Histoire : Retour

Écrite par e_milly le 29 avril 2013 (12977 mots)

New York, 6h30.
L’aube pointait à l’horizon et le soleil dardait ses premiers rayons sur la terre américaine. La ville entrait déjà en pleine effervescence: les foyers s’animaient, des hommes vêtus de costumes partaient au travail, la circulation devenait de plus en plus dense.
Non loin de là, dans l’un des nombreux buildings de la ville, se trouvait le siège d’un réseau social mondial. À cette heure matinale, seule une dizaine de personnes occupait les postes d’ordinateur, chargée de surveiller les écrans. Cependant, leur vigilance était très basse, l’heure était à la détente.

À cet instant précis, il sentit que le moment était venu. Depuis trois mois, il errait, cherchant par tout les moyens de retrouver sa puissance après l’échec qu’il avait subi. Une infime partie de lui avait survécu, en sécurité, cachée avec le plus grand soin. Maintenant, il était temps. Il avait la solution. Il attaqua la première partie de son plan.

Les hommes et les femmes chargés de surveillance riaient entre eux, un gobelet de café à la main. Personne ne fit attention aux nombreux écrans qui affichèrent simultanément une fenêtre étrange. En quelques secondes, sur les ordinateurs du monde entier connectés sur ce réseau, on pouvait distinguer sur cette même fenêtre une sorte d’œil: deux cercles concentriques avec trois bandes en bas, une en haut...

La seconde phase du plan allait pouvoir commencer.




------------------------------




Chapitre premier: Nouvelle vie

À des milliers de kilomètres de New York, un collégien se réveilla en sursaut, en criant:
« - NOOOOOOOOOON! »
Son camarade de chambre, qui ronflait paisiblement, se redressa si brusquement qu’il en tomba de son lit.
« - T’es malade! J’ai failli avoir une crise cardiaque! Qu’est ce qui t’arrive? »
Il se releva péniblement et frotta ses membres endoloris, tout en fixant son compagnon d’un air ahuri. Celui-ci, encore en sueur, lui répondit:
« - Désolé, Odd. Un cauchemar, c’est tout.
- Ouais, ben il devait être sacrément costaud pour que tu hurles comme ça! Répliqua Odd qui consulta son réveil. Bon, c’est trop tard pour se recoucher... Alors, racontes! »
Il s’assit sur le lit de son ami, son chien Kiwi sur les genoux.
« - Ben... On était sur Lyoko, on combattait des monstres de XANA qui arrivaient toujours plus nombreux... On arrivait pas à les vaincre... Puis on a été poussé au bord du territoire du désert et on tombait vers la mer numérique... Et c’est là que je me suis réveillé... Raconta t-il, l’air renfrogné.
- Même dans ton sommeil, tu ne peux pas te passer de moi, Odd le Magnifique, le roi des Lyoko-guerriers! Déclara le blondinet à la mèche violette, toujours aussi modeste. C’était quand même la belle époque, les combats sur Lyoko. Ça me manque. Pas toi, Ulrich? »
Odd avait un air nostalgique, ce qui était très rare: lui dont rien ne pouvait gâcher sa bonne humeur... Ni son appétit.
« - Bien sûr que si. J’aimais bien être un héros, même si personne ne connaissait notre secret, répondit Ulrich avec mélancolie. »
Ils restèrent silencieux quelques minutes, se remémorant leur double vie de héros. Puis Odd retrouva sa gaieté habituelle et demanda à Ulrich avec un sourire en coin:
« - Dis-moi, Ulrich, est ce qu’il y avait Yumi dans ton rêve?
- Évidemment, et même que je... Il se tût et rougit violemment, se rendant compte qu’il était tombé dans le piège de son ami, et dit précipitamment : mais il y avait aussi Aelita et toi, et Jérémy aux commandes, comme d’habitude.
- AHA! Triompha le blagueur en pointant le pauvre Ulrich du doigt. Je le savais, t’es encore complètement dingue d’elle! Hé hé...
- Non mais, qu’est ce que... Yumi et moi on est juste...
- … Copains et puis c’est tout, je sais! Imita Odd. Mais franchement, tu crois pas qu’il serait temps que tu te bouges les fesses? Sinon quelqu’un risque d’arriver avant toi!
- Oui, je sais, mais... Je... Bégaya Ulrich, pris au dépourvu, puis il se ressaisit. Et toi, tu en es où avec Marie, Dom Juan? Répliqua t-il en insistant sur le nom. »
Le jeune Dom Juan ne s’attendait pas à un tel retournement de situation, mais il trouva rapidement une diversion:
« - Ben, euh... VITE, À LA DOUCHE! Hurla t-il en prenant sa serviette. Sinon après, il n’y aura plus de croissants pour le p’tit déj! »
Sur ce, il ouvrit la porte de la chambre à la volée et courut jusqu’aux douches sous les rires d’Ulrich, qui fit de même.

Un quart d’heure plus tard, ils retrouvèrent Jérémy et Aelita à la cantine, qui étaient déjà assis à une table, côte à côte. Odd arriva en trombe, le plateau bien rempli, et s’exclama:
« - Salut les amoureux! »
À ces mots, les deux concernés rougirent. En effet, ils étaient ensemble depuis peu.
« - Salut Odd, salut Ulrich, répondirent-ils en écho. »
Aelita jeta un regard amusé à Odd qui, pour ne pas changer, engloutissait son petit déjeuner avec autant de bruit que l’on pouvait le faire. Puis elle leur demanda:
« - Bien dormi, les garçons?
- Super bien, jusqu’à ce qu’Ulrich nous tire la sirène d’alarme!
- Comment ça? Questionna Jérémy.
- Monsieur fait des cauchemars! Mais, si j’ai bien compris, il n’y avait pas que de mauvaises choses dedans, hein mon vieux?!
- Fermes-la, Odd, répliqua l’intéressé. »
Jérémy et Aelita, voyant l’air maussade de leur ami, n’insistèrent pas. Mais Odd forma le mot Yumi silencieusement sur ses lèvres, et ils comprirent.
« - Salut tout le monde! Lança une voix. »
C’était Yumi, la seule du groupe à être externe. Elle prit place à côté d’Ulrich.
« - Chalut Yumi! Dit Odd, la bouche pleine. Juchtement quand on parle du loup...
- Vous parliez de moi? Demanda t-elle, étonnée.
- Ben oui parce qu’Ul... »
Le ventre à pattes du groupe fut coupé par Ulrich qui lui chuchota:
« - Encore un mot et je vais voir ta chère Marie pour lui parler de tes pieds, tes ronflements et j’en passe!
- OK, OK, calmes-toi, mon pote! Répondit-il sur le même ton. »
Yumi leva un sourcil interrogateur.
« - On parlait de toi parce que... Parce qu’on parlait de ta classe! Y a des nanas trop canons! Repris Odd.
- Humf, fit Yumi, pas convaincue. »
Aelita décida de changer de sujet.
« - Alors les garçons, vous êtes prêts pour le Brevet? Parce qu’on le passe dans deux semaines!
- Ça peut aller. Depuis qu’on a éteint le super-calculateur, je bosse plus, et mes notes remontent! Donc je pense que ça devrait le faire!
- Et toi, Odd? Demanda Jérémy.
- Moi je suis relax! Je bosse peut être moins qu’Ulrich, mais j’ai réussi à avoir la moyenne au dernier trimestre!
- C’est vrai que c’est plus facile de suivre nos études depuis que l’on a vaincu XANA... »
À ces mots, Aelita eut les larmes aux yeux. Si le combat contre XANA avait pût prendre fin, c’était grâce au programme multi-agents de Jérémy, mais surtout grâce au sacrifice de son père, Franz Hopper, captif du réseau, qui s’était sacrifié pour donner l’énergie manquante au programme. La jeune fille était à présent orpheline, et chaque fois que ses amis l’évoquait, la tristesse la submergeait.
Voyant la détresse de son amie, Yumi s’excusa et Jérémy la prit dans ses bras en lui disant:
« - Ne t’inquiète pas, Aelita. Nous sommes là, avec toi. »
Ulrich jeta un regard en coin à Yumi, qui fit la même chose. Ils rougirent et détournèrent aussitôt les yeux.
À ce moment là, le réfectoire, le collège Kadic, la ville ainsi que le reste de la planète fut recouvert d’un halo blanc...



------------------------------




Chapitre deux: Le plan de XANA


Ils se retrouvèrent ainsi: Ulrich et Odd, adossés contre un mur près du distributeur, et Yumi, qui était sur le point d’en repartir. Tout trois lâchèrent simultanément le gobelet qu’ils tenaient à la main, s’observant les uns les autres, les alentours. Ils étaient plus petits. Ils portaient leurs anciens vêtements, et Odd n’avait pas ses cheveux coiffés en pointe. Jérémy et Aelita n’étaient pas avec eux.
Yumi, angoissée, pris la parole la première:
« - Mais... Pourquoi il y a eu un retour dans le passé? Le super-calculateur est sensé être éteint, non?
- Oui... Mais surtout, pourquoi est ce qu’on est remonté plus d’une journée en arrière? Demanda Ulrich, aussi affolé que la jeune japonaise.
- Mes cheveux! S’écria Odd, les mains sur son crâne. La dernière fois que je me suis coiffé comme ça, c’était...
- … Le lendemain du jour où j’ai rallumé le super-calculateur... Compléta Jérémy, qui venait d’arriver. Nous sommes retournés près de trois ans dans le passé. »
Les trois amis furent abasourdis par la nouvelle.
« - Comment c’est possible? Interrogea Yumi. Et puis, on l’a éteint, le super-calculateur!
- Je sais. Moi aussi, j’aimerais bien comprendre. Allons à l’usine! Aelita doit être sur Lyoko. J’espère qu’elle se souvient de tout...
- OK Einstein, mais d’abord il faudrait que l’on sache si on a cours...
- Non Ulrich, je crois qu’on a pas cours, et puis de toute façon, il faut que l’on découvre ce qu’il se passe!
- Je suis d’accord! Et en plus, on les a déjà fait, ces cours! Déclara Odd, toujours plein d’entrain.
- Bon, prenons le risque, mais après il ne faudra pas que l’on se fasse remarquer! Fit Yumi. »
Ils prirent le chemin qui menait à l’usine, si familier, mais qu’ils n’avaient pas emprunté depuis longtemps...

