. Elle continua de l’affronter. Mais Lena persista.
Ce qu’elles ignoraient, c’est qu’Ulrich avait été attiré par les bruits de combat et s’en était rapproché. Il voulut intervenir mais quand il reconnut Lena, il ne se montra pas. Toutefois, il était assez proche pour entendre toute la conversation.
- Le pauvre, quand il a appris que tu étais morte, il faillit en perdre la raison.
- Surtout que c’est toi qui m’as tuée...
- Oh mais de quoi tu te plains, tu es en vie à ce que je saches !
- Tu as tué mon enfant ! Tu m’as tout pris !
- C’est ce qu’on appelle les dommages collatéraux, dans l’art de la guerre.
Ulrich se figea sur place. Il ne comprenait plus rien. Lena lui aurait menti ? Mais pourquoi ? « Est-ce que Yumi aurait dit la vérité ? » Tout se bousculait. Il n’arrivait plus à y voir clair. Toutes ses convictions partaient en fumée. Il se prit la tête entre les mains, comme si cela pouvait mettre un terme à ce brouhaha dans son esprit. Toutes les paroles revenaient et se bousculaient : Lena, Yumi, Odd, Tim...Il ne savait plus qui croire.
- Tu es complètement folle. Et crois-moi, je vais te faire regretter tes actes.
- Paroles..paroles. Agis un peu, guerrière. Mais d’abord, dis-moi. Pourquoi te bats-tu si tu as tout perdu à cause de moi, comme tu aimes le répéter ?
- J’ai trouvé une raison de vivre.
- Ulrich ?
- Oh que non...Je te le laisse. Tu as fait de lui un être sans âme. A ton image en fait.
- Je t’interdis de parler de lui ainsi. Fit Lena, agacée. Elle chargea avec une très grande violence, ce qui surprit Yumi. Elle la plaqua au sol et voulut l’achever d’un coup de katana mais la japonaise fut plus rapide et l’esquiva. La japonaise se releva rapidement et réattaqua Lena quand elles entendirent une voix.
- Arrête Lena.
Cette dernière se retourna et sourit quand elle vit Ulrich. Mais le samouraï n’avait pas l’air content. Yumi fut sidérée de le voir ainsi et se demandait ce qui allait bien se passer. Lena le regarda amoureusement et lui dit :
- regarde mon amour. Je te l’ai attrapée pour que tu puisses avoir ta vengeance.
Mais Ulrich la regarda froidement et lui lança :
- Tu m’as menti Lena.
Celle-ci fut surprise par ses dires. Elle le regarda, à moitié inquiète :
- Que veux-tu dire ?
Pendant ce temps, Yumi récupéra son arme et suiva la conversation. Elle essayait de déterminer le dénouement. Mais elle voulait avoir sa vengeance. Elle serra le pommeau de son arme de plus en plus fort, jusqu’à ce que ses articulations blanchissent.
- Tu m’as menti en me faisant croire qu’elle avait tué mon enfant.
Yumi n’en croyait pas ses oreilles. Il avait tout entendu ! Mais qu’allait-il faire ? Etait-il trop tard ? Ou y avait-il un espoir ? Lena se sentant découverte et menacée, réfléchit à un plan de sortie. Pendant ce temps, Ulrich s’approcha de plus en plus d’elle. Cette dernière reculait.
- Je n’ai fait ça que pour te protéger. Elle te faisait souffrir !
- Tu m’as manipulé !
- Non ! Non...Je...je t’aime Ulrich !
- Mais je m’en fous ! Je ne t’ai jamais aimé moi !
Cette nouvelle la brisa complètement et dans un dernier accès de folie, Lena prit par surprise Yumi et la menaça avec son arme sous son cou. La geisha se sentit dépassée par les évènements et ne comprenait pas comment elle avait pu se faire avoir comme une débutante ! Sentant la lame près de sa peau, sa respiration s’accéléra. Avait-elle peur de mourir ? Non. Elle était morte depuis bien longtemps. Mais elle ne voulait pas perdre à nouveau un enfant. Elle leva son regard depuis la lame vers Ulrich et ce qu’elle vit la surprit. Elle s’attendait à un regard glacial, mesquin ou haineux. Elle ne vit plus rien de cela. L’homme qu’elle avait devant lui était le même qu’avant qu’il n’ait disparu. Elle retrouvait l’homme qu’elle aimait ou plutôt qu’elle avait aimé. Mais elle sentit la poigne de son agresseur se resserrer autour de son bras. Yumi la sentit devenir de plus en plus inquiète, à la limite de la paranoia. Cette dernière lança :
- Si tu ne m’aimes pas, alors tu n’aimeras personne !
Ulrich vit la lame se lever et tout alla très vite. On entendit un bruit sourd et sec. Ulrich hurla. Quand il rouvrit les yeux une seconde après, il vit Lena à terre, ensanglantée et agonisante. Yumi avait eu le temps de se retourner et de lui planter une de ses dagues qu’elle dissimulait dans ses bottes. D’ailleurs, elle tenait dans sa main la dague qu’elle venait d’utiliser. Des gouttes perlaient sur le sol blanc. Ulrich s’approcha en vitesse et fut soulagée de voir que ce n’était pas la japonaise qui était à terre. Cette dernière lui tournait le dos mais il vit avec horreur que du sang coulait tout le long de son bras.
- Yumi....







