Histoire : Vaellus - Épisode #1 : À armes égales


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Écrite par Pete le 11 février 2005 (8072 mots)

C’était dans les Montagnes, terres orientales de Lyoko, sur un sentier sinueux. Une clarté mauve réchauffait la roche grise ; des montagnes ténébreuses chargées de brume montaient de la mer numérique ; de place en place, au-dessus des nuages, s’étiraient des ponts de granit ; des arbres épars agrémentaient les lieux ; un sable rose, mêlé de pierres polies, parsemaient les chemins.
Quatre lyokonautes sur trois véhicules se rendaient à une tour. Ils filaient comme le vent vers leur but, sous l’œil bienveillant de l’opérateur.

- Yahou ! lança Odd en godillant sur son overboard.
- Tu t’amuses toujours autant, toi, constata Ulrich, assis sur son overbike.
Encore une mission de routine, se dit Ulrich. Odd avait l’air de s’amuser, comme toujours. Il était content comme le premier jour, celui où, en janvier dernier, Jérémie lui avait présenté sa nouvelle monture. C’est mon cadeau de Noël, avait-il dit le regard brillant. C’est qu’il était passionné de skate, et force était de constater que le modèle volant était plus amusant que ses cousins à roulettes. Yumi et Aelita étaient placides ; mission-mission, comme d’habitude. Était-il le seul à ressentir de la lassitude ?
Il s’était attendu, après l’évasion de XANA, à un redoublement des attaques ; mais depuis deux mois que XANA s’était « échappé », il n’avait activé en tout et pour tout que trois tours, sans qu’il y ait d’attaque importante sur Terre. Comme s’il fallait à XANA du temps pour s’adapter à ses nouveaux habits. Peut-être préparait-il quelque chose, une attaque de grande envergure ? On n’était jamais assez méfiant avec ce monstre là. Et Hopper, dans tout ça ?
- Sais-tu ce que mijote XANA, Jérémie ?
- Rien à signaler sur Terre, pour l’instant. Apparemment, c’est encore une attaque de rien du tout. Vous devriez avoir la tour en vue, maintenant.
- Tour activée à 13 h, déclara Yumi. On va passer par bâbords, les gars. Tenez bien les flancs. M’étonnerait pas que XANA nous ait tendu une embuscade.
Décrivant un large arc de cercle, les lyokonautes contournèrent par la gauche un piton rocheux.
- Monstres détectés droit devant vous, prévint Jérémie.
- On voit ça Einstein, railla Odd. Merci quand même !
Un sentier gris tirant sur le mauve contournait par la gauche le piton rocheux en direction de la tour. A droite, le roc, à gauche, la brume. Une brume épaisse et blanche, qui, vue en plongée, se laissait teinter par un légère lumière bleue qui perçait de la mer numérique.
Devant eux, sur toute la largeur du terrain, se dressaient les bataillons de XANA. Une ligne de krabes, un carré de blocks, quelques kankrelats et deux tarentules en retrait, sur des hauteurs, en contrefort du piton. Curieusement, aucun monstre ne montait la garde devant la tour.
- On pourrait faire un détour par l’ouest pour éviter ces monstres, suggéra Aelita.
- Je ne le sens pas, lui répondit Yumi. Peut-être est-ce un piège pour nous faire faire un détour, justement. Autant profiter du faible nombre de monstres pour aller tout droit à la tour.
- « Faible nombre » n’est pas le terme que j’emploierais, Yumi, grommela Ulrich. C’est parti !
Ulrich fonça sur l’aile gauche de la ligne de krabes en slalomant pour éviter les tirs. Au même moment, Odd survolait les blocks.
- Flèches laser !
La rafale faucha deux blocks, et Odd entama un looping pour effectuer un deuxième passage, bravant comme à son habitude le feu ennemi. Alors qu’il était à quelques mètres du précipite et des monstres, Ulrich vira brusquement pour passer derrière les krabes, afin de longer leur ligne et trancher quelques pattes. Ayant compris la manœuvre, des krabes reculèrent et d’autres se retournèrent pour prendre Ulrich à son propre piège, en sandwich. Peine perdue ! Car Ulrich opta pour une attaque en ciseau. Son véhicule était plus maniable et plus rapide que les krabes, il garda l’initiative et sema le chaos dans les rangs de XANA.
Yumi en profita pour passer au milieu du dispositif, en direction des tarentules. XANA les avait placées relativement proche l’une de l’autre pour maximiser leur puissance de feu, pensant probablement qu’elles ne pourraient pas manœuvrer à cause des autres monstres. Mais il se privait du même coup de l’avantage d’un feu croisé. Yumi et Aelita en profitèrent.
- C’est le moment, Aelita !
Concentrant son esprit sur l’espace qui les séparait des tarentules, elle fit apparaître une rampe très haute, qui faisait écran aux lasers des deux bestioles. Yumi se rapprocha du sol et emprunta la rampe à la base, pour entamer une spectaculaire ascension. Aelita entendait les impacts de laser sous sa structure, mais elle savait qu’elle tiendrait suffisamment longtemps. Arrivé au sommet, l’overwing fit un bond en cloche au-dessus des monstres, puis s’éloigna à pleine vitesse en une trajectoire courbe et ondoyante, en direction de la tour. Les tarentules ne les poursuivirent pas et tournèrent leurs armes contre Odd et Ulrich.
La tour se dressait au beau milieu d’une zone dégagée, comme une clairière dans une forêt de montagnes, de pics rocheux et de brume.
- Est-ce qu’il y a des monstres dans les parages ? demanda Yumi à Jérémie.
- Pas que je sache. Vous pouvez y aller.
Yumi se rangea juste devant la tour, et Aelita, d’un bond, traversa la paroi. Arrivée au milieu des cercles blancs, elle s’éleva vers la console. Aelita aimait beaucoup cette sensation d’apesanteur, peut être parce qu’elle était liée à la réussite des missions. Sa peur s’évanouissait en même temps que son poids. Devant l’écran holographique, elle s’identifia et entra le code « Lyoko », ce précieux mot de passe root qui lui permettait de reprendre le contrôle de la tour et de couper le réseau de communication entre XANA et ses créatures. Ce code lui était d’autant plus cher qu’il lui avait été donné par son père ; c’était l’héritage qu’il lui avait laissé avant de disparaître. Où qu’il soit aujourd’hui, il continuait de la protéger comme il l’avait toujours fait. Il lui avait aussi laissé son journal, mais c’est aussi son fils spirituel, Jérémie, qui en avait hérité.
- Tour désactivée, annonça-t-elle, tandis que les écrans holographiques qui tapissaient les parois s’éteignaient en cascade.
Elle s’avança à pas lents du bord de la plate-forme et plongea vers le niveau zéro pour rejoindre Yumi.
- Encore une mission réussie, constata celle-ci. XANA n’est décidément pas très combatif depuis son évasion. Moi qui croyais qu’il allait se déchaîner...
Odd et Ulrich eurent tôt fait de les rejoindre.
- Odd, tu as perdu 60 points de vie, remarqua Jérémie. Sois plus prudent, la prochaine fois !
- Bah, l’important, c’est que j’ai fait exploser tous ces blocs, non ? C’est le résultat qui compte !
- Certes, mais la tactique d’Ulrich était plus étudiée.
- C’est le style non académique d’Odd qui fait son charme, dit Ulrich sournoisement.
- Ouais ! Et je suis sûr que ça rend XANA malade d’avoir en face de lui un adversaire en apparence illogique, donc imprévisible, ricana-t-il.
- Odd est le roi de la diversion, ajouta Aelita en lui faisant un clin d’œil.
- Qu’est ce que c’est que ça ? s’écria Jérémie.
- Quoi « ça » ? demanda Ulrich.
- Je détecte un groupe de monstres pas loin de vous, en approche.
- La tour est pourtant désactivée ! s’étonna Yumi.
- XANA peut envoyer des monstres sans tour activée, objecta Jérémie. Il utilise pour cela la matrice inertielle.
- Je voulais dire qu’il n’a plus aucun intérêt de venir défendre cette tour, précisa Yumi.
Odd, Ulrich et Yumi avaient déjà brandit leurs armes, prêts à repousser la nouvelle vague des soldats de XANA.
- Aelita ! À couvert dans la tour ! ordonna l’opérateur. Je lance le superscan pour détecter une éventuelle autre tour activée. On ne sait jamais.
Aelita s’était réfugiée dans la tour avec Yumi. Les garçons avaient décidé bravement de monter la garde à l’extérieur.
- Jérémie, des nouvelles ? demanda Ulrich.
- Le superscan est toujours en cours. L’ennemi manœuvre lentement, derrière la crête au nord-est. Ils ne sont que deux. Oh non, impossible de les identifier, ce doit être de nouveaux monstres ! Et blindés en points de vie, en plus !
- On sait maintenant à quoi XANA a passé ses vacances, dit Odd. Je les attends de pied ferme.
- Ces monstres ont l’air plus malin que les autres. Soyez sur vos gardes. (Il ajouta : ) ça y est, le superscan a détecté une tour activée. Elle est à l’autre bout du territoire. Aelita et Yumi, allez y pendant qu’Odd et Ulrich retiennent les nouveaux monstres. Attention, ils se déploient de part et d’autre de la crête !
- J’aime pas ça, grogna Ulrich, en fixant du regard la crête. Puis il tourna la tête : dépêchez-vous, les filles !
Yumi et Aelita sortirent de la tour et embarquèrent sur l’overwing. Yumi décolla prudemment, attentive aux déplacements des monstres.
- En voilà un ! s’écria Odd. La vache, il est humanoïde ! XANA a fait des progrès ! Flèche laser !
Le monstre se cacha aussitôt derrière un rocher.
- XANA a déjà programmé des monstres humanoïdes, lui rappela Jérémie. Une fausse Yumi, un faux Franz, et un polymorphe faux tout le monde. On sait que c’est dans ses cordes.
Soudain, ils virent le deuxième monstre sortir la tête de sa cachette, pointer son arme vers le ciel, et décocher un tir d’une redoutable précision qui faucha net l’overwing, que Yumi laissait s’éloigner imprudemment selon une trajectoire rectiligne.
- Je croyais qu’on était hors de portée ! s’écria-t-elle en tombant.
Ulrich se précipita vers le monstre qui avait tiré.
- Couvre-moi, Odd !
- Je dois déjà me couvrir moi ! Et je te signale qu’il ne me reste plus des masses de points de vie !
Odd fut pris sous un feu croisé. Un saut acrobatique lui permit d’éviter les rayons, mais alors qu’il était en l’air, un bouquet de laser le frappa de plein fouet et il fut aussitôt dévirtualisé. Voyant cela, Ulrich battit en retraite jusqu’à son overbike, qu’il lança à vive allure en direction d’Aelita, en pilotage automatique (une nouvelle fonction développée par Jérémie).
Yumi rejoignait la zone de combat au pas de course. Elle essuya une rafale de rayon qu’elle esquiva à grande peine.
- Excellente idée, Ulrich ! dit Jérémie en voyant sur ses écrans Aelita qui se hissait sur l’overbike. Aelita, il y a une tour désactivée au sud-ouest. Fonces-y ; il n’y a apparemment aucun monstre. C’est plus prudent que de retourner dans la tour que tu as désactivée, sous le feu de ces choses !
Yumi reçu deux coups dans la poitrine et s’étala sur le sol.
- Yumi ! Tu viens de perdre 80 points de vie ! Ces monstres sont monstrueux !
Ulrich, à son tour, reçu un coup dans la jambe. Il était handicapé par la courte portée de son arme. Il poursuivit sa retraite.
Yumi lança ses éventails vers le monstre qui était le moins éloigné d’elle. Il s’était dressé à découvert. Elle le distinguait bien, maintenant. Il esquiva sans peine son éventail et lui décocha un tir en pleine figure. Elle fut dévirtualisée. Ulrich, désormais soumis à un tir nourri des assaillants, reçu plusieurs coups et se dévirtualisa.
Les trois lyokonautes restèrent un moment hébété dans la salle des scanners.
- Oh, la vache, balbutia Odd, je n’ai pas eu le temps de dire ouf !
Ulrich acquiesça :
- ces monstres sont d’une vélocité sans pareil !
- Il va falloir revoir notre stratégie, conclut Yumi en entrant dans l’ascenseur.
A ce moment là, Aelita sortit d’un des scanners et les rejoignit.
- XANA a eu le dessus, à ce que je vois. D’autant que je n’ai pas pu désactiver la tour, elle était trop sévèrement gardée.
Elle avait la voix et le visage inquiet.
Jérémie se précipita vers eux dès l’ouverture des portes de l’ascenseur.
- Alors, qu’est ce qui s’est passé ? Sur mes écrans de contrôle, je n’ai eu le temps de rien voir. Il va falloir que j’étudie les logs.
- Tu es sûr qu’ils n’étaient que deux ? lui demanda Yumi.
- Oui, selon l’holomap, ils n’étaient que deux.
- J’espère que XANA n’a pas créé des monstres furtifs, s’inquiéta Ulrich. En tous cas, moi je n’en ai vu que deux.
- Impossible de créer des monstres furtifs, affirma Aelita. Une sous-fonction du noyau l’empêche.
- Ils ressemblaient à quoi ? demanda Jérémie.
Odd écarquilla les yeux :
- Euh, j’ai à peine eu le temps de voir sa tête que je me suis retrouvé dans le scanner.
- Moi j’ai eu le temps d’en voir un, dit Yumi. Il m’a fait penser à un guerrier indien, avec un turban jaune et une tunique ample, vert foncé. Il était armé d’une sorte de hallebarde, avec laquelle il tirait des rayons lasers.
- Eh bien, XANA change de style, soupira Jérémie. Il se rassit devant sa console et commenta :
- Regardez, les deux monstres sont maintenant devant la tour. Je ne sais pas ce qu’ils y font. Puis il se mit à marmonner en jargon d’informaticien.
Odd l’interrompit :
- Il faudrait leur trouver un petit nom, à ces nouveaux monstres. Qu’est ce que vous dites de « déva » ? Comme les demi-dieux hindous, et comme diminutif de « dévastateur » !
- Pas mal, Odd. C’est adopté !

