Histoire : Domination et victoire ?


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Écrite par Kaede le 03 mai 2007 (57906 mots)

Dernière édition le 08 juillet 2007

Chapitre I

Dans un collège-lycée connu de tous, nous retrouvons nos cinq adolescents assis sur un banc en pleine conversation qui fut interrompue par une sonnerie stridente annonçant la triste reprise des cours.

- Bon bah c'est parti on a cour de maths nous, déclara Yumi avec peu d'enthousiasme. En plus, on a une interro...
-Allez, tu as tout compris quand je t'ai expliqué, tu vas réussir j'en suis sûr, affirma Jérémie avec un immense sourire. Même en sautant une classe, Jérémie demeurait le brillant élève, le premier loin devant tout le monde.
- il y a plutôt intérêt parce que mes parents n'ont pas sauté de joie au dernier bulletin...
- Il était si mauvais que ça ? interrogea Aelita
- Non, mais mon père veut tellement que je réussisse qu'il faudrait que j'aie dix-huit dans chacune des matières. Et à l'approche du bac, il est de plus en plus sévère.
- Allons-y Yumi, moi je suis persuadé que tu y arriveras, encouragea Ulrich avec un clin d'œil.
Puis ils se séparèrent et se dirigèrent vers leurs classes respectives. Yumi s'installa à côté de Jérémie et la prof distribua les copies pour l'interro. Elle soupira, saisit son stylo et commença à résoudre les exercices. Jérémie finit bien entendu une demi-heure avant tout le monde. Les années n'avaient rien changé à son génie.

Ils étaient assis tous les cinq autour d'une table du réfectoire et ils mangeaient, discutant de tout et de rien comme à leur habitude. Odd se goinfrant toujours, les années n'ont rien changé non plus à son appétit vorace. Soudain une ombre recouvrit leur plateau et leur fit lever la tête.
-Alors le club des cinq, toujours inséparables? Vraiment Mon Ulrich je ne comprends pas pourquoi tu traîne avec cette bande de minable. Tu pourrais trouver bien mieux...
- Si par là tu sous-entends qu'en traînant avec toi je serais plus heureux, tu te goure complètement, je suis très bien là où je suis et je compte bien y rester.
- Et si tu veux du minable tu n'as qu'à te retourner, t'as les deux cas les plus désespéré du bahut derrière toi... lança Aelita.
Les deux garçons qui étaient restés derrière Sisi s'avancèrent en prenant un air menaçant mais la jeune fille les retint en plaçant ses bras devant eux.
- Mais c'est qu'ils mordraient les gentils toutous à Sisi. Heureusement, tu les as bien dressés. Tu auras au moins réussi une chose d'utile dans ta vie, t'es peut-être pas un cas si désespéré finalement, railla Odd avec un immense sourire.
- Rigolez tant que vous le pouvez mais viendra un jour où vous me le paierais, hurla la starlette avec rage.
- brou c'est qu'elle ferait peur, j'en ai des frissons dans le dos..., se moqua Ulrich.
La fille du proviseur n'en demanda pas plus, elle tourna les talons et sortit du réfectoire toujours suivit de Nicolas et Hervé.
-Eh bien, elle n'était pas en forme aujourd'hui, soupira Odd en reportant son attention sur son plateau inachevé. Dommage j'avais tout un stock de vannes à essayer. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois.
Ses amis le regardèrent réattaquer son assiette avec un sourire en coin puis la conversation repartit sur des sujets de tous les jours. Vinrent les cours de l'après-midi puis la dernière sonnerie de la journée. Nos cinq amis se retrouvèrent à la sortie du bâtiment et Odd annonça avec joie que lui et Ulrich avaient défié Nicolas et Hervé au foot. Ils se retrouvèrent donc sur le terrain de foot derrière les bâtiments de chimie.
- Allez Jérem', on a besoin d'un gardien, supplia Odd.
- Non et non. Je t'ai déjà dit et répété cent fois que je détestais ce sport alors je n'y jouerais pas.
- Allez, s'il te plaît.
- J'ai dit NON, Odd!
-Arrête d'insister, on va demander à un gars de la classe de jouer avec nous, interrompit Ulrich.
Jérémie soupira de soulagement et alla rejoindre les deux filles qui discutaient dans les gradins en attendant que la partie commence. Sisi était assise en peu en contre-bas d'elles, les bras croisés sur sa poitrine, l'air hautain.
- Elle s'y croit vraiment, remarqua Jérémie en prenant place aux côtés d'Aelita.
- Et le pire, c'est qu'elle sait pertinemment que son équipe ne peut pas gagner, souffla Yumi avec un sourire en coin.
A ce moment là le match commença et le ballon toucha les filets des buts pendant les premières minutes.
- Ils vont encore se ridiculiser, soupira Aelita tandis qu'un deuxième but était marqué.
- A croire qu'ils aiment le ridicule...
- Bah vous savez ce qu'on dit, le ridicule ne tue pas, rappela Jérémie.
- Heureusement sinon cela ferait bien longtemps que ces trois là ne seraient plus de ce monde... plaisanta Yumi faisant rire les deux autres.
Passé sept heures les garçons décidèrent d'arrêter le match, la différence de point étant trop grande pour être rattrapée.
- Consolez vous les gars, railla Odd, vous avez sauvé l'honneur avec cet unique point de marqué.
Nicolas et Hervé ne firent aucun commentaire et détournèrent la tête en prenant un air dédaigneux puis rejoignirent Sisi qui leur passa sans aucun doute le savon du siècle pour s'être ridiculisé devant leur bande une fois de plus.
- Bon les garçons je vais y aller moi, murmura Yumi au bout d'un certain temps.
-Tu veux que je t'accompagne ? demanda Ulrich.
- Je vais rentrer toute seule, merci quand même, répondit-elle en commençant à marcher en direction de la sortie. A demain.
- A demain Yumi, crièrent les autres en agitant les mains puis en se dirigeant vers les dortoirs.
Ulrich la regarda s'éloigner avant d'emboîter le pas à ses amis qui montèrent dans leur chambre. Après avoir prit une douche et s'être changé ils foncèrent au réfectoire, l'estomac d'Odd criant famine.
- Xana est calme en ce moment, fit Aelita au milieu du repas.
- Cela fait plus d'un mois que l'on n'a pas eu de ses nouvelles, compléta Ulrich.
- Tu ne vas pas te plaindre quand même, s'étonna Odd.
- Pas du tout, je trouve juste ça inquiétant, expliqua le jeune brun.
- Sa dernière attaque était très puissante et avec l'échec que vous lui avez infligé dans le cinquième territoire, il doit reprendre des forces, argumenta Jérémie en remontant ses lunettes sur son nez.
- En attendant ça nous fait des vacances alors ne vous plaignez pas, lança Odd.
- Et Sinon, tu as avancé dans tes recherches? Interrogea la jeune fille en délaissant son assiette à la grande joie d'Odd qui en profita pour lui chiper son dessert.
- Non, je stagne, soupira Jérémie en poussant son plateau vers le jeune blond qui l'accueillit avec un grand sourire.
- Tu finiras bien par trouver, je te fais confiance pour ça.
- On verra, en attendant si monsieur le goinfre a fini on va pouvoir remonter dans les dortoirs. En disant cela, Jérémie jeta à Odd un regard moqueur auquel le garçon répondit en tirant la langue puis il repoussa le plateau et se frotta le ventre.
- On peut y aller, approuva-t-il avec un sourire en coin.
Ils remontèrent dans les dortoirs, Aelita se sépara d'eux à l'étage inférieur puis Jérémie pénétra dans sa chambre et laissa Odd et Ulrich poursuivrent leur route seul. Il s'installa devant son ordinateur et commença à pianoter sur son clavier tandis que dans une chambre proche deux garçons se préparaient à aller se coucher. Lorsque le soleil se leva, il surprit Jérémie endormit sur son clavier. Il sursauta en entendant sa porte s'ouvrir et Odd rigola en voyant les marques des touches du clavier inscrites sur son visage.
- Alors là, tu te verrais. T'es superbe Einstein.
Il se tenait le ventre tellement il rigolait. Ulrich haussa les épaules et s'approcha de Jérémie à pas feutré. Il remit ses lunettes droites sur le nez du jeune savant et lui tapota l'épaule avec un sourire.
- Allez Einstein, c'est l'heure d'aller en cours. Je sais que la nuit a été courte mais il va falloir faire un effort.
Ils retrouvèrent Aelita en bas du bâtiment après avoir pris les douches et allèrent déjeuner puis ils s'installèrent sur le banc comme tous les matins pour attendre la jeune japonaise. Ils commencèrent à discuter et ne virent pas le temps passer. Lorsque la sonnerie retentit, ils tournèrent tous vers le portail d'entrée de Kadic mais aucune Yumi à l'horizon.
- alors ça ce n'est pas normal, s'inquiéta immédiatement Ulrich en se levant.
Jérémie ouvrit son ordinateur portable et le posa sur ses genoux, il tapota sur les touches du clavier puis referma l'ordinateur en secouant la tête de gauche à droite.
- Xana n'y est pour rien, ajouta-t-il.
Odd sortit son portable, pianota sur les touches et le porta à son oreille. Après quelques secondes de silence, il le remit dans sa poche en imitant le signe de tête de Jérémie.
- répondeur.
- Vous n'avez pas entendu la sonnerie vous quatre. Allez en cours et que ça saute, cria le surveillant Jim.
Ils n'eurent d'autres choix que d'obéir et Jérémie se sépara des trois autres pour rejoindre sa classe. En chemin, il tenta deux fois de rappeler Yumi mais tomba sur le répondeur. Il atteint finalement sa salle et suivit le cours de Chimie avec moins d'attention que d'habitude. La pause de dix heures arriva vite puis celle de midi. Au moment où Jérémie traversa la cour pour atteindre la salle d'Aelita, Ulrich et Odd, il crut apercevoir Yumi entrer dans le bâtiment du proviseur. Il cligna des paupières et regarda mieux mais ne vit rien. Dans le doute, il voulut aller vérifier mais les trois autres arrivèrent à ce moment là, Ulrich le portable collé à l'oreille.
- Il essaie de rappeler Yumi, dit Odd confirmant les soupçons de Jérémie.
- J'ai cru la voir entrer dans le bâtiment du proviseur, lâcha Jérémie après une hésitation.
- Quoi? Mais pourquoi ? Elle ne serait même pas venue nous voir? S'étonna Aelita.
Une porte claqua, attirant leur attention et ils virent bel et bien Yumi qui traversait la cour en courant. Ils l'interpellèrent et elle s'arrêta en agitant la main vers eux puis repartit de plus belle. Ulrich partit en courant dans sa direction et chercha à la rattraper. Jérémie hésita un instant avant de le suivre puis décida que de toute façon, il n'y arriverait pas, Yumi courait déjà vite et Ulrich lancé après elle pouvait sans doute doubler sa vitesse habituelle.
- Gardons leur une place dans le réfectoire, soupira Aelita.
Ils s'y rendirent, espérant qu'Ulrich ramènerait la jeune fille.
Elle courait très vite, elle avait quitté l'enceinte du lycée et dévalait les rues en direction de chez elle à première vue. Il cria son prénom et elle s'arrêta puis se tourna vers lui. Ses cheveux lui couvraient le visage, elle soufflait fortement mais il savait que s'il ne l'avait pas appelé, elle ne ce serait pas arrêtée avant d'arriver à destination. Il se stoppa à sa hauteur, posa ses mains sur ses genoux et se plia en deux en tentant de récupérer son souffle.
- Yumi, qu'est ce qui se passe? Réussit-il à articuler.
- Ecoute Ulrich, je suis désolé, je n'ai pas le temps, mon père a eu un accident. Je dois y aller, excuse moi.
Sur ces mots elle recommença à courir et il la regarda s'éloigner avec un pincement au cœur. Elle disparut vite de sa vue et il retourna sur ses pas pour prévenir les autres. Il les trouva dans le réfectoire et s'approcha d'eux. Leur mine déconfite lorsqu'il s'assit à leur table augmenta son pincement au cœur et il soupira.
-Son père a eu un accident, c'est tout ce qu'elle m'a dit avant de repartir, murmura-t-il.
- Vous croyez que c'est grave? S'inquiéta Aelita.
- J'espère que non, soupira Jérémie. Bon, désolé je retourne à mon ordinateur, j'aimerais finir ce que j'ai commencé cette nuit avant de reprendre les cours.
- Qu'est ce que c'est ? demanda Odd.
- Un programme qui affaiblirait encore davantage Xana.
Jérémie se leva et emporta son plateau vers la sortie du self, il le déposa et sortit.
- Je m'inquiète pour Yumi, chuchota Aelita.
- Je vais passer chez elle ce soir après les cours, lança Ulrich les yeux fixés sur son assiette, tu veux venir avec moi ?
-Je viendrais.
- Et toi Odd? Demanda Ulrich.
- ç'aurait été avec plaisir mais j'ai rendez vous avec une fille de la 1er D. J'irais la voir demain.
Ulrich et Aelita hochèrent la tête puis ils sortirent à leur tour, la sonnerie n'allant pas tarder à retentir. Ulrich s'installa à côté d'Odd au premier cour de l'après midi, Aelita juste devant eux assise avec l'une de ses connaissance répondant au nom de Marie. La première demi-heure venait de passer lorsqu'il sentit son portable vibrer dans sa poche. Il le sortit et ouvrit le message provenant de Jérémie, il le lut et se tourna vers Odd.
- A la sonnerie on fonce à l'usine, Xana a lancé une attaque.
Vingt minutes plus tard ils traversaient la cour en courant et rejoignaient Jérémie.
- Tu as prévenu Yumi? Demanda Odd.
-A première vue c'est une attaque de faible ampleur, et vu ce qui lui arrive je n'ai pas jugé ça nécessaire.
- Je pense que tu as bien fait.
Ils furent bientôt devant l'usine et y pénétrèrent aussi vite que possible. Ils se laissèrent glisser le long des cordes puis Jérémie pressa le bouton du monte-charge une fois qu'ils furent tous à l'intérieur. Le vieil ascenseur descendit dans un bruit de tôle froissé puis s'arrêta à un étage pour laisser descendre Jérémie.
- dépêchez vous. Lança celui-ci avant que les portes ne se referment sur ses trois amis.
Quelques minutes après, à l'étage en dessous, les trois adolescents pénétraient dans les trois scanners.
- Transfert Aelita, transfert Ulrich, transfert Odd, scanner, virtualisation.
Dans les trois caissons, la lumière s'intensifia puis les sensations des cinq jeunes s'amenuisèrent. Ils apparurent alors dans un désert avec seulement deux sens à leur disposition. Ulrich se réceptionna et regarda Odd et Aelita atterrir prêt de lui. Odd s'ébroua de la façon d'un chat et Aelita fit quelques pas vers Ulrich.
- Alors Jérem', c'est par où ? interrogea le samouraï.
- Euh... La voix de l'intellectuel se fit entendre, hésitante, dans le micro. Je crois que j'ai sous-estimé Xana.
- pourquoi? Qu'est ce qui se passe ? s'étonna Odd.
- Je vous ai programmé vos véhicules, foncez droite vers le nord-est. Dépêchez vous, il y a au moins vingt crabes et dix tarentules en approche.
Odd sauta sur l'overboard et prit Aelita derrière lui, Ulrich enfourcha son overbike et ils foncèrent sans se faire prier davantage dans la direction indiquée par Jérémie. Le bruit métallique des créatures ne tarda pas à se faire entendre les faisant accélérer.
- 45 ° nord-est, c'est la position de la tour, mais vous allez avoir besoin de renfort où vous allez tous y passer. J'appelle Yumi pourvu qu'elle réponde ajouta-t-il en pensée.
Il composa son numéro et il entendit la sonnerie. Au bout de la troisième il entendit une voix faible répondre.
- Yumi, c'est moi, on a besoin de toi sur Lyoko, ça urge.
- J'arrive.
Il n'eut rien le temps d'ajouter que son amie raccrocha. Il entendit un bip et fixa son attention sur l'écran.
- Odd, moins dix points de vie. Une escadrille de frelions en approche.
- Merci Einstein, mais on l'avait déjà vue celle là, ironisa Odd.
- La tour est gardé par 4 bloks et deux mégatanks et il y en a cinq autres qui vous foncent droit dessus.
- Eh Einstein, je crois me souvenir que tu avais dit que Xana avait faibli... railla Odd en évitant les lasers.
- Je... J'ignore d'où il tire toute cette puissance, répondit Jérémie en pianotant sur son clavier à toute vitesse.
Ulrich et Aelita continuaient d'abattre le plus de créatures qu'ils le pouvaient mais chaque fois que l'une d'elle était éliminée, elle était instantanément remplacée.
- Ulrich, plus que cinquante points de vie, Aelita soixante et Odd, trente.
- Dis Einstein, un coup de main serait le bienvenu quand même... fit Ulrich en évitant un laser.
- Au fait Jérémie, tu sais à quoi ressemble l'attaque sur terre?
- Eh bien non, je l'ignore. Le programme que j'ai mis au point n'a rien repéré d'étrange.
- Jérémie, je suis là, je descends directement au scanner. La voix de Yumi résonna dans la pièce où se trouvait Jérémie et il entendit le monte-charge descendre. Il annonça l'arrivée de Yumi aux trois autres qui ne purent que soupirer.
- ça y'est on voit la tour, cria soudain Aelita mais elle est gardée par bien plus de monde que ce que tu nous as annoncé Jérémie.
L'intellectuel ne répondit rien et prépara le transfert de la japonaise qui pénétra dans le scanner. Elle atterrit bientôt dans le monde virtuel, sauta sur l'overwing virtualisé par Jérémie et prit la direction de la tour. Elle y parvint bientôt et se trouva face à la horde de monstre de Xana.
- Il n'y a toujours rien sur terre ? interrogea Odd en sautant pour éviter les lasers.
- Rien, je ne comprends pas le but de sa manœuvre. Pourquoi protéger aussi durement la tour alors qu'il ne se passe rien dans notre monde ?
- Moi j'ai compris Jérem' ! lança soudain Yumi en survolant la masse de monstre.
- Yumi ! s'écria Aelita avec soulagement.
La geisha tourna en rond mais ce fit bientôt attaquer par des frelions.
- Jérem', regarde un peu mieux tes écrans, dans la masse tu dois avoir trois points inconnus.
-Exact, confirma Jérémie après quelques secondes de silence. Des nouveaux monstres et d'après ce que je vois ils ont plus de pouvoirs. Il pianota sur le clavier et poussa un cri d'horreur. Dégagez de là, il ne faut pas qu'ils vous trouvent.
A ce moment là, un crabe toucha l'overwing de Yumi qui tomba dans la masse de crabe.
- Yumi sort de là, s'ils te touchent, pas de retour possible.
- Eh Einstein, t'es bien gentil mais là c'est pas possible. Ils me bloquent la route et il y en a trop je n'arriverais jamais à tous les abattre.
- Jérémie ramène nous, vite sinon on ne s'en sortira jamais.
- Et la tour? objecta Odd.
- C'était un piège, elle devait nous attirer sur Lyoko. Répliqua Ulrich, Jérem' dépêche toi !
Mais ce dernier avait déjà enclenché la dévirtualisation de Yumi, d'Aelita puis il enclencha celle des deux garçons qui ne tardèrent pas à se dépixeliser.
Les portes du scanneur s'ouvrir devant Aelita et elle reprit son souffle en sortant rapidement. Celui d'en face se fissura et s'ouvrit laissant apparaître une Yumi en sueur. Elle tomba à genou et baissa la tête.
- Eh ! ça va toi ? s'inquiéta Aelita.
- oui ce n'est rien t'en fais pas, mais je dois y aller, ma mère m'attend. Tu m'excuse auprès des garçons.
Avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, la japonaise se releva et disparut dans le monte-charge sous le regard inquiet d'Aelita.
- Yumi n'est pas revenue ? s'étonna Odd.
- Si mais elle était pressée apparemment, répondit la jeune fille aux cheveux roses.
- Remontez, j'ai de mauvaises nouvelles.
La voie de Jérémie quelque peu angoissée résonna dans la pièce au scanner et ils remontèrent donc au labo sans plus attendre. Ils se postèrent derrière lui tandis qu'il pianotait toujours sur le clavier, attendant cette nouvelle avec inquiétude. Soudain, une fenêtre s'ouvrit sur l'écran principal. Jérémie stoppa ses mains, pointa du doigt l'écran et se tourna vers eux. Il eut une seconde de surprise en apercevant l'absence de Yumi.
- Où est Yumi ?
- Sa mère l'attendait, répondit Aelita. Un hochement de tête lui répondit et il reprit d'une voix calme.
- Les trois nouveaux monstres qu'elle a repérés sont très dangereux. Ils peuvent bugger votre enveloppe virtuelle et empêcher la matérialisation.
- Quoi ? mais comment Xana a-t-il pu créer de tels monstres? s'écria Odd.
- ça je l'ignore mais ce n'est pas tout, déclara Jérémie en remontant ses lunettes. La tour est toujours activée et le programme a trouvé ce qu'il envisageait de faire.
- Et nous ne pouvons pas retourner sur Lyoko avant 24 h, gémit Ulrich.
- Même si vous pouviez y retourner maintenant le problème serait le même, les monstres sont toujours là, répliqua Jérémie. Un bip sonore retentit dans la pièce, faisant sursauter Aelita, Odd et Ulrich.
- Qu'est ce qui se passe ?
- ça Ulrich, c'est Xana qui passe à la deuxième phase. Il vient d'activer une seconde tour comme il l'avait prévu. Il a également réussi à pirater une grande quantité de mes programmes que j'avais mis au point pour l'affaiblir. Il n' a pas été si calme ce dernier mois, il a bousillé le scan, endommagé les barrages que j'avais mis en place et puisé une énergie nouvelle dont je n'ai pas pu trouver la source. Il est plus fort que jamais ...





Chapitre II / Le secret de Yumi


Aelita se tourna dans son lit, incapable de dormir. Cette journée lui avait paru interminable. D'abord l'accident du père de Yumi qui ne semblait pas anodin vu le comportement de la jeune fille, puis Jérémie qui leur annonçait la remontée en puissance de leur ennemi. Elle et lui avait cherché une solution toute l'après-midi, Jérémie avait tenté de mettre en place des programmes pour stopper sa progression, quelque chose qui l'affaiblirait mais rien à faire, Xana les contrait tous. Il avait donc rétablit le scan, amélioré son programme détecteur pour repérer les attaques de Xana sur terre et il avait fini par soupirer en lui disant qu'il valait mieux rentrer. Ils étaient arrivés dans les dortoirs à dix heures du soir. Ulrich était venu prendre des nouvelles mais en voyant l'air découragé de Jérémie il n'avait pu que constater l'échec de son ami face à leur ennemi. Odd et lui étaient retournés en cours pour les couvrir en cas de besoin mais cela ne s'était pas révélé utile car leur professeur était absent et Jérémie prétexterait être aller voir Yumi. Le jour se leva, tirant Jérémie d'une trop courte nuit et il descendit en grommelant rejoindre ses amis. Il prit auparavant une douche qui améliora quelque peu son humeur puis pénétra dans le réfectoire. Il saisit un plateau, et se servit un petit déjeuner. Il s'installa à la table où se trouvaient déjà ses amis et entama son premier repas de la journée en tentant de suivre la conversation qu'Ulrich et Aelita avaient commencée.
- Il n'y avait personne dans la maison, tout était fermé et il n'y avait aucune lumière, disait Ulrich sur un ton de regret.
- Tu as été voir Yumi hier ? demanda Jérémie.
- oui mais ça n'a pas servi à grand-chose, la maison été vide.
-Je m'inquiète pour elle, murmura Aelita. Ce n'est pas son genre de nous laisser sans nouvelle.
- Elle devrait bientôt nous en donner, rassura Odd en chipant discrètement un croissant sur un plateau.
- Je l'espère, fit Jérémie. Sortons. Il se leva en repoussant sa chaise et saisit son plateau à peine entamé.
- Mais... tu n'as rien mangé, lança Odd, la mine effarée.
- Je n'ai plus faim.
Cinq minutes après, ils étaient sur leur banc fétiche, le regard fixé sur le portail de Kadic mais même lorsque la sonnerie retentit, aucune japonaise n'entra. Ils soupirèrent et se séparèrent sans d'autres mots. Jérémie suivit le cours de maths avec attention mais il ne put s'empêcher de jeter régulièrement des coups d'œil sur la chaise vide à côté de la sienne. La sonnerie retentit au bout de deux longues heures et il se dirigea vers le distributeur, il commençait à avoir faim.
- Oui, c'est moi, juste pour avoir des nouvelles car on s'inquiète. J'espère que l'état de santé de ton père s'améliore, rappelle dés que possible, à bientôt j'espère.
Il se tourna en entendant la voix d'Aelita et la vit raccrocher son portable. Il devina le message laissé à l'intention de Yumi puis s'écarta pour laisse à la place à Odd de se prendre à manger. Soudain un léger bip se fit entendre, émanant du sac à Jérémie. Celui-ci soupirant en avalant une gorgée du breuvage qu'il venait d'acheter. Il grimaça, l'acheva d'une traite puis jeta le gobelet à la poubelle.
- Xana a encore activé une tour. C'est la troisième depuis ce matin, soupira-t-il.
- Que va-t-on faire ? demanda Aelita.
- Je finis les cours à onze heures, je me rends à l'usine directement et comme on est mercredi, j'ai toute la journée pour bosser au labo. Je crois avoir une idée pour stopper sa progression.
- Mais tu ne nous as toujours pas dis ce qu'il comptait fait, remarqua Ulrich.
Aelita grimaça et Jérémie passa sa main dans ses cheveux d'un air las.
- Il va activer le plus grand nombre de tour possible et lorsqu'il aura assez de puissance, il compte prendre le commandement du pays. Il va s'installer au pouvoir en dirigeant toutes les forces du pays, militaires et autres.
- Mais comment compte-t-il réussir à faire ça? Interrogea Odd.
- Je l'ignore encore, c'est pour ça que je vais travailler au labo et je compte bien l'empêcher d'arriver à ses fins.
- Je devais aller en ville avec Marie mais si tu veux je viens travailler avec toi, proposa Aelita.
- Je ne pense pas que ce soit la peine.
- Tu as besoin de nous? demanda Ulrich.
- Non c'est gentil mais je travaille mieux seul, je vous appelle en cas de besoin, répondit Jérémie tandis que la sonnerie retentissait.
- Allez les gars c'est parti pour deux heures d'histoire, lança Odd en finissant sa barre chocolatée.
- allons-y mais juste pour info, Odd, aux dernières nouvelles je suis encore une fille, taquina Aelita.
- Ah bon? Fit celui-ci avec un air étonné. T'es sûre? Ah bah, excuse moi je croyais.
Aelita prit un air vexé et frappa amicalement son ami sur l'épaule en signe de représailles. Jérémie les regarda s'éloigner puis prit la direction opposée. Une heure et quart après, il s'installait devant le super ordinateur du labo. Il étira ses bras devant lui puis posa ses mains sur le clavier. Un nouveau bip se fit entendre et il jeta un coup d'œil rapide dans la fenêtre qui lui indiquait qu'une nouvelle tour s'activait. Xana semblait prendre davantage de puissance d'heure en heure et il se devait de découvrir quelle était sa nouvelle source d'énergie. Il commença à pianoter et ne vit pas le temps passer.

Aelita se tourna vers Ulrich et Odd puis murmura à voix basse pour ne pas se faire entendre du prof.
- Je vais chez Yumi après manger, vous venez avec moi ?
- Tu ne devais pas voir Marie ? s'étonna Ulrich
- C'est annulé, répondit celle-ci en balayant l'objection d'un signe de la main.
- Moi je ne pourrais pas mon père vient cet après-midi. Il veut qu'on parle d'un sujet sérieux apparemment, justifia Odd avec une grimace.
- bah Jérem' devait m'aider à comprendre des Maths mais vu qu'il n'est pas là y'a pas de problème et puis ça m'inquiète, j'aimerais vraiment savoir ce qui se passe.
- Moi aussi, on ira directement après manger.
- vous me tiendrez au courant quand même ? s'enquit Odd.
- Evidemment, t'en fais pas je t'enverrais un message dans l'après-midi.
- Merci princesse.
- Mr Della Robbia et Mlle Stones, si je vous dérange n'hésitez pas à me le faire savoir surtout, interrompit soudain le professeur.
- Vous en faite pas m'sieur on a finit, lança Odd avec un sourire niais.
Le professeur fronça les sourcils puis reprit son cours comme si rien ne s'était passé. A la fin des deux heures d'histoire, Ils sortirent et se dirigèrent directement vers le réfectoire.
- Mangeons vite mon père m'attend de bonne heure, fit Odd en saisissant un plateau.
Ses amis approuvèrent et ils s'installèrent à une table peu après. Le repas s'acheva rapidement et Odd sortit avant eux du réfectoire.
- eh bah ! Je crois que je ne l'ai jamais vu manger aussi vite, s'étonna Aelita.
- D'un côté je le comprends, il ne le voit pas souvent.
- Tu as fini ?
- Oui
- Alors allons-y, j'aimerais passer un coup de fil à Jérémie avant de partir.
Ils déposèrent leur plateau et sortirent dehors. A peine étaient-il sorti que déjà Aelita avait composé le numéro et porté le téléphone à son oreille. Elle attendit tandis que les sonneries s'enchaînaient puis elle finit par raccrocher en soupirant.
- Il doit encore être plonger à fond dans ses recherches, expliqua Ulrich.
- Sans aucun doute, répliqua Aelita d'un ton quelque peu irrité. Allez allons-y.
Ils franchirent les grilles de Kadic et prirent la direction de la maison de Yumi. Ils déambulèrent dans les rues sous le soleil d'avril en parlant de tout et de rien, cherchant à détendre la lourde atmosphère d'inquiétude et d'angoisse qui régnait autour d'eux depuis la veille. Ils finirent par déboucher dans la rue de la japonaise et Aelita tendit son visage à la petite brise qui était apparue.
- ça fait du bien.
Ulrich eut un petit sourire à sa remarque puis détourna la tête en regardant un peu plus loin.
- Nous y voilà.
Mais arrivé devant la maison, ils constatèrent que loin d'être calme comme la veille, celle-ci était très agitée. Ils entendirent le cri d'un enfant puis des pleurs. Les bruits d'une dispute puis de vaisselle cassée.
- On s'est peut-être trompé de maison..., hésita Aelita alors qu'elle avait parfaitement reconnu la maison de son amie.
Soudain la porte s'ouvrit laissant passer le père de Yumi qui hurlait. Son visage était rouge et il avait des yeux étranges. Il passa devant eux sans les voir, il bouscula même Aelita sans s'en rendre compte. Il grimpa dans une voiture garée sur le trottoir, claqua la porte, démarra et s'en alla sans un regard en arrière. Les regards des deux adolescents se dirigèrent à nouveau vers la maison désormais silencieuse. Ils purent apercevoir l'intérieur par la porte ouverte et aperçurent un décor désordonné, comme si on s'était battu. Soudain Hiroki passa en pleurs devant la porte. Aelita passa le portail et se dirigea vers la porte avec hésitation, suivit d'Ulrich. Elle monta ensuite les quelques marches et toqua à la porte ce qui eut pour effet de l'ouvrir complètement. Elle vit alors une forme étendue par terre, Hiroki agenouillé prêt d'elle. Son regard se dirigea vers les deux jeunes gens, son visage était inondé de larmes.
- Aidez moi, supplia-t-il la voix tremblante.
Ulrich distingua alors les cheveux de Yumi et il se précipita à l'intérieur et courut vers la jeune fille, suivit d'Aelita.
- Hiroki, que s'est-il passé ?
- Papa... il est devenu fou... murmura-t-il avec peine.
Ulrich souleva la jeune fille inconsciente et la porta jusqu'au canapé proche où il la déposa délicatement. Aelita demanda de l'eau et des serviettes au jeune japonais et l'accompagna en continuant de l'interroger.
- Mais où est ta mère ?
- Je ne sais pas très bien, au Japon je crois...
- Mais qu'a fait ton père ?
- J'ai fait une bêtise... répondit-il en baissant les yeux honteux. Aelita ne put rien tirer d'autre de lui car il s'enferma dans un profond silence.
Elle rejoignit Ulrich qui avait dégagé le visage de Yumi révélant des hématomes et une profonde entaille allant de la tempe jusqu'à l'oreille. Aelita mouilla une serviette et lui nettoya la plaie. Au contact de l'eau sur son visage les paupières de la Japonaise frémirent et elle ouvrit les yeux. Elle fronça les sourcils et se redressa brusquement en reconnaissant Aelita et Ulrich. Son regard parcourut alors le salon dévasté puis elle baissa la tête en portant la main à sa tempe.
- Yumi... murmura Aelita d'une voix douce. Elle vit son amie secouer doucement la tête de gauche à droite puis la relever brusquement.
- Hiroki? Où est-il ?
- Je suis là, répondit ce dernier dans une attitude distante.
- tu vas bien ? s'inquiéta sa sœur. Pour toute réponse, le jeune garçon se blottit dans les bras de sa sœur.
- Je suis désolé.
Yumi le consola longtemps, lui répétant que ce n'était pas sa faute, qu'il n'y était pour rien et finalement, épuisé, il s'endormit dans ses bras. En apercevant cela, Yumi sourit tendrement, sourire que se transforma en grimace de douleur. Ulrich prit Hiroki dans ses bras et sans un mot, il le monta dans sa chambre à l'étage. Aelita vint s'asseoir prêt de son amie, les yeux pleins de questions. Mais Yumi resta silencieuse, les yeux fixés au sol. Aelita saisit sa main et aperçu alors une larme couler sur la joue de la japonaise. Elle l'essuya d'un revers de main et parla de sa voix la plus douce.
- Raconte moi, je peux peut-être t'aider.
- Nous sommes tes amis, nous sommes là pour toi, ajouta Ulrich en s'installant sur un fauteuil proche.
Yumi prit une profonde inspiration et croisa le regard d'Ulrich. Celui-ci ne broncha pas, pas plus qu'Aelita lorsqu'elle croisa le sien. Ils avaient raison, ils étaient là pour elle, elle pouvait tout leur dire. Même ce père dont elle avait été si fier qui lui avait interdit d'en parler ne pourrait pas l'en empêcher. Il ne méritait plus son respect, il avait trahi tout ce à quoi il croyait. Elle prit son courage à deux mains et se lança :
- Il y a quelques mois, mon père s'est fait virer pour une faute qu'il n'aurait, selon lui, pas commise. Cela l'a mit en colère et lorsqu'il est rentré ce soir là, il nous a fait peur. Il criait si fort que toute la rue a du nous entendre. Nous pensions que cela allait passer, après tout, ce n'était pas la première fois qu'il perdait son travail. Mais le lendemain, quand je suis rentré, il était à la maison et il était dans le même état. Ça a duré plusieurs jours mais il a fini par se calmer lorsque ma mère s'est énervé après lui. Puis il s'est mit à chercher du travail mais au bout d'une semaine, il a commencé à se décourager et ma mère a proposé de rentrer au Japon mais il a refusé net et elle n'a pas osé s'opposer à lui. Puis la police est venue à la maison. Je ne sais pas ce qu'ils lui ont dit, je crois que c'était en rapport avec ce pourquoi il avait été viré mais il n'a jamais voulu nous dire ce que c'était. Lorsqu'ils sont partis ce soir là, mon père est sortit et n'est pas rentré. J'ai entendu des bruits dans la nuit et j'ai entendu ma mère crier qu'il n'avait pas à rentrer à des heures aussi tardives. Lorsque je me suis levé le lendemain, il était toujours au lit et ma mère m'a dit qu'il était malade. Et le soir, je l'ai trouvé dans un fauteuil, une bouteille à la main.
- Il s'est mis à boire ? s'étonna Aelita.
- oui, lui si attaché aux valeurs traditionnelles, aux origines japonaises, est devenu un alcoolique. Ça fait sept mois maintenant je crois. Au bout de quelques temps, ma mère a essayé de le motiver, de l'aider pour qu'il remonte la pente, Hiroki et moi l'avons aidé également mais rien n'y a fait. Il a sombré dans un état d'esprit abominable. Lorsqu'il ouvrait la bouche, c'était pour hurler ou demander à boire. Et puis il y a un peu plus d'un mois, il s'est disputé encore plus fortement avec ma mère que d'habitude et il a fini par la gifler. Sur le coup, elle n'a pas réagi et lui non plus. Puis elle s'est mise à hurler et il a pleuré en disant qu'il regrettait, qu'il ne le referait plus. Je l'ai vu s'agenouiller devant elle en demandant pardon, lui qui était autrefois si fier. Mais ma mère n'a rien dit elle a quitté la pièce en le laissant là. Elle a fait sa valise et en partant elle lui a dit qu'il avait trois mois pour se ressaisir sinon elle le quittait définitivement. Et pendant ces trois mois, elle partait rejoindre sa sœur au Japon. Ce soir là, lorsqu'il vint à table avec nous, il pleurait. Nous avons tenté de le consoler et il a semblé se convaincre qu'il pouvait y arriver, pour ma mère, pour sa famille. Ce soir là, j'ai cru le retrouver mais je m'étais trompée.
- Que s'est-il passé après? Demanda Ulrich d'une voix grave voyant qu'elle s'interrompait.
- Lorsque je suis rentrée le lendemain, je l'ai vu frapper Hiroki. Il était complètement soûl. J'ai eu beau m'interposer, rien à y faire, il a continué à nous frapper encore et encore puis il a fini par nous lâcher, Hiroki était inconscient et il est allé s'avachir dans un fauteuil pour dormir. Depuis ce soir là, le moindre faux pas de notre part provoque une colère monstrueuse chez lui, je n'ose même plus manger avec lui. Hiroki fait en sorte de rentrer très tard le soir pour ne pas le voir et il part avant qu'il ne se lève mais ce soir, Hiroki l'a réveillé en rentrant...
Le silence s'installa dans la pièce et une autre larme silencieuse coula sur la joue de Yumi.
- Pourquoi n'as-tu rien dit avant ? les gens comme ça sont punis. Finit par dire Aelita.
- Il me l'avait interdit
- Mais il te frappait Yumi, tu aurais dut le dire, interdit ou pas.
- Mais il menaçait de s'en prendre encore à Hiroki, je ne pouvais pas.... Sanglota la jeune fille en cachant son visage de ses mains. Ulrich vint la prendre dans ses bras et jeta un regard angoissé à Aelita.
Soudain un bruit de portière attira l'attention d'Aelita qui se leva et jeta un coup d'œil par la fenêtre.
-Il est de retour...
Cette constatation affola Yumi qui s'agita immédiatement.
- Il ne faut pas qu'il vous trouve ici, vous devez partir, il pourrait s'en prendre à vous.
- Tu ne crois pas que nous allons te laisser seule avec lui ? s'exclama Ulrich.
- Ulrich je... Je ne sais plus quoi faire... Je ne veux pas qu'il vous fasse du mal.
Les larmes roulèrent de nouveau sur ses joues et elle se réfugia dans les bras du jeune homme, il fit signe à Aelita qui comprit et elle le rejoignit sur le canapé. La porte s'ouvrit et la voix de l'homme appela la jeune fille.
- Yumi ! Tu n'as pas rangé ? Où es-tu? Viens ici tout de sui...
Il s'interrompit dans sa phrase en voyant Aelita calme sur son canapé et sa fille blottie dans les bras d'un jeune homme brun. Sur le coup, il ne sur quoi dire, ni quoi faire. C'est alors qu'Aelita annonça calment que Yumi et Hiroki venaient avec eux.
- Avec vous ? Je peux savoir où ? demanda alors le père d'une voix dure.
- Ils dormiront à l'internat mais ils ne resteront pas une minute de plus dans cette maison, affirma Ulrich.
- Sachez jeune gens, qu'ici c'est encore ma maison et ce sont mes enfants, c'est moi qui décide où ils dorment et ce qu'ils font.
- non, vous avez perdu le droit de leur imposer votre volonté le joue où vous avez levé la main sur eux, déclara Aelita.
- Qui croyez-vous être pour pouvoir me dire cela ?
- Une amie de votre fille qui, contrairement à son père, ne veut que son bien.
- Plutôt que de frapper vos enfants, vous feriez bien de trouver un boulot et de redresser la situation. Alors vous aurez une chance de retrouver votre femme et vos enfants, lâcha Ulrich d'un ton de dédain.
- Je vous interdis de me parler sur ce ton. Vous n'êtes que des gosses vous ne comprenez rien à la vie alors ne vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas et dégagez.
- Nous en connaissons plus que vous ne le croyez, monsieur Ishiyama, lança Aelita en se levant, mais puisque vous voulez que nous partions, nous partirons mais pas sans Yumi et Hiroki.
- Je n'ai pas les moyens de payer l'internat, rétorqua l'homme avec un sourire mauvais.
- Ne vous en faites pas pour ça, répliqua Ulrich sans donner de détails.
Il se leva et aida Yumi à en faire autant. La japonaise croisa alors le regard embrumé de son père et s'immobilisa.
- Tu sais ce qui t'attend si tu pars ? Tu ne vas pas me quitter comme ça ? Tu n'oserais pas imiter ta mère ? Tu n'as nulle part où aller !
- ça m'est égal, articula Yumi avec peine, je pars avec Hiroki, l'essentiel c'est qu'on soit loin de toi.
- Mais je suis ton père, tu te dois de m'obéir comme n'importe quelle bonne japonaise, comme n'importe quelle fille.
- Et toi tu es mon père, hurla Yumi avec rage, tu étais sensé nous protéger, tu devais nous aimer et nous élever avec amour. Pourquoi obéirais-je à quelqu'un qui ne mérite même pas le respect.
- Comment oses-tu ...
- J'étais si fière de toi, je t'estimais, je t'adorais et aujourd'hui tu me dégoûte. Tu es devenu un alcoolique, un père indigne. Tu ne ressemble plus à rien, tu te morfonds dans l'échec et tu ne fais aucun effort pour t'en sortir. Où est passé le père que j'aimais tant ? Celui qui pouvait me faire des leçons de morale? Celui qui me réconfortait quand j'échouais? Celui qui m'encourageait ? Quand es tu devenu si minable ? acheva-t-elle avec une faible voix.
- Yumi, appela soudain Hiroki dans les escaliers. La jeune fille tendit les bras et son frère vint s'y blottir.
- Nous partons Hiroki.
Il leva des yeux pleins d'espoirs cers sa sœur qui demeurait le regard fixé sur son père. Sa fierté était revenue, elle avait séché ses larmes et faisait face à sa peur, elle ne se laisserait plus faire. Soudain les épaules de l'homme s'affaissèrent et sa voix se fit indifférente.
- Si vous voulez partir, faites, mais ne revenez pas me demander quoi que ce soit... Il parti s'avachir dans un fauteuil et détourna les yeux. Yumi et Hiroki prirent rapidement quelques affaires et ils partirent de la maison sans traîner. Une fois dehors, Hiroki se mit à courir partout en riant. Yumi le regardait avec un sourire attendri. Cela lui faisait chaud au cœur de voir son frère enfin joyeux, cela faisait si longtemps.
- Merci, murmura-t-elle à voix basse.
Elle sentit le bras d'Ulrich sur ses épaules puis celui d'Aelita de l'autre côté.
- Les amis sont là pour ça, répondit Aelita.
- Ne t'en fais pas tout va s'arranger, ajouta Ulrich.
:) :)





Chapitre III/ Problèmes


Jérémie s'étira, il avait mal au dos à force de rester penché sur son écran. Il fit quelques pas pour se dégourdir les jambes et vit alors le clignotement sur un de ses écrans annexes. Il était tellement dans son programme qu'il n'avait pas vu que l'un de ses amis l'appelait. Il regarda la liste de numéro et remarqua que celui d'Aelita revenait trois fois puis Odd avait tenté de l'appeler en fin de soirée. Il se réinstalla et donna la touche finale à son programme et le mit aussitôt en route, espérant que ça marche. S'il remplissait bien sa fonction, cela ralentirait enfin Xana, le temps qu'il trouve une solution à tous ces nouveaux monstres et ces tours qui s'activaient à la suite. Il regarda sa montre qui affichait vingt trois heures trente. Il saisit son sac à dos et grimpa dans le monte-charge sans crainte. Il avait découvert que Xana activait les tours pour rassembler plus de puissance et non pour lancer une quelconque attaque sur terre, ses amis et lui ne risquaient donc rien pour le moment. Il arriva dans la cathédrale et la traversa, seul le bruit de ses pas résonnait dans l'immense pièce. Il emprunta le chemin menant au parc et arriva à Kadic peu après. L'extinction avait déjà eut lieu et il pénétra aussi discrètement que possible dans les dortoirs. Il eut la chance de ne pas croiser Jim et il monta dans les étages avec soulagement. Il arriva sans incident à sa chambre et remarqua qu'elle n'était pas fermée à clé. Etrange, il l'avait pourtant fermé ce matin en partant. Il l'entrouvrit et aperçut Aelita assise sur son lit. Il entra alors dans la pièce, faisant sursauter certains de ses amis.
- Eh bah ! c'est un conseil de guerre qui se tient dans ma chambre , plaisanta-t-il mais en voyant leurs visages graves il cessa de sourire.
Il parcourut la pièce du regard et remarqua alors le petit garçon couché sur un matelas à l'opposé de son lit, Yumi assise à ses pieds, le visage entaillé et des bleus dans le cou. Odd, le visage triste comme on ne lui avait jamais vu, Ulrich et Aelita, le visage déterminé.
- Je crois que j'ai manqué beaucoup de choses cette après-midi, soupira-t-il en refermant la porte derrière lui. Il s'installa prêt d'Aelita sur le lit. Racontez-moi.
Aelita lui raconta alors l'histoire de Yumi et annonça qu'il hébergerait Hiroki jusqu'à ce que le proviseur lui trouve une chambre. Yumi dormirait dans la sienne, tout cela étant provisoire jusqu'à ce que la jeune fille parvienne à contacter sa mère au Japon.
- Je vois, finit par dire Jérémie. Désolé de ne pas être venu Yumi.
- Ce n'est rien, ne t'en fais pas, répondit la jeune fille avec un faible sourire.
Le jeune homme soupira en pensant à ce qu'il devait leur dire sur ses programmes et ses découvertes sur Xana. Puis il comprit que ce n'était pas tout.
- Il y a autre chose, confirma Ulrich.
Un silence s'installa qui finit par oppresser le jeune intellectuel.
- Que s'est-il passé ?
- Mon père est venu me voir, annonça Odd d'une petite voix. Il vient d'acheter une maison, je vais quitter l'internat...
- Mais c'est tout prêt d'ici ? coupa Jérémie, tu reste à Kadic ?
- Et je vais quitter Kadic aussi.
- Ce n'est pas possible, fit Jérémie totalement stupéfait. Totalement impossible.
- Il ne m'a pas laissé le choix..., murmura Odd. Je pars dans un mois.
- Mais il ne peut pas te faire quitter le bahut juste avant ton épreuve de français de fin de première, objecta Jérémie.
- Il s'est arrangé avec le proviseur avant de venir me voir. Je l'ai déjà. Je ne sais pas ce que mon père lui a dit, mais le proviseur va valider mes résultats, comme si je l'avais passée et réussie.
- Mais... et cette maison où est-elle ?
- A la frontière de l'Espagne, répondit Odd après un court silence.
Pas un bruit ne venait troubler la quiétude de la pièce. Ils étaient tous immobiles, ne sachant quoi dire. Jérémie finit par lâcher un lourd soupir et passa la main dans ses cheveux dans un geste nerveux. Il remarqua qu'Aelita étouffait un bâillement puis les lourdes paupières d'Ulrich qui se fermaient et s'ouvraient régulièrement, trahissant la lutte du jeune homme avec le sommeil.
- Ecoutez, nous ne pourrons rien régler ce soir. Allons nous coucher, nous en parlerons demain matin, annonça-t-il d'un ton las. On se retrouve tous dans le réfectoire pour le petit dej'.
Les autres approuvèrent puis dans le plus grand silence, Aelita ouvrit la porte et vérifia que le couloir était vide. Elle fit signe aux autres et ils sortirent sans plus attendre. Yumi se pencha sur son frère et l'embrassa tendrement sur le front. Elle se leva puis regarda Jérémie en lui demandant de bien veiller sur lui, son ami la rassura et elle suivit Aelita qui s'impatientait sur le pas de la porte. Lorsque Jérémie ôta ses lunettes, le radio réveil affichait minuit et demi. Il se levait à sept heures le lendemain. Il fixa le plafond en réfléchissant, le souffle régulier d'Hiroki résonnant dans le silence. Depuis deux jours, il ne contrôlait plus rien, les commandes lui échappaient et il n'avait aucune solution. D'abord Xana qui se préparait à une puissante attaque dont il ignorait toujours le véritable but, ensuite le malheur de Yumi et de sa famille, puis le prochain départ de Odd. Sur ces pensées moroses, il s'assoupit, abattu par la fatigue.
La sonnerie lui parvint à travers son esprit embrumé et il appuya sur le bouton du réveil. Il se tourna sur le côté, profitant des dernières secondes sous la couette puis se décida à se lever. Odd était toujours au lit mais contrairement à son habitude, il ne faisait aucun bruit. Ulrich s'approcha et lui toucha l'épaule. Odd se tourna et le fixa avec des yeux tristes puis il se leva sans un mot.
- Tu n'as pas dormi de la nuit, n'est ce pas? Demanda Ulrich.
- J'ai pas fermé l'œil, confirma le blondinet.
Ils se rendirent à la douche, rencontrant Jérémie et Hiroki en chemin. Le collégien semblait tout content d'être là.
- ça va Hiroki? Interrogea Ulrich après les avoir salués.
- Très bien et vous ?
- ça va.
- Alors t'es en quelle classe maintenant? Questionna Odd.
- Quatrième.
- Et tu y arrive ?
- Pff c'est trop facile, lança le jeune garçon en pénétrant dans les douches.
Cela fit sourire les trois amis qui le suivirent. Quelques minutes plus tard, ils descendaient les marches et Hiroki croisa un de ses amis. Il les remercia et leur souhaita une bonne journée avant de les laisser. Les trois garçons se rendirent dans le réfectoire et se servirent un petit déj'.
- On dirait que les filles ne sont pas encore descendues, remarqua Jérémie en s'installant à une table.
Odd s'installa face à lui, Ulrich à son côté mais contrairement à son habitude, il ne se jeta pas sur son plateau. A vrai dire, il ne le regardait même pas et il n'y toucha pas. Ulrich l'encouragea pourtant mais le blondinet se contenta de faire un signe de dénégation de la tête. Il se redressa soudain, les yeux vers la porte et annonça l'arrivée des deux filles. Elles s'installèrent avec eux sans tarder mais ne touchèrent pas plus à leur plateau qu'Odd.
- Je vois que tu as essayé la chirurgie esthétique mais ça ne marchera pas, tu reste moche et ce n'est pas de cette façon que tu attireras Ulrich il est à moi, claironna soudain une voix trop connue.
- déjà je... commença Ulrich mais il fut interrompu par Yumi.
- Je ne t'ai rien demandé alors fous moi la paix Sisi.
- oh voyez vous ça, mademoiselle fait la blasée mais ça ne prend pas avec moi. Tu peux tout tenter, tu n'arriveras jamais à rien. Tu n'es qu'une ratée, une nulle.
- Cesse de prendre ton cas pour une généralité, intervint Aelita.
- ah, ça y'est, madame Einstein se la ramène. Vas-y prends la défense de ta petite copine.
- Sisi, commença Jérémie mais il s'interrompit dans sa phrase et Sisi se mit à rire.
- Ah ton cerveau a buggé, que voulais-tu, il fallait bien que cela arrive un jour...
Une main se posa soudain sur l'épaule de la jeune fille et elle eut l'impression que le temps avait ralentie. Elle tourna la tête et vit alors le visage de son père. Une couleur rouge vive envahit son visage et elle baissa les yeux. Elle s'éloigna sans rien ajouter et quitta le réfectoire sous le regarda attentif de son père qui se tourna ensuite vers la table des adolescents.
- Mlle Ishiyama, il y a un appel pour vous dans mon bureau.
La jeune fille se leva et remercia le proviseur puis fonça vers son bureau, sachant déjà d'où venait l'appel. Le proviseur salua les quatre autres puis tourna les talons et quitta le réfectoire à son tour. Ils ne tardèrent pas à sortir non plus, aucun d'eux n'ayant faim. Ils s'installèrent sur le banc habituel, le regard fixe sur la porte du bâtiment du proviseur.
- Je n'en peux plus de ce silence, finit par éclater Aelita. Il faut qu'on fasse quelque chose. Se ressaisir, ça ne peut pas continuer comme ça, j'ai l'impression que tout part en vrille.
Yumi sortit soudain du bâtiment et les rejoignit la mine déconfite.
- Ma mère a parlé au proviseur, je reste encore quelques temps ici puis Hiroki et moi on s'envole pour le Japon.
- Et ça continue, s'écria Aelita avec colère.
- Bon écoutez, on va s'occuper d'un problème à la fois, intervint Jérémie d'une voix calme, décidé à reprendre les choses en mains. Commençons par la plus urgente, Xana, car je doute que mon programme ne le retienne longtemps et je vais avoir besoin de vous sur Lyoko.
Les autres approuvèrent, ne sachant que dire puis prirent la direction du parc alors que la sonnerie retentissait derrière eux mais il l'ignorèrent et foncèrent à l'usine.
- Alors il a maintenant au total, onze tours activées, je pense qu'il lui en faut plus ou moins vingt cinq pour son projet. J'ai réussi à trouver où il puisait son énergie et malheureusement je n'ai aucun moyen de l'isoler car c'est trop bien protégé, j'ai eu beau m'y mettre, au bout de cinq heures je n'avais toujours pas avancé. Ah, non maintenant il en est à douze...enfin bon, donc voilà, je vais vous envoyer chacun dans un territoire différent et vous allez me faire des repérages.
- Que cherche-t-on? Demanda Yumi.
- tout et n'importe quoi, signalez moi tout ce qui est inhabituel.
- Et les monstres? interrogea Aelita.
- Ils sont réunis autour des tours, ne vous en approchez pas. Allez c'est parti.
Les quatre lyokoguerriers descendirent à la salle des scanners et attendirent les directives de Jérémie.
- Yumi, territoire montagne et Aelita je t'envoie dans la forêt. Transfert, scanner virtualisation. Maintenant à vous les garçons, Ulrich tu seras dans le désert et Odd il te reste la banquise.
Jérémie répéta la procédure et ils atterrirent souplement sur le sol du monde virtuel. Cette fois-ci aucun sourire, aucune blague ne vint briser l'ennui des repérages sur Lyoko. Chacun avait en tête le départ prochain d'Odd et celui de Yumi. Ils parcoururent les territoires de long en large, parfois guidé par la voix de Jérémie qui leur évitait les monstres. Mais le jeune intellectuel venait de constater que Xana avait brisé son barrage et il était en train de s'acharner sur sa source d'énergie. Xana avait bien réussi à pénétrer dans la base militaire, pourquoi pas lui ? Maintenant qu'il savait, Jérémie ne s'étonnait plus de la montée en force du virus. Il s'alimentait dans une base nucléaire et était parvenu à s'adapter de manière à pouvoir absorber la puissance et la transformer en énergie. Il soupira en constatant qu'il ne parviendrait pas à abaisser les barrières de sécurité. Une treizième tour s'activa dans le territoire Forêt cette fois-ci. Il continua de pianoter longtemps, ses amis avaient sillonné les territoires trois fois sans rien trouver et il désespérait de parvenir à trouver une solution lorsqu'un nouveau bip se fit entendre. La dix-neuvième tour.
- Jérémie! Cria soudain Aelita.
-Qu'est ce qui se passe ? s'inquiéta aussitôt celui-ci.
- Je crois que j'ai trouvé quelque chose... Sur Lyoko, Aelita s'était figé devant la vision de la chose en question.
- quoi ? s'affola Jérémie, craignant le pire.
- Pas quoi, qui, annonça soudain une voix froide.
Sur les trois autres territoires, les adolescents se fichèrent, l'oreille tendue, une boule d'angoisse dans le ventre attendant la fin de ce silence qui paraissait interminable.
- Xana... Murmura soudain Jérémie.
Un rire glacial et mauvais lui répondit. Sur l'écran de Jérémie une fenêtre s'ouvrit, Aelita lui envoyait un visuel mais il n'y avait pas grand-chose à voir. Au milieu du sentier, devant les grands arbres se tenait une ombre humaine sans visage.
- que veux-tu? Hurla soudain Aelita.
- Mais ce que je veux toujours chère Aelita, le pouvoir.
A ces mots, Aelita recula de quelques pas, tandis que ses amis traversaient les territoires en catastrophe pour la rejoindre.
- Seulement, poursuivit le virus, j'ai trouvé un autre moyen de l'atteindre. Bientôt j'aurais enfin atteint mon objectif, je vais sortir de ce monde qui va s'éteindre et je régnerais sur la Terre. Et aucun de vous ne pourra m'en empêcher...
Il avança vers Aelita sui s'enfuit dans la direction opposée sans plus attendre mais elle entendit à nouveau ce rire cruel et fut soudain arrêtée par des monstres qui surgissaient de tous les côtés.
- Jérémie, paniqua Aelita.
- Je ne comprends, ils sortent de partout, bégaya le jeune homme.
L'un de ses écrans annexe l'informa de l'activation de la vingtième tour. Son regard parcourut l'écran principal. Yumi, Ulrich et Odd étaient bien trop loin pour arriver à temps. Des bips d'alertes annoncèrent l'arrivée d'autres monstres et la panique le submergea. Les trois nouveaux de la dernière fois étaient maintenant au nombre de cinq et ils encerclaient Aelita qui ne pouvait plus fuir.
- Aelita, murmura Jérémie la peur au ventre.
- Jérémie, cria soudain Ulrich. Jérémie, j'ai un problème.
- Je crois que ça va sentir le roussi chez moi aussi Einstein, ajouta Odd.
- Qu'est ce qui se passe ?
Un bip annonça l'activation de la vingt et unième tour juste avant la réponse d'Ulrich.
- Tu ne me croiras peut-être pas mais le territoire se dépixélise.
- Vous avez perdu, fit soudain la voix d'un ton triomphant.
- Jérémie ramène moi vite, cria Ulrich.
Mais Jérémie fixait l'écran, les yeux humides. Il voyait les nouveaux monstres s'attaquer à elle et il s'apercevait que les points de vie de la jeune fille ne baissaient pas.
- Que lui fais-tu? Hurla-t-il.
- Dis lui au revoir, c'est la dernière fois...
- Jérémie, cria Ulrich en même temps qu'Odd.
- Après tant d'années de lutte, j'ai enfin réussi, triompha Xana.
- Jérémie, je suis dans la forêt, j'arrive prêt d'Aelita, murmura soudain Yumi.
- C'est trop tard... Jubila Xana, j'ai déjà gagné.
- Jérémie, ramène moi.
- Einstein, fais quelque chose ! Hurlèrent Odd et Ulrich en même temps.
Les deux territoires se depixélisaient et ils allaient finir droit dans la mer numérique. Yumi avait quitté le sien juste avant que la tour de passage ne disparaisse et avait maintenant son overwing poussé à son maximum dans la direction d'Aelita. Mais devant son écran, Jérémie pleurait de rage. Les monstres avaient lâché Aelita, Yumi arriverait trop tard. Toutes ces années d'efforts et de recherches pour rien, il venait de tout bugger. Il vit les cinq monstres s'éloigner de leur victime tandis que des crabes prenaient leurs places. Il allait assister à l'exécution en direct d'Aelita. Les voix de ses amis ne cessant de l'appeler le ramena petit à petit à la réalité et il enclencha leur dévirtualisation. Il entendit leur pas sur l'échelle et ressentit leur présence derrière son siège. Il sentit une main se posait sur son épaule tandis que les crabes préparaient leur tir. Yumi était bien trop loin, elle n'arriverait jamais à tant et même si elle y parvenait, elle serait très vite dévirtualisée vu le nombre de monstres présents laissant Aelita sans défense.
- Dites lui au revoir... Murmura la voix menaçante.
Les premiers tirs partirent et les points de vie d'Aelita chutèrent sans qu'elle ne puisse rien faire.
- Jérémie... appela-t-elle à voix basse.
Celui-ci pleurait, il murmura le nom de la jeune fille. Xana ne pouvait pas gagner. Ils avaient lutté des années contre lui, et alors qu'il était faible, alors qu'il avait quasiment perdu, alors qu'Aelita allait devenir une véritable humaine, alors qu'ils allaient vraiment le vaincre, Xana avait retourné la situation. Et il allait les exterminer en commençant par Aelita. Les crabes chargèrent une deuxième rafale qui serait fatale à la jeune fille. Elle ne reviendrait pas, ces cinq nouveaux le lui avaient interdit. Ils l'avaient condamné. Soudain le corps d'Aelita s'éleva dans les airs sous les tirs désemparés des crabes qui la manquèrent. Aelita se retrouva peu après en sécurité sur l'overwing.
- Yumi... Si Elle avait été dans le monde réel, Aelita aurait pleuré de joie en la voyant.
La japonaise fonçait sous les tirs des crabes et des frelions qui la poursuivait.
- Jérémie, t'as intérêt à te bouger et trouver un moyen de ramener notre princesse, fit Odd. Yumi t'a fournit un répit mais elle ne tiendra pas longtemps.
- J'ignore même ce qu'ils lui ont fait précisément, soupira Jérémie.
- Plus vite tu t'y mettras, plus vite tu sauras.
-tu as raison Ulrich, laça Jérémie en commença à scanner les données qu'il avait.
Sur Lyoko, Aelita s'agrippait à Yumi en tentant de dégommer leurs poursuivants à l'aide de ses champs de forces. Yumi zigzaguait pour éviter les lasers mais elle entendait la voix de Xana qui lui parvenait.
-C'est inutile petite geisha et tu le sais. Pourquoi persiste-tu ? tu ne peux pas la sauver. Pourquoi risque-tu ta vie pour une autre qui ne peut pas être sauvée ? Te rends-tu compte que ton sacrifice est inutile...
- Jérémie va trouver. Il va la sauver, il n'y aura aucun sacrifice, pensa Yumi.
Dans le labo, sur terre, un bip résonna dans la haute pièce annonçant l'activation d'une nouvelle tour.
- J'ai déjà gagné, cria soudain Xana en riant fortement.
- Yumi, je sais comment l'arrêter, murmura Aelita. Prends le sentier à gauche.
Le chant d'Aelita résonna dans la forêt et un deuxième overwing apparut sillonnant leurs traces. Le chant continua et un arbre au tronc large poussa un peu plus loin en plein milieu du sentier. Yumi comprit et prit de la hauteur, arrivée à la hauteur de l'arbre, elle se stoppa et regarda l'illusion s'éloigner, emmenant avec elle les crabes et autres monstres. Peu après Yumi repartit dans la direction indiquée par Aelita. Elle arrivèrent bientôt devant une tour inactivée et les alentours étaient plus que calmes.
- Qu'as-tu l'intention de faire? Demanda Yumi tandis qu'elles descendaient de l'overwing.
- Tu te souviens, il y a un an à peine, j'ai découvert que je pouvais activer les tours depuis Lyoko.
- Oui mais on a découvert que c'était risqué et puis, que comptes-tu en faire, de ta tour activée ?
- Le seul moyen d'arrêter Xana c'est d'éteindre le super calculateur pendant qu'il est encore temps, expliqua Aelita en s'asseyant en tailleur devant la tour.
- Attend Aelita... murmura Yumi ayant peur de comprendre.
Soudain la tour devant elle changea de couleur et vira au rose. Yumi s'approcha et posa la main sur l'épaule de son amie qui la regarda d'un air suppliant.
- Même en activant cette tour tu ne peux rien faire.
Aelita saisit la main et secoua doucement la tête de gauche à droite. Yumi plongea ses yeux dans les siens et elle comprit alors son idée. Une idée compliquée, incertaine mais visiblement Aelita venait de placer son dernier espoir dans cette idée. Alors sans plus penser à son petit frère qui l'attendait au collège, sans évoquer le souvenir de sa mère, sans même croire qu'elle les reverrait un jour, sans espoir de revoir la terre une dernière fois, Yumi s'installa face à Aelita et saisit ses mains.
- Je suis désolé... articula cette dernière avec peine, un sanglot dans la gorge.
- Tu n'as pas à t'excuser.
Yumi ferma les yeux et son corps s'entoura d'un halo lumineux d'un blanc pur. Sur terre, Jérémie était plongé dans une mer de données et ne semblait pas s'en sortir. Odd fut obligé de l'interpeller plusieurs fois avant qu'il ne décroche de son écran. Le blondinet pointa le doigt vers l'un des multiples petits écran pour faire remarquer la tour activé. Jérémie fit un vague geste de la main disant qu'il savait.
- Mais Jérémie, celle là est rose... Ajouta Ulrich avec hésitation.
Aussitôt le jeune intellectuel releva la tête et fixa l'écran l'air ahuri, il ne mit pas longtemps à comprendre et se mit à parler à toute vitesse dans le micro.
- Aelita, qu'est ce que tu fais ? Aelita ? Yumi ? répondez moi ! tout va bien ? Les filles, répondez ?
La panique commençait à le submerger lorsqu'un grésillement se fit entendre, annonça la réponse des filles.
- Jérémie, Xana va gagner, il faut arrêter le supercalculateur, fit Aelita d'une voix indifférente.
- Pas question, il y a une autre solution, il suffit de la trouver.
- Tu sais très bien que nous n'en avons pas le temps, objecta la jeune fille aux cheveux rose.
- Bon sang, mais tu sais ce qui se passera si tu fais ça!
- Je ne veux pas que ma vie coûte celles de millions d'autres personnes.
- Ce ne sera pas le cas, je te le jure !
- Jérémie, ramène Yumi et éteins le super calculateur. Xana a activé une nouvelle tour, dans peu de temps on ne pourra plus rien faire.
- Pas question ! Trancha le bond.
- Tu ne me laisse pas le choix...soupira Aelita en mettant fin à la communication.
Jérémie cria son nom plusieurs fois mais n'obtint aucune réponse. L'intellectuel sauta à bas de son fauteuil et courut vers le monte-charge en expliquant aux garçons qu'elle allait tenter d'éteindre le super calculateur à l'aide de la tour activé pour les sauver tous.
- Mais comment va-t-elle s'y prendre ? interrogea Odd tandis que le monte-charge entamait sa descente. Tu nous as bien dis qu'elle n'avait pas assez de pouvoirs pour posséder quelqu'un ou d'autres trucs comme ça.
- Oui, mais apparemment elle a trouvé une autre solution.
- Mais laquelle? Demanda Ulrich.
- Et si c'était ... murmura Jérémie puis ses yeux s'agrandirent d'horreur. Elles sont complètement folles.
- Quoi ? s'exclamèrent Ulrich et Odd en même temps.
- Yumi...