Elle regarda Lena, satisfaite d’avoir rempli sa mission. Soudain, elle se rendit compte qu’elle avait été touchée. Elle sentit un goût âcre dans sa bouche et une violente douleur au niveau du thorax. Elle porta sa main à cet endroit et découvrit du sang. Elle relâcha son bras et se sentit faible tout à coup. Ulrich la vit chanceler et la rattrapa juste avant qu’elle ne touche le sol. Il découvrit une plaie béante au niveau de sa poitrine. Lena ne l’avait pas ratée en la poignardant. Yumi tomba dans ses bras. Elle haletait. Elle avait du mal à respirer et la douleur l’oppressait de plus en plus. Du liquide pourpre commença à s’échapper de sa bouche. Mais la japonaise luttait pour rester en vie. Elle ne voulait pas perdre l’espoir d’une nouvelle vie. Elle leva difficilement les yeux vers le beau brun, venant de se rendre compte qu’il l’avait rattrapé dans ses bras. Elle lui dit en le fixant, émue par son attitude :
- Tu es revenu...
Larmes aux yeux, Ulrich lui dit :
- Je te demande pardon pour tout le mal que je t’ai fait, Yumi...
Cette dernière leva sa main sur son visage et lui sourit. Puis son visage se crispa sous la douleur et ferma les yeux quelques secondes. Ulrich blêmit et la serra de plus en plus contre lui. Tenant la tête de sa bien-aimée contre sa poitrine et son corps sur ses jambes. Il passa sa main dans ses cheveux, humides par la neige. Le cadre était magnifique malgré le contexte tragique. Elle rouvrit les yeux et Ulrich lui murmura avec une voix pleine de désespoir :
- Ne me laisse pas, je ne veux pas te perdre une seconde fois !
Elle le regarda tendrement et lui murmura avant de fermer à nouveau les yeux :
- On arrive toujours à se retrouver...
- Yumi reste avec moi, je t’en prie !
Elle ferma les yeux juste au moment où Ulrich lui dit en pleurant :
- Je t’aime Yumi. Je t’ai toujours aimé... Ne me laisse pas !
Il serra son corps, comme s’il avait peur qu’il ne disparaisse. Le beau brun se rendit compte qu’elle respirait toujours mais très faiblement. Il en fut soulagé. Il la prit dans ses bras et se précipita vers la maison où se trouvaient ses amis. Il n’avait que très peu de temps pour la sauver.

Un garde entra en trombe dans la pièce où se trouvait Tim. Ce dernier leva ses yeux vers l’intrus et le dévisagea d’une manière assez meutrière. Le garde se confondit en excuses mais prit la parole :
- Monsieur...
- Oui ! Et bien parles maintenant que tu m’as dérangé !
- C’est Mademoiselle Olijn...
- Qu’est-ce qu’elle a encore fait celle-là ?
- On l’a retrouvée il y a une dizaine de minutes dans une allée de Kyoto. Elle...
Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Tim s’était levé d’un bond et se mit face à son interlocuteur.
- Où est-elle ? lui hurla t’il presque au visage.
- A...à l’infirmerie...
Tim sortit en courant de son bureau pour voir où était Lena. Après avoir parcouru tout un dédale de couloirs pendant plusieurs minutes, il arriva à l’infirmerie. Il ouvrit la porte violemment et découvrit deux médecins en train de l’ausculter. Son visage était fermé et très pâle. Les médecins se levèrent devant leur chef. Il semblait interdit et il lui fallut quelques secondes avant de formuler une question.
- Est-ce qu’elle...
- Je suis navré Monsieur. Mais on ne peut plus rien faire pour elle.
Tim ne voulait pas croire ce qu’on lui disait. Il s’approcha de Lena et vint s’asseoir auprès d’elle, après avoir fait partir les médecins qui semblaient réellement navrés. Tim prit la main de Lena.
- Ta main est si froide, mon amour...
Il lui caressa le visage et releva le drap. Il découvrit une plaie béante au niveau de l’abdomen. La même qu’elle avait eu lorsqu’elle avait tenté de tuer Yumi. C’est alors qu’il comprit. Une rage sourde s’empara de lui. Il se releva et sortit en furie de l’infirmerie, sans un regard pour les médecins. Il se précipita vers la pièce où était retenue Aelita. Celle-ci fut apeurée de le voir aussi énervé. Elle sentit qu’il s’était passé quelque chose de grave. Ce dernier ouvrit sa cellule et lui attrapa le bras violemment. Sans un regard, il dit sadiquement :
- Ca fait trop longtemps que tes amis me mettent des bâtons dans les roues. Ils vont payer d’avoir tué mon amour !
Aelita fut quelque part soulagée du fait que Lena ne soit plus de ce monde. Mais elle avait peur de ce qui allait arriver. Elle ne savait pas ce qu’avait en tête Tim. Ce dernier l’emmena sans délicatesse à travers des couloirs pour arriver après quelques instants dans la pièce principale du complexe. Il la jeta à des soldats qui la retinrent par les bras et hurla à ses employés :
- Activez le programme immédiatement !
- Mais monsieur, il reste 4 heures...
- Activez un point c’est tout ! J’ai une affaire urgente à régler et qui ne peut pas attendre.
Il regarda sadiquement Aelita et s’approcha d’elle en lui tenant le menton de sa main :
- Il est temps d’accomplir ta destinée, chère Aelita.

Cela faisait plus de dix minutes qu’Ulrich courait dans les rues, portant Yumi dans ses bras. Son visage était de plus en plus pâle mais elle gardait une certaine sérénité. Après un dernier virage, il arriva enfin à la maison en question. Il entra en trombe, faisant sursauter ses amis. Ava et Odd se mirent sur la défensive mais changèrent d’attitude quand ils virent Yumi dans ses bras. Odd hurla sans réfléchir :
- Tu.... Oh toi je vais te tuer !
Mais Ava le retint, voyant la faible respiration de la japonaise. Elle s’approcha d’Ulrich en lui disant :
- Donne-la moi. Elle n’en a plus pour longtemps si on ne fait rien ! Je vais avoir besoin de vous tous, alors vous mettez vos différents de côté si vous tenez un petit peu à Yumi ! Fit Ava en les regardant tous avec autorité. Odd baissa les yeux mais regarda Ulrich durement. Cependant quand il vit des larmes couler sur ses joues, il en fut surpris.
- « Qu’avait-il bien pu se passer ? Ulrich semble être redevenu lui-même...Serait-ce possible ? »
Ava installa Yumi sur la table après avoir tout balancer à terre. La japonaise se tordait de douleur et toussait de plus en plus comme si elle étouffait. Ava fit signe aux autres de se reculer.
- Odd apporte moi de l’eau chaude et des compresses. Ulrich, ammène une couverture. Jérémie, trouve-moi un objet tranchant.
Ulrich s’arrêta à la dernière phrase et se retourna en demandant suspicieux :
- Que comptes-tu lui faire ?
- La sauver ! Elle et votre enfant !
- « Notre enfant... »
- Ulrich, je t’en prie, c’est pas le moment de rêvasser !
Il se secoua et partit chercher ce dont Ava avait besoin. Cette dernière se plaça à côté de la japonaise et passa sa main sur son front. Il était brûlant. Ses longs cheveux noirs lui collaient à son front.
- Il lui faut quelque chose qui puisse la calmer ! hurla t’elle dans le vide. Puis quelques instant après, les trois garçons réapparurent avec tout le matériel nécessaire. Tous se mirent autour de la table.
- Odd, tiens-lui les mains. Ulrich, maintiens lui la tête. Il ne faut surtout pas qu’elle bouge.
Jérémie les regarda faire, ne sachant comment agir. Soudain, Yumi rouvrit les yeux, elle semblait en transe. Elle les regarda inquiète et se débattit de toutes ses forces, se sentant menacée.
- Yumi, c’est moi, Ava ! Je t’en prie ! Il faut que tu te calmes ! Tu ne veux pas que cela soit comme la fois passée...
Yumi la regardait droit dans les yeux et se mit à pleurer. Puis elle se remit à tousser et commença à s’étouffer en respirant de manière saccadée.
- Bon... c’est maintenant ou jamais. Tenez-la bien, je vais commencer !