En classe, Jérémie arborait son visage usuel de bon élève, mais il était soucieux. Il avait dû quitter avec les autres l’usine pour se rendre en cours. Les cours l’exaspéraient de plus en plus -du moins en classe de science. Les cours de maths de 3ème lui paraissaient simplistes, autant que ceux de l’année passée. Son père Michel, et ce psychologue scolaire, monsieur Hanz Klotz, n’avaient pas tort, finalement ; la classe de 3ème ordinaire n’était pas à sa convenance. Quelle plaie, ce collège ; il aurait tant aimé se consacrer à ses travaux. Au début, quand il était plus jeune, cela l’amusait de dominer le sujet, d’avoir une vision globale des problèmes posés, d’anticiper les paroles du professeur. Mais plus maintenant : il s’était lassé de ce petit jeu vaniteux ; et il avait d’autres chats à fouetter. Les retours vers le passé lui donnaient plus de temps pour travailler, mais l’obligeaient à assister à plus de cours, et à réécouter plusieurs fois les mêmes évidences -et les mêmes rappels à l’ordre : « chut », « taisez-vous », « sortez vos livres », « soyez attentifs », « Odd, on n’est pas en cours de dessin », « Ulrich, c’est ici que ça se passe », « Élisabeth, vous voulez que je vous envoie chez monsieur votre père ? », « Émilie, votre carnet sur mon bureau »... C’était peut-être cela le plus pénible.
Monsieur Charlier, le nouveau professeur de mathématiques, expliquait le b.a.-ba de la trigonométrie ; lui s’en servait tous les jours dans ses programmes 3D, à un niveau bien supérieur. On lui expliquait les identités remarquables ; il était un as des équations différentielles.
Il en était réduit à dissimuler ses capacités réelles à ses professeurs. Le test de QI ordonné par Hanz Klotz avait été comme un signal d’alarme : aux yeux de ses professeurs, il n’était pas à sa place dans ce collège. L’ironie de la situation était qu’il était bien d’accord avec ça ; il aurait aimé (d’un point de vue strictement intellectuel) suivre des cours scientifiques d’un niveau supérieur. Mais c’eut été dire adieu à Lyoko, à Aelita et à ses amis ; c’est à dire à ce qui était le plus cher à son esprit et à son cœur. Ses recherches dans les pas de Franz Hopper étaient de loin la plus stimulante de ses activités ; et ses amis lui étaient précieux. La plupart des enfants le trouvaient ennuyeux, prétentieux dans sa façon de parler, « intello » ; eux l’avaient accepté et apprécié tout de suite. Puis le destin en avait fait des compagnons d’arme, contre XANA. Il avait rencontré Aelita, son alter ego féminin et numérique, le seul être dans ce monde qui pouvait pleinement le comprendre, dans tous les sens du terme ; le seul qui pouvait apprécier son travail à sa juste de valeur. Les autres peinaient à comprendre ce qu’était l’administration d’une machine telle que le super calculateur quantique.
- Qui peut me répondre ? demanda monsieur Charlier.
- B= (2a - 3)², répondit Jérémie en levant machinalement le doigt
- Il y en a au moins un qui suit, ici, crut constater Charlier.
Ils ne se rendaient pas compte. Ils s’étaient plus ou moins imaginé que les envoyer sur Lyoko n’était pas plus difficile qu’un jeu vidéo un peu ardu pour joueur chevronné. Quelle fut la surprise de Yumi lorsqu’elle dût le virtualiser, en octobre dernier ! Avaient-ils idée de ce qu’était la programmation ?
Oui. Il leur avait prodigué quelques leçons initiatiques, l’an dernier, avant la matérialisation d’Aelita. Seule Yumi était restée attentive, le front plissé par la concentration. Odd avait rapidement décrété qu’il laissait à Jérémie le monopole des lignes de code et qu’il était favorable à la division du travail, que c’était le principe d’une équipe, et qu’il renonçait désormais à convaincre Jérémie d’aller sur Lyoko. Ulrich avait suivi un moment, mais son regard devint vite dubitatif. Il avait dit : « À t’entendre, ce n’est pas plus compliqué que la belote, petit génie ! ».
C’était peut-être parce qu’Aelita était celle qui avait le plus conscience de l’ampleur de la tâche qu’elle était aussi la plus inquiète. Elle l’avait mis en garde contre l’utilisation irréfléchie de la Marabounta, elle s’était inquiétée de son état psychique lié à l’usage abusif du casque de Hopper, elle avait senti la menace lors de cette fameuse « dernière mission ». Elle avait, en outre, l’intelligence et les connaissances en informatique et en programmation nécessaire pour suivre et comprendre son travail. D’ailleurs, elle n’avait pas été en reste...
La cloche retentit. Monsieur Charlier dictait la liste des exercices à faire pendant que les élèves rangeaient leurs affaires. Lui n’avait fait aucun exercice de maths depuis la rentrée ; il les expédiait au moment de la correction, avec une ou deux questions d’avance au cas où il serait interrogé.

Jérémie et Aelita étaient installés côte à côte à une table de la bibliothèque. L’ambiance était feutrée, le ton magenta, ils parlaient à voix basse.
- Il faut retourner sur Lyoko tout de suite, Jérémie !
- Pas question ! répliqua-t-il aussitôt, Yumi n’est pas libre avant ce soir, et avec ces monstres, tu auras besoin de l’escorte la plus nombreuse possible.
- A ce propos, tu as terminé... chuchota Aelita.
- Ce n’est pas encore près, la coupa-t-il, désolé.
Aelita fronça légèrement les sourcils et, tout en le fixant, baissa à peine les yeux et les paupières.
- Tu sais bien que je fais tout mon possible, Aelita, réagit-il. Je n’ai pas peur ; j’ai seulement beaucoup de travail. Je bosse sur plusieurs programmes en même temps ; et je ne considérais pas celui-là comme prioritaire jusqu’à aujourd’hui. Mais il est bien avancé, presque fonctionnel à part quelques anomalies, et comme il utilise beaucoup les bibliothèques de Lyoko, le débogage devrait être rapide.
- J’ai confiance en toi, Jérémie. Mais en attendant, nous devons désactiver cette tour au plus vite. Dieu sait ce que XANA est en train de préparer ! Nous ne pouvons mettre la vie des gens en danger en attendant Yumi des heures ! On a déjà trop attendu. Je te promets d’être très prudente. Odd et Ulrich ne me lâcheront pas d’une semelle ; et au moindre pépin, je me mettrais à l’abri.
Jérémie n’était pas rassuré. Il savait que dans le feu de l’action, Aelita était capable de prendre de gros risques pour accomplir sa mission. Elle s’était déjà sacrifiée deux fois pour mettre fin à la menace de XANA, et Jérémie l’avait sauvé in extremis. Mais d’un autre côté il se rendait compte qu’elle avait raison, que l’on ne pouvait pas laisser les mains libres à XANA durant l’après-midi entier. Trop de risques. Ils devaient y aller.

Le groupe traversa le parc en espérant comme chaque fois ne pas être repéré, car le soleil était quasiment à son zénith. Direction, la bouche d’égout. Une bouche d’égout en plein milieu d’un parc, ce n’est pas courant, mais personne ne s’en inquiétait. À ce propos, Jérémie s’était rendu compte que les égoutiers, qui devaient bien faire une ronde dans le coin de temps en temps, ne tenaient pas compte des skates et des trottinettes se trouvant sous la bouche d’égout du parc d’un établissement scolaire. Ce ne devait pas être leurs oignons.