Lorsqu’ils arrivèrent, Jérémy s’installa à sa place habituelle et pianota fébrilement sur le clavier de l’ordinateur. Une fenêtre s’ouvrit, montrant la jeune fille aux cheveux roses.
Jérémy, anxieux, lui demanda:
« - Aelita? C’est moi, Jérémy. Tu me reconnais?
- Jérémy? Ulrich, Odd, Yumi? Qu’est ce qui c’est passé? Pourquoi je suis sur Lyoko? »
Jérémy poussa un soupir de soulagement.
« - Ouf! J’avais peur que tu ai subie le retour dans le passé comme les autres! Tu vas bien?
- Oui, mais par contre j’ai une mauvaise nouvelle: je crois que XANA est de retour. »
Un silence de mort plana sur la salle pendant quelques instants, puis Odd s’exclama:
« - T’y crois pas! C’est le XANA return!
- C’est pas le moment de blaguer, Odd, c’est très sérieux! Répliqua Jérémy.
- C’est impossible, on a détruit XANA, affirma la jeune japonaise. N’est-ce pas, Jérémy?
- Normalement, oui. Je ne comprends pas, répondit celui-ci. Je vais faire des recherches. Aelita, tu peux chercher des infos de ton côté?
- Pas de problèmes. En tout cas, je ressens de très fortes pulsations sur Lyoko, ce qui est déjà mauvais signe... »
Les deux génies se mirent immédiatement au travail, tandis que les trois autres amis devaient prendre leur mal en patience. Ulrich et Yumi s’assirent par terre, dos à un mur, l’un à côté de l’autre. La jeune fille posa sa tête sur l’épaule de son camarade qui rougit, mais la laissa faire. Odd, qui préférait rester debout, fit un clin d’œil malicieux à son meilleur ami.
Ils restèrent silencieux. On entendait que les touches du clavier de Jérémy, qui fronçait les sourcils devant son écran.

Au bout de quelques minutes qui leur parurent interminables, celui-ci prit enfin la parole:
« - Les amis, j’ai compris. »
Ils s’approchèrent de lui pour entendre son diagnostic.
« - Voilà, grâce aux données qu’on a trouvées, Aelita et moi, je viens de comprendre ce qui c’est passé.
- Vas-y, accouche! Lança Odd.
- Déjà, Aelita a raison: XANA est vivant.
- Quoi? S’écria Ulrich.
- Oui. Je pense qu’une infime partie de son programme devait être cachée en sécurité dans le réseau lorsque j’ai lancé mon système multi-agents. Après l’éteinte du super-calculateur, il n’avait presque plus de puissance, mais il était encore vivant. Après cela, je pense qu’il a dû errer dans le réseau pour récupérer de l’énergie, et mettre en œuvre son nouveau plan.
- Quel plan? Demanda Yumi.
- Son but était de retrouver un maximum de puissance: il s’est donc emparé d’un réseau informatique mondial, et grâce à cette puissance, il a pu faire un retour dans le passé de presque trois ans, continua Jérémy.
- Ben, à quoi ça lui sert?
- Réfléchit, Odd! Répliqua le génie. Les retours dans le passé habituels renforçaient XANA alors, grâce à celui-là...
- … Il est devenu beaucoup plus puissant qu’avant, termina Aelita.
- Tout juste. Et il a un double avantage! Non seulement il est très puissant mais en plus, il nous fait revenir au point de départ! Comme on est sensé n’avoir rallumé le super-calculateur qu’hier, tout mes programmes n’existent pas encore! Le Skid, la matérialisation d’ Aelita... XANA a pensé à tout. Il va modifier le futur que nous connaissons. »

Voyant les mines perplexes d’Ulrich et Odd à travers l’écran, Aelita leur ré-expliqua:
« - Comme XANA a remonté le temps et qu’il est beaucoup plus puissant, le futur dans lequel nous le détruisons et éteignons le super-calculateur n’existe plus: il va le modifier pour réussir ce qu’il a échoué, puisque nous sommes retournés au point de départ, sans aucune possibilité de repartir!
- Alors on est bloqué ici, sans aucun moyen de revenir dans notre présent... Je veux dire, dans le futur où nous étions? Interrogea Yumi, angoissée.
- Malheureusement, oui. XANA tient les rennes, et en plus il sera très difficile de lutter contre lui, à présent, si ce n’est pas impossible, confirma le génie.
- Chouette, du rab’! S’exclama Odd d’un ton faussement joyeux. Et sinon, les bonnes nouvelles?
- Justement, je ne vous ai pas dit le pire... Murmura Jérémy.
- Tu plaisantes, j’espère?! Pire que ça?
- Oui Ulrich, pire que ça. XANA sait que nous sommes insensibles aux retours dans le passé: nos esprits restent les mêmes que si nous étions restés dans le présent, comme maintenant.
- Oui, ça, on le sait.
- C’est pour que vous compreniez, Yumi. Donc (Jérémy rajusta ses lunettes), comme XANA sait ça, il a programmé une fonction pour aller vers le futur, de la même façon que pour aller dans le passé.
- Eh ben, on a qu’à l’utiliser pour revenir dans le futur!
- Tu ne comprends pas, Odd, dit Aelita de sa voix douce. En revenant en arrière, XANA a déjà modifié le futur. Si nous y retournons, ce ne sera pas le même que nous connaissons, mais sûrement un futur où XANA règne en maître sur le monde. C’est trop tard.
- Et justement, il compte aller directement dans ce nouveau futur pour nous rendre aveugle. Comme nos esprits resteront intacts, on ne se souviendra pas du temps qui va suivre cette journée! Compléta Jérémy. Vous comprenez? Il va nous faire passer de maintenant à bien des années plus tard, quand il sera au sommet de sa puissance, sans que l’on sache ce que l’on a fait entre! C’est catastrophique! »

Odd, Yumi et Ulrich comprenaient. Ils avaient une mine horrifiée, réalisant qu’ils étaient dans une impasse. Même Odd ne trouva pas de mots pour détendre l’atmosphère, car la situation était alarmante.
« - Quand XANA va t-il avancer le temps? Demanda Yumi, la voix basse.
- Le temps d’avoir la puissance nécessaire, je dirais quelques heures, tout au plus... Murmura Jérémy »




------------------------------




Chapitre trois: Préparation.