De son côté, Aelita ne disait rien mais la peur pouvait se lire sur son visage. Ce qui n’échappa à Tim.
- Tu as peur ? Tu fais bien ! Mais ne t’en fais pas. Je ne vais pas te tuer, j’ai de trop grands projets pour toi. Mais d’abord, tu vas rejoindre un très vieil ami à toi...
Il lui désigna le scanner et tout devint clair pour Aelita. Elle allait servir d’hôte pour Xana ! Elle se débattit et hurla comme elle pouvait pendant qu’on la plaça dans le scanner.
Les techniciens pianotèrent sur leurs différents ordinateurs et après quelques minutes, on activa une manette. Aelita qui était enfermée dans le scanner frappa de toutes ses forces contre les parois de verre ! Elle hurlait mais personne ne pouvait l’entendre. Des larmes coulaient sur son visage. Soudain, un bruit sourd se fit entendre puis tout trembla pendant quelques secondes. Aelita regarda autour d’elle, horrifiée. Tim la regardait, triomphant et dit à lui-même : Pour toi Lena !
Puis un épais nuage blanc commença à remplir le scanner. Sur un écran d’ordinateur, on pouvait lire un décompte en pourcentage et juste au dessus un mot qui clignotait au fur et à mesure du décompte :
MATERIALISATION XANA.

Un signal sonore se fit soudain entendre. Jérémie mit du temps à l’entendre puis se précipita vers l’ordinateur pendant qu’Ava finissait son travail. Il s’écria :
- Oh mon dieu !
- Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Odd.
- Xana est en train de revenir !








Le signal se fit de plus en plus fort et captèrent l’attention de tout le monde.
- Odd s’il te plait, reste ici, j’ai pas encore fini ! se plaignit Ava. Elle continua de s’occuper de Yumi. Jérémie s’approcha du groupe dans tous ses états. Il était d’une telle pâleur. Ulrich le remarqua après avoir décroché son regard de sa compagne.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- C’est la fin...fit Jérémie, découragé
- Que veux-tu dire ?
- Tim est en train de faire revenir Xana !
- Combien de temps ?
- C’est trop tard, Ulrich...
- Combien de temps ? hurla t’il.
- On a moins d’une heure devant nous... Mais cela ne sert à rien !
Mais Ulrich fit semblant de ne pas entendre. Il se retourna sur la jeune femme qui lui faisait face :
- Ava, tu as bientôt fini ?
- Oui. Mais je ne peux pas la laisser seule. Lui répondit-elle en terminant de panser la blessure. Son état est encore trop instable.
- Bien. Jérémie, Odd et toi, vous allez vous rendre à l’entrepôt. Il se trouve à une vingtaine de minutes d’ici.
- Et toi ? Pourquoi tu ne viens pas ?
- Parce que Yumi a besoin de moi et que Tim risque de faire n’importe quoi s’il me voit.
Le beau brun se dirigea vers le bureau de Jéremie et prit une feuille pour leur indiquer un plan d’accès. Odd ne cacha pas sa méfiance envers son vieil ami.
- Qui me dit que tu ne la tueras pas pendant notre absence ? Après tout, c’est ce que tu hurlais à qui veut l’entendre, il y a quelques heures...
- Odd, si j’avais voulu le faire, je ne l’aurais pas amenée ici. Je l’aime, tu peux le comprendre ?
- Ca suffit vous deux ! Vous l’aimez tous les deux à votre manière, on l’a compris. Maintenant, il faut qu’on sorte Aelita de ce pétrin !
Ava tenta de calmer le jeu en les séparant et se tourna vers le génie pour discuter d’un plan d’attaque. Mais ce dernier semblait complètement abattu. Il se tenait la tête entre les mains, coudes sur les genoux. Il avait le regard perdu dans le vide. Ava s’approcha de lui.
- Jérémie ! Ce n’est pas le moment ! Aelita a besoin de toi ! lui cria t’elle pour le faire réagir.
Ce dernier la regarda avec ses yeux vides. Il remarqua les yeux sombres et pleins de reproches de son amie et il se décida à reprendre ses esprits. Einstein se retourna sur son ordinateur et afficha un plan de l’entrepôt d’après l’adresse que leur avait donnée Ulrich.
Les quatre se concertèrent pour élaborer une stratégie. Environ dix minutes plus tard, ils se levèrent, prêts à affronter leur ultime bataille. Ava, Odd et Jérémie partirent donc en direction de leur destin. Ulrich resta auprès de sa belle même s’il aurait aimé se joindre à ses amis et faire payer à Tim tout le mal qu’il leur avait causé.
Le beau brun s’approcha du lit où se trouvait désormais Yumi. Son visage était aussi blanc que de la porcelaine. Mais elle reprenait peu à peu des couleurs. Elle avait toujours cette respiration saccadée mais elle ne toussait plus. Il la contempla, passant sa main dans ses cheveux puis sur son visage. Il découvrit la plaie à son cou et se remémora avec une certaine souffrance, son combat. Ses yeux se voilèrent de larmes dont une perla sur sa joue avant de tomber sur la main de la japonaise. Ulrich toucha du bout des doigts la blessure quand il sentit quelque chose de métallique. Il souleva avec ses doigts et découvrit avec stupéfaction le collier avec l’anneau qu’il lui avait offert. Il le serra dans sa main si fort que ses articulations blanchirent. Il pleura désormais, conscient qu’elle l’avait toujours gardé sur elle malgré l’état de la situation entre eux deux. Conscient aussi qu’elle ne pourrait jamais se réveiller et ne jamais entendre ses regrets.