Jérémie pianota sur l’ordinateur de contrôle. Il lança un superscan, qui analysait toutes les tours de Lyoko pendant qu’il scrutait le territoire des montagnes avec l’holomap.
- Les devas sont toujours postés devant la tour. Ils sont trois maintenant, lâcha-t-il.
L’atmosphère devint lourde dans la pièce, jusqu’à ce que Jérémie s’exclame :
- Voilà, le superscan est terminé ! La tour de ce matin n’est pas réactivée. J’ignore pourquoi les devas y montent la garde. L’autre tour activée est sur le même territoire, comme vous le savez. Je vous y transfert, descendez à la salle des scanners.
Odd, Ulrich et Aelita se dirigèrent de l’autre côté de la salle, vers l’échelle de secours. Durant l’été, Odd, Ulrich et Yumi avaient trouvé le moyen de retirer une dalle contiguë au trou de l’échelle, afin d’élargir l’ouverture. ils y avaient accroché une tige de métal trouvée dans l’entrepôt souterrain de l’usine. Grâce à cette barre d’acier, ils pouvaient descendre d’un trait aux scanners, comme les pompiers au garage.
Les trois lyokonautes entrèrent dans les trois scanners ; Jérémie mis en route la procédure de virtualisation, maintenant bien rodée. Transfert Ulrich, transfert Odd, transfert Aelita, scanner, virtualisation.
Tous trois apparurent sur Lyoko, quelques mètres au-dessus du sol, dans un tournoiement de chevrons blancs translucides.
- Vos véhicules arrivent, madame et messieurs. Les clés sont sur le contact.
- Tenez, mon brave, plaisanta Ulrich en tendant un billet imaginaire vers le ciel.
- Tour activée au cap 220 ; tour de ce matin cap 30, toujours inactive. Soyez prudent !
- Tu fais bien de nous le rappeler, mon pote, parce qu’on avait l’intention de faire du saut à l’élastique au-dessus de la mer numérique ! railla Odd.
Les trois amis empruntèrent un sentier sinueux caractéristique du territoire de l’est qui menait jusqu’à la tour.
La tour était gardée par des troupes peu nombreuses, faites de blocks et de kankrelats, mais XANA était en train de faire apparaître deux krabes à proximité de la tour. Odd fondit sur les kankrelats en leur décochant des volées de flèches. Aelita, cachée en retrait envoya un leurre dans les rangs des blocks, désorganisant ainsi leur formation et provoquant plusieurs bavures, certains blocks recevant des lasers perdus. Ulrich, du haut de son overbike, chargea comme un paladin les ennemis qui étaient dans ses parages.
Jérémie se mit alors à fredonner : « Les exploits d’un chevalier solitaire, dans un monde dangereux... »
Odd et Ulrich ayant éclairci les rangs ennemis, Aelita s’élança vers la tour. Ulrich l’escorta tandis que Odd, du haut de son overboard, tenait à distance les groupes éparpillés de blocks et de Kankrelats qui tentaient d’approcher.
Jérémie fut soulagé de voir Aelita pénétrer saine et sauve dans la tour. Elle allait la désactiver ; et il n’y en avait pas d’autre activée. La mission est une réussite, se dit-il. Seulement, la dernière fois qu’il s’était dit ça, sont équipe avait été décimé par deux adversaires. Espérons qu’il ne sera pas de même cette fois là...
- Tour désactivée.
- Très bien, fit Jérémie. Il semble qu’il n’y ait plus de tour activée dans le territoire des Montagnes.
- On devrait peut aller jeter un petit coup d’œil du côté de l’autre tour, proposa Ulrich. J’aimerais savoir si ces nouveaux monstres sont toujours là-bas.
- D’ac, on y va, fit Odd.
Les lyokonautes prirent un cap moyen de 30 degrés, serpentant en direction de ce qu’ils baptisaient la clairière.
- Les devas sont toujours là, dit Jérémie, mais il n’y en a plus que deux, apparemment. Ils sont tout près de la tour, à découvert.
- Et bien on va se cacher derrière les rochers, comme ils l’ont fait ce matin, proposa Odd.
- Oui, nous deux. Ulrich pourrait faire diversion.
- Comment ça ? Tu veux que je leur fonce dessus et que je me prenne tous les coups à votre place ?
- Pas exactement. Tu vas voir.
Ils arrivaient sur les lieux de l’embuscade de la dernière mission. Aelita leur fit signe de s’arrêter.
- Odd, va te cacher derrière les rochers et attend mon signal pour agir.
- J’y vais, princesse. Tes ordres sont mes désirs !
- Ulrich, tu vas foncer dans le tas à mon signal. Mais pas sans une escorte.
Aelita s’agenouilla, et fit apparaître un leurre d’Odd et un leurre de Yumi, chacun sur leur véhicule, prêt à partir.
- Eh ! s’inquiéta Ulrich, tu vas te tuer, là ! C’est le troisième leurre que tu nous fabriques. Je te rappelle que ça te fait perdre des points de vie !
- Fait moi confiance, Ulrich. Quand tu seras lancé, triplique toi. Ça fera un total de cinq assaillants. De quoi les occuper pendant qu’Odd les prendra à revers.
- Pas bête. J’y vais !
Ulrich démarra en trombe, suivit de ses deux acolytes pilotés par Aelita. Les deux devas n’étaient plus postés devant la tour. Ils s’en éloignaient en direction du sentier. Lorsqu’ils virent arriver Ulrich et ses deux leurres, ils brandirent leurs armes. Les deux leurres se mirent à tirer. Les devas répliquèrent avec précision. Ulrich cria alors :
- Triplicata !
Deux autres Ulrich émergèrent alors de son corps virtuel et se rangèrent sur ses flancs. Les devas battirent alors en retraite tout en poursuivant leurs tirs. Une flèche laser et un éventail les touchèrent. Se rendant probablement compte que ces tirs ne leur causaient aucun dégât, et qu’en conséquence leurs auteurs n’étaient que des trompe-l’œil, ils concentrèrent leurs tirs sur les trois Ulrich.
A ce moment là, Odd jaillit de derrière les rocs et mitrailla les devas, en répétant « flèches laser » sur un ton ravi. Les devas encaissèrent plusieurs chocs mais répliquèrent d’un feu nourri qui obligea Odd à se mettre à l’abri derrière un rocher.
Ulrich en avait profité pour se rapprocher. Ses deux doubles avaient été abattus, car ils avaient une trajectoire rectiligne, mais lui avait su esquiver quelques lasers. Il était maintenant très proche des devas, lancé à pleine vitesse. L’un des devas était juste devant lui. Trop tard pour lui d’esquiver. Et même s’il parvenait à tirer sur Ulrich, il n’aurait pas le temps de lui faire perdre tous ses points de vie.
- Je te tiens ! exulta Ulrich en brandissant son sabre.
C’est alors que le devas lança sa hallebarde comme un javelot dans la roue unique de l’overbike. Ulrich fit une embardée, sans succès. Sa roue fut bloquée et il fit une terrible tonneau dans une gerbe d’étincelles bleutées. Le choc l’éjecta la tête en bas de son véhicule et il culbuta violemment sur le sol rocailleux. En relevant les yeux, il vit son overbike se dévirtualiser. Il tourna la tête et vit le devas. Il n’était plus armé. Apparemment, sa hallebarde avait été broyée dans le choc. Il tourna les talons et s’enfuit. Ulrich ramassa alors son sabre et se lança à sa poursuite. Alors qu’il gagnait du terrain, Jérémie l’avertit :
- Attention Ulrich, je détecte un troisième dévas près de la tour, on dirait qu’il s’approche !
Le troisième déva lança sur Ulrich des rayons laser mal ajustés, que celui-ci esquiva sans peine. Malheureusement, la manœuvre permit aux dévas désarmés de rejoindre son coéquipier, qui en découdrait avec Odd. Il paraît les flèches laser en faisant tournoyer sa hallebarde, un peu comme Ulrich avec son sabre. Odd était sur une corniche et mitraillait les dévas en contrebas. Il était descendu de son overboard et, comme il était immobile, ses tirs étaient bien plus précis. Plusieurs de ses projectiles avaient atteint les dévas. Mais ceux-ci esquivaient ou paraient les coups avec aisance, et se payaient même le luxe de riposter. Ils poursuivaient cependant leur retraite ; ils avaient maintenant atteint la clairière. Odd sauta sur sa planche et s’élança à leur poursuite, tandis que Aelita s’était avancée sur le champ de bataille pour prendre Ulrich au passage sur l’overwing.
Les deux dévas armés les mitraillaient pour ralentir leur progression. Odd répliquait en les arrosant de flèches.
- Je vais avoir besoin d’un nouveau chargeur, Jérémie ! Eh, je crois que j’en ai eu un ! cria Odd.
- Je n’en vois effectivement plus que deux sur l’holomap. Bravo, Odd ! Continuez comme ça !
Les deux dévas restant s’étaient réfugiés derrière la tour. Ulrich dit à son pilote :
- Largue-moi juste devant la tour, Aelita. Odd va faire un grand tour et les mitrailler par derrière. S’ils cherchent à se protéger avec la tour, ils tomberont sur moi ! Sinon, ils tomberont sous les coups d’Odd ! Prêts ?
Odd vit un large virage et commença à harceler les dévas, qui parvenaient à parer les coups. Aelita déposa Ulrich de l’autre côté de la tour. Ulrich, la main gauche effleurant la paroi et la main droite serrant le sabre, contournait subrepticement la tour. Du moins le croyait-il.
Car il entendit Jérémie s’écrier :
- Attention, Aelita, un troisième déva est sur toi !
Il eut à peine le temps de se retourner qu’un laser le frappa en pleine poitrine. Alors qu’il se dévirtualisait, il vit qu’un monstre s’était caché sur le toit de la tour, et qu’il venait de sauter sur Aelita, désormais sans défense.
Aelita vit atterrir derrière elle le déva. Du bras droit, il la frappa avec sa hallebarde et du bras gauche, il l’empoigna avec force. Elle agrippa l’arme de son adversaire et essaya de le pousser par-dessus bord ; elle poussait de toutes ses forces. Les deux adversaires étaient face à face, au corps à corps. Aelita pouvait le dévisager. Il ne ressemblait pas aux autres monstres XANA, clones exceptés. Elle voyait son visage, qui exprimait la concentration et la détermination. Aucune rage ne transparaissait. Le déva était plus grand qu’elle, au moins 25 cm de plus ; une taille adulte. Suffisamment petit pour être nerveux et agile, suffisamment grand pour dominer un adversaire adolescent. Aelita ne parvenait pas à le faire vaciller.
Le déva se jeta soudainement sur le côté droit de l’overwing en lâchant prise. Aelita, emportée par son élan, manqua de peu de tomber. Ce fut en fait le déva qui la rattrapa, en saisissant sa hallebarde des deux mains. Il donna aussitôt un coup de pied à Aelita qui desserra les mains sous la pression et tomba dans le vide. Le déva avait pris le contrôle de l’overwing.
- Aelita ! hurla Jérémie.
Aelita murmura des paroles incompréhensibles. Elle vit, impuissante, l’overwing s’éloigner. Le déva alla récupérer ses deux camarades de l’autre côté de la tour. Avant d’embarquer sur le véhicule volé, le déva armé fit mouche et dévirtualisa l’overboard d’Odd. Odd, à terre, assista au vol, dans les deux sens du terme, de l’overwing. Mais il n’était pas impuissant : il visa les fuyards et tira une demi-douzaine de projectiles. L’un d’eux intercepta l’overwing et cloua les dévas au sol.
- En plein dans le mille ! se félicita Odd.
Odd s’élança à leur poursuite, mais Jérémie l’interrompit :
- Ce n’est pas la peine, Odd, ils sont trop loin pour être rattrapés. J’entame ta procédure de rematérialisation.
Jérémie entendit un bruit métallique, puis des pas derrière lui.
- Alors, qu’est ce qui s’est passé ? demanda Ulrich. Ce truc était sur la tour ? C’est possible, ça ?
- Faut croire que oui. À un moment donné, il n’y avait plus que deux dévas, donc Odd en a abattu un. XANA a dû en faire apparaître un nouveau sur le toit de la tour, ou juste au-dessus de l’overwing. Il nous a pris par surprise.
- La voilà. Récupération Aelita. Code Terre. Matérialisation.
Je leur ai renvoyé l’ascenseur, marmonna Ulrich.
Il observait les dévas qui fuyaient.
- Au moins, cette fois, ce sont eux qui fuient.
- Ouaip ! lança Odd depuis la salle des scanners. Ce matin on était quatre et eux deux, on s’est fait massacrer. Cette fois-ci, on était trois et eux trois -enfin quatre si on compte le renfort, et on les a mis en déroute. Et les morts c’est un partout. N’est-ce pas, Ulrich ?
- J’ai été pris par surprise, se défendit-il. Et c’est moi qui ai pris tous les risques pour te couvrir, petit minet ! On devrait échanger nos véhicules, pour changer... Non mais c’est vrai, à la fin ! J’ai l’arme qui a la portée la plus limitée et un véhicule qui ne vole pas -sauf dans l’interstice du cinquième territoire. Je suis un lyokoguerrier de seconde zone.
- Te plains pas, moi je n’ai que dix flèches par chargeur, ironisa Odd.
- Très drôle, Jérémie t’a concocté une recharge automatique depuis belle lurette !
Il se tourna vers Jérémie et posa sa main sur le haut de son fauteuil, et lui dit sur un ton sérieux :
- Faudrait que tu m’améliores, Einstein. Je ne vais pas me laisser ridiculiser par ce guignol impunément, prévint-il en pointant du menton Odd, qui sortait de l’ascenseur accompagné d’Aelita. Ce serait marrant de lui ajouter des clochettes au bout de la mèche, ricana-t-il.
La porte du monte-charge s’était ouverte sur Odd qui agitait la tête en faisant « gling gling » et Aelita qui échangea un clin d’œil avec Jérémie.
- Nous travaillons sur ce problème, Ulrich, déclara Jérémie.
- Je voudrais bien une hallebarde, suggéra-t-il.
- Nous travaillons sur ce problème, Ulrich, répéta Aelita.
- Je vais avoir une hallebarde, je vais avoir une hallebarde, se réjouissait déjà Ulrich. J’affronterais les dévas à armes égales ! Ou alors un fusil. Je pourrais choisir au catalogue ?
- Nous travaillons sur ce problème, Ulrich, parodia Odd.
- Bon, allons-y, coupa Jérémie. Faut qu’on rentre au collège.