Personne ne parlait, et la tension était palpable. Aelita, qui voyait ses amis depuis l’écran d’une tour de Lyoko, décida de prendre les choses en main.
« - Bon, on ne va pas se lamenter sur notre sort! Ils nous reste quelques heures avant le grand saut! Qu’est ce que tu proposes de faire, Jérémy? »
Celui-ci était en grande réflexion. Tous les regards convergèrent dans sa direction avec une lueur d’espoir.
« - Bon... Déjà, on ne peut pas empêcher XANA de faire un bond dans le futur, ni limiter sa puissance. Je pense que, la seule chose à faire, c’est d’assurer notre avenir: tout faire pour que nous ne soyons pas trop perdus lorsque nous seront dans le futur. En gros, faire des choses maintenant qui nous serviront plus tard.
- Ouais, bonne idée Einstein, mais quel genre de choses? Demanda Ulrich.
- Ben...
- … Tenir un journal! S’exclama Aelita, qui venait d’en avoir l’idée. Si nous commençons un journal chacun aujourd’hui, en s’obligeant à y écrire tout ce qui se passe d’important dans nos vies, et en le cachant dans un endroit commun, nous pourrons le lire dans le futur, et donc nous saurons tout ce qu’il se sera passé les années précédentes!
- Bravo Aelita, super idée! La félicita Jérémy. Vous êtes d’accord?
- Ça marche! Répondit Yumi.
- Pas de problèmes.
- Ben... L’écriture, c’est pas mon truc, mais si c’est le seul moyen de me souvenir de mes magnifiques exploits, je suis partant! Déclara le blagueur de la bande.
- Bon, alors voilà le programme: vous commencez à rédiger votre journal en parlant de tout; le retour dans le temps, Lyoko, le collège, vos activités en dehors... Absolument tout. Si l’un de vous pouvait aussi trouver une boîte ou un coffret pour les ranger. Ensuite, quand je connaîtrai l’heure du saut dans le futur, je vous appellerai, et vous ramènerez tout ça ici. Sinon... Faites ce que vous voulez, profitez-en, la vie dans le futur ne sera pas de tout repos, je pense... Tout ce que je vous demande, c’est d’éviter de modifier les choses, donc ne vous faites pas remarquer! »
Il regarda Odd avec insistance qui prit un air faussement indigné.
« - Tu me vexes Einstein, y a pas plus discret que moi! Vous me connaissez!
- Justement! S’exclamèrent en cœur ses amis, ce qui provoqua le fou-rire général. »
Après avoir repris leur sérieux, Yumi se tourna vers Jérémy et lui demanda:
« - Et toi, tu vas rester ici?
- Oui, je vais commencer à rentrer quelques programmes dans le super-calculateur, comme la matérialisation d’ Aelita, et après j’irais acheter deux cahiers pour commencer mon journal et celui d’ Aelita, comme elle ne peut pas le faire sur Lyoko...
- OK, on y va alors, bossez bien les génies! Dit Ulrich.
- Salut les tourtereaux! Lança Odd.
- A plus tard!
- Ouais, mais n’oubliez pas, pas de bêtises! »
La porte du monte-charges se referma sur les trois amis.
Ulrich demanda:
« - Alors Odd, c’est quoi ton programme?
- Déjà, je vais me débarrasser de ma corvée de journal, ensuite je vais me recoiffer à la Lyokostyle, très important! Énuméra t-il en comptant sur ses doigts. Puis j’irais à la cantine et enfin j’installerai Kiwi dans la chambre! Après tout, je ne suis arrivé au collège qu’aujourd’hui!
- Je vois que tu ne perds pas de vue l’essentiel! Commenta son camarade avec un sourire. Et toi Yumi?
- Je pense que je vais profiter de ma famille, au cas où je ne les reverrai plus... »
Un silence suivi cette déclaration. Ils sortirent de l’usine, allèrent faire leurs achats (sans oublier le coffret) puis ils se séparèrent. Yumi rentra chez elle tandis que les deux garçons prirent la direction du collège.
« - Et toi Ulrich, tu vas faire quoi?
- On va d’abord s’occuper de ce journal et ensuite... Je ne sais pas.
- Bien sûr, même en situation critique, tu ne vas pas en profiter pour déclarer ton amour à ta belle japonaise?! Demanda Odd, taquin.
- Non, mais... je... Balbutia le jeune homme qui rougissait à vue d’œil. Et puis, de toute façon, Jérémy nous a dit de ne pas provoquer de changements.
- Je sais, mais rien ne t’empêche de te rapprocher d’elle, l’air de rien...
- J’y crois pas, Dom Juan qui me donne des conseils... S’exclama Ulrich en souriant.
- C’est ton jour de chance! Odd le Magnifique te fais profiter de son expérience! Clama t-il, la main sur sa poitrine. Et puis, si je ne le faisais pas, même si on allait dix ans dans le futur, tu ne serais toujours pas avec elle!
- Gniagniagnia... Marmonna le concerné.
- Aller, dépêche-toi, le grand Odd doit rédiger ses exploits!
- Genre... Le record du monde de la puanteur des pieds?
- Très drôle, mais au moins, moi, j’ai meilleur caractère que toi, et ça c’est le pied! »
Tous vaquèrent à leurs occupations: les deux garçons au collège, Yumi chez elle et les deux génies à l’usine.

La soirée était bien avancée quand le compte à rebours apparu sur l’écran. Jérémy appela le jeune homme brun.
« - Ulrich? Ça y est. Rappliquez à l’usine, prévient les autres.
- OK, on arrive. »
Il prévint son ami et commença à composer le numéro de Yumi lorsque le blondinet l’arrêta.
« - T’as qu’à aller la chercher chez elle, en ami bien sûr!
- Euh... Ouais, t’as raison...
- Aller, dépêche-toi Roméo! Lança Odd en partant vers l’usine. »
Son ami suivi le conseil et alla sonner chez les Ishiyama. Yumi paru légèrement surprise mais ne s’en plaignit pas. Ils marchèrent silencieusement dans la rue, se jetant des regards de temps en temps.
Lorsqu’ils arrivèrent à l’usine, le groupe fut au complet. Jérémy leur dit:
« - Le compte à rebours est lancé, il nous reste dix minutes avant de sauter dans le futur. Tout le monde à son journal? Bien, on va les ranger dans le coffret, que l’on va cacher. »
Chacun déposa solennellement son journal dans le coffret (sauf Aelita, toujours sur Lyoko). Puis Jérémy ajouta une feuille avec des instructions pour lui-même, au cas ou, ainsi que le journal d’ Aelita.
Il fut décidé à l’unanimité de laisser le coffret dans l’usine, près de l’ordinateur.
Plus que cinq minutes.
Ils s’assirent près de l’ordinateur, attendant le moment fatidique. Il y eut un silence, puis Jérémy déclara:
« - Les amis... Si jamais je ne suis pas là dans le futur, je voulais que vous sachiez que notre amitié est très importante pour moi, et que... (il rougit) Je t’aime, Aelita.
- Moi aussi, Jérémy, répondit la jeune fille dans un murmure. »
Plus que deux minutes...
Ulrich prit la main de Yumi dans la sienne. La jeune fille se laissa faire, et referma ses doigts sur la main d’Ulrich. Celui-ci dit, tête basse:
« - Vous êtes ma vraie famille pour moi, et vous le serez toujours.
- Notre amitié est très forte, déclara la jeune japonaise au groupe. Elle survivra, quoi qu’il arrive. J’en suis sûre.
- On est des frères d’armes, à la vie à la mort! Renchérit Odd, le poing en l’air. »
Plus qu’une minute...
« - Sans vous, je ne serais jamais redevenue humaine. Merci à vous quatre, vous resterez dans mon cœur pour toujours, murmura Aelita. »
Plus que dix secondes...
Neuf, huit, sept, six...
Yumi resserra la main d’Ulrich.
Cinq, quatre, trois, deux, un...
Tous retenaient leur souffle.
Ils furent aveuglés par une lumière blanche...





------------------------------




Chapitre quatre: Découverte du futur.


Il faisait noir.
Yumi était allongée, la tête posée sur le torse de quelqu’un, qui avait un bras autour de sa taille. Lorsqu’elle s’en rendit compte, elle se redressa brusquement, en même temps que la personne en question.
Tous les sens aux aguets, elle demanda:
« - Qui êtes vous?
- Yumi, c’est toi? Répondit une voix d’homme.
- Ulrich? »
Rassurée, elle le prit dans ses bras, puis ils se mirent debout, les joues rouge pivoine. Ulrich aperçu alors une fente de lumière, sous une porte. Il chercha la main de Yumi, la saisit et la guida. Ils poussèrent la porte. C’était le couloir d’une maison délabrée, sûrement inhabitée depuis plusieurs années. Un mur s’était écroulé, laissant filtrer l’éclat de la lune. Les deux amis s’observèrent: ils étaient devenus adultes. Yumi était restée très belle: ses cheveux noirs descendaient jusqu’à ses épaules, les traits de son visage s’étaient affinés, et sa silhouette élancée. Ulrich aussi était devenu un beau jeune homme. Il avait grandi, dépassant Yumi. Ses cheveux étaient en bataille, ses joues mal rasées, son corps plus musclé. Cependant, tout deux avaient leurs vêtements déchirés, couverts de poussière, et de grandes cernes sous les yeux. Yumi prit la parole:
« - Eh bien, je pense que l’on a avancé d’au moins six ou sept ans!
- J’espère que les autres vont bien... S’inquiéta Ulrich.
- Le seul moyen de le savoir, c’est d’aller à l’usine. »
Ils descendirent avec précaution les escaliers de la maison et se dirigèrent vers la sortie lorsqu’Ulrich percuta quelqu’un dans la semi-obscurité. Yumi, qui observait la silhouette de l’homme, vit qu’il avait une coiffure en pointe...
« - Odd? S’exclama t-elle.
- Yumi? Ulrich? Répondit l’intéressé avec une voix plus grave qu’à l’ordinaire. Qu’est ce qu’on fiche ici? Et d’ailleurs, où on est?
- Justement, on va à l’usine pour le savoir. Viens! »
Après quelques difficultés, ils réussirent à sortir de la maison. Ce qu’ils découvrirent à l’extérieur les horrifia: Sous le ciel constellé d’étoiles, tout n’était qu’un champ de ruines. Aucun bâtiment n’était resté intact. De la fumée s’élevait d’un peu partout et le sol était jonché de poussière et de gravas.
La jeune femme, prise d’un gros doute, se retourna vers la maison de laquelle ils étaient sortis, et poussa un cri déchirant: c’était sa maison, son ancienne maison, à demi-effondrée. Des larmes coulèrent sur ses joues et elle hurla à en fendre l’âme:
« - NOOON! MA MAISON! MES PARENTS! HIROKI... NON! »
Ulrich serra Yumi dans ses bras, lui caressa les cheveux et lui murmura:
« - Calme-toi, Yumi, je suis sûr qu’ils vont bien, ils ont dû aller se réfugier ailleurs, en sécurité... Calme-toi, tout va bien, ils sont en sécurité... »
Odd gardait la tête basse, triste pour son amie. Lui aussi avait grandi. Il était devenu un homme, seule sa coiffure rappelait son adolescence. Il avait, comme ses amis, les vêtements en lambeaux, de grandes cernes sous les yeux et le teint pâle.
Les sanglots de Yumi s’atténuèrent peu à peu. Elle remercia Ulrich qui passa un bras sur ses épaules. Les trois compagnons avancèrent lentement, marchant sur les décombres de leur ancienne vie avec précaution, en direction de l’usine.