Ava, Odd et Jérémie se rendirent à l’adresse que leur avait donnée Ulrich. Ils arrivèrent devant un vaste entrepôt. C’était la nuit. Seules quelques lumières éclairaient les abords du complexe. La neige se remit à tomber, accompagnée d’un vent assez doux. La lune luisait dans le noir. Des frissons parcoururent les trois amis. Ils savaient que c’était leur dernière mission. Qu’ils n’avaient pas le choix. Ils se regardèrent tous les trois sans un mot et se firent un signe de la tête. Ils pénétrèrent sans un bruit dans l’enceinte, ne sachant pas à ce qu’ils auraient à faire.

Ulrich prit une chaise et s’assit près de sa belle. Il lui prit la main : elle était si froide. Il la regarda attentivement. Il pouvait y voir les traces des anciennes cicatrices. Il releva son regard vers son visage et vit que des mèches venaient de lui tomber sur le front. Il les souleva de son autre main et sentit que son front brûlait à nouveau. Ulrich fronça les sourcils et prit le pouls de la jeune femme. Il sentit tout à coup une main se serrer, ce qui attira son regard. Yumi se remit à tousser et recracha du sang. Elle respira de plus en plus vite. Ulrich se rapprocha d’elle et lui caressa ses joues en espérant qu’elle allait se calmer. Mais cela semblait s’empirer de minutes en minutes. Ne sachant pas quoi faire, il se leva pour appeler les secours quand il entendit une voix derrière lui.
- Que c’est touchant...
Le beau brun se retourna et fut très surpris de cette intrusion. Il n’arrivait pas à y croire.
- Vous !
Il se plaça instinctivement devant la table où reposait Yumi. Cette fois-ci, il sera là pour la protéger.

Odd alluma une torche et prit la tête du groupe en tant qu’éclaireur. Tout en suivant le plan que Jérémie avait pu trouver, ils progressèrent tous les trois dans la pénombre du complexe. L’atmosphère était assez pesante. Et il n’y avait aucun bruit.
- C’est pas normal qu’il n’y ait rien. Fit Odd.
- Il a raison. On aurait déjà dû être repérés, connaissant la paranoïa de Tim. Fit Ava.
- Je crois qu’on va avoir un accueil réservé bien plus loin, dit Jérémie.
Odd marqua l’arrêt et se retourna sur ses compagnons. Il dit :
- On ne sait pas ce qui va nous attendre mais il faut qu’on se mette d’accord. Quel que soit le nombre d’attaquant, il faut impérativement s’occuper d’Aelita. Ok ?
- Ok ! firent les deux autres.
- Bon. Ava et moi, on fera diversion pendant que toi, Einstein, tu t’occuperas d’Aelita.
On a pas le droit à l’erreur. Le monde compte sur nous...ouah si j’avais cru que j’allais dire ça un jour...fit Odd pour détendre un peu l’atmosphère.
Ava sourit. C’était l’un des traits charmeurs de son petit ami. Quoi qu’il arrive, il trouvait toujours un moyen de plaisanter. Jérémie regarda son plan et indiqua du doigt l’issue par laquelle ils pénétreraient dans la salle centrale où devait se trouver le scanner. Cette issue se trouvait juste en face d’eux. Ils prirent une grande inspiration, l’ouvrit et y pénétrèrent. Cependant, ils ignoraient l’ampleur du danger qui les guettait.

Ulrich ne savait pas comment réagir face à son adversaire. Jamais il n’aurait cru que cette rencontre se présenterait un jour. Devant lui se tenait une silhouette vêtue d’un long manteau de couleur pourpre. Son visage était caché sous une capuche. Et cette voix...
- Il y a bien une chose que je ne supporte pas chez toi. Tu contraries toujours mes plans.
- Je vous croyais...
- Morte ? Et non, comme tu peux le constater. J’ai mis du temps pour échafauder mon plan. J’ai recruté Tim et Lena pour le mener à bien. Mais ils se sont avérés être des incapables. Comme la plupart. Mais vous, à chaque fois, vous avez réussi à faire échouer chacune de mes tentatives...Mais cela sera la dernière erreur de ma part.
- Qui...Qui êtes-vous ?
- Je suis la dernière personne que tu verras !
La silhouette s’avança, décidée d’en finir avec lui quand elle remarqua la japonaise allongée sur la table. Un sourire narquois se dessina sur son visage et elle se tourna dans cette direction en disant :
- Mais avant, il faut que je rétablisse une dernière chose. Il a fallu que tu recroises son chemin...Pourtant, j’avais tout fait pour vous éloigner l’un de l’autre.Je lui ais fait croire à ta mort, j’ai mis William dans ses bras. Mais rien n’y fait. Votre amour est si fort qu’il surpasse toutes les épreuves. Même du temps de mon maître. Et maintenant, j’apprends que vous l’avez concrétisé... Malheureusement, votre enfant ne doit pas voir le jour si je veux que mon maître puisse revenir sans encombre !
Elle sortit de son manteau une longue dague incrustée d’inscriptions japonaises. Elle la leva pour la faire luire à la lumière du feu. Les inscriptions se reflétaient en dorés. Puis, la silhouette se déplaça avec rapidité et se retrouva face à Ulrich qui lui barrait la route. Une expression de contrariété se lisait sur son visage tandis que le regard du samouraï se faisait dur et menaçant. La silhouette leva la dague, prête à l’abattre sur
- Ecarte-toi ! Elle ne souffrira pas, je peux te l’assurer ! fit la voix avec une intonation sadique.
La silhouette tenait sa dague en l’air, prête à l’abattre sur sa proie. Mais Ulrich était déterminé à protéger celle qu’il aimait plus que tout. Surtout depuis qu’il savait qu’il allait être père. Il lui dit en la toisant d’un regard plein de colère :
- Je ne vous laisserai pas faire...Elle a beaucoup trop souffert par votre faute ! Et vous allez le payer !
Le beau brun était sur le point d’attaquer son adversaire quand il entendit du bruit derrière lui. Yumi gémissait. Elle semblait comme s’étouffer. Son visage se tordait sous la douleur. Elle était si crispée...Ce qui n’échappa pas à l’assaillant.