Sur Lyoko, Aelita avait la gorge serré et saisit à nouveau les mains de son amie qui la regardait avec peine.
- Je savais qu'il ne voudrait pas.
- Aelita tu es sûre de ce que tu fais ? hésita Yumi.
- Nous n'avons pas le choix, c'est le monde qui courre un grave danger.
- Si tu es certaine alors...
Yumi ferma les yeux et entendit Aelita s'excuser une fois plus de lui demander une telle chose. Le halo blanc réapparut et elle visualisa la pièce du supercalculateur. Grâce à cette tour, par l'intermédiaire d'Aelita elle pouvait faire agir son pouvoir de télékinésie sur terre. Elle ouvrit les petites portes de la machine révélant la poignée et s'apprêta à l'abaisser lorsqu'une force contraire l'en empêcha. Elle comprit bien assez vite et murmura à Aelita que les garçons cherchaient à l'empêcher d'éteindre le supercalculateur. Son amie l'encouragea. Elle augmenta l'intensité de son pouvoir et sentit la manette s'abaisser légèrement mais pas suffisamment. Elle gagnait progressivement du terrain lorsque soudain quelque chose la percuta sur le côté gauche, elle perdit le contact avec Aelita et fut propulser à cinq mètres de sa position. Elle se redressa vivement et aperçu Aelita qui se relevait un peu plus loin. Devant eux se tenait Xana suivit de trois mégatanks. Yumi sortit ses éventails et se mit en position de combat.
- Petite geisha, tu ne peux rien contre moi.
Yumi prit un air déterminé et se mit à courir vers lui. Il ne broncha pas en revanche les mégatanks vinrent à sa rencontre. Elle les évita, ils n'étaient pas son objectif. Elle sauta dans les airs et balança ses deux armes qui fusèrent vers l'ombre qui rit. Les deux éventails atteignirent leurs buts, ils touchèrent leurs cibles et ils disparurent en elle mais ils ne réapparurent jamais laissant Yumi déconcertée et sans arme face aux trois mégatanks. L'un d'eux se tourna vers elle et arma son tir. Yumi s'éloigna rapidement en enchaînant les figures acrobatiques quand un champ de force vint toucher la boule de métal en son centre. Il explosa et son souffle déséquilibra Yumi dans une roue. Elle s'accroupit et regarda le deuxième approcher. Aelita était sous la menace du troisième. Les deux mégatanks armèrent leurs tirs et Yumi se jeta sur le côté, réussissant à éviter la lumière rouge qui lui aurait été fatale. Accroupit derrière un arbre, elle cherchait une solution mais la télékinésie l'avait épuisée. Elle voyait Aelita se défendre comme elle pouvait et soudain elle sentit ses derniers points de vies lui échapper. Elle eut tout juste le temps de se retourner afin de voir les cinq frelions qui l'avait pris en traître puis elle disparut du monde virtuel.
La porte du scanner s'ouvrit et une fumée blanche s'échappa. Peu après, Ulrich put voir Yumi qui était recroquevillée à l'intérieur. Il lui toucha l'épaule et elle gémit. Il l'aida alors à se relever et l'emmena au labo en la soutenant. Au moment où le monte-charge s'ouvrit, laissant voir la pièce, Jérémie cria. Un bip résonna et soudain tout se mit à trembler. Le jeune blond courut vers le monte-charge, y pénétra et appuya sur le bouton. Peu après, il abaissait la manette du super calculateur, les larmes aux yeux. Ses amis l'avaient rejoint et demandèrent ce qui se passait.
- Je n'avais pas le choix, articula Jérémie avec une voix qui se voulait indifférente. Il allait sortir du super calculateur, il allait gagner. Je n'avais pas le choix. Maintenant Xana est mort et enterré !
- Et Aelita ? murmura Yumi avec effroi.
- Elle n'était déjà plus de ce monde...
Yumi se laissa glisser à terre et ferma les yeux, une larme perlant à ses cils. Ulrich était bouche bée, Odd ne parvenait à croire ce que venir de dire Jérémie. Aelita serait... morte ?





Chapitre IV/ la fin ?

Allongé dans son lit, il pleurait. L'une des rares fois dans sa vie où les larmes s'échappaient de ses yeux. Lui, si guai, lui d'ordinaire si joyeux, au caractère taquin, à l'humour douteux mais qui parvenait à détendre tout le monde dans toutes les situations. Lui qui riait tellement, qui ne pouvait concevoir l'idée que le malheur était imbattable, lui qui pensait qu'une bonne blague pouvait permettre de remonter la pente. Mais ce soir il ne trouvait pas la blague, il ne trouvait pas le truc, il ne ressentait qu'une immense douleur au niveau de la poitrine. Pour l'une des rares fois de sa vie, Odd se sentait submergé par le malheur. Si une semaine auparavant on lui avait dit l'état dans lequel il allait se trouver ce soir, il aurait éclaté de rire. Mais la dure réalité était bien là. Il allait partir dans le sud sans espoir de revenir, Yumi allait les quitter également pour partir au Japon, en sécurité loin de son père et il y a à peine quelques heures, Jérémie avait éteint le super calculateur en leur annonçant la mort d'Aelita. D'autres coulèrent sur ses joues à la pensée qu'il ne reverrait plus jamais la jeune fille aux cheveux roses. Il avait toujours imaginé le jour où il éteindrait le super calculateur avec ses amis comme un jour de fête ou se mêlerait leurs rires, leur joie, leur soulagement. Le début d'une nouvelle vie, une vie comparable à celle de n'importe quel lycéen. Mais Aelita ne serait pas là pour voir à quoi ressemblait une telle vie. Il entendit quelqu'un murmurer son prénom et se tourna vers le lit voisin auquel il tournait le dos peu avant et montra sans honte son visage ravagé par les larmes. Ulrich était assis sur son lit, le regard vide fixé sur le blond. Depuis qu'ils étaient rentrés, il n'avait pas bougé d'un pouce. Les coudes appuyés sur ses genoux Il le regardait à présent avec un air implorant, comme s'il espérait que ce n'était qu'un cauchemar. Dans l'esprit d'Ulrich, les paroles de Jérémie revenaient sans cesse, Aelita n'était plus de ce monde. L'aube les trouva dans la même position et mécaniquement ils se levèrent et se rendirent au réfectoire. C'était le début du week-end. Malgré l'heure matinale, Yumi était déjà là, assise seule face à son plateau et elle mélangeait lentement le chocolat chaud de son bol, le regard terne. Ils s'installèrent avec elle mais elle ne leva même pas les yeux, elle se contentait de fixer le liquide et les tourbillons créés par sa cuillère. Jérémie ne tarda pas à les rejoindre, derrière ses verres, ses yeux étaient rouges de chagrin mais son visage arborait à présent une expression lointaine comme s'il n'était plus là. Sisi passa devant leur table et s'arrêta les toisant l'air hautain.
-Tiens, Mlle Einstein n'est pas avec vous ce matin ? Vous l'avez renvoyé chez elle ? jubila-t-elle.
Ulrich lui jeta un regard méprisant, celui d'Odd virait vers la haine et la jeune fille ne put s'empêcher de frissonner. Elle regarda une dernière fois Yumi qui n'avait changé en rien son attitude, Jérémie qui semblait la regarder sans vraiment la voir et les deux autres qui prenaient une expression de haine et de colère. Elle jugea bon de ne pas s'attarder, elle haussa les épaules et tourna les talons. Mais la colère qui était apparue en Ulrich ne disparue pas avec elle. Il tapa violemment la table de son poing et fixa Jérémie qui n'avait même pas sursauté, à vrai dire aucun d'entre eux n'avait réagi.
- Il faut faire quelque chose, cria-t-il.
- Il n'y a rien à faire, répondit Jérémie d'une voix blanche qui n'était pas la sienne.
- Comment peux-tu le savoir tu n'as même pas chercher, s'emporta Ulrich. On ne t'appelle pas Einstein pour rien quand même alors bouge toi et trouve là, elle ne peut pas être morte. C'est impossible.
Le discours sembla faire réagir Jérémie et lorsque Ulrich acheva son hurlement Jérémie se leva brusquement et sa chaise tomba par terre. Son visage prit alors les marques de la colère et il s'emporta à son tour.
- Et que crois-tu que j'ai fais toute la nuit? Tu penses que j'ai dormi comme en bébé en sachant qu'elle n'est plus là ? J'ai déjà cherché Ulrich, j'ai déjà tout parcouru, je n'ai fait que ça depuis qu'on est rentré. Crois moi, j'ai tout retourné cent fois, non mille fois dans ma tête alors je peux t'affirmer qu'il n'y a plus rien à faire ! Hurla Jérémie, les larmes se mettant à couler sur ses joues blêmes. Elle est partie, elle ne reviendra plus jamais, plus jamais tu entends !
Et il s'enfuit du réfectoire laissant Ulrich pâle et désappointé. Yumi qui avait levé les yeux lors de l'affrontement les baissa à nouveau sur son chocolat désormais froid et reprit son manège. Odd la regarda un instant puis fixa Ulrich qui se levait pour sortir à son tour. Une fois son ami disparu, il reporta son regard sur son plateau presque vide, sachant qu'il ne toucherait pas au peu de nourriture qu'il avait pris. Il entendait la cuillère de Yumi frappait doucement le bol de temps à autre et il releva la tête.
- On dirait que c'est la fin, murmura-t-il comme pour lui-même sans détacher ses yeux de la japonaise.
Le silence s'installa entre les deux amis et Odd regarda le ciel bleu dehors et le soleil qui ne parvenait même pas à illuminer leur journée bien triste. Bercé par les tintements réguliers, il se laissa aller aux souvenirs qui le submergeaient. Il se revoyait il y a à peine cinq mois traînant dans les rues avec Aelita, à la recherche d'un cadeau de noël pour Jérémie. Il la voyait encore rougir tandis qu'il énonçait ses idées farfelues. Il avait même osé proposer des bagues de fiançailles et elle avait répliqué en le tapant gentiment sur l'épaule puis avait prit un air plus grave, surprenant Odd qui lui en avait demandé la raison. Elle avait sourit faiblement en disant que Jérémie n'était pas prêt de se fiancer, avec elle ou qui se soit et qu'elle trouvait cela tellement triste. Son sérieux l'avait surpris et il avait finit par demander pourquoi. Jamais il n'avait eut de réponse, Aelita l'avait pris par la main et entraîné dans un magasin qu'il ne connaissait pas. Elle avait très vite retrouvé son air joyeux et riait à ses blagues mais il avait bien vu au fond de ses yeux, cet air grave qui ne la quittait plus.
Odd sortit soudain de ses songes en s'apercevant que le tintement régulier avait cessé. Son regard se posa sur Yumi qui continuait de fixer le liquide, elle ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'il se stoppe dans le récipient et dans un geste brusque, d'une violence qu'il ne lui connaissait pas elle projeta son plateau sur le mur proche qui s'écrasa dans un bruit de vaisselle cassée. Elle se leva et ses yeux croisèrent alors les siens. Il y trouva avec surprise une détermination sans borne. Une volonté, une force étrange semblait s'être emparée d'elle. Son visage était décidé et elle le fixa quelques secondes avant de murmurer.
- Aelita n'aurait pas voulu ça...
Elle marcha alors vers la sortie, droite et fière. Elle traversa le réfectoire le plus dignement possible et sortit en claquant la porte laissant Odd seul à la table et étonné. Il se leva et emboîta le pas de son amie.
Dehors le soleil brillait comme il brille rarement mais il lui semblait si pâle. D'un pas mécanique il se dirigea vers l'usine et s'arrêta un instant, la contemplant figé sur le pont. De l'extérieur, elle avait l'apparence d'une usine délabrée, un simple bâtiment abandonné mais ce qu'ils y avaient trouvé à l'intérieur avait dépassé leur imagination. Il marcha doucement et prit la corde entre ses mains. Il regarda fixement vers le bas en repensant au nombre de fois incalculable où ils étaient descendus le plus rapidement possible afin d'aller combattre Xana. Odd se laissa glisser et atterrit en souplesse sur le sol. Le bruit de ses pas résonna dans l'immense pièce et il observa un instant le haut toit de fer. Il atteignit le monte-charge et sa main trembla légèrement en pressant le bouton rouge qui enclencha l'ascenseur. Il vit le rideau de fer se fermer devant lui et il entama la descente. Dans un bruit familier, les portes s'ouvrirent sur le labo et Odd y pénétra avec lenteur. Il revoyait encore Jérémie foncer s'asseoir dans ce fauteuil jaune en leur criant d'aller aux scanners le plus rapidement possible. Son regard se fixa un instant sur l'écran noir et eut un pincement au cœur lorsqu'il crut y voir apparaître le visage d'Aelita, une vision fugitive et douloureuse. Il se rendit à la salle des scanners et s'assit sur le seuil de l'un d'eux. Le visage entre les mains il revisionnait toutes ses scènes, toutes ses aventures qu'ils avaient vécues ensemble. Il repensait à leur espoir de voir Xana détruit un jour. Ce jour était arrivé mais sans Aelita. Au bout d'une trentaine de minutes, il se releva et descendit le dernier étage. Les portes du monte-charge s'ouvrirent sur la salle du super calculateur. Il le contempla, adressant un adieu silencieux à Aelita. Il s'approcha et sa main caressa la machine, frôlant la poignée de mise en marche abaissée par Jérémie la veille.
- Qu'est ce que tu fais?
La voix dure de Jérémie le fit sursauter et il vit son ami dissimulé dans un coin d'ombre de la pièce. Le jeune intellectuel arborait un air froid et presque cruel.
- Je lui disais adieu, murmura Odd.
Le silence s'installa dans la pièce et Odd se sentit mal à l'aise. Jamais il n'avait vu son ami ainsi. La perte d'Aelita l'avait plus que touché, elle l'avait anéanti. Odd finit par partir, préférant laisser Jérémie lui dire au revoir à sa façon. Il atteint la salle cathédrale dans un soupir. Qu'allait-il se passer maintenant? Il remonta sur le pont et prit le chemin du parc sans passer par les égouts. Il se balada en forêt, parcourant des kilomètres sans s'en rendre compte. A un moment, il atteignit l'Hermitage et il revit les scènes vécues, la fois où Ulrich et Yumi y avait été enfermés après qu'ils aient été attaqués par le mobilier, les souvenirs qu'Aelita y avait retrouvé, la trouvaille de Mister Puck et tant d'autre chose. Il fit demi-tour en soupirant et aperçut le collège Kadic un peu plus tard. Assis sur un banc isolé, il vit Ulrich seul, plongé dans ses pensées. Il le fixa un instant et entendit la voix de Sisi. Nombreuses vannes qu'il lui avait balancé lui revinrent en tête et ses épaules s'affaissèrent. Malgré que cette fille soit une peste, elle avait permis de construire des souvenirs formidables avec ses amis. Elle, abordant Ulrich puis se faisant rabrouer, puis la remarque inévitable sur l'amour inavoué d'Ulrich pour Yumi qui les faisaient rougir, inévitablement lorsqu'il voyait Aelita et Jérémie rigoler aussi, Odd ne pouvait s'éviter de leur faire remarquer qu'elle et Jérémie étaient dans le même cas et il se retrouvait souvent pourchassé par les quatre adolescents pour avoir dit ce qui était sûrement une vérité. Des souvenirs, était-ce tout ce qu'il lui restait d'Aelita et des autres désormais ? Il abandonna Ulrich aux pattes de Sisi et s'éloigna. Il finit par sortir du parc et se dirigea vers les dortoirs, épuisé. En marchant il leva les yeux vers le bâtiment et là-haut sur le toit, il aperçut une silhouette familière. Il monta toutes les marches et trouva la porte de fer qui donnait sur le toit, entrouverte. Il la poussa et assise sur le bord du bâtiment, les jambes se balançant dans le vide et les cheveux au vent, il reconnut Yumi. Il vint s'agenouiller prêt d'elle et posa la main sur son épaule mais son amie ne tourna même pas la tête, le regard perdu vers l'horizon.
- Qu'est ce que tu fais ici, Yumi ?
- Je cherche à comprendre...
- Ne te torture pas la tête inutilement, ça ne sert à rien.
- Si seulement j'avais vu ces frelions...
- Tu ne pouvais rien faire.
- Bien sûr que si ! J'aurais pu la protéger, j'aurais du la protéger...
- Yumi, tu te torture pour rien, ça ne la ramènera.
La jeune fille tourna la tête vers lui et il planta ses yeux humides dans les siens.
- Je n'arrive pas à réaliser qu'elle n'est plus là Odd. J'ai l'impression qu'elle va apparaître d'un instant à l'autre avec son sourire en faisant un signe de la main. J'ai l'impression que je vais me réveiller dans sa chambre et qu'elle va me prendre dans ses bras en me disant que tout ça n'était qu'un cauchemar, un stupide cauchemar. Odd, dis-moi que c'en est un. S'il te plaît dis-moi que rien de tout ceci n'était réel.
Devant le regard implorant de son amie d'ordinaire si forte, Odd eut la gorge nouée.
- Je suis désolée Yumi, articula-t-il avec peine.
Il vit alors une larme rouler sur la joue de Yumi et il la prit dans ses bras, ne pouvant rien faire d'autre pour alléger sa peine. Ils restèrent longtemps comme ça, les bras de Yumi dans son dos le serraient comme si sa vie en dépendait. Il sentit soudain une goutte couler sur sa joue et il leva les yeux au ciel. Le temps s'était couvert, les nuages gris avaient recouvert le ciel bleu et l'orage menaçait.
- Viens, rentrons avant l'averse.
Il aida Yumi à se relever et la conduisit à l'intérieur du bâtiment. Ils pénétrèrent dans la chambre du jeune homme et la jeune fille s'installa sur l'un des deux lits sous la demande d'Odd. Elle s'endormit peu après sous le regard triste et inquiet de son ami. Il ouvrit la fenêtre, dehors l'air était lourd. Il s'y installa et observa le ciel gris qui s'illuminait parfois d'un éclair. Au bout d'une bonne heure, la pluie se mit à tomber avec force, Odd tourna la tête en entendant la porte s'ouvrir et son regard rencontra celui d'Ulrich, les cheveux plaqué sur le crâne, les vêtements collés à la peau tellement il était trempé. Le regard du brun alla d'Odd à Yumi puis il se dirigea vers son placard pour prendre des affaires sèches.
- Je vais prendre une douche, je reviens après, signala-t-il avant de sortir.
Odd tourna de nouveau les yeux vers le ciel et un coup de tonnerre retentit. Serait-ce un mauvais présage ? Il remarqua que dans la cour, tous s'étaient précipités vers les bâtiments proches pour s'abriter de l'averse. Son réveil lui indiqua qu'il était l'heure d'aller se coucher, l'orage avait caché le coucher du soleil et il était maintenant plus de dix heures. Odd descendit de la fenêtre et le referma. Il se changea rapidement avant de se glisser dans les draps sans pour autant s'allonger. Ulrich pénétra pour la deuxième fois dans la chambre et fixa un instant son lit occupé par Yumi. Il plongea son regard dans celui d'Odd et sans un mot, il se glissa dans ses couvertures prêt d'une Yumi toute habillée. Odd eut un petit sourire à la pensée de Yumi qui se réveillerait le lendemain dans le lit d'Ulrich avec le brun à ses côtés. Si cela pouvait suffire à l'apaiser un peu. Il éteignit la lumière et posa la tête sur son oreiller. Ayant l'esprit agité, il pensait ne pas pouvoir dormir cette nuit là, mais ces deux derniers jours sans sommeil eurent raison de lui et d'Ulrich comme ils avaient déjà eut raison de Yumi. Sa dernière pensée fut pour Jérémie dont il ne doutait pas de la présence constante prêt du super calculateur. Lorsqu'il s'éveilla, tôt le lendemain, un autre petit sourire apparut sur ses lèvres. Dans le lit d'à côté, Yumi dormait la tête sur le torse d'Ulrich et le bras de celui-ci lui entourant les épaules. Sans bruit il se leva et alla se doucher. Il passa dans la chambre de Jérémie et comme il s'en doutait, trouva le lit parfaitement fait, preuve que Jérémie n'avait pas dormi là cette nuit. Il se rendit à l'usine sans passer par le réfectoire et eut la surprise de la trouver vide. Où donc était Jérémie maintenant ? Après avoir fait tous les étages à sa recherche, il soupira et sortit de l'usine sans savoir qu'en bas, le labo était remis en marche...





Chapitre V/ retour ?


Le temps était toujours le même, gris, pluvieux, maussade remarqua Yumi en ouvrant les yeux le lendemain matin. Elle s'apprêtait à se lever lorsque sa jambe en rencontra une autre. Elle s'immobilisa et leva les yeux qui se posèrent sur le visage endormi d'Ulrich. Elle se rappela alors les événements de la veille et soupira doucement. Elle resta un long moment à contempler le jeune homme, si longtemps qu'il finit par ouvrir les yeux.
Ulrich émergea lentement des brumes du sommeil et la première chose qu'il vit, ce fut les yeux de Yumi dans lesquels il se perdit un instant. Etrangement ce matin là, en sentant la jeune fille tout contre lui, son bras sur ses épaules, il ne rougit pas. Il se sentait presque bien. Mais la disparition d'Aelita lui revint brusquement en mémoire et il se redressa en abaissant les paupières. Il balança la couverture plus loin sur le lit et se leva en passant la main dans ses cheveux d'un geste las. Il sentait le regard implorant de Yumi sur lui et il ne put y résister. Il vint se rasseoir prêt d'elle et la prit dans ses bras. La voir ainsi, plus pâle que la mort, les yeux emplis d'une infinie tristesse et d'une détresse sans fond lui arrachait le cœur. Il sentit ses larmes silencieuses mouiller son tee-shirt et il la serra davantage contre lui. Il ne voulait pas qu'elle parte et qu'elle disparaisse à son tour. Il ne voulait plus perdre les gens qu'il aimait et surtout pas elle. Si elle partait aussi, il ne s'en remettrait pas. La porte s'ouvrit soudain sur un Odd angoissé. Il relevèrent la tête et d'un revers de main, Yumi essuya ses larmes.
_Je ne trouve pas Jérémie, murmura le blond.
_ Il a dut s'isoler, répondit Yumi d'une voix faible. C'est encore plus dur pour lui que pour nous.
_ Je l'ai vu hier à l'usine mais il n'y est plus, et son lit n'est pas défait. Je m'inquiète pour lui, continua Odd sans avoir vraiment prêté attention aux paroles de Yumi.
Cette dernière se leva et lui fit face. Son regard se fit lointain quelques secondes puis elle finit par dire à voix basse :
_Cherchons le ensemble. Il va avoir besoin de nous.
Ils sortirent de la chambre et fouillèrent tout le lycée sans trouver l'intellectuel. L'usine était leur second objectif mais sur le chemin Yumi décida d'aller faire un tour à l'Hermitage.
_On le trouvera plus vite si on se sépare, affirma-t-elle. J'irais à l'Hermitage, vous filez à l'usine et on peut peut-être chercher dans le parc.
_Je m'occupe du parc, lâcha Odd.
Ulrich approuva d'un signe de tête et descendit l'échelle qui permettait l'accès aux égouts sous leurs regards inquiets. Puis Yumi prit la direction de la vieille maison sans plus attendre mais en arrivant devant celle-ci, elle s'aperçut vite qu'il y régnait une agitation étrange. Elle y pénétra avec prudence, dans le hall d'entrée tout était calme et il en était de même dans le salon et la cuisine. Un bruit sourd la fit soudain sursauter et elle leva les yeux vers le plafond. Il y avait quelque chose à l'étage. Elle monta les marches en silence, demeurant méfiante, une boule d'angoisse lui nouant l'estomac. Arrivée en haut de l'escalier, elle longea le couloir, attentive au moindre bruit mais elle savait déjà d'où était venu le bruit. La porte de l'ancienne chambre d'Aelita était légèrement entrouverte et Yumi la poussa davantage pour distinguer l'intérieur de la pièce. Au premier regard, elle ne vit rien, puis en regardant mieux elle remarqua l'armoire renversée, les étagères vidées et elle perçut un sanglot. La porte s'ouvrit alors complètement et elle vit Jérémie recroquevillé sur le lit de son amie disparue, le regard fixe et vide. Elle vint s'asseoir à côté de lui et posa une main sur son épaule, mais le garçon ne réagit pas. Elle murmura alors des paroles d'une voix apaisante et peu à peu, il lui sembla que Jérémie reprenait pied à la réalité. Il leva des yeux désespérés vers elle et elle sentit son cœur se serrer davantage. Elle le prit dans ses bras et s'excusa la voix tremblante.
_ Je suis désolé, Jérémie, pardonne moi, je n'ai pas pu la sauver. Je n'ai pas su mener à bien la mission que tu nous as confiée. J'aurais du la protéger.
Elle sentit soudain les épaules de son ami s'affaisser puis ses bras l'enlacer. Il la serra fort contre lui et enfouit son visage dans son cou. Elle sentit l'une de ses larmes rouler sur sa peau et ferma les yeux en continuant mentalement à le supplier de lui pardonner. Jérémie finit par se dégager et baissa les yeux.
_Yumi, il faut que je te dise quelque chose, c'est important, il faut que tu sache que...
A ce moment la sonnerie d'un portable résonna dans la pièce, coupant Jérémie dans sa phrase. Yumi décrocha et blêmit en entendant les paroles d'Ulrich qui été paniqué à l'autre bout. Elle tendit l'appareil à Jérémie et celui-ci l'approcha de son oreille avec crainte.
_Jérem', c'est moi. Ecoute bien, commença Ulrich d'une voix essoufflée. Tu ne vas peut-être pas me croire mais je reviens de l'usine, le labo est en marche, je crois que Xana y est pour quelque chose car j'ai vu ...
La communication s'interrompit soudainement et Jérémie fixa le téléphone, l'air perdu. Xana, en vie ? impossible, il avait coupé le super calculateur avant l'activation de la dernière tour qui lui était indispensable. Il tendit le portable à Yumi et se leva silencieusement. Il enjamba les nombreux objets qui jonchaient le sol et arrivé sur le seuil, se tourna vers le lit. Yumi soupira et le rejoignit, un air las et douloureux sur le visage. Elle rejoignit Jérémie et ils marchèrent l'un à côté de l'autre silencieusement jusqu'à la porte qui menait aux égouts. En descendant les marches, Yumi finit par poser la question qui lui compressait le cœur.
_Est-il possible que Xana soit encore en vie ?
_ Totalement impossible, répondit Jérémie d'un ton froid, pour la simple et bonne raison qu'il avait besoin des vingt-cinq tours pour ne plus être dépendant du super calculateur et je l'ai éteint avant qu'il n'active la dernière. Il n'a pas pu en réchapper. Je ne sais pas ce que Ulrich a vu mais ça m'étonnerais que ça vienne de Xana.
Yumi resta silencieuse, espérant de tout son cœur que son ami avait raison. Un cri résonna soudain dans les tunnels et ils se stoppèrent en reconnaissant la voix d'Odd. Puis ils se mirent à courir aussi vite qu'ils le pouvaient dans sa direction, redoutant ce qu'ils y trouveraient. Puis au détour d'un des tunnels, ils le trouvèrent étendu au sol, inanimé. Ils s'approchèrent rapidement et constatèrent qu'il avait de multiples brûlures et égratignures sur tout le corps.
_C'est superficiel, constata Jérémie.
_ Aide moi, nous allons le porter jusqu'au labo.
Un bras autour de chaque épaule, ils reprirent leur route.
_ Que s'est-il passé selon toi ? demanda Yumi.
_ J'aimerais bien le savoir.
Après avoir hissé Odd sur le pont avec beaucoup de peine et pénétré dans l'usine, il appuyèrent sur le bouton du monte-charge, déposant Odd au sol et soufflant un peu. Yumi sortit son portable, inquiète pour Ulrich. Elle composa le numéro de mémoire et porta l'appareil à son oreille mais au bout de la dixième sonnerie, elle dut se rendre à l'évidence, il ne décrocherait pas. Après avoir porté Odd dans le labo et installé dans un coin, Jérémie s'installa dans le fauteuil et, Yumi derrière lui, commença à pianoter les touches de l'ordinateur. Il soupira quelques secondes plus tard et se tourna vers la jeune fille.
_ Descends, j'aimerais que tu vérifie mais Ulrich doit s'être trompé car d'ici, rien ne signale que le super calculateur, ni même les scanners sont activés.
Après un hochements de tête, la japonaise tourna les talons et pénétra dans le monte-charge. Les portes métalliques se refermèrent sur elle et Jérémie laissa échapper un nouveau soupir en reportant son regard sur l'écran. Plus jamais il n'y verrait le visage d'ange aux cheveux roses. Son ange n'y apparaîtrait plus. Une larme perla à ses yeux et il l'essuya d'un revers de main rageur. Un gémissement le fit se retourner et il vit Odd s'agiter sans pour autant se réveiller.
_ Jérémie.
La voix de Yumi résonna dans son micro et il attendit les confirmations qu'ils attendaient d'elle.
_Ni les scanners, ni le super calculateur ne sont en état de marche mais par contre, je peux te dire qu'il y a eu de la bagarre dans la salle des scans. Deux d'entre eux sont complètement hors d'usage, dont un coupé en deux par je ne sais pas quoi. Le troisième n'a pas eu de grand dommage si ce n'est des égratignures, par contre il est fermé.
_Fermé? S'étonna Jérémie.
Jérémie tapa sur son clavier et s'aperçut vite que le scanner contenait quelque chose de bien vivant. Il informa Yumi de sa découverte et celle-ci lui affirma qu'il pouvait l'ouvrir, elle s'occupait de ce qui était à l'intérieur. Jérémie tapa la procédure d'ouverture puis se pencha sur la façon dont celui-ci avait été fermé. Il chercha dans les historique et trouva ce qu'il cherchait.
Dimanche 12avril, 9h21, fermeture manuelle scanner n°3.
_Jérémie, nous venons de retrouver Ulrich et il est dans le même état qu'Odd.
_ J'arrive.
Jérémie sauta à bas de son siège et fonça vers le monte-charge. Il parvint rapidement à la salle d'en dessous et aida son amie à porte le jeune brun, inconscient.
_Il a dut s'enfermer dans le scanner pour se protéger, fit Jérémie en réfléchissant.
_ Oui, mais de quoi ? interrogea Yumi.
Question pertinente à laquelle il n'avait encore pas de réponse.
_Il va falloir attendre qu'ils se réveillent.
Ils remontèrent et Jérémie se réinstalla devant son ordinateur tandis que Yumi reposait délicatement Ulrich au sol, prêt d'Odd. Elle retourna ensuite prêt du blond à lunette et se pencha par-dessus son épaule. Elle constata qu'il sillonnait les historiques à grand vitesse, ses yeux lisant les lignes informatique à une allure démente. Elle murmura doucement un "alors?" auquel Jérémie répondit par un grognement incompréhensible ! Il termina la page puis se tourna vers Yumi qui attendait patiemment ses conclusions. Un énième soupir s'échappa de sa gorge et il se pencha en avant, ses coudes prenant appui sur ses jambes, les yeux rivés au sol.
_Il n'y a pas d'explication logique. Xana a bel et bien disparu mais l'historique informe que le labo a été réactivé hier au soir. Je pensais que c'était parce qu'il dirigeait également le reste de l'usine mais ça n'explique pas pourquoi Ulrich et Odd se sont fait agresser.
_ Et pour Xana, tu es sûr et certain ?
_ Je ne vois pas comment il aurait fait, pour sortir du supercalculateur il lui fallait énormément de puissance qu'il a finie par trouver dans cette usine nucléaire. Mais il lui fallait la rassembler et pour cela il a activé les tours, vingt-cinq c'est de ce nombre là dont il avait besoin. Pas une de plus, ni une de moins. Lorsque J'ai éteint le super calculateur, il venait d'activer la vingt-quatrième. Il n'en avait pas encore assez pour sortir et en coupant Lyoko, je l'ai condamné avec lui.
_Je vois, dans ce cas il s'agit d'autre chose, murmura Yumi.
_ Mais je n'arrive pas à savoir quoi... ajouta Jérémie d'une petite voix en relevant la tête.
Une fenêtre s'ouvrit soudain sur l'écran de Jérémie qui l'agrandit aussitôt. Cette image était filmé en direct par une des caméras surveillances de l'usine. Ils y distinguèrent une ombre qui s'avançait lentement puis aperçurent une fine silhouette féminine au visage familier.
_Mon Dieu, mais c'est... la gorge nouée, Yumi ne put finir sa phrase.
Le visage de Jérémie se durcit et prit un air cruel, mauvais. Il entendit Yumi s'élancer tandis que la silhouette à l'écran s'était stoppée au milieu de la grande salle et la fouillait des yeux d'un air perdue.
_N'y va pas, murmura Jérémie en lui attrapant le bras.
En voyant l'air de son ami, la jeune fille prit peur et s'arracha à son étreinte. Ils entendirent un prénom prononcée d'une voix douce provenant des enceintes de l'ordinateur. La jeune fille appelait quelqu'un.
_C'est elle, murmura Yumi, ses yeux s'illuminant.
_ Non, elle est morte cria Jérémie d'une voix colérique. Ce n'est pas elle.
_ Comment pourrais-tu le savoir, tu n'es même pas allé vérifier ? Regarde bien, je te dis que c'est elle.
_ Non, c'est une illusion. Elle est morte, je l'ai vu mourir. Je sais ce qui s'est passé... Jérémie se tut soudain et détourna les yeux. Yumi ne chercha pas plus loin et détala. Le monte-charge escalada les étages ; Jérémie fixait les portes d'un air effrayé. Son regard se dirigea vers l'écran et il vit la jeune fille qui regardait à présent la caméra, il eut l'impression qu'à travers elle, elle le voyait. Il entrevit le sourire machiavélique sur ses lèvres et la lueur maléfique dans ses yeux. Il se précipita vers son micro.
_Yumi, je t'en supplie n'y va pas, ce n'est pas elle.
Mais trop tard, les portes s'ouvraient déjà sur la Japonaise qui faisait face à celle qu'elle avait cru être Aelita. Même si celle-ci lui ressemblait sur un vieil écran noir et blanc de caméra, en face la dure réalité frappa Yumi. Devant elle se tenait une fille aux cheveux roux et aux yeux d'un bleu nuit profond. Elle n'eut pas le temps d'en voir plus car celle-ci l'attrapa par le cou et la coinça contre le mur du fond du monte-charge. Yumi se sentit soulevée du sol, ses pieds quittèrent la terre et elle commença à suffoquer. Des doigts cruels se crispèrent davantage sur sa gorge et elle eut l'impression que ses poumons s'enflammaient. Sa vue se brouilla et elle pensa ironiquement que sa dernière image serait celle d'une Aelita vivante mais mauvaise. Elle chercha l'oxygène mais ses poumons ne se remplissaient plus, une larme de rage coula sur sa joue, elle fendit l'air de ses pieds tentant de frapper son agresseur mais il semblait hors de portée. Puis soudain la pression disparut et Yumi glissa le long du mur et se retrouva au sol. Elle leva les yeux et vit la silhouette de Jérémie, une barre de fer à la main, devant un corps inanimé. Il laissa tomber la barre et se précipita sur Yumi, l'aidant à se relever. Cette dernière, une main sur sa gorge en feu reprenait son souffle. Elle murmura un merci étranglé suivit d'un pardon. Jérémie ne fit aucun commentaire.
_Il faut partir d'ici avant qu'elle ne se réveille. Je ne sais pas qui elle est mais elle n'est pas de notre côté.
_ Ulrich ...et Odd ? articula Yumi.
_ Allons les chercher.
Le monte-charge redescendit et ses portes de fer s'ouvrirent de nouveau sur le labo. Jérémie poussa un hoquet de surprise et Yumi recula jusqu'à la paroi du fond.
_Stupide humain, vous avez vraiment cru m'avoir tué. Vous êtes encore plus idiots que je ne le croyais...
La voix provenant du fauteuil de Jérémie était froide et mauvaise. Il leur tournait le dos et ils ne voulaient même pas tenter de voir son vrai visage.
_Xana, murmura Jérémie.
_ C'est le nom que l'on m'a donné il y a très longtemps.
_Comment as-tu ...
_Pour qui me prends tu Jérémie ?
_ Tu n'es qu'un virus informatique, tu n'as pas ta place ici.
_ Je ne suis plus un virus, j'ai évolué. Mais tu as raison, sur un point, je n'ai pas ma place ici. Aussi...vais-je m'en créer une, ajouta Xana.
Un mouvement sur la gauche fit savoir à Yumi et Jérémie qu'Ulrich était en train de reprendre conscience. Ils n'osèrent faire un geste mais soudain l'usine trembla sur ses fondations. Yumi esquissa un geste vers les garçons mais la voix l'arrêta.
_Avant que vous ne tentiez quoi que ce soit, je dois vous avertir.
_Nous avertir ? répéta Jérémie tandis que la voix s'interrompait.
Ils jetèrent un coup d'œil vers Ulrich qui les regardaient sans comprendre. Yumi porta l'index à ses lèvres pour lui faire comprendre qu'il ne devait pas faire de bruit.
_C'est déjà trop tard. Lança soudain Xana en se tournant vers eux.
Un visage hideux, répugnant se présenta à eux. Ils reculèrent davantage et l'usine recommença à trembler, plus violemment qu'avant. Des morceaux de plafond tombaient, les murs s'ébréchaient, une force invisible les poussa soudain dans le monte-charge et Jérémie eut juste le temps de crier à Ulrich de mettre Odd en sécurité avant que les portes ne se referment sur lui et Yumi. La machine entama sa montée bien plus rapidement que d'ordinaire. Yumi se rapprocha de Jérémie qui lui prit la main en regardant l'habitacle d'un air peu rassuré. La machine se stoppa brutalement, les faisant tomber au sol. Mais les portes ne s'ouvrirent jamais. Un bruit leur parvint et une expression horrifiée apparut sur leurs visages.
_Ils s'attaquent aux câbles, déclara Jérémie.
Peu après le monte-charge entamait une virée aux enfers, emportant les deux adolescents avec lui.

Dans le labo, Ulrich s'était jeté sur Odd et l'avait mis sur ses épaules. Il suivait de suivre les dernières directives de Jérémie mais fut bien vite stoppé par leur ennemi de toujours. Il fut propulsé contre le mur par une force invisible et Odd tomba à terre.
_ Tu n'es qu'un humain, stupide comme tous les autres.
Malgré le dégoût que cet être lui inspirait, Ulrich s'élança et le ceintura, le faisant tomber sous lui. Mais il ne garda pas le moindre avantage. Comme auparavant, une force l'envoya valser au loin et le choc contre le mur lui donna la sensation de se briser la colonne vertébrale.
_Vous m'avez pourri la vie pendant toutes ces années, ne crois pas que je vais vous épargner maintenant.
Le brun sentit une main sur son cou puis il eut la sensation que ses pieds décollaient du sol. Il jeta un regard et s'aperçut que c'était plus qu'une sensation. Le tenant à bout de bras, Xana l'envoya à l'autre bout de la pièce et Ulrich heurta durement le sol. Il se releva en voyant Xana arriver et prit une position de combat qui fit rire son ennemi. Il entendit soudain un cri et son regard se dirigea machinalement vers les portes close du monte-charge.
_Tes amis viennent de quitter ce monde...
Les yeux d'Ulrich s'agrandirent sous le coup puis la colère, la haine, la rancœur envahirent tout son être et c'est avec rage qu'il se lança sur l'être immonde qui riait de son action. Mais il ne parvint pas à le frapper, trop rapide, trop agile. Il se retrouva bientôt à terre mais se releva décidé à se battre jusqu'au bout. Mais au bout d'un quart d'heure de combat, la volonté du samouraï faiblissait. Il tenta de faire l'effort de se relever une dernière fois mais un poids se fit sentir entre ses omoplates et une main saisit son bras, le lui tordant dans le dos l'immobilisant visage contre le sol froid. Il sentit le souffle putride de l'être ignoble sur sa joue et ses paroles se répercutèrent dans sa tête.
_Je vais t'envoyer rejoindre ta geisha mais comme je suis généreux, je te laisse une dernière volonté.
_ Va en enfer, répliqua celui-ci d'une voix pleine de hargne.
La pression sur le bras d'Ulrich se relâcha peu après qu'un bruit mat eu retentit dans la pièce. Il se leva et vit Odd qui lui tendait la main.
_Allons nous en avant qu'il ne soit trop tard.
Et sans poser de question, les deux amis prirent la direction des égouts pour sortir de cette usine qui abritait la chose qu'ils avaient toujours redoutée, l'être Xana en chair et en os...





Chapitre VI/ pertes

Au fond du puits de l'usine, des planches bougèrent et des toussotements se firent entendre. Une silhouette recouverte de poussière repoussa les débris qui la recouvrait et saisit son bras gauche de la main droite dans un gémissement. Elle se dégagea complètement et parcourut l'espace restreint des yeux.
_Yumi ?
La voix de Jérémie était faible et tremblante. Il grimaça en sentant la douleur lui parcourir tout le bras et pensa qu'il se l'était probablement cassé ce qui, après une telle chute, pouvait probablement être considéré comme une chance. Il se remémora la position de son amie avant la chute et se mit à dégager les débris aussi vite qu'il le pouvait pour découvrir enfin le visage pâle et blessé de la japonaise. Il caressa sa joue délicatement, espérant qu'elle se réveillerait mais la jeune fille n'eut aucune réaction. Il commença à dégager le reste de son corps et lorsque ceci fut fait, il la saisit par l'épaule. Aussi doucement que possible, il la secoua. Ils ne pouvaient pas rester ici, ils n'étaient pas en sûreté. Au bout de quelques minutes qui parurent interminables à Jérémie, Yumi battit des paupières et gémit. Elle ouvrit totalement les yeux et fixa Jérémie un instant sans comprendre. Elle tenta de se redresser mais c'est comme si un courant électrique lui parcourait le dos. Elle grimaça et bougea doucement les jambes et les bras avant d'essayer de se redresser de nouveau.
_Rien de cassé ? s'inquiéta Jérémie.
_ Je ne crois pas et toi, ça va ?
_ Je pense que mon bras s'est brisé durant la chute.
_Sortons d'ici. Tu pense pouvoir monter l'échelle pour sortir d'ici ?
_Je ne vais pas avoir le choix, marmonna Jérémie.
_ Attend.
Sous les yeux stupéfaits du blond, Yumi arracha les deux manches longues de son pull et les noua ensemble. Elle passa la boucle autour du cou de Jérémie et s'arrêta quelques instants pour réfléchir.
_ Il nous faudrait autre chose.
Son regard tomba sur les débris et elle commença à fouiller. Elle ramena bientôt ce qu'elle cherchait puis chercha le regard de Jérémie. Ce dernier acquiesça d'un hochement de tête et en tentant de ne pas lui faire mal, Yumi déchira la manche du bras cassé de son ami. Elle en fit plusieurs morceaux et fixa les deux morceaux de bois qu'elle avait trouvé avec. Jérémie reposa ensuite son bras isolé de la douleur sur les deux manches de Yumi et y jeta un coup d'œil suspicieux.
_Désolé je ne suis pas infirmière mais ça tiendra le temps qu'on sorte. Comme ça ton bras ne te gênera pas trop !
_Merci Yumi.
Le jeune homme fit quelques pas et arriva devant l'échelle. Il s'y accrocha de son seul bras valide et escalada les barreaux un par un, faisant attention de ne pas glisser, Yumi dans ses traces. L'ascension lui parut étonnamment longue et douloureuse mais il parvint finalement à la grande salle et il regarda rapidement s'il n'y avait personne. Une fois la vérification faite, il se hissa avec peine et se laissa tomber au sol avec soulagement. Yumi apparaissait à son tour lorsque l'usine trembla une nouvelle fois sur ses fondations dans un inquiétant bruit de tôle. Yumi saisit le bras valide de Jérémie et l'aida à se relever.
- Partons, nous ne sommes pas en sécurité ici.
Après être sorti de l'usine, ils se mirent à courir en direction de la ville qui semblait en proie à d'étranges agitations.
- qu'est ce qui se passe à ton avis ? demanda Yumi.
- J'espère rien de grave, soupira son ami.
Soudain quelqu'un le bouscula et il grimaça en ramenant son bras cassé devant lui, les yeux humides. Yumi le contempla un instant puis indiqua une direction du doigt.
- L'hôpital est proche, allons y. On ne peut pas te laisser dans cet état là.
Jérémie hocha la tête et quelques minutes après ils étaient devant un grand bâtiment blanc dans lequel régnait une effervescence habituelle. Ils pénétrèrent par la porte des urgences et Yumi interpella une infirmière tandis que Jérémie se tenait à l'écart, protégeant son bras comme une mère protégeait son enfant, le serrant contre sa poitrine. Une rousse ne tarda pas à les conduire à l'écart, Yumi fut priée de patienter dans la salle d'attente tandis que Jérémie aller passer quelques radios. Une heure et demie plus tard, il parvenait à sortir en douce, le bras plâtré et anxieux.
- ça va aller ? s'inquiéta Yumi.
- Il faudra bien. Elle voulait me garder deux jours alors il vaut mieux filer maintenant.
Ils parcoururent les rues au pas de course et remarquèrent que l'activité de la ville deux heures auparavant avait doublé. Certaines maisons semblaient avoir été abandonné et pillé, les fenêtres étaient brisées, les voitures dans la rue n'avaient plus de portières, de roues et plus une seule vitre d'intacte.
- Jérémie...
- Je pense à la même chose que toi, murmura son ami devinant sa phrase.
Xana...
-Il faut trouver un ordinateur, ajouta Jérémie, j'ai besoin de faire une vérification, j'aurais peut-être une idée.
- Allons au lycée, souffla Yumi en accélérant.
Peu après, ils tournèrent à l'angle d'une rue et Kadic fut en vue. Les deux adolescents se figèrent soudain, se jetèrent un regard effrayé et repartirent de plus belle. Ils passèrent le portail grand ouvert et se stoppèrent devant l'un des bâtiments scolaires. Des fenêtres du dernier étage on pouvait voir des flammes de cinq mètres de haut qui s'échappaient créant une colonne de fumée noire montant dans le ciel gris et nuageux. Les dortoirs brûlaient.
- On ne trouvera pas d'ordinateur ici, remarqua Jérémie en prenant un air indifférent.
Ses yeux parcoururent l'enceinte du lycée et il s'aperçut que le bâtiment des sciences prenait feu lui aussi. N'entendant plus Yumi il se tourna vers elle et fut surpris de trouver une lueur d'angoisse dans ses yeux. Sans lui jeter un regard, elle fit quelques pas hésitants en direction de l'internat puis accéléra progressivement et elle finit par courir aussi vite qu'elle put vers la porte d'entrée. Mais Jérémie la rattrapa et la retint par le bras avant qu'elle n'ouvre la porte. De là haut, des cris apeurés leur parvenaient.
- Tu es folle ! Ne rentre pas, ordonna Jérémie.
- Mon frère est là haut !
Jérémie eut un sursaut imperceptible en entendant le cri de Yumi qui avait les yeux humides. Il sentit qu'elle essayait de se dégager de son emprise et à ce moment là une petite explosion se fit entendre en provenance du dernier étage. Ils y jetèrent un coup d'œil inquiet puis la japonaise supplia son ami du regard. La main de Jérémie se desserra peu à peu et il finit par la lâcher complètement. Il la regarda pénétrer dans le bâtiment et après un lourd soupir, courut à sa suite.


Ulrich courait à toute vitesse dans les dédales des égouts, Odd à sa suite. Il avait les yeux secs mais pourtant, il avait l'impression qu'au fond de sa poitrine, son cœur s'était brisé. Une voix résonnait dans sa tête et semblait s'amuser à le voir souffrir. Yumi est morte. Elle est morte comme sont morts Aelita et Jérémie. Elle est morte, tu ne la reverras plus... La voix d'Odd lui parvint et il ralentit pour lui permettre de le rattraper.
- Ulrich, souffla Odd sans cesser de courir, dis moi que ce n'est pas vrai...
Le brun comprit immédiatement de quoi il parlait. Comment faire autrement puisque cette idée hantait toutes ces pensées !
- Ils étaient dans l'ascenseur, ils étaient tous les deux dans le monte-charge et... Je l'ai entendu tomber... articula le samouraï avec peine. Il est tombé dans le fond du puits et Yumi et Jérémie... Ils...
Il ne parvint jamais à finir sa phrase. Il secoua la tête de gauche à droite en accélérant puis regarda son ami. Le visage du blond s'était durci, refermé. Il n'y avait pas la moindre trace de sentiment, il n'y avait aucune expression. Mais au fond de ses yeux pourtant on devinait une question, allaient-ils donc tous mourir les uns après les autres ? Des bruits de pas vinrent bientôt troubler le silence des tunnels des égouts et ils se jetèrent un regard inquiet. Plutôt que de prendre la route habituelle, Odd les fit tourner à droite, espérant éviter les bruits de voix qui lui parvenaient. Essoufflé, ils finirent par cesser de courir, marchant néanmoins au plus vite que leurs jambes le leur permettaient.
- Tu sais où on est ? demanda Ulrich au bout de trois quarts d'heure.
- Je pense pouvoir nous faire sortir rapidement. Mais on a fait le plus important, on a contourné le danger.
Mais au moment même où il prononçait ses mots, ils achevèrent un virage à angle droit et se retrouvèrent devant trois personnes adultes en uniforme militaire. Ils firent trois pas en arrière tandis que les soldats les dévisageaient d'un air interrogateur.
- Messieurs Stern et Della Robbia ?
Comment connaissait-il leurs noms ? Qui était-il ? Que leur voulait-il ?
- Vous faites erreur. Je suis Paul Gaillard et voici Théo Gautier, lâcha Odd à l'improviste d'un air pourtant convaincant.
Le militaire les regarda d'un air sceptique et s'avança vers eux. Il se stoppa et dévisagea Odd attentivement.
-Que faites vous ici ?
-On a trouvé un passager ouvert m'sieur, répondit calmement Ulrich, alors on est rentré mais je crois qu'on s'est perdu.
- On va vous conduire dehors mais à l'avenir ne vous aventurez plus ici, cette zone est désormais interdite, informa le militaire après avoir haussé les épaules.
Il donna des ordres et une demi-heure plus tard, Odd et Ulrich couraient dans le parc en direction du lycée en s'interrogeant sur la présence des hommes armés. Ils aperçurent enfin les bâtiments du lycée lorsque Odd saisit brusquement l'épaule d'Ulrich et le fit s'accroupir dans un buisson tout proche. Il fit un signe de tête vers la cour dont ils avaient la vue entière de leur poste d'observation et Ulrich aperçut de nouveaux hommes en uniforme qui discutait derrière le bâtiment en feu de l'internat.
- D'après ce que je vois, ce sont pas des gentils, marmonna Odd.
- Nom de Dieu... Odd il y a encore plein de monde dans les dortoirs, regarde aux fenêtres !!
En effets dans les étages, toutes les vitres étaient ouvertes et on pouvait apercevoir des bras tendus, on entendait des cris et des pleurs.
- Il faut aller les aider, ajouta Ulrich.
- Attend écoute...
Odd le retint par l'épaule et montra le groupe de soldat d'un signe. Un militaire s'était approché et leur tendait plusieurs papiers en donnant les instructions à haute voix.
- ... Jérémie Belpois, Odd Della Robbia, Ulrich Stern et Yumi Ishiyama. Il y a là toutes les données sur eux que l'on a et leur photo. Il faut les trouver le plus vite possible et les arrêter. S'ils tentent de s'enfuir, ordre de tirer à vue.
- Tirer à vue ?! Répéta l'un des autres. Ce ne sont que des gosses, la plus âgée va avoir dix huit ans à ce que je vois.
- Ce sont les ordres, rappela le messager qui partit aussitôt après.
Ulrich se baissa, encore plus pâle qu'avant.
- Qu'est ce qu'ils nous veulent d'après toi ? finit par questionner Odd.
- J'aimerais bien le savoir. J'aurais tendance à penser à Xana mais ils n'ont pas l'air possédé.
- C'est bizarre, je...
Odd s'interrompit et Ulrich le regarda, étonné. Mais plus que sur le sien encore, la stupeur dominait sur le visage du blond. Puis un faible sourire étira ses lèvres et Ulrich fronça les sourcils, plus perplexe que jamais.
- Je... Je n'en reviens pas..., bredouilla celui-ci, je croyais... c'est... je... mais bon sang Ulrich regarde.
Ulrich tourna la tête dans la direction indiquée par Odd et son sang se figea dans ses veines. Yumi courait, cheveux au vent, le visage couvert de poussière, son pull déchiqueté, son pantalon troué, le visage et les bras couverts d'égratignures mais elle courait, bien en vue. Il vit alors, lancé derrière elle, Jérémie le bras en écharpe et entouré de plâtre. Il jeta un regard paniqué aux soldats mais de là où ils étaient ils ne pouvaient voir leurs deux amis. Il vit Jérémie saisir le bras de son amie avant que celle-ci ne pénètre dans le bâtiment en feu. Il entendit son cri et la vit se débattre. Elle voulait sauver son frère et Jérémie tenter de la sauver elle. Une explosion retentit et il les regarda jeter des regards inquiets vers les étages. Puis peu à peu, sans autres cris, il vit Jérémie lâcher le bras de Yumi et courir à sa suite dans le bâtiment enflammé.
- Odd..., murmura Ulrich accroupi, prêt à courir.
- Je fais diversion, déclara aussitôt celui-ci. Mais..., ajouta Odd au moment où il s'apprêtait à s'élancer, je te préviens, tu as intérêt à me les ramener en vie !
Une lueur inhabituelle brillait dans les yeux du blond et Ulrich se contenta de hocher gravement la tête. Odd longea le bord du par en direction des soldats tandis qu'Ulrich se faufilait discrètement dans la direction opposée. Au moment où il atteignit les portes de l'internat il entendit des coups de feu.
- Reviens en vie aussi, Odd.
Il ouvrit les portes et pénétra dans le bâtiment en feu. La fumée lui piqua aussitôt les yeux et il toussa, la gorge piquante. Sans hésitation, il déchira un morceau de vêtement et le plaça devant sa bouche et son nez. Il marcha en direction de l'escalier et atteint le premier étage. Il parcourut les couloirs aussi vite que possible et vit une silhouette ouvrir une porte, une silhouette connue.
- Jérémie, Cria-t-il.
Le garçon à lunette tourna la tête vers lui et agita la main dans sa direction.
- Ulrich, ouvre les portes. Ils les ont enfermés à l'intérieur. Sors les d'ici.
Le samouraï s'approcha de la première porte et tourna la poignée mais elle resta close. Alors sans chercher plus loin il l'enfonça d'un coup de pied. Il y pénétra et trouva deux enfants à l'intérieur. Il leur cria de sortir, ce qu'ils firent sans hésiter et Ulrich s'en prit à la deuxième porte. Il allait le plus vite possible, porte après porte. Jérémie l'aider, avec un seul bras valide mais il ouvrait les portes. Parfois, il voyait des enfants descendre de l'étage supérieur et il devina que Yumi était monté là haut, là où était enfermé son petit frère. Il enfonça une nouvelle porte et trouva une adolescente inanimée. Il la porta avec peine jusqu'aux escaliers lorsqu'elle reprit conscience. Elle sortit seule et Ulrich retourna dans la fournaise. Il avait les larmes aux yeux, la fumée lui brûlait la gorge, Il ne voyait presque plus rien mais il savait qu'ils avaient presque ouvert toutes les portes. Il s'approchait de Jérémie lorsqu'une explosion encore plus violente que la première fit trembler le bâtiment sur ses fondations. Elle venait du dernier étage. Des morceaux de plâtres se détachèrent du plafond tandis qu'il enfonçait l'une des trois dernières portes, Jérémie juste à la porte en face de la sienne. Deux troisièmes en sortirent en toussant et il entendit un cri. Jérémie s'acharnait toujours sur la porte en toussant. Ulrich vint à son secours et lui cria de sortir mais le blond refusa. Soudain Ulrich se sentit enlacé et il tourna la tête. Sisi ! Elle le remerciait les larmes aux yeux. Il lui ordonna de sortir d'un ton dur qui n'acceptait pas de refus. Alors qu'elle s'éloignait en courant, il enfonçait la dernière porte, il répéta à Jérémie de sortir.
- Il reste Yumi là haut, objecta celui-ci.
- Je vais la chercher, toi sors.
- Hors de question, trancha l'intellectuel.
Décidément celui-là, une vraie tête de mule soupira Ulrich en renonçant. La dernière prisonnière de l'étage s'enfuit sans demander son reste et ils entendirent soudain des coups à une porte.
- Il reste quelqu'un..., cria Ulrich.
- Je m'en occupe. Va chercher Yumi, lança Jérémie.
Ulrich s'engagea dans les escaliers et monta les marches deux à deux. Mais avant d'atteindre le deuxième étage, une troisième explosion se fit sentir. Elle coucha Ulrich et il aperçut les flammes du deuxième étage, haute de cinq mètres.
- Yumi...
Il arriva enfin au dernier étage mais le couloir était en feu, impossible de passer. C'était un brasier, l'enfer pour ceux qui y étaient encore. Il entendit des cris et vit une partie du plafond s'écrouler. Il hurla le nom de la japonaise, ne s'attendant à aucune réponse. Quoi pourrait survivre dans un tel brasier ?
- Ulrich !
L'appel était entrecoupé, lointain mais au moins il était là! Ulrich inspira profondément ce qui le fit tousser. Il chercha un passage mais il n'y en avait pas. Il cria une nouvelle fois son nom et une voix plus faible lui répondit, une autre voix, une voix masculine qui lui était familière mais qu'il ne reconnut pas.
- Ulrich...va...nous...feu... t'en... sauve...
Les morceaux de phrases qu'il réussit à entendre l'inquiétèrent. Il cria de nouveau mais aucune réponse. Le feu couvrait sa voix. A moins que... Non, Ulrich secoua la tête. Cette possibilité n'était pas envisageable. Il entendait son nom, quelqu'un l'appelait en pas, mais qui ? Jérémie ? Il fixa le couloir en feu, il ne pouvait se résoudre à l'abandonner mais pourtant, il était impuissant, il ne pouvait rien faire. La voix insista et il sentit soudain qu'on lui saisissait le bras. Ses yeux remontèrent et il croisa le regard d'un pompier. Il lui mit un masque sur le visage et Ulrich se sentit revivre. Puis une langueur le gagna, il commença à voir trouble. Ses bras tombèrent le long de son corps, vidé de ses forces. Ses yeux croisèrent ceux du pompier et il devina le regret à l'expression du visage de ce dernier. Puis tout bascula dans le noir. Le pompier le prit dans ses bras et descendit sans prêter attention aux faibles cris qui parvenaient encore du dernier étage. Il descendit et contempla un instant cette école où, autrefois, il avait était lui-même pensionnaire. Elle brûlait entièrement désormais. Les réfectoires, le gymnase, le bâtiment des sciences, tout brûlait et l'unique camion de pompier garé au milieu de la cour n'essayait même pas d'éteindre les hautes flammes. Il déposa Ulrich sur un brancard et se tourna vers les dortoirs. Il entendit la quatrième et dernières explosion, provoquée par les explosifs posés par les militaires. Celle-ci détruit entièrement le bâtiment qui s'écroula sur lui-même dans un nuage de poussière...





Chapitre VII/ seul ? pas totalement...