Le soleil était encore haut dans le ciel, en cette fin de journée de cours du mois de septembre. Il était 17 heures, les élèves externes quittaient l’établissement, parmi lesquels Yumi qui, frustrée de n’avoir pu prendre part au premier combat, sinon victorieux, du moins honorable, contre les dévas, exigeait un récit détaillé. Ulrich décrivit avec emphase sa « charge héroïque », mais restait évasif sur sa conclusion ; Odd insistait sur le coup fatal qu’il avait porté à l’ennemi. Puis Yumi prit le chemin de chez elle. Aelita et Jérémie traversèrent d’un pas rapide la cour de récréation et prirent la direction de la bibliothèque, accompagnés d’Odd et d’Ulrich, qui épiloguaient sur les qualités de skateur de Romain Le Goff. Jérémie savait que Romain était le petit-fils du célèbre historien du même nom. L’arrière-petit-fils d’Einstein était également skateur. Était-ce une nouvelle mode chez les descendants de grands professeurs ? Car Aelita aussi était douée pour ce sport. Elle s’était fait la main sur Lyoko avec l’overboard, puis Odd l’avait entraîné sur une vraie planche avec de vraies roulettes, et avec laquelle on se faisait de vrais bleus.
Ils longèrent la salle polyvalente de la bibliothèque, dans laquelle devait se dérouler dans quelques jours le bal de début année, à la fin duquel on élisait la reine de beauté du collège. Ce bal était une invention de Sissi qu’elle avait arraché à son père, et elle le considérait comme sa chose. Lors du bal de l’année dernière, XANA avait attaqué en se servant de l’ours en peluche de Milly. Après la boucle temporelle, ce fut Sorya Abulabbas la lauréate du titre honorifique. Ce fut une contrariété de plus dans la journée de Sissi. Voir Milly se rendre au bal au bras d’Ulrich et Sorya lui rafler la mise avait été trop pour elle : elle était restée de méchante humeur pendant près d’une semaine.
À la bibliothèque, Odd et Ulrich s’installèrent au « coin presse », selon l’expression de Jérémie, et commencèrent à lire des magazines en discutant. Le coin presse était l’endroit le plus agréable de la bibliothèque, à l’écart du bureau de la bibliothécaire. C’était un coin dans le premier sens du terme, un angle droit entre deux longs présentoirs en zinc dépoli, au milieu duquel étaient disposées des tables basses et des fauteuils rouges. Jérémie s’était installé à une table de travail. La bibliothèque était théoriquement réservée aux élèves des classes prépas et aux élèves du secondaire ayant des recherches à faire, ce qui était le cas de Jérémie depuis deux ans, même si ses recherches n’avaient été ordonnées par aucun de ses professeurs. Le responsable le laissait toujours entrer sans poser de question car c’était un élève « sérieux ». Yumi s’y rendait parfois, appréciant le calme studieux qui y régnait. Odd et Ulrich y venaient à l’occasion, mais n’y travaillaient pas toujours. L’an dernier, ils avaient disputé une partie de « jeu de paume de table » et s’étaient fait pincer par Jim, qui faisait office de surveillant.
Aelita parcourait les rayonnages, pensive. Aelita aimait parcourir les bibliothèques, voir les livres, les toucher ; il lui arrivait même d’aller fureter dans un rayon à la recherche d’un ouvrage plutôt que de chercher des références sur la base de données, juste pour le plaisir. Jérémie repensa au jour où il avait consulté le SUDOC, le système universitaire de documentation, le catalogue en ligne des bibliothèques universitaires. Dans le champ des auteurs, il avait tapé ’Franz Hopper’, et avait obtenu les références de deux thèses : « Transport d’échantillons quantiques mésoscopiques dans des nanostructures d’arséniure de gallium », datée de 1972, et « Développement d’outils algorithmiques pour l’intelligence artificielle et application aux réseaux bayésiens », daté de 1975. Il avait également consulté le « Francis », le catalogue de référence des articles scientifiques. Il en avait trouvé plusieurs de Franz Hopper, parmi lesquels : « Réseau optique de pièges annulaires pour atomes froids : premiers pas vers la réalisation d’un ordinateur quantique », « formalisation mathématique d’une sous-dimension virtuelle artificielle », « Calcul et localisation de l’énergie d’une molécule : modélisation informatique et application en mécanique moléculaire, et essai de dématérialisation atomique en mécanique quantique », « Ébauche d’une théorie des états ontologiques », tous datés des années 1980. Franz avait donc travaillé comme chercheur jusqu’à la fin des années 80, époque à laquelle il était devenu professeur de physique au lycée Kadic. Il avait pourtant continué, en secret, ses travaux sur le supercalculateur, XANA et Lyoko, pour contrer le projet Carthage. Ce funeste projet de contrôle des communications, c’est-à-dire de contrôle de l’Internet, dont Hopper avait deviné le développement futur.
- Bon, ce n’est pas tout, Aelita, mais on a du travaille, lança-t-il.

Deux heures plus tard, on retrouvait Ulrich et Odd, dans la salle commune. Ulrich disputait une partie d’échec avec Romain, sous l’œil attentif d’Odd. Ulrich avait fait des progrès en jouant (et en perdant) avec Jérémie. Romain n’hésitait pas à échanger des pièces lorsque l’occasion se présentait. C’était une technique dont Ulrich avait abusé contre Jérémie, avec un succès très relatif. Le raisonnement était le suivant : mon adversaire prépare des coups complexes ; je joue au coup par coup. En d’autres termes, comme j’utilise moins bien mes pièces, je sacrifie mes pièces pour lui en manger de valeur équivalente, il y perdra plus que moi. Maintenant qu’Ulrich avait un niveau honorable, cette façon de jouer l’agaçait. Mais peut importait, puisque cette technique était fondée sur un raisonnement biaisé : le rapport de force de change pas, puisque chaque camp est affaibli dans les mêmes proportions.
Mais Romain était plus fin que cela. Il tenta une fourchette qu’Ulrich eut le temps de parer. La partie était rude. Ulrich lança sa dame dans la bataille. Il aimait risquer sa dame au cœur de la bataille, c’était une pièce si puissante et si précieuse...

Aelita avait rejoint Jérémie dans sa chambre. Il travaillait depuis plusieurs heures sur les événements de la journée sur Lyoko. Ses yeux balayaient les écrans de son ordinateur à grande vitesse. Aelita scrutait les lignes de code sur l’ordinateur portable qu’elle avait sur les genoux.
Jérémie se redressa dans un mouvement de lassitude et se tourna vers Aelita.
- Je n’y comprends rien, je suis trop nul ! Tout ça me dépasse !
- C’est normal, Jérémie. XANA a innové.
- Oui, mais comment m’y retrouver dans tout ce fatras ? J’épluche les logs depuis deux heures, ils ont l’air normaux. Mais j’ai un message d’erreur inconnu en provenance d’une portion vide de la mer numérique. Ça ne rime à rien.
- Ça arrive, Jérémie. Il y a toujours des messages d’erreur provenant d’un point ou d’un autre de Lyoko, à cause de l’activité de XANA. Ce qui est inhabituel, en revanche, ce sont les protocoles d’activation de l’une des tours, celle qu’on a désactivée en premier. Certains sont différents de ceux qu’utilise XANA d’habitude. Et l’activation, non seulement n’ouvrent aucun socket asymétrique à l’intranet de Carthage, mais isole la tour de la matrice de Lyoko.
- Ça fait perdre de la mémoire pour Lyoko, ça, où est l’intérêt ? s’étonna Jérémie.
- Aucun avec une seule tour. Mais regarde : il y a plusieurs protocoles de liaison. Si une deuxième tour avait été activée de la même manière, elle se serait mise en réseau avec celle-là.
- Tu veux dire que XANA essaye de créer sur le territoire des Montagnes un intranet comme celui de Carthage ?
- A peu de choses près, oui.
- Ou alors la tour n’est que temporairement isolée de la matrice, et XANA met à jour le réseau des tours. La nouvelle version aurait simplement moins de failles que le peer to peer antérieur, de façon à nous mettre des bâtons dans les roues. Heureusement, comme on a pu le constater, le Code Lyoko opère toujours, et XANA n’y peut rien, puisque ce code dépend d’une couche bien plus basse que la matrice inertielle. Au fait, es-tu bien sûre que c’est XANA qui a activé cette tour ? Au point où l’on en est...
- Oui, parce que le supercalculateur n’a rien reçu de l’extérieur, et ça ne ressemble pas à ce que fait mon père, en matière de hackage.
Aelita se tut, et s’affala sur une chaise.
- XANA ne fait rien sans raison, Jérémie. Ce nouveau réseau ne présage rien de bon pour nous. Et je ne comprends pas ses intentions. (Elle soupira : ) Je ne sais pas ce qu’il mijote...
Ce fut au tour de Jérémie de consoler son amie :
- Ça aurait pu être pire, Aelita.
- Oh, oui, on ne s’en est pas mal sorti, aujourd’hui. Et depuis que j’ai recouvré la mémoire, XANA aurait pu être plus virulent, concéda-t-elle.
- Et puis nous avons une autre carte à jouer...
Aelita sourit, se releva et passa son bras dans le cou de Jérémie, dont les joues prirent soudainement des couleurs.


Pete
11/02/06 à 18:08
Vaellus – Épisode #1 : À armes égales

C’était dans les Montagnes, terres orientales de Lyoko, sur un sentier sinueux. Une clarté mauve réchauffait la roche grise ; des montagnes ténébreuses chargées de brume montaient de la mer numérique ; de place en place, au-dessus des nuages, s’étiraient des ponts de granit ; des arbres épars agrémentaient les lieux ; un sable rose, mêlé de pierres polies, parsemaient les chemins.
Quatre lyokonautes sur trois véhicules se rendaient à une tour. Ils filaient comme le vent vers leur but, sous l’œil bienveillant de l’opérateur.