- Oh...Mais apparemment, je ne devrais même pas y toucher...Elle se meurt toute seule ! fit la silhouette en s’approchant d’elle.
Elle était sur le point de lui caresser le front quand elle entendit hurler derrière elle :
- Ne l’approchez pas !hurla le beau brun.
- Je n’ai même plus le droit de toucher ma fille ? fit la silhouette en dévoilant son visage en ôtant sa capuche. La mère de Yumi le regarda d’un air narquois. Ulrich dégaina son katana et se prépara à se battre. La jeune femme lui rit au nez :
- Tu ne croies tout de même pas que tu puisses m’atteindre, toi un simple humain ?
Elle leva sa main et une boule d’énergie se forma depuis le creux de sa paume. Elle la dirigea en direction du samouraï qui valsa à travers la pièce, percutant une vieille étagère. Il retomba avec lourdeur sur le sol. Cette attaque le sonna. Sa vue se troubla et il mit du temps pour la stabiliser. Toutefois, il se releva, prêt à se battre à nouveau. La japonaise le toisa d’un regard de vainqueur. Elle ôta son manteau pour dévoiler une tunique de la même couleur. Son pantalon était rentré dans des bottes à lacets qui lui montaient jusqu’à ces mollets. Sa tunique lui arrivaient jusqu’à ses cuisses et était tenu par une ceinture. Son regard se changea et l’on pouvait voir le signe de Xana au fond de ses iris. Ulrich en fut surpris, étant donné que Xana était techniquement mort. Mais la boule d’énergie venait confirmer cette hypothèse. La femme sourit en le voyant mal en point, satisfaite de son effet de surprise et se retourna sur sa fille. C’est alors qu’elle hurla :
- Non ! Où est-elle passée?
Yumi n’était plus sur la table. Ulrich en fut quelque part soulagé bien qu’il savait que si elle n’était pas soignée, elle ne s’en sortirait pas.








Ils pénétrèrent dans une immense salle mais aucune lumière n’était allumée. Chacun resta sur ses gardes, ne sachant pas à quoi s’attendre. Soudain, l’attention d’Odd fut attirée par deux yeux rouges luisants dans l’obscurité. Puis deux autres s’ajoutèrent. Il déglutit, venant de comprendre ce que c’était. Il se rapprocha doucement d’Ava et de Jérémie et leur murmura :
- Ce sont les deux robots qui leur restaient...
Ava serra sa main contre son katana tandis que Jérémie essayait de retrouver le signal d’Aelita. Il avait sur une sorte d’écran radar, un signal sourd qui clignotait de plus en plus vite au fur et à mesure qu’on s’en rapprochait. Il leva l’écran et l’orienta vers sa droite. Il fit quelques pas et s’enfonça dans l’obscurité. Odd s’en rendit compte trop tard pour le rattraper. Il resta auprès de sa petite amie et serra son arme également. Une voix s’éleva dans l’obscurité, un ton glacial et assez méprisant :
- Eh bien...Ma chère, il semblerait que la cavalerie soit venue à ta rescousse. Ou bien pour profiter du spectacle...
Les lumières s’allumèrent tout à coup, dévoilant un immense hall avec plein d’ordinateurs éteints et au centre deux scanners, dont l’un renfermait Aelita qui tapait sur la vitre, larmes aux yeux. Elle semblait si désespérée. Et de chaque côté, les deux robots se tenaient immobiles, prêts à agir. Ils fixaient Ava et Odd. Jérémie s’était approché d’une table d’ordinateur et se cachait en dessous en cherchant un moyen de libérer sa belle. Tim était sur une sorte de mezzanine, derrière une vitre. Il parlait depuis un interphone.
- En spectateur...fit Ava à voix haute.
- Ce qui ne présage rien de bon...ajouta Odd.
- Vous allez voir ce que ça fait de perdre l’un des siens. Vous allez payer pour la mort de Lena. Même si je me suis déjà chargé de sa meurtrière...
Cette dernière remarque fit l’effet d’une bombe sur le couple. Ils se regardèrent, interloqués, ne sachant pas où il voulait en venir. Odd commença à regretter d’avoir laisser Yumi toute seule...Elle était avec Ulrich mais quand même...
Tim regarda sa montre et lança à l’intention de Jérémie même s’il ne pouvait pas le voir :
- Je vous connais tous, vous êtes si prévisibles... Eh le génie ! Il ne te reste plus que vingt petites minutes pour sauver ta belle avant qu’elle ne se transforme définitivement...Mais comment faire ? C’est ça le plus drôle ! Sur ce, que le spectacle commence !
L’homme appuya sur un boîtier, ce qui enclencha la mise en route des deux robots. La couleur rouge s’intensifia et s’illumina. Leur mission était simple : éliminer tout ce qui était sur leur passage.

Le spectre renversa la table de fureur. Même si elle avait une apparence humaine, son regard faisait froid dans le dos. Ulrich profita de son inattention pour l’attaquer par surprise. Il lui planta son arme dans le dos, ce qui la fit hurler de douleur mais un cri de fureur retentit dans la pièce. Elle se retourna sur lui, un sourire carnassier aux lèvres :
- Tu veux vraiment mourir ?
Elle lui envoya une boule d’énergie d’une plus forte intensité en plein abdomen, ce qui le fit traverser la pièce. Il percuta la cheminée, se cognant la tête contre le marbre. Du sang coula sur sa tempe droite. Il était très sonné, ce qui n’échappa pas au spectre. Il fondit sur lui et l’attrapa par le col. Il le souleva dans les airs d’une main en le fixant droit dans les yeux. Il serra de plus en plus sa prise quand il entendit dans son dos :
- Arrête...
Le spectre se retourna et sourit en reconnaissant Yumi qui s’appuyait contre le mur pour ne pas tomber tant la douleur à sa poitrine était forte. Elle semblait à bout. Ulrich voulait lutter mais sa tête était devenue si lourde. Il tentait de retirer la main qui l’étouffait. Quand il la vit debout, si fragile et à la merci de son adversaire, une rage le poussa à retrouver toutes ses forces pour combattre cette « chose ». La mère de Yumi lâcha Ulrich qui tomba comme une masse inerte sur le sol. Il voulait se relever mais il n’y parvenait plus. Les deux attaques qu’il avait subies l’avaient fortement affaibli. Le spectre s’approcha lentement de la japonaise et la fixa d’un regard amusé. La geisha se tenait contre le mur, le visage vers le sol, toussant encore. La « chose » changea d’apparence, prenant celle d’Hiroki. Yumi releva la tête et son visage se figea de surprise. Cette nouvelle apparence eut l’effet escompté sur la japonaise.
- Hi...Hiroki ?
- Non Yumi ! hurla Ulrich.
- Viens avec moi Yumi...
Hiroki la regardait d’un air si joyeux et si heureux. Yumi n’était plus en état d’être juge de ce qu’elle voyait. Pour l’instant, elle voyait que ce qu’elle voulait voir. Hiroki lui tendait les mains. Yumi voulait le rejoindre mais Ulrich l’appela tout en tentant de se relever, difficilement.
- Non Yumi ! Ne fais pas ça !