Des crépitements de flamme. Une chaleur intense. Du moelleux sous son dos. Des voix sourdes. C'est tout ce qui parvenait jusqu'à l'esprit douloureux d'Ulrich. Il entrouvrit les paupières et une intense couleur rouge-orange se fit voir. Il tenta de rassembler ses esprits. Quelle était donc cette odeur ? Et cette chaleur étouffante ? Pourquoi avait-il si mal ? Où donc était-il ? Où étaient les autres ? Ses yeux s'ouvrirent soudain tout grand tandis que les dernières scènes de la journée lui revenaient en mémoire. Aelita morte, Yumi prisonnière au deuxième étage, Odd se faisant tirer dessus, Jérémie dans le couloir en feu tentant d'ouvrir la dernière porte. Puis le pompier, il l'avait endormi. Dans le masque, ce n'était pas de l'oxygène comme il l'avait cru au départ, mais pourquoi faire ça ? Il vit alors le groupe de pompier qui regardait le réfectoire s'écrouler. Il aperçut les ruines de des anciens dortoirs et une larme perla à ses paupières. Aucun doute désormais, les pompiers étaient de mèche avec les militaires, ils n'avaient sauvé personne et ils ne cherchaient même pas à éteindre le feu. Il les vit bouger et ferma les yeux.
- On va y aller, ils n'ont plus besoin de nous, entendit-il.
- Et le gamin Mac ? on en fait quoi ?
- Apparemment ils veulent l'interroger, va savoir pourquoi ! On attend qu'il reprenne conscience et on leur emmène.
- Ok.
Des bruits de portière lui parvinrent et il sentit le camion démarrer. Il devina qu'il sortait de la cour de ce qui fut Kadic et s'engageait de la rue puis se décida à ouvrir les yeux. Il parcourut le petit espace où il se trouvait, vide ! Il se redressa avec une grimace, les membres endolori, des tâches noires recouvrant son corps ici et là. Il envoya balader la couverture chauffante et s'approcha des portes arrières du camion. Il resta accroupit quelques minutes, attendant le bon moment lorsqu'il sentit enfin le camion ralentir, sûrement un stop. Il n'hésita pas, ouvrit la porte et sauta à terre. Il s'enfuit en courant sans regarder une seule fois par-dessus son épaule. Il continua de courir jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et finit par s'engager dans une petite ruelle sombre pour s'arrêta enfin. Dos au mur, il se plia en deux, mains sur les genoux pour reprendre son souffle. Lorsque enfin il retrouva une respiration calme et régulière, il se risqua à jeter un coup d'œil dans l'avenue principale. Il remarqua alors qu'il s'y passait des choses inhabituelles. En tant normal, cette avenue était sillonnée de voitures pourtant il n'y avait personne. C'est alors qu'il vit une camionnette renversée sur le trottoir et il fronça les sourcils. Son regard parcourut l'avenue en entière et il comprit que les soldats n'étaient pas regroupés à Kadic seulement. Plus loin certaines maisons brûlaient, une bouche d'incendie avait été ouverte et l'eau jaillissait du sol sans trouver personne pour la canaliser. Les yeux d'Ulrich s'agrandirent de surprise en voyant le corps sans vie à côté de la borne rouge et il comprit. Tout ça, c'était l'œuvre de Xana, c'était encore une fois lui. Jérémie ne leur avait-il pas dit qu'il comptait prendre le contrôle de ce monde ? Mais apparemment plutôt que de tout détruire, il semblait avoir prit le contrôle des forces armées de Paris. Comment avait-il fait ? ça restait un mystère. Ulrich s'engagea prudemment dans l'avenue et prit en direction du nord, totalement perdu. Il entendit souvent des coups de feu et des cris de détresse. Parfois des bruits de vitre cassée et de voiture renversée lui parvenaient. Il était sur le qui vive, à l'affût, prêt à se cacher au moindre bruit. Il repensait à tout ce que leur avaient leurs nombreux profs d'histoires et il eut l'impression d'être en pleine révolution. Il passa soudain devant un magasin d'informatique et il s'arrêta devant l'écran animé de télévision qui affichait le visage paniqué d'une blonde entrecoupée par des scènes de neige. La vitrine était brisée et il ne put s'empêcher de monter le son.
- Une véritable catastrophe, déclarait-elle. Tout le pays est sans dessus-dessous. La mort du président et de presque tous ses ministres ce matin a provoqué de grands chamboulements. Dans Paris, certains quartiers brûlent entièrement provocant la panique totale. Les militaires, les pompiers, la police, la marine et toutes les autres forces du pays ne font rien pour calmer cette agitation de frayeur au contraire ils semblent l'attiser comme s'ils obéissaient à quelqu'un d'autre. Des pillages ont déjà eut lieu dans les grandes villes de toute la France, les habitants des villes désertent, ils s'en vont pour échapper au massacre Oh ! attendez, s'interrompit-elle soudain en portant la main à son oreille. On m'annonce qu'ils tirent désormais sur les passants, sur ses images en direct on peut voir le carnage fait sur Paris.
Tandis qu'elle continuait de parler, Ulrich put voir la ville où il vivait qui se consumait d'un bout à l'autre. Il voyait les militaires tirer sur des gens innocents qui ne demandaient qu'à quitter la ville en vie. Ils abattaient, sans pitié aucune, homme, femme ou enfant. Des bruits de pas attirèrent son attention et sans plus attendre, il recommença à courir. Il se cacha dans une petite ruelle et vit un groupe de soldat passer et eut la surprise de sa vie. Avec eux se trouvait une sorte de robot de métal d'un mètre quatre vingt de haut et sur sa poitrine de tôle s'affichait le symbole de Xana ! Il menait le groupe qui s'éloigna rapidement. Ulrich respira de nouveau et se laissa glisser au sol. Son regard se leva vers le ciel nuageux et il soupira. Le ciel devenait de plus en plus sombre, serait ce déjà la nuit ? c'était passé si vite. Il baissa la tête, se prit le visage entre les mains et une soudaine envie de hurler lui monta dans la gorge. Qu'allait-il faire maintenant ? Aelita était morte en vain puisque Xana avait gagné, même en coupant le super calculateur, ils ne l'avaient pas vaincu. Que faire d'autre ? Et il était seul maintenant ! Yumi avait péri dans les flammes, sans aucun doute et son cœur se serra à cette pensée. Une larme silencieuse, une larme unique et translucide glissa le long de sa joue pâle et descendit jusqu'à son menton. Elle resta suspendue un instant puis tomba au sol en silence tandis qu'Ulrich hurlait intérieurement sa douleur, sa rage et sa haine. Xana lui avait tout prit. Il lui avait pris la seule fille qu'il avait jamais aimée et ne lui avait pas laissé le temps de le lui avouer. En commençant par Aelita il lui avait volé ses amis. Odd s'était sacrifié pour lui permettre de ramener Jérémie et Yumi mais jamais il ne les aurait pensés capable de tirer sur lui. C'était sa faute ! Et Jérémie, là encore c'était de sa faute ! Il aurait dû l'obliger à sortir, insister pour qu'il se mette en sécurité mais il avait cédé et le blond avait péri dans les flammes, tout comme elle ! Elle, qu'il avait été incapable d'approcher, de toucher, de sortir de ce brasier d'enfer. Il leva encore une fois les yeux vers le ciel de plus sombre que jamais et se releva brusquement. De rage, il donna un coup de pied dans une poubelle proche, geste qu'il regretta aussitôt dans un premier temps à cause de la douleur au bout de son pied et le bruit qui accompagna le choc était repérable à dix kilomètres à la ronde, c'est comme s'il envoyait des invitations. Aussi ne s'attarda-t-il pas mais à peine était-il sorti de la rue qu'il entendait des cris et il devina qu'il était repéré. Il accéléra et machinalement son esprit lui souffla que ça ne faisait que commencer...

Trois mois plus tard, il courait toujours. C'était une autre rue, une autre journée, d'autres poursuivants mais sous un certain angle c'était toujours la même chose. Il sauta par-dessus un muret et tourna à gauche en entendant les chocs des balles sur le mur qu'il venait de passer. Sa course s'accéléra encore mais contrairement à ses poursuivants, il ne peinait pas plus que ça. Trois mois de course poursuite, trois mois durant sa vie avait dépendu de sa vitesse aussi s'était-il adapté. Il s'arrêta soudain, un groupe de trois militaires et d'un immense robot de fer lui faisait face et lui barrait la route, mitraillette pointée sur lui. Il n'hésita pas un instant et alors que les soldats appuyaient sur la gâchette, il s'engagea dans une ruelle sur sa gauche. Elle était sombre et des poubelles traînaient encore ici et là. Cette fois ci ce fut un mur de deux mètres qui l'arrêta.
-Et merde... Une voie sans issue, maugréa-t-il avec colère.
Il jeta des coups d'œil à droite et à gauche mais il n'y avait aucune porte, pas même une fenêtre, il entendit les bruits de pas qui se rapprochaient quand soudain un bruit ressemblant à un "pshiiiit" lui fit baisser les yeux. Une tête rousse dépassait du sol et lui fit signe de la main. Il se baissa et passa par l'ouverture dans laquelle la fille avait disparu. Il referma derrière lui et se retrouva plongé dans le noir, il entendit quelqu'un murmurer de faire silence et les chocs des pas résonnèrent au-dessus de la tête. Il comprit que ses poursuivants fouillaient la ruelle à sa recherche puis ils finirent par faire demi-tour et leur voix disparurent. Pendant quelques minutes, Ulrich ne perçut rien d'autre que le souffle de plusieurs personnes puis une voix masculine commença à chuchoter et peu après, une lumière apparut. Le samouraï se trouva alors face à un jeune visage, plus jeune que lui, il lui donnait quinze ans au plus. Il avait des cheveux mi-long châtains clairs qui pendaient le long de ses joues blêmes, ses yeux couleur argent fixaient Ulrich avec curiosité. Ses lèvres fines esquissèrent un maigre sourire.
- Si je ne me trompe pas, tu es Ulrich, n'est ce pas ?
Le brun ne s'étonna pas qu'il connaisse son prénom car il y avait son portait avec son nom et une offre de récompense à qui le capturait sur tous les murs encore intacts de la ville. Aussi se contenta-t-il de hocher la tête pour toute réponse. Le sourire du garçon s'agrandit.
- Je suis vraiment heureux de faire ta connaissance. Je suis David, la rousse c'est Ana et la grande là bas, c'est Nina.
- Ravi de vous connaître. Oh ! et avant que j'oublie, merci de m'avoir sauvé la vie.
- C'est avec plaisir, lança Ana avec un sourire espiègle. C'était une jeune fille de seize ou dix-sept ans à la peau pâle et la chevelure rousse flamboyante malgré le fait qu'elle soit emmêlée. Elle posa la main sur son épaule et sourit. Viens avec nous, on aimerait te montrer quelque chose.
Ulrich eut un imperceptible sursaut de surprise et les vit s'engager dans un tunnel juste assez grand pour qu'ils passent debout. Il emboîta le pas, se demandant ce que ces trois inconnus pouvaient bien avoir à lui montrer. Il eut l'impression de marcher une éternité mais il aperçut finalement de la lumière au bout de l'étroit tunnel et des bruits de voix se firent bientôt entendre. Il déboucha finalement sur une pièce faiblement éclairée mais plutôt spacieuse. Il en fit rapidement le tour, habitué à faire des repérages maintenant. Il repéra les matelas fins et abîmés le long des murs, la table au milieu, les feuilles qui y étaient étalé, les trois personnes autour qui se tournèrent vers eux à leur entrée, la porte en bois dans le fond et la lumière qui filtrait par les interstices.
- Ban sang, Ulrich ?
Mais l'interpellé ne reconnut pas le jeune homme qui semblait pourtant le connaître. Ce dernier en revanche paraissait pourtant stupéfait, il posa une main sur son front et son regard le parcourut de bas en haut puis il lui toucha l'épaule, comme pour se prouver qu'il était bien réel. Ulrich le laissa faire, de plus en plus perplexe.
- Ça va lui faire un choc je crois, il commençait à perdre espoir.
Ulrich resta silencieux et commença à se sentir agacé des regards fixés sur lui. Il ne comprenait pas de qui parlait l'inconnu qui semblait si bien le connaître lorsque celui-ci sourit en le poussant doucement vers la porte. Ulrich suivit avec hésitation et se retrouva derrière lui tandis qu'il ouvrait la porte. Il perçut des murmures et une autre voix répondit avec une pointe d'agacement.
- J'avais demandé à ne pas être dérangé.
- Je pense que ça vaut le coup.
- Je l'espère pour toi, s'exclama l'autre voix.
Et soudain Ulrich se trouva au milieu de la pièce. Elle était beaucoup plus petite que la précédente, il n'y avait qu'un matelas et une sorte de meuble en bois sur lequel reposait un ordinateur en parfait état de marche au grand étonnement d'Ulrich. Il éclairait la pièce d'une faible lueur mais en particulier le visage du garçon assis devant lui. Un garçon connu, familier, qu'il croyait mort.
- Jérémie...
Le blond le fixait d'un air abasourdi, ses cheveux avaient poussé et encombraient son visage plus pâle et plus maigre qu'avant. Des cernes d'une couleur violette lui traversaient les joues, ses lunettes rondes étaient abîmées, le verre gauche ébréché sur le bord extérieur, il portait une sorte de baggy vert et un sweat beaucoup trop grand pour ses frêles épaules et assis devant l'ordinateur, il ne lâchait pas Ulrich du regard une seule seconde.
- Jérémie, répéta celui-ci d'une voix un peu plus forte.
Il entendit alors un bruit de bois tombant sur le sol du béton et sentit deux bras autour de son cou.
- Ulrich, Ulrich... répétait le blond sans cesse.
Le serrant dans ses bras, le brun sourit pour la première fois depuis trois longs mois. Il réalisa soudain que Jérémie pleurait et ses larmes chaudes coulaient dans le cou du samouraï. Pour pleurer ainsi, Jérémie devait être à bout aussi bien physiquement que psychologiquement. Ulrich se dégagea doucement, redressa la chaise et fit asseoir son ami.
- Jérémie, je suis tellement heureux de te revoir.
- Et moi donc ! s'exclama l'intellectuel avec force en s'essuyant le visage avec les manches de son sweat.
- Je n'en reviens pas, murmura Ulrich, je pensais que tu avais péri dans l'incendie... sa voix s'éteignit et le visage de Jérémie redevint grave.
- J'ai réussi à sortir grâce à Jim, c'est lui qui était encore enfermé. Il m'a montré une autre sortie, de l'autre côté du bâtiment. Je t'ai appelé mais tu n'es pas descendu et Jim a du me traîner de force pour me faire descendre. En partant j'ai vu les pompiers monter et... Si tu savais combien de fois j'ai essayé de me convaincre qu'ils t'avaient trouvé et sauvé... avec Yumi...
- Lorsque je suis monté, le deuxième étage était en proie aux flammes plus que le premier. J'ai entendu quelqu'un me répondre dans le couloir mais je n'ai pas pu passer. Je... je suis désolé Jérem', je n'ai pas pu la rejoindre... Je ... Je ne sais pas si... Pourtant je te jure... J'ai ... j'ai essayé mais...ce pompier m'a emmené sans que je puisse rien faire... Mais elle a essayé de...de me dire quelque chose... le feu couvrait sa voix... Je ...je n'ai pas compris... Je suis désolé...
La voix d'Ulrich s'enroua et il ne put que se taire en baissant les yeux.
- Et Odd ? finit par demander Jérémie d'une voix faible.
- Il y avait des militaires dans la cour. Pour me permettre de vous rejoindre, il a fait diversion. Avant d'entrer j'ai entendu... des coups de feu. Depuis je ne l'ai jamais revu... Sa voix se brisa complètement et le silence s'installa dans la pièce. Jérémie finit par soupirer et ferma les yeux en réfléchissant. Il fixa Ulrich puis reprit la parole.
- Tu as l'air à bout Ulrich, depuis combien de temps n'as-tu pas dormi ?
- Une éternité il me semble...
- Allonge toi un peu, nous parlerons sérieusement après. J'ai pleins de choses à te dire et toi aussi il me semble mais j'attends que Jim rentre.
Pour une fois Ulrich ne posa pas la moindre question et le sommeil le submergea peu après que sa tête eut touché le matelas. Depuis trois mois, il dormait par intermittence, deux à trois minutes de temps en temps mais maintenant il n'en pouvait plus et si Jérémie lui disait qu'il pouvait s'allonger et dormir c'est qu'il savait qu'il serait en sécurité et il faisait confiance à Jérémie. Il commença pourtant à s'agiter, il tournait dans tous les sens sur le fin matelas et son visage arborait une expression tourmentée. Il marmonna des "non" d'un ton effrayé. Dans son esprit des scènes et des images défilaient. Odd courait, il courait vite et Ulrich courait derrière lui en riant. Ils étaient à Kadic, un Kadic resplendissant comme avant. Soudain Yumi le dépassa en rigolant et rejoignit Odd qu'elle dépassa aussi facilement. Jérémie arriva alors à sa hauteur et lui sourit en soufflant avec peine. Sa main tenait celle d'Aelita qui riait d'un rire pur et cristallin. Il se sentait bien mais une sensation indéfinissable lui faisait mal au cœur. Il accéléra et gagna de la distance sur Odd qui venait de se faire doubler par la japonaise et qui tentait tout pour la rattraper. Il faisait une bête course comme des gamins. Mais alors qu'il gagnait du terrain il entendit un cri derrière lui, une voix féminine et il se retourna. Aelita était en train de se dépixeliser sous les yeux humides de Jérémie qui hurlait qu'il ne voulait pas qu'elle parte. Mais la jeune fille aux cheveux roses disparut totalement et Jérémie cria sa douleur. Soudain il se remit à courir et entraîna Ulrich, complètement perdu. Odd et Yumi étaient toujours devant eux et la course continuait, mais plus de rire, plus de joie. Il vit alors trois soldats en uniforme sur le côté. Il les vit armer leurs mitraillettes puis pointer le canon sur Odd. Ulrich cria en tendant le bras. Il accéléra mais ne pu rien faire. Il vit les balles fuser dans l'air puis atteindre Odd à l'épaule, au visage, à la jambe, sur le flanc. Odd s'écroula au sol sans un cri. Il resta immobile au sol et ne se releva jamais. Jérémie empêcha Ulrich de s'arrêter et accéléra. Le brun releva alors la tête et vit Yumi. Son visage se figea d'horreur. Il doubla son allure. Ça allait être son tour et il ne pouvait l'accepter, pas elle. Mais le feu jaillit de nulle part et entoura la japonaise qui s'arrêta. Elle se tourna et regarda Ulrich qui ne parvenait pas à franchir le mur de flammes. Il cria son nom et elle sourit faiblement. Son image se brouilla et disparut. Ulrich hurla et s'écroula à genou. Le paysage autour de lui se transforma et la ville d'aujourd'hui, en ruine, ressemblant à un champ de bataille lui apparut. Il voyait des corps partout, le corps des gens qu'il connaissait, de ses amis, sa famille. Il les voyait tous allongés par terre, ensanglanté, les yeux vides, sans vie. Il se releva et les parcourut tous des yeux. Il était tous là, même ceux qu'il avait perdus de vue depuis longtemps. Son regard tomba alors sur Jérémie, qui semblait agonisé, derrière lui une silhouette sombre fixait Ulrich avec un sourire mauvais.
- Tu les as tous tués, disait-il, et tu vas tuer tous les autres. Ils sont morts par ta faute... par ta faute...
Les mots résonnèrent dans l'esprit d'Ulrich encore et encore. Sa faute... Il se prit le visage entre les mains et secoua violemment la tête. C'était sa faute ! Il l'entendait rire. La vision de Yumi, de ses amis s'imposa à lui et il tomba à genou tandis que Xana riait de plus en plus fort. Et ces mots... Sa faute.
Ulrich se redressa d'un coup sur le matelas miteux dans la pièce sombre les yeux grands ouvert et couvert de sueur. Il s'essuya le front et tenta de retrouver une respiration plus calme et régulière. Il entendait le ronronnement produit par l'ordinateur en veille, la chaise face à lui était vide. Au bout de plusieurs longues minutes, il se leva avec peine et perçut alors les voix dans la pièce d'à côté. Il reconnut sans peine celle de Jérémie et se décida à le rejoindre. Il ouvrit la porte et s'étonna de voir la pièce un peu plus vide que lorsqu'il était arrivé. Jérémie était penché sur la table et parlait à toute vitesse. A côté de lui se tenait un homme de taille moyenne plutôt fin mais légèrement musclé. Il portait un jogging noir et une veste bleu marine. Un bandeau barrait son front, retenant les mèches de cheveux trop longues pouvant lui tomber dans les yeux. A sa gauche se tenait Ana et en face de Jérémie, en train de discuter avec lui à une vitesse hallucinante se tenait un blond aux longs cheveux qu'il avait rassemblé en queue de cheval dans son dos, ses yeux d'un gris pâle parcourant les papiers étalés devant lui à la même allure que ceux de Jérémie. Ulrich referma la porte derrière lui et le bruit stoppa les conversations, Jérémie se tourna avec lui et lui adressa un maigre sourire.
-Voici Ulrich, annonça-t-il aux autres. Il va nous être d'une grande aide, il est au courant de toute l'histoire.
- tu lui as déjà tout raconté ? s'étonna le blond.
- Il est avec moi depuis le début, pourquoi crois-tu qu'ils aient affiché sa tête partout dans la ville ? ils savent que tant qu'il est en vie il est dangereux pour eux. Enfin... Ulrich laisse moi te présenter. Tu connais déjà Ana je crois. Lui c'est Nico et je ne sais pas si tu l'as reconnu mais le grand brun, c'est Jim.
Ulrich, qui n'avait pas reconnu son ancien surveillant, haussa un sourcil en signe d'étonnement. L'homme dont il était question sourit, il est vrai qu'il avait beaucoup changé, plus de kilo en trop. Comment aurait-il fait vu le peu de nourriture que les militaires leur laissaient ? En revanche il avait pris du muscle et son visage n'arborait plus cette expression de bêtise qu'il avait au collège.
Jérémie reporta son regard vers la table et Ulrich put voir que les papiers n'étaient autres que des plans.
- Ce sont les souterrains de la ville, c'est là que nous nous cachons vu que Xana en ignore l'existence.
- Nous ? répéta Ulrich.
- Ceux qui se battent contre Xana, les résistants, expliqua Nico.
- Des résistants..., s'étonna le brun. Mais... combien êtes vous ?
- Nous sommes plusieurs centaines.
- Quoi ?
- Je sais c'est assez étonnant, mais depuis que Jim m'a sorti de cet enfer, je me suis décidé à faire quelque chose. Après tout, je suis responsable de cette guerre, c'est moi qui ai rallumé le super calculateur. Aussi, en ne me montrant jamais pour que les militaires me croient mort, j'ai mis tous ceux que je rencontrais au courant de notre histoire et peu à peu un groupe c'est formé. Aujourd'hui nous vivons dans les souterrains, ne remontant qu'occasionnellement pour trouver de quoi manger et de quoi boire. Nous sommes décidés à faire tomber Xana, quoi que cela nous coûte.
Ulrich était ébahi et il resta quelques secondes silencieux, incapable de sortir un mot. Puis il s'aperçut que les visages étaient fixés sur lui et comprenant, il hocha lentement la tête.
-Je vous aiderais du mieux que je peux.
Alors avec un sourire, Jérémie se tourna vers la table et commença à lui expliquer la situation...





Chapitre VII/ défense


En trois mois, Jérémie était parvenu à créer tout un réseau ce qui était assez impressionnant. D'après ce qu'il avait expliqué à Ulrich, les groupes de résistants étaient répartis dans les souterrains et vivaient dans des pièces pouvant abriter jusqu'à cinquante personnes. Dans la plupart de ses "nids" de résistances, il avait permis l'installation d'un moyen de communication en s'alimentant sur les réseaux électriques des souterrains ainsi il pouvait prendre contact avec n'importe lequel de ses nids. Malheureusement, il y avait encore des personnes isolées, vivant en surface ou dans les souterrains sans aucun moyen de communication. Jérémie avait même avoué à regret que la semaine précédente, cinq innocents avaient été abattus sans qu'ils ne puissent rien faire. Ils étaient tout de même parvenus à récupérer un stock d'armes suffisant pour se défendre et remontaient de plus en plus souvent à la surface pour rechercher de quoi manger ou boire et recueillir ceux qui luttaient encore contre l'ennemi car Ulrich avait appris que Xana commandait non seulement les forces armées mais il payait aussi très cher ceux qui l'aidaient et rejoignaient ses rangs. Jérémie lui avait recommandé d'être très prudent et de ne pas se confier à n'importe qui.
- Tous ceux qui sont acceptés dans notre refuge ont fait leurs preuves. Nous attendons d'être certains que ce ne sont pas des espions car s'ils trouvaient le nid principal qui est le notre, ils trouveraient tous les autres.
C'est ainsi que Jérémie lui avait expliqué et il avait ensuite résumé brièvement quelques problèmes rencontrés. Ulrich lui avait assuré qu'il avait compris et Jérémie lui avait fait un sourire, pauvre certes mais au moins avait-il souri.
Maintenant Ulrich longeait un tunnel souterrain derrière Ana, en compagnie de quatre autres personnes qu'il ne connaissait pas. Il avait insisté pour se rendre utile le plus tôt possible et Jérémie l'avait assigné à cette unité qui rejoignait la surface pour trouver de la nourriture car les réserves commençaient à diminuer. Ana s'arrêta soudainement devant lui et il eut juste le temps de se stopper avant de se cogner contre elle.
- Couchez-vous, cria-t-elle.
Sans réfléchir, ils lui obéirent tous et peu après des morceaux de béton se détachaient du plafond tandis que le sol tremblait sous leurs corps. La secousse ne dura que quelques secondes et ils se relevèrent avec précaution.
-Personne n'est blessé? S'enquit la rousse.
- J'ai une grosse bosse sur la tête mais ça ira, déclara un jeune homme d'environ vingt ans du nom de Marc.
Rassurée, Ana se remit en marche et toute la petite troupe suivit.
- Qu'est ce que c'était ? interrogea Ulrich peu après.
- Ils larguent des bombes au-dessus de la ville lorsqu'ils repèrent des groupes. Le danger passe vite mais il ne faut pas se trouver en dessous lorsqu'elle explose. Nous allons remonter voir s'ils avaient vraiment repéré quelque chose. Ah ! voilà on y est.
Elle s'arrêta et s'engagea dans un tunnel plus petit mais qui grimpait. Ulrich emboîta le pas toujours suivit des autres. Ils marchaient à quatre pattes, tête baissée pour éviter les roches saillantes et Ana les amena bientôt à la surface. Elle dégagea l'entrée dissimulée par une plaque et se hissa hors du tunnel. Elle tendit la main à Ulrich qui saisit son bras et elle l'aida à remonter. Elle fit de même pour le reste de l'équipe et ils furent bientôt tous dehors. Elle cacha l'entrée qui ne se distinguait pas du reste du sol et Ulrich put observer à loisir l'endroit. Ils étaient dans une sorte de hall, le hall d'entrée d'une vieille maison en bois. Le parquet craquait sous leurs pieds tandis qu'ils sortaient discrètement de la demeure. Le samouraï s'étonnait de voir une maison en bois encore debout alors que tant d'autres, biens plus solides, avaient déjà été détruites. Il se trouva bientôt face à un champ de ruine et eut un pincement au cœur. Jamais il ne pourrait s'habituer à un tel paysage.
- Nous sommes dans l'ancien quartier ouest. C'est affligeant, n'est ce pas ?
Ulrich se contenta de hocher la tête et fit quelques pas dans la rue dévastée. Ana l'informa que la réserve de nourriture n'était pas loin mais qu'ils allaient auparavant passer à l'endroit où la bombe avait été lâchée. Le plus silencieusement possible, ils sillonnèrent le terrain et Marc ne tarda pas à repérer les cendres encore chaudes de la bombe. Une fine colonne de fumée se dégageait encore des débris. Ils s'approchèrent, deux d'entre eux faisant le guet, et ils se mirent à la recherche du moindre signe de vie.
- Je crois qu'il n'y avait personne ici, Ana.
- Dieu merci, lâcha la rousse.
- Allons y, suggéra Marc.
Avec rapidité et sans bruit, ils traversèrent les avenues les unes après les autres et finalement, Ana s'accroupit derrière un muret.
- Nous y voilà, annonça-t-elle en passant sa tête au-dessus du muret. D'après ce que je vois, la réserve n'est gardée que par quatre ou cinq soldats.
- Je n'avais jamais remarqué ce genre de bâtiment auparavant, remarqua Ulrich en regardant à son tour.
- Ils sont toujours dans des quartiers isolés, à l'écart, expliqua la rousse. Alors, poursuivit-elle en s'asseyant dos au mur, face à tout le monde, voilà ce que nous allons faire...
La stratégie fut mise au point et peu après, Ulrich se glissait prêt de la porte arrière du bâtiment, un poignard à la main. Il préférait les armes silencieuses et il avait réussi à se procurer ce poignard le mois précédent. Il s'approcha sans bruit et quelques secondes plus tard, le militaire s'écroulait au sol sans que rien ne soit venu briser le silence. Ulrich essuya la lame ensanglantée sur son pull bleu sombre et le glissa dans sa ceinture. Ana apparut bientôt et hocha la tête comme pour le féliciter. Des coups de feu résonnèrent et peu après, Marc enfonçait la porte arrière d'un coup de pied. Ils pénétrèrent dans la réserve et Ana leur annonça qu'il fallait prendre le plus de provisions possibles. Chargé lourdement, ils sortirent bientôt du grand bâtiment gris en courant et refirent le chemin en sens inverse. En vérifiant qu'ils n'étaient pas suivis, Ana les mena dans la grande maison de bois et ouvrit à nouveau le passage.
- Faites passer les sacs, on les récupérera en bas.
Un à un, les sacs glissèrent le long de la paroi et finalement, ils s'y glissèrent à leurs tours. Ana referma le passage derrière eux et les rejoignit. Quelques temps après, ils étaient de retour dans le foyer principal des résistants.
- Jim, nous sommes de retour, avec à manger, annonça Ana en voyant l'ancien surveillant debout devant les plans.
- Ça c'est une bonne nouvelle, clama Jim en se tournant vers eux.
Une petite partie des provisions fut déposée sur la table après qu'elle est été débarrassée des papiers. Jérémie les rejoignit après avoir été prévenu par Ana. Pour la première fois depuis longtemps, Ulrich mangea à sa faim dans une humeur presque joyeuse. Mais pourtant, en voyant ce repas, ces quelques sourires il ne put s'empêcher de soupirer. Jérémie remarqua vite sa mélancolie pour avoir ressenti la même pendant longtemps et aujourd'hui encore. Il posa la main sur l'épaule du samouraï qui releva la tête mais qui ne parvint pas à sourire. Jérémie lui tendit un morceau de pain mais Ulrich hocha négativement la tête. Une brève secousse se fit sentir à ce moment là.
- Elle n'est pas passé loin celle là, déclara Jim en perdant son sourire.
La bonne humeur semblait être retombée. Marc étouffa un bâillement puis annonça qu'il allait s'allonger un peu. Les autres firent de même et Ulrich suivit Jérémie dans la pièce adjacente avec étonnement. Le blond réduisit la lumière de la pièce principale à l'aide de son ordinateur et indiqua à Ulrich le deuxième matelas qui avait été installé. Le samouraï s'y assis, dos au mur et fixa Jérémie qui pianotait.
- Ce n'est pas risqué de tous dormir en même temps ?
- Il y a des systèmes d'alarme installé tout autour des pièces. Lorsque quelqu'un s'approche je suis au courant dix minutes avant qu'il n'arrive, expliqua Jérémie.
- Ah! je vois, murmura Ulrich. Jérémie, reprit-il après un long silence, que va-t-il se passer maintenant?
- Je ne suis pas devin Ulrich, répondit Jérémie après s'être tourné vers lui. Tout ce que je peux t'assurer c'est qu'on va se battre, on va continuer la lutte, Xana n'a pas encore gagné !
- Nous en revanche, nous avons beaucoup perdu...
Jérémie ne put que baisser la tête, le regard soudain lointain. Il se lançait toujours dans des recherches, il construisait tout ce qu'il pouvait pour les résistants, il ne dormait souvent qu'une heure par nuit et toujours par intermittence, il travaillait jusqu'à n'en plus pouvoir mais il savait que c'était avant tout pour se cacher l'horrible vérité. Vérité que jamais lui ou Ulrich ne parviendrait à contourner. Ils étaient morts !
- Jérémie, je...
- Je sais !
- Mais ...
- Faisons le pour eux Ulrich. Nous pouvons au moins faire ça pour eux. Tu sais, Jérémie releva la tête les yeux emplis de larmes, elle voulait voir le monde sans Xana, elle voulait découvrir le bonheur. Elle m'a même avoué qu'elle pensait m'aimer pour de bon, elle voulait passer sa vie avec moi... Et tu sais ce que j'ai fais ? Je l'ai laissée mourir !
- Jérémie ...
- Est-ce que tu comprends ??? Elle voulait être heureuse et je voulais être celui qui ferait son bonheur... J'en ai été incapable...
A présent les larmes coulaient pour de bon sur les joues pâles de Jérémie. Des larmes trop longtemps retenues...
-Jérémie, ce n'est pas ta faute.
-Si, ça l'est... Je pouvais encore la sauver... Je sais que j'aurais pu le faire...
- Jérémie, Tu as fait le bon choix, tu as essayé de tous nous sauver en éteignant le super calculateur mais Xana était trop fort pour que cela suffise à l'anéantir...
- Tu n'as pas compris, déclara Jérémie en secouant la tête de gauche à droite.
- Compris quoi ?
- Il lui manquait une tour pour s'échapper, une seule mais elle lui était indispensable. Lorsque j'ai abaissé cette manette cela aurait du le tuer.
- Mais alors pourquoi...
- Il avait Aelita. Par quoi t'es tu fais attaquer le jour où on a découvert la présence de Xana ?
- Eh bien... Je ne me souviens pas vraiment...
- Une silhouette ressemblant à Aelita, n'est ce pas ? Yumi l'a vu aussi et moi également...
Maintenant qu'il le lui disait, Ulrich réalisait que Jérémie avait raison, ce jour là, c'était bien une humaine ressemblant à Aelita qui l'avait attaqué.
- Mais...
- J'ai découvert que Xana avait ôté le bug de sa matérialisation avant de la tuer elle s'est donc dévirtualisée mais il a fait en sorte qu'elle ne sorte pas du scanner. Il l'a plutôt envoyée autre part... Là où il pourrait la récupérer plus tard...
- Elle n'est donc pas morte ?
- Considère que si Ulrich. J'ai espéré longtemps mais il n'avait aucun intérêt à la garder en vie. Il s'est servi de ses données et connaissance pour matérialiser celle qui vous a attaqué et se faire sa propre enveloppe corporelle. Du moins est ce que j'en ai déduis...
- Alors il n'y a plus d'espoir...
Jérémie se détourna et regarda son ordinateur en essuyant ses joues avec la manche de son sweat.
- Mais nous n'avons pas tout perdu Ulrich. Même si elle n'est plus là, je veux faire de ce monde celui dont Aelita rêvait. Je ne partirais pas avant d'avoir réduit à néant toutes les forces de Xana.
Ulrich se leva et posa la main sur l'épaule de son ami.
-Je t'aiderais du mieux que je peux. Pour Aelita, pour Odd et pour ... pour Yumi...
Sa voix avait légèrement tremblé en prononçant le dernier prénom et une vive douleur ressurgit dans sa poitrine. Une souffrance qui refaisait surface de nouveau dès qu'il prononçait le prénom de ses amis et surtout, celui de Yumi. Il se tut et regarda Jérémie pianoter sans rien ajouter. Il se rassit et l'observa de dos jusqu'à ce que celui-ci se tourne vers lui.
- Si tu es prêt à aider alors je vais avoir des missions pour toi.
Il avait retrouvé son ton habituel, froid et professionnel, chassant tout sentiment de son être. Jérémie avait trop peur de souffrir, il préférait désormais cacher sa peine de peur qu'elle ne l'envahisse et le fasse tomber. Alors il luttait de toutes ses forces, il s'acharnait contre son ennemi sans répit et ne parviendrait pas à trouver la paix tant qu'il n'aurait pas tenu la promesse qu'il s'était faite, faire de ce monde celui dont Aelita rêvait...
- Je te fournirais l'arme que tu veux et tu seras au commandement d'une des équipes que j'ai formé. Ce sont des personnes sûres et parfaitement capables.
- Attends de quoi tu parle exactement ?
- Je sais que tu en es capable.
- Explique toi clairement...
- J'ai découvert récemment que Xana n'abattait pas tous les humains qu'il trouvait. Bien sûr, certains se soumettent à lui mais il y a ceux qui persistent à résister et parmi les prisonniers il y'en a qui viennent de chez nous. J'aimerais les libérer Ulrich. Je sais que Xana les garde quelque part en vie dans l'espoir d'obtenir quelque chose d'eux. Je sais où maintenant, je l'ai découvert il y a quelques jours !
- Et tu veux que j'aille les chercher ?
- J'ai déjà mis un plan au point mais je ne savais pas qui envoyer. Maintenant que tu es là...
- Jérémie je ne suis pas sûr de ...
- J'ai confiance en toi, Ulrich.
Le ton convaincu et convaincant de Jérémie décida Ulrich qui hocha gravement la tête. Jérémie se tourna alors vers l'écran et ouvrit une nouvelle fenêtre. Du doigt il montra un point précis et durant plusieurs heures, l'intellectuel expliqua à Ulrich le plan qu'il avait mis au point durant ces derniers jours. Ulrich posa une question de temps en temps, voulant être sûr de comprendre mais il n'interrompit presque jamais le blond. Il lui montra les plans de la forteresse où été retenu les prisonniers, le briffa sur les membres de son équipe, lui assura qu'il lui fournirait les armes demandées bref tout ce dont il avait besoin.
-Qu'est ce que tu en pense ?
-Tu as tout préparé, aucun détail ne t'a échappé. Là, tu m'épate Jérem' ! Mais ... quand veux-tu que cela se fasse ?
-Le plus tôt possible, trancha Jérémie. Ton équipe arrive demain, tu pourras faire connaissance et vous partirez dès que vous vous sentirez prêts.
Malgré sa surprise devant le ton sans appel de son ami, Ulrich ne songea même pas à le contredire. Il n'y aurait eu d'ailleurs aucun intérêt car il approuvait et comprenait Jérémie. Ils discutèrent encore quelque peu, mettant au point certains détails à la demande d'Ulrich puis l'intellectuel lui ordonna de dormir un peu et ce dernier n'accepta qu'à la condition qu'il fasse de même. C'est donc avec lassitude qu'ils s'allongèrent sur les matelas miteux. Ulrich entendit son ami soupirer et sans même s'en rendre compte, il l'imita. Jérémie n'aimait pas plus dormir que lui, il lui avait avoué que ses cauchemars non plus ne cessaient pas. Le sommeil était devenu leur ennemi. Les souvenirs douloureux profitaient de cet instant où ils se retrouvaient sans défense pour les submerger. Ulrich était allongé sur le dos, les yeux grands ouvert, bras croisé sous la nuque. Il savait que s'il fermait les yeux, la sensation de peur, de peine, de tristesse qu'il tentait de refouler à longueur de temps se ferait un malin plaisir à ressurgir.
-Jérémie ?
- Mmm ?
- ça fait combien de temps maintenant ?
Jérémie avait parfaitement comprit de quoi il parlait. Il soupira profondément.
-Trois mois et demi, Ulrich, trois mois et demi que Xana domine. Ça fait trois mois et demi qu'on les a perdu...
-Alors dis moi, c'est normal ?
-Quoi donc ?
-Que la douleur soit encore comme au premier jour ?
Jérémie se figea. Ulrich n'avait jamais été quelqu'un qui confiait ce qu'il ressentait et pourtant il était bel et bien en train d'avouer ses sentiments à lui, Jérémie, dans une pièce sombre et humide.
-Tu l'aimais, n'est ce pas ? Malgré le fait que tu nous dises toujours le contraire, tu l'aimais, hein ?
-C'était la femme de ma vie, je voulais la rendre heureuse Jérémie. De tout mon cœur, je souhaitais la voir continuer à rire comme elle le faisait si souvent. J'aurais aimé la prendre dans mes bras, j'aurais voulu... J'aurais voulu tant de chose pour elle... mais maintenant... maintenant... je ne peux plus, il me l'a enlevé...
-Je sais, Ulrich, je sais.
-Tu la vois encore ?
-Non, je ne peux plus le supporter Ulrich. Ces cauchemars qui se répètent encore et encore... Non, je ne peux plus... Et tu devrais les éviter aussi, sinon tu vas craquer, je sais que tu n'es pas aussi invincible que tu veux le faire croire...
-C'est tout ce qu'il me reste Jérémie... C'est tout ce qui me reste...
-T'imaginer sa mort ne t'aidera pas, au contraire, cela va te détruire.
-Mais au moins je la vois, même si c'est à l'agonie, je la vois.
-Ulrich...
-Je sais ce que tu vas me dire mais non, c'est impossible. Tu crois pouvoir oublier Aelita ?
Jérémie frissonna.
-Non, jamais je ne pourrais.
-Jamais je n'oublierais Yumi, elle était mon rayon de soleil. Et même si c'est en train de mourir, si je peux la voir alors je le ferais...
Le silence s'installa et ils perçurent les respirations régulières des autres dans la pièce voisine. Jérémie se tourna sur le côté gauche, les yeux grands ouverts. Il savait qu'il ne pourrait pas dormir et il bénissait les dieux que ce soit le cas. Au contraire d'Ulrich, ses cauchemars l'effrayaient au plus haut point. Il les redoutait plus que Xana lui-même. Cela le tuer de l'intérieur et il n'en pouvait plus, cette scène provoquait chez lui des sueurs froides, rien que son nom le faisait frissonner, l'évocation de son souvenir le rendait faible. Mais il ne pouvait pas se le permettre.
Il resta longtemps allongé dans le noir sans ressentir la moindre fatigue. Au bout de plusieurs heures, il sut qu'Ulrich s'était endormi car il l'entendit s'agiter sur son matelas et il devina la raison de son agitation. Peu à peu il commença à sombrer dans les brumes du sommeil. Il luttait de toutes ses forces pour ne pas s'endormir mais s'apercevait que la fatigue accumulée allait le trahir. Une voix lointaine lui parvint soudain, une voix qui fit monter les larmes à ses yeux. Une voix douce et familière, une voix chérie qui lui avait tant manqué. Petit à petit la vision d'un ange se dessina devant lui tandis qu'il abaissait les paupières. Une infinie langueur envahissait son esprit alors que la voix semblait se rapprocher. Il secoua la tête de droite à gauche, comme pour la chasser. Non, il ne voulait pas l'entendre à nouveau, il ne voulait pas la revoir, c'était bien trop douloureux. La souffrance qu'il ressentait à chaque fois qu'elle disparaissait encore une fois, il ne la supportait plus. La déchirure qui fendait son cœur en deux le tuait à petit feu. Mais aujourd'hui pourtant, le sommeil paraissait plus fort que lui, sa lutte semblait inutile. Il s'abandonna soudain à ce flux de souffrance, trop fatigué pour lutter et la silhouette se fit plus nette lorsqu'une alarme se mit en marche.
Jérémie et Ulrich sursautèrent, tirés du sommeil par l'ordinateur qui émettait un son strident. Jérémie bondit sur ses pieds et s'installa rapidement sur sa chaise en refoulant ses sentiments qui le faisaient tant souffrir. Des fenêtres s'ouvrirent sur son écran tandis qu'Ulrich se levait plus lentement. Son visage était blême, ses traits tirés et au fond de ses yeux brillait encore une lueur d'espoir et de douleur. Il posa une main lasse sur l'épaule de Jérémie et demanda la raison de se vacarme qui venait de réveiller tout le monde.
- L'arrivée de ton équipe Ulrich. Il y en a quatre sur les six qui sont en chemin. Ils seront là dans dix minutes.
- Ok, allons les recevoir.
Jérémie rétablit la pleine lumière dans la pièce adjacente, réveillant pour de bon ceux qui tentaient de se ré-endormir puis il se leva et passa la porte sans discrétion aucune.
- Jérémie, qu'est ce qui se passe encore ? bougonna Jim en se levant avec lenteur.
- On a de la visite. L'équipe dont je vous ai parlé, Ulrich est d'accord.
- Ça c'est une bonne nouvelle, lança Ana d'un ton plein d'espoir.
Ulrich se remémora les paroles de Jérémie dites la veille. Le frère d'Ana était sans aucun doute parmi les prisonniers capturés le mois précédent et il lui jeta un regard confiant qui fit naître un maigre sourire sur le visage fin et délicat de la rousse.
- Ah les voilà ! déclara Marc.






Chapitre VIII/ Mission sauvetage...


Ils étaient là, tous les six. Ulrich les regardait les uns après les autres tandis que Jérémie résumait une dernière fois la situation. Six personnes d'âge et de sexe différent, aux capacités et au passé différent pourtant réunis dans une seule et même équipe. Il en connaissait déjà un, Nico. La plus âgée se nommait Mya et avait à peine vingt-cinq ans. Elle avait un regard brun dur et Ulrich avait frissonné en voyant son expression glaciale la première fois. Habillée d'une combinaison de cuir elle avait une longue épée dans le dos. Ses cheveux blonds encadraient son visage au teint pâle et mettaient en valeur ses lèvres délicates.
Son regard vola jusqu'au jeune homme que Jérémie tenait par l'épaule. L'intellectuel lui en avait parlé longuement la veille. Il était jeune, il avait quinze ans mais son visage avait des traits enfantins. Pourtant on pouvait voir qu'il avait traversé des épreuves difficiles durant ses trois derniers mois. Ces yeux gris fixaient avec attention le visage de Jérémie qui lui parlait rapidement, il ne le lâchait pas du regard une seule seconde. Sa main droite serrait le manche d'une arme blanche à la lame effilée qui était accrochée à sa ceinture. Ceinture à laquelle était suspendue de nombreux objets. Jérémie se tourna alors vers une jeune fille aux longs cheveux châtains clairs qu'elle avait natté dans son dos. Des cernes identiques à celles de Jérémie barraient ses joues trop creuses et elle nageait dans une sorte de pull trop grand pour elle. Ses jambes fines mais musclées étaient moulées dans une sorte de pantalon de gym noir. Aucune arme n'était visible mais Ulrich savait qu'elle tuait à mains nues. Elle avait dix-sept ans, c'est ce que Jérémie lui avait affirmé. Dix-sept ans et elle tuait à mains nues. Elle était la sœur du garçon de quinze ans, la ressemblance n'était pas frappante mais Jérémie lui avait précisé qu'ils étaient frère et sœur, Karin et Jon c'est ainsi qu'ils se nommaient.
-Ulrich, appela Jérémie en s'approchant de l'observateur.
L'interpellé s'approcha et il sentit la main de Jérémie se poser sur son épaule gauche. Il le présentait comme étant le chef de l'équipe et ils approuvaient tous d'un signe de tête. Il croisa soudain deux yeux bleu saphir qui le fixaient avec curiosité. Ils appartenaient au quatrième membre du groupe arrivé peu auparavant. Une jeune fille de seize ans aux cheveux bruns, mi-long et à la peau mate. Elle avait une silhouette fine enveloppée dans un ensemble en tissu bleu nuit qui ne devait la gêner dans aucunes circonstances. Ses mains aux longs doigts fins étaient posées sur ses hanches et elle se tenait bien droite, sans cesser de le dévisager. D'après les dires de Jérémie, il comprit que c'était Arika. Il avait eu peu d'information sur elle, il savait juste qu'elle se débrouillait bien et qu'elle leur serait d'une grande utilité, elle était une excellente espionne et était plus que discrète. Et juste à côté d'elle se tenait le dernier de l'équipe, un garçon. Un garçon appelé Mimi. Il avait à peu prêt l'âge de Jon mais il semblait plus renfermé. Il approuva les paroles de Jérémie d'un hochement de tête qui fit tomber quelques mèches châtains sur son front. Il les dégagea d'un geste indifférent sans perdre une miette de l'explication de Jérémie qui se tourna vers lui.
-Maintenant tu connais tout le monde Ulrich. Tu veux toujours de cette mission ?
Ulrich hocha lentement la tête puis parcourut "son" équipe d'un regard rapide. Un sourire furtif passa sur les lèvres de Jérémie qui posa les mains sur la table et ouvrit un grand feuillet devant lui.
-Puisque tout le monde est d'accord, je vais expliquer le plan une dernière fois. Vous aurez l'aide de trois autres équipes au début puis vous vous débrouillerez seuls...
Plus d'une heure, ils discutèrent de tous les détails mais la plupart étaient déjà au point. Ana qui avait disparu au début de l'heure réapparut peu avant le départ, tandis deux longs sabres à Ulrich qui la remercia et croisa les armes dans son dos. Alors qu'il allait rejoindre ses équipiers la rousse lui attrapa le bras et déposa délicatement ses lèvres froides sur sa joue. Elle sourit en voyant son air surprit.
-C'est pour te porter chance, murmura-t-elle. S'il te plait, ramène moi mon frère...
Cette douleur dans ces yeux humides, sa voix tremblante, son expression de souffrance, Ulrich ne les connaissait que trop. Sans réfléchir, il prit la rouquine dans ses bras et la serra fort.
-Je te promets que je ferais tout ce que je peux Ana, chuchota-t-il à son oreille. Je te le jure, s'il est là-bas, je te le ramènerais.
Lorsqu'il la lâcha il put voir un sourire illuminer son visage malgré les larmes qui l'inondaient. Il sourit faiblement et rejoignit son équipe qui s'engagea dans le tunnel.
-Ulrich !
L'appel le fit se retourner et il vit Jérémie debout à l'entrée du tunnel, la lumière dans son dos lui donnant un côté surréaliste.
-Reviens vivant...
Un sourire se peignit sur les lèvres d'Ulrich.
-Je te promets d'essayer Jérem'...
-N'essaye pas, fais le !
Alors sans rien ajouter, Ulrich se remit en route et s'éloigna de la silhouette rassurante de son ami. Il parcourut nombre de galerie pendant plusieurs heures mais pas un seul de ses équipiers ne se plaignit, pas plus que lui d'ailleurs. Il s'arrêta soudainement et leva les yeux. La sortie était là, ils allaient rejoindre la surface et enfin voir où étaient retenus leurs camarades. Il déplaça la pierre qui dissimulait l'entrée aux yeux de tous et après avoir jeté un rapide coup d'œil à l'extérieur, il se hissa sans bruit au-dessus de la surface. Il aida les autres un à un et finalement il replaça la pierre. Ils longèrent les murs dans la fraîcheur de la nuit et ne tardèrent pas à apercevoir les bâtiments gris entourés de barbelé.
-Ok, c'est ici, murmura Ulrich.
-Les autres équipes doivent déjà être là, ajouta Mya sur le même ton.
-Alors allons-y !
Ils dévalèrent la légère pente qui les amena devant les immenses clôtures de barbelés. Ulrich entendit un murmure d'un de ses équipiers qui affirmait que ce genre d'endroit ne pouvait réellement qu'être une prison. Arika s'approcha, une pince à la main et commença à sectionner les fils de fer sans laisser s'échapper aucun bruit. Peu après, Ulrich pénétrait dans l'enceinte protégée toujours suivit de son équipe. Il s'arrêta brusquement et tendit l'oreille. Des voix ! D'un geste de la main, il donna ses ordres et ils se dispersèrent. Quelques minutes plus tard il n'y avait plus de bruit de voix comme si elles s'étaient simplement tues mais certains savaient qu'elles s'étaient éteintes à jamais. Ulrich s'approcha rapidement, traversa la cour, le rythme de ses compagnons calqué sur le sien. Ils se collèrent dos au mur et évoluèrent en vitesse. Le regard du brun alla vers les hauteurs et il vit ce qu'il attendait. Des lumières se firent voir, des cris et des silhouettes. Les soldats de garde aux portes montrèrent les ombres du doigt et s'élancèrent vers les grillages en armant leurs fusils. La voie était libre ! Ne perdant pas de temps, Arika se pencha sur la serrure de la porte la plus proche et cette dernière céda bientôt sous ses doigts habiles. Ils entrèrent sans bruit et refermèrent la porte derrière eux, les enfermant dans le noir total. Une minute plus tard, avançant à la lueur de la seule torche électrique se trouvant en leur possession, ils se faufilaient le long des couloirs.
-regarde Ulrich, lui avait dit Jérémie la veille, vous serez dans l'obscurité durant tout ce temps mais après ce point là, vous serez en pleine lumière c'est à partir de là que vous avez le plus de risque de vous faire repérer.
Durant toute l'explication, Jérémie avait parcouru le plan du doigt et l'avait stoppé à l'endroit où selon lui, c'était le plus dangereux. Endroit qu'Ulrich apercevait !
-On va atteindre la lumière, murmura-t-il.
La lampe torche s'éteignit et les respirations des résistants se firent plus basses. Ils se déployèrent comme cela avait été prévu dans ce sous-sol humide qui leur tenait lieu de repère.
Ulrich avançait, seul, le long du couloir en silence sans pour autant chercher à se cacher. L'endroit semblait désert ! ses yeux se levèrent vers le plafond encombré de tuyaux et pendant un quart de seconde il aperçut la silhouette de Mimi qui s'y faufilait, le suivant à la trace, prêt à intervenir. Il arriva finalement au bout du couloir, à une intersection et après jeté un rapide coup d'œil pour s'assurer qu'il n'y avait personne, il fit signe aux autres de les rejoindre. Mimi resta perché sur les tuyaux et ils s'engagèrent dans le couloir de gauche. La lumière diminua en intensité et ils trouvèrent bientôt un large escalier les menant vers les ténèbres des souterrains. Plus ils descendaient et plus l'obscurité s'intensifiait. Ils finirent par ne plus rien voir du tout. Arrivé en bas des escaliers, ils débouchèrent sur un long couloir légèrement éclairé, donnant sur de nombreuses portes. Des bruits de voix, de pas, des cris se faisaient entendre de telle ou telle porte et Ulrich jeta un regard inquiet à ses coéquipiers. Ils avancèrent un peu et finalement le couloir se sépara en trois. C'est à partir de là que Jérémie leur avait avoué ne pas savoir quelle direction prendre, ni dans quelle pièce précisément étaient retenus leurs amis. D'un signe de main, sans une parole, Ulrich forma les groupes puis il s'éloigna avec Mimi toujours fourré dans les tuyaux au-dessus de lui.
Ce qui devait arriver, arriva. Ulrich repéra les deux soldats avant qu'il ne le voie et eut le temps de tendre les bras vers le plafond. Mimi le tira hors de vue et ils regardèrent les deux militaires passer, continuant leur discussion sans être inquiété. Le samouraï tenta de suivre Mimi dans les tuyaux, trouvant cela plus sûr. Maladroit au début il finit par réussir à se mouvoir sans trop de bruit parmi les larges tuyaux, guidé par l'enfant. Ils avancèrent ainsi dans le couloir lugubre et Ulrich ne tarda pas à s'apercevoir que plus ils avançaient, plus les gardes étaient nombreux. Il en déduit qu'ils devaient s'approcher d'une zone plus importante que les autres. Finalement le brun repéra une porte gardée par trois militaires alors que toutes les autres étaient laissées sans surveillance.
- Mimi, murmura-t-il.
Le garçon comprit et se plaça au-dessus de l'un d'eux, imité par Ulrich puis ils se laissèrent tomber au même moment, assommant deux des trois gardiens. Mimi sortit une courte dague qui alla s'enfoncer dans la gorge du troisième alors qu'Ulrich avait déjà embroché le soldat à l'aide d'un de ses sabres. Le samouraï fouilla les poches du soldat sur qui il était et fini par trouver un trousseau de clé puis il s'approcha de la porte. Après deux ou trois essais infructueux, la clé tourna enfin et Ulrich rangea le trousseau dans une de ses poches en ouvrant la porte. Celle-ci donnait sur un autre couloir plus éclairé mais désert. Ils s'y engagèrent et après une brève hésitation, Mimi ouvrit l'une des portes présente sur leur droite. Une table plate de fer, comme celle sur lesquelles reposaient les morts à la morgue traînait au centre de la petite pièce. Le long des murs, des sortes de plan de travail en fer également où reposaient éprouvette, aiguille, et toutes sortes d'autres choses. Ulrich poussa soudain Mimi à l'intérieur de la porte qu'il referma juste à temps pour ne pas que les soldats qui passaient à ce moment là ne les voient. Une fois le danger écarté, les yeux du brun firent rapidement le tour de la pièce et une lueur d'effroi passa dans ses pupilles.
-Une salle d'expérience, souffla-t-il.
-Sur cobaye humain, compléta Mimi en fixant les lanières de cuir fixées sur la table au niveau des poignets et des chevilles.
-Allons nous en, lâcha Ulrich en entrouvrant la porte.
Une fois la vérification faite, il sortit, Mimi derrière lui. Le jeune garçon ouvrit plusieurs portes au hasard mais la plupart abritait le même spectacle que la première ! Alors qu'il ouvrait une énième porte, Mimi eut un sursaut et recula de trois pas. Ulrich accourut aussitôt vers lui et aperçut que la pièce était en tout point identique aux précédentes si on faisait abstraction du fait qu'un jeune garçon aux cheveux argenté était attaché sur la table.
- Bon sang !
Ulrich pénétra dans la pièce suivit de Mimi qui avait très vite reprit ses esprits et ils commencèrent à détacher le captif qui semblait inconscient. Ses bras trop blancs étaient recouverts de marques de piqûres et d'égratignure. Son visage portait encore les marques des électrodes qu'ils lui avaient collé aux tempes et sur le front. Il était pied nu et portait un pantalon et un tee-shirt noir mais ces derniers étaient en lambeaux, le pantalon déchiqueté juste en dessous du genou et le tee-shirt ouvert en plusieurs endroits. Mimi dégagea le visage couvert des cheveux en désordre du garçon et cela le fit cligner des paupières. Il finit par ouvrir totalement les yeux, ses prunelles étaient d'un violet intense et spectaculaire.
-Nous allons te sortir de là, chuchota Mimi avec douceur.
Le captif hocha la tête et avec leur aide, il descendit de la table de fer.
- Sais-tu où sont retenus les autres? Interrogea le samouraï en ouvrant la porte.
Nouveau hochement de tête puis le jeune homme tendit le doigt vers le bout du couloir. Ils suivirent ses directives, l'aidant à marcher puis il indiqua finalement une porte et ils s'arrêtèrent devant. Elle n'avait rien de différent des autres seulement elle abritait un autre couloir, des escaliers et d'en bas de ses escaliers, on pouvait entendre des cris.
- Mimi reste ici avec lui, je vais jeter un coup d'œil et je reviens vous chercher voir ce que l'on peut faire !
Sans attendre de réponse, le brun dévala les escaliers et s'aperçut de l'obscurité plus intense d'instant en instant. Il entendit soudain une voix et se plaqua contre le mur. Avançant plus lentement mais plus prudemment, il parvint à un endroit où les escaliers viraient à angle droit. Il jeta un coup d'œil rapide puis s'accroupit sur les marches en réfléchissant. Il les avait trouvé !
Plusieurs cellules pouvant abriter jusqu'à dix ou quinze prisonniers et des militaires étaient installés devant,, autour d'une table en train de jouer aux cartes. Il y a plusieurs mois, une telle scène n'aurait été possible que dans un film mais aujourd'hui il était pourtant dedans et loin d'être un film, il jouait pour la réalité. C'était sa vie qu'il mettait en jeu! Son cerveau lancé à toute vitesse, il cherchait une solution pour distraire leur attention, une autre pour ouvrir les cages et enfin comment mener autant de monde dehors...
- Eh toi là haut !
Ulrich sursauta et il entendit la gâchette. Il eut juste le temps de se jeter sur le côté tandis que les balles ricocher sur le mur. Il ne réfléchit pas deux secondes de plus, désormais il n'avait plus le choix. Il se releva en dégainant l'un de ses sabres et au moment où l'homme qui avait tenté de l'abattre entra dans son champ de vision, il lui poignarda le cœur. Avec vivacité et souplesse il descendit les dernières marches et atterrit sur la table. Cinq hommes l'entouraient, tous armés mais trop surpris pour tirer. Ulrich en profita, décapitant le premier, il trancha la gorge d'un deuxième en tirant le deuxième sabre de son fourreau et le troisième périt d'un coup dans le ventre. Ulrich sauta à bas de la table et tomba à genou, évitant les balles du quatrième qui atteignirent son collègue en face de lui. Le visage terni par la rage, il se tourna Ulrich qui se trouvait à sa merci. Le temps que son ennemi appui sur la gâchette ne lui suffirait pas à s'enfuir ou à le tuer, il était en trop mauvaise position. Un éclair d'argent se fit voir au-dessus de lui et il ferma les yeux tandis que quelque chose de chaud et liquide l'atteignait au visage. Il s'essuya rapidement avec sa manche et vit l'homme s'écrouler, un poignard dans la gorge. Il se retourna et vit Mimi finir de descendre les marches tranquillement en portant l'ancien prisonnier.
-Il faut se dépêcher, je ne sais pas s'ils ont eu le temps de donner l'alerte.
D'un mouvement de tête, Mimi fit savoir à Ulrich qu'il avait compris et ils fouillèrent les six militaires sous les yeux pleins d'espoir des prisonniers qui avaient assisté à toute la scène. Le brun demanda de l'aide pour porter celui qu'ils avaient libéré du laboratoire et il en trouva sans problème. Peu après ils remontaient tous les marches dans le plus grand silence. Silence brisé par une sonnerie stridente.
- L'alarme d'intrusion ! s'exclama l'un des libérés.
-Mimi Il faut sortir d'ici et retrouver les autres, ils ont du repérer l'un d'entre nous.
- Il faut faire vite, approuva Mimi.
Ils détalèrent dans les couloirs sans chercher plus longtemps à se faire discrets mais l'attention des gardes semblait être à tout autre chose. Ils montèrent les escaliers et retrouvèrent enfin la lumière puis l'obscurité totale. Ulrich allait ouvrir la porte lorsqu'il entendit une voix venant de l'extérieur.
- Là-bas ! C'est une femme et un garçon. Ils ont libéré une partie des prisonniers.
Ulrich se tourna alors vers ceux qu'il avait libérés, une idée en tête.
- L'armurie la plus proche ?
Peu après un groupe de libérés revenait armes à la main et commencèrent à les distribuer. Ulrich ouvrit la porte et ils sortirent du bâtiment, atteignant la cour extérieure.
-Arika ! cria Mimi.
La jeune fille dévia de sa route et se dirigea vers eux.
-Le garage, c'est la seule solution pour sortir d'ici maintenant !
Des coups de feu se faisaient entendre, émergeant de partout, des militaires envahissaient la cour de plus en plus nombreux. Les libérés répliquant au moindre coup supplémentaire. Suivant Arika ils prirent la direction du garage où s'entassaient Camions et Jeeps. Grimpant rapidement sous les feux ennemis, le contact fut mis et plusieurs engins se mirent en route. Un énorme camion où des résistants s'étaient réfugiés à l'arrière défonça le barrage d'entrée, ouvrant la porte aux autres.

La route était éclairée par les phares jaunes du camion aux couleurs militaires, les coups de feu avaient enfin cessé et ils roulaient à présent à une allure bien différente que celle lorsqu'ils avaient quitté le camp militaire. Ulrich se redressa sur son siège et observa le conducteur.
-Merci, murmura soudain celui-ci. Je ne sais pas qui tu es mais merci !
-Mon nom est Ulrich. Je fais partie des résistants.
-Des résistants ? ceux qui sont rassemblés par une puissance inconnue dans les souterrains ?
-Tu as entendu parler de nous ?
-Tout le monde en surface connaît votre existence, murmura l'autre avec un sourire. Lorsque je me suis fait prendre, je cherchais encore comment vous rejoindre.
-Eh bien réjouis toi ! tu vas enfin voir nos territoires.
-Au fait, je m'appelle Lyle !
-Ravi de te connaître, tiens, prend à gauche !
La route était devenue un chemin et la forêt les entourait désormais. Les véhicules se dispersèrent et furent cachés dans les bois. Ulrich retrouva tous les membres de son équipe et donna les instructions.
- Arika, tu conduiras une partie des libérés au nid 3, Mimi tu les emmèneras au 4, Jon au 5, Karin toi tu iras jusqu'au n°7 et toi Nico tu conduiras le reste au n°8. Pas de question ?
Peu après la forêt était calme de nouveau, les bruit d'agitation s'éloignant dans cinq directions différentes. Ulrich commença à courir vers le fond des bois s'éloignant toujours plus des bruits et il se remémora les paroles de Jérémie. Traverser le bois, il n'était pas grand, mais il fallait une bonne heure. Et il mit une heure ! Il finit par arriver sur une route et il la parcourut des yeux. Sur la route, prêt de la route, il y a un passage dissimulé par des feuillages. Pendant un quart d'heure, le brun fouilla partout et il trouva finalement ce qu'il cherchait avec soulagement. Il se glissa dans le passage étroit et le referma derrière lui. Il se laissa descendre le long de la paroi et le sol revint à l'horizontal quelques mètres plus bas. Il marchait à petits pas précautionneux, ses pupilles s'habituant à l'obscurité ambiante peu à peu. A gauche d'abord puis à droite, et ensuite toujours tout droit. Il Suivit les consignes à la lettre et au bout d'un interminable chemin il aperçut une silhouette dans la lumière. Il courut vers lui et le blond ne put s'empêcher de l'étreindre avec joie.
-Je l'ai fais finalement! Sourit Ulrich avec malice.
- Tu l'as fais...
Il se dégagea et ils se sourirent mutuellement, heureux de revoir l'autre.
-Alors cette mission ? demanda Jérémie en l'entraînant vers l'autre pièce pour obtenir d'Ulrich un rapport détaillé...