- Yahou ! lança Odd en godillant sur son overboard.
- Tu t’amuses toujours autant, toi, constata Ulrich, assis sur son overbike.
Encore une mission de routine, se dit Ulrich. Odd avait l’air de s’amuser, comme toujours. Il était content comme le premier jour, celui où, en janvier dernier, Jérémie lui avait présenté sa nouvelle monture. C’est mon cadeau de Noël, avait-il dit le regard brillant. C’est qu’il était passionné de skate, et force était de constater que le modèle volant était plus amusant que ses cousins à roulettes. Yumi et Aelita étaient placides ; mission-mission, comme d’habitude. Était-il le seul à ressentir de la lassitude ?
Il s’était attendu, après l’évasion de XANA, à un redoublement des attaques ; mais depuis deux mois que XANA s’était « échappé », il n’avait activé en tout et pour tout que trois tours, sans qu’il y ait d’attaque importante sur Terre. Comme s’il fallait à XANA du temps pour s’adapter à ses nouveaux habits. Peut-être préparait-il quelque chose, une attaque de grande envergure ? On n’était jamais assez méfiant avec ce monstre là. Et Hopper, dans tout ça ?
- Sais-tu ce que mijote XANA, Jérémie ?
- Rien à signaler sur Terre, pour l’instant. Apparemment, c’est encore une attaque de rien du tout. Vous devriez avoir la tour en vue, maintenant.
- Tour activée à 13 h, déclara Yumi. On va passer par bâbords, les gars. Tenez bien les flancs. M’étonnerait pas que XANA nous ait tendu une embuscade.
Décrivant un large arc de cercle, les lyokonautes contournèrent par la gauche un piton rocheux.
- Monstres détectés droit devant vous, prévint Jérémie.
- On voit ça Einstein, railla Odd. Merci quand même !
Un sentier gris tirant sur le mauve contournait par la gauche le piton rocheux en direction de la tour. A droite, le roc, à gauche, la brume. Une brume épaisse et blanche, qui, vue en plongée, se laissait teinter par un légère lumière bleue qui perçait de la mer numérique.
Devant eux, sur toute la largeur du terrain, se dressaient les bataillons de XANA. Une ligne de krabes, un carré de blocks, quelques kankrelats et deux tarentules en retrait, sur des hauteurs, en contrefort du piton. Curieusement, aucun monstre ne montait la garde devant la tour.
- On pourrait faire un détour par l’ouest pour éviter ces monstres, suggéra Aelita.
- Je ne le sens pas, lui répondit Yumi. Peut-être est-ce un piège pour nous faire faire un détour, justement. Autant profiter du faible nombre de monstres pour aller tout droit à la tour.
- « Faible nombre » n’est pas le terme que j’emploierais, Yumi, grommela Ulrich. C’est parti !
Ulrich fonça sur l’aile gauche de la ligne de krabes en slalomant pour éviter les tirs. Au même moment, Odd survolait les blocks.
- Flèches laser !
La rafale faucha deux blocks, et Odd entama un looping pour effectuer un deuxième passage, bravant comme à son habitude le feu ennemi. Alors qu’il était à quelques mètres du précipite et des monstres, Ulrich vira brusquement pour passer derrière les krabes, afin de longer leur ligne et trancher quelques pattes. Ayant compris la manœuvre, des krabes reculèrent et d’autres se retournèrent pour prendre Ulrich à son propre piège, en sandwich. Peine perdue ! Car Ulrich opta pour une attaque en ciseau. Son véhicule était plus maniable et plus rapide que les krabes, il garda l’initiative et sema le chaos dans les rangs de XANA.
Yumi en profita pour passer au milieu du dispositif, en direction des tarentules. XANA les avait placées relativement proche l’une de l’autre pour maximiser leur puissance de feu, pensant probablement qu’elles ne pourraient pas manœuvrer à cause des autres monstres. Mais il se privait du même coup de l’avantage d’un feu croisé. Yumi et Aelita en profitèrent.
- C’est le moment, Aelita !
Concentrant son esprit sur l’espace qui les séparait des tarentules, elle fit apparaître une rampe très haute, qui faisait écran aux lasers des deux bestioles. Yumi se rapprocha du sol et emprunta la rampe à la base, pour entamer une spectaculaire ascension. Aelita entendait les impacts de laser sous sa structure, mais elle savait qu’elle tiendrait suffisamment longtemps. Arrivé au sommet, l’overwing fit un bond en cloche au-dessus des monstres, puis s’éloigna à pleine vitesse en une trajectoire courbe et ondoyante, en direction de la tour. Les tarentules ne les poursuivirent pas et tournèrent leurs armes contre Odd et Ulrich.
La tour se dressait au beau milieu d’une zone dégagée, comme une clairière dans une forêt de montagnes, de pics rocheux et de brume.
- Est-ce qu’il y a des monstres dans les parages ? demanda Yumi à Jérémie.
- Pas que je sache. Vous pouvez y aller.
Yumi se rangea juste devant la tour, et Aelita, d’un bond, traversa la paroi. Arrivée au milieu des cercles blancs, elle s’éleva vers la console. Aelita aimait beaucoup cette sensation d’apesanteur, peut être parce qu’elle était liée à la réussite des missions. Sa peur s’évanouissait en même temps que son poids. Devant l’écran holographique, elle s’identifia et entra le code « Lyoko », ce précieux mot de passe root qui lui permettait de reprendre le contrôle de la tour et de couper le réseau de communication entre XANA et ses créatures. Ce code lui était d’autant plus cher qu’il lui avait été donné par son père ; c’était l’héritage qu’il lui avait laissé avant de disparaître. Où qu’il soit aujourd’hui, il continuait de la protéger comme il l’avait toujours fait. Il lui avait aussi laissé son journal, mais c’est aussi son fils spirituel, Jérémie, qui en avait hérité.
- Tour désactivée, annonça-t-elle, tandis que les écrans holographiques qui tapissaient les parois s’éteignaient en cascade.
Elle s’avança à pas lents du bord de la plate-forme et plongea vers le niveau zéro pour rejoindre Yumi.
- Encore une mission réussie, constata celle-ci. XANA n’est décidément pas très combatif depuis son évasion. Moi qui croyais qu’il allait se déchaîner…
Odd et Ulrich eurent tôt fait de les rejoindre.
- Odd, tu as perdu 60 points de vie, remarqua Jérémie. Sois plus prudent, la prochaine fois !
- Bah, l’important, c’est que j’ai fait exploser tous ces blocs, non ? C’est le résultat qui compte !
- Certes, mais la tactique d’Ulrich était plus étudiée.
- C’est le style non académique d’Odd qui fait son charme, dit Ulrich sournoisement.
- Ouais ! Et je suis sûr que ça rend XANA malade d’avoir en face de lui un adversaire en apparence illogique, donc imprévisible, ricana-t-il.
- Odd est le roi de la diversion, ajouta Aelita en lui faisant un clin d’œil.
- Qu’est ce que c’est que ça ? s’écria Jérémie.
- Quoi « ça » ? demanda Ulrich.
- Je détecte un groupe de monstres pas loin de vous, en approche.
- La tour est pourtant désactivée ! s’étonna Yumi.
- XANA peut envoyer des monstres sans tour activée, objecta Jérémie. Il utilise pour cela la matrice inertielle.
- Je voulais dire qu’il n’a plus aucun intérêt de venir défendre cette tour, précisa Yumi.
Odd, Ulrich et Yumi avaient déjà brandit leurs armes, prêts à repousser la nouvelle vague des soldats de XANA.
- Aelita ! À couvert dans la tour ! ordonna l’opérateur. Je lance le superscan pour détecter une éventuelle autre tour activée. On ne sait jamais.
Aelita s’était réfugiée dans la tour avec Yumi. Les garçons avaient décidé bravement de monter la garde à l’extérieur.
- Jérémie, des nouvelles ? demanda Ulrich.
- Le superscan est toujours en cours. L’ennemi manœuvre lentement, derrière la crête au nord-est. Ils ne sont que deux. Oh non, impossible de les identifier, ce doit être de nouveaux monstres ! Et blindés en points de vie, en plus !
- On sait maintenant à quoi XANA a passé ses vacances, dit Odd. Je les attends de pied ferme.
- Ces monstres ont l’air plus malin que les autres. Soyez sur vos gardes. (Il ajouta : ) ça y est, le superscan a détecté une tour activée. Elle est à l’autre bout du territoire. Aelita et Yumi, allez y pendant qu’Odd et Ulrich retiennent les nouveaux monstres. Attention, ils se déploient de part et d’autre de la crête !
- J’aime pas ça, grogna Ulrich, en fixant du regard la crête. Puis il tourna la tête : dépêchez-vous, les filles !
Yumi et Aelita sortirent de la tour et embarquèrent sur l’overwing. Yumi décolla prudemment, attentive aux déplacements des monstres.
- En voilà un ! s’écria Odd. La vache, il est humanoïde ! XANA a fait des progrès ! Flèche laser !
Le monstre se cacha aussitôt derrière un rocher.
- XANA a déjà programmé des monstres humanoïdes, lui rappela Jérémie. Une fausse Yumi, un faux Franz, et un polymorphe faux tout le monde. On sait que c’est dans ses cordes.
Soudain, ils virent le deuxième monstre sortir la tête de sa cachette, pointer son arme vers le ciel, et décocher un tir d’une redoutable précision qui faucha net l’overwing, que Yumi laissait s’éloigner imprudemment selon une trajectoire rectiligne.
- Je croyais qu’on était hors de portée ! s’écria-t-elle en tombant.
Ulrich se précipita vers le monstre qui avait tiré.
- Couvre-moi, Odd !
- Je dois déjà me couvrir moi ! Et je te signale qu’il ne me reste plus des masses de points de vie !
Odd fut pris sous un feu croisé. Un saut acrobatique lui permit d’éviter les rayons, mais alors qu’il était en l’air, un bouquet de laser le frappa de plein fouet et il fut aussitôt dévirtualisé. Voyant cela, Ulrich battit en retraite jusqu’à son overbike, qu’il lança à vive allure en direction d’Aelita, en pilotage automatique (une nouvelle fonction développée par Jérémie).
Yumi rejoignait la zone de combat au pas de course. Elle essuya une rafale de rayon qu’elle esquiva à grande peine.
- Excellente idée, Ulrich ! dit Jérémie en voyant sur ses écrans Aelita qui se hissait sur l’overbike. Aelita, il y a une tour désactivée au sud-ouest. Fonces-y ; il n’y a apparemment aucun monstre. C’est plus prudent que de retourner dans la tour que tu as désactivée, sous le feu de ces choses !
Yumi reçu deux coups dans la poitrine et s’étala sur le sol.
- Yumi ! Tu viens de perdre 80 points de vie ! Ces monstres sont monstrueux !
Ulrich, à son tour, reçu un coup dans la jambe. Il était handicapé par la courte portée de son arme. Il poursuivit sa retraite.
Yumi lança ses éventails vers le monstre qui était le moins éloigné d’elle. Il s’était dressé à découvert. Elle le distinguait bien, maintenant. Il esquiva sans peine son éventail et lui décocha un tir en pleine figure. Elle fut dévirtualisée. Ulrich, désormais soumis à un tir nourri des assaillants, reçu plusieurs coups et se dévirtualisa.
Les trois lyokonautes restèrent un moment hébété dans la salle des scanners.
- Oh, la vache, balbutia Odd, je n’ai pas eu le temps de dire ouf !
Ulrich acquiesça :
- ces monstres sont d’une vélocité sans pareil !
- Il va falloir revoir notre stratégie, conclut Yumi en entrant dans l’ascenseur.
A ce moment là, Aelita sortit d’un des scanners et les rejoignit.
- XANA a eu le dessus, à ce que je vois. D’autant que je n’ai pas pu désactiver la tour, elle était trop sévèrement gardée.
Elle avait la voix et le visage inquiet.
Jérémie se précipita vers eux dès l’ouverture des portes de l’ascenseur.
- Alors, qu’est ce qui s’est passé ? Sur mes écrans de contrôle, je n’ai eu le temps de rien voir. Il va falloir que j’étudie les logs.
- Tu es sûr qu’ils n’étaient que deux ? lui demanda Yumi.
- Oui, selon l’holomap, ils n’étaient que deux.
- J’espère que XANA n’a pas créé des monstres furtifs, s’inquiéta Ulrich. En tous cas, moi je n’en ai vu que deux.
- Impossible de créer des monstres furtifs, affirma Aelita. Une sous-fonction du noyau l’empêche.
- Ils ressemblaient à quoi ? demanda Jérémie.
Odd écarquilla les yeux :
- Euh, j’ai à peine eu le temps de voir sa tête que je me suis retrouvé dans le scanner.
- Moi j’ai eu le temps d’en voir un, dit Yumi. Il m’a fait penser à un guerrier indien, avec un turban jaune et une tunique ample, vert foncé. Il était armé d’une sorte de hallebarde, avec laquelle il tirait des rayons lasers.
- Eh bien, XANA change de style, soupira Jérémie. Il se rassit devant sa console et commenta :
- Regardez, les deux monstres sont maintenant devant la tour. Je ne sais pas ce qu’ils y font. Puis il se mit à marmonner en jargon d’informaticien.
Odd l’interrompit :
- Il faudrait leur trouver un petit nom, à ces nouveaux monstres. Qu’est ce que vous dites de « déva » ? Comme les demi-dieux hindous, et comme diminutif de « dévastateur » !
- Pas mal, Odd. C’est adopté !