De leur côté, Ava et Odd combattaient tant bien que mal contre les robots. Chacun avait le sien et ils étaient plus coriaces que l’autre fois. Odd avait tenté la même ruse mais ce fut un bel échec. Pour Jérémie, sous la pression, il tentait vainement de trouver une solution pour arrêter le processus au plus vite. Mais toutes ses tentatives échouaient les unes après les autres. Aelita les regardait se battre pour elle. Elle n’en pouvait plus de hurler et taper de toutes ses forces contre la grande paroi métallique. Elle tomba à genoux, ses mains meurtries d’avoir trop frapper contre la porte. Ses yeux étaient si rouge et son teint si blanc. Elle s’assit en tailleur, tenant ses genoux dans ses bras. Elle se berçait machinalement, tentant de se calmer et de réfléchir à la situation. Mais quoi qu’elle ait pu faire, elle savait qu’elle allait mourir. La jeune femme se demanda dès lors ce qu’avait pu ressentir Yumi au moment où elle fut « tuée » par Lena. Aelita ferma les yeux et repensa à tous les bons moments qu’elle avait passés avec ses amis depuis son arrivée sur terre. Puis un visage lui apparut aux milieu de tous ces souvenirs : Jérémie.

La machine qui se tenait devant Ava possédait une technique assez redoutable. Il semblait l’avoir étudiée et connaître chacun de ses mouvements. C’est pour cela qu’elle n’arrivait pas à l’atteindre, quoi qu’elle fasse. Le robot s’avança vers elle, toujours avec ce regard d’un rouge vif et leva son bras qui se terminait par une lame. Il s’arrêta quelques secondes, pour positionner sa cible puis se mit à avancer très vite en direction de la guerrière. La pauvre Ava recula de plus en plus, tout en esquivant chacun des coups de lames. Odd était, lui aussi, très occupé avec son adversaire. Et il paraissait avoir autant de mal qu’elle. Même s’il avait l’avantage d’en avoir déjà combattu. Le pauvre semblait dépassé par la situation, ne sachant plus comment agir, étant donné que toutes ses ruses n’avaient eu aucun effet jusqu’à présent.
- Tu vois, mon cher Odd, il ne faut jamais sous-estimer ton ennemi...lui lança Tim depuis la mezzanine. Il suivait le spectacle tout en gardant un œil sur le décompte d’Aelita. Plus que 15 minutes.
Ava, sans le voir, se retrouva prise au piège dans un coin de la salle. Le robot se planta devant elle et abattit sa lame sur elle. Cette dernière riposta avec son glaive mais les forces étaient inégales. Le glaive céda et la lame vint se loger dans l’épaule de la jeune femme. Celle-ci hurla de douleur et se laissa glisser contre le mur, tenant son épaule meurtrie avec son autre bras.
- Ava ! Hurla Odd.
Une colère sourde s’éleva en lui et il poussa de toutes ses forces contre son robot qui recula de quelques mètres. Odd en profita pour aider Ava à se relever. Quand il sentit que l’attaquant de sa belle n’en avait pas fini, il se retourna sur lui, prêt à assouvir sa vengeance. Il prit le katana de sa belle et le planta dans la poitrine métallique. Des éclairs scintillèrent depuis la blessure puis parcoururent tout le corps ferreux.
- Qu’est...qu’est-ce qui se passe ? demanda Ava, toujours à terre.
- C’est ton katana...Il a une lame spéciale...
- C’est celui de Yumi. Il avait été forgé par un grand maître japonais...Mais quel est le rapport ?
- Je crois que sa matière est la clé pour les détruire ! fit Odd.
Il mit à l’abri sa petite amie et prit le katana pour combattre l’autre robot. Tim, qui avait tout suivi depuis l’étage, frappa du poing la table de fureur. Il hurla :
- Non ! C’est pas possible ! Cela ne peut pas se passer comme ça ! Vous voulez jouer, très bien ! Vous allez être servis ! Il appuya sur un bouton qui alluma un compte à rebours juste au-dessus du scanner où était retenue Aelita. Cette dernière, en ayant entendu le bruit de l’activation, se releva et regarda les secondes qui étaient en train de s’écouler, bien trop vite.
Jérémie s’en rendit compte et jura après Tim. Il décida de se lever, pour pouvoir réfléchir plus facilement.
- Tiens te voilà toi ! Tu m’excuseras, mais le temps m’est compté ! J’ai hâte de revoir mon maître très vite pour vous anéantir !
Jérémie se plaça devant le scanner d’Aelita pour pouvoir parler avec elle.
- Aelita, écoute-moi ! Il faut que tu restes calme pour qu’on puisse trouver une solution tous les deux.
- Elle ne t’entends pas ! Hahaha...fit Tim.
Aelita le regarda, ses yeux remplis de larme.
- Jérémie...Aide-moi ! Murmura Aelita même si elle savait qu’il n’entendrait rien.
- Plus que cinq petites minutes Einstein ! Fais lui tes adieux !
- Aelita ne mourra pas ! Elle ne peut pas mourir ! Hurla Jérémie à l’égard de Tim.

Du côté d’Ulrich et de Yumi.
- Yumi ! Je t’en prie, ce n’est pas ton frère ! Ecoute-moi ! Répéta le beau brun depuis quelques minutes. Il croyait qu’il ne parviendrait plus à lui parler quand il la vit sciller.
Yumi parvint à détacher son regard d’Hiroki et se tourna vers Ulrich. C’est à ce moment qu’elle se rappela de la situation. Comme un flash. Elle prit sa tête entre ses mains puis la releva et commença à marcher. La japonaise voulut voir comment allait son amant quand elle sentit des bras se serrer autour de sa taille. C’était Hiroki !
- Oh non, soeurette, tu ne vas pas partir comme ça !
La jeune femme avait beau se débattre, la poigne du spectre était très forte. Elle tapa des faibles forces qui lui restaient pour se retirer de cette étreinte mais elle n’y parvenait pas.
- Hi..Hiroki ! Lâche-moi ! Tu me fais mal !
- Je te fais mal ? Et lui ? Il t’a détruite et tu lui pardonnes ? Il ne te mérite pas Yumi !
Le jeune japonais leva le bras et forma une sphère du bout de sa main et la lança sur Ulrich. Ce dernier voulut l’éviter mais il fut touché à la jambe et hurla sous la douleur.
- Ulrich ! hurla Yumi.
Yumi voulut protester mais son « frère » la serra encore plus. Il appuya sur la poitrine, ce qui la fit hurler de plus belle. Le spectre mit sa main sur sa bouche pour l’empêcher de respirer quand il sentit une forte douleur à sa nuque et s’effondra.