Arrivés à destination, ils découvrirent que l’usine avait subie le même sort que le reste de la ville: son plafond était à moitié détruit. Ils descendirent vers la salle du super-ordinateur qui, miraculeusement, était toujours intact. Un homme était assis, adossé contre un mur. Il était blond, le teint blafard, les contours des yeux violacés derrière ses lunettes, les vêtements déchirés.
« - Jérémy! S’écrièrent en même temps Odd, Yumi et Ulrich.
- Je vous attendais, répondit-il avec un pâle sourire. »
D’un geste du doigt, il désigna le coffret en bois, resté à sa place. Silencieusement, chacun prit son journal et commença sa lecture. A ce moment-là, Yumi vit une chose étrange: elle portait une bague à son annuaire gauche... Elle se plongea fébrilement dans la lecture de son journal. Jérémy, lui, s’inquiétait de l’absence d’Aelita, craignant le pire...
Personne ne prononça un mot, passant d’un sourire en coin à une mine horrifiée en découvrant leur vie passée, tournant une page de temps à autre. Ulrich avait le sourire aux lèvres, il avait lu quelque chose qui le réjouissait, mais il était également inquiet en lisant les passages sur XANA... Soudain, il écarquilla les yeux et regarda Yumi, qui avait eu la même réaction devant un passage de son journal. Le rouge leur monta rapidement aux joues. Odd leva les yeux de son journal et aperçu le malaise de ses deux amis. Il retrouva pour la première fois son esprit joyeux et lança d’un air de triomphe:
« - Je le savais! Vous vous êtes ENFIN mis ensemble!
- Oui... Depuis six ans... Précisa Yumi.
- Mais il y a autre chose... Commença Ulrich. Depuis quelques mois, on est...
- … Fiancés... Compléta la jeune femme en montrant sa bague. »
Ils étaient toujours aussi rouges.
« - C’est génial! Lança Jérémy.
- Je suis sûr que c’est grâce à moi, alors je te préviens Ulrich, je veux être ton témoin! S’exclama Odd, ce qui fit sourire les deux amoureux.
Soudain, Jérémy, qui avait remit le nez dans son journal, poussa un cri de détresse. Ses trois amis, inquiets, s’approchèrent de lui.
« - Qu’est ce qu’il y a, Jérémy?
- A... A... Aelita... Bégaya t-il, les larmes aux yeux. Elle... Elle est possédée par XANA... Avec des centaines d’autres personnes... »
Ils étaient tous sous le choc: Aelita prisonnière des griffes de XANA...

Après quelques minutes de silence, Jérémy se reprit en main et décida de faire un bilan:
« - Bon... Si on résume la situation: après avoir allumé le super-calculateur, on a passé trois ans à essayer de combattre XANA dans le réseau avec le Skid. Mais il était trop fort. Alors nous avons décidé de révéler le secret qui était devenu trop lourd à porter. Les autorités s’en sont mêlées, nous éloignant du super-calculateur. Mais XANA, avec toute la puissance qu’il avait accumulée, à commencé à attaquer la Terre à grande échelle, provoquant ainsi une guerre mondiale qui dure depuis quatre ans environ. Les gens ont fuit les grandes villes, ceux qui voulaient combattre sont restés... Comme vous quatre. Moi j’aidais les scientifiques à créer de nouveaux programmes, comme la translation directe.
- La quoi? Demanda Odd.
- Vous portez tous un bracelet noir au poignet. Le bouton blanc qui est dessus vous permet de vous mettre en tenue de Lyoko-guerrier sans passer par la virtualisation, pour combattre sur Terre, comme si vous étiez translatés.
- Et c’est toi qui l’a crée? Bravo, Einstein!
- Merci, Ulrich. Mais c’est très peu comparé à la puissance de XANA. Il est invincible, maintenant. Et il nous a mis hors-jeu pendant sept ans.
- Qu’est ce qu’on peut faire? Questionna Yumi.
- Je vais chercher une solution. En attendant, il faut repousser ses forces, coûte que coûte. »




------------------------------




Chapitre cinq: La guerre des mondes.


Cette nuit-là, Yumi, Odd et Ulrich décidèrent de rester à l’usine pour tenir compagnie à Jérémy. Celui-ci était plus déterminé que jamais à combattre XANA. Il avait prit place devant l’ordinateur et passait en revue tout les programmes qu’il avait conçu ces sept dernières années. Odd, lui, avait prit une des couvertures entreposées dans le fond de la pièce (sûrement parce que les amis venaient souvent se réfugier ici) et s’était endormi sur le sol, exténué. Ulrich et Yumi, eux, avaient également prit des couvertures et s’étaient posés à l’autre bout de la pièce. Toujours gênés de leur nouvelle situation, il ne se parlaient pas. Puis la jeune femme, n’y tenant plus, demanda à son compagnon:
« - Ulrich, tu en penses quoi, de... tout ça?
- Euh... tu veux dire de... euh... nous?
- Oui, de nous.
- Eh bien, tu sais, je... Il tordit ses mains, mal à l’aise. Je... Je t’aime, Yumi, et... si... si tu le veux, j’en serai très heureux. »
Il baissa la tête, gêné, craignant sa réponse. Yumi lui souleva le menton pour qu’il la regarde dans les yeux.
« - Bien sûr que je le veux, déclara t-elle dans un souffle. »
Ils fermèrent les yeux. Leur visages se rapprochèrent lentement, leur souffle se mélangèrent, et leurs lèvres se rencontrèrent timidement. Ils s’embrassèrent avec beaucoup de douceur, tendrement, dévoilant ainsi leurs sentiments de la plus belle façon que l’on puisse le faire. Puis ils s’endormirent dans les bras l’un de l’autre, le visage rayonnant, balayé de tout soucis pour quelques instants. Tout simplement heureux.

Tout était calme. Les quatre amis dormaient profondément. Même Jérémy, la tête sur son clavier, s’était endormi quelques heures auparavant.
Le soleil commençait à se lever.
Tout à coup, un cliquetis métallique se fit entendre, puis deux, puis trois... Ils se rapprochaient de plus en plus...
Jérémy ouvrit un œil, alerté par le bruit. Il se retourna et, apercevant des kankrelats, il hurla:
« - ATTENTION!! »
Les trois dormeurs s’éveillèrent en sursaut et Ulrich et Yumi bondirent sur le côté, évitant de justesse le tir qui leur était destiné.
« - VOS BRACELETS! UTILISEZ VOS BRACELETS ET PROTÉGEZ L’USINE! S’époumona le génie.
Les trois Lyoko-guerriers réagirent rapidement et appuyèrent sur le bouton blanc de leur bracelet et, une fois translatés, ils foncèrent sur les monstres.
« - Chouette, du sport! Flèche-laser! Lança Odd devenu homme-chat.
La cible fut atteinte tandis que les éventails de Yumi éliminèrent un autre kankrelat.
« - Supersprint! »
Grâce à sa rapidité, Ulrich arriva instantanément devant les deux monstres restants et les détruisit à coups de sabres.
Jérémy poussa un soupir de soulagement.
« - Bon travail, les amis! Mais je ne pense pas que XANA va en rester là... Préparez-vous à une plus grande attaque! L’ordinateur ne doit en aucun cas être détruit. Et évitez de vous faire toucher, vous seriez réellement blessés.
- A vos ordres, amiral Einstein! Lança Odd en faisant le salut militaire.
- Repos, caporal blagues à deux balles! Répliqua celui-ci. Non mais franchement Odd, t’es sensé être un adulte...
- Eh ben on a qu’à dire que je suis un adulte qui a gardé une âme d’enfant!
- Bon, filez, la XANA Air Force ne va pas tarder. »
Les translatés grimpèrent l’échelle et sortirent de l’usine. A l’extérieur, le chaos le plus total régnait: partout des groupes de krabes poursuivaient des gens qui tentaient de fuir dans toutes les directions.
Une quinzaine de ces monstres avançaient sur le pont.
« - Wouahou! Y a foule aujourd’hui! S’exclama Odd, la main en visière, l’air faussement réjouit.
- C’est le moment de montrer tes exploits à tes fans, Odd le Magnifique! Renchérit Ulrich, moqueur.
- C’est pas que, les garçons, mais on a du pain sur la planche! Dit Yumi.
- Tu veux dire, du krabe sur la planche! Corrigea le taquin. Vous me permettez, la célébrité m’appelle! Flèche-laser! »
Ce fut le coup de départ. Les monstres commencèrent à tirer en rafales. Les Lyoko-guerriers se servaient des éboulis pour se protéger de leurs ennemis. L’homme-chat tirait à tout va des flèches-laser, Yumi lançait ses éventails et les redirigeaient par télékinésie tandis que le samouraï utilisait son supersprint pour éviter les projectiles tout en visant leurs carapaces avec ses sabres.

Au bout de vingt minutes d’acharnement, il restait encore trois krabes à éliminer et ils avaient gagné du terrain: les trois amis combattaient de front et passaient plus de temps à éviter les tirs qu’à attaquer. Yumi sautait, tournait dans tout les sens pour ne pas être touchée, et la fatigue se faisait ressentir. Odd, de son côté, utilisait son agilité de chat pour grimper aux rochers et tirer en hauteur. Il réussit à en éliminer un, mais un deuxième tira dans sa direction et il ne pût l’éviter: il fut touché à l’épaule et redescendit en roulé-boulé sur le sol. Son ami arriva et lui demanda:
« - Ça va Odd? Dit quelque chose!
- Quelque chose... Murmura le farceur.
- Voilà ce que ça fait d’être trop célèbre! Tu m’excuses, mais j’ai encore deux de tes groupies à éliminer! Triplicata! »
Deux clones apparurent à ses côtés. Ils foncèrent vers le krabe le plus proche, qui détruisit deux des Ulrich. Cependant, le vrai sauta sur sa carapace et enfonça un sabre dans l’œil de XANA.
« - Impact! »
Au même moment, la jeune japonaise, dans un dernier effort, lança ses éventails sur le deuxième krabe qui explosa. Puis elle s’effondra à terre, à bout de forces.
Ulrich se précipita vers sa compagne et, à bout de souffle, tomba à genoux à côté d’elle. Il passa sa main sur la joue de Yumi et, inquiet, lui demanda:
« - Yumi, ça va aller?
- J’ai connu pire... Répondit-elle avec un sourire. »
Après quelques minutes de repos, ils appuyèrent sur le bouton rouge de leur bracelet pour annuler la translation et repartirent dans l’usine, Odd tenant son épaule blessée, et les deux amoureux main dans la main...