En classe, Jérémie arborait son visage usuel de bon élève, mais il était soucieux. Il avait dû quitter avec les autres l’usine pour se rendre en cours. Les cours l’exaspéraient de plus en plus –du moins en classe de science. Les cours de maths de 3ème lui paraissaient simplistes, autant que ceux de l’année passée. Son père Michel, et ce psychologue scolaire, monsieur Hanz Klotz, n’avaient pas tort, finalement ; la classe de 3ème ordinaire n’était pas à sa convenance. Quelle plaie, ce collège ; il aurait tant aimé se consacrer à ses travaux. Au début, quand il était plus jeune, cela l’amusait de dominer le sujet, d’avoir une vision globale des problèmes posés, d’anticiper les paroles du professeur. Mais plus maintenant : il s’était lassé de ce petit jeu vaniteux ; et il avait d’autres chats à fouetter. Les retours vers le passé lui donnaient plus de temps pour travailler, mais l’obligeaient à assister à plus de cours, et à réécouter plusieurs fois les mêmes évidences –et les mêmes rappels à l’ordre : « chut », « taisez-vous », « sortez vos livres », « soyez attentifs », « Odd, on n’est pas en cours de dessin », « Ulrich, c’est ici que ça se passe », « Élisabeth, vous voulez que je vous envoie chez monsieur votre père ? », « Émilie, votre carnet sur mon bureau »… C’était peut-être cela le plus pénible.
Monsieur Charlier, le nouveau professeur de mathématiques, expliquait le b.a.-ba de la trigonométrie ; lui s’en servait tous les jours dans ses programmes 3D, à un niveau bien supérieur. On lui expliquait les identités remarquables ; il était un as des équations différentielles.
Il en était réduit à dissimuler ses capacités réelles à ses professeurs. Le test de QI ordonné par Hanz Klotz avait été comme un signal d’alarme : aux yeux de ses professeurs, il n’était pas à sa place dans ce collège. L’ironie de la situation était qu’il était bien d’accord avec ça ; il aurait aimé (d’un point de vue strictement intellectuel) suivre des cours scientifiques d’un niveau supérieur. Mais c’eut été dire adieu à Lyoko, à Aelita et à ses amis ; c’est à dire à ce qui était le plus cher à son esprit et à son cœur. Ses recherches dans les pas de Franz Hopper étaient de loin la plus stimulante de ses activités ; et ses amis lui étaient précieux. La plupart des enfants le trouvaient ennuyeux, prétentieux dans sa façon de parler, « intello » ; eux l’avaient accepté et apprécié tout de suite. Puis le destin en avait fait des compagnons d’arme, contre XANA. Il avait rencontré Aelita, son alter ego féminin et numérique, le seul être dans ce monde qui pouvait pleinement le comprendre, dans tous les sens du terme ; le seul qui pouvait apprécier son travail à sa juste de valeur. Les autres peinaient à comprendre ce qu’était l’administration d’une machine telle que le super calculateur quantique.
- Qui peut me répondre ? demanda monsieur Charlier.
- B= (2a – 3)², répondit Jérémie en levant machinalement le doigt
- Il y en a au moins un qui suit, ici, crut constater Charlier.
Ils ne se rendaient pas compte. Ils s’étaient plus ou moins imaginé que les envoyer sur Lyoko n’était pas plus difficile qu’un jeu vidéo un peu ardu pour joueur chevronné. Quelle fut la surprise de Yumi lorsqu’elle dût le virtualiser, en octobre dernier ! Avaient-ils idée de ce qu’était la programmation ?
Oui. Il leur avait prodigué quelques leçons initiatiques, l’an dernier, avant la matérialisation d’Aelita. Seule Yumi était restée attentive, le front plissé par la concentration. Odd avait rapidement décrété qu’il laissait à Jérémie le monopole des lignes de code et qu’il était favorable à la division du travail, que c’était le principe d’une équipe, et qu’il renonçait désormais à convaincre Jérémie d’aller sur Lyoko. Ulrich avait suivi un moment, mais son regard devint vite dubitatif. Il avait dit : « À t’entendre, ce n’est pas plus compliqué que la belote, petit génie ! ».
C’était peut-être parce qu’Aelita était celle qui avait le plus conscience de l’ampleur de la tâche qu’elle était aussi la plus inquiète. Elle l’avait mis en garde contre l’utilisation irréfléchie de la Marabounta, elle s’était inquiétée de son état psychique lié à l’usage abusif du casque de Hopper, elle avait senti la menace lors de cette fameuse « dernière mission ». Elle avait, en outre, l’intelligence et les connaissances en informatique et en programmation nécessaire pour suivre et comprendre son travail. D’ailleurs, elle n’avait pas été en reste…
La cloche retentit. Monsieur Charlier dictait la liste des exercices à faire pendant que les élèves rangeaient leurs affaires. Lui n’avait fait aucun exercice de maths depuis la rentrée ; il les expédiait au moment de la correction, avec une ou deux questions d’avance au cas où il serait interrogé.

Jérémie et Aelita étaient installés côte à côte à une table de la bibliothèque. L’ambiance était feutrée, le ton magenta, ils parlaient à voix basse.
- Il faut retourner sur Lyoko tout de suite, Jérémie !
- Pas question ! répliqua-t-il aussitôt, Yumi n’est pas libre avant ce soir, et avec ces monstres, tu auras besoin de l’escorte la plus nombreuse possible.
- A ce propos, tu as terminé… chuchota Aelita.
- Ce n’est pas encore près, la coupa-t-il, désolé.
Aelita fronça légèrement les sourcils et, tout en le fixant, baissa à peine les yeux et les paupières.
- Tu sais bien que je fais tout mon possible, Aelita, réagit-il. Je n’ai pas peur ; j’ai seulement beaucoup de travail. Je bosse sur plusieurs programmes en même temps ; et je ne considérais pas celui-là comme prioritaire jusqu’à aujourd’hui. Mais il est bien avancé, presque fonctionnel à part quelques anomalies, et comme il utilise beaucoup les bibliothèques de Lyoko, le débogage devrait être rapide.
- J’ai confiance en toi, Jérémie. Mais en attendant, nous devons désactiver cette tour au plus vite. Dieu sait ce que XANA est en train de préparer ! Nous ne pouvons mettre la vie des gens en danger en attendant Yumi des heures ! On a déjà trop attendu. Je te promets d’être très prudente. Odd et Ulrich ne me lâcheront pas d’une semelle ; et au moindre pépin, je me mettrais à l’abri.
Jérémie n’était pas rassuré. Il savait que dans le feu de l’action, Aelita était capable de prendre de gros risques pour accomplir sa mission. Elle s’était déjà sacrifiée deux fois pour mettre fin à la menace de XANA, et Jérémie l’avait sauvé in extremis. Mais d’un autre côté il se rendait compte qu’elle avait raison, que l’on ne pouvait pas laisser les mains libres à XANA durant l’après-midi entier. Trop de risques. Ils devaient y aller.

Le groupe traversa le parc en espérant comme chaque fois ne pas être repéré, car le soleil était quasiment à son zénith. Direction, la bouche d’égout. Une bouche d’égout en plein milieu d’un parc, ce n’est pas courant, mais personne ne s’en inquiétait. À ce propos, Jérémie s’était rendu compte que les égoutiers, qui devaient bien faire une ronde dans le coin de temps en temps, ne tenaient pas compte des skates et des trottinettes se trouvant sous la bouche d’égout du parc d’un établissement scolaire. Ce ne devait pas être leurs oignons.