Ava ne supportait pas d’être ainsi diminuée. Elle avait un caractère bien trempé comme Yumi, ce qui la mettait bien souvent dans des situations inextricables. Elle regarda autour d’elle et vit le dernier robot s’acharner contre son petit ami. Une certaine fureur s’empara d’elle et la poussa à se relever. La jeune femme ne voulait pas le laisser se battre tout seul. Elle avait failli le perdre une première fois, elle ne voulait pas que cela se représente à nouveau. Ava continua à appuyer sa main contre son épaule sanguinolente. Elle perdait beaucoup de sang mais cela passait au second plan pour elle. Ce qui l’importait, c’était Odd.
Ce dernier était en train de lutter contre la dernière réalisation de Tim. Si l’autre avait été aisée à abattre, celle-ci ne se laissait pas avoir aussi facilement. Le jeune homme se tenait face à la machine qui venait de se stopper, après un combat acharné. Elle le fixait de ses yeux rouges sans bouger. Odd ne savait quelle attitude opter. Sa respiration était rapide, témoignant de la violence du combat. Il tint son katana de ses deux mains, face à lui et leva la lame en direction du robot. Il avança un pied, déstabilisé par ce retournement de situation. La machine ne bougeait toujours pas. Et au moment où il avança l’autre pied, un bruit sourd se fit entendre derrière lui. Il regarda en arrière, en direction de l’origine de bruit quand il se rendit compte trop tard que c’était un leurre. Le robot abattit de toutes ses forces sa lame sur le pauvre Odd qui tomba à la renverse en tentant de contrer le mouvement. La lame de son katana qui parait celle du glaive de son ennemi se rapprochait de plus en plus de son corps. Il avait beau lutter de toutes ses forces, son adversaire avait l’avantage. Pensant que son heure était venue, il ferma les yeux, ne désirant pas voir le coup arriver.
-Odd ! hurla Ava.

De son côté, Jérémie ne parvenait pas à trouver une solution. Et plus il était sous pression, plus il était stressé. Il pianotait sur son clavier depuis trois minutes mais toujours le même dessin sur son écran. Une croix rouge, signalant le refus d’accès au serveur. Il souffla de désespoir et osa lever les yeux vers le scanner où se trouvait Aelita. Elle le regardait, larmes aux yeux et avait posé ses mains sur la vitre. Elle savait très bien ce qui allait se passer. Jérémie se releva soudain, en ayant trouvé la solution. Il se précipita vers l’immense tour qui trônait au centre du complexe. Il l’examina en vitesse et chercha ce qui l’intéressait. Le génie regarda le compteur qui indiquait les deux minutes restantes.
- Deux minutes, se dit-il en lui-même.
Jérémie se retourna vers Aelita avec un regard confiant. Elle lui sourit difficilement, paralysée par la peur. Il dirigea sa main vers une sorte de manette et approcha son portable de la tour. Il était sur le point d’appuyer quand il reçut un coup dans la nuque qui le fit tomber à terre. Coup pas assez fort pour le sonner. Il entendit en tombant :
- Tu ne croyais tout de même pas que j’allais te laisser faire ? fit Tim avec un regard haineux. Je suis bien trop prêt de mon but pour vous laisser tout foutre en l’air !
Jérémie se retourna pour lui faire face, tout en tenant sa tête sonnée par le choc. Il se releva en le toisant d’un regard de défi et lui dit :
- On ne te laissera pas gagner aussi facilement ! Xana doit disparaître ! Il y a eu beaucoup trop de sacrifices en son nom !
- Oh oui ! Et je crois que sa liste va s’allonger ! dit Tim en attrapant une chaise et voulut l’abattre sur le blond qui l’évita de justesse.
Pendant ce temps, Aelita fixait le compteur qui s’écoulait beaucoup trop vite à son goût. Ses larmes se remirent à tomber sur ses joues et elle murmura :
- Jérémie...

Ava vint faire diversion en balançant un écran d’ordinateur sur le robot qui s’apprêtait à tuer Odd. L’écran vint s’exploser sur le corps métallique. Elle obtint l’effet escompté. Le robot se retourna, fou de rage, ce qui permit à Odd de se relever.
- Ava ! Ne reste pas là ! hurla le blond.
- Va aider Jérémie ! Il faut à tout prix arrêter le processus ! hurla-t’elle.
Odd regarda en direction de Jérémie qui luttait tant bien que mal contre Tim. Avec regrets, il se précipita à son secours tout en lançant le katana à Ava. Celle-ci l’attrapa de sa main valide et toisa la machine avec défi. Le robot se mit alors en marche puis à courir après elle. Jérémie réussit à parer tous les coups de Tim mais ce dernier devenait de plus en plus rapide, sous l’effet de la colère. Il parvint à attraper une barre et à toucher Jérémie qui fut projetté quelques mètres plus loin, heurtant un bureau au passage. Son front se mit à saigner abondamment. Il se releva chancelant, sa vue brouillée. Il mit quelques secondes à retrouver Tim. Il remarqua qu’Odd le combattait, ce qui lui laissait le champs libre pour agir. Il parcourut les quelques mètres qui le séparait de la tour en chancelant et arriva à son ordinateur. Il regarda en vitesse le décompte. Une minute 30. Soit 90 secondes. Il prit une grande inspiration et se lança.