Chapitre VIV/ une surprise de taille


Allongé dans le noir, les mains croisées sous la nuque, Ulrich réfléchissait. Une dizaine de mission, des centaines de prisonniers libérés mais pourtant il ne parvenait pas à chasser ce vide dans son cœur. Cela faisait cinq mois qu'il avait retrouvé Jérémie et qu'il enchaînait les missions pour lui. Son équipe et lui était parfaitement rôdés maintenant, ils ne commettaient jamais la moindre erreur et avaient permis la libération de centaines de personnes. Pourtant, cela ne lui suffisait pas, il avait beau tout faire, ça ne suffirait jamais. Il sentit une larme chaude couler le long de sa joue. Il la laissa glisser sans réagir et ne s'étonna même pas de sa présence. Il avait toujours pensé que le temps guérissait toutes les blessures et aujourd'hui il devait se rendre à l'évidence, il s'était toujours trompé ! Huit mois de passé et toujours la même douleur, il la ressentirait donc toujours ? La porte s'ouvrit et Jérémie entra; s'installant devant l'ordinateur, il appela le brun qui se releva et s'approcha de lui. Le regard du samouraï tomba sur le bras gauche de son ami. Jérémie avait relevé ses manches et on apercevait une fine cicatrice qui lui parcourait tout l'avant-bras, du poignet jusqu'au coude. Il ne la voyait que rarement et le blond lui avait déjà expliqué d'où elle venait. Souvenir douloureux pour lui. Il la contempla un instant, elle brillait sous la lumière de l'écran d'ordinateur. A cause de la guerre contre Xana, l'intellectuel s'était vu obligé d'enlever son plâtre lui-même mais l'expérience lui avait été fort douloureuse, du moins était ce ainsi qu'il le lui avait expliqué.
- Au fait Ulrich, Ana est rentrée.
-Alors ?
-Il n'était pas là.
Ulrich se renfrogna. Il connaissait mieux la rouquine et l'appréciait énormément, cette dernière était toujours à la recherche de son frère aussi dès qu'Ulrich revenait de mission, elle faisait tous les nids inspectant chaque groupe libéré, espérant y trouver son petit frère.
- Ulrich je sais que ta dernière mission date d'à peine trois jours mais j'ai besoin de toi. J'ai repéré quelque chose et j'aimerais que tu aille jeter un œil.
-Laisse nous le temps de nous préparer et il n'y a pas de problème.
-Non ! Cette fois j'aimerais que tu y aille seul...
Un silence de quelques secondes s'installa dans la pièce sans qu'Ulrich ne réagisse. Depuis le début, le brun ne travaillait qu'avec une équipe, une mission solo, c'est la première fois que Jérémie lui en proposait une.
-Très bien, finit-il par dire.
-Je vais t'expliquer, ce n'est pas compliqué mais il faut que tu réussisses.
Une fenêtre s'ouvrit sur l'écran puis une plus petite s'installa en bas à droite et Jérémie cessa de pianoter.
-Ces bâtiments se trouvent à à peine trois kilomètres à l'est. Ils sont entourés de hauts murs mais avec de l'aide, tu rentreras facilement. Par contre après tu seras seul. Tous les gardes qu'il pourrait y avoir seront tous à l'extérieur, sois sûr de ne pas en croiser un seul à l'intérieur, ils ont interdiction d'entrer. Une fois à l'intérieur, tu ne risque de croiser que des docteurs...
-Des docteurs ? c'est un laboratoire ?
-Exact, et j'ai découvert le but de leur recherches. C'est un virus. Un virus mortel et très contagieux mis au point par Xana et ses sbires. Ils ont le vaccin et compte l'injecter à tous leurs hommes tandis que les résistants ne pourront rien faire.
-Alors tu veux que je te ramène un échantillon du vaccin, c'est ça ?
-Oui, ça et aussi... j'aimerais la souche du virus !
-La souche mais...
-Ne t'en fais pas elle est isolée et tu ne crains rien en me l'apportant.
-Attends Jérem' que compte-tu en faire ?
-L'analyser, simplement, ne t'en fais pas
- très bien mais ...
-Il n'y a aucun risque Ulrich. De plus j'ai appris qu'ils avaient d'autres prisonniers là bas, dans les sous-sols. Des cobayes je suppose...
-Je vois. Quand veux tu que je parte ?
-Dès que tu peux !
-Explique moi comment entrer...
Pendant un long moment, il écouta Jérémie qui lui montrait les plans, lui donnait le moyen d'entrer et de sortir, lui disait où trouver ce qu'il voulait, où étaient enfermés les prisonniers et Ulrich retint tout. Ainsi, à peine deux ou trois heures plus tard, il se trouvait accroupit sur un mur haut de plusieurs mètres grâce à l'aide d'Arika. Il lui fait un signe de main et se laissa tomber de l'autre côté.
Il faisait nuit, la lune était cachée par de lourds nuages, les étoiles semblaient n'avoir jamais existées, un petit vent froid agitait les cheveux d'Ulrich, le calme régnait. Auparavant, lors d'une nuit comme celle là, il pouvait entendre les grillons et les animaux de la nuit briser le silence parfois pesant mais cette nuit là, il n'y avait pas le moindre bruit. Comme si ce monde avait exclu les animaux de son système ! Comme s'il les avait remplacé par des bruits de pieds aux lourdes bottes résonnant sur le béton, par des voix rauques, par l'odeur d'une cigarette ! Ulrich, longeant le mur protégé par l'obscurité de la nuit, s'écarta des voix qui lui parvenait et des éclats lumineux des lampes de poches des gardiens. Peu après, il traversa la cour d'un pas rapide et se colla au mur du grand bâtiment blanc. Il le longea et finit par trouver la porte, fermée à clé. En soupirant il se mit en face, Arika avait bien essayé de lui enseigné la façon de forcer une serrure mais il n'était pas patient pour ces choses là, d'un puissant coup de pied il la fit céder et le panneau de bois émit un craquement qui fit taire un instant les voix. Ulrich resta immobile, aux aguets, allaient-ils venir voir ou comme il le pensait... ?
Il soupira, visiblement les gardiens n'aimaient pas faire trop d'effort. Il les entendit rire et pénétra dans la bâtisse, un sourire au coin des lèvres. Les couloirs blancs étaient parfaitement éclairés, parfois un plateau monté sur roulette était rangé dans l'allée et un moment, Ulrich eut l'impression d'être dans un hôpital. Il parcourut quelques couloirs ainsi, tentant de se repérer. Jérémie n'était pas parvenu à pirater les plans complets, aussi Ulrich devait-il trouver les prisonniers seuls mais il avait tout de même la position du labo ! Il y arriva enfin et posa la main sur la poignée, mais resta immobile. Il y avait du monde à l'intérieur, deux hommes une femme selon les voix qu'il percevait. La main sur la garde de son sabre, il fit pivoter la poignée et la porte s'ouvrit sur une vaste pièce. Trois personnes se tenaient en son centre et voyant la porte s'ouvrir, ils interrompirent leur conversation.
Un jeune homme se tenait dans l'embrasure de la porte, un brun aux yeux sombres qui semblaient emplis de haine, sa main droite était posée sur le manche d'une arme qui était cachée dans son dos. Ses yeux se posèrent successivement sur les trois humains en blouse blanche puis firent le tour de la pièce blanche aux meubles d'acier.
-Que voulez-vous? Que venez faire ici ? lâcha soudain l'un des deux hommes.
-Je sais ce que vous faites.
-Vous ne nous arrêterez pas, continua l'homme.
-Je n'en ai pas l'intention, fit Ulrich, un sourire mauvais accroché aux lèvres.
Il avança de quelques pas, faisant reculer les docteurs jusqu'au mur derrière eux. Ulrich parcourut alors la pièce d'un pas lent et observa les étagères où les fioles s'accumulaient. Son regard tomba alors sur ce qu'il cherchait, lâchant la garde de son sabre, il ouvrit la petite porte et se saisit de trois fioles sur lesquelles étaient inscrit le mot "vaccin". Il se tourna alors vers les docteurs après avoir glisser les trois petits récipients dans une des poches de son baggy et sourit à nouveau.
-Il ne me manque qu'une chose et je m'en irais. Où est la souche du virus ?
-Plutôt mourir que de vous le dire, lança le seul homme qui avait osé prendre la parole.
-Oh vraiment..., répliqua Ulrich en dégainant son sabre avec lenteur.
Il avait très vite repéré la peur dans chacun de leurs yeux et il en profitait le plus possible. Il fit la femme tendre les bras vers lui, paumes ouvertes, une expression paniqué sur son visage.
-Attendez ! La souche est enfermée à l'étage en dessous, dans une sorte de frigo géant.
-Mélanie, réprimanda le docteur.
-Tu préférerais qu'il nous tue ? cracha la femme avec hargne.
-Tu dois loyauté à notre chef !
-Je n'ai pas choisi de le servir, il a tué ma famille c'est un monstre !
Ulrich resta un moment sans voix devant la dispute qui éclatait sous ses yeux puis, un sourire en coin, il sortit de la pièce sans rien ajouter. Quelques minutes après, il descendait les marches et se retrouva dans un couloir plus humide et un peu plus sombre que les précédents. Il suivit la seule direction possible mais se retrouva bientôt bloqué, le couloir se terminait en cul-de-sac, seulement il ne se trouvait pas face à un mur mais face à une immense porte. Il actionna la grande poignée et la lourde porte pivota sur ses gonds, laissant échapper un courant d'air froid qui le fit frissonner. Il jeta un coup d'œil derrière lui, c'était désert ! Si on le surprenait dans cette pièce, il était facile de l'enfermer il fallait donc qu'il fasse vite.
Il y avait de la glace partout mais aussi de nombreuses étagères en fer. Il les parcourut des yeux et son regard s'arrêta sur un paquet plus protégé que les autres. Il s'en saisit et après avoir passé son doigt sur l'étiquette, il put y déchiffrer l'écriture. Il avait ce qu'il cherchait !
Il poussa et la porte se referma avec lenteur puis dans un bruit lugubre, elle se verrouilla. Parcourant le couloir dans le sens inverse, il remonta et prit la première à droite. Il ouvrit la première porte qu'il trouva et pénétra dans la pièce sans hésitation. Un homme se tenait seul, assis sur un haut tabouret, devant un microscope.
-Les prisonniers ? où sont-ils ? demanda Ulrich tout à trac.
-Qui êtes-vous ? Vous n'avez pas à être ici, c'est une zone ...
-Les prisonniers, coupa Ulrich en dégainant son sabre.
Il vit le mouvement de recul du chercheur, la lueur de frayeur dans ses prunelles sombres puis sa voix se fit plus hésitante.
- Continuez tout droit, au bout, prêt du labo principal...
Sans plus attendre, Ulrich sortit et courut à travers le dédale de couloir. L'idée d'avoir ce virus dans sa poche n'était pas des plus réconfortante. Malgré les paroles rassurantes de Jérémie, il préférait s'en débarrasser le plus vite possible. Il ralentit et ouvrit la porte qui finissait le couloir. La pièce ne ressemblait en rien aux précédentes, si ses murs étaient blancs eux aussi, il n'y avait pourtant aucun meuble de fer, aucune éprouvette, aucun docteur, juste deux cellules avec dans chacune d'elle deux personnes.
- La clé, où est-elle ? articula-t-il avec peine, reprenant son souffle.
Un jeune homme roux saisit les barreaux de ses mains et montra le mur opposé du doigt. Ulrich saisit l'anneau qui retenait ensemble les deux clés rouillées et s'approcha du roux. Il le dévisagea quelques secondes et lui trouva un air familier. Au moment où la porte grinça, il eut un flash.
- Nom de dieu, tu es le frère d'Ana ?
-Ana ? tu la connais ? elle est vivante ?
- Plus tard, coupa Ulrich, interrompant le flot de question.
Néanmoins, un sourire était né sur ses lèvres, il était heureux pour Ana, il avait réussi à libérer son frère, elle allait être heureuse. La deuxième silhouette était enveloppée dans une cape noire à capuche qui dissimulait sa silhouette et son visage. Elle s'arrêta à la hauteur d'Ulrich mais celui-ci se détourna bien vite et ouvrit la deuxième cellule. Une jeune fille blonde en sortit, silencieuse et renfermée et un petit garçon d'à peine dix ans la suivit. Intérieurement, Ulrich gémit. Ils osaient mené leurs expériences mortelles même sur des enfants.
- Suivez moi, nous allons sortir d'ici.
Seul des hochements de tête lui répondirent, ils semblaient ne pas croire à leur chance. Ulrich les conduisit dans les couloirs, et au bout d'une demi-heure, il parvint enfin à trouver la porte de sorite, toujours dans la même position. Il jeta un regard inquiet vers les libérés et leur expliqua brièvement comment ils pourraient sortir. Là encore, sa seule réponse fut leur hochement de tête. Il les fit traverser la cour et rejoignit bientôt le haut mur. Il savait que de l'autre côté, son équipe était là et se tenait prête à intervenir s'il en montrait le besoin. Il fit singe au frère de Ana de s'approcher.
- Je vais te faire la courte échelle, une fois en haut tu hisseras le petit garçon jusqu'à toi, il ne pourra pas monter tout seul.
Après avoir pris appuis sur les mains jointes du samouraï, le rouquin attrapa le haut du mur et s'y hissa avec peine. Il s'agenouilla sur l'épais rempart et ses yeux fixèrent Ulrich qui faisait signe au petit garçon d'approcher. Avec hésitation, ce dernier posa son pied sur les paumes du brun et tendit les bras vers le rouquin qui le hissa à ses côtés. Il fit ensuite la courte échelle à l'homme dont il n'avait pas vu le visage tandis que le rouquin hissait la jeune fille. Il attrapa ensuite les bras d'Ulrich et peu après, ils atterrissaient tous sains et saufs de l'autre côté. Arika et Jon furent tout de suite à leurs côtés et ils partirent sans plus attendre.
- Jérémie nous attend au nid 3 Ulrich, il n'y a plus personne à l'intérieur.
Le brun lui fit signe qu'il avait compris et ils se faufilèrent bientôt à travers les tunnels souterrains. Ils atteignirent enfin leur destination et Ulrich aperçut Jérémie, allongé sur un matelas dans un coin.
- On est arrivé, signala-t-il à toute la troupe, réveillant pour le même coup son ami qui somnolait.
Le blond se leva et se dirigea vers Ulrich, l'air interrogatif. Au moment où le samouraï allait ouvrir la bouche pour lui donnait la réponse qui l'attendait une autre voix le coupa.
- ça alors ! Jérémie !
Ils se tournèrent surpris vers la personne qui avait parlé. Sa voix semblait familière mais aucun d'eux ne parvenait à mettre un visage dessus. C'était l'homme à la cape qui avait parlé ! Jérémie fronça les sourcils et ils le fixèrent d'un air suspicieux et curieux.
- Qui es-tu ? finit par demander Jérémie.
La main droite jaillit de sous la cape, elle était pâle et couverte d'égratignure. Elle se posa au sommet du crâne de celui à qui elle appartenait et poussa la capuche, révélant enfin le visage de l'inconnu. Des cheveux blond et long rassemblés en queue de cheval dans le dos mais avec une particularité, une tâche violette en son centre. Un visage pâle autrefois rieur et aujourd'hui si fatigué. Néanmoins un sourire l'éclairait et faisait briller jusqu'à ses prunelles.
- Bah alors! On reconnaît plus ses vieux amis ?
Odd !






Chapitre X/ retrouvailles: l'histoire d'Odd.


Ulrich cligna des paupières plusieurs fois et Jérémie se frotta les yeux pour s'assurer que ce qu'il voyait n'était pas une illusion provoquée par son esprit fatigué mais rien à faire, il semblait bien réel !
-Odd... souffla Jérémie, tu es... tu es vivant ...
- Eh oui Einstein, en chair et en os !
Jérémie eut un pincement au cœur. Cela faisait plus de huit mois qu'il n'avait pas entendu quelqu'un l'appeler ainsi. Ce nom ramena des souvenirs enfouis et il sentit une boule se loger dans sa gorge.
-Mais tu... ils t'ont... je les ai entendus... Ils t'ont tiré dessus..., articula Ulrich.
Une grimace déforma le visage du blondinet.
- Et ils ne m'ont pas loupé mais je suis bien vivant et heureux de vous avoir retrouvé...
A peine avait-il fini sa phrase qu'il sentit deux paires de bras s'enrouler autour de son corps. Il abaissa les paupières et soupira, un sourire heureux au coin des lèvres. Il n'était plus seul, la solitude était finie pour lui, plus d'errance, plus d'épreuve sans but. Ils avaient retrouvé ses amis, même Jérémie qu'il avait cru mort.

Installés dans une petite pièce adjacente, ils s'étaient assis sur les matelas. Ulrich ne quittait pas Odd des yeux comme s'il avait peur qu'il disparaisse. Ce dernier avait entamé son récit de ces huit derniers mois et releva le tee-shirt violet jusqu'à son cou laissant voir de vilaines cicatrices.
- Comme vous voyez ils ne m'ont pas si loupé, je me suis fait toucher trois fois.
Son doigt montra les deux points de peau pâle et lisse, qui se différenciait du reste de son torse et de son ventre.
-La dernière m'a traversé la cuisse gauche, ajouta-t-il en abaissant son vêtement. Ils m'ont laissé pour mort dans la forêt et sont partis très vite, apparemment ils étaient pressés.

Flash back

La main sur son ventre couvert de sang, Odd se releva en grimaçant. Il s'était évanoui mais pendant combien de temps ? Il commença à marcher prenant appui sur les arbres. Son visage blêmissait davantage de minute en minute, sa vue était trouble, tout tournait autour de lui pourtant ce n'était pas le moment de s'évanouir une deuxième fois. Il se traîna avec peine jusqu'au collège Kadic et son visage perdit alors ses dernières couleurs. Il n'y avait que des ruines, le bâtiment des dortoirs s'étaient écroulé, celui des sciences avait subi le même sort quand aux réfectoires il n'en restait pratiquement rien sinon des cendres encore chaudes d'où s'échappait une légère fumée. Le gymnase n'existait plus non plus, il n'y avait plus rien qu'un champ de ruine. Il s'adossa à un arbre et se laissa glisser au sol. Yumi, Jérémie et Ulrich étaient dans les dortoirs avaient-ils eut le temps de sortir avant que le bâtiment s'écroule ? Il entendit des voix lointaines, comme des murmures et il voulut se relever pour s'éloigner, la zone était dangereuse mais tout tournait toujours plus vite autour de lui, les ténèbres le menaçaient et après quelques minutes de lutte, il s'écroula sans la moindre force, persuadé qu'il allait mourir en se vidant de son sang. Au moins je reverrais mes amis...
Quelque chose de froid le tira douloureusement des brumes de l'inconscience. Il secoua la tête, il voulait qu'on le laisse tranquille, il était si bien dans ce monde sans sensations ni émotions. Il ne voulait pas souffrir encore, qu'on le laisse mourir. Mais une voix grave se fit entendre et il sentit une goutte d'eau couler le long de sa joue puis se faufiler dans son cou, jusqu'à sa nuque le faisant frissonner. Peu à peu, la douleur s'empara de nouveau de lui et un gémissement s'échappa de ses lèvres tandis que sa main se crispait sur son torse nu. Il sentit sous ses doigts le contact rugueux de ce qu'il devina être un bandage. Il comprit qu'on tentait de le sauver, mais qui ? Il battit des paupières et entrouvrit les yeux pour les refermer aussitôt. La lumière l'aveuglait.
- C'est bon, ouvre les yeux, j'ai éteint la lumière, entendit-il.
Il ouvrit alors complètement les yeux et vit un visage familier au-dessus de lui mais son esprit embrouillé ne parvenait pas à mettre un nom sur la personne qu'il avait en face de lui. Il tenta de se redresser et y parvint seulement grâce à l'aide que lui procura la jeune femme.
- ça va aller, Odd? Demanda-t-elle.
- Je crois..., souffla-t-il avec peine.
-Tu as eu beaucoup de chance. Lorsque je t'ai retrouvé, tu avais à peu prêt autant de couleur qu'un cadavre.
-Merci, murmura le blondinet.
Il leva les yeux et dévisagea la jeune femme quelques minutes, essayant de chasser les brumes qui embrouillaient encore son esprit. Puis le nom lui revint comme s'il se l'était toujours rappelé. Qui donc au collège Kadic avait les connaissances pour soigner un élève ? Yolande bien sûr.

Fin du flash back

-Alors c'est Yolande qui ta soigné ? s'assura Jérémie.
-Oui, elle m'a beaucoup aidé. Je suis resté deux mois à ses côtés, elle soignait tous les gens qu'elle trouvait et de mon côté je l'aidais et la protégeais jusqu'au jour où elle a disparue. Je ne l'ai jamais revue et encore aujourd'hui j'ignore ce qui s'est passé. Mais elle ma fourni de précieuses informations, à savoir qu'Ulrich était vivant. Ce dont je ne doutais plus après avoir vu les affiches dans toute la ville...
-Xana ne voulait pas me laisser m'échapper, grimaça Ulrich. J'ai eu du mal à éviter de me faire prendre mais j'ai eu beaucoup de chance et lorsque j'ai retrouvé Jérémie, tout allait mieux. Mais Xana était déterminé à tous nous tuer...
-Elle t'a appris autre chose? Demanda Jérémie en fixant Odd, devinant qu'il n'avait pas tout dit.
-Eh bien ... Je... Elle m'a aussi dit que les élèves du dortoirs étaient sortis avant l'écroulement du bâtiment... Alors j'ai eu l'espoir de ...Que vous étiez tous sains et saufs...
-Ce qu'elle t'a dit est juste mais pas exactement..., commença Ulrich d'une voix sourde.
-C'est nous qui avons libéré les élèves prisonniers, reprit Jérémie, sachant Ulrich incapable de relater les évènements qui s'étaient passés dans l'ancien internat de Kadic. Tous les internes étaient enfermés dans leurs chambres sans aucun moyen d'échapper aux flammes. Ulrich et moi avons ouvert toutes les chambres du premier mais... Yumi a couru jusqu'au deuxième... C'est là qu'était son frère... Ulrich est monté l'aider et moi j'ai été traîné de force par Jim, dehors. Il m'a dit qu'ils avaient posé des bombes, ils allaient tout faire sauter...
-Et ... Yumi? Demanda Odd en appréhendant, un poids dans l'estomac.
-Lorsque je suis monté à l'étage, le feu était trop fort, expliqua Ulrich les yeux fixés au sol puis il prit une grande inspiration et acheva le cœur enserré dans un étau. J'ai entendu des voix mais c'était impossible de passer, ni pour entrer, ni ... pour sortir.
-Non..., murmura Odd d'une voix faible puis il releva la tête et fixa Ulrich, sa voix se fit plus sûre. Non, elle n'est peut-être pas morte.
-Quoi ? mais Odd...
-Yolande a soigné Hiroki !
Ulrich en resta bouche bée. Yumi était parti à l'étage pour sauver son frère et celui-ci s'en était sorti. Etait-il possible qu'elle...
-J'en suis sûr, affirma le blond. C'était peu avant qu'elle ne disparaisse.

Flash back

Yolande pénétra dans la maison abîmée où Odd, elle et quelques autres s'étaient installés provisoirement et s'assit prêt du blond avec un sourire fatigué. Il était assis devant une table basse et buvait un bol de soupe avec lenteur, savourant la nourriture qui leur était offerte. Elle le regarda et un sentiment de joie jaillit en elle. Il était complètement hors de danger, il se remettait tout à fait convenablement et d'ici quelques jours, il pourrait se déplacer et courir comme avant.
-Tu n'as pas eu de problème? S'inquiéta Odd.
- Non, j'ai réussi à éviter les militaires et j'ai soigné trois personnes. Blessures par balle encore.
- Ils ont eu la chance de te trouver, soupira Odd en reposant le bol vide sur la table.
- Tiens j'ai même soigné ... ah mince j'ai mangé son nom... C'est le petit frère d'une de tes amies, tu sais la japonaise...
- Hiroki ! s'exclama Odd, une flamme nouvelle dans les yeux, Yumi était avec lui ?
- Non, à vrai dire il est parti aussitôt après que je l'ai soigné, je ne sais pas du tout où il est. Mais c'est certain, sa sœur n'était pas avec lui.
Odd baissa les yeux et contempla son bol vide. Depuis deux mois qu'il cherchait ses amis, il commençait à désespérer. Il savait Ulrich vivant car toutes les affiches collées sur les murs avoisinants le lui avaient appris mais il ignorait tout de Yumi et Jérémie. Il espérait de tout cœur qu'ils avaient réussi à sortir du bâtiment avant qu'il ne s'écroule mais comment en être sûr ?

Fin du Flash back

- Et Yolande a disparu quelques jours plus tard, ajouta Odd d'une voix terne.
Cependant il avait bien remarqué que dans les yeux éteints d'Ulrich s'était allumé une flamme nouvelle, celle de l'espoir. Celle qu'il aimait était peut-être vivante, le samouraï avait l'impression que son cœur chantait une chanson nouvelle. Mais la réalité reprit le dessus et il redescendit sur terre. Il y avait une chance sur plusieurs milliers qu'elle soit en vie, il la chercherait mais il devait continuer à aider ceux qui avaient besoin de lui. Il ne pouvait pas tout abandonner parce qu'il y avait une chance infime qu'elle n'ait pas péri et ce serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Non, il fallait être réaliste ! Mais il n'avait aucune envie de l'être !
- Qu'as-tu fait ensuite ?
La voix de Jérémie le tira de ses pensées et il reporta son regard sur Odd.
-J'ai cherché Ulrich, j'ai erré un sacré bout de temps, et je me suis finalement fait prendre. J'ai été fait prisonnier par l'un des robots de Xana et il m'a enfermé dans une cellule. Ils ont essayé de me convaincre de rejoindre leur troupe mais au bout de deux semaines, voyant que je ne cédais pas, j'ai été envoyé autre part.

Flash back

L'endroit était humide et Odd resserra sa cape autour de lui en frissonnant. L'endroit était sinistre et lugubre, il aurait fait horreur à n'importe quel homme, même au plus courageux. Et cela faisait deux semaines qu'il y était enfermé. Il n'avait droit qu'à une ration par jour avec le pichet qui l'accompagnait mais la faim le tenaillait. Visiblement Xana et ses soldats ne savaient pas ce que voulait dire le terme de "bien manger". La mixture immonde l'avait forcé à un jeun auquel il commençait à s'habituer. Depuis le début de la guerre, un repas par jour était un événement rare et largement bien accueilli, quelle différence par rapport à avant, avait pensé amèrement Odd. Lui qui avait prit l'habitude des doubles rations depuis la 6°. Rosa et ses bons petits plats lui manquaient. Les repas au réfectoire entouré de ses amis aussi. Il revoyait encore les scènes qu'il affectionnait par-dessus tout et c'est ce qui lui permettait de tenir.
Il sourit à ses souvenirs. Jérémie qui parlait dans un langage inconnu de tous sauf de lui-même et peut-être d'Aelita. Ulrich qui fixait Yumi d'un air amoureux en espérant que personne ne s'en rendrait compte. La japonaise qui riait encore d'une de ses moqueries sur la façon de parler de l'Einstein avec Aelita. Ou encore lorsqu'ils étaient tous autour de ce banc, les remballages de Sisi, les aventures sur Lyoko...
Son fin sourire se transforma en sourire amer. De la quatrième à la première, il avait lutté contre cette pourriture informatique avec ses amis et finalement, au bout de quatre ans, il avait gagné.
- Viens là !
La voix robotique ne le surprit même pas, il se leva lentement et se dirigea vers la porte ouverte. Le robot le poussa de sa main de fer entre les deux omoplates et le força à avancer un peu plus vite. Il le conduisit dehors et le fit monter dans un camion aux couleurs des militaires où d'autres prisonniers se trouvaient déjà.
Le trajet dura plusieurs heures. Les cahots de la route faisaient grogner les prisonniers. Puis finalement le camion ralentit et s'arrêta dans une autre cour, devant un autre bâtiment entouré de hauts murs. Certains descendirent, d'autres pas. Odd se laissa guider et il comprit pourquoi il l'avait emmené ici deux jours après. Deux cellules qui étaient pleines se vidèrent petit à petit et il surprit une conversation. Il n'était qu'un cobaye pour une expérience mortel. Pour eux, il n'était qu'un animal. Yolande l'avait sauvé en vain finalement puisque six mois après il allait donner sa vie pour une expérience. Seulement Ulrich était arrivé et l'avait sauvé.
Lorsqu'il lavait vu la première fois, il en était resté bouche bée. Après autant de temps passé à le chercher, c'est le brun qui venait à lui. J'aurais du me faire prendre avant, ç'aurait été plus simple, pensa le blond avec amertume. Mais il ne pouvait se cacher le soulagement ressenti, quelle joie, plus jamais seul. Et lorsqu'il avait aperçu Jérémie, il n'avait pu retenir un cri de surprise...

Fin du flash back

- C'est à peu prêt tout ce que j'ai vécu ces huit derniers mois... acheva Odd d'une voix fatiguée.
Il posa ensuite les questions à Ulrich et Jérémie, que s'était-il passé pour eux, comment s'étaient-ils retrouvé et il eut le droit à un récit complet et détaillé qui les emmena jusqu'à tard ou plutôt tôt puisque dehors, même s'ils ne pouvaient le voir, le soleil se levait et quelque part un peu à l'est, les pions de Xana se préparait à partir en chasse...







Chapitre XI/ le projet de Jérémie

Le retour de Jérémie et Ulrich au "quartier général" avec Odd et le rouquin provoqua de grandes effusions. Ils arrivèrent au moment du repas, alors que dehors le soleil avait déjà entamé sa descente. Jérémie pénétra le premier dans la pièce centrale et fut suivi d'Ulrich qui rencontra le regard d'Ana. Il lui fit alors un grand sourire et la jeune fille ne sembla pas comprendre. Mais elle ne tarda pas à trouver la signification de la lueur dans les yeux d'Ulrich. Elle vit un jeune garçon entrer dans la pièce et la fouiller des yeux avant d'arrêter son regard sur elle. Ses prunelles grises s'illuminèrent et un grand sourire détendit ses traits.
- Kyle !
Ana repoussa sa chaise si brusquement que celle-ci tomba à terre dans un bruit mat mais elle n'y prêta pas attention et se jeta au cou du rouquin qui l'enlaça, les larmes aux yeux.
- Ana..., murmura-t-il doucement.
Les minutes qui suivirent furent confuses mais Ulrich se souviendrait toute sa vie du regard d'Ana lorsqu'elle était venue le remercier, les yeux humides, les joues inondées de larmes de joie et une expression de bonheur à l'état pur inscrite sur son visage. Ce soir là fut sans doute le soir le plus joyeux qu'Ulrich avait vécu durant ces huit derniers mois.

Jérémie travaillait déjà alors que les autres venaient pour la plupart de s'allonger sur les matelas. Odd s'était installé dans la pièce adjacente qui l'accueillait déjà lui et Ulrich. L'intellectuel fixa ses deux amis un moment et un léger sourire éclaira son visage. Pour un peu il se serait cru au "bon vieux temps". Les autres dormaient et lui continuait ses recherches jusqu'à pas d'heure sur son ordinateur. Son sourire disparut soudainement et son visage se figea comme chaque fois que ses pensées se dirigeaient vers le passé. Il se secoua mentalement et se concentra sur ses idées. Le flacon contenant la souche du virus était à côté de lui, prêt de son écran. Il la contempla puis reporta son regard sur l'écran. Au bout de plusieurs heures de travail acharnées, il était parvenu à trouver la composition du vaccin et pouvait désormais le reproduire dans la quantité qu'il voulait, à condition de trouver les produits. Mais ce n'était pas ce qui intéressait le plus Jérémie. Non, surtout que maintenant Xana savait qu'ils avaient aussi le vaccin, il élaborerait sûrement une autre stratégie pour les éliminer.
Odd gémit dans son sommeil et il se retourna, ses paupières s'ouvrant lentement. Il avait perdu l'habitude de dormir aussi longtemps en une seule fois. Il aperçut le dos de Jérémie qui pianotait sur son clavier et il perçut la respiration saccadée d'Ulrich qui marmonnait dans son sommeil. Le blond se leva et s'approcha doucement de Jérémie.
- Alors Einstein, tu n'as pas dormi ?
- Je dormirais plus tard, lâcha ce dernier sans quitter son écran des yeux.
- Qu'est ce que tu fais ? interrogea Odd.
- Je remanie le virus.
- Pour en faire quoi ? Odd fronça les sourcils, plus qu'intrigué.
- J'ai trouvé le moyen de tuer Xana.
- Quoi ??
Le cri de surprise d'Odd éveilla brutalement Ulrich qui se leva en grognant.
- Je peux savoir ce qui se passe ?
- Einstein vient de m'annoncer quelque chose de... de totalement ...euh étonnant..., bredouilla Odd.
- Jérémie ? questionna Ulrich, curieux.
- Nous allons mettre fin à la guerre, Ulrich. Je vais faire muter la souche de façon à ce qu'elle puisse tuer Xana.
- Et comment comptes-tu t'y prendre? Demanda Odd.
- Eh bien ! il faut savoir que Xana a beau être dans un corps presque humain, il n'en reste pas moins en partie un virus fait de données informatiques. Quoi de mieux qu'un virus pour le détruire ?
- Euh... Jérem', je veux pas te casser ton plan mais..., commença Odd.
- Ce virus n'était pas prévu pour les humains à la base, coupa Ulrich.
- Exact, approuva Jérémie sans s'affoler, c'est bien pour ça que je le fais muter. Je vais faire en sorte qu'il ne s'en prenne qu'aux êtres tels que Xana.
- Et nous ne risquerions rien? S'inquiéta Ulrich.
- Absolument pas. Il n'est plus contagieux.
Ulrich échangea un regard perplexe avec Odd puis dévisagea Jérémie toujours concentré sur les données défilant sur son écran.
- Comment compte-tu l'atteindre ?
A la question du samouraï, Jérémie se figea. Il ôta ses lunettes d'une main et se frotta les yeux en soupirant longuement. Puis son bras retomba le long de son corps et il s'adossa au dossier de la chaise en remettant ses lunettes. Il fixa Odd et Ulrich tour à tour et soupira une seconde fois.
- Il faut lui injecter directement.
L'ébahissement s'inscrit peu à peu sur le visage du chat et du samouraï puis Ulrich se renfrogna et secoua doucement la tête de gauche à droite.
- tu sais que c'est impossible Jérémie, n'est ce pas ?
- Je n'ai pas trouvé d'autre moyen..., murmura Jérémie d'une voix lasse. Il faut que cette guerre cesse.
- Je suis d'accord avec toi mais ton idée c'est..., commença Odd en cherchant ses mots, même si tu mettais ce virus au point, ce serait du suicide pur et simple cette mission. As-tu déjà vu où Xana vivait ?
Ils frissonnèrent tous les trois, se remémorant la vue infâme et effrayante de la forteresse de leur pire ennemi.

Flash back

Ulrich avait accompli une énième mission pour Jérémie mais il avait été séparé d'une partie de son équipe. Derrière lui, Jon et Nico couraient. Ils avaient libéré une dizaine de personne mais l'endroit était gardé comme aucun autre et ils comprirent vite pourquoi.
Ils se stoppèrent soudain et se figèrent d'horreur. La première pensée d'Ulrich fut qu'ils étaient entrés sur un plateau de cinéma mais la réalité était telle que c'était impossible.
Devant lui se dressé un bâtiment informe, particulièrement laid. De hautes façades noires surmontées de pics pointus comme des lances, une tour de plus de trois cents mètres de hauteurs autour de laquelle des oiseaux noirs volaient, des toits de tuiles noires dépassaient des façades, des soldats vadrouillant ici et là et les portes d'entrée... C'était tout sauf des portes. Noires, comme le reste du bâtiment, hautes d'environ deux mètres, et en leur centre d'un rouge sang le symbole de Xana.

Fin du flash back

- Sur la porte, c'est du sang Jérémie ! Le sang de ceux qui ont tenté de pénétrer sa forteresse, murmura Odd. Je l'ai appris peu de temps après l'avoir vu.
Les épaules de Jérémie s'affaissèrent puis il plongea son regard dans celui d'Ulrich.
- On ne peut pourtant pas le laisser vivre. Il faut le tuer, mettre fin à tout ça.
-J'ai beau être d'accord avec toi, je ne vois pas comment faire. Ton virus est une bonne idée mais il n'y aucun moyen de le lui injecter.
-Il faudra bien trouver pourtant, affirma Jérémie d'un ton dur mais sûr faisant soupirer ses amis.
-Ecoute, commença le samouraï.
-Non ! coupa Jérémie. Je vais mettre ce virus au point et nous trouverons un moyen.
Depuis qu'il avait retrouvé Jérémie, Ulrich avait compris que lorsqu'il employait ce ton il n'y avait aucun moyen de le faire changer d'avis. Il soupira en haussant des épaules.
-Très bien, finit par murmurer Ulrich. Met le au point nous chercherons un moyen mais rien n'est sûr.
-Merci.
La voix faible de Jérémie lui fit lever les yeux et il croisa son regard. Il ne lui avait encore jamais vu et Ulrich sut que même si sa solution n'avait qu'un pour cent de chance de marcher, il la tenterait ! Pour que la guerre cesse, pour que le monde redevienne un monde de paix et Ulrich sut qu'il le faisait avant tout pour Aelita. Aelita était la pensée constante de Jérémie, c'est elle qui lui donnait le courage de continuer, la force de travailler, les moyens de réussir. Son souvenir lui offrait autant que la présence de la jeune fille dans le passé et Ulrich eut un pincement au cœur à l'idée que leur amour était sans doute le plus pur qu'il est rencontré même s'ils ne se l'étaient jamais avoués.
Une douleur réapparut soudain dans sa poitrine et Ulrich obligea ses pensées à s'orienter ailleurs. C'était trop douloureux; ne serait-ce qu'évoquer le mot amour le faisait souffrir comme s'il la perdait une nouvelle fois...
-Ulrich...
Le samouraï leva les yeux vers Odd puis se leva et tenta un maigre sourire. Mais il savait que son ami n'était pas dupe. Derrière eux, Jérémie s'était remis à travailler en faisant à nouveau abstraction du monde extérieur. Ils décidèrent de le laisser travailler au calme et sortirent de la pièce. La salle adjacente abritait encore des dormeurs et pour ne pas risquer de les réveiller, ils s'engagèrent dans les souterrains.
-Ulrich, appela Odd au bout de plusieurs minutes.
-Mmm ?
-Tu..., Odd hésitait, comment formuler sa question ? Enfin, elle...
-Elle me manque plus que ce n'est possible, acheva Ulrich d'une voix faible.
Trouvant enfin un coin où s'installer, ils s'assirent en silence, Odd dévisageant Ulrich avec inquiétude.
-Pourquoi ne lui as-tu jamais avoué ? Cela faisait plus de quatre ans que nous la connaissions.
-Ça c'est une bonne question Odd... Une très bonne question...
-As-tu seulement la réponse ?
-Je crois...je enfin tu sais... avec toutes ces histoires... , Ulrich s'interrompit. Non tout ça c'était des prétextes, il inspira profondément et se décida à cesser de se voiler la face. J'avais peur...
-Tu savais qu'elle t'aimait ? demanda Odd après un très long silence. Ulrich se tourna vers lui, plus qu'étonné puis un sourire tremblant étira ses lèvres et il baissa les yeux.
-C'était mon plus grand souhait, murmura-t-il en guise de réponse.
-Elle me l'a avoué un jour, par mégarde, tu sais comment j'étais...
Ulrich se souvenait parfaitement, il avait réussi à lui faire dire bon nombre de chose par un moyen détourné, avec un air taquin puis il plaisantait comme si rien n'était grave. Le sourire d'Ulrich s'agrandit un peu, c'était une belle époque, l'époque où ils étaient encore tous ensemble.
-ça me manque..., lâcha Odd, elles me manquent...
-ça fait huit mois, presque neuf qu'elle n'est plus là et c'est comme au premier jour...Lorsque j'ai retrouvé Jérémie j'ai pensé que ça s'atténuerait mais ...
Une douleur sourde dans la poitrine, l'obscurité régnant autour d'eux, Ulrich avoua à Odd tout ce qu'il ressentait depuis le début, tout ce qu'il ne laissait jamais voir ni deviner et Odd l'écouta d'une oreille attentive sans l'interrompre. Il le remercia silencieusement tandis qu'il s'épanchait ainsi pour la première fois de sa vie. Pourtant aucune larme n'était venue perler à ses yeux et il ne s'en étonna pas. Il n'avait que trop pleuré depuis sa mort. Le silence finit par s'installer autour d'eux et Ulrich sentit le bras d'Odd au-dessus de ses épaules. Il allait ouvrir la bouche pour ajouter quelque chose quand la terre se mit à trembler. Le samouraï se jeta sur son ami et l'allongea à terre tandis que la bombe proche faisait tomber des morceaux du plafond. Une fois le danger passé, ils se relevèrent et Odd affirma qu'ils feraient mieux de retourner se mettre en sûreté au quartier général. Ils y trouvèrent tout le monde bien éveillé et en pleine agitation.

Un mois plus tard.

-ça y'est, j'ai enfin réussi !
Jérémie venait de sortir de la petite pièce, un air triomphant sur le visage et tenant à bout de bras un tube de verre.
-Eh Einstein, fais gaffe avec ça quand même, lança Odd.
-T'inquiète Odd, fit Jérémie avec un clin d'œil, ses traits laissant voir la joie de son travail accompli, ça ne craint rien, il n'y en a qu'un qui risque sa vie en s'approchant de ça. Je l'ai rendu plus agressif, si Xana le respire ou si le tube se brise non loin de lui et que la fumée qui s'en échappe le touche, c'en sera vraiment fini.
-Jérem', je ne veux pas te briser tes espoirs, mais on a toujours aucun moyen de pénétrer dans sa forteresse.
-On trouvera Ulrich, j'ai appris il y a peu,des choses très intéressantes qui pourrait nous être d'un grand secours...







Chapitre XII/ Les Naïshs


-Quels genres de choses, Jérémie ? demanda Ulrich après s'être adossé au mur; assis sur l'un des deux matelas de la pièce.
-D'autres résistants, répondit celui-ci en s'installant sur la chaise face à ses amis. Ils sont surnommés les Naïshs. Les soldats sont constamment à leur recherche.
-Comme après tout les autres, lança Odd en haussant les épaules, c'est normal. Xana veut éliminer ses ennemis, ce n'est pas nouveau.
-Là c'est différent Odd, il a découvert leur existence il y a peu et il veut les exterminer.
-Mais pourquoi s'acharne-t-il sur eux ? Ils sont plus nombreux que nous ? interrogea Odd.
-Pas du tout, bien au contraire. Ils vivent en surface ce qui les obligent à vivre en petit groupe et ils sont répartis sur toute la ville.
-Tu compte leur demander de se joindre à nous ? demanda Ulrich en fronçant les sourcils.
-Crois-moi, si je le pouvais je le ferais, soupira Jérémie. Mais je ne sais pas comment les contacter.
-Mais qu'ont-ils de si spécial ? s'étonna le samouraï.
-Eh bien..., ils ont réussi à pénétrer la demeure de Xana, lâcha Jérémie.
Les yeux d'Ulrich et Odd s'agrandirent sous le coup de la surprise. Ils fixèrent Jérémie en silence une bonne dizaine de seconde finalement Ulrich secoua la tête de gauche à droite comme pour se remettre les idées en place et ouvrit la bouche pour reprendre la parole.
-Et je suppose que comme les autres ils n'en sont pas ressortis...
-Si justement Ulrich, Ils en sont ressortis vivants...
-Mais comment ont-ils fait ? s'étonna Odd.
-Ils sont simplement entrés dans les rangs de Xana, c'est pour ça qu'il veut leur mort. Les Naïshs sont des espions, ils se sont infiltrés dans de nombreuses bases à lui et il leur attribut les nombreux "capotages" de ses projets les plus importants.
-Mais comment a-t-il découvert leur existence ?
-Il en a trouvé un. D'après ce que je sais il l'a interrogé lui-même et l'a torturé. L'existence des Naïshs est apparemment la seule chose qu'il a pu lui faire dire. Il ne lui a donné que le nom de ses nouveaux ennemis et Xana était fou de rage.
-Il faut les trouver, nous pouvons les aider, lança Odd.
-C'était bien mon intention..., fit Jérémie un sourire en coin.
Ulrich vit tout de suite à son expression qu'une idée avait germé dans son esprit mais il savait qu'il ne la leur avouerait pas maintenant.

Deux semaines plus tard.

- Odd il ne faut pas s'attarder ici, cria Ulrich.
-Mais je suis sûr qu'il y avait quelque chose ici.
- La preuve que non, allez ! viens ! sinon on risque de se faire prendre.
Odd jeta un dernier coup d'œil dans les maisons en ruine, il ne pouvait se résoudre à regagner l'abri des souterrains maintenant. Ulrich et lui étaient remonté en surface après que Jérémie leur ait dit qu'une bombe avait été largué non loin d'eux sûrement parce que les hommes de Xana avait repérés des mouvements ennemis mais en montant ils avaient bien vu qu'il n'y avait aucun corps, juste de la poussière et des centres encore chaudes.
- Odd !
Mais le blond continuait de fouiller les ruines des yeux. Il fallait trouver les Naïshs mais malgré leurs recherches assidues des deux dernières semaines, ils en étaient toujours au même point. Soudain il vit quelque chose bouger, un vêtement voler. Il se mit à courir et aperçut une silhouette recouverte d'une cape. Il se lança à sa poursuite en appelant son ami qui accourut dans sa direction. La silhouette se retourna et accéléra en voyant qu'ils tentaient de la suivre. Elle les fit slalomer entre les ruines pendant une bonne dizaine de minutes et elle finit par pénétrer dans une petite ruelle sombre, Odd et Ulrich à sa suite.
La ruelle finissait en cul-de-sac et la silhouette avait disparue. Ulrich se plia en deux et posa les mains sur ses genoux pour récupérer son souffle.
-A ce rythme là, on ne les trouvera jamais. Remarqua Odd et levant les yeux vers les murs qui faisaient l'obscurité de la ruelle.
-Il faudra pourtant, tu as entendu Jérémie ? on a besoin d'eux.
-Je persiste à croire que l'idée de notre Einstein est irréalisable.
-Nous verrons bien. Fit Ulrich en se dirigeant vers la sortie de la ruelle. Au moins a-t-il une idée pour faire cesser cette guerre. Allez rentrons.
Ils se dirigèrent donc vers la lumière mais une silhouette voilée venue de nul part atterrit devant eux. Entièrement recouverte d'une cape, son visage et ses cheveux dissimulés, il n'y avait que ses yeux de visible. Elle les dévisagea et sembla sourire sous son voile.
- Vous nous cherchiez messieurs... vous nous avez trouvés...
A cet instant pour Ulrich et Odd se fut l'obscurité...

Jérémie tournait en rond dans la pièce principale de leur repère sous les yeux inquiets d'Ana et son frère, ainsi que ceux de Jim et Arika.
-Jérémie, arrête de tourner comme un lion en cache, lâcha soudain Jim avec lassitude.
-Depuis combien de temps sont-ils partis ? interrogea-t-il sans prêter attention à l'ancien professeur.
-Ils vont revenir. Ils ne sont absents que depuis plusieurs heures, répondit Arika.
-Mais ça devait leur prendre une heure au plus. Il a du se passer quelque chose.
-Cesse de t'inquiéter, tu connais Ulrich et Odd mieux que moi, continua Arika. Ils sont capables de s'en sortir. Et va savoir, si ça se trouve ils sont en retard parce qu'ils ont enfin trouvé les Naïshs.
Mais toutes ses paroles n'empêchaient pas Jérémie de tourner en rond en se tortillant les mains d'un geste nerveux. Mais que faisaient-ils ? ils auraient déjà du être là ?...

Odd émergea des brumes de l'inconscience en gémissant. Décidément, s'évanouir, il détestait ça. Au bout de quelques minutes, il se rendit compte que ses mains étaient fixées dans son dos et il ne pouvait pas ouvrir les yeux. Il renonça bien vite en pensant aux derniers événements avant sa perte de connaissance. Ils avaient du les prendre par derrière et les assommer. Odd soupira. Il tendit soudain l'oreille en entendant des voix. Une porte s'ouvrit et soudain la lumière l'aveugla tellement qu'il fut obligé de fermer les yeux. Lorsqu'il retrouva l'usage de ses pupilles, il vit Ulrich assis à côté de lui dans la même situation et accroupie devant eux une silhouette identique à celle qu'ils avaient déjà vu mais avec une paire de yeux différents.
- Qui est Jérémie ?
Les sourcils d'Ulrich se froncèrent en entendant la question puis comprit. Ils avaient vraisemblablement entendu a conversation qu'il avait eue avec Odd dans la rue et voulait des explications.
- Un ami, répondit-il simplement.
-Et comment compte-t-il mettre fin à la guerre ?
-Par le seul moyen qui existe, en tuant celui qui l'a déclenché, lâcha Odd.
-Et que voulez vous aux Naïshs ?
-Dans un premier temps, qu'ils nous détachent ça serait pas mal..., ironisa Odd.
L'autre le dévisagea quelques instants puis se releva sans un mot.
-Qui êtes-vous exactement ?
-Nous faisons partie d'un groupe de résistants, expliqua Ulrich. Nous vous cherchions pour vous proposer une sorte d'alliance.
-Les groupes de résistants ont été nombreux depuis le début de la guerre mais peu d'entre eux ont duré plusieurs mois. Nous ne pouvons nous associer avec vous...
-Notre groupe existe depuis le début de la guerre, nous sommes maintenant plusieurs milliers, lança Ulrich.
L'autre en resta bouche bée et les dévisagea tour à tour.
- Pourquoi devrais-je vous croire ? qui me dit que vous n'êtes pas des espions à la solde de Xana ?
L'expression d'Ulrich se changea en haine tandis que le visage d'Odd imprimait un profond dégoût.
- Ne m'insultez pas, lâcha Ulrich d'un ton haineux.
L'autre le fixa quelques secondes puis fit un signe de tête et une deuxième silhouette vint les détacher.
- Venez !
Ils le suivirent sans poser de question, après avoir été détaché et le Naïshs les conduisit en dehors des murs. Ils avaient été enfermés dans une vieille maison qui contre toute attente était intacte bien que les alentours semblent déserts.
- Nous sommes un peu à l'écart de la ville, expliqua le Naïshs. Xana surveille rarement ici. En ville nous sommes sans cesse bombardés.
Derrière la maison, dans ce qui avait été autrefois un jardin, plusieurs Naïshs échangeaient des coups en combat en corps à corps.
- Vous êtes nombreux ? demanda Ulrich.
-A peine une centaine mais je ne peux l'affirmer précisément. Nous sommes dispersés et avons du mal à communiquer entre plusieurs groupes. De plus beaucoup d'entre nous sont infiltrés en permanence dans les rangs de Xana.
-Vous avez vraiment réussi à pénétrer dans...son repère ? hésita Odd.
-Vous êtes bien informés, répondit le Naïshs après un court silence.
-Alors avec votre aide nous pourrons venir à bout de Xana, nous avons le moyen de le tuer, affirma Ulrich. Il ne nous manquait que le moyen de l'atteindre. Grâce à vous, nous pouvons cette guerre va finir.
Le Naïshs se stoppa et le fixa puis il hocha lentement la tête en lui tendant la main. Ulrich lui serra et sourit faiblement.
-Nous vous viendrons en aide.
-Malik !
Le cri leur fit tourner la tête et un autre Naïshs pointa le ciel du doigt. Un peu plus loin, un avion muni des bombes que Xana lâchait sur la ville volait au-dessus des maisons.
-Ils ont repéré le groupe d'Emi, s'affola le Naïshs du nom de Malik. Il cria vers les autres et se tourna vers Odd et Ulrich. Pourriez vous nous aider ?
-Evidemment, confirma Odd tout de suite.
Ils se mirent à courir vers le lieu où la bombe venait d'être larguée.

Jérémie se releva et se tourna vers Arika.
-Il faut aller voir en surface, la bombe était peut-être pour eux.
-Jérémie..., commença Jim.
-On ne peut pas les laisser, cria le blond.
Il paniquait comme il n'avait plus paniqué depuis longtemps et les autres, impuissants le regardaient sans savoir comment agir, ni comment le rassurer.
-Jérémie, reprit Ana d'une voix douce.
-Il faut monter Ana, ils ont peut-être besoin d'aide. Je ... Je ne veux pas les perdre encore ne fois...Sa voix tremblait et Ana en fut toute retournée. Depuis le temps qu'elle le connaissait elle l'avait toujours vu sûr de lui et aujourd'hui...
-Nous allons y aller Jérémie, ne t'en fais pas, ils vont bien. On va te les ramener. Reste ici et rassure toi, ils vont revenir...
Ecoutant Ana, tous les membres présents se mirent en route vers la surface sous le regard affolé de Jérémie. Ils y parvinrent rapidement après avoir parcourut les dédales de souterrains et Ana finit par soulever la plaque qui cachait l'entrée. Une fois sortis, ils arrivèrent vite au lieu où la bombe avait explosé et ils y trouvèrent une véritable scène de bataille...







Chapitre XIII/ Un combat aux multiples victoires

La bombe avait été larguée et avait achevé les derniers murs existants des maisons proches mais la poussière retombée laissa découvrir une mauvaise surprise pour ceux qui avaient survécu. Des militaires et trois robots de la dernière génération inventé par Xana lui-même étaient là et bien armé. C'est avec courage que la quinzaine de Naïshs présent engagea ce combat inégal et sans espoir apparent.
Ulrich courait derrière Malik, Odd à ses côtés et ils aperçurent bientôt le combat qui avait lieu prêt d'une maison dont il ne restait plus que les cendres. Des silhouettes voilées combattaient courageusement contre la trentaine de soldats armés d'arme de pointe. Ulrich dégaina l'un de ses sabres et regarda Malik qui avait déjà deux dagues de sorties, une dans chaque main. Une fois sur les lieux, il enfonça l'une d'elle dans la poitrine du premier venu. Ulrich engagea le combat en tranchant la gorge d'un autre. Odd armée de poignard tua tous ceux qui passaient à portée de ses lames sans aucune hésitation. Qui aurait pu croire un an auparavant qu'ils deviendraient tous des tueurs ?
Les coups résonnèrent soudain, suivit d'un cri et d'un bruit de chute. Les armes à feu entraient dans la bataille la rendant plus inégale encore. Ulrich aperçut une silhouette faire un haut salto avant de trancher la gorge du militaire qui avait osé tirer sur l'un d'entre eux. Elle avait atterrit avec grâce et souplesse et elle se releva en évitant les balles qui fusèrent sur elle. Malik fit voler sa dague qui se planta dans le cœur du malheureux et la silhouette le remercia d'un signe de tête avant de redécoller dans les airs.
- Ulrich !
Le samouraï se retourna et aperçut la chevelure flamboyante d'Ana.
- Tuer les soldats. Les autres sont avec nous ! Lança-t-il.
Alors ils entrèrent eux aussi dans le combat. La bataille dura mais le plus dur fut de mettre hors d'état de nuire les robots. Un cri indiquait parfois qu'un Naïshs tombait au combat. Mais ils ne s'arrêtaient pas pour autant, ils ne pouvaient pas s'arrêter, cela signifierait leur mort à tous. La moitié des militaires était tombé et une dizaine de Naïshs également. Ulrich retira son sabre du ventre du soldat qui venait de rendre son dernier souffle et leva les yeux en voyant la paire de jambes métallique qui venait de s'immobiliser devant lui. Sur son torse brillait le symbole de Xana et Ulrich plongea ses yeux dans le regard rouge sang mais vide du robot.
-Tu es recherché par notre maître à tous. Rends toi tout de suite et sans résistance sinon je me verrais dans l'obligation de t'ôter la vie.
-Ce serait dommage..., lâcha Ulrich en se remettant en garde.
Il sentit soudain une présence à côté de lui. Il jeta un bref coup d'œil et s'aperçut que la voix qui lui parlait émanait d'un Naïshs.
- Salut Ulrich. Je vais t'aider. Ces machines ont un sacré point faible.
- Hiroki ! Fais attention.
La voix féminine fit tressaillir Ulrich. Hiroki ?
- Emi sur ta gauche, cria le garçon.
L'autre silhouette se jeta à terre, évitant le tir qui lui aurait été fatal. Ulrich fut ramener à la réalité par le pas lourd du robot. Se concentrant, le brun le parcourut du regard, un point faible mais où ? Il regarda le Naïshs se jeter sur le robot et le toucher de ses lames d'argent. Il virevolta autour de lui et Ulrich vit où le garçon voulait en venir. Mais ce dernier fut stoppé par un bras de fer qui lui enserra la gorge.
- Tu vas mourir pour avoir entravé la justice.
Une silhouette jaillit de la gauche du robot et lui trancha le bras d'un coup sec, faisant tomber le dénommé Hiroki à terre. Celui-ci, couché à terre, se dégagea du bras de fer et regarda la silhouette qui l'avait libéré et qui lançait maintenant un regard haineux au robot.
- Nous n'avons pas la même notion de justice, lâcha t'elle d'une voix dure.
Le robot la regarda et fixa un moment le bout de son bras cassé au niveau du coude et qui grésillait.
- Tu vas payer.
- J'aimerais bien voir ça...
Un combat s'engagea sous les yeux d'Ulrich qui le rendit perplexe. La silhouette avait adopté la même tactique qu'Hiroki peu avant mais ses mouvements étaient plus rapides et plus fluides. A aucun moment le robot ne parvint à l'arrêter. Il vit alors la main tenant la longue dague traverser le soldat de fer au niveau de la nuque. Tout sembla s'immobiliser puis la silhouette atterrit au sol et les yeux du robot s'éteignirent. Il s'écroula au sol désormais sans vie. La silhouette se releva et ses yeux rencontrèrent ceux d'Ulrich. Ce fut comme si le temps s'arrêtait alors qu'il plongeait ses yeux au fond des siens.
La réalité le rattrapa bien vite et il dut détourner le regard. Un soldat à sa gauche le visait de son arme mais n'eut jamais le temps de tirer. Un deuxième robot tomba au combat peu après et le nombre de militaires se réduisit encore. Lorsque le troisième soldat de fer s'écroula au sol, les militaires laissèrent tomber leurs armes. Ils reconnaissaient avoir perdu, ils abandonnaient le combat. Les cris de victoire des Naïshs résonnèrent pendant quelques secondes tandis que les autres résistants se réunissaient autour d'Odd et Ulrich. Arika était blessée sur le flanc droit et Jim avait du sang sur le visage, tout le monde était essoufflé mais ils semblaient à peu prêt en bon état.
- Ulrich, Odd. La voix de Malik les fit se retourner. Merci pour votre aide et celle de vos compagnons, nous serons ravis de coopérer avec vous.
-Je vous propose de venir tout de suite avec nous ainsi vous pourrez rencontrer Jérémie qui vous exposera son plan mieux que nous.
-Je dois d'abord conduire mes hommes dans un endroit sûr..., objecta Malik.
-Nous allons le faire pour vous, coupa Ana puis se tournant vers Ulrich, le n°5 est presque vide et le 9 également.
-Très bien conduis les là bas. Malik c'est quand vous voulez.
-Attendez deux minutes je vais les prévenir.
Ils le regardèrent s'éloigner et il fut intercepté de nombreuses fois. Ulrich reconnut la silhouette qui avait vaincu le robot et la dénommée Emi. Peu après il revenait entouré de deux Naïshs auxquels ils jetèrent des regards curieux mais sans faire de commentaires. Après être entré par le passage et avoir longé les souterrains ils arrivèrent au nid N°1, y trouvant Jérémie en train de faire les cent pas.
- Ulrich, Odd enfin ! s'exclama-t-il en les voyant.
Il s'aperçut alors de la présence des Naïshs et jeta un coup d'œil interrogateur à Ulrich qui lui résuma rapidement la situation. Par respect, Malik ôta son voile et dévoila un visage aux traits durs et marqués puis tendit la main à Jérémie.
- Nous serons ravis de vous aider, assura-t-il après les paroles de présentation. Et pour bien commencer cette association, je vous ai amené une "surprise", improvisée certes mais je suis sûr que vous apprécierez.
Les regards interrogateurs des autres le firent sourire, donnant à son visage un aspect moins brut. Il montra d'un geste de la main les deux Naïshs derrière lui. Le premier abaissa sa capuche et découvrit son visage, un visage familier aux yeux des trois garçons, le visage qui appartenait au garçon qu'Ulrich avait vu.
- Hiroki, souffla Odd.
Le garçon avait grandi, ses traits s'étaient durcis mais ses yeux avait toujours cet air rieur. Il serra les trois amis dans ces bras et Ulrich ne put se retenir plus longtemps.
- Hiroki, dis moi, ce jour là, lorsque tu es sorti du bâtiment en feu, est ce que... enfin... Hiroki sais-tu où est ta sœur ?
Un sourire se peignit sur les lèvres du japonais et il décrocha son regard d'Ulrich pour fixer un point derrière les trois garçons. Son sourire s'agrandit et son visage fit une mimique, fronçant le nez comme s'il répondait à quelqu'un. Ulrich, Jérémie et Odd se retournèrent d'un même geste, l'autre silhouette avait enlevé son voile sans qu'ils n'y fassent attention et ce visage riait, ses traits étaient lumineux, ses yeux brillaient et lorsqu'elle rencontra leur regard, elle imita la mimique d'Hiroki.
- Bon sang..., souffla Jérémie.
-Je n'arrive pas à y croire..., enchaîna Odd.
- C'est vraiment toi ? continua Ulrich.
- C'est bien moi, répondit la japonaise avec un sourire.
Elle ouvrit alors les bras et les garçons l'enlacèrent ne pouvant croire au miracle qui se produisait sous leurs yeux. Yumi, leur Yumi était vivante ! Alors qu'elle les serrait dans ses bras, elle ne put retenir la larme qui coula sur sa joue. Ils étaient là, tous les trois réunis et ils avaient vécu ensemble ces derniers mois, cela la rassurait. Ils étaient tous les trois vivants et elle les avait enfin retrouvés. Ils se dégagèrent de l'étreinte et la fixèrent quelques instants. Elle sourit et les dévisagea tour à tour. Ils avaient tous changés, étonnamment changés.
- Je ne vais pas disparaître vous savez.
Mais aucun d'eux ne lui répondit et elle comprit avec un pincement au cœur que même s'ils avaient été ensemble, la période avait était plus que difficile pour eux. Ils finirent par se dégager et Odd eut un faible sourire
- Je crois que tu as des choses à nous raconter..., murmura Jérémie d'une voix faible.

Malik parlait avec Jérémie, ils étaient assis autour de la table et Yumi les contemplait d'un air serein, assise à même le sol, dos au mur entourée d'Odd et Ulrich. Ils étaient à la recherche d'une solution pour parvenir à mettre fin à la vie de Xana à l'aide du virus de Jérémie. Les Naïshs avaient trois espions en faction dans la demeure de Xana mais aucun d'eux ne semblait assez proche de Xana pour pouvoir lui lancer le coup fatal. Jérémie et Malik cherchaient donc une solution au problème depuis quelques heures. Yumi s'étant mise à l'écart, Odd et Ulrich avaient préféré la suivre elle plutôt que la conversation de l'homme au voile et de leur ami.
-Vous croyez qu'ils trouveront ? finit par demander Odd.
-Evidemment, répondit Yumi sans hésitation. Connaissant Jérem' il n'abandonnera pas de sitôt et je crois qu'il fait assez bien la paire avec Malik qui est plutôt du genre tenace.
-Il y a vraiment trois espions à vous chez Xana ? s'étonna Odd.
-Oui, affirma la japonaise. Ce sont les meilleurs éléments appartenant aux Naïshs. Ils font croire qu'ils sont soumis aux lois de Xana et peuvent ainsi pénétrer assez facilement dans son palais. Il garde sous son contrôle les éléments les plus importants de son armée.
-Mais..., commença Odd avec hésitation, pourquoi êtes vous accoutré de la sorte ?
-C'est...à cause d'un incident, ça s'est produit peu avant que je ne les rejoigne. Un des espions à été vus avec des résistants et il a été reconnu par un des robots. Ils l'ont abattu peu après..., raconta Yumi en baissant les yeux.
-Et quand as-tu rejoint les Naïshs ? continua Odd.
-Comment t'en es tu sorti ? lâcha Ulrich avant qu'elle ne réponde.
Yumi le fixa un long moment et son visage perdit un peu de ses couleurs, comme si elle se remémorait des mauvais souvenirs.
-C'est toi que j'ai entendu dans ce couloir ? enchaîna Ulrich, voyant qu'elle ne répondait pas.
-Effectivement... c'était ma voix, du moins au début... ensuite je me suis évanouie...enfin presque...