Les jours suivants se déroulèrent ainsi: lors des attaques de XANA, les trois Lyoko-guerriers combattaient du mieux qu’ils pouvaient sans se faire toucher. Le reste du temps, ils partaient à la recherche d’eau et de nourriture et rapportaient leurs trouvailles à l’usine, où ils avaient élu domicile. Le lendemain de leur première bataille, Ulrich et Yumi étaient partis explorer les alentours. Il savaient qu’il y avait des groupes de résistants contre XANA, mais ceux-ci restaient cachés la plupart du temps: la peur restait omniprésente et l’attitude de survie prenait le dessus.
Jérémy, lui, travaillait sans relâche sur l’ordinateur de l’usine, mettant au point des programmes pour aider à la lutte contre XANA. Trois jours après leur bond dans le futur, il avait réussi à faire apparaître les véhicules de Lyoko sur Terre, ce qui facilitait les combats. L’histoire d’ Aelita l’avait complètement bouleversé, lui insufflant une détermination sans failles à vaincre leur ennemi. Ses amis devaient le forcer à prendre du repos de temps en temps, mais le sort d’ Aelita et de la planète accaparait ses pensées, et il ne dormait que très peu.
Pour lutter contre le désespoir, Odd essayait de garder son esprit joyeux et d’en faire profiter ses amis, tandis qu’Ulrich et Yumi se rapprochaient, profitant de chaque moment passé ensemble.
Cependant, huit jours après leur découverte du futur, quelque chose vint bouleverser ce fragile équilibre...




------------------------------



Chapitre six: Aelita.


L’après-midi tirait vers sa fin. Dehors, le ciel était sombre et une pluie fine tombait continuellement depuis les premières lueurs de l’aube. Il n’y avait pas eu d’attaques depuis la nuit précédente, où une armée de bloks avait donné du fil à retordre aux Lyoko-guerriers. Ceux-ci profitaient donc du calme temporaire et du mauvais temps pour rester dans l’usine. Yumi dormait, profitant du peu de répit pour compenser légèrement son manque de sommeil des derniers jours. Odd et Ulrich, eux, faisaient une partie de go, jeu qu’ils avaient ramené de chez Yumi. Jérémy, comme toujours, tapait des programmes à une vitesse hallucinante.
« - J’ai gagné! Lança Ulrich en déplaçant un pion.
- Oh non, c’est pas possible! Se lamenta son ami. J’y comprendrai jamais rien, à ce jeu! Au moins, à la gameboy, c’est moi qui te mettais la pâtée! Hein mon vieux?! Ulrich? »
Celui-ci n’écoutait pas, le regard fixé sur la belle japonaise qui dormait.
« - Wouhou? La Terre à Lyoko! STERN!! Tonna Odd dans une parfaite imitation de Jim.
- Quoi? Répondit enfin le jeune homme, tiré de sa rêverie. Pourquoi tu m’appelles Stern? Jim te manques tant que ça?
- Ah, quand on dit que l’amour rend idiot...
- Hé!
- C’est pas ma faute si tu la regardes avec des yeux de merlan frit! Mais bon, j’avoue que vous êtes mignons, tout les deux. Il est pour quand le mariage? Demanda Odd avec un grand sourire en voyant Ulrich rougir.
- Ben... Ça ne fait qu’une semaine qu’on est ensembles... Enfin, consciemment. Et puis on est en guerre, de toute façon, donc ne t’emballes pas, mon pote! »
Pour éviter que son ami réplique, il se leva et alla voir Jérémy.
« - Tu sais Einstein, si tu ne dors pas un peu, tu vas te détruire la santé, et c’est pas comme ça que tu sauvera le monde.
- Je sais, mais je suis sur une bonne piste pour trouver le point faible de XANA et, en plus, je suis sur le point de terminer un programme qui, par le biais des scanners et en compilant l’ADN humaine avec...
- Euh, en version courte? Coupa Odd qui s’était approché.
- Il libérerai les personnes qui sont sous l’emprise de XANA. Je me suis aidé des recherches de mon moi du passé, qui étaient presque complètes.
- C’est génial! S’exclama Ulrich. Et il sera opérationnel quand?
- Encore quelques données à rentrer et ce sera bon. Après, promis, je me reposerai. »
Le génie continua ses calculs, alors que les garçons discutaient.

Soudain, une forma mouvante apparu par la trappe du plafond et descendit les échelons à une vitesse incroyable, puis elle atterrit devant les trois hommes. C’était une jeune femme de taille moyenne, les traits fins, les cheveux mi-longs, roses... Elle avait le sigle de XANA dans ses yeux.
« - A... Aelita! S’exclama Jérémy, totalement pétrifié.
- Vous allez tous mourir! Lança t-elle d’une voix inhumaine.
- JÉRÉMY, DÉPÊCHE-TOI DE FINIR TON PROGRAMME! Hurla Ulrich en se jetant sur Aelita avec Odd. »
Mais celle-ci ne se laissa pas faire. De ses mains jaillirent des éclairs qui firent tomber à la renverse les deux garçons avec un cri de douleur. Puis la jeune femme se tourna vers Yumi, qui venait à peine d’ouvrir les yeux. Aelita la prit par le col, l’envoya s’effondrer contre le mur et se prépara à lui lancer des éclairs.
« - NON, YUMI! »
Ulrich se releva et se jeta sur Aelita.
« - J’ai presque terminé! Lança Jérémy qui tapait fébrilement sur son clavier. Essayez de la retenir, mais évitez de la blesser...
- T’en as de bonnes, Einstein! Notre princesse est devenue légèrement capricieuse! Dit Odd qui courait au secours de son ami. »
Yumi se releva péniblement et alla les aider.
Même à trois contre un, la lutte était très difficile. Aelita, sous l’emprise de XANA, se débattait, donnait des coups, lançait des éclairs à ses amis mal en point. Soudain, le génie s’écria:
« - Ça y est, j’ai terminé! Amenez-la dans un scanner!
- Plus facile à dire qu’à faire! Répliqua Ulrich, qui commençait à être à bout de forces. »
Les Lyoko-guerriers forcèrent Aelita à entrer dans le monte-charges avec eux et appuyèrent sur le bouton pour descendre au niveau inférieur.
Après une descente qui leur paru interminable et de nouveaux hématomes, ils arrivèrent dans la salle des scanners et, dans un ultime effort, poussèrent la XANAtifiée dans l’un d’eux qui se referma sur son visage déformé par la rage.
« - C’est bon, Einstein! Dit Odd en s’écroulant par terre, reprenant son souffle.
- Lancement du programme! Annonça Jérémy en appuyant sur la touche enter de son clavier. »
Puis il commença à descendre l’échelle pour rejoindre ses amis.
Yumi se tourna vers Ulrich et, voyant une longue coupure sur son front, elle passa une main dans les cheveux du jeune homme et s’exclama:
« - Tu es blessé...
- Ce n’est rien. Mais toi, est-ce que ça va? Demanda t-il, inquiet, en la prenant par la taille. »
Pour toute réponse, elle l’embrassa avec douceur.
« - C’est t’y pas mignon, ça! Lança Odd avec un grand sourire, en se relevant. »
Les deux amoureux rougirent mais restèrent dans les bras l’un de l’autre.
« - Que va t-il se passer pour Aelita? S’inquiéta Yumi.
- Si mon programme marche, elle ne sera plus sous l’emprise de XANA, répondit Jérémy qui venait d’arriver. »
Tous attendaient, anxieux, devant le scanner. Enfin, celui-ci s’ouvrit, laissant échapper de la fumée, et Aelita s’effondra dans les bras de son petit-ami. Elle ouvrit doucement les yeux.
« - Jérémy? Murmura t-elle faiblement. Que s’est t-il passé? »
Celui-ci, rassuré, la serra dans ses bras.
« - C’est fini, Aelita. Tout va bien, maintenant. »

Ils remontèrent dans le laboratoire, s’assirent dans un coin et expliquèrent à la jeune femme ce qu’ils avaient apprit.
« - Alors... XANA nous a fait avancer de sept ans dans le futur et cela faisait huit mois que j’étais sous son emprise? Répéta t-elle, horrifiée. Donc il contrôle la majeure partie du monde, et le secret est dévoilé depuis...
- … Quatre ans. Nous avions quinze, seize ans. Aujourd’hui nous en avons dix-neuf, vingt pour Yumi, compléta le génie.
- C’est vraiment étrange de se retrouver dans un corps plus vieux... »
Les autres acquiescèrent tandis que Odd, toujours aussi gai, renchérit:
« - Tu l’as dit, bouffi! En tout cas, je te préfère comme ça que possédée. La princesse était devenue une vraie tigresse! »
Aelita regarda ses amis couverts de bleus et de coupures et, pleine de remords, leur dit, tête basse:
« - Je suis vraiment désolée de tout ce que je vous ai fait... »
Yumi fusilla Odd du regard et prit la main de son amie.
« - Tu n’as pas à t’excuser, Aelita. Tu n’y est pour rien. Et puis, nous t’avons récupérée, c’est le principal! Jérémy n’en dormait plus... Dit-elle en souriant.
- Alors, nous sommes toujours ensemble dans le futur? Demanda Aelita à Jérémy avant de l’embrasser.
- Ou... Oui, bégaya Jérémy, les joues rouges.
- Et tu ne connais pas la meilleure! Déclara Odd, taquin. Je te présente monsieur et la future madame Stern, les fiancés! »
Il pointa du doigt Yumi et Ulrich qui rougissaient à vue d’œil. Aelita avait retrouvé le sourire.
« - C’est super! Félicitations! »
Après ce moment de détente, les cinq amis allèrent se coucher.
Pour la première fois depuis huit jours, Jérémy trouva le sommeil le cœur léger, Aelita dans ses bras...