Yumi tomba à terre, conséquence de la chute du spectre. Elle vit la main d’Ulrich encore levée, signe que c’était lui qui venait de lui sauver la mise. Puis son bras tomba lourdement et sa tête glissa contre le mur. Elle se remit debout, assez difficilement, pour s’approcher de lui. Ulrich était gravement blessé. Sa jambe droite ne bougeait plus et était très amochée. Ses vêtements étaient en lambeaux suite aux attaques du spectre. La japonaise vint auprès de lui et prit son visage entre ses mains.
- Ulrich...Ulrich ! Elle le secoua tout en l’appelant. Yumi le regarda inquiète, il rouvrit les yeux et lui sourit tendrement.
- Hey !...lui murmura t’il. Le beau brun mit sa main sur son visage. Elle l’embrassa, heureuse de l’avoir retrouvé enfin puis se jeta dans ses bras. La douleur qu’elle avait ressentie dans sa poitrine s’était bizarrement atténuée. Sa blessure saignait toujours mais elle avait retrouvé une respiration normale grâce aux soins d’Ava. Mais Yumi était faible d’avoir perdu trop de sang. Son visage était aussi pâle qu’une poupée de porcelaine. Ses lèvres roses contrastaient presque. Ulrich se recula pour s’appuyer contre le mur mais grimaça à cause de sa jambe. Il la regarda tendrement mais ses yeux se posèrent plus loin et son expression changea. Il blêmit tout à coup. Ce qui n’échappa pas à Yumi.
- Qu’est-ce qui passe ? lui demanda-t’elle inquiète.
- Le spectre...Il a disparu. Lui répondit-il, son regard s’assombrit tout à coup.
- Viens. Il faut qu’on sorte d’ici ! lui dit Yumi en l’aidant à se relever quand elle se sentit partir en arrière violemment.
- Yumi !
- Vous deux, vous commencez sérieusement à m’exaspérer ! fit le spectre qui avait pris, cette fois, l’apparence de Lena. Elle leva sa main en direction d’Ulrich mais se ravisa quand elle le vit en piteux état. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres et elle s’agenouilla près de lui en lui chuchotant à l’oreille :
- Ce n’est qu’une question de secondes mon cher. Savoure tes derniers moments !

Jérémie était sur le point de toucher à la manette quand il entendit au loin :
-Fais ça et Aelita mourra ! lui hurla Tim.
Ce dernier se trouvait à terre, maintenu par Odd qui était sur le point de l’assommer. La main de Jérémie se figea net. Odd se retint de le frapper pour lui demander :
- Qu’est-ce que tu dis ?
Tim le regarda avec un air narquois.
- C’est simple. Il stoppe le processus maintenant, il condamne Aelita. Xana est déjà en elle. Les 90 secondes restantes permettent son réveil. Regarde si tu ne me croies pas !
Une épaisse fumée avait envahie l’intérieur du scanner. Aelita frappa à la vitre de toutes ses forces et commençait à suffoquer. Il voyait bien qu’elle hurlait.
- N’appuies sur rien et tu as encore une chance de la sauver. Si tu appuies, tu la condamnes pour toujours ! lui dit Tim.
Odd lui décocha un coup de poing dans sa machoire pour le faire taire.
- Ne l’écoute pas Jérémie ! Appuies dessus ! Il ment ! Aelita va s’en sortir !
Mais Jérémie était perdu. Il ne savait plus quoi faire. Il hésitait. Le génie regarda le décompte : 30 secondes. Puis son regard alla à Aelita.
De son côté, Ava se retrouva prise au piège dans un coin de la pièce. Son épaule commençait à l’handicaper. Ses mouvements étaient plus ralentis. Cela n’échappa pas à la machine qui profita de son inattention pour lui porter un coup fatal. Il l’attrapa par la gorge et la souleva dans les airs et l’envoya contre la balustrade de la mezzanine. Elle retomba lourdement de l’étage et s’écrasa contre le sol.
Odd tourna sa tête juste à ce moment-là et pu voir toute la scène. Ava ressemblait plus à une poupée de chiffon qu’on balançait dans sa chambre sous le coup de la colère. Son corps gisait à quelques mètres de lui. Il se releva lentement et fixait toujours sa silhouette. Il courut vers elle et prit son katana pour abattre définitivement le robot.

Ulrich voulait bouger mais il était beaucoup trop affaibli par les précédentes attaques. Il regarda où était la japonaise. Celle-ci était couchée quelques mètres plus loin et se relevait quand le spectre fondit sur elle et la souleva d’une main par la gorge. Yumi se débattait. Elle tenta d’enlever la main puissante qui enserrait sa gorge. Elle hurla quand elle sentit une main s’enfoncer dans son thorax.
- Meurs geisha !
Ulrich voulut hurler et agir mais il se sentait si faible. Plus rien ne sortait. Il finit par fermer les yeux, sombrant dans l’inconscience. Ses forces l’avaient quittés.

Jérémie prit une grande inspiration et fit abstraction de tout ce qui l’entourait. Quand il rouvrit les yeux, il put lire sur les lèvres d’Aelita :
- J’ai confiance en toi...
Le génie n’hésita plus et appuya sur la manette juste trois secondes avant la fin. Il vint se placer face à la vitre et regarda Aelita en collant ses mains au même endroit qu’elle.
- C’est fini Aelita ! lui dit-il heureux.
Elle lui sourit, heureuse que tout soit fini quand elle sentit tout trembler. La fumée continua à envahir l’endroit où elle se trouvait. Puis, un bruit sourd se fit entendre et secoua la tour et les scanners. Aelita le regarda, apeurée. Jérémie ne comprenait pas ce qui se passait. Il regarda autour de lui puis de nouveau sur le scanner mais Aelita avait disparue dans l’épaisse masse blanche.
-Aelita ! Non !
Il frappa de toutes ses forces pour faire exploser la vitre mais rien n’y faisait. Tout à coup, tout s’éteignit.

Le spectre se tordit de douleur et explosa en fumée. Yumi retomba lourdement sur le sol, inerte.

Quand la lumière revint, Odd était allongé sur le corps d’Ava. Il l’avait protégée jusqu’au dernier moment. Le dernier robot était à terre, à deux mètres d’eux, le katana planté en plein centre. Jérémie tenta d’ouvrir la porte du scanner. Mais cette dernière était bloquée. Il partit chercher ce qui pourrait lui servir de levier. Il trouva une barre métallique à terre et l’utilisa pour forcer les portes. Toute la fumée sortit du scanner et Jérémie attrapa Aelita dans ses bras. Elle respirait encore mais elle était inconsciente. Il la serra dans ses bras, heureux de la savoir en vie.

Tout était fini. Mais à quel prix ?