Flash back.

- Yumi !
La jeune fille releva vivement la tête en entendant la voix familière mais étouffée par les flammes. Elle protégea ses yeux de son bras et cria pour se faire entendre.
- Ulrich !
Le plafond au-dessus d'elle s'écroula soudain sur elle et elle recula vivement mais ne put éviter totalement la poutre. Elle sentit un liquide chaud s'écouler le long de sa joue, prêt de son oreille gauche. Elle eut l'impression que tout tournait autour d'elle et elle faillit s'écrouler au sol lorsque deux bras la rattrapèrent. Elle entendit la voix une deuxième fois mais ne pu trouver la force de répondre.
- Ulrich ! va-t-en, ne t'occupe pas de nous, il y a un passage dans le feu ! va t'en ! sauve toi !
Elle leva les yeux en entendant la voix de son petit frère qui n'avait pas voulu partir avant elle et qui l'avait aidé à libérer les derniers prisonniers. Mais ils s'étaient fait piéger par les flammes avec deux autres élèves, deux troisièmes. Elle se redressa avec peine et porta la main à sa tempe. Portant sa main devant elle, elle y vit le sang brillant sur le bout de ses doigts et regarda ensuite Hiroki.
- Ne t'en fais pas grande sœur, il y a un passage.
La japonaise eut un faible sourire et laissa son bras retomber le long de son corps. Ils longèrent le couloir en évitant les poutres, les flammes. Le pantalon d'un de deux troisièmes s'enflamma au moment où ils pénétraient dans la cage des escaliers de secours. Les trois autres furent obligés de lui arraché un long morceau de tissus en proie aux flammes, exposant sa jambe nue au feu. Quelques minutes après être sorti du bâtiment et avoir traversé la cour, ils entendirent la quatrième explosion et aperçurent la poussière s'élevant des ruines des anciens dortoirs.

Fin du flash back.

- Il ne me reste que cette cicatrice, ajouta Yumi en passant sa main dans ses cheveux, les coinçant derrière son oreille gauche. De sa tempe jusqu'à la base de son oreille on pouvait voir une longue estafilade. La Japonaise laissa retomber ses cheveux et eut un maigre sourire en plongeant ses yeux dans ceux du samouraï.
- Ulrich, Odd, Yumi, appela soudain Jérémie.
Ils se levèrent et le rejoignirent sans hâte. Le samouraï jeta un regard en coin à Yumi. Qu'avait-il put lui arriver depuis cet incident, depuis ce jour où ils s'étaient perdus ? Elle avait l'air d'avoir tellement changé. Ses cheveux lui arrivaient aux épaules désormais et elle avait maigri mais le plus grand changement était sa façon d'être. Ses yeux étaient devenus si lointains, si rêveur et son visage arborait sans cesse une expression dure et impénétrable. Qu'avait-elle vécu pour être ainsi ?
-Qu'est ce qui se passe ? interrogea Odd en s'installant sur une chaise aux côtés de Jérémie.
- Nous avons trouvé une solution, lâcha l'Einstein.
-Vraiment ? fit Ulrich en haussant un sourcil sceptique.
-C'est vous qui allez tuer Xana, affirma Malik d'un ton calme.
-Pardon ? s'étonna Odd. Et comment on ferait ça nous ?
-Les espions vont vous faire pénétrer dans le bâtiment et nous ferons diversion en les attaquant de front, expliqua Jérémie. Ainsi la garde intérieure sera moindre et vous pourrez parvenir jusqu'à lui.
-T'es sûr de toi là Einstein ? t'as vraiment rien trouvé de mieux ? questionna Odd.
-On s'est dit que c'était la meilleure solution. Et à vous trois, je crois me rappeler que vous formiez une formidable équipe !
Une formidable équipe...
Mais il manquait pourtant un membre pensèrent-ils avec un pincement au cœur. Et pourtant ils allaient faire sans...







Chapitre XIV/ explication et préparation

Malik était reparti avec Hiroki depuis plusieurs heures maintenant, vérifier que ses hommes allaient bien et étaient bien installés. Ulrich, assis dans la semi-obscurité de la grande pièce, fixait le dos de Yumi, allongée sur un matelas. Tout le monde prenait un repos bien mérité mais le brun n'arrivait pas à dormir, trop de question l'avait envahi mais pourtant il ne parvenait pas à se résoudre à en poser une seule. Elle était en vie, ils l'avaient retrouvé, elle était avec eux, il en avait rêvé de nombreuses fois mais maintenant qu'elle était là, il ne savait pas comment agir. Que faire ou que dire, il n'en savait rien.
- Ulrich?
Plongé dans sa réflexion, il n'avait pas remarqué que la jeune fille qu'il croyait endormie s'était retournée vers lui et le fixait d'un regard assombri par la peine. Il soupira et baissa les yeux. Il l'entendit bouger et la sentit peu après à ses côtés. Elle posa une main sur son épaule et eut un faible sourire lorsqu'il leva les yeux vers elle. Il savait qu'elle attendait des réponses car il devinait ses questions mais il ne parvenait pas à ouvrir la bouche, il avait comme une boule dans la gorge. Il vit son maigre sourire disparaître et ils se contentèrent de se dévisager quelques minutes, en silence, sans prononcer le moindre mot. Finalement Ulrich se leva et, d'un regard, fit le tour de la salle pleine de personnes endormies. La japonaise comprit et s'engagea dans le souterrain à sa suite.
Il s'était assis sur un demi-muret de quelques centimètres de hauteur et Yumi à même le sol, dos appuyé à ce même muret. Son visage avait une teinte pâle sous les rayons d'argent de la pleine lune. Les étoiles brillaient, aucun nuage n'obscurcissait le ciel cette nuit là. Ils n'avaient pas encore prononcé une seule parole et le brun se sentait oppressé par ce silence. Elle attendait qu'il parle, il le savait mais ne pouvait s'y résoudre. C'était elle qui avait des choses à lui dire, elle qui avait survécu alors qu'il la croyait morte. Pourquoi ne l'avait-elle pas retrouvé avant ? pensa-t-il soudain avec colère.
Il réalisa vite l'injustice de cette pensée mais ne put s'en empêcher. Oui, il lui en voulait d'avoir disparu pendant presque un an, de l'avoir laissé seul avec ses cauchemars, de lui avoir laissé croire qu'elle était morte.
-Ulrich..., commença Yumi mais elle fut coupée par une voix chargée de rancune.
-Tu es fière de toi ? Il perçut le mouvement de Yumi qui levait un visage triste vers lui mais il continua, ne pouvant se retenir. Oui, tu dois être contente. Ça fait presque un an et te voilà, tu reviens toute fière en croyant que l'on t'accueillera à bras ouvert et ...
-Tu te rends compte que ce que tu dis est injuste ? coupa Yumi d'une voix sûre mais basse.
-Non ça ne l'est pas, cracha Ulrich sachant parfaitement que ça l'était. Un an Yumi ! Tu réalise? C'est long un an!
-Je sais, murmura la japonaise.
-Non tu ne sais rien ! fit Ulrich de plus en plus hargneux, laissant surgir en lui toute la souffrance de l'année passée. Ce n'est pas toi qui as dormi toutes ces nuits en revivant sans cesse ce cauchemar, ce n'est pas toi qui t'es imaginé cette scène encore et encore, ce n'est pas toi qui as perdu l'espoir, ce n'est...
-Je suis désolé.
Ulrich en resta bouche bée. Il s'attendait à ce qu'elle se mette en colère également ou du moins qu'elle ne se laisse pas faire, qu'elle résiste, qu'elle se défende mais certainement pas à ce qu'elle s'excuse. Mais cela ne calma pas la colère d'Ulrich, bien au contraire. La souffrance qu'il avait vécu était bien trop forte, il fallait qu'il l'évacue, qu'elle comprenne...
-ah tu es désolé ! Mais ça ne suffit pas ! Ce ne sont que des mots et les mots n'effacent rien...
-Je sais, c'est pourtant tout ce que j'ai à t'offrir...
Sa voix triste coupa encore une fois Ulrich dans son élan et il referma la bouche. Il la vit se lever et s'éloigner tête basse à petits pas. La colère retomba peu à peu en lui et il se maudit intérieurement. Il n'avait pas voulu que ça se passe comme ça. Non, il voulait lui dire combien il l'aimait, combien elle lui avait manqué, pourquoi avait-il fallu qu'il se montre si injuste ? Il sauta à bas du muret et se lança à sa poursuite. Elle tournait à un angle de maison lorsqu'il parvint à crier son nom. Elle se retourna surprise puis un bruit les stoppa. Il la vit tourner les yeux vers la rue perpendiculaire dans laquelle elle s'était engagée puis il vit l'horreur se peindre sur ses traits. Il entendit comme un bruit de canon et réalisa avec frayeur qu'elle était face à un robot muni d'armes spéciales. Il vit la sorte de boule de feu venir à la rencontre de la japonaise qui se retrouva propulsée cinq mètres plus loin.
- NON !
Il se précipita et fit soudain face au robot haut de deux mètres qui le fixait de ses yeux rouges. Il dégaina ses sabres. Il évita les projectiles et deux minutes après, il tranchait le bras droit du monstre d'un coup de sabre furieux. Celui-ci le fixa décontenancé puis Ulrich compris qu'il cherchait son fichier dans sa mémoire informatique. Il l'avait enfin reconnut.
- Tu es...
Mais il n'eut jamais le temps de finir. Sans défense sur le côté droit, Ulrich s'y glissa et de ses deux sabres, il frappa la nuque du soldat de fer comme il avait vu Yumi le faire avec un autre. Lorsqu'il retira ses armes, il entendit comme un bruit qui indiquait que la machine s'éteignait et il vit le robot s'écrouler au sol, soulevant un nuage de poussière. Il resta là sans bouger quelques secondes, légèrement essoufflé puis rengaina ses sabres machinalement. Un faible gémissement le ramena à la réalité et il courut aussi vite qu'il le pouvait vers Yumi qui se tenait le ventre, la main couverte de sang. Il s'agenouilla prêt d'elle et sentit son autre main caresser son visage.
-Ulrich, je suis désolée. Excuse moi, je n'ai pas réussi à te trouver...Je...je voulais... Ulrich je...
-Yumi, coupa-t-il d'une voix faible et tremblante. Yumi tais-toi garde tes forces.
-Non, je voulais te demander pardon...Crois moi...Ulrich...Partout, je t'ai ...cherché partout, tu n'étais nulle part...
-Yumi, ne t'excuse pas, murmura-t-il en caressant son visage puis dirigeant son regard vers la plaie de son ventre d'où le sang coulait abondamment. Je ne pensais pas ce que je t'ai dit. J'étais ... j'étais en colère parce que j'ai souffert, avoua-t-il avec peine. Mais je n'en pas un mot, Yumi je... Yumi, Je t'aime.
-Ulrich..., il vit la jeune fille sourire faiblement en cessant de s'agiter puis elle serra sa main dans la sienne en plongeant ses yeux dans les siens. Moi aussi, Ulrich, articula-t-elle avec peine.
Ulrich ne put résister plus longtemps, il se pencha vers elle et effleura ses lèvres des siennes. Il l'embrassa enfin, comme il en rêvait depuis des années et il la sentit répondre à son baiser. Sa main glacée dans la sienne se desserra soudain et il sentit ses lèvres s'immobiliser. Il se releva brusquement et vit qu'elle avait les yeux fermés, une expression sereine sur le visage.
- Yumi, s'inquiéta-t-il. Yumi ? réponds moi.
Non, elle ne pouvait pas mourir juste après qu'ils se soient enfin retrouvés. Ulrich, paniqué, chercha son pouls en priant pour que son cœur batte encore. Non, elle ne pouvait pas... Il poussa un soupir de soulagement en trouvant le battement faible de son cœur. Il glissa un bras sous la nuque de la jeune fille et l'autre sous ses genoux puis se releva. Courant aussi vite que ses jambes lui permettaient, il traversa les rues et se glissa dans le passage souterrain. Il longea les tunnels et aperçut bientôt la lumière du refuge. Tout le monde semblait éveillé. Il pénétra dans la pièce, les regards surpris se tournèrent vers lui puis ils semblèrent comprendre. Ulrich déposa le corps de la japonaise sur la table avec délicatesse et se tourna vers Jérémie.
- Il faut la soigner, vite ! déclara-t-il.
Les autres commençaient déjà à s'affairer autour de lui tandis que Jérémie le fixait calmement, le visage impassible.
-Qui la touchée ?
-Un robot, répondit Ulrich sans lâcher le blond des yeux.
- Lequel ?
-Bon sang Jérem' mais qu'est ce que j'en sais moi ? Tu crois que j'ai pris le temps de regarder à quelle catégorie appartenait cette foutue machine ??? hurla Ulrich avec colère.
-Ulrich, tu as intérêt de te rappeler ! Cria Jérémie sur le même ton. Tu sais pourtant que certains robots ont des armes empoisonnées qui tuent. Si je ne lui injecte pas l'anti-poison elle mourra et si je lui injecte alors qu'il ne faut pas, elle mourra aussi! Alors nom de Dieu Ulrich, rappelle toi !!!
-Je..., Ulrich se tut, et respira bruyamment, essoufflé. Il rassembla ses souvenirs et fronça les sourcils. Il revit son combat avec la machine et concentra sa pensée sur son bras gauche. Qu'y avait-il de marqué ? Je... Un alpha K47, lâcha-t-il soudain. Oui c'est ça, j'en suis sûr, Un alpha K47.
Il vit Jérémie hocher la tête puis se diriger vers la table. Alpha K47, pensa-t-il, robot équipé d'arme de pointe mais sans aucun poison, Yumi n'avait donc besoin d'aucun anti-poison.
Ulrich se tenait un peu en arrière et Odd le rejoignit, il posa une main sur son épaule et regarda avec lui la japonaise étendue sur la table et qui se faisait soigner. Son ventre avait été découvert et nettoyé, elle avait une plaie béante au niveau du flanc droit qui saignait abondamment.


-C'est ma faute, lâcha Ulrich sans jeter un regard à Odd assis à ses côtés quelques temps plus tard.
-Que s'est-il passé ?
-Je m'en suis pris à elle...J'ai vraiment été injuste, soupira Ulrich. Mais...enfin c'était plus fort que moi... Je n'arrivais pas à m'arrêter... et elle... elle s'est excusée...
-Je vois, souffla Odd. Ne t'en fais pas elle est hors de danger maintenant. Tu devrais dormir un peu.
-Je n'y arriverais pas...
-Ulrich. Jérémie s'approcha et s'agenouilla face au brun. C'est bon c'est fini. Elle va s'en remettre assez vite, le projectile l'a atteint sur le flanc droit mais elle a eut de la chance car il ne l'a pas traversé et n'a touché aucuns organes vitaux. Dans quelques temps elle sera en pleine forme.
-Et pour la mission, comment va-t-on faire ? demanda Odd tandis qu'Ulrich soupirait de soulagement.
-Elle n'aura pas lieu avant un ou deux mois, ça laissera le temps à Yumi de s'en remettre. De toute façon elle n'était pas prévue pour tout de suite, il faut que Malik prévienne ses espions et qu'on mette tout au point.
-Alors si tout se passe bien, dans deux mois, la guerre est finie ?
-On peut dire ça ou du moins l'ésperer, fit Jérémie avec un maigre sourire en entendant cela, mais il restera à reconstruire le pays.
Un gémissement se fit entendre à l'opposé de la salle et, allongée sur un matelas, Yumi s'agita. Ils la rejoignirent et elle ouvrit les yeux peu après. Voyant les trois visages penchés sur elle, elle sourit faiblement en refermant les yeux.
-Je suis heureuse de vous avoir retrouvé, lâcha-t-elle.
-Nous aussi Yumi, nous aussi, murmura Jérémie.
Mais la jeune fille semblait s'être endormie, son visage arborant une expression de paix intérieure.


-Non, si on fait comme ça, on est sûr de se faire tuer avant d'avoir fait dix mètres, lâcha Odd puis il mit son doigt sur la carte et reprit, passons plutôt par là.
Cela faisait deux semaines que Yumi s'était fait toucher mais elle marchait de nouveau normalement, quoique ses mouvements soient encore un peu raides parfois. Mais dans quelques temps elle aurait retrouvé toute sa souplesse, juste à temps pour la mission. Mais cette dernière semblait soudain irréalisable. Ils avaient enfin les plans de la demeure, fournit par les espions de Malik qui leur avait apporté lui même la carte il y a à peine quelques heures, et à présent ils étaient tous les quatre penché dessus.
-Odd a raison, ajouta Ulrich, en se glissant par là on a plus de chance.
-Non, vous oubliez que ce passage est gardé, objecta Jérémie.
-Oui mais avec la diversion offerte par les troupes de résistants et des Naïshs, ça devrait le faire, argumenta Yumi.
-Je ne suis pas sûr que cela suffise, lança Jérémie.
-Mais ton idée c'est...du suicide, lâcha Ulrich.
-Tout à fait d'accord, faisons comme j'ai dit, reprit Odd, on a plus de chance.
-Non pas vraiment, répliqua Jérémie, regarde cinq mètres plus loin ce qu'il y a...
-Et si on passait de ce côté ci ? murmura soudain Yumi en regardant la carte avec un air pensif. Du bout du doigt elle indiqua le tracé et Jérémie tourna la carte vers lui.
-Je n'avais pas vu ce passage, avoue-t-il, mais il paraît de loin le plus sûr des trois.
-Et de là, on peut facilement rejoindre l'étage où se planque Xana, ajouta Ulrich en achevant le chemin à parcourir du bout des doigts.
-Vous risquez de rencontrer des difficultés ici, ici et ici, fit Jérémie en indiquant trois points sur le parchemin.
-Celle-ci je m'en charge, affirma Yumi. Je pourrais facilement traverser l'endroit, couper l'alarme et faire passer les garçons.
-Moi, je me charge de ce coin là, fit Ulrich en montrant l'un des trois dangers du doigt.
-Bon, soupira Odd avec exagération, je suppose qu'il ne me reste plus que le couloir piégé...
-Odd..., commença Jérémie avec hésitation.
-T'en fais pas Einstein, coupa le blondinet avec un sourire, c'est dans mes cordes !
-Par contre, pour que tout se passe bien, reprit Yumi avec sérieux, il faudrait que vous interveniez lorsque nous sommes là, ni avant ni après, sinon nous nous ferions repérer.
-Ça, ça va poser problème, marmonna Odd. Comment saurez-vous où nous sommes ?
-Je m'en charge, fit Jérémie en balayant l'obstacle d'un geste de la main, par contre je dois vous avertir que quand vous trouverez Xana, il va vous falloir briser la fiole non loin de lui. A une distance de plus de cinq mètres, la fumée ne l'atteindra pas.
-Génial, ironisa Odd.
-Ce n'est pas tout, continua le blond d'un ton grave.
-Qu'est ce qu'il y a Jérémie ? s'inquiéta Yumi en voyant qu'il s'interrompait.
-Dés que le virus l'aura touché, Xana sera condamné le problème c'est que j'ignore combien de temps il le supportera. Il peut en périr tout de suite comme il peut très bien vivre avec pendant plusieurs jours.
Le silence s'installa, lourd et anxieux.
-tu veux dire que même si on parvient en vie jusqu'à lui, il..., commença Ulrich
-oui, Ulrich. Si jamais le virus ne fait pas effet immédiatement, c'est votre vie qui sera en jeu...
-Jérémie... commença Odd mais il s'interrompit.
-Si on se retrouve tous les trois face à Xana une nouvelle fois, il ne nous épargnera pas, lâcha Ulrich.
-On a déjà de la chance d'être tous les quatre en vie..., reprit Odd.
-Je sais, fit Jérémie d'une voix fluette en baissant les yeux. Mais je n'ai trouvé aucune autre solution
-Alors nous irons, lança Yumi après un court silence. Nous le ferons pour stopper cette guerre et... et pour Aelita.
-Pour Aelita, enchérit Ulrich en prenant la main de Yumi.
-Et pour tout les autres, compléta Odd.
Jérémie leva des yeux humides vers eux. Ses amis étaient vraiment exceptionnels, prêt à tout pour les autres, même à risquer leur vie. Et invoquer la mémoire d'une morte pour s'encourager. Oui, exceptionnels...





Chapitre XV/ intrusion

Il faisait nuit, la lune était dissimulée par de lourds nuages noirs et aucune étoile ne brillait. Longeant le mur trois adolescents. Le brun menait la marche, vêtu d'un baggy noir et d'un sweat de la même couleur, deux sabres croisés dans son dos, juste derrière lui, vêtu comme une gymnaste et chaussée de légères ballerines, une japonaise ; à sa ceinture luisaient deux lames d'argent et enfin, fermant la marche, un jeune blond, ses cheveux longs rassemblés dans son dos. Les yeux inquiets, il jetait des regards furtifs de tous les côtés. Vêtu de noir également, ils se fondaient tous les trois dans la nuit obscure.
Un crépitement se fit soudain entendre et le blond porta la main à sa ceinture. Il approcha l'appareil de sa bouche tandis que les autres se stoppaient devant lui, attentifs à l'échange.
-Jérémie, c'est bon.
-Où êtes-vous ?
-Pas encore à l'intérieur. L'entrée est à quelques mètres à peine.
-Très bien, prévenez-nous lorsque vous y serez.
-Affirmatif, ne put s'empêcher de dire Odd, se moquant par la même occasion des militaires.
Il raccrocha le talkie-walkie fabriqué par Jérémie durant le dernier mois de préparation à sa ceinture et ils reprirent la route en silence.
- C'est là, murmura soudain Ulrich en s'arrêtant.
Il s'agenouilla au pied du mur d'enceinte de la propriété de Xana, posa les mains à plat sur le passage quasi invisible à l'œil nu, et poussa de toutes ses forces. Peu à peu le mur céda du terrain et un carré d'un mètre sur un mètre s'enfonça dans la paroi. Finalement Ulrich parvint à dégager l'entrée et en jetant un regard à Yumi, il s'y glissa sans faire le moindre bruit. La japonaise se baissa et rampa à son tour dans le passage, suivit d'Odd qui fit une dernière fois le tour des yeux des environs.
C'était poussiéreux et le blond ne put empêcher une légère toux, discrète mais là néanmoins. Il porta la main à sa bouche et s'arrêta, tendant l'oreille mais rien ne se fit entendre. Il reprit son avancée et à l'aide de ses avant-bras, il parvint à progresser petit à petit dans le tunnel. Il put bientôt voir le ciel sombre et se retrouva peu après à l'air libre, il se releva et épousseta rapidement ses vêtements. Yumi lui jeta un regard interrogateur et il acquiesça d'un signe de tête, Ulrich plus loin, surveillait les alentours. Il fallait faire vite maintenant. Courant aussi vite que silencieusement, ils trouvèrent ce qu'ils cherchaient et Odd pressa alors le bouton du talkie trois fois de suite. C'était le signal. Et les troupes y répondirent comme il convenait.
Un grand cri se fit soudain entendre et des coups de feu déchirèrent la nuit. La panique commença à gagner les soldats patrouillant dans la cour et Ulrich aperçut ce qu'ils attendaient, les robots intervenaient, ils sortaient aider la petite poignée de garde à la porte qui été débordés par les attaquants. Mais ils n'eurent pas le temps d'arriver, la porte céda et plusieurs résistants pénétrèrent dans la cour. Ulrich fit signe aux deux autres, c'était le moment. Loin des lumières qui avaient été allumées, ils traversèrent la cour et après qu'Ulrich ait éliminé la grille d'aération d'un coup de pied, ils s'y glissèrent, entrant ainsi dans la demeure de Xana. Ils rampèrent dans les conduits peu entretenus et Ulrich finit par bifurquer à gauche, il savait où aller. Dehors les cris s'amenuisaient ou plutôt ils s'éloignaient, encore et encore, ils se faisaient de plus en plus faibles jusqu'à ce qu'ils se taisent complètement, les englobant encore une fois dans le silence. Ulrich s'arrêta soudain et fixa la grille juste devant lui, elle laissait voir un couloir mais celui-ci, contrairement à ce qu'ils attendaient, abritait une dizaine de soldats. Ils discutaient bruyamment, ils riaient ne semblant pas se soucier du vacarme dehors. Ulrich vit même l'un d'eux ranger un micro et dire en riant qu'on avait pas besoin d'eux pour une si petite menace. Le brun, faisant comprendre à Yumi qu'il fallait reculer, s'éloigna de la grille et tendit le bras derrière lui. Il se retrouva peu après avec le talkie en main et parlait à voix basse à un Jérémie calme mais anxieux.
-Jérémie, on va avoir un problème.
-Qu'est ce qui se passe ?
-Il y a des soldats dans le couloir, on ne peut pas sortir. Il n'y a pas assez d'hommes dehors pour les y attirer.
-Le problème Ulrich, c'est qu'il y a plus de robots que prévu, on a du mal à se défendre et à maintenir notre position.
-Pourtant il faut les attirer dehors.
-Je vais voir ce qu'on peut faire.
La communication cessa là, Le brun rendit le talkie à Odd et s'approcha à nouveau de la grille. Il attendit patiemment quelques minutes puis ce qu'il espérait arriva. Une alarme retentit, les soldats cessèrent de rire et l'un d'eux s'exclama :
- bon sang, ils tentent de passer par la porte arrière.
Des sourires se peignirent sur les visages des trois intrus, Jérémie avait trouvé rapidement une solution. Puisqu'ils étaient si forts, alors il fallait les disperser...
Ulrich poussa la grille, jeta un coup d'œil dans le couloir désert et se pendit par les bras avant de retrouver accroupit par terre. Yumi se pendit de la même façon et Ulrich lui saisit la taille, l'aidant à descendre et ils se retrouvèrent l'un contre l'autre avec un sourire complice. Il la lâcha et regarda Odd descendre puis ils s'élancèrent dans le couloir. Les murs étaient d'une couleur sombre, une sorte de bordeaux et le sol lui était recouvert bleu sombre. Ils coururent le plus vite possible, tournèrent à droite, puis à gauche, sachant parfaitement où ils allaient. Soudain Ulrich s'arrêta alors qu'ils venaient de tourner et tendit les deux bras pour empêcher ses compagnons de passer devant lui.
-Odd, murmura le brun.
-Je sais.
Le blond s'avança et regarda le couloir qui contrairement aux autres avait des murs de pierre et un sol de bois. Durant le dernier mois, ils avaient étudié le moindre recoin de ce couloir et ils le connaissaient par cœur. C'était le moment de vérité...
Le blond fit un pas en avant, un deuxième puis s'arrêta net, juste à temps pour voir une lance de deux mètres de long passer devant son visage. Il se décala ensuite sur la gauche, et fit trois pas avant de se baisser rapidement. Au-dessus de sa tête, il sentit le vent agiter ses cheveux pendant un bref instant et entendit les flèches se planter dans le mur d'en face. Le silence était de mise, pas un seul d'entre eux ne parlait, ne voulant à aucun prix déconcentrer Odd qui actionnait les pièges les uns après les autres pourtant au bout du couloir, Yumi plus anxieuse qu'elle ne le paraissait, avait saisi la main d'Ulrich et la serrait si fort, que le brun fit une grimace. Odd se décala vers la droite cette fois et évita à la perfection les trois épées qui se décrochèrent du plafond pour venir se planter dans le sol. Il se mit alors à courir puis s'arrêta net. Derrière lui, une sorte de hache géante se décrocha et commença à se balancer sur toute la largeur du couloir tandis que juste à la hauteur de son torse, des flèches se croisaient, ayant jailli des deux murs. Il voyait enfin le mur qui signalait la fin du couloir et compta mentalement les pièges qui lui restaient à éviter. Puis toujours avec la même concentration, il compta ses pas. Deux à droite puis cinq en avant, s'arrêter puis repartir... Un pas à gauche, un pas en avant et se baisser... Il sentit l'arme lui frôler le crâne... Il repartit. Trois pas en avant, il voyait la fin...Un à droite, puis s'arrêter pour regarder les fléchettes empoisonnées passer devant lui... Il voyait enfin le bout et soudain il plissa les yeux sans cesser d'avancer, cinq pas, les cinq derniers... Il voyait la limite du couloir piégé, bien délimitée par son changement de couleur. Il la passa mais réalisa avec horreur celui qui lui avait donné les renseignements avait oublié quelque chose...
- Yumi, Ulrich..., cria-t-il en se retournant.
Il entendit un frottement et eut le réflexe de se baisser, mais pas assez rapidement. Il sentit une douleur dans son bras gauche qui lui donna envie de crier. Mais son regard ne quittait pas Ulrich et Yumi qui n'avaient pas compris la raison de son cri. Il vit avec horreur la dizaine de minuscule dard foncer sur eux. C'est alors qu'Ulrich se jeta sur Yumi, la faisant tomber à terre, sous lui et il entendit les dards se planter dans le mur d'en face dans un bruit mat. Il se releva avec une grimace et observa l'ascension de ses amis dans le couloir désormais vide de tout piège.
- Odd, ça va ? s'inquiéta Yumi aussitôt qu'elle fut prête de lui.
Le blond se tenait le bras gauche, juste en dessous de l'épaule mais on pouvait voir le sang couler. Il grimaça une réponse et Ulrich défit sa ceinture. Il ôta la main d'Odd et chercha l'entaille, une fois qu'il l'eut trouvée, il serra la bande de tissu autour et fit un nœud solide.
-ça ira comme ça ?
-Merci, répondit Odd.
Ils reprirent leur route en silence, Odd avait le visage quelque peu crispé mais il prit sur lui et emboîta le pas à Yumi qui suivait Ulrich. Les couloirs d'après étaient déserts, ils devaient tous être en train de se battre et Odd espéraient que tout se passer bien pour les autres. Il se cogna soudain contre Yumi qui s'était stoppée brusquement, retenue par le bras d'Ulrich.
- Nous y voilà, murmura le brun.
Il s'était arrêté à l'angle du couloir, et juste de l'autre côté ils pouvaient voir des êtres mécaniques qui ne leur avaient pas manqué le moins du monde. Deux bloks et trois cancrelats. Jérémie avait beau leur avoir expliqué, ils n'avaient pas vraiment compris comment Xana était parvenu à recréer sur terre les monstres de Lyoko. Ils s'étaient interrogé sur comment les vaincre car si les monstres étaient les même que sur Lyoko, Odd et Yumi eux n'avaient pas les même armes. Avec des dagues ou des poignards, ils auraient bien du mal à venir à bout de ces cinq monstres, ils en laissaient donc le soin à Ulrich et ses deux sabres. Il leur adressa un signe de tête et s'élança vers les monstres mécaniques. D'abord surpris, ceux-ci ne tardèrent pas à contrecarrer, trop lentement du moins car Ulrich avait déjà un sabre enfoncé jusqu'à la garde dans l'œil d'un des deux bloks. Les cancrelats lui tournaient autour et le Blok tirait à distance. Ulrich trancha deux cancrelats proches en deux, il sentit soudain une brûlure sur son épaule gauche et se tourna vers le troisième cancrelat, s'apprêtant à l'achever et au moment où son épée le toucha, il vit une lame voler et la regarda achever sa course dans l'œil brillant du blok qui s'apprêter à tirer. Peu après, le passage avait retrouvé son calme et Yumi récupéra sa dague après avoir jeté un coup d'œil inquiet à Ulrich.
- Continuons, murmura le samouraï en portant sa main à son épaule douloureuse.
Ils s'engagèrent dans les couloirs suivants, toujours en silence, oppressés par l'angoisse désormais. Un bruit de fond leur parvint et s'intensifia peu à peu, comme un grondement sourd et bas. Yumi comprit qu'ils approchaient du dernier danger signalé sur la carte. Ils tournèrent à un couloir et s'arrêtèrent net. La japonaise repéra les lieux en un coup d'œil et fit trois pas dans le couloir avant de se stopper de nouveau. Elle se retourna légèrement, derrière elle les garçons la fixaient, le visage fermé mais une lueur d'inquiétude dans les yeux.
Yumi prit son élan, jugeant la distance au centimètre prêt, prit appui sur ses mains et s'élança au-dessus de la première barrière de lasers. Accroupit entre deux rayons rouges, elle fixa les deux prochains et fronça les sourcils.
-Un problème ? raisonna la voix d'Odd.
- Ce n'est pas les même que ceux qu'on m'a donnés, ils ont tout changé.
Les deux visages masculins se fermèrent davantage et ils fixèrent leur amie qui devait franchirent un barrage en s'étant préparé à en franchir un autre, totalement différent. Après quelques minutes d'immobilité, la japonaise se mit en mouvement. Elle se glissa prudemment entre deux rayons et jugea les prochains. Elle ne connaissait pas la séquence, elle ne pouvait que juger les lasers les uns après les autres et improviser la façon de les passer au fur et a mesure. Joignant ses pieds, elle se concentra et prit son élan comme elle put. Dans un salto superbement exécuté, elle franchit plusieurs lasers, priant pour ne pas s'être trompé sur la distance. Une erreur de sa part pouvait lui être fatale. Elle sentit soudain une brûlure sur sa joue droite mais continua. Elle se réceptionna sur ses pieds entre deux autres lasers qu'elle franchit en rampant.
Et ainsi, les uns après les autres, elle les franchit tous. Lorsqu'elle arriva devant le dernier, un sourire discret étira ses lèvres. Elle le passa et marcha vers le boîtier qui trônait sur le mur de droite. Elle l'ouvrit et arracha le fil bleu. Dans un bruit que l'on entendait auparavant lorsqu'il y avait une panne d'électricité, tout le couloir s'éteignit. Elle regarda les garçons courir vers elle et une fois prêt d'elle, le samouraï porta la main à sa joue blessée où elle sentait le sang chaud couler.
- ça ira, murmura-t-elle.
Ils repartirent dans le dédale de couloir sans rien ajouter et arrivèrent enfin devant les escaliers.
-Il est là-haut, chuchota Odd avec une pointe de haine dans la voix.
-J'espère que Jérémie ne s'est pas trompé..., murmura Yumi en serrant l'éprouvette dans sa poche. Ils en avaient chacun une, préparée avec soin par Jérémie.
-Nous mettrons fin à sa vie...et à cette guerre par la même occasion, ajouta Ulrich en posant le pied sur la première marche, puis il se tourna vers eux. Prêts ?
-Prêt, lancèrent Yumi et Odd à l'unisson.
Et le plus silencieusement possible, ils montèrent les escaliers pour partir à la rencontre de leur ennemi de toujours...






Chapitre XV/ deux combats pour une même victoire

Jérémie posa sa main sur son front avec un soupir puis la passa dans ses cheveux dans un geste trahissant son angoisse et sa fatigue. Il dirigea son regard vers la forteresse de Xana et vit un rayon rouge traverser la cour et faire tomber un Naïsh.
- Jérémie, ceux de la porte ouest se replient, les robots sont de plus en plus nombreux.
Le blond fixa Malik un instant puis il s'assit dans l'herbe en poussant un soupir las. Il était si fatigué.
- Jérémie, ça va ? s'inquiéta le Naïsh en s'accroupissant à côté de lui, les mains sur ses épaules.
Mais le jeune homme ne répondit pas. Toute son attention était dirigée vers la tour noire, celle de Xana. Ses amis étaient déjà à l'intérieur, en route pour commettre un meurtre qui pourrait sauver l'humanité. Il soupira de nouveau, il était au bout, il n'avait plus la moindre énergie.
-Jérémie, ce n'est pas encore fini... La voix de Malik semblait étrangement lointaine tandis que Jérémie se plongeait dans ses souvenirs.
Aelita... son visage s'imposa à lui et pour la première fois depuis longtemps, il ne repoussa pas son image. Il aurait tellement voulu la rejoindre, la retrouver enfin.
- Jérémie...
Le regard vide du blond fixa Malik sans vraiment le voir. Le Naïsh soupira en pressant les épaules de l'intellectuel.
- Tes amis sont là-haut, ils vont avoir besoin de ton aide, reprends toi voyons.
Ses amis ? Leurs visages défilèrent dans son esprit, des visages joyeux comme il ne leur avait pas vu depuis longtemps. Ulrich souriant, contemplant Yumi, la japonaise riant à une blague d'Odd et le blond fier de lui, bombant le torse avec un immense sourire. Pourquoi n'étaient-ils plus comme ça ? Que s'était-il passé ? pourquoi les temps heureux s'étaient terminés, pourquoi Aelita n'était-elle plus là ? il ne se souvenait plus, il ne voulait plus se souvenir. Il avait trop souffert, il était à bout...
Une explosion lui fit relever la tête et il fixa le sommet de la tour, là où se trouvaient sûrement ses amis.
-Ils ont réussi, ils y sont..., murmura Malik.
-Ils vont avoir besoin d'aide, affirma Jérémie en se relevant sous le regard ébahis de Malik. Nous devons monter le plus rapidement possible car si mon virus ne fait pas effet immédiatement, ils y perdront la vie.
-Jérémie, nous sommes en train de perdre, rappela Malik.
Le blond baissa les yeux sur le champ de bataille et fronça les sourcils. Abandonner ? hors de question ! Non, il n'aurait même pas du se laisser aller ! Ses amis comptaient sur lui, et le monde avait besoin d'eux. Une solution, chaque problème a une solution, il suffisait de la trouver. Et Jérémie la trouva.
-Malik, viens avec moi, je sais comment faire...


Ils avaient fini de monter les escaliers et avaient ouvert la porte, ce qu'ils avaient vu les avait figé sur place. Xana en personne était installée sur un grand fauteuil digne d'être un trône de roi et devant lui, il y avait une image où ils voyaient ce qui se passait dehors. Juste un film exposé dans les airs...
- Ah ! vous voilà enfin...
Il avait changé, son apparence était plus humaine même si elle était toujours aussi répugnante. Ulrich fixa les deux fentes qui lui servaient de yeux, et plongea son regard dans les prunelles rouges. Sa peau était plus blanche encore que celle d'un cadavre et ses mains aux longs doigts fins se promena dans les airs.
- Je vous attendais...Franchement je suis étonné, je pensais que seul Ulrich était encore vivant hors je vous retrouve tous les trois, je suis presque admiratif...
Yumi plissa les yeux et ses doigts serrèrent davantage les deux dagues qu'elle tenait au point que ses jointures blanchirent.
-Espèce d'ordure..., murmura-t-elle avec haine. L'ancien virus tourna les yeux vers elle et sourit.
-Je suis content de te revoir aussi, geisha. Je suppose que vous venez me tuer.
-Tout juste, marmonna Odd.
-Je vois... Vos objectifs n'ont pas changé depuis notre séparation. Néanmoins vous risquez de rencontrer certaines difficultés, fit Xana d'un ton moqueur avec un sourire mauvais sur ses lèvres blanches. Pour commencer, je ne souhaite pas mourir tout de suite. A ces mots, deux robots apparurent devant lui tandis qu'il appuyait son coude sur l'accoudoir et avec un air amusé, il posa sa tête sur sa main et les contempla. Ensuite, reprit-il, vos petits coutelas ne vous permettront pas de m'assassiner... Ne me sous-estimer pas quand même...
Avant qu'il n'ait pu ajouter quoi que ce soit, la japonaise s'élança sur le robot de droite qui n'eut pas le temps de réagir, elle sauta et après un salto avant, se retrouva derrière lui. Elle lui trancha littéralement la tête et se tourna vers Xana qui n'était désormais plus qu'à six ou sept mètres d'elle et qui la fixait d'un air intéressé.
-Si tu ne veux pas que l'on te sous-estime, ne fais pas de même pour nous..., lâcha-t-elle en s'avançant vers lui de trois pas.
-Petite geisha, tu n'as pas changé... Il tourna la tête derrière son fauteuil sous les yeux intrigués des anciens lyokoguerriers. Attrape les, vivants, j'ai envie de m'amuser un peu.
-Oui maître.
Yumi se figea et son visage se durcit. Elle recula d'un pas puis reprit sa position initiale. Après une hésitation, elle prit une position de combat, les lames de ses dagues contre ses poignets.
Ulrich ne comprit l'hésitation de la japonaise qu'une fois que la silhouette qui avait parlé se décala et entra dans son champ de vision. Ses yeux le frappèrent et il se retrouva comme plongé dans ses souvenirs.

Flash back

Ulrich était dans la salle des scanners, il ne pouvait plus à joindre Yumi ou Jérémie. Odd était en route mais il arriverait sans doute trop tard. Il s'adossa à un scanner et se tassa sur lui-même tandis qu'il entendait le monte-charge s'ouvrir. Des pas résonnèrent dans la pièce alors qu'il se concentrait pour trouver une solution.
Si j'attends qu'il soit à l'autre bout de la salle je devrais pouvoir atteindre le monte-charge sans me faire attraper.
Sur cette pensée, Ulrich tendit tous les muscles de son corps et jeta un coup d'œil vers les portes ouvertes du monte-charge puis remarqua que le bruit des pas avait cessé. Il s'immobilisa et tendit l'oreille pour tenter de situer son poursuivant. Il entendit alors un bruit distinct, comme une lame qui sort de son fourreau puis celui du vent fendu par cette même lame. Ulrich eut le réflexe de se baisser et de rouler au sol, mains sur la tête. Lorsqu'il rouvrit les yeux, le scanner derrière lequel il se trouvait était littéralement tranché en deux. Dans la poussière qui retombait au sol, il distingua une silhouette fine et féminine qui faisait disparaître une lame longue de plus d'un mètre.
- rends-toi !
Ulrich ne répondit rien et il vit la silhouette avancer vers lui. Il n'attendit pas de pouvoir distinguer son visage, il s'élança vers un deuxième scanner tandis que son esprit cherchait une solution à toute vitesse. Puis ce fut comme si la voix de Jérémie résonnait dans la salle et lui offrait la solution. Les scanners ! Il revoyait encore Jérémie tenter de lui expliquer leur protection.
- Tu sais Ulrich, lorsque je vous virtualise sur Lyoko et que votre corps est dans le scanner, vous êtes totalement protégé jusqu'au transfert total. Dès que les portes se referment sur vous, un champ de force entoure le scanner et rien ne peut venir à bout de cette protection. Vous êtes totalement isolé et protégé de tout. C'est dû au fait que...
Les explications intellectuelles avaient suivi mais le brun en avait vite perdue le fil, se contentant de la seule affirmation que dans le scanner il était en sécurité.
Mais comment faire? Il n'y a personne au tableau de commande. Puis l'idée surgit, un souvenir lointain. La fermeture manuelle.
Slalomant entre les gros fils et les scanners, il enclencha le discret interrupteur qui ne servait qu'à la fermeture des portes. Il entra dans le scanner en espérant que Jérémie le trouverait vite et entier. Les portes commencèrent à se fermer et son agresseur lui fit face. Il eut le temps d'apercevoir son visage et d'encaisser une dernière attaque avant que les portes ne se referment complètement sur lui. Le visage d'Aelita, une Aelita aux yeux bleus nuit et aux cheveux roux... Son ennemie... son ennemie avait prit le visage de son ancienne amie... Et à l'intérieur du caisson, Ulrich perdit conscience.

Fin du flash back

Elle était là, devant eux, arborant un sourire mauvais devant leur réaction. Ses yeux bleus s'étaient encore assombri avec le temps. Elle fit quelques pas en avant, puis après un instant d'hésitation, se dirigea vers le brun.
-Tu as triché.
Ulrich haussa les sourcils, ne comprenant pas.
-Utiliser les scanners, c'est décevant..., tu as triché samouraï.
-Désolé de ne pas être à la hauteur de tes espérances, lâcha Ulrich, le visage fermé.
-Nous verrons comment tu t'en tireras cette fois... le sourire de la créature s'agrandit et elle se tourna vers Odd, restant toujours à une distance éloignée des trois jeunes. Son regard alla d'Odd à Yumi puis de Yumi à Odd. Et vous...vous avez eu de la chance. Juste de la chance. Mais vous n'aurez pas la même aujourd'hui...
-Qui que tu sois, commença Yumi.
-Nous allons te battre..., acheva Odd d'une voix pleine de rage. Tu ne nous empêcheras pas de réussir.
-Vous seriez prêt à sacrifier une amie pour me tuer ? lâcha Xana d'une fois froide, un sourire mauvais sur les lèvres, ayant conscience de l'effet qu'allaient produire ses paroles.
-Une amie ? répéta Ulrich après un long silence.
-Aelita n'était-elle pas l'une de vos amies, samouraï ?
-Aelita est morte ! fit Yumi d'une voix calme dans laquelle aucune de ses émotions ne transparaissait.
-Aelita est devant toi, geisha !
-Vraiment ? Yumi eut une moue sardonique et reporta son regard vers la soi-disant Aelita. Moi je ne vois qu'une créature créée par toi, pour te servir, à l'image d'Aelita, pour nous déstabiliser. Tu ne nous auras pas comme ça.
-Yumi, il faut que je te parle, c'est à propos de Jérémie, il y a quelque chose de bizarre en ce moment entrelui et moi, la voix d'Aelita avait remplacé la voix froide et dure dans la bouche de la créature. Elle avait attiré le regard de la japonaise qui la fixait d'un regard pénétrant. Tu te souviens de ce soir là, geisha ? demanda la créature d'une voix redevenue comme avant.
Yumi s'en souvenait parfaitement et ce soir là, Aelita et elle étaient totalement seules. Comment pouvait-elle savoir ? La japonaise fit un pas en arrière sous le regard triomphant de la créature.
-Yumi ne l'écoute pas, cria Ulrich en voyant la fausse Aelita se diriger vers elle en faisant sortir une lame de fer de son avant-bras. Elle fait tout pour te déstabiliser, défends toi !
-Yumi, continuait la voix d'Aelita, je crois que Jérémie ne m'aime pas du tout, si tu savais ce qu'il m'avait dit.
-Que t-as-t-il dit ? murmura Yumi la voix tremblante, malgré elle.
-Il ne veut pas entendre parler d'histoire d'amour. Si tu avais entendu toutes les horreurs qu'il m'a crié.
-Quelles horreurs ? continua Yumi en fixant la créature qui répétait au mot près la conversation qu'elle avait eu Aelita peu avant noël.
-L'amour c'est vraiment nul, ça n'apporte que du malheur. Jamais il ne s'engagerait dans une histoire, il a déjà vu ce que ça donnait avec ses parents. Oh Yumi, tu crois qu'il me déteste ? Je suis si malheureuse Yumi, qu'est ce que je vais faire ?
Yumi abaissa les bras, baissant sa garde et ferma les yeux en inspirant profondément. Ce soir là, Aelita avait fondu en larme dans ses bras. Comment cette créature pouvait-elle savoir ?
- Yumi ! non !
Il y eut un bruit, celui de deux lames qui se rencontrent et elle vit Ulrich devant elle, ses deux sabres croisés qui avaient retenu la lame de la fausse Aelita.
-Ulrich, s'étonna la voix d'Aelita.
-Ça ne marchera pas avec moi. Je ne te laisserai pas faire, j'ai eu du mal à la retrouver je ne veux pas la perdre à nouveau. Tu as peut-être la voix ou le physique de notre amie mais tu n'es pas elle ! Car si tu l'étais, tu ne voudrais pas t'en prendre à Yumi ni à aucun d'entre nous. Non, si tu étais Aelita tu demanderais des nouvelles de Jérémie et tu pleurerais de joie à l'idée de nous savoir en vie. Alors non, ne compte pas sur moi pour t'épargner...
-Ni sur moi, lâcha Odd qui avait rejoint Ulrich et s'était glissé à sa droite.
-Vous êtes vraiment décidés à aller jusqu'au bout, murmura la voix de Xana avec une pointe de satisfaction dans la voix. Je crois que l'on va s'amuser. Des bruits métalliques emplirent la pièce et Xana agita la main dans les airs en murmurant avec un air dément. Laissez moi vous présenter les bêta Y13, ma dernière invention. Surnommés affectueusement "voleurs de vies"...


Jérémie termina un branchement et tandis la petite machine à Malik avec un air fatigué mais triomphant.
-Qu'est ce que c'est ? interrogea le Naïsh.
-Pour faire court, j'appellerais ça un déprogrammateur. Enclenche le et tous les robots dans un rayon de 700 mètres verront leurs mémoires effacées et seront donc totalement inefficaces et hors d'usage, donc sans danger pour nous.
-Jérémie, tu es un génie, s'exclama Malik avec une expression étonnée mais soulagée. Allons-y.
Malik entraîna le blond et ils retrouvèrent bientôt le lieu du combat. Donnant l'engin de Jérémie à ses meilleurs hommes qui comprirent vite son fonctionnement, Malik observa avec le blond les effets de ses derniers. Cinq minutes plus tard, dans un cercle de 700 mètres de diamètre, tous les robots cessaient le feu et regardaient autour d'eux d'un air perdu.
-Jérémie, ça marche, s'écria Malik avec un grand sourire.
Le combat changea totalement après l'apparition de l'engin, les résistants prenaient peu à peu le dessus sur le peu de robots encore en état et les quelques militaires. L'engin bougeait, allait d'une porte à une autre, aidant tous les groupes formés par Jérémie et Malik. Ils prirent une avance considérable et purent bientôt entrer dans les grands bâtiments, les premiers contre fort de la forteresse de Xana...





Chapitre XVI/ victoire ou défaite ? (chapitre final)


Les voleurs de vies...

Bêta Y13...

Des robots évolués créés par Xana lui-même s'agitaient devant eux...

- Jérémie, le groupe trois est tombé sur un couloir piégé, ils ne peuvent pas passer.
-Allons-y Malik !
Les deux résistants s'étaient élancés vers la tour de Xana et pénétrèrent peu après dans l'enceinte de la forteresse, Jérémie était déterminé à mette à bas tous les pièges qui le séparaient encore de ses amis.

Yumi reprit une position de combat, toujours protégé de la fausse Aelita par Ulrich...

Le samouraï fit le tour de la pièce des yeux d'un air paniqué, ils étaient partout...

Odd leva les yeux vers Xana qui les contemplait d'un air triomphant puis il rengaina ses poignards et plongea la main dans sa poche...

- résistez et vous mourrez...

- Jérémie attention.
Le jeune homme se baissa au cri de Malik, juste à temps pour éviter le laser qui avait jailli de nulle part.
-arrête de prendre des risques inconsidérés, tes amis comptent sur toi.
-Justement, il faut y arriver au plus vite.
-Sans risquer ta vie Jérémie. Ils n'ont pas besoin d'un ami en moins.

- Ulrich, aide moi, murmura soudain la japonaise, une idée en tête.
Il lui jeta un regard par-dessus son épaule et vit la fiole au creux de sa main. Puis il leva des yeux interrogateurs vers son visage.
- écoute ce que je dis et approuve, ne t'en fais pas j'ai une idée. Odd ?
Deux hochements de tête l'encouragèrent dans son plan préparé à l'improviste. Elle rengaina sa dernière dague et la fiole à portée de main, elle fit un pas parmi les cliquetis mécaniques sans trop s'éloigner du samouraï et du félin.
Elles faisaient à peine trente centimètres de haut, ressemblant presque à de grosses araignées, les bêtas Y13 étaient munies de deux fines pinces à l'avant qu'elle ne cessaient d'ouvrir et de refermer. L'une d'elle frôla la jambe de Yumi qui frissonna mais ne laissa rien paraître.
- Nous nous rendons, lâcha-t-elle à la surprise générale.
Odd et Ulrich faillirent protester puis se souvenant de sa demande, ils rengainèrent leurs armes, le visage sombre et les poings serrés de rage.
-Oh ! Mais que voilà une nouvelle inattendue, se moqua Xana. Pourrais-je savoir ce qui vous a fait changer d'avis après tant d'effort pour essayer de me tuer.
-Les voleurs de vies... quel drôle de nom..., murmura Yumi.
-Te ferais-t-il peur, geisha ?
-Il y a bien longtemps que plus aucun de nos n'a peur de tes créatures, Xana...
-Alors serait-ce... Il suivit son regard et sourit en voyant qu'elle fixait sa copie d'Aelita. Il se mit à rire et se leva de son siège avec lenteur. Geisha, je te pensais plus maligne.
-Te serais-tu trompé ? lâcha la japonaise d'un ton provocateur, devinant la réaction de l'ancien virus à ses paroles.
-Bien sûr que non, rétorqua Xana en avançant vers elle, je ne me trompe jamais, je savais que garder cette Aelita avec moi de mon côté ne pouvait m'être que profitable.
-Ainsi c'est vraiment Aelita.
-Ce n'était qu'une entité informatique. Ce que vous appeliez votre amie n'était qu'un amas de données. Il m'a suffit d'y insérer un virus de mon invention pour la modifier. Vous êtes vraiment naïfs...
-Alors Aelita est vivante, murmura Odd pour lui-même, épaté par l'habileté de Yumi.
-Je vois..., reprit la japonaise d'un air grave. Ainsi tu étais aussi fort...
-Je suis invincible geisha, peut-être l'aurez vous comprit à présent.
-Je suppose que maintenant tu vas nous tuer...
-Probablement, répondit Xana avec un sourire sardonique en continuant de s'approcher d'elle, mais après m'être un peu amusé avec vous.
-T'amuser ?
-Evidemment, arrivé à sa hauteur il se pencha à son oreille, je veux vous voir souffrir autant que je pu souffrir par votre faute, je veux vous voir payer pour tout ce que vous avez fait.
-La vengeance, c'est ça que tu veux, n'est ce pas ? lança Yumi d'une voix qui fit se relever Xana avec un air surpris. La japonaise avait un sourire en coin. Mais vivras tu assez longtemps pour la satisfaire ?
-De quoi parle-tu ?
-Dis moi, Xana, combien de temps crois tu pouvoir vivre dans cette enveloppe corporelle ? car si tu étais immortelle dans le supercalculateur, sur terre tu ne l'es plus. Alors réponds, combien de temps pense tu survivre dans ce monde ?
-Geisha, tu n'as pas compris, fit Xana en retrouvant un sourire.
-Alors explique moi, c'est ma dernière volonté...
-Ce corps n'en est pas vraiment un... laisse moi t'avouer un secret..., il se baissa et sa bouche près de son oreille lui murmura des mots qu'elle seule pu entendre. Je ne suis peut-être pas humain mais je possède plus de vie et de pouvoir que n'importe lequel d'entre vous... Il lui effleura la joue du bout du doigt et elle grimaça à la douleur du contact. Je peux posséder n'importe lequel d'entre vous à l'aide d'un simple petit rituel conçu par moi... je dois t'avouer d'ailleurs que je suis las de cette apparence et que celle du samouraï me plait assez bien...
-Tu ne le toucheras pas..., murmura Yumi entre ses dents.
-Qui m'en empêchera ? toi ? si je pose ma main sur toi, tu peux mourir dans la minute qui suis... et tu n'as pas le pouvoir de me vaincre.
-Ça..., Yumi serrait la fiole dans sa main en priant que Jérémie ait raison à propos de son contenu. Ça Xana, c'est ce que tu crois.
Il lui sembla alors que le temps ralentissait...
Elle voyait encore sa main s'ouvrir au-dessus du sol, juste aux pieds de Xana. Elle la voyait tomber alors que le liquide vert qu'elle contenait brillait légèrement. Elle entendait distinctement le bruit du verre brisé puis la fumée qui montait entre elle et Xana. Elle voyait son regard surpris se transformer en rage. Elle entendait le cri d'Ulrich et le raclement des poignards qu'Odd dégainer. Elle voyait la main de Xana s'avancer vers elle et elle prit son élan pour partir en vers l'arrière, pour échapper à cette prise menaçante. Elle sentit quelque chose brûler son pantalon à la jambe droite tandis qu'elle atterrissait sur les mains. Elle se rétablit grâce à une roue et, accroupie, leva les yeux vers Xana qui avait porté les mains à sa poitrine. Elle le vit tomber à genou en la fixant avec haine. Elle sentit les pattes métalliques dans son dos et devinait la piqûre qui allait suivre quand un coup de feu résonna dans la pièce.
Jérémie fit le tour de la pièce des yeux et lâcha l'arme qu'il tenait encore. Il venait de sauver Yumi sans avoir pensé une seconde à ce qu'il faisait. Il la vit les yeux brillant et elle lui fit un signe de tête. Il suivit la direction qu'elle indiquait et son regard tomba sur Xana qui cherchait sa respiration.
- Malik, maintenant !
Le Naïsh enclencha l'appareil et tous les robots de la pièce cessèrent leur attaque, ayant l'air totalement désorienté. Tous les regards se dirigèrent alors vers l'ancien virus informatique, celui qui avait été pendant une année le maître de ce monde. Il semblait à l'agonie mais ses yeux rouges se levèrent et il fixa les quatre adolescents les uns après les autres.
-Tu as perdu, lâcha soudain Odd. Oui, tu as perdu ! Xana le fixa et tenta un geste mais il s'écroula un peu plus.
-Tu as eu beau lutter, tu as perdu, enchaîna Ulrich.
-Finalement tu n'es pas le plus fort, ajouta Yumi.
-Tu nous auras beaucoup prit mais finalement, nous avons gagné, acheva Jérémie.
Ils se rapprochèrent les uns des autres sous le regard de Malik qui connaissait toute l'histoire, grâce à Yumi. Ils se prirent les mains et assistèrent au dernier souffle de Xana. C'était enfin fini.
Ils restèrent longtemps immobiles devant le corps de leur ennemi, incapables de faire un geste, de dire un seul mot. Ce fut Malik qui les tira de cet état d'hébétude complet.
- C'est fini, murmura-t-il avec douceur.
En voyant les quatre visages se tourner vers lui en quête d'une nouvelle confirmation, il eut un pincement au cœur. Jamais, pendant la guerre, il n'y avait pensé une seule seconde mais maintenant, ça le frappait de plein fouet, ils étaient bien trop jeunes. Il se rappelait sa rencontre avec Yumi, elle avait dix-neuf ans aujourd'hui et ses amis, combien avait-il ? à peu prêt le même âge, il n'en doutait pas. Dix-neuf ans et ils sauvent un monde. Il revint à son tour à la réalité, Odd racontait les détails à Jérémie et Ulrich, avec une expression inquiète, c'était penché sur la jambe brûlée et la joue de Yumi qui souriait tendrement en le regardant faire. Il la vit passer une main dans les cheveux bruns et le regard du jeune homme croisa alors le sien. Tout va bien, semblait-elle dire. Oui, désormais tout allait bien.
Jérémie était enfermé dans son labo depuis trois jours, il n'avait pas décroché de son ordinateur un seul instant depuis que ses amis lui avait appris la contagion d'Aelita par un virus. Yumi entra discrètement, sa jambe bandée et le visage barrée d'une nouvelle cicatrice qui disparaîtrait avec le temps. Il s'en était fallu de peu pour qu'elle meure, si Xana l'avait empoigné, elle n'aurait pas survécu plus de quelques secondes entre ses mains. Ses réflexes lui avaient sauvé la vie. Elle posa le plateau qu'elle tenait entre les mains à côté du clavier de Jérémie sachant qu'il le mangerait sans s'en rendre compte, mais au moins il le mangeait ! Elle le regarda pianotait comme elle avait prit l'habitude de le faire ses derniers jours et un sourire effleura ses lèvres. Il trouverait forcément...
- OUI !!!! cria-t-il soudain faisant soudain sursauter Yumi.
Avant que la japonaise ne comprenne quoi que ce soit, elle se sentit soulevée du sol et tourner sur elle-même. Puis elle se sentit partir en avant et atterrit sur Jérémie qui avait un immense sourire et les yeux pétillants.
- Tu es toujours aussi lourde ! lâcha-t-il en riant.
Yumi comprit alors qu'il l'avait prise dans ses bras pour la faire tourner sur place mais c'était fait entraîner par leur poids et elle se retrouvait à présent allongée sur lui.
-Ne retourne pas les choses, Einstein. Tu as beau avoir grandi et prit des muscles, tu es encore trop fluet pour porter une fille, se moqua Yumi. Alors tu as trouvé ?
-Oui, une larme d'émotion coula sur la joue pâle du blond au moment où la porte s'ouvrait, j'ai trouvé.
Dans l'embrasure de la porte, Ulrich et Odd sourirent en entendant les derniers mots. Il avait trouvé.
-Il me faut le labo 5, affirma Jérémie. Tout ce qu'il me faut est là-bas.
-Il est encore sous contrôle militaire, commenta Odd sachant parfaitement que cela n'arrêterait rien.
-Eh bien ! nous n'avons plus qu'à le leur reprendre comme tout le reste... fit Ulrich tandis que Yumi se relevait.
-Je suis de la partie.

Le Labo n°5 ne résista pas aux Naïshs qui ouvrirent les portes à Jérémie. Il pénétra dans l'une des pièces avec ses amis et s'y enferma sans un mot, sachant parfaitement ce qu'il faisait.
Eprouvette, microscope, bésher, ballon, fiole, flacon, pipette, tube à essai... tous les instruments passèrent entre les mains de Jérémie qui marmonnait sans cesse et se parlait à lui-même. Au bout de plusieurs heures, Yumi s'endormit la tête sur l'épaule d'Ulrich, assit contre un mur et main dans la main. Odd tenait la main de la jeune fille qui avait été installée sur la table de fer au milieu de la pièce et la fixait d'un regard plein d'espoir.
-ça y'est !!!
Son cri fit sursauter tout le monde dans la pièce et il tendit bien haut la fiole contenant un liquide transparent. Les trois autres se fixèrent inquiets en voyant Jérémie aspirer le contenu de la fiole dans une seringue.
-tu es sûr ? interrogea Yumi tandis qu'il tendait le bras de l'inconsciente.
-Aussi sûr que je peux l'être Yumi.
-On te fait confiance Jérem', lâcha Ulrich en serrant la main de Yumi.
-Allez, encouragea Odd.
Et la pointe de l'aiguille pénétra dans la veine. Le liquide pénétra dans le sang de la jeune fille plus pâle que la mort et lorsque Jérémie retira l'aiguille ils la fixèrent avec, dans les yeux, tout l'espoir du monde. Un battement de cil, des joues qui se colorent légèrement, une main aux doigts qui bougent puis les lèvres qui frémissent, qui murmurent.
- J... Jérémie ?
La scène qui suivit resta à jamais confuse dans leur mémoire, mais la chose la plus importante y resterait gravée. Aelita était vivante et revenue, son virus éradiqué pour toujours... Le cauchemar était enfin fini !