------------------------------




Chapitre sept: un combat difficile.


La nuit avait été calme, ce qui était rare. Le soleil n’était pas encore levé lorsque Yumi ouvrit les yeux. Dans la pénombre, elle aperçut la silhouette d’Aelita, assise seule dans un coin. Les trois garçons dormaient. Elle se dégagea délicatement des bras d’Ulrich, prenant garde à ne pas le réveiller, puis elle se dirigea vers son amie, s’asseyant à ses côtés. Inquiète, elle lui demanda:
« - Ça ne vas pas, Aelita?
- Si, répondit-elle faiblement. Ne t’inquiète pas, Yumi. C’est juste que la situation me dépasse... »
La jeune japonaise passa un bras autour de ses épaules.
« - Je sais que c’est difficile à admettre, mais c’est comme ça, on a pas le choix. Et puis, vois le bon côté des choses! Nous sommes tous là, vivants et en bonne santé. Il ne faut pas perdre espoir, je suis sûre que Jérémy et toi allez trouver une solution!
- Tu as raison Yumi, il ne faut pas désespérer, approuva Aelita en essuyant une larme. »
Soudain, un ronflement sonore se fit entendre. Les deux jeunes femmes, surprises, se tournèrent en sursaut vers la source du bruit. C’était Odd, allongé sur le ventre, les bras le long du corps, qui ronflait comme un bienheureux.
« - Odd, par contre, est désespérant... Commenta Yumi. »
Après un long fou-rire, la japonaise se leva et dit:
« - Viens, on va essayer de trouver à manger, sinon monsieur glouton va nous crier famine toute la journée! »

Après une heure de recherches, les filles revinrent à l’usine chargées de quelques victuailles trouvées dans les maisons en ruines. Les trois autres étaient encore endormis.
« - Mais quels gros dormeurs, ceux-là! S’exclama Aelita en souriant.
- Bah, laissons-les, c’est pas souvent que l’on peut passer une nuit tranquille. D’ailleurs, nous devrions nous recoucher, et profiter de ce répit. »

Ce ne fût qu’à la fin de la matinée qu’Ulrich, Jérémy, Yumi et Aelita se réveillèrent. Le génie se dirigea vers Odd.
« - Odd? Debout Odd! ODD! C’est pas possible, c’est un vrai loir! Comment tu faisais au collège pour le réveiller, Ulrich? Demanda t-il, désespéré.
- Démonstration! Fit-il en s’approchant du dormeur. Odd? Lui murmura t-il à l’oreille. Dépêche-toi où il n’y aura plus rien à manger!
- QUOI? Ah non, j’ai faim, moi! S’écria celui-ci en bondissant sur ses pieds. »
Puis, voyant ses amis rire, il croisa les bras et, bougon, leur dit:
« - Aha, très drôle! C’est pas sympa parce qu’en plus, j’ai VRAIMENT faim!
- Désolé mon vieux, mais il ne nous reste plus rien, déclara Ulrich après s’être calmé.
- Objection votre Honneur! Lança Aelita en désignant la nourriture rapportée le matin-même. »
Les garçons étaient surpris. Jérémy demanda:
« - Ben... Elle sort d’où, cette nourriture?
- Figurez-vous messieurs, que, pendant que vous dormiez, Aelita et moi sommes sorties au ravitaillement! Expliqua Yumi avec un air faussement supérieur.
- Eh bien, merci beaucoup mesdemoiselles! Que deviendrions-nous sans vous? S’exclama Ulrich avant de l’embrasser.
- Pas grand-chose, je le crains! Répondit celle-ci en riant. »
Ils s’assirent et attaquèrent gaiement les maigres provisions en empêchant Odd de s’empiffrer. À peine avaient-ils fini de manger que des tirs se firent entendre à l’étage du dessus.
« - Vite, allez-y. Ordonna Jérémy à ses compagnons. Reste avec moi, Aelita, tu n’as pas encore de bracelet pour te translater. »
Ulrich, Yumi et Odd, après s’être translaté, foncèrent à l’étage du dessus où les attendait une véritable armée: deux rangées de cinq bloks placées en diagonale et, à leur côté, deux rangées de cinq tarentules, ainsi qu’une escadrille de dix frôlions volant au dessus d’eux. Ils furent coupés dans leur élan, ébahis et inquiets par le spectacle qui s’offrait à leurs yeux. La mine grave, ils se concertèrent et décidèrent d’adopter une attaque défensive, protégés par les blocs de gravas qui jonchaient la salle.
Les tirs commencèrent à pleuvoir en grandes quantités. Le félin bombardait ses ennemis de flèches-laser, tandis que Yumi lançait ses éventails et qu’Ulrich tentait de renvoyer les coups avec ses sabres.
Au bout de dix minutes, seuls deux blocks et une tarentules avaient été éliminés.
« - On ne va jamais y arriver comme ça, il faut trouver une autre approche!
- J’ai une idée! S’exclama Yumi en rangeant ses éventails. »
Elle pressa ses mains sur ses tempes, ferma ses yeux et se concentra. Aussitôt une aura blanche l’irradia et un énorme pan de mur échoué à quelques mètres d’elle fût soulevé. Il lévita en direction des monstres, s’immobilisa au dessus des tarentules les plus proches des bloks et retomba d’un coup sec, éliminant ainsi quatre des créatures. Le sol de la salle cathédrale trembla violemment sous l’impact, ce qui provoqua de nouveaux éboulements. Odd eut le bon réflexe de créer un bouclier au dessus de leurs têtes lorsqu’un bloc de pierre tomba sur eux.
« - Pas très prudent, mais bien joué! S’exclama Jérémy, qui suivait la scène depuis son écran. »
Ce dernier avait fait des oreillettes reliées à un micro (similaires à celle qui était branchée sur le super-ordinateur) à chacun de ses amis, afin de pouvoir rester en contact avec eux. Il pouvait également suivre le déroulement du combat grâce aux caméras de surveillance.
« - Magnifique, Yumi! Et merci, Odd! Maintenant, la fête va vraiment pouvoir commencer... Envoie-nous l’overboard et l’overbike, Einstein! »
Celui-ci obéit, et les deux véhicules apparurent près des Lyoko-guerriers. Devant l’incompréhension de ses amis, Ulrich dit en désignant l’overboard:
« - Odd, tu nous couvres. Yumi, monte à l’avant de l’overbike, on va s’occuper des blocks. »
Bien que surpris, ils obtempérèrent sans discuter. Le samouraï s’installa derrière la jeune femme, se campa sur ses jambes, dégaina ses épées et lui expliqua:
« - Tu vas passer entre les deux rangées de bloks et je vais les transpercer au passage. »
Yumi acquiesça, démarra en trombe et suivi les indications alors que le félin s’envolait et bloquait les tirs destinés à ses amis, abattant deux frôlions et une tarentule au passage.
Le plan d’Ulrich fonctionnait: celui-ci avait déjà abattu huit monstres carrés lorsque les deux derniers se placèrent face au véhicule. Le jeune homme cria à Yumi de sauter et, d’un bond parfait, ils s’élevèrent dans les airs et atterrirent sur leurs pieds, en arrière. L’overbike se dé-virtualisa en fauchant les deux blocks.
« - Bravo, la pure classe! Lança Odd qui se débattait avec les frôlions.
- Jérémy, on peut avoir l’overwing? Demanda Ulrich.
- Ça arrive.
- Va aider Odd pour les frôlions, je m’occupe des tarentules, dit le samouraï à sa compagne.
- Tu ne vas pas rester seul contre quatre monstres! S’exclama celle-ci, inquiète.
- Qui t’as dit que je serais seul? Répliqua t-il en souriant. Triplicata! »
Ses deux clones apparurent et, ensemble, ils foncèrent sur les tarentules, qui tirèrent sur eux. Un des clones fut touché, mais les deux autres Ulrich abattirent chacun une tarentule.
« - Fusion! »
Le vrai Ulrich se retrouva seul et bloqua les tirs avec ses sabres.
Pendant ce temps, Odd avait eu trois monstres volants lorsqu’une tarentule détruisit l’overboard. Lors de sa chute, il visa le monstre et, d’une flèche-laser, le fit disparaître. Il atterrit souplement sur le sol, vanta ses exploits et alla aider son frère d’armes. Yumi, elle, s’était envolée sur son véhicule et, aussitôt, elle fut entourée de quatre frôlions. Elle sortit un de ses éventails, le déplia et le lança d’un mouvement circulaire qui élimina d’un coup les monstres.