Jérémie pianota sur l’ordinateur de contrôle. Il lança un superscan, qui analysait toutes les tours de Lyoko pendant qu’il scrutait le territoire des montagnes avec l’holomap.
- Les devas sont toujours postés devant la tour. Ils sont trois maintenant, lâcha-t-il.
L’atmosphère devint lourde dans la pièce, jusqu’à ce que Jérémie s’exclame :
- Voilà, le superscan est terminé ! La tour de ce matin n’est pas réactivée. J’ignore pourquoi les devas y montent la garde. L’autre tour activée est sur le même territoire, comme vous le savez. Je vous y transfert, descendez à la salle des scanners.
Odd, Ulrich et Aelita se dirigèrent de l’autre côté de la salle, vers l’échelle de secours. Durant l’été, Odd, Ulrich et Yumi avaient trouvé le moyen de retirer une dalle contiguë au trou de l’échelle, afin d’élargir l’ouverture. ils y avaient accroché une tige de métal trouvée dans l’entrepôt souterrain de l’usine. Grâce à cette barre d’acier, ils pouvaient descendre d’un trait aux scanners, comme les pompiers au garage.
Les trois lyokonautes entrèrent dans les trois scanners ; Jérémie mis en route la procédure de virtualisation, maintenant bien rodée. Transfert Ulrich, transfert Odd, transfert Aelita, scanner, virtualisation.
Tous trois apparurent sur Lyoko, quelques mètres au-dessus du sol, dans un tournoiement de chevrons blancs translucides.
- Vos véhicules arrivent, madame et messieurs. Les clés sont sur le contact.
- Tenez, mon brave, plaisanta Ulrich en tendant un billet imaginaire vers le ciel.
- Tour activée au cap 220 ; tour de ce matin cap 30, toujours inactive. Soyez prudent !
- Tu fais bien de nous le rappeler, mon pote, parce qu’on avait l’intention de faire du saut à l’élastique au-dessus de la mer numérique ! railla Odd.
Les trois amis empruntèrent un sentier sinueux caractéristique du territoire de l’est qui menait jusqu’à la tour.
La tour était gardée par des troupes peu nombreuses, faites de blocks et de kankrelats, mais XANA était en train de faire apparaître deux krabes à proximité de la tour. Odd fondit sur les kankrelats en leur décochant des volées de flèches. Aelita, cachée en retrait envoya un leurre dans les rangs des blocks, désorganisant ainsi leur formation et provoquant plusieurs bavures, certains blocks recevant des lasers perdus. Ulrich, du haut de son overbike, chargea comme un paladin les ennemis qui étaient dans ses parages.
Jérémie se mit alors à fredonner : « Les exploits d’un chevalier solitaire, dans un monde dangereux… »
Odd et Ulrich ayant éclairci les rangs ennemis, Aelita s’élança vers la tour. Ulrich l’escorta tandis que Odd, du haut de son overboard, tenait à distance les groupes éparpillés de blocks et de Kankrelats qui tentaient d’approcher.
Jérémie fut soulagé de voir Aelita pénétrer saine et sauve dans la tour. Elle allait la désactiver ; et il n’y en avait pas d’autre activée. La mission est une réussite, se dit-il. Seulement, la dernière fois qu’il s’était dit ça, sont équipe avait été décimé par deux adversaires. Espérons qu’il ne sera pas de même cette fois là…
- Tour désactivée.
- Très bien, fit Jérémie. Il semble qu’il n’y ait plus de tour activée dans le territoire des Montagnes.
- On devrait peut aller jeter un petit coup d’œil du côté de l’autre tour, proposa Ulrich. J’aimerais savoir si ces nouveaux monstres sont toujours là-bas.
- D’ac, on y va, fit Odd.
Les lyokonautes prirent un cap moyen de 30 degrés, serpentant en direction de ce qu’ils baptisaient la clairière.
- Les devas sont toujours là, dit Jérémie, mais il n’y en a plus que deux, apparemment. Ils sont tout près de la tour, à découvert.
- Et bien on va se cacher derrière les rochers, comme ils l’ont fait ce matin, proposa Odd.
- Oui, nous deux. Ulrich pourrait faire diversion.
- Comment ça ? Tu veux que je leur fonce dessus et que je me prenne tous les coups à votre place ?
- Pas exactement. Tu vas voir.
Ils arrivaient sur les lieux de l’embuscade de la dernière mission. Aelita leur fit signe de s’arrêter.
- Odd, va te cacher derrière les rochers et attend mon signal pour agir.
- J’y vais, princesse. Tes ordres sont mes désirs !
- Ulrich, tu vas foncer dans le tas à mon signal. Mais pas sans une escorte.
Aelita s’agenouilla, et fit apparaître un leurre d’Odd et un leurre de Yumi, chacun sur leur véhicule, prêt à partir.
- Eh ! s’inquiéta Ulrich, tu vas te tuer, là ! C’est le troisième leurre que tu nous fabriques. Je te rappelle que ça te fait perdre des points de vie !
- Fait moi confiance, Ulrich. Quand tu seras lancé, triplique toi. Ça fera un total de cinq assaillants. De quoi les occuper pendant qu’Odd les prendra à revers.
- Pas bête. J’y vais !
Ulrich démarra en trombe, suivit de ses deux acolytes pilotés par Aelita. Les deux devas n’étaient plus postés devant la tour. Ils s’en éloignaient en direction du sentier. Lorsqu’ils virent arriver Ulrich et ses deux leurres, ils brandirent leurs armes. Les deux leurres se mirent à tirer. Les devas répliquèrent avec précision. Ulrich cria alors :
- Triplicata !
Deux autres Ulrich émergèrent alors de son corps virtuel et se rangèrent sur ses flancs. Les devas battirent alors en retraite tout en poursuivant leurs tirs. Une flèche laser et un éventail les touchèrent. Se rendant probablement compte que ces tirs ne leur causaient aucun dégât, et qu’en conséquence leurs auteurs n’étaient que des trompe-l’œil, ils concentrèrent leurs tirs sur les trois Ulrich.
A ce moment là, Odd jaillit de derrière les rocs et mitrailla les devas, en répétant « flèches laser » sur un ton ravi. Les devas encaissèrent plusieurs chocs mais répliquèrent d’un feu nourri qui obligea Odd à se mettre à l’abri derrière un rocher.
Ulrich en avait profité pour se rapprocher. Ses deux doubles avaient été abattus, car ils avaient une trajectoire rectiligne, mais lui avait su esquiver quelques lasers. Il était maintenant très proche des devas, lancé à pleine vitesse. L’un des devas était juste devant lui. Trop tard pour lui d’esquiver. Et même s’il parvenait à tirer sur Ulrich, il n’aurait pas le temps de lui faire perdre tous ses points de vie.
- Je te tiens ! exulta Ulrich en brandissant son sabre.
C’est alors que le devas lança sa hallebarde comme un javelot dans la roue unique de l’overbike. Ulrich fit une embardée, sans succès. Sa roue fut bloquée et il fit une terrible tonneau dans une gerbe d’étincelles bleutées. Le choc l’éjecta la tête en bas de son véhicule et il culbuta violemment sur le sol rocailleux. En relevant les yeux, il vit son overbike se dévirtualiser. Il tourna la tête et vit le devas. Il n’était plus armé. Apparemment, sa hallebarde avait été broyée dans le choc. Il tourna les talons et s’enfuit. Ulrich ramassa alors son sabre et se lança à sa poursuite. Alors qu’il gagnait du terrain, Jérémie l’avertit :
- Attention Ulrich, je détecte un troisième dévas près de la tour, on dirait qu’il s’approche !
Le troisième déva lança sur Ulrich des rayons laser mal ajustés, que celui-ci esquiva sans peine. Malheureusement, la manœuvre permit aux dévas désarmés de rejoindre son coéquipier, qui en découdrait avec Odd. Il paraît les flèches laser en faisant tournoyer sa hallebarde, un peu comme Ulrich avec son sabre. Odd était sur une corniche et mitraillait les dévas en contrebas. Il était descendu de son overboard et, comme il était immobile, ses tirs étaient bien plus précis. Plusieurs de ses projectiles avaient atteint les dévas. Mais ceux-ci esquivaient ou paraient les coups avec aisance, et se payaient même le luxe de riposter. Ils poursuivaient cependant leur retraite ; ils avaient maintenant atteint la clairière. Odd sauta sur sa planche et s’élança à leur poursuite, tandis que Aelita s’était avancée sur le champ de bataille pour prendre Ulrich au passage sur l’overwing.
Les deux dévas armés les mitraillaient pour ralentir leur progression. Odd répliquait en les arrosant de flèches.
- Je vais avoir besoin d’un nouveau chargeur, Jérémie ! Eh, je crois que j’en ai eu un ! cria Odd.
- Je n’en vois effectivement plus que deux sur l’holomap. Bravo, Odd ! Continuez comme ça !
Les deux dévas restant s’étaient réfugiés derrière la tour. Ulrich dit à son pilote :
- Largue-moi juste devant la tour, Aelita. Odd va faire un grand tour et les mitrailler par derrière. S’ils cherchent à se protéger avec la tour, ils tomberont sur moi ! Sinon, ils tomberont sous les coups d’Odd ! Prêts ?
Odd vit un large virage et commença à harceler les dévas, qui parvenaient à parer les coups. Aelita déposa Ulrich de l’autre côté de la tour. Ulrich, la main gauche effleurant la paroi et la main droite serrant le sabre, contournait subrepticement la tour. Du moins le croyait-il.
Car il entendit Jérémie s’écrier :
- Attention, Aelita, un troisième déva est sur toi !
Il eut à peine le temps de se retourner qu’un laser le frappa en pleine poitrine. Alors qu’il se dévirtualisait, il vit qu’un monstre s’était caché sur le toit de la tour, et qu’il venait de sauter sur Aelita, désormais sans défense.
Aelita vit atterrir derrière elle le déva. Du bras droit, il la frappa avec sa hallebarde et du bras gauche, il l’empoigna avec force. Elle agrippa l’arme de son adversaire et essaya de le pousser par-dessus bord ; elle poussait de toutes ses forces. Les deux adversaires étaient face à face, au corps à corps. Aelita pouvait le dévisager. Il ne ressemblait pas aux autres monstres XANA, clones exceptés. Elle voyait son visage, qui exprimait la concentration et la détermination. Aucune rage ne transparaissait. Le déva était plus grand qu’elle, au moins 25 cm de plus ; une taille adulte. Suffisamment petit pour être nerveux et agile, suffisamment grand pour dominer un adversaire adolescent. Aelita ne parvenait pas à le faire vaciller.
Le déva se jeta soudainement sur le côté droit de l’overwing en lâchant prise. Aelita, emportée par son élan, manqua de peu de tomber. Ce fut en fait le déva qui la rattrapa, en saisissant sa hallebarde des deux mains. Il donna aussitôt un coup de pied à Aelita qui desserra les mains sous la pression et tomba dans le vide. Le déva avait pris le contrôle de l’overwing.
- Aelita ! hurla Jérémie.
Aelita murmura des paroles incompréhensibles. Elle vit, impuissante, l’overwing s’éloigner. Le déva alla récupérer ses deux camarades de l’autre côté de la tour. Avant d’embarquer sur le véhicule volé, le déva armé fit mouche et dévirtualisa l’overboard d’Odd. Odd, à terre, assista au vol, dans les deux sens du terme, de l’overwing. Mais il n’était pas impuissant : il visa les fuyards et tira une demi-douzaine de projectiles. L’un d’eux intercepta l’overwing et cloua les dévas au sol.
- En plein dans le mille ! se félicita Odd.
Odd s’élança à leur poursuite, mais Jérémie l’interrompit :
- Ce n’est pas la peine, Odd, ils sont trop loin pour être rattrapés. J’entame ta procédure de rematérialisation.
Jérémie entendit un bruit métallique, puis des pas derrière lui.
- Alors, qu’est ce qui s’est passé ? demanda Ulrich. Ce truc était sur la tour ? C’est possible, ça ?
- Faut croire que oui. À un moment donné, il n’y avait plus que deux dévas, donc Odd en a abattu un. XANA a dû en faire apparaître un nouveau sur le toit de la tour, ou juste au-dessus de l’overwing. Il nous a pris par surprise.
- La voilà. Récupération Aelita. Code Terre. Matérialisation.
Je leur ai renvoyé l’ascenseur, marmonna Ulrich.
Il observait les dévas qui fuyaient.
- Au moins, cette fois, ce sont eux qui fuient.
- Ouaip ! lança Odd depuis la salle des scanners. Ce matin on était quatre et eux deux, on s’est fait massacrer. Cette fois-ci, on était trois et eux trois –enfin quatre si on compte le renfort, et on les a mis en déroute. Et les morts c’est un partout. N’est-ce pas, Ulrich ?
- J’ai été pris par surprise, se défendit-il. Et c’est moi qui ai pris tous les risques pour te couvrir, petit minet ! On devrait échanger nos véhicules, pour changer… Non mais c’est vrai, à la fin ! J’ai l’arme qui a la portée la plus limitée et un véhicule qui ne vole pas –sauf dans l’interstice du cinquième territoire. Je suis un lyokoguerrier de seconde zone.
- Te plains pas, moi je n’ai que dix flèches par chargeur, ironisa Odd.
- Très drôle, Jérémie t’a concocté une recharge automatique depuis belle lurette !
Il se tourna vers Jérémie et posa sa main sur le haut de son fauteuil, et lui dit sur un ton sérieux :
- Faudrait que tu m’améliores, Einstein. Je ne vais pas me laisser ridiculiser par ce guignol impunément, prévint-il en pointant du menton Odd, qui sortait de l’ascenseur accompagné d’Aelita. Ce serait marrant de lui ajouter des clochettes au bout de la mèche, ricana-t-il.
La porte du monte-charge s’était ouverte sur Odd qui agitait la tête en faisant « gling gling » et Aelita qui échangea un clin d’œil avec Jérémie.
- Nous travaillons sur ce problème, Ulrich, déclara Jérémie.
- Je voudrais bien une hallebarde, suggéra-t-il.
- Nous travaillons sur ce problème, Ulrich, répéta Aelita.
- Je vais avoir une hallebarde, je vais avoir une hallebarde, se réjouissait déjà Ulrich. J’affronterais les dévas à armes égales ! Ou alors un fusil. Je pourrais choisir au catalogue ?
- Nous travaillons sur ce problème, Ulrich, parodia Odd.
- Bon, allons-y, coupa Jérémie. Faut qu’on rentre au collège.

Le soleil était encore haut dans le ciel, en cette fin de journée de cours du mois de septembre. Il était 17 heures, les élèves externes quittaient l’établissement, parmi lesquels Yumi qui, frustrée de n’avoir pu prendre part au premier combat, sinon victorieux, du moins honorable, contre les dévas, exigeait un récit détaillé. Ulrich décrivit avec emphase sa « charge héroïque », mais restait évasif sur sa conclusion ; Odd insistait sur le coup fatal qu’il avait porté à l’ennemi. Puis Yumi prit le chemin de chez elle. Aelita et Jérémie traversèrent d’un pas rapide la cour de récréation et prirent la direction de la bibliothèque, accompagnés d’Odd et d’Ulrich, qui épiloguaient sur les qualités de skateur de Romain Le Goff. Jérémie savait que Romain était le petit-fils du célèbre historien du même nom. L’arrière-petit-fils d’Einstein était également skateur. Était-ce une nouvelle mode chez les descendants de grands professeurs ? Car Aelita aussi était douée pour ce sport. Elle s’était fait la main sur Lyoko avec l’overboard, puis Odd l’avait entraîné sur une vraie planche avec de vraies roulettes, et avec laquelle on se faisait de vrais bleus.
Ils longèrent la salle polyvalente de la bibliothèque, dans laquelle devait se dérouler dans quelques jours le bal de début année, à la fin duquel on élisait la reine de beauté du collège. Ce bal était une invention de Sissi qu’elle avait arraché à son père, et elle le considérait comme sa chose. Lors du bal de l’année dernière, XANA avait attaqué en se servant de l’ours en peluche de Milly. Après la boucle temporelle, ce fut Sorya Abulabbas la lauréate du titre honorifique. Ce fut une contrariété de plus dans la journée de Sissi. Voir Milly se rendre au bal au bras d’Ulrich et Sorya lui rafler la mise avait été trop pour elle : elle était restée de méchante humeur pendant près d’une semaine.
À la bibliothèque, Odd et Ulrich s’installèrent au « coin presse », selon l’expression de Jérémie, et commencèrent à lire des magazines en discutant. Le coin presse était l’endroit le plus agréable de la bibliothèque, à l’écart du bureau de la bibliothécaire. C’était un coin dans le premier sens du terme, un angle droit entre deux longs présentoirs en zinc dépoli, au milieu duquel étaient disposées des tables basses et des fauteuils rouges. Jérémie s’était installé à une table de travail. La bibliothèque était théoriquement réservée aux élèves des classes prépas et aux élèves du secondaire ayant des recherches à faire, ce qui était le cas de Jérémie depuis deux ans, même si ses recherches n’avaient été ordonnées par aucun de ses professeurs. Le responsable le laissait toujours entrer sans poser de question car c’était un élève « sérieux ». Yumi s’y rendait parfois, appréciant le calme studieux qui y régnait. Odd et Ulrich y venaient à l’occasion, mais n’y travaillaient pas toujours. L’an dernier, ils avaient disputé une partie de « jeu de paume de table » et s’étaient fait pincer par Jim, qui faisait office de surveillant.
Aelita parcourait les rayonnages, pensive. Aelita aimait parcourir les bibliothèques, voir les livres, les toucher ; il lui arrivait même d’aller fureter dans un rayon à la recherche d’un ouvrage plutôt que de chercher des références sur la base de données, juste pour le plaisir. Jérémie repensa au jour où il avait consulté le SUDOC, le système universitaire de documentation, le catalogue en ligne des bibliothèques universitaires. Dans le champ des auteurs, il avait tapé ‘Franz Hopper’, et avait obtenu les références de deux thèses : « Transport d’échantillons quantiques mésoscopiques dans des nanostructures d’arséniure de gallium », datée de 1972, et « Développement d’outils algorithmiques pour l’intelligence artificielle et application aux réseaux bayésiens », daté de 1975. Il avait également consulté le « Francis », le catalogue de référence des articles scientifiques. Il en avait trouvé plusieurs de Franz Hopper, parmi lesquels : « Réseau optique de pièges annulaires pour atomes froids : premiers pas vers la réalisation d’un ordinateur quantique », « formalisation mathématique d’une sous-dimension virtuelle artificielle », « Calcul et localisation de l’énergie d’une molécule : modélisation informatique et application en mécanique moléculaire, et essai de dématérialisation atomique en mécanique quantique », « Ébauche d’une théorie des états ontologiques », tous datés des années 1980. Franz avait donc travaillé comme chercheur jusqu’à la fin des années 80, époque à laquelle il était devenu professeur de physique au lycée Kadic. Il avait pourtant continué, en secret, ses travaux sur le supercalculateur, XANA et Lyoko, pour contrer le projet Carthage. Ce funeste projet de contrôle des communications, c’est-à-dire de contrôle de l’Internet, dont Hopper avait deviné le développement futur.
- Bon, ce n’est pas tout, Aelita, mais on a du travaille, lança-t-il.