Epilogue

Ulrich empoigna la poutre avec les cinq autres hommes présents et ils la soulevèrent tous ensemble. Ils la placèrent correctement et d'autres la fixèrent avec précaution. Lorsque ceci fut fait, Ulrich lâcha et ôta ses gants de travail qui lui évitaient de trop s'user les mains. Il essuya la sueur de son front avec son avant bras et posa la main sur son torse nu. Depuis quelques temps la chaleur était étouffante mais cela ne le gênait pas le moins du monde, il avait plu tellement longtemps...
-Eh Ulrich !
Il se tourna vers Odd qui l'appelait et sourit. Le blond avait les cheveux jusqu'aux omoplates désormais et il les attachait toujours en queue de cheval. Il portait un pantalon gris aux multiples poches qui lui permettait de trimbaler ses outils mais il était torse nu, comme lui.
-Tu devrais venir voir, lança Odd d'un ton plaisantin. Jérémie est encore en train de râler parce qu'il doit mettre la main à la pâte.
-Que fait-il? Interrogea Ulrich avec un sourire.
-Ils l'ont collé à la tuyauterie, pour l'eau.
-Il ne devait pas être content, remarqua Ulrich en suivant Odd.
-Vois par toi-même.
-Mais c'est pas vrai, j'y crois pas. Ils ont juré ma perte. Les tuyaux... Non mais j'aurais tout vu... Sauver le monde ne suffisait pas, non, il faut qu'en plus je fasse leurs tuyaux...
Le blond avait enlevé ses lunettes et, les mains à l'intérieur d'une paire de gants épais, il fixait les tuyaux dans le sol d'une future maison. Torse nu également sous la chaleur accablante, il pestait contre ceux qui l'avaient assigné à cette tâche et contre la terre entière en passant.
- Eh Jérem', calme, fais le vite, comme ça tu en seras débarrasser ! ricana Odd.
Mais son ami se retourna vivement, un air si furieux sur le visage qu'il fit disparaître les sourires de ses amis.
-C'est la troisième maison que je fais, rétorqua l'einstein. Et vous allez tellement vite dans les fondations et le reste qu'il m'en reste encore une dizaine !
-Il en faut pour tout le monde, argumenta Ulrich en s'approchant avec Odd. Estime toi heureux on a presque fini.
-En attendant je me tape toute la tuyauterie seul !
-Mais non pas seul Einstein, on va t'aider, fit Odd en lui tapant amicalement l'épaule.
-Vraiment ? demanda l'autre d'un ton sceptique.
-Evidemment, ajouta Ulrich en riant. Il s'agenouilla près de lui et entreprit de l'aider dans sa tâche.
L'humeur de Jérémie s'améliora grandement tandis que le travail des trois garçons avançait rapidement. A la fin de la journée, ils ne leur restaient plus qu'une ou deux maisons.
- Allez, dans une ou deux semaines, tout le monde aura sa propre maison, encouragea Odd tandis que la cloche du repas rameutait tous les travailleurs.
Cela faisait plusieurs mois maintenant qu'ils reconstruisaient tous pas à pas une ville digne de ce nom. Une à une, les maisons s'élevaient dans l'ancien champ de ruine, dans l'ancien Paris. Ils entrèrent dans la plus grande des maisons qui abritait pour l'instant tous ceux qui restaient sans abri. Ulrich s'arrêta à la porte avec les deux autres et fixa les jeunes filles qui servaient les bols de soupe. L'une d'elle accrocha son regard. Elle souriait avait les yeux pétillants de joie. Elle tendit un bol à l'un des hommes, un ancien Naïsh débarrassé de son "uniforme". Puis elle se tourna vers l'une de ses compagnes aux cheveux roux avec laquelle elle se mit à parler avec animation. Il en profita pour la détailler avec attention. Ses cheveux lui arrivant au milieu du dos étaient lâchés et volaient autour d'elle Elle portait une jupe longue blanche et un débardeur à fine bretelle certes pas neuf mais qui moulait à la perfection ses formes arrondies. Il dévoilait des bras fins qui commençait à prendre des couleurs sous le soleil. Et là, juste sous sa poitrine, il commençait à bien voir son ventre qui s'arrondissait. Il sourit, un sourire heureux. Elle croisa soudain son regard et sourit tendrement. Il s'approcha et la serra dans ses bras. La femme de sa vie attendait son enfant depuis deux mois, il était au comble du bonheur.
- Tu as faim? Demanda la japonaise en se dégageant doucement.
-Faim de toi surtout, répondit Ulrich, faisant rougir la jeune fille.
-Pour l'instant tu devras te contenter de ça, rétorqua t'elle en lui mettant un bol dans les mains puis dans un murmure elle ajouta : pour le reste on verra plus tard...
-Mmm, j'ai hâte d'y être, la taquina-t-il accentuant sa rougeur, puis il s'éloignant, la laissant servir les autres travailleurs. Il récupéra Jérémie au passage alors qu'il monopolisait Aelita.
Aelita...depuis que Jérémie l'avait ramené à la vie, il ne la laissait plus un moment en paix, il lui avait tout avoué et tout expliqué. Depuis les deux tourtereaux vivaient le parfait amour. Jérémie aurait bientôt sa propre maison avec la jeune fille. Cependant, même si elle était redevenue elle-même, Aelita était restée rousse et ses yeux demeuraient bleus nuit, un bleu qui s'assombrissait encore davantage si, par mégarde, elle se mettait en colère ce qui, selon Jérémie, la rendait encore plus magnifique. Les deux garçons laissèrent les filles remplir leur rôle et rejoignirent Odd à une table. Il avait déjà entamé son repas avec une gourmandise pourtant petite par rapport à celle qui le dévorait il y a longtemps. Mais ils avaient oublié ce temps, ils avaient tous fait une croix sur le passé préférant vivre le moment présent.
Ulrich profitait enfin du bonheur avec Yumi qui portait son enfant, ils avaient une maison à eux dans laquelle ils pourraient dormir en paix ce soir. Jérémie découvrait les joies de l'amour avec Aelita et faisait de son mieux pour tenir sa promesse, il lui offrirait un monde heureux même si, sans qu'il le sache, Aelita avait déjà le monde qu'elle souhaitait. Odd quand à lui, venait d'emménager avec Hiroki, Emi et la sœur de cette dernière, Laya. Celle-ci ne le laissait pas indifférent contrairement à ce qu'il laissait entendre mais chaque chose en son temps... Et pour l'instant, il profitait d'un repas en compagnie de ses deux meilleurs amis qui jetaient sans cesse des regards à la table où était servi les repas, devinant que c'était les serveuses plus que les repas eux même qui les intéressait.
-Ah l'amour, murmura-t-il.
-Comme tu dis, l'amour Odd, lâcha aussitôt Jérémie.
-Tiens voilà Laya, enchaîna Ulrich. Odd se retourna mais s'aperçut bien vite que ses amis se moquaient de lui.
-C'est pas vraiment drôle, bougonna-t-il en jouant avec sa soupe.
-Eh oui mon cher Odd, fini le temps où tu pouvais impunément te moquer de nous.
-Vois le bon côté des choses, continua Ulrich.
-Quel bon côté ? demanda Odd, curieux.
-Tu vis déjà chez elle..., taquina Ulrich et Odd se tassa sur lui-même, rougissant au sous-entendu.
Ses amis éclatèrent de rire à sa réaction, ne s'étant jamais douté auparavant de la timidité d'Odd sur ce sujet. Pour eux commençait enfin une nouvelle vie, une vie heureuse où la survie du monde ne dépendrait plus d'eux. Bien plus tard, chacun dans leur lit, les amoureux blottis les uns contre les autres, ils s'endormirent avec un sourire heureux, un sourire qui ne les quitterait que rarement car ils avaient accepté d'oublier et de commencer cette nouvelle vie, tous ensemble, réunis et unis pour le reste de leur vie...


Kaede
03/05/07 à 15:55
je poste ma première fic que j'ai commencé il y a pas longtemps alors je vous demanderais d'être indulgent :oops:
voici donc le tout premier chapitre vous me direz ce que vous en pensez ^^




Chapitre I

Dans un collège-lycée connu de tous, nous retrouvons nos cinq adolescents assis sur un banc en pleine conversation qui fut interrompue par une sonnerie stridente annonçant la triste reprise des cours.

– Bon bah c'est parti on a cour de maths nous, déclara Yumi avec peu d'enthousiasme. En plus, on a une interro…
–Allez, tu as tout compris quand je t'ai expliqué, tu vas réussir j'en suis sûr, affirma Jérémie avec un immense sourire. Même en sautant une classe, Jérémie demeurait le brillant élève, le premier loin devant tout le monde.
– il y a plutôt intérêt parce que mes parents n'ont pas sauté de joie au dernier bulletin…
– Il était si mauvais que ça ? interrogea Aelita
– Non, mais mon père veut tellement que je réussisse qu'il faudrait que j'aie dix-huit dans chacune des matières. Et à l'approche du bac, il est de plus en plus sévère.
– Allons-y Yumi, moi je suis persuadé que tu y arriveras, encouragea Ulrich avec un clin d'œil.
Puis ils se séparèrent et se dirigèrent vers leurs classes respectives. Yumi s'installa à côté de Jérémie et la prof distribua les copies pour l'interro. Elle soupira, saisit son stylo et commença à résoudre les exercices. Jérémie finit bien entendu une demi-heure avant tout le monde. Les années n'avaient rien changé à son génie.

Ils étaient assis tous les cinq autour d'une table du réfectoire et ils mangeaient, discutant de tout et de rien comme à leur habitude. Odd se goinfrant toujours, les années n'ont rien changé non plus à son appétit vorace. Soudain une ombre recouvrit leur plateau et leur fit lever la tête.
–Alors le club des cinq, toujours inséparables? Vraiment Mon Ulrich je ne comprends pas pourquoi tu traîne avec cette bande de minable. Tu pourrais trouver bien mieux…
– Si par là tu sous-entends qu'en traînant avec toi je serais plus heureux, tu te goure complètement, je suis très bien là où je suis et je compte bien y rester.
– Et si tu veux du minable tu n'as qu'à te retourner, t'as les deux cas les plus désespéré du bahut derrière toi… lança Aelita.
Les deux garçons qui étaient restés derrière Sisi s'avancèrent en prenant un air menaçant mais la jeune fille les retint en plaçant ses bras devant eux.
– Mais c'est qu'ils mordraient les gentils toutous à Sisi. Heureusement, tu les as bien dressés. Tu auras au moins réussi une chose d'utile dans ta vie, t'es peut-être pas un cas si désespéré finalement, railla Odd avec un immense sourire.
– Rigolez tant que vous le pouvez mais viendra un jour où vous me le paierais, hurla la starlette avec rage.
– brou c'est qu'elle ferait peur, j'en ai des frissons dans le dos…, se moqua Ulrich.
La fille du proviseur n'en demanda pas plus, elle tourna les talons et sortit du réfectoire toujours suivit de Nicolas et Hervé.
–Eh bien, elle n'était pas en forme aujourd'hui, soupira Odd en reportant son attention sur son plateau inachevé. Dommage j'avais tout un stock de vannes à essayer. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois.
Ses amis le regardèrent réattaquer son assiette avec un sourire en coin puis la conversation repartit sur des sujets de tous les jours. Vinrent les cours de l'après-midi puis la dernière sonnerie de la journée. Nos cinq amis se retrouvèrent à la sortie du bâtiment et Odd annonça avec joie que lui et Ulrich avaient défié Nicolas et Hervé au foot. Ils se retrouvèrent donc sur le terrain de foot derrière les bâtiments de chimie.
– Allez Jérem', on a besoin d'un gardien, supplia Odd.
– Non et non. Je t'ai déjà dit et répété cent fois que je détestais ce sport alors je n'y jouerais pas.
– Allez, s'il te plaît.
– J'ai dit NON, Odd!
–Arrête d'insister, on va demander à un gars de la classe de jouer avec nous, interrompit Ulrich.
Jérémie soupira de soulagement et alla rejoindre les deux filles qui discutaient dans les gradins en attendant que la partie commence. Sisi était assise en peu en contre-bas d'elles, les bras croisés sur sa poitrine, l'air hautain.
– Elle s'y croit vraiment, remarqua Jérémie en prenant place aux côtés d'Aelita.
– Et le pire, c'est qu'elle sait pertinemment que son équipe ne peut pas gagner, souffla Yumi avec un sourire en coin.
A ce moment là le match commença et le ballon toucha les filets des buts pendant les premières minutes.
– Ils vont encore se ridiculiser, soupira Aelita tandis qu'un deuxième but était marqué.
– A croire qu'ils aiment le ridicule…
– Bah vous savez ce qu'on dit, le ridicule ne tue pas, rappela Jérémie.
– Heureusement sinon cela ferait bien longtemps que ces trois là ne seraient plus de ce monde… plaisanta Yumi faisant rire les deux autres.
Passé sept heures les garçons décidèrent d'arrêter le match, la différence de point étant trop grande pour être rattrapée.
– Consolez vous les gars, railla Odd, vous avez sauvé l'honneur avec cet unique point de marqué.
Nicolas et Hervé ne firent aucun commentaire et détournèrent la tête en prenant un air dédaigneux puis rejoignirent Sisi qui leur passa sans aucun doute le savon du siècle pour s'être ridiculisé devant leur bande une fois de plus.
– Bon les garçons je vais y aller moi, murmura Yumi au bout d'un certain temps.
–Tu veux que je t'accompagne ? demanda Ulrich.
– Je vais rentrer toute seule, merci quand même, répondit-elle en commençant à marcher en direction de la sortie. A demain.
– A demain Yumi, crièrent les autres en agitant les mains puis en se dirigeant vers les dortoirs.
Ulrich la regarda s'éloigner avant d'emboîter le pas à ses amis qui montèrent dans leur chambre. Après avoir prit une douche et s'être changé ils foncèrent au réfectoire, l'estomac d'Odd criant famine.
– Xana est calme en ce moment, fit Aelita au milieu du repas.
– Cela fait plus d'un mois que l'on n'a pas eu de ses nouvelles, compléta Ulrich.
– Tu ne vas pas te plaindre quand même, s'étonna Odd.
– Pas du tout, je trouve juste ça inquiétant, expliqua le jeune brun.
– Sa dernière attaque était très puissante et avec l'échec que vous lui avez infligé dans le cinquième territoire, il doit reprendre des forces, argumenta Jérémie en remontant ses lunettes sur son nez.
– En attendant ça nous fait des vacances alors ne vous plaignez pas, lança Odd.
– Et Sinon, tu as avancé dans tes recherches? Interrogea la jeune fille en délaissant son assiette à la grande joie d'Odd qui en profita pour lui chiper son dessert.
– Non, je stagne, soupira Jérémie en poussant son plateau vers le jeune blond qui l'accueillit avec un grand sourire.
– Tu finiras bien par trouver, je te fais confiance pour ça.
– On verra, en attendant si monsieur le goinfre a fini on va pouvoir remonter dans les dortoirs. En disant cela, Jérémie jeta à Odd un regard moqueur auquel le garçon répondit en tirant la langue puis il repoussa le plateau et se frotta le ventre.
– On peut y aller, approuva-t-il avec un sourire en coin.
Ils remontèrent dans les dortoirs, Aelita se sépara d'eux à l'étage inférieur puis Jérémie pénétra dans sa chambre et laissa Odd et Ulrich poursuivrent leur route seul. Il s'installa devant son ordinateur et commença à pianoter sur son clavier tandis que dans une chambre proche deux garçons se préparaient à aller se coucher. Lorsque le soleil se leva, il surprit Jérémie endormit sur son clavier. Il sursauta en entendant sa porte s'ouvrir et Odd rigola en voyant les marques des touches du clavier inscrites sur son visage.
– Alors là, tu te verrais. T'es superbe Einstein.
Il se tenait le ventre tellement il rigolait. Ulrich haussa les épaules et s'approcha de Jérémie à pas feutré. Il remit ses lunettes droites sur le nez du jeune savant et lui tapota l'épaule avec un sourire.
– Allez Einstein, c'est l'heure d'aller en cours. Je sais que la nuit a été courte mais il va falloir faire un effort.
Ils retrouvèrent Aelita en bas du bâtiment après avoir pris les douches et allèrent déjeuner puis ils s'installèrent sur le banc comme tous les matins pour attendre la jeune japonaise. Ils commencèrent à discuter et ne virent pas le temps passer. Lorsque la sonnerie retentit, ils tournèrent tous vers le portail d'entrée de Kadic mais aucune Yumi à l'horizon.
– alors ça ce n'est pas normal, s'inquiéta immédiatement Ulrich en se levant.
Jérémie ouvrit son ordinateur portable et le posa sur ses genoux, il tapota sur les touches du clavier puis referma l'ordinateur en secouant la tête de gauche à droite.
– Xana n'y est pour rien, ajouta-t-il.
Odd sortit son portable, pianota sur les touches et le porta à son oreille. Après quelques secondes de silence, il le remit dans sa poche en imitant le signe de tête de Jérémie.
– répondeur.
– Vous n'avez pas entendu la sonnerie vous quatre. Allez en cours et que ça saute, cria le surveillant Jim.
Ils n'eurent d'autres choix que d'obéir et Jérémie se sépara des trois autres pour rejoindre sa classe. En chemin, il tenta deux fois de rappeler Yumi mais tomba sur le répondeur. Il atteint finalement sa salle et suivit le cours de Chimie avec moins d'attention que d'habitude. La pause de dix heures arriva vite puis celle de midi. Au moment où Jérémie traversa la cour pour atteindre la salle d'Aelita, Ulrich et Odd, il crut apercevoir Yumi entrer dans le bâtiment du proviseur. Il cligna des paupières et regarda mieux mais ne vit rien. Dans le doute, il voulut aller vérifier mais les trois autres arrivèrent à ce moment là, Ulrich le portable collé à l'oreille.
– Il essaie de rappeler Yumi, dit Odd confirmant les soupçons de Jérémie.
– J'ai cru la voir entrer dans le bâtiment du proviseur, lâcha Jérémie après une hésitation.
– Quoi? Mais pourquoi ? Elle ne serait même pas venue nous voir? S'étonna Aelita.
Une porte claqua, attirant leur attention et ils virent bel et bien Yumi qui traversait la cour en courant. Ils l'interpellèrent et elle s'arrêta en agitant la main vers eux puis repartit de plus belle. Ulrich partit en courant dans sa direction et chercha à la rattraper. Jérémie hésita un instant avant de le suivre puis décida que de toute façon, il n'y arriverait pas, Yumi courait déjà vite et Ulrich lancé après elle pouvait sans doute doubler sa vitesse habituelle.
– Gardons leur une place dans le réfectoire, soupira Aelita.
Ils s'y rendirent, espérant qu'Ulrich ramènerait la jeune fille.
Elle courait très vite, elle avait quitté l'enceinte du lycée et dévalait les rues en direction de chez elle à première vue. Il cria son prénom et elle s'arrêta puis se tourna vers lui. Ses cheveux lui couvraient le visage, elle soufflait fortement mais il savait que s'il ne l'avait pas appelé, elle ne ce serait pas arrêtée avant d'arriver à destination. Il se stoppa à sa hauteur, posa ses mains sur ses genoux et se plia en deux en tentant de récupérer son souffle.
– Yumi, qu'est ce qui se passe? Réussit-il à articuler.
– Ecoute Ulrich, je suis désolé, je n'ai pas le temps, mon père a eu un accident. Je dois y aller, excuse moi.
Sur ces mots elle recommença à courir et il la regarda s'éloigner avec un pincement au cœur. Elle disparut vite de sa vue et il retourna sur ses pas pour prévenir les autres. Il les trouva dans le réfectoire et s'approcha d'eux. Leur mine déconfite lorsqu'il s'assit à leur table augmenta son pincement au cœur et il soupira.
–Son père a eu un accident, c'est tout ce qu'elle m'a dit avant de repartir, murmura-t-il.
– Vous croyez que c'est grave? S'inquiéta Aelita.
– J'espère que non, soupira Jérémie. Bon, désolé je retourne à mon ordinateur, j'aimerais finir ce que j'ai commencé cette nuit avant de reprendre les cours.
– Qu'est ce que c'est ? demanda Odd.
– Un programme qui affaiblirait encore davantage Xana.
Jérémie se leva et emporta son plateau vers la sortie du self, il le déposa et sortit.
– Je m'inquiète pour Yumi, chuchota Aelita.
– Je vais passer chez elle ce soir après les cours, lança Ulrich les yeux fixés sur son assiette, tu veux venir avec moi ?
–Je viendrais.
– Et toi Odd? Demanda Ulrich.
– ç'aurait été avec plaisir mais j'ai rendez vous avec une fille de la 1er D. J'irais la voir demain.
Ulrich et Aelita hochèrent la tête puis ils sortirent à leur tour, la sonnerie n'allant pas tarder à retentir. Ulrich s'installa à côté d'Odd au premier cour de l'après midi, Aelita juste devant eux assise avec l'une de ses connaissance répondant au nom de Marie. La première demi-heure venait de passer lorsqu'il sentit son portable vibrer dans sa poche. Il le sortit et ouvrit le message provenant de Jérémie, il le lut et se tourna vers Odd.
– A la sonnerie on fonce à l'usine, Xana a lancé une attaque.
Vingt minutes plus tard ils traversaient la cour en courant et rejoignaient Jérémie.
– Tu as prévenu Yumi? Demanda Odd.
–A première vue c'est une attaque de faible ampleur, et vu ce qui lui arrive je n'ai pas jugé ça nécessaire.
– Je pense que tu as bien fait.
Ils furent bientôt devant l'usine et y pénétrèrent aussi vite que possible. Ils se laissèrent glisser le long des cordes puis Jérémie pressa le bouton du monte-charge une fois qu'ils furent tous à l'intérieur. Le vieil ascenseur descendit dans un bruit de tôle froissé puis s'arrêta à un étage pour laisser descendre Jérémie.
– dépêchez vous. Lança celui-ci avant que les portes ne se referment sur ses trois amis.
Quelques minutes après, à l'étage en dessous, les trois adolescents pénétraient dans les trois scanners.
– Transfert Aelita, transfert Ulrich, transfert Odd, scanner, virtualisation.
Dans les trois caissons, la lumière s'intensifia puis les sensations des cinq jeunes s'amenuisèrent. Ils apparurent alors dans un désert avec seulement deux sens à leur disposition. Ulrich se réceptionna et regarda Odd et Aelita atterrir prêt de lui. Odd s'ébroua de la façon d'un chat et Aelita fit quelques pas vers Ulrich.
– Alors Jérem', c'est par où ? interrogea le samouraï.
– Euh… La voix de l'intellectuel se fit entendre, hésitante, dans le micro. Je crois que j'ai sous-estimé Xana.
– pourquoi? Qu'est ce qui se passe ? s'étonna Odd.
– Je vous ai programmé vos véhicules, foncez droite vers le nord-est. Dépêchez vous, il y a au moins vingt crabes et dix tarentules en approche.
Odd sauta sur l'overboard et prit Aelita derrière lui, Ulrich enfourcha son overbike et ils foncèrent sans se faire prier davantage dans la direction indiquée par Jérémie. Le bruit métallique des créatures ne tarda pas à se faire entendre les faisant accélérer.
– 45 ° nord-est, c'est la position de la tour, mais vous allez avoir besoin de renfort où vous allez tous y passer. J'appelle Yumi pourvu qu'elle réponde ajouta-t-il en pensée.
Il composa son numéro et il entendit la sonnerie. Au bout de la troisième il entendit une voix faible répondre.
– Yumi, c'est moi, on a besoin de toi sur Lyoko, ça urge.
– J'arrive.
Il n'eut rien le temps d'ajouter que son amie raccrocha. Il entendit un bip et fixa son attention sur l'écran.
– Odd, moins dix points de vie. Une escadrille de frelions en approche.
– Merci Einstein, mais on l'avait déjà vue celle là, ironisa Odd.
– La tour est gardé par 4 bloks et deux mégatanks et il y en a cinq autres qui vous foncent droit dessus.
– Eh Einstein, je crois me souvenir que tu avais dit que Xana avait faibli… railla Odd en évitant les lasers.
– Je… J'ignore d'où il tire toute cette puissance, répondit Jérémie en pianotant sur son clavier à toute vitesse.
Ulrich et Aelita continuaient d'abattre le plus de créatures qu'ils le pouvaient mais chaque fois que l'une d'elle était éliminée, elle était instantanément remplacée.
– Ulrich, plus que cinquante points de vie, Aelita soixante et Odd, trente.
– Dis Einstein, un coup de main serait le bienvenu quand même… fit Ulrich en évitant un laser.
– Au fait Jérémie, tu sais à quoi ressemble l'attaque sur terre?
– Eh bien non, je l'ignore. Le programme que j'ai mis au point n'a rien repéré d'étrange.
– Jérémie, je suis là, je descends directement au scanner. La voix de Yumi résonna dans la pièce où se trouvait Jérémie et il entendit le monte-charge descendre. Il annonça l'arrivée de Yumi aux trois autres qui ne purent que soupirer.
– ça y'est on voit la tour, cria soudain Aelita mais elle est gardée par bien plus de monde que ce que tu nous as annoncé Jérémie.
L'intellectuel ne répondit rien et prépara le transfert de la japonaise qui pénétra dans le scanner. Elle atterrit bientôt dans le monde virtuel, sauta sur l'overwing virtualisé par Jérémie et prit la direction de la tour. Elle y parvint bientôt et se trouva face à la horde de monstre de Xana.
– Il n'y a toujours rien sur terre ? interrogea Odd en sautant pour éviter les lasers.
– Rien, je ne comprends pas le but de sa manœuvre. Pourquoi protéger aussi durement la tour alors qu'il ne se passe rien dans notre monde ?
– Moi j'ai compris Jérem' ! lança soudain Yumi en survolant la masse de monstre.
– Yumi ! s'écria Aelita avec soulagement.
La geisha tourna en rond mais ce fit bientôt attaquer par des frelions.
– Jérem', regarde un peu mieux tes écrans, dans la masse tu dois avoir trois points inconnus.
–Exact, confirma Jérémie après quelques secondes de silence. Des nouveaux monstres et d'après ce que je vois ils ont plus de pouvoirs. Il pianota sur le clavier et poussa un cri d'horreur. Dégagez de là, il ne faut pas qu'ils vous trouvent.
A ce moment là, un crabe toucha l'overwing de Yumi qui tomba dans la masse de crabe.
– Yumi sort de là, s'ils te touchent, pas de retour possible.
– Eh Einstein, t'es bien gentil mais là c'est pas possible. Ils me bloquent la route et il y en a trop je n'arriverais jamais à tous les abattre.
– Jérémie ramène nous, vite sinon on ne s'en sortira jamais.
– Et la tour? objecta Odd.
– C'était un piège, elle devait nous attirer sur Lyoko. Répliqua Ulrich, Jérem' dépêche toi !
Mais ce dernier avait déjà enclenché la dévirtualisation de Yumi, d'Aelita puis il enclencha celle des deux garçons qui ne tardèrent pas à se dépixeliser.
Les portes du scanneur s'ouvrir devant Aelita et elle reprit son souffle en sortant rapidement. Celui d'en face se fissura et s'ouvrit laissant apparaître une Yumi en sueur. Elle tomba à genou et baissa la tête.
– Eh ! ça va toi ? s'inquiéta Aelita.
– oui ce n'est rien t'en fais pas, mais je dois y aller, ma mère m'attend. Tu m'excuse auprès des garçons.
Avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, la japonaise se releva et disparut dans le monte-charge sous le regard inquiet d'Aelita.
– Yumi n'est pas revenue ? s'étonna Odd.
– Si mais elle était pressée apparemment, répondit la jeune fille aux cheveux roses.
– Remontez, j'ai de mauvaises nouvelles.
La voie de Jérémie quelque peu angoissée résonna dans la pièce au scanner et ils remontèrent donc au labo sans plus attendre. Ils se postèrent derrière lui tandis qu'il pianotait toujours sur le clavier, attendant cette nouvelle avec inquiétude. Soudain, une fenêtre s'ouvrit sur l'écran principal. Jérémie stoppa ses mains, pointa du doigt l'écran et se tourna vers eux. Il eut une seconde de surprise en apercevant l'absence de Yumi.
– Où est Yumi ?
– Sa mère l'attendait, répondit Aelita. Un hochement de tête lui répondit et il reprit d'une voix calme.
– Les trois nouveaux monstres qu'elle a repérés sont très dangereux. Ils peuvent bugger votre enveloppe virtuelle et empêcher la matérialisation.
– Quoi ? mais comment Xana a-t-il pu créer de tels monstres? s'écria Odd.
– ça je l'ignore mais ce n'est pas tout, déclara Jérémie en remontant ses lunettes. La tour est toujours activée et le programme a trouvé ce qu'il envisageait de faire.
– Et nous ne pouvons pas retourner sur Lyoko avant 24 h, gémit Ulrich.
– Même si vous pouviez y retourner maintenant le problème serait le même, les monstres sont toujours là, répliqua Jérémie. Un bip sonore retentit dans la pièce, faisant sursauter Aelita, Odd et Ulrich.
– Qu'est ce qui se passe ?
– ça Ulrich, c'est Xana qui passe à la deuxième phase. Il vient d'activer une seconde tour comme il l'avait prévu. Il a également réussi à pirater une grande quantité de mes programmes que j'avais mis au point pour l'affaiblir. Il n' a pas été si calme ce dernier mois, il a bousillé le scan, endommagé les barrages que j'avais mis en place et puisé une énergie nouvelle dont je n'ai pas pu trouver la source. Il est plus fort que jamais ….

Kaede
03/05/07 à 21:00
Merci .X.A.N.A ^^

voilà le chapitre 2, dites moi si ça vous plait et si ça vaut le cou que je la finisse ^^

Chapitre II / Le secret de Yumi


Aelita se tourna dans son lit, incapable de dormir. Cette journée lui avait paru interminable. D'abord l'accident du père de Yumi qui ne semblait pas anodin vu le comportement de la jeune fille, puis Jérémie qui leur annonçait la remontée en puissance de leur ennemi. Elle et lui avait cherché une solution toute l'après-midi, Jérémie avait tenté de mettre en place des programmes pour stopper sa progression, quelque chose qui l'affaiblirait mais rien à faire, Xana les contrait tous. Il avait donc rétablit le scan, amélioré son programme détecteur pour repérer les attaques de Xana sur terre et il avait fini par soupirer en lui disant qu'il valait mieux rentrer. Ils étaient arrivés dans les dortoirs à dix heures du soir. Ulrich était venu prendre des nouvelles mais en voyant l'air découragé de Jérémie il n'avait pu que constater l'échec de son ami face à leur ennemi. Odd et lui étaient retournés en cours pour les couvrir en cas de besoin mais cela ne s'était pas révélé utile car leur professeur était absent et Jérémie prétexterait être aller voir Yumi. Le jour se leva, tirant Jérémie d'une trop courte nuit et il descendit en grommelant rejoindre ses amis. Il prit auparavant une douche qui améliora quelque peu son humeur puis pénétra dans le réfectoire. Il saisit un plateau, et se servit un petit déjeuner. Il s'installa à la table où se trouvaient déjà ses amis et entama son premier repas de la journée en tentant de suivre la conversation qu'Ulrich et Aelita avaient commencée.
– Il n'y avait personne dans la maison, tout était fermé et il n'y avait aucune lumière, disait Ulrich sur un ton de regret.
– Tu as été voir Yumi hier ? demanda Jérémie.
– oui mais ça n'a pas servi à grand-chose, la maison été vide.
–Je m'inquiète pour elle, murmura Aelita. Ce n'est pas son genre de nous laisser sans nouvelle.
– Elle devrait bientôt nous en donner, rassura Odd en chipant discrètement un croissant sur un plateau.
– Je l'espère, fit Jérémie. Sortons. Il se leva en repoussant sa chaise et saisit son plateau à peine entamé.
– Mais… tu n'as rien mangé, lança Odd, la mine effarée.
– Je n'ai plus faim.
Cinq minutes après, ils étaient sur leur banc fétiche, le regard fixé sur le portail de Kadic mais même lorsque la sonnerie retentit, aucune japonaise n'entra. Ils soupirèrent et se séparèrent sans d'autres mots. Jérémie suivit le cours de maths avec attention mais il ne put s'empêcher de jeter régulièrement des coups d'œil sur la chaise vide à côté de la sienne. La sonnerie retentit au bout de deux longues heures et il se dirigea vers le distributeur, il commençait à avoir faim.
– Oui, c'est moi, juste pour avoir des nouvelles car on s'inquiète. J'espère que l'état de santé de ton père s'améliore, rappelle dés que possible, à bientôt j'espère.
Il se tourna en entendant la voix d'Aelita et la vit raccrocher son portable. Il devina le message laissé à l'intention de Yumi puis s'écarta pour laisse à la place à Odd de se prendre à manger. Soudain un léger bip se fit entendre, émanant du sac à Jérémie. Celui-ci soupirant en avalant une gorgée du breuvage qu'il venait d'acheter. Il grimaça, l'acheva d'une traite puis jeta le gobelet à la poubelle.
– Xana a encore activé une tour. C'est la troisième depuis ce matin, soupira-t-il.
– Que va-t-on faire ? demanda Aelita.
– Je finis les cours à onze heures, je me rends à l'usine directement et comme on est mercredi, j'ai toute la journée pour bosser au labo. Je crois avoir une idée pour stopper sa progression.
– Mais tu ne nous as toujours pas dis ce qu'il comptait fait, remarqua Ulrich.
Aelita grimaça et Jérémie passa sa main dans ses cheveux d'un air las.
– Il va activer le plus grand nombre de tour possible et lorsqu'il aura assez de puissance, il compte prendre le commandement du pays. Il va s'installer au pouvoir en dirigeant toutes les forces du pays, militaires et autres.
– Mais comment compte-t-il réussir à faire ça? Interrogea Odd.
– Je l'ignore encore, c'est pour ça que je vais travailler au labo et je compte bien l'empêcher d'arriver à ses fins.
– Je devais aller en ville avec Marie mais si tu veux je viens travailler avec toi, proposa Aelita.
– Je ne pense pas que ce soit la peine.
– Tu as besoin de nous? demanda Ulrich.
– Non c'est gentil mais je travaille mieux seul, je vous appelle en cas de besoin, répondit Jérémie tandis que la sonnerie retentissait.
– Allez les gars c'est parti pour deux heures d'histoire, lança Odd en finissant sa barre chocolatée.
– allons-y mais juste pour info, Odd, aux dernières nouvelles je suis encore une fille, taquina Aelita.
– Ah bon? Fit celui-ci avec un air étonné. T'es sûre? Ah bah, excuse moi je croyais.
Aelita prit un air vexé et frappa amicalement son ami sur l'épaule en signe de représailles. Jérémie les regarda s'éloigner puis prit la direction opposée. Une heure et quart après, il s'installait devant le super ordinateur du labo. Il étira ses bras devant lui puis posa ses mains sur le clavier. Un nouveau bip se fit entendre et il jeta un coup d'œil rapide dans la fenêtre qui lui indiquait qu'une nouvelle tour s'activait. Xana semblait prendre davantage de puissance d'heure en heure et il se devait de découvrir quelle était sa nouvelle source d'énergie. Il commença à pianoter et ne vit pas le temps passer.

Aelita se tourna vers Ulrich et Odd puis murmura à voix basse pour ne pas se faire entendre du prof.
– Je vais chez Yumi après manger, vous venez avec moi ?
– Tu ne devais pas voir Marie ? s'étonna Ulrich
– C'est annulé, répondit celle-ci en balayant l'objection d'un signe de la main.
– Moi je ne pourrais pas mon père vient cet après-midi. Il veut qu'on parle d'un sujet sérieux apparemment, justifia Odd avec une grimace.
– bah Jérem' devait m'aider à comprendre des Maths mais vu qu'il n'est pas là y'a pas de problème et puis ça m'inquiète, j'aimerais vraiment savoir ce qui se passe.
– Moi aussi, on ira directement après manger.
– vous me tiendrez au courant quand même ? s'enquit Odd.
– Evidemment, t'en fais pas je t'enverrais un message dans l'après-midi.
– Merci princesse.
– Mr Della Robbia et Mlle Stones, si je vous dérange n'hésitez pas à me le faire savoir surtout, interrompit soudain le professeur.
– Vous en faite pas m'sieur on a finit, lança Odd avec un sourire niais.
Le professeur fronça les sourcils puis reprit son cours comme si rien ne s'était passé. A la fin des deux heures d'histoire, Ils sortirent et se dirigèrent directement vers le réfectoire.
– Mangeons vite mon père m'attend de bonne heure, fit Odd en saisissant un plateau.
Ses amis approuvèrent et ils s'installèrent à une table peu après. Le repas s'acheva rapidement et Odd sortit avant eux du réfectoire.
– eh bah ! Je crois que je ne l'ai jamais vu manger aussi vite, s'étonna Aelita.
– D'un côté je le comprends, il ne le voit pas souvent.
– Tu as fini ?
– Oui
– Alors allons-y, j'aimerais passer un coup de fil à Jérémie avant de partir.
Ils déposèrent leur plateau et sortirent dehors. A peine étaient-il sorti que déjà Aelita avait composé le numéro et porté le téléphone à son oreille. Elle attendit tandis que les sonneries s'enchaînaient puis elle finit par raccrocher en soupirant.
– Il doit encore être plonger à fond dans ses recherches, expliqua Ulrich.
– Sans aucun doute, répliqua Aelita d'un ton quelque peu irrité. Allez allons-y.
Ils franchirent les grilles de Kadic et prirent la direction de la maison de Yumi. Ils déambulèrent dans les rues sous le soleil d'avril en parlant de tout et de rien, cherchant à détendre la lourde atmosphère d'inquiétude et d'angoisse qui régnait autour d'eux depuis la veille. Ils finirent par déboucher dans la rue de la japonaise et Aelita tendit son visage à la petite brise qui était apparue.
– ça fait du bien.
Ulrich eut un petit sourire à sa remarque puis détourna la tête en regardant un peu plus loin.
– Nous y voilà.
Mais arrivé devant la maison, ils constatèrent que loin d'être calme comme la veille, celle-ci était très agitée. Ils entendirent le cri d'un enfant puis des pleurs. Les bruits d'une dispute puis de vaisselle cassée.
– On s'est peut-être trompé de maison…, hésita Aelita alors qu'elle avait parfaitement reconnu la maison de son amie.
Soudain la porte s'ouvrit laissant passer le père de Yumi qui hurlait. Son visage était rouge et il avait des yeux étranges. Il passa devant eux sans les voir, il bouscula même Aelita sans s'en rendre compte. Il grimpa dans une voiture garée sur le trottoir, claqua la porte, démarra et s'en alla sans un regard en arrière. Les regards des deux adolescents se dirigèrent à nouveau vers la maison désormais silencieuse. Ils purent apercevoir l'intérieur par la porte ouverte et aperçurent un décor désordonné, comme si on s'était battu. Soudain Hiroki passa en pleurs devant la porte. Aelita passa le portail et se dirigea vers la porte avec hésitation, suivit d'Ulrich. Elle monta ensuite les quelques marches et toqua à la porte ce qui eut pour effet de l'ouvrir complètement. Elle vit alors une forme étendue par terre, Hiroki agenouillé prêt d'elle. Son regard se dirigea vers les deux jeunes gens, son visage était inondé de larmes.
– Aidez moi, supplia-t-il la voix tremblante.
Ulrich distingua alors les cheveux de Yumi et il se précipita à l'intérieur et courut vers la jeune fille, suivit d'Aelita.
– Hiroki, que s'est-il passé ?
– Papa… il est devenu fou… murmura-t-il avec peine.
Ulrich souleva la jeune fille inconsciente et la porta jusqu'au canapé proche où il la déposa délicatement. Aelita demanda de l'eau et des serviettes au jeune japonais et l'accompagna en continuant de l'interroger.
– Mais où est ta mère ?
– Je ne sais pas très bien, au Japon je crois…
– Mais qu'a fait ton père ?
– J'ai fait une bêtise… répondit-il en baissant les yeux honteux. Aelita ne put rien tirer d'autre de lui car il s'enferma dans un profond silence.
Elle rejoignit Ulrich qui avait dégagé le visage de Yumi révélant des hématomes et une profonde entaille allant de la tempe jusqu'à l'oreille. Aelita mouilla une serviette et lui nettoya la plaie. Au contact de l'eau sur son visage les paupières de la Japonaise frémirent et elle ouvrit les yeux. Elle fronça les sourcils et se redressa brusquement en reconnaissant Aelita et Ulrich. Son regard parcourut alors le salon dévasté puis elle baissa la tête en portant la main à sa tempe.
– Yumi… murmura Aelita d'une voix douce. Elle vit son amie secouer doucement la tête de gauche à droite puis la relever brusquement.
– Hiroki? Où est-il ?
– Je suis là, répondit ce dernier dans une attitude distante.
– tu vas bien ? s'inquiéta sa sœur. Pour toute réponse, le jeune garçon se blottit dans les bras de sa sœur.
– Je suis désolé.
Yumi le consola longtemps, lui répétant que ce n'était pas sa faute, qu'il n'y était pour rien et finalement, épuisé, il s'endormit dans ses bras. En apercevant cela, Yumi sourit tendrement, sourire que se transforma en grimace de douleur. Ulrich prit Hiroki dans ses bras et sans un mot, il le monta dans sa chambre à l'étage. Aelita vint s'asseoir prêt de son amie, les yeux pleins de questions. Mais Yumi resta silencieuse, les yeux fixés au sol. Aelita saisit sa main et aperçu alors une larme couler sur la joue de la japonaise. Elle l'essuya d'un revers de main et parla de sa voix la plus douce.
– Raconte moi, je peux peut-être t'aider.
– Nous sommes tes amis, nous sommes là pour toi, ajouta Ulrich en s'installant sur un fauteuil proche.
Yumi prit une profonde inspiration et croisa le regard d'Ulrich. Celui-ci ne broncha pas, pas plus qu'Aelita lorsqu'elle croisa le sien. Ils avaient raison, ils étaient là pour elle, elle pouvait tout leur dire. Même ce père dont elle avait été si fier qui lui avait interdit d'en parler ne pourrait pas l'en empêcher. Il ne méritait plus son respect, il avait trahi tout ce à quoi il croyait. Elle prit son courage à deux mains et se lança :
– Il y a quelques mois, mon père s'est fait virer pour une faute qu'il n'aurait, selon lui, pas commise. Cela l'a mit en colère et lorsqu'il est rentré ce soir là, il nous a fait peur. Il criait si fort que toute la rue a du nous entendre. Nous pensions que cela allait passer, après tout, ce n'était pas la première fois qu'il perdait son travail. Mais le lendemain, quand je suis rentré, il était à la maison et il était dans le même état. Ça a duré plusieurs jours mais il a fini par se calmer lorsque ma mère s'est énervé après lui. Puis il s'est mit à chercher du travail mais au bout d'une semaine, il a commencé à se décourager et ma mère a proposé de rentrer au Japon mais il a refusé net et elle n'a pas osé s'opposer à lui. Puis la police est venue à la maison. Je ne sais pas ce qu'ils lui ont dit, je crois que c'était en rapport avec ce pourquoi il avait été viré mais il n'a jamais voulu nous dire ce que c'était. Lorsqu'ils sont partis ce soir là, mon père est sortit et n'est pas rentré. J'ai entendu des bruits dans la nuit et j'ai entendu ma mère crier qu'il n'avait pas à rentrer à des heures aussi tardives. Lorsque je me suis levé le lendemain, il était toujours au lit et ma mère m'a dit qu'il était malade. Et le soir, je l'ai trouvé dans un fauteuil, une bouteille à la main.
– Il s'est mis à boire ? s'étonna Aelita.
– oui, lui si attaché aux valeurs traditionnelles, aux origines japonaises, est devenu un alcoolique. Ça fait sept mois maintenant je crois. Au bout de quelques temps, ma mère a essayé de le motiver, de l'aider pour qu'il remonte la pente, Hiroki et moi l'avons aidé également mais rien n'y a fait. Il a sombré dans un état d'esprit abominable. Lorsqu'il ouvrait la bouche, c'était pour hurler ou demander à boire. Et puis il y a un peu plus d'un mois, il s'est disputé encore plus fortement avec ma mère que d'habitude et il a fini par la gifler. Sur le coup, elle n'a pas réagi et lui non plus. Puis elle s'est mise à hurler et il a pleuré en disant qu'il regrettait, qu'il ne le referait plus. Je l'ai vu s'agenouiller devant elle en demandant pardon, lui qui était autrefois si fier. Mais ma mère n'a rien dit elle a quitté la pièce en le laissant là. Elle a fait sa valise et en partant elle lui a dit qu'il avait trois mois pour se ressaisir sinon elle le quittait définitivement. Et pendant ces trois mois, elle partait rejoindre sa sœur au Japon. Ce soir là, lorsqu'il vint à table avec nous, il pleurait. Nous avons tenté de le consoler et il a semblé se convaincre qu'il pouvait y arriver, pour ma mère, pour sa famille. Ce soir là, j'ai cru le retrouver mais je m'étais trompée.
– Que s'est-il passé après? Demanda Ulrich d'une voix grave voyant qu'elle s'interrompait.
– Lorsque je suis rentrée le lendemain, je l'ai vu frapper Hiroki. Il était complètement soûl. J'ai eu beau m'interposer, rien à y faire, il a continué à nous frapper encore et encore puis il a fini par nous lâcher, Hiroki était inconscient et il est allé s'avachir dans un fauteuil pour dormir. Depuis ce soir là, le moindre faux pas de notre part provoque une colère monstrueuse chez lui, je n'ose même plus manger avec lui. Hiroki fait en sorte de rentrer très tard le soir pour ne pas le voir et il part avant qu'il ne se lève mais ce soir, Hiroki l'a réveillé en rentrant…
Le silence s'installa dans la pièce et une autre larme silencieuse coula sur la joue de Yumi.
– Pourquoi n'as-tu rien dit avant ? les gens comme ça sont punis. Finit par dire Aelita.
– Il me l'avait interdit
– Mais il te frappait Yumi, tu aurais dut le dire, interdit ou pas.
– Mais il menaçait de s'en prendre encore à Hiroki, je ne pouvais pas…. Sanglota la jeune fille en cachant son visage de ses mains. Ulrich vint la prendre dans ses bras et jeta un regard angoissé à Aelita.
Soudain un bruit de portière attira l'attention d'Aelita qui se leva et jeta un coup d'œil par la fenêtre.
–Il est de retour…
Cette constatation affola Yumi qui s'agita immédiatement.
– Il ne faut pas qu'il vous trouve ici, vous devez partir, il pourrait s'en prendre à vous.
– Tu ne crois pas que nous allons te laisser seule avec lui ? s'exclama Ulrich.
– Ulrich je… Je ne sais plus quoi faire… Je ne veux pas qu'il vous fasse du mal.
Les larmes roulèrent de nouveau sur ses joues et elle se réfugia dans les bras du jeune homme, il fit signe à Aelita qui comprit et elle le rejoignit sur le canapé. La porte s'ouvrit et la voix de l'homme appela la jeune fille.
– Yumi ! Tu n'as pas rangé ? Où es-tu? Viens ici tout de sui…
Il s'interrompit dans sa phrase en voyant Aelita calme sur son canapé et sa fille blottie dans les bras d'un jeune homme brun. Sur le coup, il ne sur quoi dire, ni quoi faire. C'est alors qu'Aelita annonça calment que Yumi et Hiroki venaient avec eux.
– Avec vous ? Je peux savoir où ? demanda alors le père d'une voix dure.
– Ils dormiront à l'internat mais ils ne resteront pas une minute de plus dans cette maison, affirma Ulrich.
– Sachez jeune gens, qu'ici c'est encore ma maison et ce sont mes enfants, c'est moi qui décide où ils dorment et ce qu'ils font.
– non, vous avez perdu le droit de leur imposer votre volonté le joue où vous avez levé la main sur eux, déclara Aelita.
– Qui croyez-vous être pour pouvoir me dire cela ?
– Une amie de votre fille qui, contrairement à son père, ne veut que son bien.
– Plutôt que de frapper vos enfants, vous feriez bien de trouver un boulot et de redresser la situation. Alors vous aurez une chance de retrouver votre femme et vos enfants, lâcha Ulrich d'un ton de dédain.
– Je vous interdis de me parler sur ce ton. Vous n'êtes que des gosses vous ne comprenez rien à la vie alors ne vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas et dégagez.
– Nous en connaissons plus que vous ne le croyez, monsieur Ishiyama, lança Aelita en se levant, mais puisque vous voulez que nous partions, nous partirons mais pas sans Yumi et Hiroki.
– Je n'ai pas les moyens de payer l'internat, rétorqua l'homme avec un sourire mauvais.
– Ne vous en faites pas pour ça, répliqua Ulrich sans donner de détails.
Il se leva et aida Yumi à en faire autant. La japonaise croisa alors le regard embrumé de son père et s'immobilisa.
– Tu sais ce qui t'attend si tu pars ? Tu ne vas pas me quitter comme ça ? Tu n'oserais pas imiter ta mère ? Tu n'as nulle part où aller !
– ça m'est égal, articula Yumi avec peine, je pars avec Hiroki, l'essentiel c'est qu'on soit loin de toi.
– Mais je suis ton père, tu te dois de m'obéir comme n'importe quelle bonne japonaise, comme n'importe quelle fille.
– Et toi tu es mon père, hurla Yumi avec rage, tu étais sensé nous protéger, tu devais nous aimer et nous élever avec amour. Pourquoi obéirais-je à quelqu'un qui ne mérite même pas le respect.
– Comment oses-tu …
– J'étais si fière de toi, je t'estimais, je t'adorais et aujourd'hui tu me dégoûte. Tu es devenu un alcoolique, un père indigne. Tu ne ressemble plus à rien, tu te morfonds dans l'échec et tu ne fais aucun effort pour t'en sortir. Où est passé le père que j'aimais tant ? Celui qui pouvait me faire des leçons de morale? Celui qui me réconfortait quand j'échouais? Celui qui m'encourageait ? Quand es tu devenu si minable ? acheva-t-elle avec une faible voix.
– Yumi, appela soudain Hiroki dans les escaliers. La jeune fille tendit les bras et son frère vint s'y blottir.
– Nous partons Hiroki.
Il leva des yeux pleins d'espoirs cers sa sœur qui demeurait le regard fixé sur son père. Sa fierté était revenue, elle avait séché ses larmes et faisait face à sa peur, elle ne se laisserait plus faire. Soudain les épaules de l'homme s'affaissèrent et sa voix se fit indifférente.
– Si vous voulez partir, faites, mais ne revenez pas me demander quoi que ce soit… Il parti s'avachir dans un fauteuil et détourna les yeux. Yumi et Hiroki prirent rapidement quelques affaires et ils partirent de la maison sans traîner. Une fois dehors, Hiroki se mit à courir partout en riant. Yumi le regardait avec un sourire attendri. Cela lui faisait chaud au cœur de voir son frère enfin joyeux, cela faisait si longtemps.
– Merci, murmura-t-elle à voix basse.
Elle sentit le bras d'Ulrich sur ses épaules puis celui d'Aelita de l'autre côté.
– Les amis sont là pour ça, répondit Aelita.
– Ne t'en fais pas tout va s'arranger, ajouta Ulrich.
:) :)

Rouletabille
04/05/07 à 14:58
Il n'y a pas à dire, c'est une bonne fanfic.

Le scénario est bien trouvé et bien mené. D'un coté, il y a la menace de Xana et de l'autre, l'intrigue sur terre autour de Yumi.

Ton style d'écriture tient bien la route. Il y a des descriptions, des actes et des différents états d'esprit, qui accompagnent parfaitement les dialogues.

Les réactions des personnages correspondent, assez bien à la réalité. Jérémie qui s'investit totalement contre Xana, au point d'en oublier presque ce qui l'entoure. Odd qui sur le coup pense plus à séduire une fille, car il n'a pas conscience, que la situation est grave pour Yumi. Aelita qui s'inquiète pour son amie. Ulrich qui voit vite, que quelque chose ne va pas et qui veut réagir. Et Yumi, qui préfère garder ses problèmes pour elle.


Tu décris bien et de manière assez vivante, ce qui est arrivé, à la famille de Yumi. La lente déchéance du père, la mère qui finit par partir et les deux enfants qui voient que cette famille et cette maison, qu'ils aimaient tant, deviennent quelques choses d'effrayant, qu'ils ne veulent plus que fuir. Il y a assez de réalisme, dans ta description.

Tu dis que cela fait plusieurs mois, que le père a perdu son travail et qu'il sombre petit à petit. Les héros auraient peut-être dus se rendre compte de quelque chose, même si Yumi cache bien son jeu. Mais dans un sens, tu as raison, tout ne pouvait pas en arriver à un tel point, sans une longue période. Et tu dis, que cela s'est accéléré, ces derniers temps.

J'imaginais mal cependant, la mère de Yumi partir en laissant ses enfants. Elle n'avait cependant peut-être pas les moyens, de s'occuper d'eux au Japon.

Il y a une petite incohérence, cependant. Au début de l'Histoire, Yumi s'assoit à coté de Jérémie, pour le contrôle. Mais ils ne sont pas dans la même classe.


Pour ce qui est de la suite, j'attends de voir. Mais je commence à supposer:

- Il est possible, que le problème que le père de Yumi a eut à son travail, ait été provoqué par Xana. Il voulait peut-être briser, Yumi en brisant son entourage.
- Vont-ils mettre Hiroki, dans le secret? C'est possible, après tout il va bien se rendre compte de quelque chose.
- Est-ce que Yumi et Hiroki vont être clandestins à l'école, ou plutôt à l'usine? Tout devient possible. Ils peuvent jouer la comédie, qu'ils viennent de chez eux et leurs parents ne sont plus là, pour s'inquiéter pour eux.
- Ils peuvent difficilement être clandestins à l'école. On peut les cacher, quelques nuits, mais pas pendant des mois, sans que cela se remarque, même avec la complicité des autres élèves.


Enfin au final, c'est un bon début de fanfic (surtout pour une première). C'est incontestable.

C'est "tout", ce que j'avais à dire.

Salutations et bon courage!

Rouletabille

Yumi94
07/05/07 à 22:26
J'adore c'est vraiment génial !!!
Pauvre Yumi et pauvre Hiroki :cry: :cry:
Mais bon comme le dit aelita les amis sont la pour sa :)
Je suis du meme avis que Rouletabille sur le fait que Xana y soit pour quelque chose !!!
Si tu pouvai mettre la suite avant le week-end sa serai génial :? sinon je crois que je vais mourrir :pale:
Stp :oops:

Bisous
Susana

Flammèche
07/05/07 à 22:40
C'est bien pour une première. Que dis-je ? C'est même très bien ! L'intrigue est alléchante ; l'histoire est bien menée ; comme celle de Rouletabille, elle n'est pas "vide"...
C'est donc une bonne fic que nous avons là ! Quelle joie ! :p

Continue ainsi, et sache que tu as toute ma sympathie.

À bientôt

Kaede
08/05/07 à 18:57
merci pour vos commentaires qui me font chaud au coeur :oops: :D
rouletabille juste pour te dire que (je n'ai certainement pas était assez explicite et j'en suis désolé mais je ferais quelque modif) mon incohérence n'en est pas vraiment une car dans ma fic mes héros sont en terminale pour Yumi et Jérémie et en 1er pour Odd, Aelita et Ulrich ^^ ; plusieurs indices le laissent deviner (comme quand je dis que Jérémie a sauté une classe, Yumi parle du bac à la fin de l'année, je dis que les années ont passé et Odd sort avec une fille de la 1ER D par exemple ) donc voilà. Désolé si je n'ai pas été assez claire :silent: :oops:

En tout cas merci pour tous vos conseils et envcouragement qui font toujours plaisirs^^
j'arrête de blablater et voilà la suite que j'espère que vous aimerez