Au bout de trente minutes de combat, tout les monstres avaient été détruits. Les Lyoko-guerriers, exténués, les membres endoloris, le cœur battant à tout rompre, s’effondrèrent par terre, la respiration haletante.
Les deux génies, qui avaient travaillés sur des programmes durant le combat, montèrent les voir et les félicitèrent chaleureusement.
« - Vous devenez de plus en plus forts et maintenant, Aelita pourra vous aider! Déclara Jérémy en montrant à ses amis un bracelet similaire à celui qu’ils portaient. Contre vous quatre, XANA n’aura qu’à bien se tenir! ».




------------------------------




Chapitre huit: Solution.

Un mois s’était écoulé depuis ce jour: un mois de combats, de famine, de manque de sommeil, de peur. XANA pouvait attaquer à tout moments, de jour comme de nuit, poussant les Lyoko-guerriers à l’extrême limite de leurs capacités, physiquement comme mentalement. Seuls leur amitié soudée et l’espoir que Jérémy et Aelita trouvent le moyen de vaincre XANA, avançant pas à pas, les empêchaient d’abandonner la lutte et de sombrer dans le désespoir.
C’était le soir. Ils venaient d’essuyer une bataille particulièrement difficile à gagner, et leur moral était au plus bas. Les deux génies, fatigués mais déterminés, travaillaient sur le super-ordinateur, se concertant à voix basse. Odd, qui avait perdu sa joie de vivre, s’était couché sans un mot et dormait paisiblement. Yumi et Ulrich, exténués, s’étaient également allongés, l’un contre l’autre. Ils étaient, comme leurs camarades, maigres, le teint blafard, les yeux rouges et cernés, le regard éteint. Ulrich tenait la main de la jeune femme. Il effleura du bout des doigts la bague qu’elle portait toujours, la retira lentement et, la tenant au creux de sa paume, il murmura à Yumi:
« - Je sais que cette promesse de mariage ne compte pas vraiment, vu que nous ne l’avons pas vécue, mais je veux que tu saches que, si un jour cette guerre se termine, plus tard, je voudrai passer ma vie à tes côtés, et honorer cette promesse, si tu le veux... »
Yumi, les yeux brillants, lui caressa tendrement la joue et lui répondit:
« - Après tout ce que l’on a vécu ensemble; nos peines, nos joies, nos peurs, nos doutes... Je ne m’imagine plus vivre sans toi... Alors, oui, plus tard, je voudrai t’épouser. »
Symboliquement, Ulrich lui repassa la bague au doigt, et la jeune femme posa un baiser sur ses lèvres. Ils s’endormirent peu après et, pour une fois, leur visage rayonnait.

Le lendemain, ils furent réveillés en sursaut par Jérémy qui leur cria:
« - Debout les amoureux! Vite, dépêchez-vous!
- Oh non, pas encore une attaque... Grogna Ulrich.
- Non, pas de panique, mais Aelita et moi, on a une bonne nouvelle! Déclara t-il tandis que sa compagne tentait de réveiller Odd. Aller, debout! Ajouta t-il avant de la rejoindre. »
A contre-cœur, le jeune homme se redressa, caressa les cheveux de Yumi qui peinait à se réveiller puis ils se levèrent, suivis d’un Odd qui se frottait les yeux. Ils s’assirent près de Jérémy et Aelita qui, malgré leur fatigue, paraissaient surexcités. Le génie prit la parole:
« - Ça y est, on l’a!
- On a quoi? Demanda Odd en baillant.
- Le moyen de vaincre XANA, répondit la jeune femme aux cheveux roses. »
Un silence suivi cette déclaration, puis Yumi demanda:
« - C’est vrai? Vous l’avez VRAIMENT trouvé? Qu’est-ce que c’est?
- Et en version française, s’il vous plaît! Ajouta Ulrich.
- Et bien voilà, depuis quelques temps, nous avons trouvé le point faible de XANA, et depuis, nous travaillons sur un virus qui nous permettrai de le détruire. Seulement, dans le futur où nous sommes, il est trop puissant pour que le virus fonctionne sur lui.
- OK... Fit Yumi. On fait comment, alors?
- Le seul moyen pour que le virus fonctionne, c’est de jouer au propre jeu de XANA!
- Euh... Ça veut dire? Questionna Odd.
- Il faut que nous remontions le temps, comme il l’a fait! Expliqua Aelita. Nous devons retourner le jour même où Jérémy à rallumé le super-calculateur, avant que XANA ne revienne du futur avec sa nouvelle puissance! Car, quand XANA s’est réveillé, en même temps que Lyoko, il était très faible. Ce n’est qu’à partir du lendemain, lorsqu’il est revenu du futur, qu’il est devenu puissant! En lui injectant le virus juste après son réveil, il fonctionnera, et XANA sera détruit! »
Les trois amis étaient stupéfaits. Ils n’auraient jamais pensé devoir revenir plus de sept ans en arrière, même après leur bond dans le futur. Ils s’étaient enfin adapté à leur nouvelle vie d’adulte, revenir dans le temps, reconstruire une nouvelle vie d’adolescent... Cette idée les bouleversait.
« - Vous êtes sûr que ça marcherai? Demanda Ulrich, sceptique.
- A quatre-vingts dix-neuf pour cents, affirma Jérémy. De toute façon, c’est le seul moyen de vaincre XANA.
- Ça ne me plais pas trop, mais si on a pas le choix... Dit Yumi. Mais vous allez faire comment pour remonter le temps? Je croyais qu’il fallait beaucoup de puissance!
- C’est vrai. Mais on a réussi à pirater une partie du réseau que contrôle XANA et, quand ce sera fini, on activera toutes les tours de Lyoko pour avoir la puissance nécessaire. Donc, dans quelques heures, on fera le grand saut! Affirma Aelita.
- En attendant, espérons que XANA n’ai pas le temps de réagir... Déclara Jérémy. »
Après cette discussion, les cinq amis essayèrent de reprendre des forces, craignant une attaque de grande ampleur, et fignolèrent leur plan.

Trois heures plus tard, ils étaient fin prêts: les deux génies avaient retenu la programmation du virus pour la reproduire dans le passé, et les Lyoko-guerriers étaient en tenue de combat (ainsi que Aelita) au cas où, et mettaient au point des techniques de combat lorsque Jérémy s’écria:
« - Non, c’est pas possible, pas maintenant! Il ne reste qu’une heure! XANA a mobilisé ses troupes, et elles se dirigent vers l’usine...
- On va les retenir, le rassura Ulrich. On reste en contact.
- OK, en attendant, je vais essayer d’accélérer le processus. Bonne chance! Dit-il avant d’embrasser Aelita. »
Les quatre amis quittèrent le labo et se rendirent sur le pont. Ils restèrent bouche bée devant le spectacle qui s’offrait à leurs yeux. Des centaines et des centaines de monstres de toutes espèces avançaient vers eux, telle une armée. Yumi paniqua:
« - C’est foutu! On y arrivera jamais, on va tous y rester! Il nous faudrait un miracle! »
Ulrich l’embrassa avec passion, la serra contre son cœur et lui déclara:
« - Si, nous nous en sortirons, tous ensemble! Je te le promets... »
Odd regarda l’horizon, l’air abattu. Puis, soudain, son visage s’illumina et il lança en souriant:
« - Madame, vous avez commandé un miracle, voici qu’il arrive!! »
Les autres, surpris, tournèrent la tête, et virent quelque chose d’inattendu: une trentaine de personnes, vêtues de tenues de Lyoko-guerriers, se ruaient sur les monstres. La résistance passait à l’acte.
« - A L’ATTAQUE! Hurla Odd en s’élançant vers l’avant et en bombardant ses ennemis de flèches-laser. »
Les autres, en poussant des cris de guerre, le suivirent. Aelita déploya ses ailes et tira des champs de forces en hauteur, tandis que Yumi lança ses éventails et qu’Ulrich attaqua de front avec ses sabres.

La bataille faisait rage: des tirs fusaient de partout. Les résistants et les Lyoko-guerriers paraient, attaquaient, détruisaient, sautaient dans tout les sens. Le nombre de monstres diminuait mais d’autres arrivaient, toujours plus nombreux. Les quatre amis n’avaient aucune idée du temps qui s’était écoulé, chaque seconde leur paraissait durer des heures. Chacun restait concentré dans le combat, s’entraidant et dévoilant des trésors d’habileté pour parer les tirs et infliger des dégâts à l’ennemi.
Tout à coup, le temps sembla s’arrêter. Aelita, qui volait à quelques mètres de hauteur, ne put éviter le tir d’une manta qui l’atteignit en pleine poitrine et la fit s’écrouler sur le sol, inconsciente. Odd cria son nom et courût la rejoindre lorsqu’il fut encerclé par des kankrelats. Il en détruisit quelques uns mais ils étaient trop nombreux. Le félin subit le même sort que la jeune femme.
Voyant ses amis tomber, Yumi resta figée de stupeur, et la tristesse l’envahit. Cependant elle fut ramenée à la réalité par un rampant qui qui la toucha à la jambe. Sous la force de l’impact, la jeune femme tomba à genoux. Un méga-tank arriva devant elle, s’ouvrit et...
« - NOOOOON! S’époumona Ulrich qui, utilisant son supersprint, se plaça devant sa compagne, encaissant le laser de plein fouet. »
Le hurlement de Yumi déchira l’atmosphère, et le temps sembla s’arrêter à nouveau. Elle se pencha sur le samouraï tombé sur le dos. Le sang ruisselait sur sa combinaison...
« - Jérémy, vite... Hoqueta t-elle dans son micro. Odd, Aelita... Blessés... Ulrich... Va mourir...
- Non, Aelita... Dit celui-ci dans un souffle. J’active... Les tours... Encore... Quelques minutes...
- ULRICH NE TIENDRA PAS QUELQUES MINUTES! S’emporta la japonaise tandis que les larmes ruisselaient sur ses joues, puis elle prit la main d’Ulrich. Tiens bon, Ulrich... Je suis là... Jérémy va y arriver... Restes avec moi...
- Je... T’aime... Yumi... Dit faiblement celui-ci avec un pâle sourire.
- Moi aussi... Mais s’il te plaît, ne m’abandonne pas, Ulrich! Je ne peux pas vivre sans toi... Tiens bon, Ulrich! »
Le jeune homme ferma les yeux...
« - Jérémy, VITE! Ulrich, regardes-moi... Ne m’abandonne pas... On doit se marier, Ulrich, tu me l’as promis! Tu me l’as promis... Ulrich? ULRICH? ULRICH!! »
Elle s’effondra sur le corps du samouraï, touchée une nouvelle fois, le corps secoué de sanglots...
« - Retour vers le passé! Lança Jérémy, les joues rongées par les larmes... »