Deux heures plus tard, on retrouvait Ulrich et Odd, dans la salle commune. Ulrich disputait une partie d’échec avec Romain, sous l’œil attentif d’Odd. Ulrich avait fait des progrès en jouant (et en perdant) avec Jérémie. Romain n’hésitait pas à échanger des pièces lorsque l’occasion se présentait. C’était une technique dont Ulrich avait abusé contre Jérémie, avec un succès très relatif. Le raisonnement était le suivant : mon adversaire prépare des coups complexes ; je joue au coup par coup. En d’autres termes, comme j’utilise moins bien mes pièces, je sacrifie mes pièces pour lui en manger de valeur équivalente, il y perdra plus que moi. Maintenant qu’Ulrich avait un niveau honorable, cette façon de jouer l’agaçait. Mais peut importait, puisque cette technique était fondée sur un raisonnement biaisé : le rapport de force de change pas, puisque chaque camp est affaibli dans les mêmes proportions.
Mais Romain était plus fin que cela. Il tenta une fourchette qu’Ulrich eut le temps de parer. La partie était rude. Ulrich lança sa dame dans la bataille. Il aimait risquer sa dame au cœur de la bataille, c’était une pièce si puissante et si précieuse…

Aelita avait rejoint Jérémie dans sa chambre. Il travaillait depuis plusieurs heures sur les événements de la journée sur Lyoko. Ses yeux balayaient les écrans de son ordinateur à grande vitesse. Aelita scrutait les lignes de code sur l’ordinateur portable qu’elle avait sur les genoux.
Jérémie se redressa dans un mouvement de lassitude et se tourna vers Aelita.
- Je n’y comprends rien, je suis trop nul ! Tout ça me dépasse !
- C’est normal, Jérémie. XANA a innové.
- Oui, mais comment m’y retrouver dans tout ce fatras ? J’épluche les logs depuis deux heures, ils ont l’air normaux. Mais j’ai un message d’erreur inconnu en provenance d’une portion vide de la mer numérique. Ça ne rime à rien.
- Ça arrive, Jérémie. Il y a toujours des messages d’erreur provenant d’un point ou d’un autre de Lyoko, à cause de l’activité de XANA. Ce qui est inhabituel, en revanche, ce sont les protocoles d’activation de l’une des tours, celle qu’on a désactivée en premier. Certains sont différents de ceux qu’utilise XANA d’habitude. Et l’activation, non seulement n’ouvrent aucun socket asymétrique à l’intranet de Carthage, mais isole la tour de la matrice de Lyoko.
- Ça fait perdre de la mémoire pour Lyoko, ça, où est l’intérêt ? s’étonna Jérémie.
- Aucun avec une seule tour. Mais regarde : il y a plusieurs protocoles de liaison. Si une deuxième tour avait été activée de la même manière, elle se serait mise en réseau avec celle-là.
- Tu veux dire que XANA essaye de créer sur le territoire des Montagnes un intranet comme celui de Carthage ?
- A peu de choses près, oui.
- Ou alors la tour n’est que temporairement isolée de la matrice, et XANA met à jour le réseau des tours. La nouvelle version aurait simplement moins de failles que le peer to peer antérieur, de façon à nous mettre des bâtons dans les roues. Heureusement, comme on a pu le constater, le Code Lyoko opère toujours, et XANA n’y peut rien, puisque ce code dépend d’une couche bien plus basse que la matrice inertielle. Au fait, es-tu bien sûre que c’est XANA qui a activé cette tour ? Au point où l’on en est…
- Oui, parce que le supercalculateur n’a rien reçu de l’extérieur, et ça ne ressemble pas à ce que fait mon père, en matière de hackage.
Aelita se tut, et s’affala sur une chaise.
- XANA ne fait rien sans raison, Jérémie. Ce nouveau réseau ne présage rien de bon pour nous. Et je ne comprends pas ses intentions. (Elle soupira : ) Je ne sais pas ce qu’il mijote…
Ce fut au tour de Jérémie de consoler son amie :
- Ça aurait pu être pire, Aelita.
- Oh, oui, on ne s’en est pas mal sorti, aujourd’hui. Et depuis que j’ai recouvré la mémoire, XANA aurait pu être plus virulent, concéda-t-elle.
- Et puis nous avons une autre carte à jouer…
Aelita sourit, se releva et passa son bras dans le cou de Jérémie, dont les joues prirent soudainement des couleurs.

Shadowcat
11/02/06 à 20:32
exelleent!!!!!
la suite devrait êtrre bien également, mais pour l'instant comme je ne vois pas la fic de bout en bout je ne peux pas vraiment donner d'avis objectif...
c'est très bien écrit, on croirait un synopsis d'épisode....
@+++
SHA

Gavroche
11/02/06 à 20:55
Allez, première Fic de la post-Saison II.
Et c'est un succès. L'action est là, vive et fluide, la psychologie aussi, complexe mais pas trop, et l'intrigue est tout simplement prenante.
Ne parlons pas de l'orthographe qui est nickel-chrome, ainsi que du style d'écriture captivant.
Bon, bah maintenant qu'elle est là, il faut la continuer cette Fic ! Vivement le prochain épisode.

Lfan
11/02/06 à 22:18
c' est tres bien tu a bien reperé la psycologie des persos et l' orthographe est parfaite ( je n' ai reperé que 19 fautes , pour un texte comme ca c' est vraiment peu ) mais une description en profondeur des devas serai la bien venu ;)

Pete
13/02/06 à 12:11
Merci à tous pour vos encouragements :D

"Lfan" a écrit :
( je n' ai reperé que 19 fautes , pour un texte comme ca c' est vraiment peu )


Lesquelles ? que je puisse corriger.

"Lfan" a écrit :

mais une description en profondeur des devas serai la bien venu ;)


ça viendra… ;) J’ai voulu laisser autour des dévas un voile de mystère, pour l’instant.

"Gavroche" a écrit :

Bon, bah maintenant qu'elle est là, il faut la continuer cette Fic ! Vivement le prochain épisode.


Cette fic, "A armes égales", est terminé. J’écris les épisodes du cycle Vaellus (sorte de mini saison 3) comme des épisodes de Code Lyoko. Du reste, il faut approximativement 20-25 min. pour les lire.
Bien sûr, les épisodes se suivent et il faut les lire dans l’ordre. Je posterai le prochain vendredi.

kyanelelyokofan
13/02/06 à 21:07
J'ai une chose à dire:respect !!c'est sssuuuuuuupppppeeeeerrrrrr!!!t'as une super imagination,t'as aucune fautes(enfin presque d'parès certains),de superbes descriptions(sauf pour les devas il faudrait approfondir)!!!en fait on dirait un vrai livre, un épisode quoi!!vivement la suite

Tchoucky
13/02/06 à 21:11
Ah, oui, c'est embêtant, je t'ai déjà dit ce que j'en pensait sur msn. Bon, tant pis, je l'écris. C'est incontestablement une petite intro pleine d'action à ce qu'on s'en une saga plus longue, mais ça reste plaisant à lire. J'aime beaucoup la façon dont tu détaille la description de ce que tout le monde connais.

Typy
15/02/06 à 16:55
je sais pas trop quoi dire sur cette fic... je devrai pas avoir le droit de poster juste pour dire que j'adore :p qu'est ce que je pourrai te donner comme conseil ...
c'est quoi une hallebarde ? il aurai peut être fallu l'expliquer discretement :roll:
d'ailleur ,les reactions de jeremie sont un peu bizzare... on dirait qu'il ne met pas de sentiment dans ce qu'il fait ... mais bon c'est peut être fait exprès ...

Xiahdeh
15/02/06 à 17:40
> Typy
Google est ton ami :
http://images.google.fr/images?client=f ... d%27images
Pas facile hein ;)
Sinon, pourquoi pas l'expliquer en disant que c'est une grosse hache sur un plus grand baton ? ^^
A part ça, comme Typy le dit... C'est une bonne fic, interessante et bien écrite ^^

Buzz
04/07/07 à 14:21
Voilà donc le premier volet de cette saga magnifique.
Les fautes d'orthographes ne gênent pas la lecture.
Ce n'est pas court.
Il y a un peu trop de descriptions à mon goût. Comme celle-là :
Citation :
C’était dans les Montagnes, terres orientales de Lyoko, sur un sentier sinueux. Une clarté mauve réchauffait la roche grise ; des montagnes ténébreuses chargées de brume montaient de la mer numérique ; de place en place, au-dessus des nuages, s’étiraient des ponts de granit ; des arbres épars agrémentaient les lieux ; un sable rose, mêlé de pierres polies, parsemaient les chemins.

C'est très poétique malgré tout.

Pete
17/07/07 à 14:35
En effet, c'est le but de la manoeuvre. Il faut passer cet incipit au gueuloir, comme disait Flaubert. La première phrase contient deux allitérations : C’éTait dans les MonTagnes, Terres orienTales de Lyoko, Sur un Sentier Sinueux. Le t frappe l'oreille, marque la dureté du roc qui est décrit ; le s de la seconde allitération évoque le sentier qui serpente. Quant à la description qui suit, elle correspond à ce que voit un lyokonaute qui se virtualise : d'abord la lumière, puis les montagnes et la brune, etc, jusqu'au sable rose sur lequel il tombe.

Buzz
18/07/07 à 16:04
Ouah ! Moi j'avais pas fait trop attention à cette phrase. N'empêche, des fois, tu peux faire plus court.

L'Inconnu
29/08/07 à 15:10
J'ai pas osé tout lire de peur de gacher une si belle oeuvre. Mais je l'imprimerai dès que je pourrai, je lirais ça avant d'me coucher. Parce que moi je peux pas passer toute la journée devant l'ordi. Mais bon... En tout cas j'ai pas besoin de te dire de continuer vu que tu l'as déjà fait mais si tu en fais d'autres, ne te gêne pas mais laisse moi le tepms de lire ceux que t'as déja fait. Allez bonne continuation !!!

L'Inconnu
29/08/07 à 15:13
"Pete" a écrit :
En effet, c'est le but de la manoeuvre. Il faut passer cet incipit au gueuloir, comme disait Flaubert. La première phrase contient deux allitérations : C’éTait dans les MonTagnes, Terres orienTales de Lyoko, Sur un Sentier Sinueux. Le t frappe l'oreille, marque la dureté du roc qui est décrit ; le s de la seconde allitération évoque le sentier qui serpente. Quant à la description qui suit, elle correspond à ce que voit un lyokonaute qui se virtualise : d'abord la lumière, puis les montagnes et la brune, etc, jusqu'au sable rose sur lequel il tombe.


Eh ben ça, c'est travaillé !!! Une vraie âme d'écrivain !!! Y a pas à dire toi t'iras loin à moins que tu ne l'est déjà !!!