Chapitre III/ Problèmes


Jérémie s'étira, il avait mal au dos à force de rester penché sur son écran. Il fit quelques pas pour se dégourdir les jambes et vit alors le clignotement sur un de ses écrans annexes. Il était tellement dans son programme qu'il n'avait pas vu que l'un de ses amis l'appelait. Il regarda la liste de numéro et remarqua que celui d'Aelita revenait trois fois puis Odd avait tenté de l'appeler en fin de soirée. Il se réinstalla et donna la touche finale à son programme et le mit aussitôt en route, espérant que ça marche. S'il remplissait bien sa fonction, cela ralentirait enfin Xana, le temps qu'il trouve une solution à tous ces nouveaux monstres et ces tours qui s'activaient à la suite. Il regarda sa montre qui affichait vingt trois heures trente. Il saisit son sac à dos et grimpa dans le monte-charge sans crainte. Il avait découvert que Xana activait les tours pour rassembler plus de puissance et non pour lancer une quelconque attaque sur terre, ses amis et lui ne risquaient donc rien pour le moment. Il arriva dans la cathédrale et la traversa, seul le bruit de ses pas résonnait dans l'immense pièce. Il emprunta le chemin menant au parc et arriva à Kadic peu après. L'extinction avait déjà eut lieu et il pénétra aussi discrètement que possible dans les dortoirs. Il eut la chance de ne pas croiser Jim et il monta dans les étages avec soulagement. Il arriva sans incident à sa chambre et remarqua qu'elle n'était pas fermée à clé. Etrange, il l'avait pourtant fermé ce matin en partant. Il l'entrouvrit et aperçut Aelita assise sur son lit. Il entra alors dans la pièce, faisant sursauter certains de ses amis.
– Eh bah ! c'est un conseil de guerre qui se tient dans ma chambre , plaisanta-t-il mais en voyant leurs visages graves il cessa de sourire.
Il parcourut la pièce du regard et remarqua alors le petit garçon couché sur un matelas à l'opposé de son lit, Yumi assise à ses pieds, le visage entaillé et des bleus dans le cou. Odd, le visage triste comme on ne lui avait jamais vu, Ulrich et Aelita, le visage déterminé.
– Je crois que j'ai manqué beaucoup de choses cette après-midi, soupira-t-il en refermant la porte derrière lui. Il s'installa prêt d'Aelita sur le lit. Racontez-moi.
Aelita lui raconta alors l'histoire de Yumi et annonça qu'il hébergerait Hiroki jusqu'à ce que le proviseur lui trouve une chambre. Yumi dormirait dans la sienne, tout cela étant provisoire jusqu'à ce que la jeune fille parvienne à contacter sa mère au Japon.
– Je vois, finit par dire Jérémie. Désolé de ne pas être venu Yumi.
– Ce n'est rien, ne t'en fais pas, répondit la jeune fille avec un faible sourire.
Le jeune homme soupira en pensant à ce qu'il devait leur dire sur ses programmes et ses découvertes sur Xana. Puis il comprit que ce n'était pas tout.
– Il y a autre chose, confirma Ulrich.
Un silence s'installa qui finit par oppresser le jeune intellectuel.
– Que s'est-il passé ?
– Mon père est venu me voir, annonça Odd d'une petite voix. Il vient d'acheter une maison, je vais quitter l'internat…
– Mais c'est tout prêt d'ici ? coupa Jérémie, tu reste à Kadic ?
– Et je vais quitter Kadic aussi.
– Ce n'est pas possible, fit Jérémie totalement stupéfait. Totalement impossible.
– Il ne m'a pas laissé le choix…, murmura Odd. Je pars dans un mois.
– Mais il ne peut pas te faire quitter le bahut juste avant ton épreuve de français de fin de première, objecta Jérémie.
– Il s'est arrangé avec le proviseur avant de venir me voir. Je l'ai déjà. Je ne sais pas ce que mon père lui a dit, mais le proviseur va valider mes résultats, comme si je l'avais passée et réussie.
– Mais… et cette maison où est-elle ?
– A la frontière de l'Espagne, répondit Odd après un court silence.
Pas un bruit ne venait troubler la quiétude de la pièce. Ils étaient tous immobiles, ne sachant quoi dire. Jérémie finit par lâcher un lourd soupir et passa la main dans ses cheveux dans un geste nerveux. Il remarqua qu'Aelita étouffait un bâillement puis les lourdes paupières d'Ulrich qui se fermaient et s'ouvraient régulièrement, trahissant la lutte du jeune homme avec le sommeil.
– Ecoutez, nous ne pourrons rien régler ce soir. Allons nous coucher, nous en parlerons demain matin, annonça-t-il d'un ton las. On se retrouve tous dans le réfectoire pour le petit dej'.
Les autres approuvèrent puis dans le plus grand silence, Aelita ouvrit la porte et vérifia que le couloir était vide. Elle fit signe aux autres et ils sortirent sans plus attendre. Yumi se pencha sur son frère et l'embrassa tendrement sur le front. Elle se leva puis regarda Jérémie en lui demandant de bien veiller sur lui, son ami la rassura et elle suivit Aelita qui s'impatientait sur le pas de la porte. Lorsque Jérémie ôta ses lunettes, le radio réveil affichait minuit et demi. Il se levait à sept heures le lendemain. Il fixa le plafond en réfléchissant, le souffle régulier d'Hiroki résonnant dans le silence. Depuis deux jours, il ne contrôlait plus rien, les commandes lui échappaient et il n'avait aucune solution. D'abord Xana qui se préparait à une puissante attaque dont il ignorait toujours le véritable but, ensuite le malheur de Yumi et de sa famille, puis le prochain départ de Odd. Sur ces pensées moroses, il s'assoupit, abattu par la fatigue.
La sonnerie lui parvint à travers son esprit embrumé et il appuya sur le bouton du réveil. Il se tourna sur le côté, profitant des dernières secondes sous la couette puis se décida à se lever. Odd était toujours au lit mais contrairement à son habitude, il ne faisait aucun bruit. Ulrich s'approcha et lui toucha l'épaule. Odd se tourna et le fixa avec des yeux tristes puis il se leva sans un mot.
– Tu n'as pas dormi de la nuit, n'est ce pas? Demanda Ulrich.
– J'ai pas fermé l'œil, confirma le blondinet.
Ils se rendirent à la douche, rencontrant Jérémie et Hiroki en chemin. Le collégien semblait tout content d'être là.
– ça va Hiroki? Interrogea Ulrich après les avoir salués.
– Très bien et vous ?
– ça va.
– Alors t'es en quelle classe maintenant? Questionna Odd.
– Quatrième.
– Et tu y arrive ?
– Pff c'est trop facile, lança le jeune garçon en pénétrant dans les douches.
Cela fit sourire les trois amis qui le suivirent. Quelques minutes plus tard, ils descendaient les marches et Hiroki croisa un de ses amis. Il les remercia et leur souhaita une bonne journée avant de les laisser. Les trois garçons se rendirent dans le réfectoire et se servirent un petit déj'.
– On dirait que les filles ne sont pas encore descendues, remarqua Jérémie en s'installant à une table.
Odd s'installa face à lui, Ulrich à son côté mais contrairement à son habitude, il ne se jeta pas sur son plateau. A vrai dire, il ne le regardait même pas et il n'y toucha pas. Ulrich l'encouragea pourtant mais le blondinet se contenta de faire un signe de dénégation de la tête. Il se redressa soudain, les yeux vers la porte et annonça l'arrivée des deux filles. Elles s'installèrent avec eux sans tarder mais ne touchèrent pas plus à leur plateau qu'Odd.
– Je vois que tu as essayé la chirurgie esthétique mais ça ne marchera pas, tu reste moche et ce n'est pas de cette façon que tu attireras Ulrich il est à moi, claironna soudain une voix trop connue.
– déjà je… commença Ulrich mais il fut interrompu par Yumi.
– Je ne t'ai rien demandé alors fous moi la paix Sisi.
– oh voyez vous ça, mademoiselle fait la blasée mais ça ne prend pas avec moi. Tu peux tout tenter, tu n'arriveras jamais à rien. Tu n'es qu'une ratée, une nulle.
– Cesse de prendre ton cas pour une généralité, intervint Aelita.
– ah, ça y'est, madame Einstein se la ramène. Vas-y prends la défense de ta petite copine.
– Sisi, commença Jérémie mais il s'interrompit dans sa phrase et Sisi se mit à rire.
– Ah ton cerveau a buggé, que voulais-tu, il fallait bien que cela arrive un jour…
Une main se posa soudain sur l'épaule de la jeune fille et elle eut l'impression que le temps avait ralentie. Elle tourna la tête et vit alors le visage de son père. Une couleur rouge vive envahit son visage et elle baissa les yeux. Elle s'éloigna sans rien ajouter et quitta le réfectoire sous le regarda attentif de son père qui se tourna ensuite vers la table des adolescents.
– Mlle Ishiyama, il y a un appel pour vous dans mon bureau.
La jeune fille se leva et remercia le proviseur puis fonça vers son bureau, sachant déjà d'où venait l'appel. Le proviseur salua les quatre autres puis tourna les talons et quitta le réfectoire à son tour. Ils ne tardèrent pas à sortir non plus, aucun d'eux n'ayant faim. Ils s'installèrent sur le banc habituel, le regard fixe sur la porte du bâtiment du proviseur.
– Je n'en peux plus de ce silence, finit par éclater Aelita. Il faut qu'on fasse quelque chose. Se ressaisir, ça ne peut pas continuer comme ça, j'ai l'impression que tout part en vrille.
Yumi sortit soudain du bâtiment et les rejoignit la mine déconfite.
– Ma mère a parlé au proviseur, je reste encore quelques temps ici puis Hiroki et moi on s'envole pour le Japon.
– Et ça continue, s'écria Aelita avec colère.
– Bon écoutez, on va s'occuper d'un problème à la fois, intervint Jérémie d'une voix calme, décidé à reprendre les choses en mains. Commençons par la plus urgente, Xana, car je doute que mon programme ne le retienne longtemps et je vais avoir besoin de vous sur Lyoko.
Les autres approuvèrent, ne sachant que dire puis prirent la direction du parc alors que la sonnerie retentissait derrière eux mais il l'ignorèrent et foncèrent à l'usine.
– Alors il a maintenant au total, onze tours activées, je pense qu'il lui en faut plus ou moins vingt cinq pour son projet. J'ai réussi à trouver où il puisait son énergie et malheureusement je n'ai aucun moyen de l'isoler car c'est trop bien protégé, j'ai eu beau m'y mettre, au bout de cinq heures je n'avais toujours pas avancé. Ah, non maintenant il en est à douze…enfin bon, donc voilà, je vais vous envoyer chacun dans un territoire différent et vous allez me faire des repérages.
– Que cherche-t-on? Demanda Yumi.
– tout et n'importe quoi, signalez moi tout ce qui est inhabituel.
– Et les monstres? interrogea Aelita.
– Ils sont réunis autour des tours, ne vous en approchez pas. Allez c'est parti.
Les quatre lyokoguerriers descendirent à la salle des scanners et attendirent les directives de Jérémie.
– Yumi, territoire montagne et Aelita je t'envoie dans la forêt. Transfert, scanner virtualisation. Maintenant à vous les garçons, Ulrich tu seras dans le désert et Odd il te reste la banquise.
Jérémie répéta la procédure et ils atterrirent souplement sur le sol du monde virtuel. Cette fois-ci aucun sourire, aucune blague ne vint briser l'ennui des repérages sur Lyoko. Chacun avait en tête le départ prochain d'Odd et celui de Yumi. Ils parcoururent les territoires de long en large, parfois guidé par la voix de Jérémie qui leur évitait les monstres. Mais le jeune intellectuel venait de constater que Xana avait brisé son barrage et il était en train de s'acharner sur sa source d'énergie. Xana avait bien réussi à pénétrer dans la base militaire, pourquoi pas lui ? Maintenant qu'il savait, Jérémie ne s'étonnait plus de la montée en force du virus. Il s'alimentait dans une base nucléaire et était parvenu à s'adapter de manière à pouvoir absorber la puissance et la transformer en énergie. Il soupira en constatant qu'il ne parviendrait pas à abaisser les barrières de sécurité. Une treizième tour s'activa dans le territoire Forêt cette fois-ci. Il continua de pianoter longtemps, ses amis avaient sillonné les territoires trois fois sans rien trouver et il désespérait de parvenir à trouver une solution lorsqu'un nouveau bip se fit entendre. La dix-neuvième tour.
– Jérémie! Cria soudain Aelita.
–Qu'est ce qui se passe ? s'inquiéta aussitôt celui-ci.
– Je crois que j'ai trouvé quelque chose… Sur Lyoko, Aelita s'était figé devant la vision de la chose en question.
– quoi ? s'affola Jérémie, craignant le pire.
– Pas quoi, qui, annonça soudain une voix froide.
Sur les trois autres territoires, les adolescents se fichèrent, l'oreille tendue, une boule d'angoisse dans le ventre attendant la fin de ce silence qui paraissait interminable.
– Xana… Murmura soudain Jérémie.
Un rire glacial et mauvais lui répondit. Sur l'écran de Jérémie une fenêtre s'ouvrit, Aelita lui envoyait un visuel mais il n'y avait pas grand-chose à voir. Au milieu du sentier, devant les grands arbres se tenait une ombre humaine sans visage.
– que veux-tu? Hurla soudain Aelita.
– Mais ce que je veux toujours chère Aelita, le pouvoir.
A ces mots, Aelita recula de quelques pas, tandis que ses amis traversaient les territoires en catastrophe pour la rejoindre.
– Seulement, poursuivit le virus, j'ai trouvé un autre moyen de l'atteindre. Bientôt j'aurais enfin atteint mon objectif, je vais sortir de ce monde qui va s'éteindre et je régnerais sur la Terre. Et aucun de vous ne pourra m'en empêcher…
Il avança vers Aelita sui s'enfuit dans la direction opposée sans plus attendre mais elle entendit à nouveau ce rire cruel et fut soudain arrêtée par des monstres qui surgissaient de tous les côtés.
– Jérémie, paniqua Aelita.
– Je ne comprends, ils sortent de partout, bégaya le jeune homme.
L'un de ses écrans annexe l'informa de l'activation de la vingtième tour. Son regard parcourut l'écran principal. Yumi, Ulrich et Odd étaient bien trop loin pour arriver à temps. Des bips d'alertes annoncèrent l'arrivée d'autres monstres et la panique le submergea. Les trois nouveaux de la dernière fois étaient maintenant au nombre de cinq et ils encerclaient Aelita qui ne pouvait plus fuir.
– Aelita, murmura Jérémie la peur au ventre.
– Jérémie, cria soudain Ulrich. Jérémie, j'ai un problème.
– Je crois que ça va sentir le roussi chez moi aussi Einstein, ajouta Odd.
– Qu'est ce qui se passe ?
Un bip annonça l'activation de la vingt et unième tour juste avant la réponse d'Ulrich.
– Tu ne me croiras peut-être pas mais le territoire se dépixélise.
– Vous avez perdu, fit soudain la voix d'un ton triomphant.
– Jérémie ramène moi vite, cria Ulrich.
Mais Jérémie fixait l'écran, les yeux humides. Il voyait les nouveaux monstres s'attaquer à elle et il s'apercevait que les points de vie de la jeune fille ne baissaient pas.
– Que lui fais-tu? Hurla-t-il.
– Dis lui au revoir, c'est la dernière fois…
– Jérémie, cria Ulrich en même temps qu'Odd.
– Après tant d'années de lutte, j'ai enfin réussi, triompha Xana.
– Jérémie, je suis dans la forêt, j'arrive prêt d'Aelita, murmura soudain Yumi.
– C'est trop tard… Jubila Xana, j'ai déjà gagné.
– Jérémie, ramène moi.
– Einstein, fais quelque chose ! Hurlèrent Odd et Ulrich en même temps.
Les deux territoires se depixélisaient et ils allaient finir droit dans la mer numérique. Yumi avait quitté le sien juste avant que la tour de passage ne disparaisse et avait maintenant son overwing poussé à son maximum dans la direction d'Aelita. Mais devant son écran, Jérémie pleurait de rage. Les monstres avaient lâché Aelita, Yumi arriverait trop tard. Toutes ces années d'efforts et de recherches pour rien, il venait de tout bugger. Il vit les cinq monstres s'éloigner de leur victime tandis que des crabes prenaient leurs places. Il allait assister à l'exécution en direct d'Aelita. Les voix de ses amis ne cessant de l'appeler le ramena petit à petit à la réalité et il enclencha leur dévirtualisation. Il entendit leur pas sur l'échelle et ressentit leur présence derrière son siège. Il sentit une main se posait sur son épaule tandis que les crabes préparaient leur tir. Yumi était bien trop loin, elle n'arriverait jamais à tant et même si elle y parvenait, elle serait très vite dévirtualisée vu le nombre de monstres présents laissant Aelita sans défense.
– Dites lui au revoir… Murmura la voix menaçante.
Les premiers tirs partirent et les points de vie d'Aelita chutèrent sans qu'elle ne puisse rien faire.
– Jérémie… appela-t-elle à voix basse.
Celui-ci pleurait, il murmura le nom de la jeune fille. Xana ne pouvait pas gagner. Ils avaient lutté des années contre lui, et alors qu'il était faible, alors qu'il avait quasiment perdu, alors qu'Aelita allait devenir une véritable humaine, alors qu'ils allaient vraiment le vaincre, Xana avait retourné la situation. Et il allait les exterminer en commençant par Aelita. Les crabes chargèrent une deuxième rafale qui serait fatale à la jeune fille. Elle ne reviendrait pas, ces cinq nouveaux le lui avaient interdit. Ils l'avaient condamné. Soudain le corps d'Aelita s'éleva dans les airs sous les tirs désemparés des crabes qui la manquèrent. Aelita se retrouva peu après en sécurité sur l'overwing.
– Yumi… Si Elle avait été dans le monde réel, Aelita aurait pleuré de joie en la voyant.
La japonaise fonçait sous les tirs des crabes et des frelions qui la poursuivait.
– Jérémie, t'as intérêt à te bouger et trouver un moyen de ramener notre princesse, fit Odd. Yumi t'a fournit un répit mais elle ne tiendra pas longtemps.
– J'ignore même ce qu'ils lui ont fait précisément, soupira Jérémie.
– Plus vite tu t'y mettras, plus vite tu sauras.
–tu as raison Ulrich, laça Jérémie en commença à scanner les données qu'il avait.
Sur Lyoko, Aelita s'agrippait à Yumi en tentant de dégommer leurs poursuivants à l'aide de ses champs de forces. Yumi zigzaguait pour éviter les lasers mais elle entendait la voix de Xana qui lui parvenait.
–C'est inutile petite geisha et tu le sais. Pourquoi persiste-tu ? tu ne peux pas la sauver. Pourquoi risque-tu ta vie pour une autre qui ne peut pas être sauvée ? Te rends-tu compte que ton sacrifice est inutile…
– Jérémie va trouver. Il va la sauver, il n'y aura aucun sacrifice, pensa Yumi.
Dans le labo, sur terre, un bip résonna dans la haute pièce annonçant l'activation d'une nouvelle tour.
– J'ai déjà gagné, cria soudain Xana en riant fortement.
– Yumi, je sais comment l'arrêter, murmura Aelita. Prends le sentier à gauche.
Le chant d'Aelita résonna dans la forêt et un deuxième overwing apparut sillonnant leurs traces. Le chant continua et un arbre au tronc large poussa un peu plus loin en plein milieu du sentier. Yumi comprit et prit de la hauteur, arrivée à la hauteur de l'arbre, elle se stoppa et regarda l'illusion s'éloigner, emmenant avec elle les crabes et autres monstres. Peu après Yumi repartit dans la direction indiquée par Aelita. Elle arrivèrent bientôt devant une tour inactivée et les alentours étaient plus que calmes.
– Qu'as-tu l'intention de faire? Demanda Yumi tandis qu'elles descendaient de l'overwing.
– Tu te souviens, il y a un an à peine, j'ai découvert que je pouvais activer les tours depuis Lyoko.
– Oui mais on a découvert que c'était risqué et puis, que comptes-tu en faire, de ta tour activée ?
– Le seul moyen d'arrêter Xana c'est d'éteindre le super calculateur pendant qu'il est encore temps, expliqua Aelita en s'asseyant en tailleur devant la tour.
– Attend Aelita… murmura Yumi ayant peur de comprendre.
Soudain la tour devant elle changea de couleur et vira au rose. Yumi s'approcha et posa la main sur l'épaule de son amie qui la regarda d'un air suppliant.
– Même en activant cette tour tu ne peux rien faire.
Aelita saisit la main et secoua doucement la tête de gauche à droite. Yumi plongea ses yeux dans les siens et elle comprit alors son idée. Une idée compliquée, incertaine mais visiblement Aelita venait de placer son dernier espoir dans cette idée. Alors sans plus penser à son petit frère qui l'attendait au collège, sans évoquer le souvenir de sa mère, sans même croire qu'elle les reverrait un jour, sans espoir de revoir la terre une dernière fois, Yumi s'installa face à Aelita et saisit ses mains.
– Je suis désolé… articula cette dernière avec peine, un sanglot dans la gorge.
– Tu n'as pas à t'excuser.
Yumi ferma les yeux et son corps s'entoura d'un halo lumineux d'un blanc pur. Sur terre, Jérémie était plongé dans une mer de données et ne semblait pas s'en sortir. Odd fut obligé de l'interpeller plusieurs fois avant qu'il ne décroche de son écran. Le blondinet pointa le doigt vers l'un des multiples petits écran pour faire remarquer la tour activé. Jérémie fit un vague geste de la main disant qu'il savait.
– Mais Jérémie, celle là est rose… Ajouta Ulrich avec hésitation.
Aussitôt le jeune intellectuel releva la tête et fixa l'écran l'air ahuri, il ne mit pas longtemps à comprendre et se mit à parler à toute vitesse dans le micro.
– Aelita, qu'est ce que tu fais ? Aelita ? Yumi ? répondez moi ! tout va bien ? Les filles, répondez ?
La panique commençait à le submerger lorsqu'un grésillement se fit entendre, annonça la réponse des filles.
– Jérémie, Xana va gagner, il faut arrêter le supercalculateur, fit Aelita d'une voix indifférente.
– Pas question, il y a une autre solution, il suffit de la trouver.
– Tu sais très bien que nous n'en avons pas le temps, objecta la jeune fille aux cheveux rose.
– Bon sang, mais tu sais ce qui se passera si tu fais ça!
– Je ne veux pas que ma vie coûte celles de millions d'autres personnes.
– Ce ne sera pas le cas, je te le jure !
– Jérémie, ramène Yumi et éteins le super calculateur. Xana a activé une nouvelle tour, dans peu de temps on ne pourra plus rien faire.
– Pas question ! Trancha le bond.
– Tu ne me laisse pas le choix…soupira Aelita en mettant fin à la communication.
Jérémie cria son nom plusieurs fois mais n'obtint aucune réponse. L'intellectuel sauta à bas de son fauteuil et courut vers le monte-charge en expliquant aux garçons qu'elle allait tenter d'éteindre le super calculateur à l'aide de la tour activé pour les sauver tous.
– Mais comment va-t-elle s'y prendre ? interrogea Odd tandis que le monte-charge entamait sa descente. Tu nous as bien dis qu'elle n'avait pas assez de pouvoirs pour posséder quelqu'un ou d'autres trucs comme ça.
– Oui, mais apparemment elle a trouvé une autre solution.
– Mais laquelle? Demanda Ulrich.
– Et si c'était … murmura Jérémie puis ses yeux s'agrandirent d'horreur. Elles sont complètement folles.
– Quoi ? s'exclamèrent Ulrich et Odd en même temps.
– Yumi…

Sur Lyoko, Aelita avait la gorge serré et saisit à nouveau les mains de son amie qui la regardait avec peine.
– Je savais qu'il ne voudrait pas.
– Aelita tu es sûre de ce que tu fais ? hésita Yumi.
– Nous n'avons pas le choix, c'est le monde qui courre un grave danger.
– Si tu es certaine alors…
Yumi ferma les yeux et entendit Aelita s'excuser une fois plus de lui demander une telle chose. Le halo blanc réapparut et elle visualisa la pièce du supercalculateur. Grâce à cette tour, par l'intermédiaire d'Aelita elle pouvait faire agir son pouvoir de télékinésie sur terre. Elle ouvrit les petites portes de la machine révélant la poignée et s'apprêta à l'abaisser lorsqu'une force contraire l'en empêcha. Elle comprit bien assez vite et murmura à Aelita que les garçons cherchaient à l'empêcher d'éteindre le supercalculateur. Son amie l'encouragea. Elle augmenta l'intensité de son pouvoir et sentit la manette s'abaisser légèrement mais pas suffisamment. Elle gagnait progressivement du terrain lorsque soudain quelque chose la percuta sur le côté gauche, elle perdit le contact avec Aelita et fut propulser à cinq mètres de sa position. Elle se redressa vivement et aperçu Aelita qui se relevait un peu plus loin. Devant eux se tenait Xana suivit de trois mégatanks. Yumi sortit ses éventails et se mit en position de combat.
– Petite geisha, tu ne peux rien contre moi.
Yumi prit un air déterminé et se mit à courir vers lui. Il ne broncha pas en revanche les mégatanks vinrent à sa rencontre. Elle les évita, ils n'étaient pas son objectif. Elle sauta dans les airs et balança ses deux armes qui fusèrent vers l'ombre qui rit. Les deux éventails atteignirent leurs buts, ils touchèrent leurs cibles et ils disparurent en elle mais ils ne réapparurent jamais laissant Yumi déconcertée et sans arme face aux trois mégatanks. L'un d'eux se tourna vers elle et arma son tir. Yumi s'éloigna rapidement en enchaînant les figures acrobatiques quand un champ de force vint toucher la boule de métal en son centre. Il explosa et son souffle déséquilibra Yumi dans une roue. Elle s'accroupit et regarda le deuxième approcher. Aelita était sous la menace du troisième. Les deux mégatanks armèrent leurs tirs et Yumi se jeta sur le côté, réussissant à éviter la lumière rouge qui lui aurait été fatale. Accroupit derrière un arbre, elle cherchait une solution mais la télékinésie l'avait épuisée. Elle voyait Aelita se défendre comme elle pouvait et soudain elle sentit ses derniers points de vies lui échapper. Elle eut tout juste le temps de se retourner afin de voir les cinq frelions qui l'avait pris en traître puis elle disparut du monde virtuel.
La porte du scanner s'ouvrit et une fumée blanche s'échappa. Peu après, Ulrich put voir Yumi qui était recroquevillée à l'intérieur. Il lui toucha l'épaule et elle gémit. Il l'aida alors à se relever et l'emmena au labo en la soutenant. Au moment où le monte-charge s'ouvrit, laissant voir la pièce, Jérémie cria. Un bip résonna et soudain tout se mit à trembler. Le jeune blond courut vers le monte-charge, y pénétra et appuya sur le bouton. Peu après, il abaissait la manette du super calculateur, les larmes aux yeux. Ses amis l'avaient rejoint et demandèrent ce qui se passait.
– Je n'avais pas le choix, articula Jérémie avec une voix qui se voulait indifférente. Il allait sortir du super calculateur, il allait gagner. Je n'avais pas le choix. Maintenant Xana est mort et enterré !
– Et Aelita ? murmura Yumi avec effroi.
– Elle n'était déjà plus de ce monde…
Yumi se laissa glisser à terre et ferma les yeux, une larme perlant à ses cils. Ulrich était bouche bée, Odd ne parvenait à croire ce que venir de dire Jérémie. Aelita serait… morte ?

Yumi94
08/05/07 à 19:20
Toujous aussi génial j'ai vraiment rien a dire !!!
:cry: Alors la c'est le comble Yumi qui part au Japon, Odd qui part lui aussi et Aelita qui meurt :cry:
J'éspère qu'ils vont trouver une solution.

Bisous
Susana

Kaede
13/05/07 à 14:33
voilà le chapitre suivant, je suis désolée il est assez court :?
J'espère il vous plaira quand même ^^

Chapitre IV/ la fin ?

Allongé dans son lit, il pleurait. L'une des rares fois dans sa vie où les larmes s'échappaient de ses yeux. Lui, si guai, lui d'ordinaire si joyeux, au caractère taquin, à l'humour douteux mais qui parvenait à détendre tout le monde dans toutes les situations. Lui qui riait tellement, qui ne pouvait concevoir l'idée que le malheur était imbattable, lui qui pensait qu'une bonne blague pouvait permettre de remonter la pente. Mais ce soir il ne trouvait pas la blague, il ne trouvait pas le truc, il ne ressentait qu'une immense douleur au niveau de la poitrine. Pour l'une des rares fois de sa vie, Odd se sentait submergé par le malheur. Si une semaine auparavant on lui avait dit l'état dans lequel il allait se trouver ce soir, il aurait éclaté de rire. Mais la dure réalité était bien là. Il allait partir dans le sud sans espoir de revenir, Yumi allait les quitter également pour partir au Japon, en sécurité loin de son père et il y a à peine quelques heures, Jérémie avait éteint le super calculateur en leur annonçant la mort d'Aelita. D'autres coulèrent sur ses joues à la pensée qu'il ne reverrait plus jamais la jeune fille aux cheveux roses. Il avait toujours imaginé le jour où il éteindrait le super calculateur avec ses amis comme un jour de fête ou se mêlerait leurs rires, leur joie, leur soulagement. Le début d'une nouvelle vie, une vie comparable à celle de n'importe quel lycéen. Mais Aelita ne serait pas là pour voir à quoi ressemblait une telle vie. Il entendit quelqu'un murmurer son prénom et se tourna vers le lit voisin auquel il tournait le dos peu avant et montra sans honte son visage ravagé par les larmes. Ulrich était assis sur son lit, le regard vide fixé sur le blond. Depuis qu'ils étaient rentrés, il n'avait pas bougé d'un pouce. Les coudes appuyés sur ses genoux Il le regardait à présent avec un air implorant, comme s'il espérait que ce n'était qu'un cauchemar. Dans l'esprit d'Ulrich, les paroles de Jérémie revenaient sans cesse, Aelita n'était plus de ce monde. L'aube les trouva dans la même position et mécaniquement ils se levèrent et se rendirent au réfectoire. C'était le début du week-end. Malgré l'heure matinale, Yumi était déjà là, assise seule face à son plateau et elle mélangeait lentement le chocolat chaud de son bol, le regard terne. Ils s'installèrent avec elle mais elle ne leva même pas les yeux, elle se contentait de fixer le liquide et les tourbillons créés par sa cuillère. Jérémie ne tarda pas à les rejoindre, derrière ses verres, ses yeux étaient rouges de chagrin mais son visage arborait à présent une expression lointaine comme s'il n'était plus là. Sisi passa devant leur table et s'arrêta les toisant l'air hautain.
–Tiens, Mlle Einstein n'est pas avec vous ce matin ? Vous l'avez renvoyé chez elle ? jubila-t-elle.
Ulrich lui jeta un regard méprisant, celui d'Odd virait vers la haine et la jeune fille ne put s'empêcher de frissonner. Elle regarda une dernière fois Yumi qui n'avait changé en rien son attitude, Jérémie qui semblait la regarder sans vraiment la voir et les deux autres qui prenaient une expression de haine et de colère. Elle jugea bon de ne pas s'attarder, elle haussa les épaules et tourna les talons. Mais la colère qui était apparue en Ulrich ne disparue pas avec elle. Il tapa violemment la table de son poing et fixa Jérémie qui n'avait même pas sursauté, à vrai dire aucun d'entre eux n'avait réagi.
– Il faut faire quelque chose, cria-t-il.
– Il n'y a rien à faire, répondit Jérémie d'une voix blanche qui n'était pas la sienne.
– Comment peux-tu le savoir tu n'as même pas chercher, s'emporta Ulrich. On ne t'appelle pas Einstein pour rien quand même alors bouge toi et trouve là, elle ne peut pas être morte. C'est impossible.
Le discours sembla faire réagir Jérémie et lorsque Ulrich acheva son hurlement Jérémie se leva brusquement et sa chaise tomba par terre. Son visage prit alors les marques de la colère et il s'emporta à son tour.
– Et que crois-tu que j'ai fais toute la nuit? Tu penses que j'ai dormi comme en bébé en sachant qu'elle n'est plus là ? J'ai déjà cherché Ulrich, j'ai déjà tout parcouru, je n'ai fait que ça depuis qu'on est rentré. Crois moi, j'ai tout retourné cent fois, non mille fois dans ma tête alors je peux t'affirmer qu'il n'y a plus rien à faire ! Hurla Jérémie, les larmes se mettant à couler sur ses joues blêmes. Elle est partie, elle ne reviendra plus jamais, plus jamais tu entends !
Et il s'enfuit du réfectoire laissant Ulrich pâle et désappointé. Yumi qui avait levé les yeux lors de l'affrontement les baissa à nouveau sur son chocolat désormais froid et reprit son manège. Odd la regarda un instant puis fixa Ulrich qui se levait pour sortir à son tour. Une fois son ami disparu, il reporta son regard sur son plateau presque vide, sachant qu'il ne toucherait pas au peu de nourriture qu'il avait pris. Il entendait la cuillère de Yumi frappait doucement le bol de temps à autre et il releva la tête.
– On dirait que c'est la fin, murmura-t-il comme pour lui-même sans détacher ses yeux de la japonaise.
Le silence s'installa entre les deux amis et Odd regarda le ciel bleu dehors et le soleil qui ne parvenait même pas à illuminer leur journée bien triste. Bercé par les tintements réguliers, il se laissa aller aux souvenirs qui le submergeaient. Il se revoyait il y a à peine cinq mois traînant dans les rues avec Aelita, à la recherche d'un cadeau de noël pour Jérémie. Il la voyait encore rougir tandis qu'il énonçait ses idées farfelues. Il avait même osé proposer des bagues de fiançailles et elle avait répliqué en le tapant gentiment sur l'épaule puis avait prit un air plus grave, surprenant Odd qui lui en avait demandé la raison. Elle avait sourit faiblement en disant que Jérémie n'était pas prêt de se fiancer, avec elle ou qui se soit et qu'elle trouvait cela tellement triste. Son sérieux l'avait surpris et il avait finit par demander pourquoi. Jamais il n'avait eut de réponse, Aelita l'avait pris par la main et entraîné dans un magasin qu'il ne connaissait pas. Elle avait très vite retrouvé son air joyeux et riait à ses blagues mais il avait bien vu au fond de ses yeux, cet air grave qui ne la quittait plus.
Odd sortit soudain de ses songes en s'apercevant que le tintement régulier avait cessé. Son regard se posa sur Yumi qui continuait de fixer le liquide, elle ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'il se stoppe dans le récipient et dans un geste brusque, d'une violence qu'il ne lui connaissait pas elle projeta son plateau sur le mur proche qui s'écrasa dans un bruit de vaisselle cassée. Elle se leva et ses yeux croisèrent alors les siens. Il y trouva avec surprise une détermination sans borne. Une volonté, une force étrange semblait s'être emparée d'elle. Son visage était décidé et elle le fixa quelques secondes avant de murmurer.
– Aelita n'aurait pas voulu ça…
Elle marcha alors vers la sortie, droite et fière. Elle traversa le réfectoire le plus dignement possible et sortit en claquant la porte laissant Odd seul à la table et étonné. Il se leva et emboîta le pas de son amie.
Dehors le soleil brillait comme il brille rarement mais il lui semblait si pâle. D'un pas mécanique il se dirigea vers l'usine et s'arrêta un instant, la contemplant figé sur le pont. De l'extérieur, elle avait l'apparence d'une usine délabrée, un simple bâtiment abandonné mais ce qu'ils y avaient trouvé à l'intérieur avait dépassé leur imagination. Il marcha doucement et prit la corde entre ses mains. Il regarda fixement vers le bas en repensant au nombre de fois incalculable où ils étaient descendus le plus rapidement possible afin d'aller combattre Xana. Odd se laissa glisser et atterrit en souplesse sur le sol. Le bruit de ses pas résonna dans l'immense pièce et il observa un instant le haut toit de fer. Il atteignit le monte-charge et sa main trembla légèrement en pressant le bouton rouge qui enclencha l'ascenseur. Il vit le rideau de fer se fermer devant lui et il entama la descente. Dans un bruit familier, les portes s'ouvrirent sur le labo et Odd y pénétra avec lenteur. Il revoyait encore Jérémie foncer s'asseoir dans ce fauteuil jaune en leur criant d'aller aux scanners le plus rapidement possible. Son regard se fixa un instant sur l'écran noir et eut un pincement au cœur lorsqu'il crut y voir apparaître le visage d'Aelita, une vision fugitive et douloureuse. Il se rendit à la salle des scanners et s'assit sur le seuil de l'un d'eux. Le visage entre les mains il revisionnait toutes ses scènes, toutes ses aventures qu'ils avaient vécues ensemble. Il repensait à leur espoir de voir Xana détruit un jour. Ce jour était arrivé mais sans Aelita. Au bout d'une trentaine de minutes, il se releva et descendit le dernier étage. Les portes du monte-charge s'ouvrirent sur la salle du super calculateur. Il le contempla, adressant un adieu silencieux à Aelita. Il s'approcha et sa main caressa la machine, frôlant la poignée de mise en marche abaissée par Jérémie la veille.
– Qu'est ce que tu fais?
La voix dure de Jérémie le fit sursauter et il vit son ami dissimulé dans un coin d'ombre de la pièce. Le jeune intellectuel arborait un air froid et presque cruel.
– Je lui disais adieu, murmura Odd.
Le silence s'installa dans la pièce et Odd se sentit mal à l'aise. Jamais il n'avait vu son ami ainsi. La perte d'Aelita l'avait plus que touché, elle l'avait anéanti. Odd finit par partir, préférant laisser Jérémie lui dire au revoir à sa façon. Il atteint la salle cathédrale dans un soupir. Qu'allait-il se passer maintenant? Il remonta sur le pont et prit le chemin du parc sans passer par les égouts. Il se balada en forêt, parcourant des kilomètres sans s'en rendre compte. A un moment, il atteignit l'Hermitage et il revit les scènes vécues, la fois où Ulrich et Yumi y avait été enfermés après qu'ils aient été attaqués par le mobilier, les souvenirs qu'Aelita y avait retrouvé, la trouvaille de Mister Puck et tant d'autre chose. Il fit demi-tour en soupirant et aperçut le collège Kadic un peu plus tard. Assis sur un banc isolé, il vit Ulrich seul, plongé dans ses pensées. Il le fixa un instant et entendit la voix de Sisi. Nombreuses vannes qu'il lui avait balancé lui revinrent en tête et ses épaules s'affaissèrent. Malgré que cette fille soit une peste, elle avait permis de construire des souvenirs formidables avec ses amis. Elle, abordant Ulrich puis se faisant rabrouer, puis la remarque inévitable sur l'amour inavoué d'Ulrich pour Yumi qui les faisaient rougir, inévitablement lorsqu'il voyait Aelita et Jérémie rigoler aussi, Odd ne pouvait s'éviter de leur faire remarquer qu'elle et Jérémie étaient dans le même cas et il se retrouvait souvent pourchassé par les quatre adolescents pour avoir dit ce qui était sûrement une vérité. Des souvenirs, était-ce tout ce qu'il lui restait d'Aelita et des autres désormais ? Il abandonna Ulrich aux pattes de Sisi et s'éloigna. Il finit par sortir du parc et se dirigea vers les dortoirs, épuisé. En marchant il leva les yeux vers le bâtiment et là-haut sur le toit, il aperçut une silhouette familière. Il monta toutes les marches et trouva la porte de fer qui donnait sur le toit, entrouverte. Il la poussa et assise sur le bord du bâtiment, les jambes se balançant dans le vide et les cheveux au vent, il reconnut Yumi. Il vint s'agenouiller prêt d'elle et posa la main sur son épaule mais son amie ne tourna même pas la tête, le regard perdu vers l'horizon.
– Qu'est ce que tu fais ici, Yumi ?
– Je cherche à comprendre…
– Ne te torture pas la tête inutilement, ça ne sert à rien.
– Si seulement j'avais vu ces frelions…
– Tu ne pouvais rien faire.
– Bien sûr que si ! J'aurais pu la protéger, j'aurais du la protéger…
– Yumi, tu te torture pour rien, ça ne la ramènera.
La jeune fille tourna la tête vers lui et il planta ses yeux humides dans les siens.
– Je n'arrive pas à réaliser qu'elle n'est plus là Odd. J'ai l'impression qu'elle va apparaître d'un instant à l'autre avec son sourire en faisant un signe de la main. J'ai l'impression que je vais me réveiller dans sa chambre et qu'elle va me prendre dans ses bras en me disant que tout ça n'était qu'un cauchemar, un stupide cauchemar. Odd, dis-moi que c'en est un. S'il te plaît dis-moi que rien de tout ceci n'était réel.
Devant le regard implorant de son amie d'ordinaire si forte, Odd eut la gorge nouée.
– Je suis désolée Yumi, articula-t-il avec peine.
Il vit alors une larme rouler sur la joue de Yumi et il la prit dans ses bras, ne pouvant rien faire d'autre pour alléger sa peine. Ils restèrent longtemps comme ça, les bras de Yumi dans son dos le serraient comme si sa vie en dépendait. Il sentit soudain une goutte couler sur sa joue et il leva les yeux au ciel. Le temps s'était couvert, les nuages gris avaient recouvert le ciel bleu et l'orage menaçait.
– Viens, rentrons avant l'averse.
Il aida Yumi à se relever et la conduisit à l'intérieur du bâtiment. Ils pénétrèrent dans la chambre du jeune homme et la jeune fille s'installa sur l'un des deux lits sous la demande d'Odd. Elle s'endormit peu après sous le regard triste et inquiet de son ami. Il ouvrit la fenêtre, dehors l'air était lourd. Il s'y installa et observa le ciel gris qui s'illuminait parfois d'un éclair. Au bout d'une bonne heure, la pluie se mit à tomber avec force, Odd tourna la tête en entendant la porte s'ouvrir et son regard rencontra celui d'Ulrich, les cheveux plaqué sur le crâne, les vêtements collés à la peau tellement il était trempé. Le regard du brun alla d'Odd à Yumi puis il se dirigea vers son placard pour prendre des affaires sèches.
– Je vais prendre une douche, je reviens après, signala-t-il avant de sortir.
Odd tourna de nouveau les yeux vers le ciel et un coup de tonnerre retentit. Serait-ce un mauvais présage ? Il remarqua que dans la cour, tous s'étaient précipités vers les bâtiments proches pour s'abriter de l'averse. Son réveil lui indiqua qu'il était l'heure d'aller se coucher, l'orage avait caché le coucher du soleil et il était maintenant plus de dix heures. Odd descendit de la fenêtre et le referma. Il se changea rapidement avant de se glisser dans les draps sans pour autant s'allonger. Ulrich pénétra pour la deuxième fois dans la chambre et fixa un instant son lit occupé par Yumi. Il plongea son regard dans celui d'Odd et sans un mot, il se glissa dans ses couvertures prêt d'une Yumi toute habillée. Odd eut un petit sourire à la pensée de Yumi qui se réveillerait le lendemain dans le lit d'Ulrich avec le brun à ses côtés. Si cela pouvait suffire à l'apaiser un peu. Il éteignit la lumière et posa la tête sur son oreiller. Ayant l'esprit agité, il pensait ne pas pouvoir dormir cette nuit là, mais ces deux derniers jours sans sommeil eurent raison de lui et d'Ulrich comme ils avaient déjà eut raison de Yumi. Sa dernière pensée fut pour Jérémie dont il ne doutait pas de la présence constante prêt du super calculateur. Lorsqu'il s'éveilla, tôt le lendemain, un autre petit sourire apparut sur ses lèvres. Dans le lit d'à côté, Yumi dormait la tête sur le torse d'Ulrich et le bras de celui-ci lui entourant les épaules. Sans bruit il se leva et alla se doucher. Il passa dans la chambre de Jérémie et comme il s'en doutait, trouva le lit parfaitement fait, preuve que Jérémie n'avait pas dormi là cette nuit. Il se rendit à l'usine sans passer par le réfectoire et eut la surprise de la trouver vide. Où donc était Jérémie maintenant ? Après avoir fait tous les étages à sa recherche, il soupira et sortit de l'usine sans savoir qu'en bas, le labo était remis en marche…

Artémis
13/05/07 à 16:03
Et ben...comment te dire? Bon...je vais essayer de te décrire que je ressens après avoir lu tout ça.
Tout d'abord, cette histoire est superbement écrite. Les sentiments sont là, bien présents et s'ancrent en nous, comme si c'étaient les notres. Ils sont magnifiques, nous font sourire imperceptiblement, nous font perler les yeux, pleurer devant un tel accablement.
Et là, on se met à la place des personnages, on se sent Yumi quand elle affronte son père, ou se réconforte dans les bras de son frère, ou même avec Ulrich.
On ressent la solitude d'Odd qui va bientôt les quitter, sachant pertinemment que tout est fini.
On est anéanti par la perte d'Aelita avec Jérémie. On partage sa peine à travers sa peine douloureuse.
On se met à la place d'Ulrich quand on apprend que sa bien-aimée ainsi que son meilleur ami, son frère, vont partir loin de lui, très loin...et qu'il ne les reverra plus jamais.
On se met inévitablement à leur place quand Sissi vient les charrier sur l'absence d'Aelita, sur ces demandes perpétuelles et irritantes pour obtenir l'amour d'Ulrich, ou encore sa méchanceté envers Yumi. On ressent la même haine, la même solitude. Personne ne connait leur secret...
Ca, je te dis bravo. Tu m'as fait rire, pleurer surtout, tu m'as donné espoir puis déception, tristesse, infime bonheur quand Ulrich et Yumi se rejoignent...bonheur qui ne dura pas longtemps...Merci pour ce bohneur de fic, c'est une pure merveille.
Voilà...j'espère avoir été claire. Tu m'as fait vivre ces minutes intenses comme les personnages, merci.
En regardant tes dernières phrases...le labo qui se remet en marche...quel suspens...Jérémie? XANA? On ne sait pas...j'attends la suite avec une très grande impatiente...Bonne continuation, tu es un grande écrivaine, bravo.

Yumi94
15/05/07 à 12:05
Je ne sais pas quoi dire je crois que Artémis a deja tout dis.
C'est génial tu nous fait vraiment ressentir la tristesse des personnage comme quand Yumi pleure dans les bras de Odd ce passage et tellement émouvent que j'en ai pleurer!
J'espere qu'ils vont trouver une solution à tout leur probleme.

Bisous
Susana

Kaede
15/05/07 à 19:27
merci ^^
Voilà la suite, j'espère qu'elle vous plaira (pour être franche elle ne me plaît pas plus que ça mais je vais la laisser telle quelle finalement après une longue reflexion :oops: :? lol)

Chapitre V/ retour ?


Le temps était toujours le même, gris, pluvieux, maussade remarqua Yumi en ouvrant les yeux le lendemain matin. Elle s'apprêtait à se lever lorsque sa jambe en rencontra une autre. Elle s'immobilisa et leva les yeux qui se posèrent sur le visage endormi d'Ulrich. Elle se rappela alors les événements de la veille et soupira doucement. Elle resta un long moment à contempler le jeune homme, si longtemps qu'il finit par ouvrir les yeux.
Ulrich émergea lentement des brumes du sommeil et la première chose qu'il vit, ce fut les yeux de Yumi dans lesquels il se perdit un instant. Etrangement ce matin là, en sentant la jeune fille tout contre lui, son bras sur ses épaules, il ne rougit pas. Il se sentait presque bien. Mais la disparition d'Aelita lui revint brusquement en mémoire et il se redressa en abaissant les paupières. Il balança la couverture plus loin sur le lit et se leva en passant la main dans ses cheveux d'un geste las. Il sentait le regard implorant de Yumi sur lui et il ne put y résister. Il vint se rasseoir prêt d'elle et la prit dans ses bras. La voir ainsi, plus pâle que la mort, les yeux emplis d'une infinie tristesse et d'une détresse sans fond lui arrachait le cœur. Il sentit ses larmes silencieuses mouiller son tee-shirt et il la serra davantage contre lui. Il ne voulait pas qu'elle parte et qu'elle disparaisse à son tour. Il ne voulait plus perdre les gens qu'il aimait et surtout pas elle. Si elle partait aussi, il ne s'en remettrait pas. La porte s'ouvrit soudain sur un Odd angoissé. Il relevèrent la tête et d'un revers de main, Yumi essuya ses larmes.
_Je ne trouve pas Jérémie, murmura le blond.
_ Il a dut s'isoler, répondit Yumi d'une voix faible. C'est encore plus dur pour lui que pour nous.
_ Je l'ai vu hier à l'usine mais il n'y est plus, et son lit n'est pas défait. Je m'inquiète pour lui, continua Odd sans avoir vraiment prêté attention aux paroles de Yumi.
Cette dernière se leva et lui fit face. Son regard se fit lointain quelques secondes puis elle finit par dire à voix basse :
_Cherchons le ensemble. Il va avoir besoin de nous.
Ils sortirent de la chambre et fouillèrent tout le lycée sans trouver l'intellectuel. L'usine était leur second objectif mais sur le chemin Yumi décida d'aller faire un tour à l'Hermitage.
_On le trouvera plus vite si on se sépare, affirma-t-elle. J'irais à l'Hermitage, vous filez à l'usine et on peut peut-être chercher dans le parc.
_Je m'occupe du parc, lâcha Odd.
Ulrich approuva d'un signe de tête et descendit l'échelle qui permettait l'accès aux égouts sous leurs regards inquiets. Puis Yumi prit la direction de la vieille maison sans plus attendre mais en arrivant devant celle-ci, elle s'aperçut vite qu'il y régnait une agitation étrange. Elle y pénétra avec prudence, dans le hall d'entrée tout était calme et il en était de même dans le salon et la cuisine. Un bruit sourd la fit soudain sursauter et elle leva les yeux vers le plafond. Il y avait quelque chose à l'étage. Elle monta les marches en silence, demeurant méfiante, une boule d'angoisse lui nouant l'estomac. Arrivée en haut de l'escalier, elle longea le couloir, attentive au moindre bruit mais elle savait déjà d'où était venu le bruit. La porte de l'ancienne chambre d'Aelita était légèrement entrouverte et Yumi la poussa davantage pour distinguer l'intérieur de la pièce. Au premier regard, elle ne vit rien, puis en regardant mieux elle remarqua l'armoire renversée, les étagères vidées et elle perçut un sanglot. La porte s'ouvrit alors complètement et elle vit Jérémie recroquevillé sur le lit de son amie disparue, le regard fixe et vide. Elle vint s'asseoir à côté de lui et posa une main sur son épaule, mais le garçon ne réagit pas. Elle murmura alors des paroles d'une voix apaisante et peu à peu, il lui sembla que Jérémie reprenait pied à la réalité. Il leva des yeux désespérés vers elle et elle sentit son cœur se serrer davantage. Elle le prit dans ses bras et s'excusa la voix tremblante.
_ Je suis désolé, Jérémie, pardonne moi, je n'ai pas pu la sauver. Je n'ai pas su mener à bien la mission que tu nous as confiée. J'aurais du la protéger.
Elle sentit soudain les épaules de son ami s'affaisser puis ses bras l'enlacer. Il la serra fort contre lui et enfouit son visage dans son cou. Elle sentit l'une de ses larmes rouler sur sa peau et ferma les yeux en continuant mentalement à le supplier de lui pardonner. Jérémie finit par se dégager et baissa les yeux.
_Yumi, il faut que je te dise quelque chose, c'est important, il faut que tu sache que…
A ce moment la sonnerie d'un portable résonna dans la pièce, coupant Jérémie dans sa phrase. Yumi décrocha et blêmit en entendant les paroles d'Ulrich qui été paniqué à l'autre bout. Elle tendit l'appareil à Jérémie et celui-ci l'approcha de son oreille avec crainte.
_Jérem', c'est moi. Ecoute bien, commença Ulrich d'une voix essoufflée. Tu ne vas peut-être pas me croire mais je reviens de l'usine, le labo est en marche, je crois que Xana y est pour quelque chose car j'ai vu …
La communication s'interrompit soudainement et Jérémie fixa le téléphone, l'air perdu. Xana, en vie ? impossible, il avait coupé le super calculateur avant l'activation de la dernière tour qui lui était indispensable. Il tendit le portable à Yumi et se leva silencieusement. Il enjamba les nombreux objets qui jonchaient le sol et arrivé sur le seuil, se tourna vers le lit. Yumi soupira et le rejoignit, un air las et douloureux sur le visage. Elle rejoignit Jérémie et ils marchèrent l'un à côté de l'autre silencieusement jusqu'à la porte qui menait aux égouts. En descendant les marches, Yumi finit par poser la question qui lui compressait le cœur.
_Est-il possible que Xana soit encore en vie ?
_ Totalement impossible, répondit Jérémie d'un ton froid, pour la simple et bonne raison qu'il avait besoin des vingt-cinq tours pour ne plus être dépendant du super calculateur et je l'ai éteint avant qu'il n'active la dernière. Il n'a pas pu en réchapper. Je ne sais pas ce que Ulrich a vu mais ça m'étonnerais que ça vienne de Xana.
Yumi resta silencieuse, espérant de tout son cœur que son ami avait raison. Un cri résonna soudain dans les tunnels et ils se stoppèrent en reconnaissant la voix d'Odd. Puis ils se mirent à courir aussi vite qu'ils le pouvaient dans sa direction, redoutant ce qu'ils y trouveraient. Puis au détour d'un des tunnels, ils le trouvèrent étendu au sol, inanimé. Ils s'approchèrent rapidement et constatèrent qu'il avait de multiples brûlures et égratignures sur tout le corps.
_C'est superficiel, constata Jérémie.
_ Aide moi, nous allons le porter jusqu'au labo.
Un bras autour de chaque épaule, ils reprirent leur route.
_ Que s'est-il passé selon toi ? demanda Yumi.
_ J'aimerais bien le savoir.
Après avoir hissé Odd sur le pont avec beaucoup de peine et pénétré dans l'usine, il appuyèrent sur le bouton du monte-charge, déposant Odd au sol et soufflant un peu. Yumi sortit son portable, inquiète pour Ulrich. Elle composa le numéro de mémoire et porta l'appareil à son oreille mais au bout de la dixième sonnerie, elle dut se rendre à l'évidence, il ne décrocherait pas. Après avoir porté Odd dans le labo et installé dans un coin, Jérémie s'installa dans le fauteuil et, Yumi derrière lui, commença à pianoter les touches de l'ordinateur. Il soupira quelques secondes plus tard et se tourna vers la jeune fille.
_ Descends, j'aimerais que tu vérifie mais Ulrich doit s'être trompé car d'ici, rien ne signale que le super calculateur, ni même les scanners sont activés.
Après un hochements de tête, la japonaise tourna les talons et pénétra dans le monte-charge. Les portes métalliques se refermèrent sur elle et Jérémie laissa échapper un nouveau soupir en reportant son regard sur l'écran. Plus jamais il n'y verrait le visage d'ange aux cheveux roses. Son ange n'y apparaîtrait plus. Une larme perla à ses yeux et il l'essuya d'un revers de main rageur. Un gémissement le fit se retourner et il vit Odd s'agiter sans pour autant se réveiller.
_ Jérémie.
La voix de Yumi résonna dans son micro et il attendit les confirmations qu'ils attendaient d'elle.
_Ni les scanners, ni le super calculateur ne sont en état de marche mais par contre, je peux te dire qu'il y a eu de la bagarre dans la salle des scans. Deux d'entre eux sont complètement hors d'usage, dont un coupé en deux par je ne sais pas quoi. Le troisième n'a pas eu de grand dommage si ce n'est des égratignures, par contre il est fermé.
_Fermé? S'étonna Jérémie.
Jérémie tapa sur son clavier et s'aperçut vite que le scanner contenait quelque chose de bien vivant. Il informa Yumi de sa découverte et celle-ci lui affirma qu'il pouvait l'ouvrir, elle s'occupait de ce qui était à l'intérieur. Jérémie tapa la procédure d'ouverture puis se pencha sur la façon dont celui-ci avait été fermé. Il chercha dans les historique et trouva ce qu'il cherchait.
Dimanche 12avril, 9h21, fermeture manuelle scanner n°3.
_Jérémie, nous venons de retrouver Ulrich et il est dans le même état qu'Odd.
_ J'arrive.
Jérémie sauta à bas de son siège et fonça vers le monte-charge. Il parvint rapidement à la salle d'en dessous et aida son amie à porte le jeune brun, inconscient.
_Il a dut s'enfermer dans le scanner pour se protéger, fit Jérémie en réfléchissant.
_ Oui, mais de quoi ? interrogea Yumi.
Question pertinente à laquelle il n'avait encore pas de réponse.
_Il va falloir attendre qu'ils se réveillent.
Ils remontèrent et Jérémie se réinstalla devant son ordinateur tandis que Yumi reposait délicatement Ulrich au sol, prêt d'Odd. Elle retourna ensuite prêt du blond à lunette et se pencha par-dessus son épaule. Elle constata qu'il sillonnait les historiques à grand vitesse, ses yeux lisant les lignes informatique à une allure démente. Elle murmura doucement un "alors?" auquel Jérémie répondit par un grognement incompréhensible ! Il termina la page puis se tourna vers Yumi qui attendait patiemment ses conclusions. Un énième soupir s'échappa de sa gorge et il se pencha en avant, ses coudes prenant appui sur ses jambes, les yeux rivés au sol.
_Il n'y a pas d'explication logique. Xana a bel et bien disparu mais l'historique informe que le labo a été réactivé hier au soir. Je pensais que c'était parce qu'il dirigeait également le reste de l'usine mais ça n'explique pas pourquoi Ulrich et Odd se sont fait agresser.
_ Et pour Xana, tu es sûr et certain ?
_ Je ne vois pas comment il aurait fait, pour sortir du supercalculateur il lui fallait énormément de puissance qu'il a finie par trouver dans cette usine nucléaire. Mais il lui fallait la rassembler et pour cela il a activé les tours, vingt-cinq c'est de ce nombre là dont il avait besoin. Pas une de plus, ni une de moins. Lorsque J'ai éteint le super calculateur, il venait d'activer la vingt-quatrième. Il n'en avait pas encore assez pour sortir et en coupant Lyoko, je l'ai condamné avec lui.
_Je vois, dans ce cas il s'agit d'autre chose, murmura Yumi.
_ Mais je n'arrive pas à savoir quoi… ajouta Jérémie d'une petite voix en relevant la tête.
Une fenêtre s'ouvrit soudain sur l'écran de Jérémie qui l'agrandit aussitôt. Cette image était filmé en direct par une des caméras surveillances de l'usine. Ils y distinguèrent une ombre qui s'avançait lentement puis aperçurent une fine silhouette féminine au visage familier.
_Mon Dieu, mais c'est… la gorge nouée, Yumi ne put finir sa phrase.
Le visage de Jérémie se durcit et prit un air cruel, mauvais. Il entendit Yumi s'élancer tandis que la silhouette à l'écran s'était stoppée au milieu de la grande salle et la fouillait des yeux d'un air perdue.
_N'y va pas, murmura Jérémie en lui attrapant le bras.
En voyant l'air de son ami, la jeune fille prit peur et s'arracha à son étreinte. Ils entendirent un prénom prononcée d'une voix douce provenant des enceintes de l'ordinateur. La jeune fille appelait quelqu'un.
_C'est elle, murmura Yumi, ses yeux s'illuminant.
_ Non, elle est morte cria Jérémie d'une voix colérique. Ce n'est pas elle.
_ Comment pourrais-tu le savoir, tu n'es même pas allé vérifier ? Regarde bien, je te dis que c'est elle.
_ Non, c'est une illusion. Elle est morte, je l'ai vu mourir. Je sais ce qui s'est passé… Jérémie se tut soudain et détourna les yeux. Yumi ne chercha pas plus loin et détala. Le monte-charge escalada les étages ; Jérémie fixait les portes d'un air effrayé. Son regard se dirigea vers l'écran et il vit la jeune fille qui regardait à présent la caméra, il eut l'impression qu'à travers elle, elle le voyait. Il entrevit le sourire machiavélique sur ses lèvres et la lueur maléfique dans ses yeux. Il se précipita vers son micro.
_Yumi, je t'en supplie n'y va pas, ce n'est pas elle.
Mais trop tard, les portes s'ouvraient déjà sur la Japonaise qui faisait face à celle qu'elle avait cru être Aelita. Même si celle-ci lui ressemblait sur un vieil écran noir et blanc de caméra, en face la dure réalité frappa Yumi. Devant elle se tenait une fille aux cheveux roux et aux yeux d'un bleu nuit profond. Elle n'eut pas le temps d'en voir plus car celle-ci l'attrapa par le cou et la coinça contre le mur du fond du monte-charge. Yumi se sentit soulevée du sol, ses pieds quittèrent la terre et elle commença à suffoquer. Des doigts cruels se crispèrent davantage sur sa gorge et elle eut l'impression que ses poumons s'enflammaient. Sa vue se brouilla et elle pensa ironiquement que sa dernière image serait celle d'une Aelita vivante mais mauvaise. Elle chercha l'oxygène mais ses poumons ne se remplissaient plus, une larme de rage coula sur sa joue, elle fendit l'air de ses pieds tentant de frapper son agresseur mais il semblait hors de portée. Puis soudain la pression disparut et Yumi glissa le long du mur et se retrouva au sol. Elle leva les yeux et vit la silhouette de Jérémie, une barre de fer à la main, devant un corps inanimé. Il laissa tomber la barre et se précipita sur Yumi, l'aidant à se relever. Cette dernière, une main sur sa gorge en feu reprenait son souffle. Elle murmura un merci étranglé suivit d'un pardon. Jérémie ne fit aucun commentaire.
_Il faut partir d'ici avant qu'elle ne se réveille. Je ne sais pas qui elle est mais elle n'est pas de notre côté.
_ Ulrich …et Odd ? articula Yumi.
_ Allons les chercher.
Le monte-charge redescendit et ses portes de fer s'ouvrirent de nouveau sur le labo. Jérémie poussa un hoquet de surprise et Yumi recula jusqu'à la paroi du fond.
_Stupide humain, vous avez vraiment cru m'avoir tué. Vous êtes encore plus idiots que je ne le croyais…
La voix provenant du fauteuil de Jérémie était froide et mauvaise. Il leur tournait le dos et ils ne voulaient même pas tenter de voir son vrai visage.
_Xana, murmura Jérémie.
_ C'est le nom que l'on m'a donné il y a très longtemps.
_Comment as-tu …
_Pour qui me prends tu Jérémie ?
_ Tu n'es qu'un virus informatique, tu n'as pas ta place ici.
_ Je ne suis plus un virus, j'ai évolué. Mais tu as raison, sur un point, je n'ai pas ma place ici. Aussi…vais-je m'en créer une, ajouta Xana.
Un mouvement sur la gauche fit savoir à Yumi et Jérémie qu'Ulrich était en train de reprendre conscience. Ils n'osèrent faire un geste mais soudain l'usine trembla sur ses fondations. Yumi esquissa un geste vers les garçons mais la voix l'arrêta.
_Avant que vous ne tentiez quoi que ce soit, je dois vous avertir.
_Nous avertir ? répéta Jérémie tandis que la voix s'interrompait.
Ils jetèrent un coup d'œil vers Ulrich qui les regardaient sans comprendre. Yumi porta l'index à ses lèvres pour lui faire comprendre qu'il ne devait pas faire de bruit.
_C'est déjà trop tard. Lança soudain Xana en se tournant vers eux.
Un visage hideux, répugnant se présenta à eux. Ils reculèrent davantage et l'usine recommença à trembler, plus violemment qu'avant. Des morceaux de plafond tombaient, les murs s'ébréchaient, une force invisible les poussa soudain dans le monte-charge et Jérémie eut juste le temps de crier à Ulrich de mettre Odd en sécurité avant que les portes ne se referment sur lui et Yumi. La machine entama sa montée bien plus rapidement que d'ordinaire. Yumi se rapprocha de Jérémie qui lui prit la main en regardant l'habitacle d'un air peu rassuré. La machine se stoppa brutalement, les faisant tomber au sol. Mais les portes ne s'ouvrirent jamais. Un bruit leur parvint et une expression horrifiée apparut sur leurs visages.
_Ils s'attaquent aux câbles, déclara Jérémie.
Peu après le monte-charge entamait une virée aux enfers, emportant les deux adolescents avec lui.

Dans le labo, Ulrich s'était jeté sur Odd et l'avait mis sur ses épaules. Il suivait de suivre les dernières directives de Jérémie mais fut bien vite stoppé par leur ennemi de toujours. Il fut propulsé contre le mur par une force invisible et Odd tomba à terre.
_ Tu n'es qu'un humain, stupide comme tous les autres.
Malgré le dégoût que cet être lui inspirait, Ulrich s'élança et le ceintura, le faisant tomber sous lui. Mais il ne garda pas le moindre avantage. Comme auparavant, une force l'envoya valser au loin et le choc contre le mur lui donna la sensation de se briser la colonne vertébrale.
_Vous m'avez pourri la vie pendant toutes ces années, ne crois pas que je vais vous épargner maintenant.
Le brun sentit une main sur son cou puis il eut la sensation que ses pieds décollaient du sol. Il jeta un regard et s'aperçut que c'était plus qu'une sensation. Le tenant à bout de bras, Xana l'envoya à l'autre bout de la pièce et Ulrich heurta durement le sol. Il se releva en voyant Xana arriver et prit une position de combat qui fit rire son ennemi. Il entendit soudain un cri et son regard se dirigea machinalement vers les portes close du monte-charge.
_Tes amis viennent de quitter ce monde…
Les yeux d'Ulrich s'agrandirent sous le coup puis la colère, la haine, la rancœur envahirent tout son être et c'est avec rage qu'il se lança sur l'être immonde qui riait de son action. Mais il ne parvint pas à le frapper, trop rapide, trop agile. Il se retrouva bientôt à terre mais se releva décidé à se battre jusqu'au bout. Mais au bout d'un quart d'heure de combat, la volonté du samouraï faiblissait. Il tenta de faire l'effort de se relever une dernière fois mais un poids se fit sentir entre ses omoplates et une main saisit son bras, le lui tordant dans le dos l'immobilisant visage contre le sol froid. Il sentit le souffle putride de l'être ignoble sur sa joue et ses paroles se répercutèrent dans sa tête.
_Je vais t'envoyer rejoindre ta geisha mais comme je suis généreux, je te laisse une dernière volonté.
_ Va en enfer, répliqua celui-ci d'une voix pleine de hargne.
La pression sur le bras d'Ulrich se relâcha peu après qu'un bruit mat eu retentit dans la pièce. Il se leva et vit Odd qui lui tendait la main.
_Allons nous en avant qu'il ne soit trop tard.
Et sans poser de question, les deux amis prirent la direction des égouts pour sortir de cette usine qui abritait la chose qu'ils avaient toujours redoutée, l'être Xana en chair et en os…

Yumi94
15/05/07 à 19:40
Nan, c'est pas possible ils peuvent pas mourrir comme sa !!!
Mais c'est qui cette file qui ressemble tant a Aelita ???
J'espere que Ulrich va s'en sortir vivant!
Humm..Ta fic est toujours aussi génial je l'adore.
Je suis très presser de lire la suite qui je sens va être magnifique.

Bisous
Susana

Artémis
18/05/07 à 22:44
Oulala...non...Jérémie, Yumi...oh non, ça peut pas!!!
Très très bon texte...Tu n'aimes pas cette suite pour quelles raisons? Ca m'embête un peu honnetement que tu ne l'aimes pas, parce que ça apporte quand même un immense suspens...et d'autant que Jérèm' et Yu enfin, on ne sait pas...(fort heureusement, je préfère ça que les savoir sans vie moi...)
J'espère un bon retournement de situation...mais, ça m'étonne un tit peu qu'Ulrich ait laissé Yumi dans l'usine...enfin, je te souhaite une bonne continuation et de faire une suite extraordinaire comme les autres!!!

Kaede
24/05/07 à 18:59
désolé pour le temps de réponse, voici la suite.
pour te répondre Artémis, je ne la voyais pas comme ça dans ma tête mais je n'arrive pas à l'écrire comme je veux :?
Sinon Pour Ulrich, il croit Yumi morte et s'il restait, il y passait aussi donc il n'avait pas vraiment le choix :? lol
enfin voilà.
donc la suite ^^

Chapitre VI/ pertes

Au fond du puits de l'usine, des planches bougèrent et des toussotements se firent entendre. Une silhouette recouverte de poussière repoussa les débris qui la recouvrait et saisit son bras gauche de la main droite dans un gémissement. Elle se dégagea complètement et parcourut l'espace restreint des yeux.
_Yumi ?
La voix de Jérémie était faible et tremblante. Il grimaça en sentant la douleur lui parcourir tout le bras et pensa qu'il se l'était probablement cassé ce qui, après une telle chute, pouvait probablement être considéré comme une chance. Il se remémora la position de son amie avant la chute et se mit à dégager les débris aussi vite qu'il le pouvait pour découvrir enfin le visage pâle et blessé de la japonaise. Il caressa sa joue délicatement, espérant qu'elle se réveillerait mais la jeune fille n'eut aucune réaction. Il commença à dégager le reste de son corps et lorsque ceci fut fait, il la saisit par l'épaule. Aussi doucement que possible, il la secoua. Ils ne pouvaient pas rester ici, ils n'étaient pas en sûreté. Au bout de quelques minutes qui parurent interminables à Jérémie, Yumi battit des paupières et gémit. Elle ouvrit totalement les yeux et fixa Jérémie un instant sans comprendre. Elle tenta de se redresser mais c'est comme si un courant électrique lui parcourait le dos. Elle grimaça et bougea doucement les jambes et les bras avant d'essayer de se redresser de nouveau.
_Rien de cassé ? s'inquiéta Jérémie.
_ Je ne crois pas et toi, ça va ?
_ Je pense que mon bras s'est brisé durant la chute.
_Sortons d'ici. Tu pense pouvoir monter l'échelle pour sortir d'ici ?
_Je ne vais pas avoir le choix, marmonna Jérémie.
_ Attend.
Sous les yeux stupéfaits du blond, Yumi arracha les deux manches longues de son pull et les noua ensemble. Elle passa la boucle autour du cou de Jérémie et s'arrêta quelques instants pour réfléchir.
_ Il nous faudrait autre chose.
Son regard tomba sur les débris et elle commença à fouiller. Elle ramena bientôt ce qu'elle cherchait puis chercha le regard de Jérémie. Ce dernier acquiesça d'un hochement de tête et en tentant de ne pas lui faire mal, Yumi déchira la manche du bras cassé de son ami. Elle en fit plusieurs morceaux et fixa les deux morceaux de bois qu'elle avait trouvé avec. Jérémie reposa ensuite son bras isolé de la douleur sur les deux manches de Yumi et y jeta un coup d'œil suspicieux.
_Désolé je ne suis pas infirmière mais ça tiendra le temps qu'on sorte. Comme ça ton bras ne te gênera pas trop !
_Merci Yumi.
Le jeune homme fit quelques pas et arriva devant l'échelle. Il s'y accrocha de son seul bras valide et escalada les barreaux un par un, faisant attention de ne pas glisser, Yumi dans ses traces. L'ascension lui parut étonnamment longue et douloureuse mais il parvint finalement à la grande salle et il regarda rapidement s'il n'y avait personne. Une fois la vérification faite, il se hissa avec peine et se laissa tomber au sol avec soulagement. Yumi apparaissait à son tour lorsque l'usine trembla une nouvelle fois sur ses fondations dans un inquiétant bruit de tôle. Yumi saisit le bras valide de Jérémie et l'aida à se relever.
– Partons, nous ne sommes pas en sécurité ici.
Après être sorti de l'usine, ils se mirent à courir en direction de la ville qui semblait en proie à d'étranges agitations.
– qu'est ce qui se passe à ton avis ? demanda Yumi.
– J'espère rien de grave, soupira son ami.
Soudain quelqu'un le bouscula et il grimaça en ramenant son bras cassé devant lui, les yeux humides. Yumi le contempla un instant puis indiqua une direction du doigt.
– L'hôpital est proche, allons y. On ne peut pas te laisser dans cet état là.
Jérémie hocha la tête et quelques minutes après ils étaient devant un grand bâtiment blanc dans lequel régnait une effervescence habituelle. Ils pénétrèrent par la porte des urgences et Yumi interpella une infirmière tandis que Jérémie se tenait à l'écart, protégeant son bras comme une mère protégeait son enfant, le serrant contre sa poitrine. Une rousse ne tarda pas à les conduire à l'écart, Yumi fut priée de patienter dans la salle d'attente tandis que Jérémie aller passer quelques radios. Une heure et demie plus tard, il parvenait à sortir en douce, le bras plâtré et anxieux.
– ça va aller ? s'inquiéta Yumi.
– Il faudra bien. Elle voulait me garder deux jours alors il vaut mieux filer maintenant.
Ils parcoururent les rues au pas de course et remarquèrent que l'activité de la ville deux heures auparavant avait doublé. Certaines maisons semblaient avoir été abandonné et pillé, les fenêtres étaient brisées, les voitures dans la rue n'avaient plus de portières, de roues et plus une seule vitre d'intacte.
– Jérémie…
– Je pense à la même chose que toi, murmura son ami devinant sa phrase.
Xana…
–Il faut trouver un ordinateur, ajouta Jérémie, j'ai besoin de faire une vérification, j'aurais peut-être une idée.
– Allons au lycée, souffla Yumi en accélérant.
Peu après, ils tournèrent à l'angle d'une rue et Kadic fut en vue. Les deux adolescents se figèrent soudain, se jetèrent un regard effrayé et repartirent de plus belle. Ils passèrent le portail grand ouvert et se stoppèrent devant l'un des bâtiments scolaires. Des fenêtres du dernier étage on pouvait voir des flammes de cinq mètres de haut qui s'échappaient créant une colonne de fumée noire montant dans le ciel gris et nuageux. Les dortoirs brûlaient.
– On ne trouvera pas d'ordinateur ici, remarqua Jérémie en prenant un air indifférent.
Ses yeux parcoururent l'enceinte du lycée et il s'aperçut que le bâtiment des sciences prenait feu lui aussi. N'entendant plus Yumi il se tourna vers elle et fut surpris de trouver une lueur d'angoisse dans ses yeux. Sans lui jeter un regard, elle fit quelques pas hésitants en direction de l'internat puis accéléra progressivement et elle finit par courir aussi vite qu'elle put vers la porte d'entrée. Mais Jérémie la rattrapa et la retint par le bras avant qu'elle n'ouvre la porte. De là haut, des cris apeurés leur parvenaient.
– Tu es folle ! Ne rentre pas, ordonna Jérémie.
– Mon frère est là haut !
Jérémie eut un sursaut imperceptible en entendant le cri de Yumi qui avait les yeux humides. Il sentit qu'elle essayait de se dégager de son emprise et à ce moment là une petite explosion se fit entendre en provenance du dernier étage. Ils y jetèrent un coup d'œil inquiet puis la japonaise supplia son ami du regard. La main de Jérémie se desserra peu à peu et il finit par la lâcher complètement. Il la regarda pénétrer dans le bâtiment et après un lourd soupir, courut à sa suite.