------------------------------




Chapitre neuf : Destruction finale


Jérémy se retrouva à l’usine, du haut de ses douze ans, devant le super-calculateur fraîchement rallumé. Il se précipita dans le monte-charges et, arrivé au labo, il se rua sur l’ordinateur et se connecta à Lyoko.
« - Aelita? Aelita tu es là? AELITA!
- Jérémy? On a réussi!
- Oui, on a réussi! Dit-il avec un grand sourire, soulagé de la voir en vie. Je programme le virus anti-XANA. J’espère que les autres vont bien...
- Attendons qu’ils arrivent à l’usine, lui conseilla Aelita. »

Non loin de là, Yumi s’était retrouvée dans la chambre de sa maison redevenue intacte. La nuit venait de tomber. Sa première pensée fut pour Ulrich; elle devait savoir s’il était en vie... Elle fila par la fenêtre et courut sans s’arrêter vers le collège, en passant par le parc. Lorsqu’elle eu le bâtiment en visuel, elle stoppa sa course, les poumons en feu, l’esprit rongé par le doute. Elle repartit vers le bâtiment lorsqu’elle vit une silhouette en sortir. Elle écarquilla les yeux, surprise. C’était un jeune garçon de treize ans, vêtu de vert , les cheveux bruns... Son cœur tambourina de plus belle.
« - ULRICH! S’écria t-elle en le reconnaissant. »
Celui-ci tourna la tête et reconnu Yumi. Il se précipita vers elle tandis qu’elle fit de même. Elle sauta dans ses bras et, le serrant contre elle, lui dit dans un souffle:
« - Tu es vivant... J’ai eu si peur... »
Des larmes de bonheur coulaient sur son visage. Ulrich regarda la jeune fille les yeux dans les yeux, essuya tendrement une de ses larmes, et lui déclara avec un grand sourire:
« - Je ne pouvais pas t’abandonner! »
Ils s’embrassèrent passionnément, heureux de s’être retrouvé, heureux d’être vivants, heureux d’être ensemble, tout simplement. Enfin, ils relâchèrent leur étreinte, le visage rayonnant. Puis Yumi demanda:
« - Et les autres?
- Je ne sais pas, Répondit Ulrich. Odd n’est censé arriver au collège que demain, et les deux génies devraient être à l’usine.
- Allons-y! »
La japonaise prit la main du jeune garçon et et ils se dirigèrent vers le passage du parc.

Arrivés devant le monte-charges, ils inspirèrent un grand coup, entrèrent dans l’ascenseur et appuyèrent sur le bouton pour descendre au niveau inférieur. Lorsque les portes s’ouvrirent, ils furent soulagés de voir Jérémy assis devant l’ordinateur, discutant avec une tête aux cheveux roses apparaissant sur l’écran.
Les retrouvailles furent chaleureuses, mais il manquait quelqu’un...
« - J’espère que Odd va bien... Murmura Aelita.
- Je te manques déjà, princesse? Lança une voix espiègle bien connue. »
Tous tournèrent la tête. Odd apparut, sortant du monte-charges, le sourire aux lèvres.
« - Désolé pour le retard, mais j’ai eu pas mal de route à faire, comme je ne suis censé débarquer que demain... Je savais que vous ne pourriez pas vous passer de moi! Ajouta t-il, taquin.
- Que de bonnes nouvelles! Dit Jérémy d’un ton réjouit. Nous sommes tous vivants, et j’ai le plaisir de vous annoncer que le virus à marché! XANA est détruit!
- Vrai de vrai? Demanda Yumi.
- Absolument! »
Tous éclatèrent de joie, heureux d’en avoir enfin fini avec XANA et de pouvoir reprendre une vie normale.
« - Le seul hic, c’est qu’on se retrouve dans nos corps de gamins et qu’on doit revivre les mêmes années que l’on a déjà faites! Retour à la case départ! Lança Ulrich en perdant le sourire.
- Justement, non! Répliqua le génie, à la surprise générale. Figurez-vous qu’avec ce que j’ai appris pendant la guerre contre XANA, je peux nous renvoyer dans le futur où l’on est censé être, c’est à dire dans trois ans! C’est même assez simple.
- C’est génial! Dit Aelita. Par contre, ce ne sera pas le même futur que celui duquel nous venons...
- Peut-être, mais je pense qu’il ressemblera aux quelques mois que nous avons vécus après l’éteinte du super-calculateur, à quelques détails près... Dit-il en regardant Ulrich et Yumi serrés l’un contre l’autre. Alors, vous êtes d’accord?
- Je vote pour! Commença Aelita.
- Pareil! Renchérirent les deux amoureux.
- Tant qu’on a pas à refaire le coup du journal, je suis à cent pour cent d’accord! Déclara Odd.
- Alors, à l’unanimité, nous retournons dans le futur! Laissez-moi juste quelques minutes... Dit Jérémy en entrant le programme sur le clavier.
- Vous savez ce que je crains le plus, dans le futur? Demanda Odd à Ulrich et Yumi.
- Vas-y, dit-nous... Lança Ulrich en soupirant.
- Que le menu de la cantine ait changé! Après le peu qu’on a mangé dans le futur, je ne pourrais pas survivre sans le couscous-boulettes, ni le steak-purée de Rosa! »
Tous furent prit d’un fou-rire suite à la remarque d’ Odd. Puis, après avoir reprit leur sérieux, Jérémy demanda solennellement:
« - Parés à un nouveau bond dans le temps?
- Parée! Répondit Aelita
- Paré!
- Parée!
- Vite Einstein, je ne supporte plus ma coiffure! Lança le blagueur en touchant ses cheveux aplatis, provoquant à nouveau l’hilarité générale.
- Bien, c’est parti! Retour dans le futur! »
La Terre fut englobée une nouvelle fois d’un halo blanc...




------------------------------




épilogue: Nouveau départ.


Il faisait beau.
Le ciel était bleu, sans aucun nuage. Il était midi. Les élèves de Kadic discutaient dans la cour, ou se dirigeaient vers le réfectoire.
Les cinq amis étaient, comme à leur habitude, réunis devant le distributeur. Yumi et Ulrich étaient dans les bras l’un de l’autre, Jérémy et Aelita, adossés au mur, se tenaient la main et Odd, quand à lui, se tenait debout entre les deux couples. Ils étaient revenus à l’âge de quinze, seize ans.
Après quelques minutes de silence, Aelita déclara:
« - Quelle histoire, tout de même!
- Tu l’as dit! Et le plus dingue, dans tout ça, c’est que nous l’avons vraiment vécue, mais finalement, maintenant, c’est comme si rien de tout cela n’était jamais arrivé!
- Encore une fois, nous avons sauvé le monde, à nos risques et périls, sans que personne ne le sache! Ajouta Yumi.
- Vous croyez que l’on pourra enfin passer une vie ordinaire et paisible? Demanda ironiquement Ulrich.
- Je l’espère bien, répondit le génie. On a vécu assez de batailles pour le restant de nos jours!
- La vie de justiciers de l’ombre va quand même me manquer! Lança Odd avec tristesse. »
Malgré leur bonheur d’en avoir fini une bonne fois pour toutes, ils étaient assez nostalgiques.
« - En tout cas, cette aventure nous aura prouvé une chose, déclara Aelita. Notre amitié restera toujours intacte, quoi qu’il advienne! »
Ils se regardèrent et se sourirent.
Soudain, Jim arriva et, voyant les amis réunis, il leur dit, les mains sur les hanches:
« - Belpois, Stones, Della Robbia, Stern et Ishiyama, la bande au complet! Vous avez l’air de traficoter quelque chose...
- Ah, si vous saviez, m’sieur! Lança Odd d’un air faussement désespéré. Désolé, mais, on préfère ne pas en parler, et en plus, j’ai faim! En tout cas, vous nous avez manqué, m’sieur Moralès! Ajouta le farceur en se dirigeant vers le réfectoire, plantant ainsi Jim bouche bée, tandis que ses amis le rejoignirent en riant, avançant bras dessus, bras dessous. »

Il faisait beau, le ciel était bleu, sans aucun nuage à l’horizon.
Il semblait promettre à nos cinq amis un avenir radieux.
Le temps continuerait son cours normal, pour toujours...


FIN