Ulrich courait à toute vitesse dans les dédales des égouts, Odd à sa suite. Il avait les yeux secs mais pourtant, il avait l'impression qu'au fond de sa poitrine, son cœur s'était brisé. Une voix résonnait dans sa tête et semblait s'amuser à le voir souffrir. Yumi est morte. Elle est morte comme sont morts Aelita et Jérémie. Elle est morte, tu ne la reverras plus… La voix d'Odd lui parvint et il ralentit pour lui permettre de le rattraper.
– Ulrich, souffla Odd sans cesser de courir, dis moi que ce n'est pas vrai…
Le brun comprit immédiatement de quoi il parlait. Comment faire autrement puisque cette idée hantait toutes ces pensées !
– Ils étaient dans l'ascenseur, ils étaient tous les deux dans le monte-charge et… Je l'ai entendu tomber… articula le samouraï avec peine. Il est tombé dans le fond du puits et Yumi et Jérémie… Ils…
Il ne parvint jamais à finir sa phrase. Il secoua la tête de gauche à droite en accélérant puis regarda son ami. Le visage du blond s'était durci, refermé. Il n'y avait pas la moindre trace de sentiment, il n'y avait aucune expression. Mais au fond de ses yeux pourtant on devinait une question, allaient-ils donc tous mourir les uns après les autres ? Des bruits de pas vinrent bientôt troubler le silence des tunnels des égouts et ils se jetèrent un regard inquiet. Plutôt que de prendre la route habituelle, Odd les fit tourner à droite, espérant éviter les bruits de voix qui lui parvenaient. Essoufflé, ils finirent par cesser de courir, marchant néanmoins au plus vite que leurs jambes le leur permettaient.
– Tu sais où on est ? demanda Ulrich au bout de trois quarts d'heure.
– Je pense pouvoir nous faire sortir rapidement. Mais on a fait le plus important, on a contourné le danger.
Mais au moment même où il prononçait ses mots, ils achevèrent un virage à angle droit et se retrouvèrent devant trois personnes adultes en uniforme militaire. Ils firent trois pas en arrière tandis que les soldats les dévisageaient d'un air interrogateur.
– Messieurs Stern et Della Robbia ?
Comment connaissait-il leurs noms ? Qui était-il ? Que leur voulait-il ?
– Vous faites erreur. Je suis Paul Gaillard et voici Théo Gautier, lâcha Odd à l'improviste d'un air pourtant convaincant.
Le militaire les regarda d'un air sceptique et s'avança vers eux. Il se stoppa et dévisagea Odd attentivement.
–Que faites vous ici ?
–On a trouvé un passager ouvert m'sieur, répondit calmement Ulrich, alors on est rentré mais je crois qu'on s'est perdu.
– On va vous conduire dehors mais à l'avenir ne vous aventurez plus ici, cette zone est désormais interdite, informa le militaire après avoir haussé les épaules.
Il donna des ordres et une demi-heure plus tard, Odd et Ulrich couraient dans le parc en direction du lycée en s'interrogeant sur la présence des hommes armés. Ils aperçurent enfin les bâtiments du lycée lorsque Odd saisit brusquement l'épaule d'Ulrich et le fit s'accroupir dans un buisson tout proche. Il fit un signe de tête vers la cour dont ils avaient la vue entière de leur poste d'observation et Ulrich aperçut de nouveaux hommes en uniforme qui discutait derrière le bâtiment en feu de l'internat.
– D'après ce que je vois, ce sont pas des gentils, marmonna Odd.
– Nom de Dieu… Odd il y a encore plein de monde dans les dortoirs, regarde aux fenêtres !!
En effets dans les étages, toutes les vitres étaient ouvertes et on pouvait apercevoir des bras tendus, on entendait des cris et des pleurs.
– Il faut aller les aider, ajouta Ulrich.
– Attend écoute…
Odd le retint par l'épaule et montra le groupe de soldat d'un signe. Un militaire s'était approché et leur tendait plusieurs papiers en donnant les instructions à haute voix.
– … Jérémie Belpois, Odd Della Robbia, Ulrich Stern et Yumi Ishiyama. Il y a là toutes les données sur eux que l'on a et leur photo. Il faut les trouver le plus vite possible et les arrêter. S'ils tentent de s'enfuir, ordre de tirer à vue.
– Tirer à vue ?! Répéta l'un des autres. Ce ne sont que des gosses, la plus âgée va avoir dix huit ans à ce que je vois.
– Ce sont les ordres, rappela le messager qui partit aussitôt après.
Ulrich se baissa, encore plus pâle qu'avant.
– Qu'est ce qu'ils nous veulent d'après toi ? finit par questionner Odd.
– J'aimerais bien le savoir. J'aurais tendance à penser à Xana mais ils n'ont pas l'air possédé.
– C'est bizarre, je…
Odd s'interrompit et Ulrich le regarda, étonné. Mais plus que sur le sien encore, la stupeur dominait sur le visage du blond. Puis un faible sourire étira ses lèvres et Ulrich fronça les sourcils, plus perplexe que jamais.
– Je… Je n'en reviens pas…, bredouilla celui-ci, je croyais… c'est… je… mais bon sang Ulrich regarde.
Ulrich tourna la tête dans la direction indiquée par Odd et son sang se figea dans ses veines. Yumi courait, cheveux au vent, le visage couvert de poussière, son pull déchiqueté, son pantalon troué, le visage et les bras couverts d'égratignures mais elle courait, bien en vue. Il vit alors, lancé derrière elle, Jérémie le bras en écharpe et entouré de plâtre. Il jeta un regard paniqué aux soldats mais de là où ils étaient ils ne pouvaient voir leurs deux amis. Il vit Jérémie saisir le bras de son amie avant que celle-ci ne pénètre dans le bâtiment en feu. Il entendit son cri et la vit se débattre. Elle voulait sauver son frère et Jérémie tenter de la sauver elle. Une explosion retentit et il les regarda jeter des regards inquiets vers les étages. Puis peu à peu, sans autres cris, il vit Jérémie lâcher le bras de Yumi et courir à sa suite dans le bâtiment enflammé.
– Odd…, murmura Ulrich accroupi, prêt à courir.
– Je fais diversion, déclara aussitôt celui-ci. Mais…, ajouta Odd au moment où il s'apprêtait à s'élancer, je te préviens, tu as intérêt à me les ramener en vie !
Une lueur inhabituelle brillait dans les yeux du blond et Ulrich se contenta de hocher gravement la tête. Odd longea le bord du par en direction des soldats tandis qu'Ulrich se faufilait discrètement dans la direction opposée. Au moment où il atteignit les portes de l'internat il entendit des coups de feu.
– Reviens en vie aussi, Odd.
Il ouvrit les portes et pénétra dans le bâtiment en feu. La fumée lui piqua aussitôt les yeux et il toussa, la gorge piquante. Sans hésitation, il déchira un morceau de vêtement et le plaça devant sa bouche et son nez. Il marcha en direction de l'escalier et atteint le premier étage. Il parcourut les couloirs aussi vite que possible et vit une silhouette ouvrir une porte, une silhouette connue.
– Jérémie, Cria-t-il.
Le garçon à lunette tourna la tête vers lui et agita la main dans sa direction.
– Ulrich, ouvre les portes. Ils les ont enfermés à l'intérieur. Sors les d'ici.
Le samouraï s'approcha de la première porte et tourna la poignée mais elle resta close. Alors sans chercher plus loin il l'enfonça d'un coup de pied. Il y pénétra et trouva deux enfants à l'intérieur. Il leur cria de sortir, ce qu'ils firent sans hésiter et Ulrich s'en prit à la deuxième porte. Il allait le plus vite possible, porte après porte. Jérémie l'aidait, avec un seul bras valide mais il ouvrait les portes. Parfois, il voyait des enfants descendre de l'étage supérieur et il devina que Yumi était monté là haut, là où était enfermé son petit frère. Il enfonça une nouvelle porte et trouva une adolescente inanimée. Il la porta avec peine jusqu'aux escaliers lorsqu'elle reprit conscience. Elle sortit seule et Ulrich retourna dans la fournaise. Il avait les larmes aux yeux, la fumée lui brûlait la gorge, Il ne voyait presque plus rien mais il savait qu'ils avaient presque ouvert toutes les portes. Il s'approchait de Jérémie lorsqu'une explosion encore plus violente que la première fit trembler le bâtiment sur ses fondations. Elle venait du dernier étage. Des morceaux de plâtres se détachèrent du plafond tandis qu'il enfonçait l'une des trois dernières portes, Jérémie juste à la porte en face de la sienne. Deux troisièmes en sortirent en toussant et il entendit un cri. Jérémie s'acharnait toujours sur la porte en toussant. Ulrich vint à son secours et lui cria de sortir mais le blond refusa. Soudain Ulrich se sentit enlacé et il tourna la tête. Sisi ! Elle le remerciait les larmes aux yeux. Il lui ordonna de sortir d'un ton dur qui n'acceptait pas de refus. Alors qu'elle s'éloignait en courant, il enfonçait la dernière porte, il répéta à Jérémie de sortir.
– Il reste Yumi là haut, objecta celui-ci.
– Je vais la chercher, toi sors.
– Hors de question, trancha l'intellectuel.
Décidément celui-là, une vraie tête de mule soupira Ulrich en renonçant. La dernière prisonnière de l'étage s'enfuit sans demander son reste et ils entendirent soudain des coups à une porte.
– Il reste quelqu'un…, cria Ulrich.
– Je m'en occupe. Va chercher Yumi, lança Jérémie.
Ulrich s'engagea dans les escaliers et monta les marches deux à deux. Mais avant d'atteindre le deuxième étage, une troisième explosion se fit sentir. Elle coucha Ulrich et il aperçut les flammes du deuxième étage, hautes de cinq mètres.
– Yumi…
Il arriva enfin au dernier étage mais le couloir était en feu, impossible de passer. C'était un brasier, l'enfer pour ceux qui y étaient encore. Il entendit des cris et vit une partie du plafond s'écrouler. Il hurla le nom de la japonaise, ne s'attendant à aucune réponse. Quoi pourrait survivre dans un tel brasier ?
– Ulrich !
L'appel était entrecoupé, lointain mais au moins il était là! Ulrich inspira profondément ce qui le fit tousser. Il chercha un passage mais il n'y en avait pas. Il cria une nouvelle fois son nom et une voix plus faible lui répondit, une autre voix, une voix masculine qui lui était familière mais qu'il ne reconnut pas.
– Ulrich…va…nous…feu… t'en… sauve…
Les morceaux de phrases qu'il réussit à entendre l'inquiétèrent. Il cria de nouveau mais aucune réponse. Le feu couvrait sa voix. A moins que… Non, Ulrich secoua la tête. Cette possibilité n'était pas envisageable. Il entendait son nom, quelqu'un l'appelait en bas, mais qui ? Jérémie ? Il fixa le couloir en feu, il ne pouvait se résoudre à l'abandonner mais pourtant, il était impuissant, il ne pouvait rien faire. La voix insista et il sentit soudain qu'on lui saisissait le bras. Ses yeux remontèrent et il croisa le regard d'un pompier. Il lui mit un masque sur le visage et Ulrich se sentit revivre. Puis une langueur le gagna, il commença à voir trouble. Ses bras tombèrent le long de son corps, vidé de ses forces. Ses yeux croisèrent ceux du pompier et il devina le regret à l'expression du visage de ce dernier. Puis tout bascula dans le noir. Le pompier le prit dans ses bras et descendit sans prêter attention aux faibles cris qui parvenaient encore du dernier étage. Il descendit et contempla un instant cette école où, autrefois, il avait était lui-même pensionnaire. Elle brûlait entièrement désormais. Les réfectoires, le gymnase, le bâtiment des sciences, tout brûlait et l'unique camion de pompier garé au milieu de la cour n'essayait même pas d'éteindre les hautes flammes. Il déposa Ulrich sur un brancard et se tourna vers les dortoirs. Il entendit la quatrième et dernières explosion, provoquée par les explosifs posés par les militaires. Celle-ci détruit entièrement le bâtiment qui s'écroula sur lui-même dans un nuage de poussière…

Yumi94
28/05/07 à 17:10
Oupss j'ai oublier de repondre !! dsl :oops:
Toujours aussi bien mais me dit pas que Yumi est morte c'est pas possible !!!???
Et qui était avec elle ??? Hiroki ou quelqu'un d'autre ?
Je suis vraiment presser de lire la suite que j'espere du va mettre très vite. stp

Bisous

Susana

Kaede
28/05/07 à 19:32
comme promis voici la suite ^^
bonne lecture ^^


Chapitre VII/ seul ? pas totalement…


Des crépitements de flamme. Une chaleur intense. Du moelleux sous son dos. Des voix sourdes. C'est tout ce qui parvenait jusqu'à l'esprit douloureux d'Ulrich. Il entrouvrit les paupières et une intense couleur rouge-orange se fit voir. Il tenta de rassembler ses esprits. Quelle était donc cette odeur ? Et cette chaleur étouffante ? Pourquoi avait-il si mal ? Où donc était-il ? Où étaient les autres ? Ses yeux s'ouvrirent soudain tout grand tandis que les dernières scènes de la journée lui revenaient en mémoire. Aelita morte, Yumi prisonnière au deuxième étage, Odd se faisant tirer dessus, Jérémie dans le couloir en feu tentant d'ouvrir la dernière porte. Puis le pompier, il l'avait endormi. Dans le masque, ce n'était pas de l'oxygène comme il l'avait cru au départ, mais pourquoi faire ça ? Il vit alors le groupe de pompier qui regardait le réfectoire s'écrouler. Il aperçut les ruines de des anciens dortoirs et une larme perla à ses paupières. Aucun doute désormais, les pompiers étaient de mèche avec les militaires, ils n'avaient sauvé personne et ils ne cherchaient même pas à éteindre le feu. Il les vit bouger et ferma les yeux.
– On va y aller, ils n'ont plus besoin de nous, entendit-il.
– Et le gamin Mac ? on en fait quoi ?
– Apparemment ils veulent l'interroger, va savoir pourquoi ! On attend qu'il reprenne conscience et on leur emmène.
– Ok.
Des bruits de portière lui parvinrent et il sentit le camion démarrer. Il devina qu'il sortait de la cour de ce qui fut Kadic et s'engageait de la rue puis se décida à ouvrir les yeux. Il parcourut le petit espace où il se trouvait, vide ! Il se redressa avec une grimace, les membres endolori, des tâches noires recouvrant son corps ici et là. Il envoya balader la couverture chauffante et s'approcha des portes arrières du camion. Il resta accroupit quelques minutes, attendant le bon moment lorsqu'il sentit enfin le camion ralentir, sûrement un stop. Il n'hésita pas, ouvrit la porte et sauta à terre. Il s'enfuit en courant sans regarder une seule fois par-dessus son épaule. Il continua de courir jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et finit par s'engager dans une petite ruelle sombre pour s'arrêta enfin. Dos au mur, il se plia en deux, mains sur les genoux pour reprendre son souffle. Lorsque enfin il retrouva une respiration calme et régulière, il se risqua à jeter un coup d'œil dans l'avenue principale. Il remarqua alors qu'il s'y passait des choses inhabituelles. En tant normal, cette avenue était sillonnée de voitures pourtant il n'y avait personne. C'est alors qu'il vit une camionnette renversée sur le trottoir et il fronça les sourcils. Son regard parcourut l'avenue en entière et il comprit que les soldats n'étaient pas regroupés à Kadic seulement. Plus loin certaines maisons brûlaient, une bouche d'incendie avait été ouverte et l'eau jaillissait du sol sans trouver personne pour la canaliser. Les yeux d'Ulrich s'agrandirent de surprise en voyant le corps sans vie à côté de la borne rouge et il comprit. Tout ça, c'était l'œuvre de Xana, c'était encore une fois lui. Jérémie ne leur avait-il pas dit qu'il comptait prendre le contrôle de ce monde ? Mais apparemment plutôt que de tout détruire, il semblait avoir prit le contrôle des forces armées de Paris. Comment avait-il fait ? ça restait un mystère. Ulrich s'engagea prudemment dans l'avenue et prit en direction du nord, totalement perdu. Il entendit souvent des coups de feu et des cris de détresse. Parfois des bruits de vitre cassée et de voiture renversée lui parvenaient. Il était sur le qui vive, à l'affût, prêt à se cacher au moindre bruit. Il repensait à tout ce que leur avaient leurs nombreux profs d'histoires et il eut l'impression d'être en pleine révolution. Il passa soudain devant un magasin d'informatique et il s'arrêta devant l'écran animé de télévision qui affichait le visage paniqué d'une blonde entrecoupée par des scènes de neige. La vitrine était brisée et il ne put s'empêcher de monter le son.
– Une véritable catastrophe, déclarait-elle. Tout le pays est sans dessus-dessous. La mort du président et de presque tous ses ministres ce matin a provoqué de grands chamboulements. Dans Paris, certains quartiers brûlent entièrement provocant la panique totale. Les militaires, les pompiers, la police, la marine et toutes les autres forces du pays ne font rien pour calmer cette agitation de frayeur au contraire ils semblent l'attiser comme s'ils obéissaient à quelqu'un d'autre. Des pillages ont déjà eut lieu dans les grandes villes de toute la France, les habitants des villes désertent, ils s'en vont pour échapper au massacre Oh ! attendez, s'interrompit-elle soudain en portant la main à son oreille. On m'annonce qu'ils tirent désormais sur les passants, sur ses images en direct on peut voir le carnage fait sur Paris.
Tandis qu'elle continuait de parler, Ulrich put voir la ville où il vivait qui se consumait d'un bout à l'autre. Il voyait les militaires tirer sur des gens innocents qui ne demandaient qu'à quitter la ville en vie. Ils abattaient, sans pitié aucune, homme, femme ou enfant. Des bruits de pas attirèrent son attention et sans plus attendre, il recommença à courir. Il se cacha dans une petite ruelle et vit un groupe de soldat passer et eut la surprise de sa vie. Avec eux se trouvait une sorte de robot de métal d'un mètre quatre vingt de haut et sur sa poitrine de tôle s'affichait le symbole de Xana ! Il menait le groupe qui s'éloigna rapidement. Ulrich respira de nouveau et se laissa glisser au sol. Son regard se leva vers le ciel nuageux et il soupira. Le ciel devenait de plus en plus sombre, serait ce déjà la nuit ? c'était passé si vite. Il baissa la tête, se prit le visage entre les mains et une soudaine envie de hurler lui monta dans la gorge. Qu'allait-il faire maintenant ? Aelita était morte en vain puisque Xana avait gagné, même en coupant le super calculateur, ils ne l'avaient pas vaincu. Que faire d'autre ? Et il était seul maintenant ! Yumi avait péri dans les flammes, sans aucun doute et son cœur se serra à cette pensée. Une larme silencieuse, une larme unique et translucide glissa le long de sa joue pâle et descendit jusqu'à son menton. Elle resta suspendue un instant puis tomba au sol en silence tandis qu'Ulrich hurlait intérieurement sa douleur, sa rage et sa haine. Xana lui avait tout prit. Il lui avait pris la seule fille qu'il avait jamais aimée et ne lui avait pas laissé le temps de le lui avouer. En commençant par Aelita il lui avait volé ses amis. Odd s'était sacrifié pour lui permettre de ramener Jérémie et Yumi mais jamais il ne les aurait pensés capable de tirer sur lui. C'était sa faute ! Et Jérémie, là encore c'était de sa faute ! Il aurait dû l'obliger à sortir, insister pour qu'il se mette en sécurité mais il avait cédé et le blond avait péri dans les flammes, tout comme elle ! Elle, qu'il avait été incapable d'approcher, de toucher, de sortir de ce brasier d'enfer. Il leva encore une fois les yeux vers le ciel de plus sombre que jamais et se releva brusquement. De rage, il donna un coup de pied dans une poubelle proche, geste qu'il regretta aussitôt dans un premier temps à cause de la douleur au bout de son pied et le bruit qui accompagna le choc était repérable à dix kilomètres à la ronde, c'est comme s'il envoyait des invitations. Aussi ne s'attarda-t-il pas mais à peine était-il sorti de la rue qu'il entendait des cris et il devina qu'il était repéré. Il accéléra et machinalement son esprit lui souffla que ça ne faisait que commencer…

Trois mois plus tard, il courait toujours. C'était une autre rue, une autre journée, d'autres poursuivants mais sous un certain angle c'était toujours la même chose. Il sauta par-dessus un muret et tourna à gauche en entendant les chocs des balles sur le mur qu'il venait de passer. Sa course s'accéléra encore mais contrairement à ses poursuivants, il ne peinait pas plus que ça. Trois mois de course poursuite, trois mois durant sa vie avait dépendu de sa vitesse aussi s'était-il adapté. Il s'arrêta soudain, un groupe de trois militaires et d'un immense robot de fer lui faisait face et lui barrait la route, mitraillette pointée sur lui. Il n'hésita pas un instant et alors que les soldats appuyaient sur la gâchette, il s'engagea dans une ruelle sur sa gauche. Elle était sombre et des poubelles traînaient encore ici et là. Cette fois ci ce fut un mur de deux mètres qui l'arrêta.
–Et merde… Une voie sans issue, maugréa-t-il avec colère.
Il jeta des coups d'œil à droite et à gauche mais il n'y avait aucune porte, pas même une fenêtre, il entendit les bruits de pas qui se rapprochaient quand soudain un bruit ressemblant à un "pshiiiit" lui fit baisser les yeux. Une tête rousse dépassait du sol et lui fit signe de la main. Il se baissa et passa par l'ouverture dans laquelle la fille avait disparu. Il referma derrière lui et se retrouva plongé dans le noir, il entendit quelqu'un murmurer de faire silence et les chocs des pas résonnèrent au-dessus de la tête. Il comprit que ses poursuivants fouillaient la ruelle à sa recherche puis ils finirent par faire demi-tour et leur voix disparurent. Pendant quelques minutes, Ulrich ne perçut rien d'autre que le souffle de plusieurs personnes puis une voix masculine commença à chuchoter et peu après, une lumière apparut. Le samouraï se trouva alors face à un jeune visage, plus jeune que lui, il lui donnait quinze ans au plus. Il avait des cheveux mi-long châtains clairs qui pendaient le long de ses joues blêmes, ses yeux couleur argent fixaient Ulrich avec curiosité. Ses lèvres fines esquissèrent un maigre sourire.
– Si je ne me trompe pas, tu es Ulrich, n'est ce pas ?
Le brun ne s'étonna pas qu'il connaisse son prénom car il y avait son portait avec son nom et une offre de récompense à qui le capturait sur tous les murs encore intacts de la ville. Aussi se contenta-t-il de hocher la tête pour toute réponse. Le sourire du garçon s'agrandit.
– Je suis vraiment heureux de faire ta connaissance. Je suis David, la rousse c'est Ana et la grande là bas, c'est Nina.
– Ravi de vous connaître. Oh ! et avant que j'oublie, merci de m'avoir sauvé la vie.
– C'est avec plaisir, lança Ana avec un sourire espiègle. C'était une jeune fille de seize ou dix-sept ans à la peau pâle et la chevelure rousse flamboyante malgré le fait qu'elle soit emmêlée. Elle posa la main sur son épaule et sourit. Viens avec nous, on aimerait te montrer quelque chose.
Ulrich eut un imperceptible sursaut de surprise et les vit s'engager dans un tunnel juste assez grand pour qu'ils passent debout. Il emboîta le pas, se demandant ce que ces trois inconnus pouvaient bien avoir à lui montrer. Il eut l'impression de marcher une éternité mais il aperçut finalement de la lumière au bout de l'étroit tunnel et des bruits de voix se firent bientôt entendre. Il déboucha finalement sur une pièce faiblement éclairée mais plutôt spacieuse. Il en fit rapidement le tour, habitué à faire des repérages maintenant. Il repéra les matelas fins et abîmés le long des murs, la table au milieu, les feuilles qui y étaient étalé, les trois personnes autour qui se tournèrent vers eux à leur entrée, la porte en bois dans le fond et la lumière qui filtrait par les interstices.
– Ban sang, Ulrich ?
Mais l'interpellé ne reconnut pas le jeune homme qui semblait pourtant le connaître. Ce dernier en revanche paraissait pourtant stupéfait, il posa une main sur son front et son regard le parcourut de bas en haut puis il lui toucha l'épaule, comme pour se prouver qu'il était bien réel. Ulrich le laissa faire, de plus en plus perplexe.
– Ça va lui faire un choc je crois, il commençait à perdre espoir.
Ulrich resta silencieux et commença à se sentir agacé des regards fixés sur lui. Il ne comprenait pas de qui parlait l'inconnu qui semblait si bien le connaître lorsque celui-ci sourit en le poussant doucement vers la porte. Ulrich suivit avec hésitation et se retrouva derrière lui tandis qu'il ouvrait la porte. Il perçut des murmures et une autre voix répondit avec une pointe d'agacement.
– J'avais demandé à ne pas être dérangé.
– Je pense que ça vaut le coup.
– Je l'espère pour toi, s'exclama l'autre voix.
Et soudain Ulrich se trouva au milieu de la pièce. Elle était beaucoup plus petite que la précédente, il n'y avait qu'un matelas et une sorte de meuble en bois sur lequel reposait un ordinateur en parfait état de marche au grand étonnement d'Ulrich. Il éclairait la pièce d'une faible lueur mais en particulier le visage du garçon assis devant lui. Un garçon connu, familier, qu'il croyait mort.
– Jérémie…
Le blond le fixait d'un air abasourdi, ses cheveux avaient poussé et encombraient son visage plus pâle et plus maigre qu'avant. Des cernes d'une couleur violette lui traversaient les joues, ses lunettes rondes étaient abîmées, le verre gauche ébréché sur le bord extérieur, il portait une sorte de baggy vert et un sweat beaucoup trop grand pour ses frêles épaules et assis devant l'ordinateur, il ne lâchait pas Ulrich du regard une seule seconde.
– Jérémie, répéta celui-ci d'une voix un peu plus forte.
Il entendit alors un bruit de bois tombant sur le sol du béton et sentit deux bras autour de son cou.
– Ulrich, Ulrich… répétait le blond sans cesse.
Le serrant dans ses bras, le brun sourit pour la première fois depuis trois longs mois. Il réalisa soudain que Jérémie pleurait et ses larmes chaudes coulaient dans le cou du samouraï. Pour pleurer ainsi, Jérémie devait être à bout aussi bien physiquement que psychologiquement. Ulrich se dégagea doucement, redressa la chaise et fit asseoir son ami.
– Jérémie, je suis tellement heureux de te revoir.
– Et moi donc ! s'exclama l'intellectuel avec force en s'essuyant le visage avec les manches de son sweat.
– Je n'en reviens pas, murmura Ulrich, je pensais que tu avais péri dans l'incendie… sa voix s'éteignit et le visage de Jérémie redevint grave.
– J'ai réussi à sortir grâce à Jim, c'est lui qui était encore enfermé. Il m'a montré une autre sortie, de l'autre côté du bâtiment. Je t'ai appelé mais tu n'es pas descendu et Jim a du me traîner de force pour me faire descendre. En partant j'ai vu les pompiers monter et… Si tu savais combien de fois j'ai essayé de me convaincre qu'ils t'avaient trouvé et sauvé… avec Yumi…
– Lorsque je suis monté, le deuxième étage était en proie aux flammes plus que le premier. J'ai entendu quelqu'un me répondre dans le couloir mais je n'ai pas pu passer. Je… je suis désolé Jérem', je n'ai pas pu la rejoindre… Je … Je ne sais pas si… Pourtant je te jure… J'ai … j'ai essayé mais…ce pompier m'a emmené sans que je puisse rien faire… Mais elle a essayé de…de me dire quelque chose… le feu couvrait sa voix… Je …je n'ai pas compris… Je suis désolé…
La voix d'Ulrich s'enroua et il ne put que se taire en baissant les yeux.
– Et Odd ? finit par demander Jérémie d'une voix faible.
– Il y avait des militaires dans la cour. Pour me permettre de vous rejoindre, il a fait diversion. Avant d'entrer j'ai entendu… des coups de feu. Depuis je ne l'ai jamais revu… Sa voix se brisa complètement et le silence s'installa dans la pièce. Jérémie finit par soupirer et ferma les yeux en réfléchissant. Il fixa Ulrich puis reprit la parole.
– Tu as l'air à bout Ulrich, depuis combien de temps n'as-tu pas dormi ?
– Une éternité il me semble…
– Allonge toi un peu, nous parlerons sérieusement après. J'ai pleins de choses à te dire et toi aussi il me semble mais j'attends que Jim rentre.
Pour une fois Ulrich ne posa pas la moindre question et le sommeil le submergea peu après que sa tête eut touché le matelas. Depuis trois mois, il dormait par intermittence, deux à trois minutes de temps en temps mais maintenant il n'en pouvait plus et si Jérémie lui disait qu'il pouvait s'allonger et dormir c'est qu'il savait qu'il serait en sécurité et il faisait confiance à Jérémie. Il commença pourtant à s'agiter, il tournait dans tous les sens sur le fin matelas et son visage arborait une expression tourmentée. Il marmonna des "non" d'un ton effrayé. Dans son esprit des scènes et des images défilaient. Odd courait, il courait vite et Ulrich courait derrière lui en riant. Ils étaient à Kadic, un Kadic resplendissant comme avant. Soudain Yumi le dépassa en rigolant et rejoignit Odd qu'elle dépassa aussi facilement. Jérémie arriva alors à sa hauteur et lui sourit en soufflant avec peine. Sa main tenait celle d'Aelita qui riait d'un rire pur et cristallin. Il se sentait bien mais une sensation indéfinissable lui faisait mal au cœur. Il accéléra et gagna de la distance sur Odd qui venait de se faire doubler par la japonaise et qui tentait tout pour la rattraper. Il faisait une bête course comme des gamins. Mais alors qu'il gagnait du terrain il entendit un cri derrière lui, une voix féminine et il se retourna. Aelita était en train de se dépixeliser sous les yeux humides de Jérémie qui hurlait qu'il ne voulait pas qu'elle parte. Mais la jeune fille aux cheveux roses disparut totalement et Jérémie cria sa douleur. Soudain il se remit à courir et entraîna Ulrich, complètement perdu. Odd et Yumi étaient toujours devant eux et la course continuait, mais plus de rire, plus de joie. Il vit alors trois soldats en uniforme sur le côté. Il les vit armer leurs mitraillettes puis pointer le canon sur Odd. Ulrich cria en tendant le bras. Il accéléra mais ne pu rien faire. Il vit les balles fuser dans l'air puis atteindre Odd à l'épaule, au visage, à la jambe, sur le flanc. Odd s'écroula au sol sans un cri. Il resta immobile au sol et ne se releva jamais. Jérémie empêcha Ulrich de s'arrêter et accéléra. Le brun releva alors la tête et vit Yumi. Son visage se figea d'horreur. Il doubla son allure. Ça allait être son tour et il ne pouvait l'accepter, pas elle. Mais le feu jaillit de nulle part et entoura la japonaise qui s'arrêta. Elle se tourna et regarda Ulrich qui ne parvenait pas à franchir le mur de flammes. Il cria son nom et elle sourit faiblement. Son image se brouilla et disparut. Ulrich hurla et s'écroula à genou. Le paysage autour de lui se transforma et la ville d'aujourd'hui, en ruine, ressemblant à un champ de bataille lui apparut. Il voyait des corps partout, le corps des gens qu'il connaissait, de ses amis, sa famille. Il les voyait tous allongés par terre, ensanglanté, les yeux vides, sans vie. Il se releva et les parcourut tous des yeux. Il était tous là, même ceux qu'il avait perdus de vue depuis longtemps. Son regard tomba alors sur Jérémie, qui semblait agonisé, derrière lui une silhouette sombre fixait Ulrich avec un sourire mauvais.
– Tu les as tous tués, disait-il, et tu vas tuer tous les autres. Ils sont morts par ta faute… par ta faute…
Les mots résonnèrent dans l'esprit d'Ulrich encore et encore. Sa faute… Il se prit le visage entre les mains et secoua violemment la tête. C'était sa faute ! Il l'entendait rire. La vision de Yumi, de ses amis s'imposa à lui et il tomba à genou tandis que Xana riait de plus en plus fort. Et ces mots… Sa faute.
Ulrich se redressa d'un coup sur le matelas miteux dans la pièce sombre les yeux grands ouvert et couvert de sueur. Il s'essuya le front et tenta de retrouver une respiration plus calme et régulière. Il entendait le ronronnement produit par l'ordinateur en veille, la chaise face à lui était vide. Au bout de plusieurs longues minutes, il se leva avec peine et perçut alors les voix dans la pièce d'à côté. Il reconnut sans peine celle de Jérémie et se décida à le rejoindre. Il ouvrit la porte et s'étonna de voir la pièce un peu plus vide que lorsqu'il était arrivé. Jérémie était penché sur la table et parlait à toute vitesse. A côté de lui se tenait un homme de taille moyenne plutôt fin mais légèrement musclé. Il portait un jogging noir et une veste bleu marine. Un bandeau barrait son front, retenant les mèches de cheveux trop longues pouvant lui tomber dans les yeux. A sa gauche se tenait Ana et en face de Jérémie, en train de discuter avec lui à une vitesse hallucinante se tenait un blond aux longs cheveux qu'il avait rassemblé en queue de cheval dans son dos, ses yeux d'un gris pâle parcourant les papiers étalés devant lui à la même allure que ceux de Jérémie. Ulrich referma la porte derrière lui et le bruit stoppa les conversations, Jérémie se tourna avec lui et lui adressa un maigre sourire.
–Voici Ulrich, annonça-t-il aux autres. Il va nous être d'une grande aide, il est au courant de toute l'histoire.
– tu lui as déjà tout raconté ? s'étonna le blond.
– Il est avec moi depuis le début, pourquoi crois-tu qu'ils aient affiché sa tête partout dans la ville ? ils savent que tant qu'il est en vie il est dangereux pour eux. Enfin… Ulrich laisse moi te présenter. Tu connais déjà Ana je crois. Lui c'est Nico et je ne sais pas si tu l'as reconnu mais le grand brun, c'est Jim.
Ulrich, qui n'avait pas reconnu son ancien surveillant, haussa un sourcil en signe d'étonnement. L'homme dont il était question sourit, il est vrai qu'il avait beaucoup changé, plus de kilo en trop. Comment aurait-il fait vu le peu de nourriture que les militaires leur laissaient ? En revanche il avait pris du muscle et son visage n'arborait plus cette expression de bêtise qu'il avait au collège.
Jérémie reporta son regard vers la table et Ulrich put voir que les papiers n'étaient autres que des plans.
– Ce sont les souterrains de la ville, c'est là que nous nous cachons vu que Xana en ignore l'existence.
– Nous ? répéta Ulrich.
– Ceux qui se battent contre Xana, les résistants, expliqua Nico.
– Des résistants…, s'étonna le brun. Mais… combien êtes vous ?
– Nous sommes plusieurs centaines.
– Quoi ?
– Je sais c'est assez étonnant, mais depuis que Jim m'a sorti de cet enfer, je me suis décidé à faire quelque chose. Après tout, je suis responsable de cette guerre, c'est moi qui ai rallumé le super calculateur. Aussi, en ne me montrant jamais pour que les militaires me croient mort, j'ai mis tous ceux que je rencontrais au courant de notre histoire et peu à peu un groupe c'est formé. Aujourd'hui nous vivons dans les souterrains, ne remontant qu'occasionnellement pour trouver de quoi manger et de quoi boire. Nous sommes décidés à faire tomber Xana, quoi que cela nous coûte.
Ulrich était ébahi et il resta quelques secondes silencieux, incapable de sortir un mot. Puis il s'aperçut que les visages étaient fixés sur lui et comprenant, il hocha lentement la tête.
–Je vous aiderais du mieux que je peux.
Alors avec un sourire, Jérémie se tourna vers la table et commença à lui expliquer la situation…

Yumi94
28/05/07 à 19:53
Alors Yumi est vraiment morte et Odd et Aelita aussi ? :cry: :cry:
C'est pas possble! Pas eu! J'espere qu'ils ont reussi a sortir meme si je voit pas comment! Grrr... XANA m'enerve tout sa c de sa faute !!!! :evil: :cry:
Sinon c'est génial continue et (je c j'en demande trop mais c trop bien je peux pas attendre) mais nous une suite trs vite stp

Scrunchy
28/05/07 à 20:56
Moi, je pense que Odd a été fait prisonnier par Xana, sinon pour Yumi, je ne sais pas du tout ce qu'il en est...

Ta Fic est géniale et j'en ai rarement lu de si attractive ! On a envie de savoir la suite tellement ton histoire est bien construite !

Brii
29/05/07 à 00:03
Ainsi donc c'est ça que Jérémie voulait avouer à Yumi, il a rallumé le Supercalculateur ?! :shock:
Et Yumi alors, et Odd, ils ne sont pas morts quand-même ?! )':

Sinon, très bonne fic, c'est bien écrit, l'histoire est prenante, les descriptions intéressantes, les réactions des persos collent bien à leur personnalité, et il y a du suspens à souhait bref on est vraiment plongés à fond dans l'ambiance ^^ ! Tu arrives à décrire merveilleusement bien les différentes situations auquelles sont confrontés nos héros, on ressent très bien les sentiments des personnages, au point même de les éprouver nous même d'une certaine façon (accablement quand Aelita disparaît, soulagement quand Ulrich retrouve Jérémie, etc...), bravo, en plus j'ai cru comprendre que c'est ta 1ère fic, eh bien pour un début, ça commence très fort ^^ !

Voilà, rien à dire de plus, si ce n'est que je me languis de connaître la suite ! :)

Artémis
30/05/07 à 14:31
Ohlala...et ben dis donc...bon...le début.
L'aventure d'Ulrich, sa désolation sont très bien faites. La description est au top, le seul souci serait les paragraphes un peu trop long, on peut s'y perdre, fais attention, espace bien pour une lecture aérée. Sinon, les dialogues, la narration, rien à redire. Il y a des flots entiers de sentiments superbement bien décrits comme toujours. C'est très très bien bravo.
Ulrich pendant un moment, dernier survivant, a vécu un grand périple qui me glace le dos. Ca me fait presque pensé à "Nocturne" de Gini, si c'est te dire le formidable niveau que tu as. Une domination de XANA (qui ferait bientôt allusion à ton titre maintenant) est très originale. Souvent, on imagine pas de tels scénarios catastrophe genre science fiction et domination du mal absolu. C'est donc très bien sur ce point-là.
L'intrigue est au point quand Ulrich est sur le point de découvrir quelqu'un qui le reconnait (ici Jim) et ensuite qu'il retrouve Jérémie...c'est super ce suspens.
J'espère que tout n'est pas perdu pour Aelita, Odd et Yumi...ça serait là, vraiment...une fin assez horrible...
Continue comme cela à nous faire rêver, et encore bravo!! :p ;)

Kaede
30/05/07 à 22:57
eh non Brii désolé ce n'est pas ça, Jérémie n'a pas rallumé le S-P, juste que Xana est assez malin pour s'en sortir en toute situation, comme quoi ... lol
Merci des conseils Artémis, promis je ferais attention à mes paragraphes maintenant ^^
Sinon pour ce qui est d'Odd, Yumi et Aelita, je ne peux rien dire, ça vous gâcherait tout qu'ils soient morts ou non...
J'essaie de vous faire la suite le plus rapidement possible malheureusement mon médecin vient de me demander de réduire mon temps devant le PC cause : pb de vue :?
Mais je vous promet de faire ça aussi vite que je peux. En tout cas merci pour vos conseils et encouragements qui ne sont jamais de trop ^^
en attendant voilà une petite suite qui nous fait découvrir le nouvel univers de Jérémie et où on rencontre quelques nouveaux persos sorti de mon imagination (donc je ne vous garanti pas qu'ils vous plaisent lol ^^') ils prendront peut-être une véritable importance dans le chapitre suivant, allez savoir...lol
Bon en attendant voici une courte suite qui j'espère vous plaira ^^


Chapitre VII/ défense


En trois mois, Jérémie était parvenu à créer tout un réseau ce qui était assez impressionnant. D'après ce qu'il avait expliqué à Ulrich, les groupes de résistants étaient répartis dans les souterrains et vivaient dans des pièces pouvant abriter jusqu'à cinquante personnes. Dans la plupart de ses "nids" de résistances, il avait permis l'installation d'un moyen de communication en s'alimentant sur les réseaux électriques des souterrains ainsi il pouvait prendre contact avec n'importe lequel de ses nids. Malheureusement, il y avait encore des personnes isolées, vivant en surface ou dans les souterrains sans aucun moyen de communication. Jérémie avait même avoué à regret que la semaine précédente, cinq innocents avaient été abattus sans qu'ils ne puissent rien faire. Ils étaient tout de même parvenus à récupérer un stock d'armes suffisant pour se défendre et remontaient de plus en plus souvent à la surface pour rechercher de quoi manger ou boire et recueillir ceux qui luttaient encore contre l'ennemi car Ulrich avait appris que Xana commandait non seulement les forces armées mais il payait aussi très cher ceux qui l'aidaient et rejoignaient ses rangs. Jérémie lui avait recommandé d'être très prudent et de ne pas se confier à n'importe qui.
– Tous ceux qui sont acceptés dans notre refuge ont fait leurs preuves. Nous attendons d'être certains que ce ne sont pas des espions car s'ils trouvaient le nid principal qui est le notre, ils trouveraient tous les autres.
C'est ainsi que Jérémie lui avait expliqué et il avait ensuite résumé brièvement quelques problèmes rencontrés. Ulrich lui avait assuré qu'il avait compris et Jérémie lui avait fait un sourire, pauvre certes mais au moins avait-il souri.
Maintenant Ulrich longeait un tunnel souterrain derrière Ana, en compagnie de quatre autres personnes qu'il ne connaissait pas. Il avait insisté pour se rendre utile le plus tôt possible et Jérémie l'avait assigné à cette unité qui rejoignait la surface pour trouver de la nourriture car les réserves commençaient à diminuer. Ana s'arrêta soudainement devant lui et il eut juste le temps de se stopper avant de se cogner contre elle.
– Couchez-vous, cria-t-elle.
Sans réfléchir, ils lui obéirent tous et peu après des morceaux de béton se détachaient du plafond tandis que le sol tremblait sous leurs corps. La secousse ne dura que quelques secondes et ils se relevèrent avec précaution.
–Personne n'est blessé? S'enquit la rousse.
– J'ai une grosse bosse sur la tête mais ça ira, déclara un jeune homme d'environ vingt ans du nom de Marc.
Rassurée, Ana se remit en marche et toute la petite troupe suivit.
– Qu'est ce que c'était ? interrogea Ulrich peu après.
– Ils larguent des bombes au-dessus de la ville lorsqu'ils repèrent des groupes. Le danger passe vite mais il ne faut pas se trouver en dessous lorsqu'elle explose. Nous allons remonter voir s'ils avaient vraiment repéré quelque chose. Ah ! voilà on y est.
Elle s'arrêta et s'engagea dans un tunnel plus petit mais qui grimpait. Ulrich emboîta le pas toujours suivit des autres. Ils marchaient à quatre pattes, tête baissée pour éviter les roches saillantes et Ana les amena bientôt à la surface. Elle dégagea l'entrée dissimulée par une plaque et se hissa hors du tunnel. Elle tendit la main à Ulrich qui saisit son bras et elle l'aida à remonter. Elle fit de même pour le reste de l'équipe et ils furent bientôt tous dehors. Elle cacha l'entrée qui ne se distinguait pas du reste du sol et Ulrich put observer à loisir l'endroit. Ils étaient dans une sorte de hall, le hall d'entrée d'une vieille maison en bois. Le parquet craquait sous leurs pieds tandis qu'ils sortaient discrètement de la demeure. Le samouraï s'étonnait de voir une maison en bois encore debout alors que tant d'autres, biens plus solides, avaient déjà été détruites. Il se trouva bientôt face à un champ de ruine et eut un pincement au cœur. Jamais il ne pourrait s'habituer à un tel paysage.
– Nous sommes dans l'ancien quartier ouest. C'est affligeant, n'est ce pas ?
Ulrich se contenta de hocher la tête et fit quelques pas dans la rue dévastée. Ana l'informa que la réserve de nourriture n'était pas loin mais qu'ils allaient auparavant passer à l'endroit où la bombe avait été lâchée. Le plus silencieusement possible, ils sillonnèrent le terrain et Marc ne tarda pas à repérer les cendres encore chaudes de la bombe. Une fine colonne de fumée se dégageait encore des débris. Ils s'approchèrent, deux d'entre eux faisant le guet, et ils se mirent à la recherche du moindre signe de vie.
– Je crois qu'il n'y avait personne ici, Ana.
– Dieu merci, lâcha la rousse.
– Allons y, suggéra Marc.
Avec rapidité et sans bruit, ils traversèrent les avenues les unes après les autres et finalement, Ana s'accroupit derrière un muret.
– Nous y voilà, annonça-t-elle en passant sa tête au-dessus du muret. D'après ce que je vois, la réserve n'est gardée que par quatre ou cinq soldats.
– Je n'avais jamais remarqué ce genre de bâtiment auparavant, remarqua Ulrich en regardant à son tour.
– Ils sont toujours dans des quartiers isolés, à l'écart, expliqua la rousse. Alors, poursuivit-elle en s'asseyant dos au mur, face à tout le monde, voilà ce que nous allons faire…
La stratégie fut mise au point et peu après, Ulrich se glissait prêt de la porte arrière du bâtiment, un poignard à la main. Il préférait les armes silencieuses et il avait réussi à se procurer ce poignard le mois précédent. Il s'approcha sans bruit et quelques secondes plus tard, le militaire s'écroulait au sol sans que rien ne soit venu briser le silence. Ulrich essuya la lame ensanglantée sur son pull bleu sombre et le glissa dans sa ceinture. Ana apparut bientôt et hocha la tête comme pour le féliciter. Des coups de feu résonnèrent et peu après, Marc enfonçait la porte arrière d'un coup de pied. Ils pénétrèrent dans la réserve et Ana leur annonça qu'il fallait prendre le plus de provisions possibles. Chargé lourdement, ils sortirent bientôt du grand bâtiment gris en courant et refirent le chemin en sens inverse. En vérifiant qu'ils n'étaient pas suivis, Ana les mena dans la grande maison de bois et ouvrit à nouveau le passage.
– Faites passer les sacs, on les récupérera en bas.
Un à un, les sacs glissèrent le long de la paroi et finalement, ils s'y glissèrent à leurs tours. Ana referma le passage derrière eux et les rejoignit. Quelques temps après, ils étaient de retour dans le foyer principal des résistants.
– Jim, nous sommes de retour, avec à manger, annonça Ana en voyant l'ancien surveillant debout devant les plans.
– Ça c'est une bonne nouvelle, clama Jim en se tournant vers eux.
Une petite partie des provisions fut déposée sur la table après qu'elle est été débarrassée des papiers. Jérémie les rejoignit après avoir été prévenu par Ana. Pour la première fois depuis longtemps, Ulrich mangea à sa faim dans une humeur presque joyeuse. Mais pourtant, en voyant ce repas, ces quelques sourires il ne put s'empêcher de soupirer. Jérémie remarqua vite sa mélancolie pour avoir ressenti la même pendant longtemps et aujourd'hui encore. Il posa la main sur l'épaule du samouraï qui releva la tête mais qui ne parvint pas à sourire. Jérémie lui tendit un morceau de pain mais Ulrich hocha négativement la tête. Une brève secousse se fit sentir à ce moment là.
– Elle n'est pas passé loin celle là, déclara Jim en perdant son sourire.
La bonne humeur semblait être retombée. Marc étouffa un bâillement puis annonça qu'il allait s'allonger un peu. Les autres firent de même et Ulrich suivit Jérémie dans la pièce adjacente avec étonnement. Le blond réduisit la lumière de la pièce principale à l'aide de son ordinateur et indiqua à Ulrich le deuxième matelas qui avait été installé. Le samouraï s'y assis, dos au mur et fixa Jérémie qui pianotait.
– Ce n'est pas risqué de tous dormir en même temps ?
– Il y a des systèmes d'alarme installé tout autour des pièces. Lorsque quelqu'un s'approche je suis au courant dix minutes avant qu'il n'arrive, expliqua Jérémie.
– Ah! je vois, murmura Ulrich. Jérémie, reprit-il après un long silence, que va-t-il se passer maintenant?
– Je ne suis pas devin Ulrich, répondit Jérémie après s'être tourné vers lui. Tout ce que je peux t'assurer c'est qu'on va se battre, on va continuer la lutte, Xana n'a pas encore gagné !
– Nous en revanche, nous avons beaucoup perdu…
Jérémie ne put que baisser la tête, le regard soudain lointain. Il se lançait toujours dans des recherches, il construisait tout ce qu'il pouvait pour les résistants, il ne dormait souvent qu'une heure par nuit et toujours par intermittence, il travaillait jusqu'à n'en plus pouvoir mais il savait que c'était avant tout pour se cacher l'horrible vérité. Vérité que jamais lui ou Ulrich ne parviendrait à contourner. Ils étaient morts !
– Jérémie, je…
– Je sais !
– Mais …
– Faisons le pour eux Ulrich. Nous pouvons au moins faire ça pour eux. Tu sais, Jérémie releva la tête les yeux emplis de larmes, elle voulait voir le monde sans Xana, elle voulait découvrir le bonheur. Elle m'a même avoué qu'elle pensait m'aimer pour de bon, elle voulait passer sa vie avec moi… Et tu sais ce que j'ai fais ? Je l'ai laissée mourir !
– Jérémie …
– Est-ce que tu comprends ??? Elle voulait être heureuse et je voulais être celui qui ferait son bonheur… J'en ai été incapable…
A présent les larmes coulaient pour de bon sur les joues pâles de Jérémie. Des larmes trop longtemps retenues…
–Jérémie, ce n'est pas ta faute.
–Si, ça l'est… Je pouvais encore la sauver… Je sais que j'aurais pu le faire…
– Jérémie, Tu as fait le bon choix, tu as essayé de tous nous sauver en éteignant le super calculateur mais Xana était trop fort pour que cela suffise à l'anéantir…
– Tu n'as pas compris, déclara Jérémie en secouant la tête de gauche à droite.
– Compris quoi ?
– Il lui manquait une tour pour s'échapper, une seule mais elle lui était indispensable. Lorsque j'ai abaissé cette manette cela aurait du le tuer.
– Mais alors pourquoi…
– Il avait Aelita. Par quoi t'es tu fais attaquer le jour où on a découvert la présence de Xana ?
– Eh bien… Je ne me souviens pas vraiment…
– Une silhouette ressemblant à Aelita, n'est ce pas ? Yumi l'a vu aussi et moi également…
Maintenant qu'il le lui disait, Ulrich réalisait que Jérémie avait raison, ce jour là, c'était bien une humaine ressemblant à Aelita qui l'avait attaqué.
– Mais…
– J'ai découvert que Xana avait ôté le bug de sa matérialisation avant de la tuer elle s'est donc dévirtualisée mais il a fait en sorte qu'elle ne sorte pas du scanner. Il l'a plutôt envoyée autre part… Là où il pourrait la récupérer plus tard…
– Elle n'est donc pas morte ?
– Considère que si Ulrich. J'ai espéré longtemps mais il n'avait aucun intérêt à la garder en vie. Il s'est servi de ses données et connaissance pour matérialiser celle qui vous a attaqué et se faire sa propre enveloppe corporelle. Du moins est ce que j'en ai déduis…
– Alors il n'y a plus d'espoir…
Jérémie se détourna et regarda son ordinateur en essuyant ses joues avec la manche de son sweat.
– Mais nous n'avons pas tout perdu Ulrich. Même si elle n'est plus là, je veux faire de ce monde celui dont Aelita rêvait. Je ne partirais pas avant d'avoir réduit à néant toutes les forces de Xana.
Ulrich se leva et posa la main sur l'épaule de son ami.
–Je t'aiderais du mieux que je peux. Pour Aelita, pour Odd et pour … pour Yumi…
Sa voix avait légèrement tremblé en prononçant le dernier prénom et une vive douleur ressurgit dans sa poitrine. Une souffrance qui refaisait surface de nouveau dès qu'il prononçait le prénom de ses amis et surtout, celui de Yumi. Il se tut et regarda Jérémie pianoter sans rien ajouter. Il se rassit et l'observa de dos jusqu'à ce que celui-ci se tourne vers lui.
– Si tu es prêt à aider alors je vais avoir des missions pour toi.
Il avait retrouvé son ton habituel, froid et professionnel, chassant tout sentiment de son être. Jérémie avait trop peur de souffrir, il préférait désormais cacher sa peine de peur qu'elle ne l'envahisse et le fasse tomber. Alors il luttait de toutes ses forces, il s'acharnait contre son ennemi sans répit et ne parviendrait pas à trouver la paix tant qu'il n'aurait pas tenu la promesse qu'il s'était faite, faire de ce monde celui dont Aelita rêvait…
– Je te fournirais l'arme que tu veux et tu seras au commandement d'une des équipes que j'ai formé. Ce sont des personnes sûres et parfaitement capables.
– Attends de quoi tu parle exactement ?
– Je sais que tu en es capable.
– Explique toi clairement…
– J'ai découvert récemment que Xana n'abattait pas tous les humains qu'il trouvait. Bien sûr, certains se soumettent à lui mais il y a ceux qui persistent à résister et parmi les prisonniers il y'en a qui viennent de chez nous. J'aimerais les libérer Ulrich. Je sais que Xana les garde quelque part en vie dans l'espoir d'obtenir quelque chose d'eux. Je sais où maintenant, je l'ai découvert il y a quelques jours !
– Et tu veux que j'aille les chercher ?
– J'ai déjà mis un plan au point mais je ne savais pas qui envoyer. Maintenant que tu es là…
– Jérémie je ne suis pas sûr de …
– J'ai confiance en toi, Ulrich.
Le ton convaincu et convaincant de Jérémie décida Ulrich qui hocha gravement la tête. Jérémie se tourna alors vers l'écran et ouvrit une nouvelle fenêtre. Du doigt il montra un point précis et durant plusieurs heures, l'intellectuel expliqua à Ulrich le plan qu'il avait mis au point durant ces derniers jours. Ulrich posa une question de temps en temps, voulant être sûr de comprendre mais il n'interrompit presque jamais le blond. Il lui montra les plans de la forteresse où été retenu les prisonniers, le briffa sur les membres de son équipe, lui assura qu'il lui fournirait les armes demandées bref tout ce dont il avait besoin.
–Qu'est ce que tu en pense ?
–Tu as tout préparé, aucun détail ne t'a échappé. Là, tu m'épate Jérem' ! Mais … quand veux-tu que cela se fasse ?
–Le plus tôt possible, trancha Jérémie. Ton équipe arrive demain, tu pourras faire connaissance et vous partirez dès que vous vous sentirez prêts.
Malgré sa surprise devant le ton sans appel de son ami, Ulrich ne songea même pas à le contredire. Il n'y aurait eu d'ailleurs aucun intérêt car il approuvait et comprenait Jérémie. Ils discutèrent encore quelque peu, mettant au point certains détails à la demande d'Ulrich puis l'intellectuel lui ordonna de dormir un peu et ce dernier n'accepta qu'à la condition qu'il fasse de même. C'est donc avec lassitude qu'ils s'allongèrent sur les matelas miteux. Ulrich entendit son ami soupirer et sans même s'en rendre compte, il l'imita. Jérémie n'aimait pas plus dormir que lui, il lui avait avoué que ses cauchemars non plus ne cessaient pas. Le sommeil était devenu leur ennemi. Les souvenirs douloureux profitaient de cet instant où ils se retrouvaient sans défense pour les submerger. Ulrich était allongé sur le dos, les yeux grands ouvert, bras croisé sous la nuque. Il savait que s'il fermait les yeux, la sensation de peur, de peine, de tristesse qu'il tentait de refouler à longueur de temps se ferait un malin plaisir à ressurgir.
–Jérémie ?
– Mmm ?
– ça fait combien de temps maintenant ?
Jérémie avait parfaitement comprit de quoi il parlait. Il soupira profondément.
–Trois mois et demi, Ulrich, trois mois et demi que Xana domine. Ça fait trois mois et demi qu'on les a perdu…
–Alors dis moi, c'est normal ?
–Quoi donc ?
–Que la douleur soit encore comme au premier jour ?
Jérémie se figea. Ulrich n'avait jamais été quelqu'un qui confiait ce qu'il ressentait et pourtant il était bel et bien en train d'avouer ses sentiments à lui, Jérémie, dans une pièce sombre et humide.
–Tu l'aimais, n'est ce pas ? Malgré le fait que tu nous dises toujours le contraire, tu l'aimais, hein ?
–C'était la femme de ma vie, je voulais la rendre heureuse Jérémie. De tout mon cœur, je souhaitais la voir continuer à rire comme elle le faisait si souvent. J'aurais aimé la prendre dans mes bras, j'aurais voulu… J'aurais voulu tant de chose pour elle… mais maintenant… maintenant… je ne peux plus, il me l'a enlevé…
–Je sais, Ulrich, je sais.
–Tu la vois encore ?
–Non, je ne peux plus le supporter Ulrich. Ces cauchemars qui se répètent encore et encore… Non, je ne peux plus… Et tu devrais les éviter aussi, sinon tu vas craquer, je sais que tu n'es pas aussi invincible que tu veux le faire croire…
–C'est tout ce qu'il me reste Jérémie… C'est tout ce qui me reste…
–T'imaginer sa mort ne t'aidera pas, au contraire, cela va te détruire.
–Mais au moins je la vois, même si c'est à l'agonie, je la vois.
–Ulrich…
–Je sais ce que tu vas me dire mais non, c'est impossible. Tu crois pouvoir oublier Aelita ?
Jérémie frissonna.
–Non, jamais je ne pourrais.
–Jamais je n'oublierais Yumi, elle était mon rayon de soleil. Et même si c'est en train de mourir, si je peux la voir alors je le ferais…
Le silence s'installa et ils perçurent les respirations régulières des autres dans la pièce voisine. Jérémie se tourna sur le côté gauche, les yeux grands ouverts. Il savait qu'il ne pourrait pas dormir et il bénissait les dieux que ce soit le cas. Au contraire d'Ulrich, ses cauchemars l'effrayaient au plus haut point. Il les redoutait plus que Xana lui-même. Cela le tuer de l'intérieur et il n'en pouvait plus, cette scène provoquait chez lui des sueurs froides, rien que son nom le faisait frissonner, l'évocation de son souvenir le rendait faible. Mais il ne pouvait pas se le permettre.
Il resta longtemps allongé dans le noir sans ressentir la moindre fatigue. Au bout de plusieurs heures, il sut qu'Ulrich s'était endormi car il l'entendit s'agiter sur son matelas et il devina la raison de son agitation. Peu à peu il commença à sombrer dans les brumes du sommeil. Il luttait de toutes ses forces pour ne pas s'endormir mais s'apercevait que la fatigue accumulée allait le trahir. Une voix lointaine lui parvint soudain, une voix qui fit monter les larmes à ses yeux. Une voix douce et familière, une voix chérie qui lui avait tant manqué. Petit à petit la vision d'un ange se dessina devant lui tandis qu'il abaissait les paupières. Une infinie langueur envahissait son esprit alors que la voix semblait se rapprocher. Il secoua la tête de droite à gauche, comme pour la chasser. Non, il ne voulait pas l'entendre à nouveau, il ne voulait pas la revoir, c'était bien trop douloureux. La souffrance qu'il ressentait à chaque fois qu'elle disparaissait encore une fois, il ne la supportait plus. La déchirure qui fendait son cœur en deux le tuait à petit feu. Mais aujourd'hui pourtant, le sommeil paraissait plus fort que lui, sa lutte semblait inutile. Il s'abandonna soudain à ce flux de souffrance, trop fatigué pour lutter et la silhouette se fit plus nette lorsqu'une alarme se mit en marche.
Jérémie et Ulrich sursautèrent, tirés du sommeil par l'ordinateur qui émettait un son strident. Jérémie bondit sur ses pieds et s'installa rapidement sur sa chaise en refoulant ses sentiments qui le faisaient tant souffrir. Des fenêtres s'ouvrirent sur son écran tandis qu'Ulrich se levait plus lentement. Son visage était blême, ses traits tirés et au fond de ses yeux brillait encore une lueur d'espoir et de douleur. Il posa une main lasse sur l'épaule de Jérémie et demanda la raison de se vacarme qui venait de réveiller tout le monde.
– L'arrivée de ton équipe Ulrich. Il y en a quatre sur les six qui sont en chemin. Ils seront là dans dix minutes.
– Ok, allons les recevoir.
Jérémie rétablit la pleine lumière dans la pièce adjacente, réveillant pour de bon ceux qui tentaient de se ré-endormir puis il se leva et passa la porte sans discrétion aucune.
– Jérémie, qu'est ce qui se passe encore ? bougonna Jim en se levant avec lenteur.
– On a de la visite. L'équipe dont je vous ai parlé, Ulrich est d'accord.
– Ça c'est une bonne nouvelle, lança Ana d'un ton plein d'espoir.
Ulrich se remémora les paroles de Jérémie dites la veille. Le frère d'Ana était sans aucun doute parmi les prisonniers capturés le mois précédent et il lui jeta un regard confiant qui fit naître un maigre sourire sur le visage fin et délicat de la rousse.
– Ah les voilà ! déclara Marc.[/i]

Yumi94
30/05/07 à 23:10
C'est génial !!! Les pauvres, perdre tout le monde d'un coup sa a du leur faire très mal. J'ai jamais autant pleurer pour une fic. Tu nous fait vraiment resentir ce que sente les personnage. Je continue a penser qu'ils ne sont pas mort ou du moins je l'espere.

Bisous

Susana

Scrunchy
31/05/07 à 08:48
Cette fic est extraordinaire : la façon dont tu fais passer ces sentiments est géniale !
Les fics de qualités comme celle ci m'aident beaucoup à attendre les épisodes de la saison 4 !

spidernico
31/05/07 à 09:06
C'est vrai que si y avait pas les fanfics, je sais pas comment je ferais pour attendre la Saison 4 ! C'est tout juste génial !

Ta fanfic est vraiment bien décrite et c'est une des rares fanfics que j'adore qui soit en dehors de la partie Romance ! Et bien sur, je veux la suite !

Artémis
03/06/07 à 00:41
Hum hum...c'est intéressant. On avance pas à pas dans l'histoire...ils sont vraiment morts??Ca me tue rien que de le penser...enfin bon, c'est plutôt les garçons qui sont à plaindre. Ana me semble amicale, mais sans plus pour être honnête...
Très bon style (comme d'hab'), description parfaite (comme d'hab' aussi^^), les sentiments toujours aussi présents, et plus moins forts. Cependant, on ressent bien cette tension qui reste et qui rappelle le fait qu'ils ne sont plus que deux et que trois de nos amis sont morts...c'est triste...
voilà...c'est bien, maintenant, parfait, rien à redire franchement...compliments. Bonne continuation (fais de ton mieux hein, va pas t'aggraver la santé pour nous...).